Mon souhait de ne pas m'impliquer dans l'histoire des sciences qui est un domaine trop spécifique pour qu'un petit professeur de SVT ose s'y aventurer à fait long feu. Un enseignant est obligé de s'impliquer. J'espère ne pas colporter trop d'idées fausses. Les sources sont citées. Cette page met à jour les idées présentées dans la page d'histoire de la génétique (obsolète) mais les met surtout en forme dans le respect du programme d'enseignement de terminale S, spécialité SVT.
Sources:
http://www.mendelweb.org/
http://www.mendelweb.org/MWsapp.html
(texte intégral d'un article
de Jan Sapp: The Nine Lives of Gregor Mendel, in
Experimental Inquiries, edited by H. E. Le Grand, (Kluwer
Academic Publishers, 1990), pp. 137-166)
TOUS les ouvrages de Jan Sapp sont sans aucun doute à
recommander mais je ne les ai pas lus: Beyond the
Gene, New York: Oxford University Press, 1987; Genesis:
The Evolution of Biology. New York: Oxford University
Press, 2003 or Where The Truth Lies. Franz Moewus and the
Origins of Molecular Biology. New York: Cambridge University
Press, 1990.
Un cours de génétique accessible (avec pas mal de
parties hors programme de TS) http://www.edu.upmc.fr/sdv/masselot_05001/introduction/introduction.html
Plan de cette page:
Exercices corrigés complémentaires
Ce qui importe ce n'est pas d'essayer de retrouver les motivations réelles de Mendel mais de démêler ce que les successeurs de Mendel ont fait du travail de Mendel et pourquoi il fût érigé en père fondateur de l'hérédité du XXème siècle.
TD corrigé Mendel, Johannsen et De Vries
Les travaux de frère Grégor (Johann Mendel) publiés en 1866 s'insèrent dans une période de l'histoire de l'Europe favorable aux sciences qui a vu le développement de la théorie cellulaire (énoncée par Schwann et Schleiden en 1838-1839 et précisée par Virchov en 1858; tout être vivant est composé uniquement et au moins d'une cellule; toute cellule est issue d'une autre cellule). Dans la lignée du travail de nombreux sélectionneurs de races végétales et animales, Mendel réalise un travail que nos contemporains aiment à présenter comme un modèle du genre scientifique (hypothético-déductif ou hypothético-vérificatif), probablement de façon très peu historique (http://www.mendelweb.org/MWsapp.html): un travail basé sur une hypothèse (la transmission des caractères héréditaires aux descendants par des particules présentes chez les parents), prouvé par la réalisation et l'interprétation d'expériences rigoureuses de croisements chez le Pois (Pisum). C'est un des précurseurs de l'utilisation des statistiques dans l'analyses des résultats expérimentaux.
Les travaux de Mendel seront faussement
(http://www.mendelweb.org/MWsapp.html)
"redécouverts" et réinterprétés par une
première génération de généticiens
comme Bateson) qui a fortement contribué au mythe du
père fondateur.. Ce sont des expérimentateurs,
"discontinuistes" et tout d'abord non darwiniens, qui s'opposaient
alors aux statisticiens "continuistes" et darwiniens. Hugo De Vries
(travaille sur Oenothera lamarckiana et)
nomme mutations les changements brusques de
caractères observés dans la descendance
(page
complémentaire sur les
mutations). L'histoire n'a pas
retenu le terme de pangène donné par De Vries
aux particules héréditaires mais elle a retenu celui de
gène donné par le danois Johannsen (ainsi que
phénotype et génotype).
Quelques dizaines d'années plus tard le darwinisme est
incorporé au mendélisme, notamment par Fisher
(1936).
Au début du XXème siècle on énonce
2 lois EN HOMMAGE à Mendel:
* 1ère loi: loi de pureté des gamètes (un
hybride formé de deux traits d'un même caractère
donnera en quantités égales des cellules sexuelles
contenant soit l'un soit l'autre de traits de ce caractère)
(voir TD).
* 2ème loi: loi de ségrégation
indépendante des caractères (deux
caractères indépendants, et
qualifiés tous les deux de mendéliens, sont
séparés indépendamment dans les gamètes
et réunis indépendamment à la
fécondation; ce qui se voit lors d'expériences de
dihybridisme (voir TD).
Cette loi n'est pas du tout universelle puisque de
nombreux couples de caractères vont avoir une transmission non
indépendante ou liée, ce qui sera la base de la
théorie héréditaire reprise par
Morgan.
Remarque:
Dans cette nouvelle partie ont peut parler de caractères et de traits de caractères mais le terme d'allèle peut aussi être utilisé car il semble dater de 1902 (c'est à Bateson que l'on doit ce mot comme ceux d'homozygote, d'hétérozygote ou de génétique (1905); dans ce tout début du XXème la génétique devient une science à la mode et des chaires universitaires de génétique sont créées).
Il semble que ce soit Sutton (1903) et Boveri (1904) qui proposèrent pour la première fois d'associer les gènes aux chromosomes qui deviendraient ainsi supports de l'hérédité (Belin doc B4 p 125) (le comportement des chromosomes lors de la mitose a déjà été décrit par Flemming en 1879 mais c'est vraiment au cours du début de 20ème siècle que se développent les observations cytologiques).
N.B. le terme de chromosome désigne en cytologie une structure colorable qui contient un centromère, zone d'attachement des fibres kinétochoriales qui assurent son mouvement. Le chromosome n'existe donc que sous forme compacte et lors d'une division.
Thomas Morgan travaille sur les mutants de la mouche du vinaigre : Drosophila melanogaster. Après s'être opposé à la théorie chromosomique de l'hérédité, il en deviendra le fervent défenseur. Morgan obtient un mutant mâle aux yeux blancs (Belin doc A3 p 126) dans une population aux yeux rouges (caractère sauvage). Comme ce trait de caractère n'apparaît que chez le mâle, l'idée lui vient de l'associer à un chromosome sexuel car il existe, chez la drosophile comme chez l'homme, un déterminisme chromosomique du sexe: les femelles possédant une paire (XX) d'homologues (confirmé par N. Stevens, élève de Morgan, en 1909) et les mâles un chromosome X et un chromosome Y (Belin doc A2 p 126).
Annexe: autosomes et gonosomes |
|
Les caractères associés aux chromosomes
peuvent en première approximation être
associés à n'importe quelle partie de chaque
chromosome (à l'exception notable du
centromère, de séquence très
particulière, qui est la zone d'attachement des
fibres kinétochoriales).
|
Une représentation très théorique des gonosomes humains ou de la drosophile comparés à une paire d'autosomes (n°1). Un caractère présent sous deux allèles (A ou a) pourrait présenter les génotypes suivants selon qu'il est associé aux autosomes (1) ou aux gonosomes en position 2 (autosomale) ou 3 (lié au sexe). |
Remarque: |
1er exercice.
Avec ce que vous savez du support chromosomique de l'hérédité comment Morgan a-t-il pu obtenir des femelles à yeux blancs ? (Belin doc B4 et B5 p 127).
Si le caractère couleur des yeux dont "yeux blancs" est l'allèle muté est lié au sexe, donc associé à la partie propre du chromosome X (voir ci-dessus), une femelle aux yeux blancs possède donc deux X associés à l'allèle "yeux blancs". Un X lui vient de son parent mâle et un X de son parent femelle. Son parent mâle était donc à yeux blancs et son parent femelle hybride à yeux rouges. Pour obtenir une femelle hybride à yeux rouges il faut croiser un mâle à yeux blancs avec une femelle sauvage (voir F3 dans le cadre ci-dessous).Faites une analyse formelle (avec un tableau présentant les types de gamètes et les phénotypes des descendants... avec leurs pourcentages respectifs attendus). Vous noterez "+" l'allèle sauvage "yeux rouges" et "w" l'allèle muté "yeux blancs". Les allèles portés par deux chromosomes homologues sont placés de part et d'autre d'une barre de fraction (simple ou double). "y" ou un "crochon" () peut désigner le chromosome Y (pour les tableaux typographiés on utilisera une double barre oblique et le y pour le chromosome Y).
2ème exercice
Faire une analyse formelle du croisement "femelle yeux blancs par mâle yeux rouges" (Belin Doc B5 p 127).
femelle +//+ x w//y mâle femelle w//w x +//y mâle F1
w y + +//w +//y
toutes les femelles ont les yeux rouges (+//w) ainsi que tous les mâles (+//y)toutes les femelles sont hybrides et ont les yeux rouges (+//w) et tous les mâles ont les yeux blancs
+ y w +//w w//y F2 femelles +//w x +//y mâles femelles à yeux rouges (pour moitié +//+ et pour moitié w//+)
+ y + +//+ +//y w w//+ w//y
mâles pour moitié à yeux rouges (+//y) et pour moitié à yeux blancs (w//y)femelles +//w x w//y mâles femelles pour moitié hybrides à yeux rouges (+//w) et pour moitié à yeux blancs (w//w); mâles pour moitié à yeux rouges (+//y) et pour moitié à yeux blancs (w//y)
w y + +//w +//y w w//w w//y F3
+ y + +//+ +//y
+ y + +//+ +//y w w//+ w//y
w y + +//w +//y
w y + +//w +//y w w//w w//y , les femelles à yeux blancs (w//w) apparaissent chez 1/16 des femelles et les mâles aux yeux blancs (w//y) chez 1/8 des mâles, en supposant que chaque croisement se réalise avec la même probabilité et que la proportion de mâles et de femelles est la même pour tous les croisements (cela fait beaucoup d'hypothèses et l'on comprendra que ces valeurs sont tout à fait théoriques... il ne s'agit d'ailleurs pas ici de probabilités au sens strict mais de proportions théoriques).
