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retour accueil, plan du cours-
Les liens renvoient au tableau historique des sciences. Les passages en bleu sont
des critiques pédagogiques qui tentent d'essayer de
montrer l'urgence d'une nouvelle formulation de la vie et le
retour à la méthode expérimentale.
Les passages en vert
sont des opinions
personnelles. Les
liens en orange pointent vers des pages plus
détaillées davantage orientées vers
l'analyse des articles originaux.
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Sources |
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Pour envisager une histoire de la génétique, on peut s'attacher d'une part à l'histoire de concepts et d'autre part celle des acteurs et leur position sociale, ce qui est assez lié aux applications (sélection de races il y a un siécle, biotechnologie et médecine maintenant). Ensuite la génétique n'a pas de limites si bien définies que l'on puisse séparer son histoire de celle de nombreux autres champs scientifiques: hérédité et embryologie pour n'en citer que deux. Lorsque j'ai commencé cette page
en 1998, il y avait encore peu de choses sur internet.
J'avais donc osé l'intituler "une histoire de
la génétique" pour essayer
d'une part de présenter les connaissances que l'on
m'avait transmises lors de ma formation d'enseignant dans un
contexte historique et d'autre part pour montrer les
évolutions actuelles en justifiant ainsi de la
nécessité de réformer le contenu de
l'enseignement. |
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1 - Les
pangènes, particules
héréditaires 2.1 -Les gènes héréditaires, unités mutables appartenant à un groupe de liaison (le chromosome) |
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pages complémentaires historiques accessibles TD corrigé de terminale S: J. Mendel, W. Johannsen et H. De Vries T. H. Morgan transformation bactérienne (F. Griffith, O. Avery, C. MacLeod, M. McCarty...) G. Beadle et E. Tatum |
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En 1866, le moine tchèque, Johann Mendel (1822-1884) publie ses résultats sur des expériences menées chez le pois (Pisum sativum). Les travaux de frère Grégor (Johann Mendel) s'insèrent dans une période de l'histoire de l'Europe favorable aux sciences qui a vu le développement de la théorie cellulaire (énoncée par Schwann et Schleiden en 1838-1839 et précisée par Virchov en 1858; tout être vivant est composé uniquement et au moins d'une cellule; toute cellule est issue d'une autre cellule). Dans la lignée du travail de nombreux sélectionneurs de races végétales et animales, Mendel réalise un travail que nos contemporains aiment à présenter comme un modèle du genre scientifique (hypothético-déductif ou hypothético-vérificatif), probablement de façon très peu historique (http://www.mendelweb.org/MWsapp.html): un travail basé sur une hypothèse (la transmission des caractères héréditaires aux descendants par des particules présentes chez les parents), prouvé par la réalisation et l'interprétation d'expériences rigoureuses de croisements chez le Pois (Pisum). C'est un des précurseurs de l'utilisation des statistiques dans l'analyses des résultats expérimentaux. |
Deux exemples d'analyse de ses résultats sont donnés dans le TD corrigé de terminale S: Mendel, Johannsen et De Vries |
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Les travaux de Mendel seront
faussement (http://www.mendelweb.org/MWsapp.html)
"redécouverts" et réinterprétés
par une première génération de
généticiens (comme
Bateson ou De Vries dont un article "Sur la loi de
disjonction des hybrides" est disponible sur
http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/svt/info/hist_genet/H_de_Vries.PDF)
qui ont fortement contribué au mythe du
père fondateur. (voir
TD). Ce sont des
expérimentateurs, "discontinuistes" et tout d'abord
non darwiniens, qui s'opposaient alors aux statisticiens
"continuistes" et darwiniens. Hugo
de
Vries (1848-1935)
(travaille sur Oenothera
lamarckiana et) nomme
mutations les changements brusques de
caractères observés dans la descendance. On
sait depuis que cette mutation est due à une
recombinaison par translocation). Il développe la
théorie selon laquelle les mutations président
à l'apparition de nouvelles espèces.
L'histoire n'a pas retenu le terme de
pangène
donné par De Vries aux particules
héréditaires (on peut
rapprocher l'usage de ce terme avec la théorie de la
pangénèse proposée par
Darwin, pour qualifier sa théorie de
l'hérédité des caractères
acquis, courante à l'époque, qu'il faisait
reposer sur l'existence de gemmules; voir par exemple le
cours
de TS).
Mais elle a retenu celui de
gène
donné par le biologiste danois Wilhem
Johannsen
(1857-1927) (ainsi que phénotype et
génotype). |
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Certains caractères
héréditaires matériels peuvent
être considérés comme
portés par des particules (gènes
ou mieux pangènes pour bien
séparer les notions) transmises aux
descendants par les parents. Ces caractères
matériels sont qualifiés de
caractères présentant une
hérédité mendélienne.
Un changement brusque dans la descendance est une
mutation. |
2.1 Les gènes
héréditaires, unités mutables
appartenant à un groupe de liaison (le
chromosome) |
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Il semble que ce soit Sutton
(1902) et Boveri (1904) qui proposèrent pour
la première fois (voir des
publications accessibles sur l'ESP (http://www.esp.org/
et des extraits traduits à
l'adresse http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/svt/info/hist_genet/index.html)
d'associer les gènes aux chromosomes qui
deviendraient ainsi supports de
l'hérédité (le comportement des
chromosomes lors de la mitose a déjà
été décrit par
Flemming
en 1879 mais c'est vraiment au cours du début de
20ème siècle que se développent les
observations cytologiques). À partir de 1910, Morgan travaille sur la mouche du vinaigre : Drosophila melanogaster. Une des premières mutations obtenues par Morgan est un mâle aux yeux blancs dans une population aux yeux rouges (caractère sauvage). Comme il n'apparaît que chez le mâle, l'idée lui vient de l'associer au sexe (Morgan, T.H. (1910), Sex limited inheritance in Drosophila, Science, 32, 120, disponible sur l'ESP : http://www.esp.org/foundations/genetics/classical/thm-10a.pdf; une traduction partielle en français est disponible : http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/svt/info/hist_genet/Morgan.html). Une étude est proposée sur la page annexe sur Morgan. |
Remarque: le terme de chromosome est difficile à cerner. En cytologie classique il désigne une structure colorable qui contient un centromère, zone d'attachement des fibres kinétochoriales qui assurent son mouvement.. Le chromosome n'existe donc que sous forme compacte et lors d'une division. D'autre part, le chromosome prophasique ou métaphasique ne possédant qu'un centromère pour deux chromatides soeurs, le nombre de chromosomes par cellule lors de ces phases différe de la quantité d'ADN ou du nombre de copies du génome. Par extension, chaque nucléofilament a été appelé chromosome: on parlera alors des chromosomes déroulés se dupliquant en phase S de l'interphase. Ainsi certains auteurs (B. Lewin par exemple) considérent que chaque cellule entrant en mitose "posséde quatre copies de chaque chromosome" (Gènes, p23). C'est un point de vue réductionniste qui tend à considérer la division cellulaire uniquement au niveau de la transmission de l'ADN (il est de plus regrettable que les chromosomes homologues soient qualifiés de copies). Il est de loin préférable à mon sens pour le biologiste (et donc pour l'enseignant de SVT) de privilégier l'aspect cytologique. (Voir par exemple les pages sur les caryotypes de l'enseignement de spécialité de terminale S). |
