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D'après
ses biographes, c'est un biologiste au caractère bien
trempé et une personnalité attachante. En tout
cas ses écrits sont intéressants à lire
et ses critiques portent encore aujourd'hui. Sources: Biographie succinte
(http://nobelprize.org/nobel_prizes/medicine/laureates/1933/morgan-bio.html) Il commenca son travail avec
la drosophile en 1909 sur les conseils de Lutz et
après les travaux de Woodworth en 1900-1901 sur les
croisements réalisables en grand nombre chez cet
insecte. Il obtint rapidement de nombreux "mutants".
L'observation de la transmission conjointe de traits de
caratères (liaison) a été
observée simultanément chez le Pois par des
chercheurs anglais en 1909 et 1910. Le premier article de
Morgan sur la drosophile concerne la liaison au sexe,
considéré comme un facteur transmissible.
C'est lui qui mit en avant la théorie de
l'organisation linéaire des gènes liés
sur le chromosome (notamment par son livre de 1915:
Mechanism of Mendelian Heredity).
1. En
embryologiste, il critique l'utilisation abusive des
facteurs mendéliens
de nombreuses données sont disponibles sur l'ESP
(Electronic Scholarly Publishing): http://www.esp.org/.En
voici la liste (articles et
livres):
Marié à Lilian Vaughan Sampson en 1904, sa
femme l'aida dans ses recherches. Il eurent 4 enfants.
Prix Nobel de Physiologie et Médecine en
1933
C'était un naturaliste ayant fait des études
de morphologie et de physiologie. Après avoir
passé quelques mois au laboratoire marin d'Annisquam
(Massachussets), il fut engagé pour 2 ans comme
chercheur (1888-1889) pour la Commission des Etats-Unis sur
les poissons au laboratoire de Woods Hole. avec lequel il
resta associé jusqu'en 1902 en participant à
des expéditions à la Jamaïque et aux
Bahamas. En 1890 il obtint son PhD degree à
l'université John Hopkins. De voyage en Europe et
notamment en Italie, il rencontre Hans Driesch au
laboratoire zoologique marin de Naples. Ce dernier favorisa
son orientation vers l'embryologie expérimentale.
De 1891 à 1904 il fût professeur associé
de biologie au collège féminin de Bryn Mawr.
En 1904 il obtient un poste de professeur de zoologie
expérimentale à l'université de
Columbia. Il ne le quitta qu'en 1928 pour devenir professeur
de biologie et directeur des laboratoires G. Kerckhoff
à Passadena à l'institut universitaire de
Californie (Caltech). Il y resta jusqu'en 1945, en ayant son
propre laboratoire (à Corona del Mar, Californie) les
dernières années.
Cependant il ne cessa jamais de s'intéresser à
l'embryologie et à la regénération et
se derniers travaux concernaient ce domaine. Il apporta des
contributions majeures notamment sur le ufs à
développement "en mosaïque".
2. Une
revue sur le rôle des chromosomes datée de
1910
3. La
première publication mendélienne de Morgan
chez la drosophile
1. En
embryologiste, il critique l'utilisation abusive des facteurs
mendéliens
L'opposition
initiale de Morgan au mendélisme est
attestée par tous les historiens. Certains
précisent que la question est
évidemment subtile et qu'il faut la relier
à sa vision d'embryologiste. T.H. Morgan,
1909, What are "factors" in Mendelian
explanations ? American Breeders Association
Reports, 5:365-369, accessible à
l'adresse: http://www.esp.org/foundations/genetics/classical/thm-09.pdf Étant
donné la faiblesse de mon anglais je ne peux
que livrer quelques extraits en regard du texte
original auquel le lecteur voudra bien se reporter.
Je serais très reconnaissant qu'on me
signale des fautes (ou que l'on me fournisse une
véritable traduction). BY PROF. T. H.
MORGAN IN THE MODERN
INTERPRETATION OF MENDELISM, facts are being
transformed into factors at a rapid rate.
If
one factor will not explain the. facts, then two
are invoked; if two prove insufficient, three will
sometimes work out.
The
superior jugglery sometimes necessary to account
for the result, may blind us, if taken too
naïvely, to the common-place that the results
are often so excellently "explained" because the
explanation was invented to explain them.
We
work backwards from the facts to the factors, and
then, presto! explain the facts by the very factors
that we invented to account for
them. I
am not unappreciative of the distinct advantages
that this method has in handling the facts. I
realize how valuable it has been to us to be able
to marshal our results under a few simple
assumptions, yet I cannot but fear that we are
rapidly developing a sort of Mendelian ritual by
which to explain the extraordinary facts of
alternative inheritance.