Remarques:
* Ces expériences sont historiquement le point de départ de nombreuses études qui conforteront la théorie chromosomique de l'hérédité.
* Une mutation est une anomalie génétique conservée (non réparée) lors de la reproduction. Il faut qu'elle touche donc les cellules spécialisées (lignée germinale) ou les premières étapes du développement. Ensuite il faut qu'elle s'exprime (il vaudrait mieux dire qu'elle modifie l'expression phénotypique habituelle de la cellule) c'est-à-dire que par exemple, dans le cas des yeux blancs, elle provoque un arrêt de la synthèse du pigment rouge normalement synthétisé par les yeux sauvages. On notera que si l'allèle "yeux blancs" peut correspondre à une mutation très ponctuelle au niveau d'un gène il ne faut pas penser que l'allèle "yeux rouges" est dû à lui seul au fonctionnement du gène non muté. Les termes d'allèles n'ont pas la même signification pour un allèle sauvage et un allèle muté. C'est pour cela que la notation "w+" par exemple pour désigner l'allèle sauvage par opposition à l'allèle muté (yeux blancs = white) est à déconseiller.
Morgan découvre avec ses collaborateurs d'autres mutations
dont ils étudient la transmission héréditaire.
Elles forment 4 groupes de liaison: c'est-à-dire
qu'elles ne se répartissent pas au hasard dans les descendants
mais qu'elles présentent une liaison (linkage, en
anglais): elles ont tendance à rester associées. Ils
émettent alors l'hypothèse que ces quatre groupes de
liaison sont assimilables aux 4 paires de chromosomes de la
drosophile. La liaison étant donc "simplement le
résultat mécanique de la localisation des gènes
dans les chromosomes" (groupes présentés en 1915 -
Belin B3 p 129).
Cette théorie s'est trouvée confirmée pour de
très nombreux caractères chez d'autres organismes
eucaryotes chez qui l'on a étudié la transmission de
caractères héréditaires (Pois, Muflier,
Maïs...).
3ème exercice:
Donnez les fréquences attendues pour un croisement entre un mâle sauvage (corps gris et yeux rouges) et une femelle double mutante au corps noir et aux yeux marron-sombre (F1) puis un test-cross (F1 par le parent double récessif) si ces deux couples d'allèles étaient indépendants. Même question avec le sexe opposé. On notera les allèles dominants "+" et les allèles récessifs "eb" (corps noir = ebony) et "cn" (oeil marron sombre = cinnabar). Comparez avec quelques résultats obtenus par Morgan (Belin B2 p 129). Que pouvez-vous en déduire ? Quelles hypothèse pouvez-vous émettre sur le degré de liaison entre les caractères appartenant à un même groupe de liaison ?Il est à noter que les caractères choisis sont associés à des autosomes et ne sont donc pas liés au sexe.
Hypothèse 1
caractères "couleur du corps" et "couleur des yeux" indépendants (étant donné que les deux caractères sont indépendants, on notera leurs allèles de part et d'autre d'une double barre oblique pour chaque caractère successivement)
mâle (+//+ +//+) x (eb//eb cn//cn cn) femelle F1
+ + eb cn +//eb +//cn
toutes les descendants ont le corps gris (ils sont hybrides +//eb) et les yeux rouges (ils sont hybrides +//cn)Pour ce test-cross le sexe de l'un ou l'autre des parents importe peu.
test-cross (+//eb +//cn) x (eb//eb cn//cn) chaque type est représenté dans la population avec une fréquence de 25% soit 1/4 des descendants
+ + + cn eb + eb cn eb cn +//eb +//cn +//eb cn//cn eb//eb +//cn eb//eb cn//cn
Hypothèse 2
caractères "couleur du corps" et "couleur des yeux" liés (étant donné que les deux caractères sont liés, on notera leurs allèles de part et d'autre d'une seule double barre oblique)
mâle (+ + // + +) x (eb cn // eb cn) femelle F1
+ + eb cn + + // eb cn
toutes les descendants ont le corps gris et les yeux rouges (ils sont hybrides pour chaque caractère)Pour ce test-cross le sexe des parents est important car il n'y a pas de recombinaison chez le mâle de drosophile, c'est-à-dire que les caractères sont toujours liés de façon statistiquement absolue
test-cross
femelle (+ + // eb cn) x (eb cn // eb cn) mâle les caractères restent liés chez les descendants mais partiellement: les types parentaux, c'est-à-dire qui possèdent les couples d'allèles des parents, sont les plus fréquents (chacun avec une fréquence de 1/2-x/2); les couples d'allèles dits recombinés, car ils recombinent les allèles parentaux, sont les moins fréquents (avec chacun une fréquence de x/2). La fréquence de recombinaison (x) ne doit jamais atteindre 0,5 sinon 1-x = x et donc les caractères se "comportent" statistiquement comme des caractères indépendants. Ils ne sont plus liés statistiquement, ce qui était notre hypothèse de départ.
, parentaux (1-x) recombinés (x) (1-x)/2 (1-x)/2 x/2 x/2 + + eb cn + cn eb + eb cn
+ + // eb cn eb cn // eb cn + cn // eb cn eb + // eb cn NB: Avez-vous bien compris que la liaison est ici statistique ?
La liaison est une association entre un caractère et un chromosome (dont on ne connaît pas encore, à cette étape historique, le lien physique, qui sera l'ADN); la liaison la plus étroite (absolue) donnerait un pourcentage de recombinaison nul (comme chez le mâle de drosophile); la liaison la plus lâche donnerait un pourcentage de recombinaison (type recombiné) égal au pourcentage de non recombinaison (type parental), ce qui signifierait que les caractères étudiés sont statistiquement indépendants. Le chromosome est bien ici une notion statistique: c'est une groupe de liaison dont les caractères sont liés par des taux supérieurs aux taux de recombinaison entre caractères. On associe ensuite ce groupe de liaison statistique à la structure cytologique "chromosome", ce qui constitue une théorie chromosomique de l'hérédité.mâle (+ + // eb cn) x (eb cn // eb cn) femelle Comme il n'y a pas de recombinés chez le mâle de drosophile, les caractères restent liés chez les descendants et seuls les types parentaux, c'est-à-dire qui possèdent les couples d'allèles des parents sont représentés (chacun avec une fréquence de 1/2)
, parentaux 1/2 1/2 + + eb cn eb cn + + // eb cn eb cn // eb cn Analyse des résultats de Morgan femelle (+ + // eb cn) x (eb cn // eb cn) mâle Les caractères sont clairement liés et le degré de liaison est évalué par le pourcentage de recombinaison (x = 5,1% + 5,2% =10,3%)
, parentaux (1-x) recombinés (x) (1-x)/2 (1-x)/2 x/2 x/2 + + eb cn + cn eb + eb cn + + // eb cn eb cn // eb cn + cn // eb cn eb + // eb cn Morgan 46% 43,7% 5,2% 5,1%
La liaison partielle obtenue pour certains gènes (ceux
étudiés ci-dessus par exemple) à conduit Morgan
à proposer l'hypothèse de la disposition
linéaire des gènes sur le chromosome.
Certains caractères, appartenant au même groupe de
liaison se séparent tout de même lors de la formation
des gamètes. Une première hypothèse cytologique,
toujours en vigueur actuellement, a été de proposer un
mécanisme d'enjambement des chromosomes ou
crossing-over à la prophase de la méiose
(Belin p 130). Le
mécanisme du crossing-over est cependant encore loin
d'être élucidé.
Quelques remarques:
1 - Un taux de 50% de recombinaison ne peut en principe pas être atteint car cela correspond à deux gènes indépendants statistiquement. Il ne faut pas oublier que la notion de caractères liés est une notion statistique. Vu de cette manière, le chromosome est un groupe de liaison.
2 - Les crossing-over ne peuvent pas être vus, si ils existent, lorsqu'ils affectent deux chromatides d'une même chromosome ou lorsqu'ils affectent des gènes homozygotes (c'est-à-dire présentant les mêmes allèles sur la paire d'homologues d'un individu).