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La deuxième étape est la mise en forme de la notion de liaison. Morgan découvre en effet avec ses collaborateurs d'autres mutations. Lorsqu'ils étudient la transmission héréditaire de celles-ci il trouvent qu'elles forment 4 groupes de liaison: c'est-à-dire qu'elles ne se répartissent pas au hasard dans les descendants mais qu'elles présentent une liaison (linkage, en anglais): elles ont tendance à rester associées. Plus précisément Morgan et ses collaborateurs observent 4 groupes de liaison, c'est-à-dire 4 ensembles de mutations qui ont tendance à rester associées. Ils émettent alors l'hypothèse que ces quatre groupes de liaison sont assimilables aux 4 paires de chromosomes de la drosophile. La liaison étant donc "simplement le résultat mécanique de la localisation des gènes dans les chromosomes". |
Il semblerait que l'hypothèse de la liaison entre les gènes ait été proposée pour la première fois par Bateson et Punnet en 1905 mais l'idée de liaison était assortie de celle de répulsion. C'est Morgan qui proposa l'idée d'une liaison physique. Ceci est très clairement exposé dans son bref article du 10 septembre 1911 dans Science (Morgan, Thomas H. 1911. Random segregation versus coupling in Mendelian inheritance, Science, 34, 384; http://www.esp.org/foundations/genetics/classical/holdings/m/thm-1911a.pdf). « Instead of random segregation in Mendel's sense we find "associations of factors" that are located near together in the chromosomes. Cytology furnishes the mechanism that the experimental evidence demands.» (Au lieu d'une ségrégation aléatoire au sens de Mendel, nous trouvons des "associations de facteurs" qui sont situés sur les chromosomes. La cytologie nous fournit le mécanisme que les résultats expérimentaux demandent). |
Morgan, à partir d'environ 400 gènes connus chez la drosophile, retrouva toujours les 4 groupes de liaisons. Depuis la théorie des groupes de liaison n'a cessé de se confirmer. Voici quelques organismes, avec le nombre de groupes de liaison trouvé chez chacun, à comparer avec leur nombre de chromosomes :
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La dernière étape concerne l'hypothèse de la disposition linéaire des gènes sur le chromosome. Cette idée est née la notion de liaison partielle obtenue pour certains gènes. En effet certains gènes, appartenant au même groupe de liaison (et donc au même chromosome d'après ce que l'on a supposé), se séparent tout de même à la méïose mais pas toujours. Pour mesurer le degré de liaison on réalise des croisements tests ou test-cross par exemple entre un hybride F1 et une double récessif parental. |
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L'interprétation cytologique de la
liaison partielle a été proposée par
Morgan comme étant un crossing-over, ou
enjambement. Les chromatides échangeraient des
segments lors de la méïose. Le
mécanisme du crossing-over est loin d'être
élucidé . Etant donné le but de ces
pages je vous laisse vous reporter à des ouvrages
spécialisés (Gènes par exemple, ch.
26). |
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On en arrive à la dernière hypothèse de Morgan et des ses collaborateurs: les crossing-over ont autant de chance de se produire en tout point du chromosome: le taux de recombinaison (c'est-à-dire la fréquence des crossing-over dans leur modèle) entre deux gènes est indépendant de la nature de chaque gène, il ne dépend que de leur position relative sur le chomosome, ce qui revient à dire que le crossing-over est un phénomène mécanique (on peut aussi le présenter comme étant le fruit du hasard mais cela ne veut pas dire grand chose car les déterminismes mécaniques ne sont pas le hasard, qui, pour de nombreux biologistes, n'est que la mesure de notre ignorance). Ainsi plus deux gènes sont éloignés plus le taux de recombinaison sera élevé. C'est la notion de distance génétique. Le taux de recombinaison, c'est-à-dire la fréquence des crossing-over entre deux gènes liés, est d'autant plus élevé que les loci (le locus étant le site d'un gène) de ces gènes sont éloignés physiquement sur le chromosome. Morgan et ses collaborateurs établissent ainsi une relation entre un résultat statistique (la liaison partielle) et une distance physique. Elle leur permet d'établir des cartes factorielles qui sont la schématisation des positions respectives des gènes évaluées à partir des pourcentages de recombinaisons. Morgan présente avec Alfred Sturtevant (1891-1970) en 1913 la première carte génétique (voir extrait de l'article à l'adresse: http://www.ac-amiens.fr/pedagogie/svt/info/hist_genet/Sturtevant.html). Depuis on a défini le centiMorgan (cM) comme unité de recombinaison: 1 cM étant égal à 1% de crossing-over. Comme pour Mendel, on peut souligner la chance de Morgan. La chance vient du choix de la Drosophile qui ne présente pas de crossing-over chez le mâle (liaison absolue entre deux allèles, soit un taux de recombinaison nulle) alors qu'il existe chez la femelle (liaison partielle soit un taux de recombinaison différent de zéro). Cette chance est bien sûr une limite quand il faut généraliser. |
Voici quelques éléments
d'une carte chromosomique ou factorielle très
simplifiée de la drosophile femelle (les chiffres
indiquent des distances en cM) (il semblerait que l'on ne
connaisse pas de gènes positionnés avec
certitude sur le chromosome Y !!!): Quelques références: |
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Un insecte très particulier: la drosophile ou mouche du vinaigre (Drosophila melanogaster) bon ou mauvais "outil" ?... les deux très certainement |
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Les raisons de son succès dans l'analyse génétique:
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MAIS... cela ne doit pas faitre oublier certaines spécificités:
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Quels sont les points communs entre la carte factorielle (appelée aussi génétique ou encore chromosomique), établie par des méthodes statistiques, et la carte cytologique établie par hybridation de sondes radioactives ou par observation de modification de bandes colorées après mutation ? |
Un exemple très simplifié de correspondance entre la carte factorielle et la carte cytologique établie à partir des bandes colorées sur le chromosome X géant de la drosophile (Nathan, TC, TD, 1983) |
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Globalement, la correspondance est bonne si l'on s'en tient à la disposition linéaire des gènes. Par contre les distances sont nettement différentes. mais la carte cytologique n'est pas beaucoup plus précise que la carte factorielle. On ne connaît pas le degré de compaction de l'ADN dans les chromosomes polytènes... En tout cas on ne devrait employer le terme de carte chromosomique que lorsque l'on tient compte à la fois des données statistiques et cytologiques. |
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Remarques: caractère
mendélien s.s. = caractère
monogénique correspondance biunivoque
entre génotype et phénotype (un
gène - un caractère), les
caractères et les gènes étant
considérés comme
indépendants caractère
mendélien élargi (s.l.)
par exemple au sens des
caractères obéissant aux lois de John
Duff polygénie des gènes - un
caractère ; tout le monde s'accorde à
dire que pour l'homme la plupart des traits
phénotypiques sont conditionnés par
plusieurs gènes pléiotropie un gène - des
caractères ; un même gène peut
conditionner plusieurs caractères épistasie interaction non
alléliques entre gènes : des
gènes conditionnant des caractères
différents pouvant moduler (gènes
"modificateurs") l'aspect de l'un des
caractères les effets cités entre
gènes ou entre caractères sont
additifs et des interactions peuvent avoir lieu
mais la correspondance gène-caractère
n'est pas remis en cause : le gène
associé au caractère mendélien
au sens large est une particule transmissible
héréditairement, il a un support
matériel partagé par les parents et
transmis aux descendants Pour éviter une
glissement de sens il suffit de définir
précisément la notion de
caractère ; en voici un essai en utilisant
le terme matériel au sens de matière
(objet des sens et quantifiable
expérimentalement) : Un caractère
matériel peut être
défini comme un trait phénotypique
matériel de l'individu, mesurable
expérimentalement à l'aide de
paramètres physiques et susceptible
d'être décomposé en
éléments moléculaires. On peut
convenir d'appeller gène ce qui est
transmissible héréditairement
et qui est associé à un ou
plusieurs caractères et de façon plus
ou moins univoque. Il est aussi essentiel de
souligner que si le caractère est
associé au gène, ce n'est pas le
gène qui détermine ou gouverne
l'apparition du caractère mais la cellule
qui exprime ou non le gène. Le gène
est la matière nécessaire mais pas
suffisante à l'expression d'un
caractère. Les caractères
matériels d'un adulte ne sont pas
portés par le gamète même si le
gamète comporte les gènes
nécessaires à l'expression de ce
caractère qui pourra ou non être
exprimé. Le gène est ici une
particule héréditaire, une
unité de transmission d'un caractère
matériel. Il est donc inadéquat de
parler du caractère "couleur des yeux" si
l'on se réfère à autre chose
qu'à l'origine matérielle de la
pigmentation de l'iris. Le déterminisme
(causalité) d'un caractère
matériel est donc sous le contrôle
d'éléments matériels dont les
gènes (au sens de portions d'ADN) sont
certainement un des éléments
essentiels. A ce sujet il me paraît tout
à fait souhaitable, comme le propose
Philippe MATHY, de remplacer les termes "gouverne"
ou "contrôle" par "est associé
à". Ainsi on pourra dire que chez l'homme le
caractère matériel couleur des yeux
est certainement associé à plusieurs
gènes dont certains sont déjà
connus. On peut aussi critiquer le fait d'attribuer
toutes les couleurs des yeux à un
caractère unique : si un caractère
matériel comme yeux bleus peut être
relativement clairement défini il est tout
à fait possible que la couleur jaune d'un
oeil ne soit plus du tout due à un
problème de pigmentation mais à un
problème par exemple de vascularisation. Il
faut donc se méfier et essayer de
déterminer les caractères
matériels au plus près des
molécules. Si cela est assez facile pour un
procaryote, cela devient nettement plus difficile
lorsque l'on s'intéresse à des
eucaryotes et a fortiori à l'homme. De la
même façon il est tout à fait
légitime de parler du caractère
"hémoglobine normale" pour un homme. Par
contre le caractère "sain" ne veut rien
dire, ni le caractère "agressif" ou
"homosexuel". Le mot caractère, pris au sens
de caractère matériel, ne s'applique
pas aux composantes comportementales d'un individu,
encore moins d'un homme. Toujours dans ce sens une
maladie humaine est un événement qui
n'est pas réductible à l'ensemble de
ces caractères matériels
associés à des symptômes (et
donc aux gènes associés à ces
caractères matériels) même
s'ils constituent une voie de recherche. Remarques : Quel est donc
l'intérêt pédagogique
d'une étude mendélienne ? Un
intérêt historique certain. Aussi bien pour
l'histoire des concepts et des acteurs que pour celle de la
méthode expérimentale en
précisant bien d'une part l'hypothèse
principale de Mendel (particules transmissibles support de
l"hérédité) et d'autre part en
présentant les résultats de croisements et
l'analyse de ces résultats sans autre données
que celles de Mendel. Viendra ensuite, après les
observations cytologiques et chromosomiques,
l'hypothèse des chromosomes, support de
l'hérédité (notion très
imparfaite qui n'est qu'une étape dans la
démarche). Mais il est ridicule de vouloir illustrer
les mécanismes cytologiques et chromosomiques de la
méiose et de la fécondation à l'aide de
ces analyses statistiques. Si l'on se réfère
au programme de terminale S actuel c'est pourtant cette
démarche qui est adoptée. On fait observer les
phénomènes cytologiques et chromosomiques
intervenant lors d'un cycle de reproduction. Puis on
présente l'analyse statistique comme une
justification des mécanismes chromosomiques. La
démarche est inversée. Il est indispensable de
la rectifier. (Pour un lecteur attentif de ces pages vous
noterez que le problème de fond se résume
d'une part à l'abandon de la méthode
expérimentale, d'autre part à une conception
erronnée du vivant, la vie étant
réduite à des
mécanismes). Jusqu'ici la
génétique et l'embryologie peuvent être
concilées. Mais c'est avec le développement de
la biologie moléculaire que la notion de gène
va échapper aux théoriciens de
l'hérédité. Certains auteurs (comme
Carlson, ), en ce début du XXIème
siècle considèrent que l'on peut garder et
approfondir le lien entre hérédité et
chromosomes et s'affranchir de la vision moléculaire
devenue obscure. 2.2 Du
gène bactérien au gène
moléculaire, unité de fonction
transformation
bactérienne (F.
Griffith) Les gènes mendéliens et
morganiens sont chromosomiques et donc eucaryotes. Mais
dès les années 1930 les microbiologistes
s'efforcent de prouver que la notion de gène est
aussi pertinente pour la transmission des caractères
héréditaires des bactéries. C'est
probablement un point fondamental qui va faire basculer la
génétique vers la génétique
moléculaire en se séparant de la cytologie,
quasiement inaccessible pour de si petits
organismes. C'est
Fred Griffith (1877-1941), en
1928, qui découvre la transformation
bactérienne, mais s'il prouve la
présence d'un facteur transformant, il ne le met pas
en relation avec l'ADN, ce qui ne sera fait que 10 ans plus
tard par Oswald Avery et ses collègues. De plus ces
tranbsformations ne SONT PAS RELIÉES AUX MUTATIONS et
donc aux gènes des eucaryotes. Il utilise deux souches de
pneumocoques. La bactérie Streptococcus
pneumoniae (ou Pneumococcus), est virulente
grâce notamment à une capsule
polysaccharidique qui la protège de la lyse
lors de la phagocytose. On parle de forme S
(smooth = lisse en anglais) car la colonie
sur gélose prend un aspect lisse et
brillant. Il apparaît dans les cultures des
souches R par mutation qui perdent leur
capsule. Les colonies de souches R ont un aspect
rugueux et mat (rough = rugueux en anglais).