3 - Pourquoi le mâle de drosophile présente-t-il une liaison absolue de ses gènes (pas de crossing-over) alors qu'il semble que la liaison partielle soit la règle et est la plupart du temps identique chez les deux sexes ?4ème exercice:
Chiffrez le pourcentage de recombinaison entre les caractères partiellement liés vus dans l'exercice précédent. Les caractères indépendants se séparent dans les gamètes, les liés restent ensemble mais se séparent partiellement, on dit qu'ils se recombinent (sous entendu avec d'autres caractères).
La dernière hypothèse de Morgan et des ses collaborateurs est que les crossing-over ont autant de chance de se produire en tout point du chromosome. Ainsi le taux de recombinaison (c'est-à-dire la fréquence des crossing-over dans leur modèle) entre deux gènes est indépendant de la nature de chaque gène, il ne dépend que de leur position relative sur le chromosome, ce qui revient à dire que le crossing-over est un phénomène mécanique. Ainsi plus les loci (locus = emplacement) de deux gènes sont éloignés, plus leur distance génétique est élevée, plus le taux de recombinaison sera grand. Morgan et ses collaborateurs établissent ainsi des cartes factorielles qui sont la schématisation des positions respectives des gènes évaluées à partir des pourcentages de recombinaisons. Morgan présente avec Alfred Sturtevant en 1913 la première carte génétique. Depuis on a défini le centiMorgan (cM) comme unité de recombinaison: 1 cM étant égal à 1% de crossing-over.
5ème exercice: (Belin p 131)
TP5 Nathan p 66-67 Activité 1 et 2; Belin n°7 p 141
TP5 Nathan p 66-67 Activité 2 - Des croisements entre variétés de tomates
gène caractères
allèle sauvage allèle muté, récessif 1 uniformité de la couleur de la feuille
vert uni + tachetée t 2 taille du plant
standard + naine n 3 peau du fruit
lisse + veloutée v Pour les trois gènes, l'allèle sauvage est dominant sur l'allèle muté, parce que en F1, tous les individus sont de phénotype sauvage [+ + +].
Le phénotypes sont notés entre crochets [ffffff].
On notera que les trois gènes associés à des trois caractères sont liés (appartiennent au même groupe de liaison ou chromosome) parce que les individus issus du test-cross d'un individu de la F1 avec un double récessif pour les trois gènes considéré, présentent des phénotypes (8 différents) qui ne sont pas en proportions égales. C'est donc bien que ces trois gènes sont plus ou moins liés entre eux.
On notera donc les trois allèles portés par chaque chromosome homologue de part et d'autre d'une simple (ou double ici) barre de fraction (ici oblique).
+ + + // + + + x t n v // t n v F1
+ + + // t n vtest-cross
(parent hybride issu de F1 x double récessif pour chacun des trois gènes)
+ + + // t n v x t n v // t n v
+ + + t n v + n v t + + + + v t n + + n + t + v t n v [ + + +] [ t n v ] [ + n v ] [ t + + ] [ + + v ] [t n + ] [+ n + ] [ t + v ] nombre de plants sur 1000
417 425 55 59 16 20 3 5 La distance entre les gènes 1 et 2 est mesurée dans notre modèle morganien par le pourcentage de recombinaison. Les gamètes du parent hybride (issu de la F1) associent les allèles + avec + d'une part et t avec n d'autre part. Les recombinaisons sont donc réalisées par des associations + avec n et t avec + (notées en bleu dans le tableau). Il suffit donc d'additionner le nombre de plants présentant ces recombinaisons et de le diviser par le nombre total de plants pour obtenir une évaluation de la distance entre les deux gènes.
d1-2 =( 55 + 59 + 3 + 5 )/ 1000 = 12,2% De la même manière, la distance entre les gènes 2 et 3 est mesurée dans notre modèle morganien par le pourcentage de recombinaison. Les gamètes du parent hybride (issu de la F1) associent les allèles + avec + d'une part et n avec v d'autre part. Les recombinaisons sont donc réalisées par des associations + avec v et n avec +. Il suffit donc d'additionner le nombre de plants présentant ces recombinaisons et de le diviser par le nombre total de plants pour obtenir une évaluation de la distance entre les deux gènes.
d2-3 =(16 + 20 + 3 + 5 )/ 1000 = 4,4% Pour la distance entre les gènes 1 et 3, on procède de la même manière mais il faut faire attention à ne pas oublier des recombinaisons cachées. En effet, si les associations + avec v et t avec + sont bien des recombinaisons, il ne faut pas oublier que l'association + avec + et t avec v peut être parentale mais aussi issue d'un double crossing-over, une fois entre les gènes 1 et 2 et l'autre fois entre les gènes 2 et 3. Normalement ces cas de faux parentaux ne sont pas visibles, sauf, comme dans le cas ici présent, lorsque les gènes considérés sont séparés par un autre gène pour lequel on a déjà des recombinaisons. Ainsi les deux derniers phénotypes associent bien les allèles parentaux pour les gènes 1 et 3 mais pas pour les gènes 1 avec 2 ni 2 avec 3; il faut donc les compter doublement pour le calcul de la distance entre les gènes 1 et 3. Je vous rappelle que la distance génétique estimée ici repose sur le pourcentage de recombinaison entre les deux gènes. S'il y a eu deux crossing-over entre deux gènes, cela signifie qu'ils sont éloignés d'autant et qu'il faut prendre en compte dans le calcul de la distance ces deux crossing-over. On obtient alors:
d1-3 =(55 + 59 +(2x3) + (2x5) + 16 + 20 )/ 1000 = 16,6% Ce qui permet de dessiner la "carte génétique" de ce chromosome de tomate
Les distances exprimées en % de recombinaison pourraient aussi être exprimées en cM ou unités de recombinaison.
TP5 Nathan p 66-67 Activité 1 ou Belin exercice n°7 p 141 - Localisation de trois gènes sur un chromosome
Cet exercice est identique au précédent mais il comporte deux difficultés supplémentaires...
gène caractères
allèle sauvage allèle muté, récessif (notations officielles entre parenthèses, par simplification j'utilise celle de votre livre) 1 couleur de l'il
rouge + vermillon v 2 structure de l'aile
avec veine transversale + sans veine transversale sv (cv) 3 forme du bout des ailes
lisse + incisé (cut) i (ct) Pour les trois gènes, l'allèle sauvage est dominant sur l'allèle muté, parce que en F1, tous les individus sont de phénotype sauvage [+ + +].
Le phénotypes sont notés entre crochets [ffffff].
On notera que les trois gènes associés à des trois caractères sont liés (appartiennent au même groupe de liaison ou chromosome) parce que les individus issus du test-cross d'un individu de la F1 avec un double récessif pour les trois gènes considéré, présentent des phénotypes (8 différents) qui ne sont pas en proportions égales. C'est donc bien que ces trois gènes sont plus ou moins liés entre eux.
On notera donc les trois allèles portés par chaque chromosome homologue de part et d'autre d'une simple (ou double ici) barre de fraction (ici oblique).
1ère difficulté: notez bien que, si les parents sont bien de souche pure, ils ne sont pas sauvages ni mutés en même temps pour chaque gène. + sv i // + sv i x v + + // v + +
F1
+ sv i // v + +test-cross
(parent hybride issu de F1 x double récessif pour chacun des trois gènes)
+ sv i // v + + x v sv i // v sv i
+ sv i v + + + + + v sv i + sv + v + i + + i v sv + v sv i [ + sv i ] [ v + + ] [+ + + ] [ v sv i ] [ + sv + ] [ v + i ] [+ + i ] [v sv + ] nombre d'individus sur 1448
592 580 94 89 5 3 40 45 Sans refaire toute l'analyse précédente on peut immédiatement noter que pour les 4 derniers phénotypes il se passe quelques chose d'anormal par rapport à l'exercice précédent. En effet le nombre d'individus recombinés avec un seul crossing over entre les gènes 2 et 3 (5+3 = 8) est bien inférieur à celui qui recombinent à la fois les gènes 1-2 et 2-3 soit (40+45 = 85). Ceci n'est possible qu'en supposant que les gènes ne sont pas dans le bon ordre et que les distances 1-3 et 2-3 sont inférieures à 1-2. C'est la seconde difficulté. C'est donc qu'il n'y a qu'un crossing-over pour les phénotypes [+ + i ] et [v sv + ] mais deux pour les phénotypes [ + sv + ] et [ v + i ].
En utilisant le même raisonnement que dans l'exercice précédent, on a donc:
d1-2 =( 94 + 89 + (2x5) + (2x3) + 40 + 45 )/ 1448 = 19,6% d2-3 =(40 + 45 + 5 + 3 )/ 1448 = 6,4%
d1-3 =( 94 + 89 + 5 +3 )/ 1448 = 13,2%
Ce qui permet de dessiner la "carte génétique" de ce chromosome de drosophile
Les distances exprimées en % de recombinaison pourraient aussi être exprimées en cM ou unités de recombinaison.Remarques:
* Les exercices scolaires pour le baccalauréat sont TRAFIQUÉS afin d'avoir des distances qui se somment algébriquement (ce qui n'est habituellement pas le cas, ce que l'on explique par le présence des crossing-over doubles indécelables, laissant invariant la liaison chromosomique entre les deux loci étudiés: les distances génétiques sont toujours sous-évaluées par rapport aux distances cytologiques).