Il existe plusieurs souches nommées SI-RI,
SII-RII, SIII-RIII suivant les types de
polysaccharides de la capsule. Il existe des
mutations reverse mais toujours au sein d'une
même souche (RII vers SII par
exemple). Griffith, en 1928, inocule
à une souris une petite quantité de
pneumocoques RII avec une grande quantité de
pneumocoques SIII "tués" à 60°C
pendant 30 min. Le sang prélevé sur
des souris sacrifiées ultérieurement
est mis en culture et il apparaît des
bactéries de forme SIII vivantes et
virulentes (avec une capsule). Griffith suggère que le
SIII tués ont fourni une protéine
spécifique aux RII leur permettant de
fabriquer une capsule. Il existe donc une
transformation de la souche RII en souche SIII
à moins de proposer une reviviscence des
SIII. Ce principe transformant reste
à découvrir. Quelques points d'analyse de
cette expérience: L'article de Luria, S. E., and M.
Delbrück de 1943 : Mutations of bacteria from virus
sensitivity to virus resistance (Genetics, 28: 491-511
-http://www.esp.org/foundations/genetics/classical/holdings/l/slmd-43.pdf)
est considéré par certains comme le premier
papier qui expose clairement des arguments (statistiques)
tendant à prouver que les bactéries ont aussi
des gènes (raisonnement basé sur l'apparition
de mutations). «We consider the above results as
proof that in our case the resistance to virus is due to a
heritable change of the bacterial cell which occurs
independently of the action of the virus.»
(Nous considérons que les
résultats ci-dessus sont la preuve que, dans notre
cas expérimental, la résistance aux virus est
due à l'apparition d'un caractère
héréditable chez la cellule
bactérienne, de façon indépendante de
l'action du virus). Lorsque George Beadle et Edward Tatum en
1941 cherchent un matériel expérimental pour
établir un lien entre mutants et métabolisme,
il choississent Neurospora crassa, un champignon, et
donc un eucaryote, car, malgré le fait qu'Edward
Tatum soit microbiologiste, la notion de gène
bactérien n'est pas encore admise
(voir page sur
ces deux auteurs). Par contre
lorsque Tatum travaillera seul après 1946 il
retournera aux bactéries pour lesquelles la notion de
gène étaient désormais
admise.
Les limites de l'analyse statistique mendélienne sont
assez difficiles à cerner mais on peut s'y essayer de
façon très imparfaite:
* la notion de lignée pure statistique
est dépendante d'une observation
phénotypique et, étant donné que le
lien n'est pas absolu entre génotype et
phénotype (vois aussi cours de terminale S), la
notion de lignée pure n'est pas neutre, elle repose
sur une observation statistique dont on ne connaît pas
la causalité matérielle permanente (si elle
existe). Il était d'usage de rappeler dans les
manuels scolaires des éditions
précédentes combien cette relation
était complexe; on citait par exemple les animaux
albinos (souris, rats...) chez qui l'albinisme était
relié à des caractères comportementaux
(agressivité...), ou encore chez la drosophile la
découverte de plusieurs gènes
différents codant pour la couleur sombre du corps
(sable, ebony, black...) ; ou enfin la longueur des oreilles
chez certaines races de lapins que l'on sait être sous
la dépendance de plusieurs gènes additionnant
leurs effets.
Ces notions sont
extraites de l'article de Philippe MATHY sur la
génétique de l'album de famille puis
complétées à ma
façon
ces caractères sont extrêmement rares
chez les plantes et les animaux, leur existence est
à démontrer chez l'homme.
*Pour éviter de diluer la causalité
d'un caractère physiologique ou même
comportemental d'un organisme on pourrait essayer
de formaliser les relations entre un
caractère et les composantes du vivant :
matière, énergie et information. Un
caractère biologique au sens large comme par
exemple la mobilité d'une bactérie
(pour prendre un exemple peut-être plus
simple) est sous la dépendance de
déterminismes matériels,
énergétiques et informatifs. Par
exemple pour Escherichia coli : la mobilité
fait appel à des flagelles dont la structure
est connue, le mécanisme de rotation et son
déterminisme énergétique a
même été assez clairement
précisé. On connaît de
façon séparée les gènes
associés à chaque caractère
matériel comme les protéines
flagellaires, les molécules d'ATP
synthase... Du point de vue éthologique, le
chimiotactisme a aussi été mis en
évidence et quantifié et on imagine
aisément un support moléculaire avec
des chimiorécepteurs... Mais que sait-on de
l'information qui détermine un comportement
et est-il totalement déterminé ?
Actuellement la biologie moléculaire
matérialiste propose une information
codée par l'ADN, le comportement
résultant du fonctionnement imbriqué
des différentes unités du vivant
matériel. le déterminisme est total.
Tout comportement étant alors
obligatoirement le résultat des composantes
matérielles génétiques et
environnementales. Le hasard n'est que le flou de
la pensée (ou du programme informatique) qui
ne peut arriver à imaginer (ou à
modéliser et donc à calculer)
l'interaction simultanée de causes aussi
innombrables. Il n'y a qu'une illusion de
comportement.
* Voir le nouveau
(2003) cours de 1ère
S pour un essai de
clarification des termes de
"caractère", "génotype"
et "phénotype".
* tant que l'on considère un, deux, voire trois
caractères, l'analyse statistique est possible mais
dès que l'on atteint des cas de polyhybridisme,
l'analyse statistique expérimentale n'est
plus possible: réaliser 16 384 croisements
(128x128) pour tester les 128 génotypes
théoriques possibles (27) que l'on peut
imaginer avec 7 couples de caractères n'est pas
réaliste.
* de la même manière, l'analyse
statistique des F3 qui suppose de nombreux
croisements est pratiquement impossible
au-delà de deux caractères.
* enfin l'application à l'étude de
l'hérédité humaine
me paraît indue. Il ne peut y avoir
d'analyse statistique de la descendance pour des familles
qui dans le meilleurs des cas atteignent la dizaine
d'enfants. Que l'on fasse une analyse
héréditaire à l'aide de la
méthode préalablement justifiée se
conçoit mais l'étude des arbres
généalogiques humains ne permet en aucun cas
de trouver une justification de l'analyse statistique de la
transmission des caractères (voir
cours
de TS).
Ayant trouvé
sur internet la publication originale de Griffith, mon
analyse a quelque peu changé: voir une
page
complémentaire
avec commentaires à partir du vocabulaire et
des notions actuels
http://www.dartmouth.edu/~bio70/papers.html
Scott Gilbert, The Embryological Orgins of the Gene Theory (http://zygote.swarthmore.edu/gene1.html)
Scott Gilbert, Cellular Politics: Ernest Everett Just, Richard B. Goldschmidt, and the Attempt to Reconcile Embryology and Genetics (http://zygote.swarthmore.edu/gene2.html)
Scott Gilbert, Induction and the Origins of Developmental Genetics (http://zygote.swarthmore.edu/gene3a.html)
Scott Gilbert, Enzymatic Adaptation and the Entrance of Molecular Biology into Embryology (http://zygote.swarthmore.edu/gene5a.html)
La deuxième étape pourrait être qualifiée de période de domination des biochimistes et des physiciens. Elle correspond au passage de la notion de gène "héréditaire", particule chromosomique et support des caractères héréditaires au gène "fonctionnel", séquence de nucléotides, exprimé par la cellule sous forme d'une chaîne polypetidique. Puis, par une dérive dont on peut essayer de retrouver l'origine, les gènes fonctionnels ont été assimilés aux gènes héréditaires associés aux caractères des organismes. Nous critiquerons cette démarche en prônant un retour de la prééminence de la biologie sur la chimie, du moins pour ces questions sur le vivant.