* À lire: la drosophile, l'outil des généticiens...
Certaines mutations ont aussi un support chromosomique qui peut
être mis en évidence par les techniques de colorations
de bandes des chromosomes. On établit ainsi une carte
cytologique des gènes associés aux mutations.
Il ne faut pas confondre (Belin p
133):
* la carte factorielle (appelée aussi
génétique ou encore chromosomique), établie par
des méthodes statistiques, et
* la carte cytologique établie par hybridation de
sondes radioactives ou par observation de modification de bandes
colorées après mutation.
Globalement, la correspondance est bonne si l'on s'en tient à
la disposition linéaire des gènes. Par contre les
distances sont nettement différentes. Mais la carte
cytologique n'est pas beaucoup plus précise que la carte
factorielle. On ne connaît pas le degré de compaction de
l'ADN dans les chromosomes polytènes... En tout cas on ne
devrait employer le terme de carte chromosomique que lorsque
l'on tient compte à la fois des données statistiques et
cytologiques.
On pourra consulter avec profit les pages de l'UMPC (Université de Paris 6): http://www.edu.upmc.fr/sdv/masselot_05001/cartographie/cartographie.html.
En conclusion
Les gènes sont des unités de
mutation et de recombinaison: un gène est une unité
mutable appartenant à un groupe de liaison (statistique) : le
chromosome.
La plupart des caractères matériels peuvent
être associés à un ou plusieurs gènes
chromosomiques. Les gènes mendéliens (pangènes)
et gènes morganiens sont des notions qui se recoupent mais ne
se superposent pas. Pour désigner la génétique
chromosomique utilisée dans ce chapitre, on peut parler d'un
modèle héréditaire chromosomique.
Exercice d'application de type bac: énoncé, corrigé, présentant notamment les résultats de Calvin Bridges (Bridges, C. B. 1914. Direct proof through non-disjunction that the sex-linked genes of Drosophila are borne on the X-chromosome, Science, N. S. Vol. XL: 107-109) qui apportent une confirmation expérimentale de l'association des gènes, particules héréditaires, avec le chromosome, structure colorable de la cellule (l'article est disponible traduit à l'adresse : http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/svt/info/hist_genet/Bridges.html).
Avant tout, il est indispensable de comprendre que les apports de la biologie moléculaire du gène se sont fait DANS LE CADRE DE LA THÉORIE CHROMOSOMIQUE DE L'HÉRÉDITÉ qui n'est donc pas, à ce jour (en 2006), remise en cause, du moins par la majorité des généticiens. Je m'inscris en faux contre l'affirmation du programme selon laquelle la biologie moléculaire constitue une nouvelle rupture. La preuve de cette absence de rupture est bien que l'on continue toujours d'utiliser le formalisme morganien pour les allèles. La notion de gène, unité fonctionnelle se surimpose à la notion de particule héréditaire mais n'est pas du tout en rupture avec elle.
Les premières étapes qui on conduit à la notion de gène, unité fonctionnelle puis de la découverte de l'ADN et de la liaison entre l'ADN, l'ARN et les protéines, ne peuvent faire l'objet de questions à l'examen (elles ont été rapidement étudiées (même si ce n'est pas dans leur aspect historique) en seconde puis en 1èreS); je laisse donc chacun libre de se cultiver... Elles sont résumées dans le Nathan sur une double page (p 74-75) et plus détaillées dans le Belin (pp 144-151). Elles sont aussi plus développées dans la page sur la génétique de ce site (devenue obsolète en 2006, un nouveau cours est en préparation).
La naissance de ce qui est devenu le paradigme* de l'information génétique est plus difficile à situer historiquement. Voir à ce sujet la page sur la génétique. Toute l'information nécessaire pour construire le vivant serait contenue dans ses gènes qui contiendrait en quelque sorte le programme du vivant. En transmettant des gènes les parents transmettent à la fois les caractères de l'espèce et ceux qui déterminent l'individu.
Ce n'est pas une théorie héréditaire, c'est
une théorie partielle du vivant qui fusionne indûment
la notion d'information et de cause
(voir
ci-dessous). La causalité
étant supposée évidente au regard d'une
matière toute puissante. Elle est indissociable d'un
matérialisme (voir par exemple l'article
"forme" de Jean Petitot dans l'Encyclopédie Universalis ou la
page de ce site sur les modèles).
Ce paradigme est actuellement en cours d'abandon. Le cours de ce site
apporte de nombreux éléments qui vont dans le sens
d'une vue plus ouverte du vivant. L'information
génétique n'est qu'une des composantes du vivant. En
utilisant un vocabulaire classique on peut dire qu'il faut lui
associer une information cytoplasmique et une information
environnementale. De plus l'information ne décrit pas seule le
vivant, il faut lui associer la matière et l'énergie.
Dans ces pages le concept unificateur est celui de travail. Un
travail de nutrition, de relation et de reproduction. Voir pour des
généralités le cours de
seconde et pour un approfondissement sur l'information
génétique, le cours le
1èreS. En voici un résumé sous forme de deux
schémas: La vie est un triple
travail de nutrition, de reproduction et de relation; c'est un
mouvement d'énergie, de matière et d'information
(cours de 2nde).
L'information génétique au
cur de la vie (cours de 1èreS).
Remarque (le 1/05/2005):
Un article de S. Lolle et R. Pruitt paru dans la revue scientifique
Nature (Nature 434, 505 - 509 (24 March 2005)) met en lumière
le fait considéré comme de plus en plus courant qu'il
existe des réversions de certains gènes
associés à des protéines. Une réversion
apparemment dirigée consiste chez un individu
présentant un gène muté identifié,
à récupérer (par un procédé
inconnu mais les auteurs proposent l'hypothèse d'une matrice
d'ARN transmise par une hérédité non
mendélienne...), au bout de quelques
générations, une ou deux copies du gène
ancestral non muté. La fréquence des réversions
peut atteindre quelques dizaines de % des descendants. Ici, ces
chercheurs ont travaillé sur le modèle
génétique usuel qui est une petite plante:
Arabidopsis thaliana, à partir d'un gène HOTHEAD
(HTH) associé à une protéine ACE (ADHESION OF
CALYX EDGES) de 594 aa intervenant dans la signalisation cellulaire
et située pour une bonne part vers l'extérieur de la
cellule; cette protéine possède une activité
enzymatique (de type mandelonitrile lyase qui semble être une
propriété très générale de
nombreuses protéines extracellulaires... voir La Recherche,
386, mai 2005, pp14-15). Le gène HTH associé est
exprimé dans les fruits, les racines, l'inflorescence, les
fleurs, la feuille et la tige; on, connaît une impressionnante
liste de 22 mutants dont ceux étudiés par cette
équipe. La quasi intégralité (il manque au moins
quelques figures...) de l'article en anglais peut être
consultée à l'adresse: http://www.euchromatin.com/Pruitt01.htm
mais il ne peut s'adresser qu'à des enseignants de SVT ayant
un bon niveau de génétique et je ne pense pas qu'il
apporte quelque lumière supplémentaire. Il peut
être complété par les données du site
http://www.arabidopsis.org/
pour les gènes clonés et leurs produits.
Ajout février 2006
À la suite de mon effort de compréhension de la vision
thomienne de la vie (voir page
sur les modèles de René
Thom), je pense qu'un nouveau paradigme pourrait voir le jour. Le
matériel génétique ne serait que la trace stable
des dynamiques de l'organisme vivant. Le chromosome et secondairement
l'ADN serait en quelque sorte l'il du cyclone
métabolique, le point stable des catastrophes au sens de
Thom. Ce n'est pas la matière qui importe c'est ce dont elle
est la trace. C'est ainsi que lorsque l'on croît voir dans
l'ADN un code de l'identité de l'individu, de ses
capacités et des ses maladies, cela ne serait pas une
véritable erreur. Mais il faudrait alors considérer
l'ADN comme le résultat des dynamiques de l'organisme.
Une matière qui garderait ainsi la trace de l'état
physiologique et serait aussi un miroir des événements
passés. Non pas comme un élément qui CAUSE mais
comme un éléments qui INDIQUE les
phénomènes dynamiques, présents et
passés, complexes et intriqués.... Le gène
moléculaire ne serait plus un code, ni une matière
manipulée mais le
résultat signifiant
de la dynamique de l'être
vivant.
Un ADN transféré seul aurait alors une autre
signification que celle d'un ordre. Pourquoi pas un signal. Les
organismes sélectionnés après transfert
par vecteur seraient ceux qui se sont adaptés et ont
modifié leurs réseau métabolique de telle
façon que tel ou tel caractère apparaisse, dont la
trace serait précisément l'apparition de cet ADN. Pour
les bactéries l'ADN serait peut-être lié de
façon beaucoup plus étroite au réseau dynamique,
ce qui permettrait peut-être d'agir directement sur le
réseau un introduisant un ADN étranger ou en utilisant
le fait que les cellules bactériennes réagissent en
s'adaptant à la présence de tout ADN étranger
dans le milieu. L'ADN étant vu comme un moyen habituel de
communication entre organismes (ou l'ARN, sans oublier le rôle
des virus). Tout organisme s'adaptant aux organismes voisins en
fonction de leur métabolisme, peut être notamment
à l'aide du signal
ADN. Dans ce cas l'ADN aurait aussi le
sens de signal DÉCLENCHEUR mais uniquement pour de l'ADN
étranger qui pénétrerait dans un organisme. Ce
rôle de signal serait certainement très important in
vitro pour des cellules eucaryotes en culture mais perdrait toute
signification globale chez un pluricellulaire. Mais par contre les
virus et autres particules génétiques pourraient garder
ce rôle de signal qui déclencherait un réponse de
l'organisme. Une sorte de moyen de communication au sein de la
population. On verrait ainsi une grippe générée
par un individu affaibli comme un signal transmis à toute une
population comme signe de souffrance. Si l'on compare avec une
substance nutritive qui serait libérée dans le milieu,
le rôle de l'ADN n'est pas très différent.
Plongé dans un milieu auquel on fournit sans cesse du glucose
l'organisme adapte son métabolisme. Plongé dans un
milieu où circulent des fragments d'ADN, l'organisme adapte
ses dynamiques à ces traces des dynamiques voisines qu'il
considère comme issues de cadavres (de cellules ou
d'organismes).
Les techniques de ce qu'il convient d'appeler le génie génétique permettent de manipuler les gènes et dans une certaine mesure le vivant. Les succès obtenus sur les Procaryotes et sur quelques organismes-modèles eucaryotes ont pu faire penser à certains qu'ils détenaient les clés du vivant. On est loin du compte.
On désigne par "technologie de l'ADN recombinant"
les techniques de manipulation de l'ADN mises au point à
partir des années 1970 et l'on réserve habituellement
le terme de génie génétique aux
manipulations génomiques appliquées. (On notera que le
terme "génie génétique" est nettement moins
péjoratif que "manipulation génétique" qui
fût le premier terme employé). Le génie
génétique est un ensemble de techniques permettant de
former de nouvelles combinaisons d'ADN susceptibles d'être
insérées dans une cellule vivante et y être
exprimées.
Maintenant on parle souvent de génomique, qui
désigne la science des gènes et des techniques de la
génomique pour désigner la technologie.
Voici un aperçu très simplifié des
principales techniques regroupées sous le terme de technologie
de l'ADN recombinant :
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couper l'ADN |
les endonucléases ou endonucléases de restriction ou enzymes de restriction peuvent in vitro couper spécifiquement une séquence d'ADN (double brin)
Remarque: On connaît des endonucléases qui coupent les ARNm. |
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coller l'ADN (recombiner) |
les ligases sont des enzymes faisant intervenir
l'énergie de l'ATP (molécule + ATP
<==> ADP
+ molécule - P) ou d'un autre
nucléoside triphosphate (GTP, UTP...).
Certaines ligases sont capables in vitro de lier deux
molécules d'ADN par liaisons covalentes (une sur
chaque brin). Si leurs extrémités sont
cohésives et complémentaires on peut ainsi
former une molécule d'ADN hybride avec deux ADN
provenant d'organismes différents (ADN
chimère). C'est notamment le cas de l'insertion
d'un ADN étranger, isolé par une enzyme de
restriction ER, dans un plasmide coupé par cette
même enzyme de restriction ER. |
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dupliquer (multiplier, cloner) l'ADN |
* multiplication in vivo
par l'ADN polymérase |
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synthétiser de l'ADN |
la synthèse se différencie de la
multiplication par le fait que l'on procède à
partir de nucléotides et non d'ADN. De plus cette
synthèse d'ADN artificiel peut être
contrôlée de façon à obtenir de
l'ADN de séquence déterminée. Cette
technique n'est au point que pour des
oligonucléotides (quelques dizaines de
nucléotides). |
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dénaturer l'ADN |
la dénaturation de l'ADN est la séparation des deux brins (par rupture des liaisons hydrogène) ; elle s'obtient par simple chauffage modéré (vers 60°C) et est alors réversible. A plus haute température il peut y avoir rupture des liaisons covalentes entre et à l'intérieur des nucléotides et les brins sont altérés; la dénaturation est alors irréversible. |
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renaturer l'ADN |
la renaturation de deux brins d'ADN
séparés par chauffage modéré
(vers 60°C) est spontanée dès retour
à une température plus basse. |
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hybrider l'ADN (apparier des séquences d'ADN ou d'ADN et d'ARN complémentaires) |
On peut hybrider (c'est-à-dire associer artificiellement) des brins d'ADN (qu'il faut donc avoir séparé auparavant par dénaturation) venant de molécules différentes mais aussi des molécules d'ARN avec des brins d'ADN ou encore des brins d'ARN. C'est encore l'hybridation mais cette fois c'est son caractère spécifique qui est employé pour l'hybridation d'une sonde (courte séquence marquée radioactivement (sonde chaude) ou non (sonde froide, par exemple sonde fluorescente, voir FISH dans l'ancien cours de terminale)...) avec une séquence d'ADN ou d'ARN complémentaire au sein d'un grand nombre de molécules d'acides nucléiques. Les techniques de Northern et Southern blot appliquées respectivement aux molécules d'ARN et d'ADN simple brin permettent de visualiser rapidement l'hybridation entre une sonde radioactive et des acides nucléiques simple brin séparés par électrophorèse sur gel et transférés par effet buvard sur une feuille de nitrocellulose. On qualifie de "Western blot" une technique assez similaire à partir de protéines. |
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transcrire l'ADN en ARN |
la transcription est réalisée in vivo par de gros complexes enzymatiques contenant une ARN polymérase (voir cours de 1èreS); in vitro elle peut être obtenue avec un rendement plus faible. L'ensemble des ARN transcrits dans une cellule est appelé transcriptome par analogie avec le génome désignant l'ensemble des gènes. |
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"retro-transcrire" l'ARN en ADN = "transcription inverse" |
des enzymes de type transcriptase inverse (ou reverse) ou retrotranscriptase (capables de catalyser la synthèse d'un ADN monobrin (dit ADNc ou ADN complémentaire à partir d'un ARN, voir cours de 1èreS) ont été découvertes par Tenin, Baltimore chez les virus (1970) et par Beljanski chez Escherichia coli (1972) puis chez d'autres cellules procaryotes (Agrobacterium tumefaciens) et eucaryotes (voir histoire de la génétique). |
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insérer l'ADN dans une cellule (transformer un oragnisme par transgenèse) |
l'ADN peut être inséré |
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exprimer un gène |
l'insertion du vecteur dans la cellule transformée qui se multiplie n'implique pas que le gène inséré soit exprimé. On utilise des vecteurs d'expression qui sont souvent des dérivés du plasmide pBR322 d'E. coli (voir exercice) qui contient les signaux nécessaires à la transcription et à la traduction. |
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séparer-séquencer |
La méthode diffère totalement selon la longueur de la molécule d'ADN que l'on veut séquencer.
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génie génétique |
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Exercices d'application: construire
une carte de restriction
simplifiée |
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Un plasmide d'une souche bactérienne (B1)
circulaire (que l'on nommera pB1) contient un seul site de
restriction de l'enzyme HindIII. Ce site est situé
dans le gène de résistance à la
tétracycline (un antibiotique) que porte de
plasmide.
|
||
Corrigé 2) Un plasmide qui présente plusieurs sites de coupures par une enzyme de restriction (plusieurs sites de restriction pour une même enzyme) donnera plusieurs petits fragments d'ADN sans que l'on puisse insérer un gène en récupérant un plasmide complet et circulaire. La localisation du site de restriction au sein d'un gène marqueur (ici un gène de resistance à un antibiotique) permet de sélectionner les souches ayant inséré le gène de drosophile (c'est le criblage des transformants). En effet, un plasmide recombiné pB1* (avec un fragment d'ADN de drosophile qui s'est inséré dans son gène de résistance à la tétracycline), a un gène de résistance à la tétracycline altéré (non fonctionnel). La souche transformée (B1*) devient donc sensible à la tétracycline. Il suffit donc, SUR UNE RÉPLIQUE (bien sûr car sinon on détruit la souche que l'on recherche), de faire agir la tétracycline: la souche sensible (détruite ou dont la croissance est réduite) est la souche transformée qu'il suffit alors de récupérer au niveau de la culture ayant permis de faire la réplique (voir illustration ci-dessous). 3) |
Il me semble bien difficile de présenter vraiment ces méthodes de façon accessible à un élève de terminale sans faire appel à des notions assez complexes sur la structure du génome et surtout sur la régulation de son expression. Il me paraît dérisoire de vouloir expliquer une technique d'hybridation de sonde radioactive alors qu'un élève de TS ne sait même pas que les gènes eucaryotes sont morcelés en introns et exons. Certains manuels scolaires ont d'ailleurs franchi le pas, ce que je ne fais pas étant donné que la complexité du génome (et les interactions entre gènes) ne me semble pas changer fondamentalement le paradigme mendélien-morganien.