Il est difficile d'arriver à savoir quand a pris forme la théorie de l'information génétique telle qu'elle est comprise par nombre de nos contemporains. Il semble que certains physiciens et chimistes y soient pour beaucoup (il est intéressant de noter que nombre des chercheurs cités dans cette page ont commencé par des études de physique et de chimie et ne sont venus à la biologie moléculaire que plus tard). Max Delbrück (1906-1981) qui fit partie du groupe du phage, et qui proposa notamment une interprétation quantique des mutations qui représenteraient un saut entre deux états stables du gène, semble avoir influencé Erwin Schrödinger (1887-1961) qui dans son livre "Qu'est-ce que la vie ?", publié en 1944, parle déjà de programme génétique (?) en ces termes "ces chromosomes (...) qui contiennent sous la forme d'une espèce de code le modèle intégral du développement futur de l'individu et de son fonctionnement dans l'état adulte" (cité dans "La naissance de la biologie moléculaire"). On peut aussi souligner le rôle de Linus Pauling (1901-1994) qui, en plus de ses découvertes fondamentales en chimie publiées notamment dans "La nature de la liaison chimique" en 1939 et "Chimie générale" en 1947, est celui qui a montré le rôle essentiel des liaisons faibles en biochimie (une bonne part de la compréhension moléculaire que l'on a du vivant actuellement est due à ses idées), mais il est aussi le découvreur des hélice alpha et feuillets béta des protéines avec Corey en 1951, ou encore celui qui proposé, en 1965, avec Emile Zuckerkandl, le concept d'horloge moléculaire.
C'est Archibald Garrod (1857-?) qui exprime la première fois la possible relation entre un gène et une enzyme. Il travaille sur une anomalie métabolique humaine: l'alcaptonurie, qui affecte le métabolisme de la tyrosine et de la phénylalanine (voir phénylcétonurie). Il propose en 1909 dans un article intitulé "Les erreurs innées du métabolisme", de justifier des déficiences enzymatiques héréditaires de l'homme (albinisme, cystinurie, pentosurie...) par des anomalies génétiques dues à l'inactivation de gènes codant pour certaines enzymes. Mais c'est George Wells Beadle (1903-1989) et Edward Tatum qui, en 1941, établissent de façon expérimentale cette relation chez les mutants métaboliques de Neurospora crassa.
(datée de façon erronée de 1941 dans... Belin, Spécialité SVT, 2002, p 145) Une page complémentaire est accessible afin de présenter avec davantage de véracité historique et une réflexion plus poussée ces résultats. |
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Beadle et Tatum isolent des souches mutantes (que l'on qualifierait d'auxotrophes) de N. crassa qui ne se développent pas sans apport supplémentaire de tryptophane (un aa qu'elles sont d'habitude capables de synthétiser) obtenues par irradiation aux rayons X (ce que l'on appellerait maintenant une mutagenèse dirigée). Plusieurs souches sont obtenues pour lesquelles l'apport de tryptophane peut être remplacé par celui d'acide anthranilique ou encore d'indole. Ces souches sont ensuite croisées entre elles. |
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L'interprétation de Beadle et Tatum consiste dans l'association d'un déficit métabolique (transmissible héréditairement avec les lois de l'hérédité chromosomique) avec une mutation dans un gène qui devient alors une unité fonctionnelle associé à la synthèse d'une enzyme. La connaissance d'une chaîne métabolique conduisant au tryptophane date aussi de cette époque. Elle a cependant été précisée car elle est très complexe et ne présente pas une seule voie, c'est un réseau métabolique. La synthèse du tryptophane est très bien connue par exemple chez les bactéries et a fourni un exemple de régulation génétique classique (opéron trp). |
Ces croisements sont bien sûr facilités par le fait que les mycélium sont haploïdes. La phase diploïde est réduite au zygote, obtenu à la suite de la fécondation de deux mycéliums compatibles, qui subit très rapidement une méiose.
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Les trois groupes (1, 2 et 3) sont des souches qui sont auxotrophes au Tryptophane. Mais chacune présente une mutation dans un gène spécifique puisque toutes complémentent. La chaîne métabolique la plus simple que l'on peut proposer pour interpréter ces résultats est Chaque gène (unité mutable) étant associé à la fonction enzymatique (unité fonctionnelle) permettant le passage d'une substance à l'autre. |
C'est Oswald Avery (1877-1955) et ses collègues Colin McLeod et McLyn McCarthy, qui réussisent à purifier le facteur transformant du pneumocoque après d'innombrables tentatives infructueuses de nombreux chercheurs pendant 10 ans. Leur publication date de 1944.
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Ils réalisent un extrait chimique assez bien purifié de SIII (voir expérience de Griffith) contenant essentiellement des acides nucléiques (ARN et ADN) et un peu de protéines. Ils ajoutent une petite quantité de RII vivantes à une grande quantité d'extrait de SIII. Ils obtiennent des SIII vivantes. S'ils ajoutent à l'extrait de la trypsine ou de la chymotrypsine (enzymes coupant de nombreuses protéines) le résultat est le même. S'ils ajoutent une ribonucléase à l'extrait le résultat est identique. Par contre la transformation n'a pas lieu s'ils ajoutent de la désoxyribonucléase. C'est donc bien l'ADN qui est le principe transformant. |
En analysant ces deux expériences dans une perspective moderne, on a voulu avoir la preuve que l'ADN est une molécule transmissible et suceptible d'être utilisée par une cellule procaryote pour modifier une de ses caractéristiques structurales : ici la synthèse d'une capsule. Je pense qu'à partir de la publication originale qui est accessible sur internet on peut affirmer que cette interprétation est plus que douteuse Voir une page complémentaire
A partir de 1937, Max Delbrück (1906-1981) travaille sur le bactériophage et fonde ce qui va devenir la "Groupe du phage" avec l'arrivée en 1941 de Salvador Luria puis de Alfred Hershey en 1943. Une publication marquante de ces années est l'expérience complémentaire de Alfred Hershey et Martha Chase de 1952 qui confirme le rôle de l'ADN comme porteur de l'information génétique du phage T2.
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Le 32P est utilisé comme traceur pour l'ADN et le
35S pour les protéines. L'expérience utilise
des bactériophages T2 qui se reproduisent dans une
bactérie: Escherichia coli. Lors de l'infection virale étudiée, c'est donc bien l'ADN du phage T2 (et non les protéines de la capsule) qui contient l'information génétique et est transféré à la cellule hôte. Cet ADN contient l'information nécessaire à la synthèse de nouveaux virions par la cellule hôte. |
Toujours dans la même optique cette expérience prouve que l'ADN contenu dans les virus et injecté dans les cellules hôtes bactériennes peut être utilisé par celles-ci pour produire de nouvelles particules virales.