Depuis près d'un
demi-siécle de nombreuses voix de scientifiques, de
philosophes...de renom se sont levées pour dénoncer
l'inflation des résultats expérimentaux sans enjeu
théorique. A quoi sert-il d'accumuler des données si
l'on a pas fait l'effort de théoriser la recherche ? La
recherche en biologie moléculaire travaille sur le même
paradigme depuis plus de 50 ans. Il est temps que cela change.
Pour ce qui est des motifs du lobby de la biologie
moléculaire, en France particulièrement, il est clair
que les enjeux sont politiques, et économiques. S'y ajoutent
probablement des enjeux philosophiques et éthiques.
Considérations générales:
La technique qui permet de réaliser des "empreintes
génétiques" est une technique comprenant une
dénaturation, une digestion par des endonucléases puis
l'hybridation par une sonde radioactive multilocus (très peu
spécifique) suivie d'une électrophorèse sur gel.
Elle est onéreuse. Elle fournit un cliché qui est
utilisé comme une sorte de carte d'identité
génétique. On peut essayer de mettre en évidence
ce que l'utilisation de cette technique présente comme
hypothèses :
On voit aisément que ce qui peut être
présenté avec une INCERTITUDE raisonnable pour une
détermination qui n'est pas aussi grave, n'a pas la même
signification lorsqu'il s'agit de l'utiliser comme PREUVE pour
condamner un prévenu ou faire un recherche de paternité
ou maternité biologique. Comme toute mesure il faut absolument
présenter le résultat avec une incertitude (qui est
souvent absolue car indéterminée statistiquement), aux
jurés d'apprécier ensuite l'utilisation qui doit en
être faite.
Il est certain que l'évaluation de cette incertitude n'est pas
chose aisée mais il faut s'y essayer. La présentation
des incertitudes évaluées le plus honnêtement
possible pour toutes les mesures expérimentales est en quelque
sorte le garant de la crédibilité des scientifiques. Il
n'est pas rare que l'on parle de certitude alors qu'il s'agit de
convictions puisqu'il existe toujours une incertitude
expérimentale.
Exercice du Nathan n°2 p103
Recherche du coupable d'un viol.
Ce problème a fait l'objet d'une partie un peu
détaillée sur une page de ce site sur les
statistiques.
Sur un échantillon de 1.000 tests d'ADN (et pas moins car
sinon l'échantillon n'est pas représentatif) il y a 3
faux positifs (ce chiffre est celui que l'on trouve
dans toute la littérature mais je ne sais pas comment il est
obtenu). Si l'on fait 1.000 tests on doit donc obtenir,
statistiquement 4 profils concordants en supposant qu'il y a un
coupable parmi les testés. Sur les 4 profils identiques au
profil de référence, on a donc un seul coupable, soit
25% de chance de connaître ainsi le coupable. Mais le
problème est que l'on a jamais 1.000 tests mais que l'on
raisonne tout au plus sur quelques échantillons (sauf dans
certains cas très particuliers où la recherche a
été étendue à toute une population...).
Dans ce cas il est clair que l'outil probabiliste est INUTILISABLE.
On peut bien tomber comme on peut mal tomber et surtout on NE PEUT
PAS CHIFFRER L'ERREUR. Un test d'ADN peut indiquer le coupable, comme
il peut être un faux positif, sans aucune certitude. Seul,
c'est un test auquel on ne peut pas accorder de poids. Avec un
faisceau d'autres preuves, il prend du poids, mais pas
statistiquement.
La médecine prédictive est un mot nouveau
(prédictif) forgé pour désigner la
médecine de la prévision qui s'ajouterait à
curatif et préventif qui définissent classiquement les
deux aspects de la médecine qui soigne. Cette
"médecine" ne soigne pas, elle informe. Elle est
essentiellement probabiliste et repose sur un paradigme très
fort de déterminisme génétique des maladies.
Elle fourni une indication d'un risque
génétique.
On notera qu'à partir du moment où l'on fait le choix
de tenir compte de ses résultats et d'agir, on sort du domaine
prédictif pour passer dans le domaine préventif,
à partir des éléments obtenus de façon
prédictive.
Le dépistage (étymologiquement "remonter la piste") est à double sens: il s'agit de repérer, le plus tôt possible, même sans signe apparent, une maladie ou une malformation déjà existante mais aussi repérer des individus présentant un risque génétique élevé. Si repérer des individus atteints, même asymptomatiques fait partie de la médecine préventive, le dépistage du risque génétique est bien uniquement prédictif.
Le terme de diagnostic enfin repose sur l'identification de quelque chose de connu (du grec dia = "à travers" et gnosis = "la connaissance"). On ne peut diagnostiquer qu'une maladie connue. On ne peut pas diagnostiquer un risque. On peut par contre diagnostiquer un allèle (ce que l'on nomme "diagnostic génétique").
La plupart des conclusions en médecine
héréditaire font appel à la théorie
morganienne de l'hérédité à laquelle on a
ajouté la théorie de l'information
génétique. Les techniques modernes de la
génomique ont été mises au service de cette
même théorie sans la remettre en cause. On recherche des
allèles dans des cellules embryonnaires, ftales ou
adultes et on suppose une causalité directe entre
allèle et phénotype.
Pour ce qui est de l'analyse des arbres généalogiques
(donc humains) on se contente d'utiliser le modèle morganien
de l'hérédité établi à partir de
drosophiles et que l'on extrapole à l'homme puisque des
analyses statistiques de descendance (comme celles
réalisées chez la drosophile ou le pois) y sont
impossibles.
Remarques sur les maladies génétiques (d'après Génétique humaine, Jean-Louis Serre et Josué Feingold, Dossier INSERM Nathan, 1993) |
Une maladie génétique est une
maladie dans laquelle le facteur héréditaire
est principal. Au sujet de la cause des
maladies, voir par exemple une page
sur la santé dans l'ancien
cours de TS. Étant donné que l'on est
dans le cadre d'une hérédité
morganienne étendue à la biologie
moléculaire du gène, tout facteur
héréditaire devient un facteur lié
à l'ADN (nucléaire ou mitochondrial). On
distingue alors: |
(Exercices Belin p 207 ; vous vous aiderez d'une page annexe sur la phénylcétonurie (TD de 1èreS) et du cours de 1èreS).
Éléments de correction:
1. On considère que cette maladie est une maladie génétique monofactorielle présente sous deux allèles (+, sain) et (ph, morbide). D'après les deux arbres généalogiques on peut déduire que, dans cette hypothèse, l'allèle morbide est récessif par rapport à l'allèle sain (des enfants (AII3, BII1 et BII3) sont nés malades de parents sains; leurs parents portaient donc chacun l'allèle morbide à l'état caché; l'allèle morbide est donc dit récessif).
La prévalence de la maladie étant de 1 naissance sur 10.000 dans la population européenne (nombre de nouveaux cas sur une période donnée), on peut estimer que le risque de porter l'allèle (fréquence allèlique dans la population européenne) pour un individu de cette population est 1/100 (puisque deux individus porteurs de sexe opposés ont un enfant malade avec un risque de 1/100 x 1/100 = 1/10.000).
La liaison chromosomique du gène peut être étudiée toujours dans le même cadre simpliste d'une maladie génétique monofactorielle. Le gène n(est pas lié à la partie propre de l'Y car un garçon malade n'a pas son père et ses frères malades. De même, le gène n'est pas lié à la partie propre de l'X car la fille BII1 est malade d'un père sain (dans ce cas, le père ne pourrait que lui avoir donné un X porteur de l'allèle ph, et donc être malade, ce qui n'est pas le cas). Donc le gène étudié est associé à une partie autosomale des chromosomes (autosomes ou partie pseudo-autosomale des gonosomes). (Cependant cette étude n'était pas nécessaire puisque l'on vous disait dans le sujet que le gène était situé sur le chromosome 12).
Comme AII2 n'est pas malade il n'a que 2/3 de risque d'avoir l'allèle ph (être porteur) et donc 1/2 x 2/3 = 1/3 de risque de donner l'allèle ph dans un gamète. Sa femme AII1 est issue de la population européenne sans plus de précision et peut donc donner l'allèle ph avec un risque de 1/100. Ce qui fait un risque pour l'enfant à naître d'être malade de 1/3 x 1/100 = 1/300.
Comme les deux parents BI sont hétérozygotes et porteurs de l'allèle ph ils peuvent le donner dans un gamète avec une probabilité de 1/2 chacun. ce qui fait 1/2 x 1/2 = 1/4 de risque pour l'enfant à naître d'être malade. la présence de frères et surs malades déjà nés ne change pas ce risque.
2. La technique des ASO (Allele Specific Oligoprobe) permet de détecter des mutations ponctuelles (par substitution d'une seule base de l'ADN). Elle est utilisée ici pour le codon 280 où l'on connaît une mutation ponctuelle (G changé en A dans l'ADN au niveau du brin codant) conduisant à un changement d'aa (Glu changé en Lys) dans la protéine PAH dont nous étudions ici le gène. On voit donc que les parents sont tous deux hétérozygotes (un exemplaire de chaque allèle), ce qui est une surprise pour la mère (AII1) qui n'avait qu'un risque de 1/100 et dans une moindre mesure pour le père, qui avait un risque de 2/3. L'enfant AIII3 est homozygote récessif avec une double mutation 280Lys//280Lys, ce qui est aussi surprenant. Il a toutes les chances d'être malade à la suite de cette mutation double (voir les phénotypes sur le site de l'Inrp: http:/www.inrp.fr/Acces/biotic/gpe/dossiers/phenylcetonurie/html/mutations.htm ) associé à une phénylalaninémie très forte (voir site INRP).
Pour la famille B les trois individus testés sont homozygotes sains et donc de génotype 280Glu//280Glu pour ce site de mutation.
Avec la méthode du Southern Blot appliquée sur des petits fragments de restriction (RFLP... que je considère hors programme en tant que telle), le sujet nous explique (mal) que la mutation localisée au codon 408 (région c) et caractérisée par un mutation ponctuelle dans l'ADN par substitution de base (C en T pour le brin codant) et dans la chaîne d'aa de la PAH un changement d'aa (Arg en Trp), dégage un site de restriction nouveau au voisinage de ce codon 408 pour l'enzyme MspL. Au lieu donc d'obtenir un seul fragment long de restriction de 23 kbases, on obtient dans le cas d'un allèle muté un fragment de 13,5 et un autre fragment de 9,5. Mais il faut savoir que ce petit fragment n'est pas repéré sur l'électrophorèse présentée dans le sujet.
D'après le document 3 on peut donc affirmer que les parents BI sont tous les deux hétérozygotes, ce qui était connu et que l'enfant à naître est homozygote récessif, ce qui n'était probable qu'avec un risque de 1/4.
Il est à noter que, contrairement à ce qu'affirme la question du sujet, cette méthode n'apporte pas beaucoup de certitudes. D'abord comme tout geste technique, il est entaché d'incertitude, bien difficile à chiffrer (erreurs de manipulation, d'action des enzymes, des sondes... de migration...). Ensuite, le fait de se focaliser sur trois allèles peut se justifier par le fait que, dans une famille atteinte d'une maladie génétique, on considère qu'une mutation dans le gène incriminé à plus de chance de se transmettre dans la famille qu'une autre mutation dans le même gène. Cependant, ce n'est pas une certitude et il est possible que d'autres allèles puissent aussi être mutés (regardez à nouveau le tableau des mutations sur le site de l'Inrp). Enfin, et surtout, s'il est légitime, dans un exercice scolaire de terminale, de raisonner à partir de l'hypothèse simpliste d'une maladie génétique monofactorielle, il n'est plus acceptable que cela soit le cas dans des analyses génétiques médicales proposées à des patients. Pour une ouverture sur les déterminismes de la phénylcétonurie, voir page annexe du cours de 1èreS.Remarques:
Pour un début d'approche de génétique des populations voir la loi d'HardyWeinberg dans l'ancien cours de spécialité. Pour les notions de épidémiologiques de prévalence et de morbidité, voir une page annexe sur les statistiques.
Belin p 191-193, et ancien cours de TS spécialité partie 2.3Remarque: ne pas oublier l'utilisation des antibiotiques "suppresseurs de codons stop", qui ont été utilisés avec succès chez certains malades atteints de mucoviscidose (Pascale Fanen: «Un traitement pharmacologique restaure le gène déficient», La Recherche, 370, décembre 2003, 26-27 d'après M. Wischanski et al., NEJM, 349, 1433, 2003 dont le résumé en anglais a été ajouté dans l'ancien cours de spécialité);
* une transgénèse réussie: la production d'insuline humaine par des bactéries Escherichia coli génétiquement modifiées. Exercice d'après Didier p 80-81. Exercice et corrigé.
Cette transgénèse est à la fois le premier et le plus probant de exemples d'application de la technologie de l'ADN recombinant (génie génétique). Vous noterez combien cette technique est complexe et le temps nécessaire pour mettre au point la souche génétiquement modifiée utilisée actuellement.
(Un deuxième exemple, pourrait être celui de la somatostatine, une hormone hypothalamique de 14 aa intervenant dans la croissance chez l'homme).* de nombreuses transgénèses ont été réalisées d'abord chez des procaryotes, puis chez des eucaryotes notamment sur les végétaux (riz, maïs...), pour l'amélioration du rendement des cultures mais aussi pour la recherche. On est actuellement dans une phase expérimentale d'utilisation des OGM à très grande échelle.
Les transgénèses animales sont plus difficiles que celles réalisées sur des plantes mais fort explorées.
Nathan p 88-89 (Belin p 166-183):
1 - Comparer la transgénèse et les OGM; que recouvrent ces notions ?
2 - Pourquoi parle-t-on surtout d'OGM du règne des plantes ? Quelles en sont les spécificités ?
3 - Quel est le rôle précis d'Agrobacterium tumefaciens ? (Belin p 166-169)
4 - Belin QCM n°2 p 184
Les transgénèses humaines sont habituellement à but thérapeutique et sont donc qualifiées de thérapie génique. Elles en sont à leur balbutiements.
Nathan p 96-97 (Belin p 194-197), bioéthique dans l'ancien cours de spécialité avec notamment la déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme (UNESCO, 1997):
1 - En quoi le terme d'HGM est-il faux ? Donner une autre définition de la thérapie génique en utilisant le terme de greffe.
2 - En quoi la transgénèse humaine est-elle complémentaire des recherches sur les cellules souches ?
3 - Rechercher sur internet la loi de 1994 autorisant les recherches sur les cellules somatiques
4 - Qu'est-ce que l'éthique ? Que veut dire le terme de limite scientifique ? Que pensez-vous de titres de presse du style "l'homme transgresse les lois du vivant" ? Que veut dire le terme de limite éthique ?
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extrait de Un protée* de la
sémantique : l'information ,
René Thom, 1973, 6. |
1.6. Emplois du terme information en Biologie. Dans les emplois scientifiques, en Biologie notamment, où il y a effacement soit du demandeur, soit du donneur-source, la malhonnêteté, si malhonnêteté il y a, n'est plus que d'ordre intellectuel. L'emploi du mot information, dans le cas de « l'information génétique », témoigne de la situation psychologique suivante. Dans le déroulement immensément complexe des processus morphogénétiques de l'embryologie, la Biologie Moléculaire a mis en évidence un mécanisme important, la synthèse des protéines. La tendance naturelle du spécialiste est alors de dire que cette étape est l'étape essentielle, les autres étapes devant en être de simples conséquences. Le mot information, en pareil cas, sert manifestement à dissimuler l'ignorance quasi totale où nous sommes de préciser ces autres mécanismes prétendument subordonnés, tout en apportant par la connotation d'intentionnalité du mot information une caution implicite au finalisme qui sous-tend toute pensée biologique. En ce sens, l'information, c'est la forme obscure de la causalité. note(1)« Autrement dit, la théorie de l'information sous sa forme classique de théorie de l'information transmise peut être appliquée aux systèmes biologiques en considérant qu'il existe une transmission d'information entre l'organisme et l'observateur suivant la méthode Dancoff et Quastler ainsi que nous l'avons indiqué au chapitre 5 ; mais dans cette transmission nous devons considérer chaque élément ordonné ou organisé (macromolécules, organelles, cellules, organismes) comme la sortie d'une voie de communication, dont l'entrée est une source que nous n'avons pas besoin de spécifier. » H. Atlan, L'Organisation biologique et la Théorie de l'information, Hermann, Paris, p. 255. * Protée: vieillard de la mer dans la mythologie grecque qui avait le pouvoir de se métamorphoser à volonté et qui, bien qu'il connût le passé, le présent et l'avenir, refusait de les révéler à moins que celui qui l'avait capturé dans son sommeil ne tienne bon et ne l'oblige enfin, une fois Protée revenu à sa forme première, à révéler la vérité. |
Pour se rendre compte des difficultés de la
notion d'information génétique, de programme
génétique ou encore de code
génétique, il suffit de voir comment les
média se sont emparés de ces termes et les ont
mélangés. Les difficultés sont patentes pour
tout collègue qui souhaite enseigner cette culture aux
élèves de 1èreES par exemple dans le cadre de
leur chapitre "du génotype au phénotype". Le programme
à ce sujet et on ne peut moins clair: "Cette partie de
programme s'appuie sur l'universalité de structure
et de fonction de la molécule d'ADN
étudiée en classe de seconde. Elle
précise, dans un premier temps, les mécanismes
biologiques assurant l'expression de l'information
génétique. Par la suite, à partir de quelques
exemples, elle appréhende la notion de complexité des
relations entre génotype et phénotype.(...) La
séquence des nucléotides dans l'ADN gouverne la
séquence des acides aminés dans la protéine
selon un système de correspondance, le code
génétique. " extrait de "La notion de
programme en biologie" (René Thom,
1984f5) Je précise que l'article de Thom
représente 25 pages de théorie
détaillée sur cette idée.