Cette expérience semble avoir eu un retentissement très grand notamment du fait qu'elle fut publiée à peu près en même temps que le modèle de la structure de la molécule d'ADN en 1953 par James Dewey Watson (1928-) et Francis Harry Compton Crick (1916-). Le modèle en double hélice a été élaboré à partir de la composition chimique de l'ADN, notamment grâce aux travaux de Erwin Chargraff (1905-) (qui avait montré que, pour toute molécule d'ADN, le nombre de molécules d'adénine est égal au nombre de molécules de thymine (A=T) et que celui de cytosine est égal à celui de guanine (C=G)), des clichés de diffraction X d'ADN cristallisé obtenus par Maurice Wilkins et de Rosalind Franklin décédée prématuremment (1920-1958) (clichés publiés en 1953 dans le même numéro de nature que celui présentant le modèle de Watson et Crick et différenciant deux formes de la molécule: forme A et B (hydratée)), et des clichés de microscopie électronique qui montraient une molécule de 2 nm de diamètre. Watson et Crick proposent déjà dans leur article de 1953 un modèle d'appariement des bases pour la réplication de la molécule.
Mais ce qui paraît maintenant fondamental
pour la direction qu'a prise la biologie moléculaire à
partir des années 1940 c'est surtout le rejet de toutes les
explications finalistes au sens de d'orientées
par la vie, phénomène propre du vivant et
irréductible à la chimie. Le hasard, qui n'est
pas sans rappeller la réversibilité des lois physiques,
devient la seule EXPLICATION ACCEPTÉE pour tout
DÉTERMINISME (ce qui, philosophiquement est un comble,
voir par exemple la
page sur
les niveaux d'organisation du vivant,
les biologistes ayant toujours préféré la
formulation utilisant les 3 grandes fonctions; nutrition, relation et
reproduction, que l'on peut qualifier d'autonomie ou de travail; en
ce qui concerne la finalité on peut lire le petit livre de
Dominique LETELLIER: La question du hasard dans l'évolution;
la philosophie à l'épreuve de la biologie, L'Harmattan,
Col. Ouverture philosophique, 2002, voir aussi le début
du
cours de TS). La domination des
physiciens et chimistes américains d'adoption et passés
au vivant grâce au soutien d'instituts privés comme le
Rockfeller Center n'y est sans doute pas étrangère.
Le premier article que l'on rattache à cette vision semble
être celui de Luria et Delbruck (Luria, S. E., and M.
Delbrück, 1943. Mutations of bacteria from virus sensitivity
to virus resistance. Genetics, 28: 491-511 - disponible
à l'adresse: http://www.esp.org/foundations/genetics/classical/holdings/l/slmd-43.pdf).
Il me semble qu'il faut séparer deux démarches, mêmes si historiquement, elles ont été mêlées :
Les gènes fonctionnels sont des séquences d'ADN manipulées par la cellule et codant pour un produit fonctionnel (polypeptide, ARN...)
Actuellement, la notion d'information génétique est souvent confondue avec la notion, tout à fait différente de programme génétique. Si la première est tout à fait justifiée au vu des résultats de la génétique, la seconde est pour le moins contestable et ne semble reposer sur aucun résultat probant (voir cours de seconde, partie II et les commentaires du programme de seconde). Je me suis aussi efforcé de présenter une interprétation critique des résultats de la génétique du développement vulgarisés (reposant tous sur la notion de programme génétique de développement) accessibles aux enseignants du secondaire dans un longue page sur le développement.
Dans le cadre de l'union entre théorie héréditaire et théorie moléculaire, on peut dire pour simplifier qu'un gène moléculaire dominant (ce qui ne veut rien dire: il faudrait employer le terme d'allèle associé à la forme d'un gène moléculaire) est associé à un gain de fonction et un gène récessif est associé à une perte de fonction.
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Le gène est une unité fonctionnelle : c'est une portion d'ADN de séquence spécifique qui code pour la synthèse d'une molécule fonctionnelle. La mutation est un changement de séquence de l'ADN. Certains biologistes moléculaires superposent la notion de gène, unité fonctionnelle et celle de gène, particule héréditaire. C'est cette notion qui est la plupart du temps enseignée dans le secondaire. L'ADN, scindé en sous-unités fonctionnelles, les gènes, est la molécule de l'hérédité. Les lois de transmission de l'ADN sont les lois de l'hérédité. On passe donc à un modèle moléculaire de l'hérédité. Certains vont jusqu'à réduire l'individualité d'un être vivant à l'originalité de son génome. Ces théories ont été élaborées d'une part à partir des virus et d'autre part à partir des procaryotes. Dès que l'on s'adresse à des eucaryotes on revient au modèle chromosomique qui n'est pas réductible au modèle moléculaire. |
Parler d'une information cytoplasmique qui
puisse être transmise de façon héréditaire
toute comme l'information génétique de l'ADN repose sur
des données expérimentales acquises dans les
expériences d'embryologie
(voir page
sur le développement).
Une autre voie, vraiment novatrice, a été ouverte
grâce à la connaissance des ARN, qui peuvent être
considérés non pas comme des produits de
l'activité des gènes et donc de l'ADN, mais comme des
molécules informatives, capables notamment de transmettre une
information à d'autres cellules et même de
s'intégrer à l'information génétique
d'une cellule procaryote. On sait que certains ARN ont des
propriétés catalytiques (ribozymes). D'autres ont donc
aussi la propriété de pouvoir manipuler l'ADN. La
cellule pouvant même transférer cette information de son
support d'ARN à un support d'ADN et l'intégrer ainsi
à son génome.
Voici des expériences peu médiatisées au sujet
de l'information portée par les ARN (pour les
références d'autres articles originaux voir
Beljanski, un novateur en biomédecine; concepts,
théories, applications; C.-G. NORDAU et M.S. BELJANSKI,
éd. EVI Liberty Corp, 2001):
ARN transformants M. Beljanski, M.S. Beljanski, P. Bougarel, ARN transformants porteurs de caractères héréditaires chez Escherichia coli showdomycino-résistant, C.R. Acad. Sci., 1971, 272, pp 2107-2110 (série D) |
Schémas réalisés d'après une description des expériences (in Nordau et Beljanski) sans avoir eu accès aux publications originales... La Showdomycine, antibiotique extrait d'un champignon (Streptomyces) d'extrême Orient est un nucléoside naturel proche de l'uridine qui semble donc pouvoir interagir avec les acides ribonucléiques. E. coli développe très facilement une résistance à cet antibiotique. Les ARN libérés dans le milieu par les
souches résistantes sont présents dans les
souches sauvages mais ils ne sont libérés que
chez les souches mutées. Les auteurs pensent que ces
ARN sont fixés normalement à l'ADN
(épisomes à ARN) et stabilisent ainsi
sa structure (M. Beljanski, M.S. Beljanski
et P. Bougarel, "Épisomes à ARN"
porté par l'ADN d' Escherichia coli sauvage et
showdomycino-résistant, C.R. Acad. Sci., 1971,
272, pp 2736-2739 (série D)) Interprétations proposées... |
Des souches d'Agrobacterium tumefaciens , une bactérie bien connue pour sa capacité à développer des cals (tumeurs végétales), sont ensuite exposés in vitro aux ARN transformants d'E. coli. Elles sont alors transformées et perdent leur pouvoir tumorigène tout en acquérant d'autres propriétés (M. Beljanski, M.S. Beljanski, P. Manigaut, P. Bougarel, Transformation of Agrobacterium tumefaciens into a non-oncogenic species by an Escherichia coli ARN, Proc. Nat. Acad. Sci. (USA), 1972, 69, pp 191-195). Cette transformation est réellement l'acquisition d'une nouvelle information génétique car ces bactéries transformées ne gardent pas la trace de l'ARN transformant. L'équipe va donc alors rechercher comment une information venant de l'ARN a pu s'intégrer au génome. Et c'est la découverte de transcriptase réverse (retrotranscriptase ou transcriptase inverse permettant la synthèse d'ADN à partir d'une matrice d'ARN) non seulement chez Escherichia coli (M. Beljanski, Synthèse in vitro de l'ADN par une transcriptase d' Escherichia coli, C.R. Acad. Sci., 1972, 274, pp 2801-2804 (série D) et M. Beljanski, M.S. Beljanski, RNA-bound Reverse Transcriptase in Escherichia coli and in vitro synthesis of a complementary DNA, Biochemical genetics, 1974, 12, pp 163-180)) mais ensuite chez Agrobacterium tumefaciens (M. Beljanski, P. Manigault, Genetic transformation of bacteria by RNA and loss of oncogenic power properties of Agrobacterium tumefaciens. Transforming RNA as template for DNA synthesis, Sixth Miles International Symposium on Molecular Biology,. Ed. F. Beers and R.C. Tilghman, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1972, pp 81-97; M. Beljanski, Séparation de la transcriptase inverse de l'ADN polymérase ADN dépendante. Analyse de l'ADN synthétisé sur le modèle de l'ARN transformant, C.R. Acad. Sci. , 1973, 276, pp 1625-1628 (série D)) puis chez Neurospora crassa (S.K. Dutta, M. Beljanski, P. Bougarel, Endogenous RNA-bound RNA dependant DNA polymerase activity in Neurospora crassa, Exp. Mycology, 1977, 1, pp 173-182) puis dans des ufs de poisson (M. Beljanski, L.C. Niu, M.S. Beljanski, S. Yan, M.C. Niu, Iron stimulated RNA-dependant DNA polymerase activity from goldfish eggs, Cellular and Molecular Biology, 34, 1988, pp 17-25), toujours par des équipes travaillant avec M. Beljanski. La découverte d'une transcriptase inverse chez un virus revient à Temin (1970). L'ARN, avec les travaux de Beljanski, est reconnu comme vraiment transformant c'est-à-dire capable de transmettre une information génétique au sens large ou héréditaire chez les Procaryotes entre bactéries de la même espèce (transformer une souche bactérienne non résistante en une souche résistante, de façon stable) puis entre bactéries d'espèces différentes (à partir d'un ARN transformant d'E. coli, Agrobacterium tumefaciens perd son pouvoir tumorigène, grâce à l'insertion d'un nouvel ADN issu de la transcription inverse de l'ARN transformant). L'information génétique ou plutôt héréditaire peut donc passer par l'ARN. Dans le cas des épisomes à ARN, cette information peut donc venir de l'ARN, être transmise sous forme d'ARN, puis être intégrée au génome sous forme d'ADN. |
L'information génétique
peut donc aller de l'ADN à l'ARN mais aussi de l'ARN
à l'ADN de façon stable et transmettre ainsi une
propriété nouvelle intégrée au
génome.
Depuis d'innombrables travaux ont mis en évidence l'importance
des ARN chez les Procaryotes et les Eucaryotes, en association avec
l'ADN sous forme d'hybrides d'ADN-ARN (probablement issu d'une
"transcription inverse") , ou sous forme d'ADN d'origine non
nucléaire.
Ces travaux sont encore très partiels et presque limités à des bactéries. Mais on peut sans aucun doute continuer à travailler dans ce sens (ceci est un appel à des vocations de jeunes chercheurs). Il existe de nombreux cas où les cellules synthétisent de grandes quantité d'ARN, tout particulièrement dans les ovocytes, surtout chez les amphibiens. Ces ARN ont naturellement été considérés comme des ARN messagers. Mais les travaux de Beljanski pourraient nous faire voir tout différemment ces synthèses (voir page sur le développement): des ARN courts pourraient ainsi constituer des épisomes ou des matrices pour des fragments d'ADN qui s'inséreraient dans le génome puis qui seraient ainsi transmis dans certaines lignées.
M. Beljanski a ensuite surtout porté ses
recherches dans le domaine médical dans un but
appliqué: trouver des molécules qui stabilisent l'ADN
dont la déstabilisation (rupture des liaisons faibles et
ouverture de la double hélice) semble bien être la cause
des cancers (voir page
sur le cancer). Ses travaux l'ont ainsi
conduit à isoler des ARN-fragments, c'est-à-dire
de petits ARN courts (quelques dizaines de nucléotides) issus
de la dégradation d'ARN ribosomiaux notamment (ARN
amorceurs puis ARN antisens) qui lui ont permis de
stabiliser l'ADN de cellules cancéreuses de mammifères
et puis de cellules cancéreuses humaines. Je renvoie à
l'ouvrage Beljanski, un
novateur en biomédecine; concepts, théories,
applications; C.-G. NORDAU et M.S. BELJANSKI, éd. EVI Liberty
Corp, 2001 pour une bibliographie.
Cependant, M. Beljanski a tout de même eu le temps de
développer une théorie passionnante sur l'expression de
l'information génétique qui a été reprise
par R. Chandebois dans son ouvrage Le gène et la forme
et dans une moindre mesure dans Comment les cellules
construisent l'animal (voir bibliographie). En voici un bref
aperçu:
(M. Beljanski, Activation et inactivation des gènes. Incidence en cancérologie., Aspect de la recherche, Université de Paris Sud, 1985, pp 56-62; M. Beljanski, The regulation of DNA Replication and Transcription. The Role of Trigger Molecules in Normal and Malignant gene expression, Experimental Biology and Medecine, vol. 8, Karger, 1983, pp 1-190) Théorie reprise et élargie au développement par Rosine Chandebois dans Le gène et la forme (ou la démythification de l'ADN), Rosine Chandebois, 1989, Ed. Espaces 34, p 67 à 74. |
Des substances chimiques comme les cancérogènes (en violet) peuvent stabiliser ou déstabiliser l'hélice d'ADN, ce qui rend plus accessible ou au contraire moins accessible certains gènes aux complexes enzymatiques de réplication (ADN polymérase) et de transcription (ARN polymérase). Ce schéma est juste à but d'illustration et ne correspond à aucun résultat expérimental précis (d'après Beljanski, un novateur en biomédecine, p 42). Plus la transcription est importante et rapide plus les chaînes d'ADN s'écartent au site de transcription mais se ressèrent sur les sites adjacents, qui deviennent quiescents , par force (c'est un phénomène mécanique), par manque d'espace pour l'accès de l'ARN polymérase aux gènes. Les histones pourraient vérouiller les sites non accessibles aux enzymes de transcription où limiter leur transcription en-dessous d'un certain seuil (métabolisme larvé, résiduel ou encore "de luxe"). Ainsi des protéines, des ARN, des substances
très variées, comme les
cancérogènes, pourraient venir manipuler
spatialement (mécaniquement) l'ADN et
contrôler ainsi l'expression de ses
gènes, non pas par des produits isssus de
l'activité de tel ou tel gène
"régulateur", mais de façon beaucoup plus
complexe (car moins localisé et plus
interpénétré) mais aussi beaucoup plus
simple (en échappant aussi au concept du gène
régulateur, réglé lui-même par un
autre gène et ainsi de suite), par des produits
très variés du métabolisme ou de la
communication entre cellules. Mais il est sûr qu'il y a encore beaucoup de travail à faire. Trouver des molécules régulatrices synthétisées sans le concours de gènes spécifiques comme pour les cancérogènes, est certainement une voie de recherche ouverte. Cette théorie n'en est encore qu'à ses balbutiements. |
Quelques points non ordonnés pour l'instant :
(carte génétique ou
statistique en (paires de) bases procaryotes eucaryotes Quelques chiffres...