Le code génétique est bien un code, une correspondance
entre un triplet de riibonucléotides de l'ARN et des aa
transportés par des ARNt spécifiques (voir
cours de
1èreS). Le code ne vient pas de
l'ADN mais des ARNt. Son universalité, c'est-à-dire
l'universalité des mécanismes de traduction,
dépend donc des ARNt.
Lorsque l'on insère un fragment d'ADN issu d'une cellule
étrangère (autre lignée cellulaire, autre
individu de la même espèce, ou d'une autre
espèce...) il existe une très grande
variété de causes qui font que cet ADN n'a pas la
même fonction que dans la cellule d'où il est issu. Il
peut d'abord être détruit, ce qui est le cas
général (c'est la raison de la présence des
enzymes de restriction dans les bactéries). Grâce
à des artifices (vecteur viral d'insertion) ou naturellement,
dans des cas rares, il s'insère dans le génome
hôte. Enfin, dans des cas extrêmement rares il peut
être exprimé, c'est-à-dire conduire à un
ARN ou à une protéine. Mais à quoi peut servir
cette protéine dans cette cellule hôte ? Affirmer que le
gène a la même fonction, consiste à rester au
niveau de l'expression moléculaire mais certainement pas
s'intéresser au phénotype. Certes, on arrive à
faire produire de l'insuline à une bactérie ou des
toxines bactériennes à une cellule du parenchyme de
réserve caulinaire d'un plant de pomme de terre, mais la
fonction de ce gène est mesurée à
l'utilité pour l'homme et non pour l'organisme qui, au mieux,
tolère ce parasitisme génique. Dire qu'il y a
universalité de la fonction de la molécule d'ADN
signifie uniquement affirmer que partout les protéines sont
synthétisées à partir de l'ADN puis de l'ARN. Ce
qui est déjà remis en cause actuellement. Par exemple
on connaît des antibiotiques qui sont de petits peptides (avec
des acides aminés L et D et des structures cycliques...) et
qui sont synthétisés par une voie différente de
la synthèse ADN-ARN-ribosomes et qui pourraient bien
constituer une voie alternative pour certains peptides. Pour la
gramicidine S bactérienne ce sont de gigantesques enzymes
(plus de 15.000 aa; la plus longue chaîne polypeptidique
connue...) - les peptide synthétases non ribosomiques ou NRPS
(Non Ribosomial Peptide Synthetase) - qui s'en chargent. Les NRPS ont
été étudiés (discrètement !)
depuis les années soixante. Les progrès de la biologie
moléculaire ont maintenant permis de couper ces énormes
molécules en modules actifs et, en insérant leurs
gènes dans des cellules procaryotes hôtes, leur faire
synthétiser des peptides antibiotiques "à façon"
(Demain, des antibiotiques à façon ?, Mohamed
Marahiel, Nadine Kessler et Uwe Linne, 2003, La Recherche,
370, décembre 2003, p 54-58).
Pour ce qui est des notions de programme
génétique j'ai déjà essayé
ailleurs d'en cerner les limites (voir commentaires
du programme de seconde). Voici juste une
petite citation de René Thom à ce sujet :
I Introduction : La théorie en biologie
Depuis qu'à partir du 16e siècle, on a
commencé à ouvrir les cadavres afin d'en
scruter les organes internes, l'explication biologique a
pris un tour résolument techniciste. On assimile
l'organe à un outil, lequel, construit par l'homme en
vue d'une fin connue, ne présente aucun obstacle
à l'intelligibilité. Dès Harvey, ce
point de vue a obtenu d'indiscutables succès. Il est
indéniable que le coeur est une pompe qui refoule le
sang dans ces canalisations que sont nos vaisseaux. De
même, les poumons se comportent (sur le plan
mécanique) comme un soufflet (mais ici
l'interprétation mécaniste laisse de
côté la fonction physiologiquement essentielle
d'échange gazeux entre l'air et le sang). Le
squelette (os + articulations) permet une
interprétation mécanique immédiate.
Toutes ces descriptions ont abouti à la
théorie cartésienne de l'Homme animal-machine,
et ce n'est guère qu'avec le plus noble de nos
organes (le siège de l'âme), à savoir le
cerveau, que l'imagerie techniciste est quelque peu
restée courte. Mais, avec la naissance
quasi-simultanée, vers 1950, des ordinateurs et de la
Biologie Moléculaire, cette imagerie a connu son plus
récent et peut-être son plus glorieux avatar.
On a fait de l'ADN des chromosomes, du génome,
l'analogue du programme qui régit le fonctionnement
d'un ordinateur. Cette dernière interprétation
offrait, sur le plan conceptuel, un nouvel, énorme
avantage. En effet, l'imagerie techniciste des organes
soulève, de manière inévitable, le
problème de la finalité. Comment tous ces
mécanismes d'une haute efficience, d'une parfaite
efficacité, comment toute cette horlogerie
pouvait-elle se construire apparemment sans horloger ?
À partir du moment où l'on pouvait supposer
« codée » dans l'ADN du génome toute
la structure organique, le mystère s'effaçait,
puisqu'il suffisait d'imaginer que l'ADN, promu au rang de
démiurge, dirigeait toute l'épigenèse
de l'être vivant, à la manière d'un
ingénieur dictant ses ordres à ses
subordonnés. Moyennant quoi, on a pu rendre
admissible la finalité, rebaptisée pour la
circonstance téléonomie. Et cela d'autant plus
que la traduction ADN ? Protéines, via l'ARN messager
était un code au sens étroit, technique, du
terme, puisque cette opération associe à tout
triplet de nucléotides un acide aminé bien
défini. Or, dans le premier cas la situation est
toute différente : il s'agit de comprendre comment
« l'information » supposée incluse dans
l'ADN génique, peut spécifier la structure
tridimensionnelle de l'organisation embryonnaire, puis
adulte. (Je parle ici des Pluricellulaires, je reviendrai
sur le cas des Unicellulaires en fin d'exposé.)
Pratiquement toute la théorie biologique moderne
s'est trouvée enfermée dans l'homonymie
abusive de ces deux emplois du mot code, et cet abus de
langage l'a condamnée à une
stérilité conceptuelle dont elle n'est pas
encore sortie...
Comment sortir de cette impasse ? Il ne fait guère de
doute que seule une certaine audace théorique peut
permettre de faire avancer la question. Il faut songer
à réintroduire en Biologie l'imaginaire, cet
imaginaire sans lequel il n'est pas de théorie.
Déjà, dans l'interprétation techniciste
des organes, ne peut-on songer comme autrefois le
suggéra Bergson à renverser l'ordre des termes
? Plutôt que d'expliquer l'organe par l'outil, ne
faudrait-il pas plutôt expliquer celui-ci par
celui-là ? Autrement dit, l'imagination intuitive qui
a permis à l'Homo Faber de construire, bien avant
toute science constituée, des outils doués
souvent d'une remarquable efficience, cette intuition ne
trouvait- elle pas son origine dans un « inconscient
biologique » légué par l'évolution
phylogénétique de l'espèce ? Et ceci
d'autant plus que la plupart des outils ne sont en fait que
le prolongement d'actions, motrices ou physiologiques, et
que l'action dans son organisation spatio-temporelle, nous
est organiquement léguée. Il faut reprendre
ici l'axiome lamarckien : la fonction crée l'organe
non pas au sens banal qui voudrait qu'une structure
organique se crée ou se développe à la
suite de l'usage qui en est fait, mais de manière
plus abstraite, plus « platonicienne ». Toute la
régulation épigénétique et
comportementale d'une espèce repose sur une structure
formelle de caractère géométrique
(topologique) qui se réalise dans l'espace des
activités métaboliques de l'organisme ; une
« fonction » apparaît alors comme le
dispositif régulatoire partiel afférent
à l'homéostasie d'un paramètre
physiologique essentiel (teneur en réserves
énergétiques, en oxygène, en
déchets organiques... par exemple), et la
réalisation organique d'une telle fonction peut
comporter les agents physico-chimiques les plus
variés, comme les organes les plus divers. (Par
exemple, la communication entre animaux d'un même
groupe social peut employer des signaux olfactifs, sonores,
visuels... souvent dans un même but). Toutes ces
« fonctions » concourent ainsi à la
canalisation de la dynamique dans l'espace des
activités métaboliques, formant ainsi un
« attracteur » global (que j'ai proposé
d'appeler la figure de régulation de l'espèce
considérée). »
* un paradigme est, au sens de Thomas Kuhn (Structure des révolutions scientifiques, Paris, 1972) une théorie scientifique qui, à un moment donné, est accepté par la majeure partie des scientifiques. Le passage d'un paradigme à l'autre, au cours de l'histoire constitue une révolution scientifique.