( = taille du génome / nombre de recombinaisons
connues) en (paires de) bases
(= taille du génome / taille de l'unité de
recombinaison) en (paires de) bases
Vers une nouvelle étape Une théorie complète de
l'hérédité doit tenir compte des trois
niveaux d'information du vivant : le niveau
génétique, le niveau cytoplasmique (qui
manipule l'information génétique) et le niveau
extracellulaire (l'environnement). Par exemple le zygote humain posséde bien les
trois types d'information : l'information
génétique qui résulte de la
réunion des informations génétiques des
deux gamètes haploïdes (un exemple
d'application étant une anomalie chromosomique qui
provoque des anomalies graves sur le développement) ;
l'information cytoplasmique qui résulte de
la fusion inégale des cytoplasmes de l'ovocyte II et
très partiellement (voir pas du tout) du
spermatozoïde (un exemple la mettant en
évidence peut par exemple être fourni par
l'étude des cas de certains vrais jumeaux qui, par
division d'un massif cellulaire correspondant à un
individu, donnent deux individus, identiques par certains
traits morphologiques mais pas au niveau de l'individu
biologique bien évidemment, ce qui reviendrait
à dire qu'ils ne sont qu'une seule personne...);
l'information extra-cellulaire qui résulte des
interactions entre les gamètes et les cellules
présentes lors de leur maturation, puis de l'oeuf et
des cellules voisines du lieu de la fécondation puis
du lieu de développement de l'embryon
(information clairement démontrée par les
expériences d'embryologie expérimentale...
pour donner un exemple classique tiré du livre de
Rosine Chandebois : le gène et
la forme (p 62): lorsqu'on fournit à un
épithélium oesophagien de poulet de la
vitamine A, il cesse de sécréter de la
kératine et sécréte alors du mucus ; ou
pour rester dans le domaine de la biologie humaine, si une
fécondation a lieu en un autre endroit que la partie
terminale des trompes, le développement ne se
poursuit pas...).
En guise de conclusion provisoire, juste quelques réflexions, à améliorer, je n'en doute pas.
Le premier point essentiel concerne l'organisme
: la génétique des procaryotes ne peut pas
être assimilée à celle des eucaryotes, c'est
un problème d'ordre de grandeur essentiel (voir tableau plus
haut).
Si l'on considère par exemple chez la drosophile deux
gènes classiquement considérés comme liés
(gènes b pour black (corps noir) et vg pour (ailes)
vestigiales) portés par le chromosome n°2. Ces
allèles sont définis en terme d'unités
mutables mais certainement pas en terme d'unité codant
pour un produit fonctionnel, même si évidemment, on
connaît des protéines codées par cette immense
partie du chromosome polyténique drosophilien...De la
même manière l'allèle sauvage est simplement
défini comme le gène non muté mais certainement
pas comme une unité fonctionnelle. Que signifie dans ce cas,
pour le chromosome et le gène drosophilien une liaison
chromosomique ? Il semblerait que l'on puisse répondre que
deux unités mutables liées correspondent à deux
caractères qui apparaissent toujours simultanément
chez l'adulte et qu'ils peuvent être reliés
matériellement à deux zones proches d'un chromosome
donné. Il y a donc un lien, exprimé au cours de
l'embryogenèse, entre ces deux caractères, ce lien
passant par l'expression de produits gouvernés par les
gènes en question (sans que l'on ait pour l'instant une
idée précise de la relation entre le génotype et
le phénotype ... de l'adulte... voir à ce propos la
page du nouveau
cours de 1ère S). Ce lien est
donc toujours métabolique car il s'exprime à la fois au
niveau cytologique et au niveau extracellulaire puisqu'on le retrouve
au niveau de l'organisme adulte.
De la même manière que signifie alors un crossing-over ?
Les deux caractères portés par chacun des parents
séparément avec deux allèles différents
se retrouvent associés (sont exprimés ensemble) chez un
descendants. Reprenons l'exemple ci-dessus. Une drosophile
mutée à ailes vestigiales et corps noir de souche
"pure", c'est à dire qui se reproduit toujours en donnant des
descendants qui présentent les mêmes mutations
présente donc une modification probablement matérielle,
transmise héréditairement, et qui repose de
façon certaine, au moins sur deux zones bien
spécifiques du chromosome n°2. Si l'on regarde maintenant
l'organisme entier et que l'on ne s'intéresse plus uniquement
à ses chromosomes, on a donc des mouches à corps
noir et ailes vestigiales qui se reproduisent entre elles et donnant
toujours des mouches à corps noir et ailes
vestigiales....
Que doit-on garder de Mendel ? Si
l'hérédité mendélienne doit probablement
être considérée comme l'exception il n'est reste
pas moins que la liaison chromosomique entre les caractères
et leur support matériel -le gène matériel-
semble être une base incontournable. Mais bien
évidemment l'expression du gène -le gène
fonctionnel-, connaissance acquise grâce à la biologie
moléculaire, n'est pas du tout univoque. La liaison entre un
gène et un caractère peut nécessiter
l'expression d'un autre gène, lié physiquement ou non
(on pourrait dire qu'il est lié métaboliquement).
Que doit-on garder de Morgan ? Je me méfie de plus en plus du
modèle "drosophilien" mais la disposition linéaire
des gènes semble être aussi acquise. Par contre
le crossing-over pourrait être écarté non pas
comme un mécanisme qui n'existe pas (c'était le jeu
! : voir cours de TS sur un jeu
sans crossing-over) mais bien comme
un mécanisme, parmi d'autres mécanismes, de
recombinaison site-spécifique , celui-ci n'étant
probablement pas un mécanisme essentiel à la
transmission des gènes. De la même manière, et de
façon certes très audacieuse (!!!) on pourrait aussi
écarter la méiose telle que l'on la conçoit ;
une succession inamovible de deux divisions
précédée par une longue étape de
maturation pendant laquelle on lieu les crossing-over. Une nouvelle
lecture consisterait à dire que la période de
maturation sexuelle est la seule étape vraiment originale et
spécifique (avec la fécondation ou le
déclenchement de la division de l'uf) de la reproduction
sexuée. Il n'existerait alors qu'un seul type de division
cellulaire qui serait la mitose. (Voir
cours de TS
sur la reproduction et page
sur la
méïose).
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