So
long as we do not lose sight of the purely
arbitrary and formal nature of our formulae, little
harm will be done; and it is only fair to state
that those who are doing the actual work of
progress along Mendelian lines are aware of the
hypothetical nature of the
factor-assumption.
But those who know the results at second hand and
hear the explanations given, almost invariably in
terms of factors, are likely to exaggerate the
importance of the interpretations and to minimize
the importance of the facts. Par le Professeur T.H.
Morgan Dans
l'interprétation moderne du
mendélisme, les faits sont
transformés à grande vitesse en
facteurs. Si
un facteur ne suffit pas à expliquer les
faits, un autre est ajouté; si deux se
révèlent insuffisants, un
troisième fera
l'affaire. La
jonglerie intellectuelle parfois nécessaire
pour rendre compte des résultats, peut nous
rendre aveugle si elle est prise naïvement au
premier degré car les résultats sont
souvent parfaitement "expliqués" par le fait
même que l'explication elle-même a
été inventée pour en rendre
compte. Nous
travaillons pour tirer les facteurs des faits et
puis, presto ! nous expliquons les faits par les
facteurs même que nous avions
inventé.
Je ne méprise pas les avantages de cette
méthode pour exploiter les faits. Je sais
combien cette méthode a été
valable pour nous permettre de rassembler nos
résultats à l'aide de quelques
affirmations simples , mais maintenant je ne peux
voir qu'avec inquiétude le
développement d'une sorte de rituel
mendélien par lequel nous expliquons des
faits extraordinaires d'héritage avec
alternance. Tant
que nous ne perdons pas de vue la nature purement
arbitraire et formelle de nos formules , cela ne
porte pas à conséquence; et il n'est
nécessaire que de préciser que ce que
nous faisons avec le développement actuel du
travail dans la lignée mendélienne,
ne présume en rien de la nature
hypothétique des facteurs
supposés.
Mais ceux qui connaissent les résultats de
seconde main et n'entendent que les explications
fournies, presque exclusivement en termes de
facteurs, peuvent aisément exagérer
l'importance des interprétations et
minimiser l'importance des faits. By
way of illustrating empirically what I have in
mind, I should like to point out certain
implications in the current assumption that the
factors (sometimes referred to as the actual
characters themselves &emdash; unit-characters, not
infrequently) are dissociated in the germ-cells of
the hybrids into their allelomorphs. For instance a
tall pea crossed with a dwarf pea produced in the
first generation a tall hybrid. Such tall peas
inbred produce three tall peas to one dwarf. Such
are the surprising facts. Mendel pointed out that
the numerical results could be explained if we
assume that the hybrid peas produce germ-cells of
two kinds, tall-producing and dwarf-producing. The
simplicity of the explanation, its wide
applicability and what I may call its intrinsic
probability will recommend his interpretation to
all who have worked with such problems of heredity.
Out of this assumption the modern factor-hypothesis
has emerged. The tallness of the tall all pea is
said to be due to a tall-factor; the dwarfness of
the dwarf-pea, to be a dwarf factor. When they meet
in the hybrid, the tall-factor gets the upper hand.
So far we do little more than restate Mendel's
view. But when we turn to the germ-cells of the
hybrid we go a step further. We assume that the
tall-factor and the dwarf-factor retire into
separate cells after having lived together through
countless generations of cells without having
produced any influence on each other. We have come
to look upon them as entities that show a curious
antagonism, so that when the occasion presents
itself, they turn their backs on each other and go
their several ways. Here it seems to me is the
point where we are in danger of over-looking other
possibilities that may equally well give us the two
kinds of germ-cells that the Mendelian explanation
calls for.
In the first place the assumption of separation of
the factors in the gametes is a purely preformation
idea. The factors have become entities that may be
shuffled like cards in a pack, but cannot become
mixed. The whole mechanism turns on the old
preformation conception of the way the characters
of the adult are contained in the egg. The success
of the method as a ready means of explanation does
not, in my opinion, justify the procedure; for the
preformation idea has always led to immediate, if
temporary, successes; while the epigenetic
conception, although laborious, and uncertain, has,
I believe, one great advantage , it keeps open the
door for further examination and re-examination.
Scientific advance has most often taken place in
this way. Can we offer one or more alternative
points of view that will accord with the assumption
of two kinds of germ cells in the first generation
of hybrids? Until all the possibilities are
exhausted it will be at least judicious to hold the
segregation hypothesis, as currently interpreted
&emdash; a purely formal procedure. I think that
the condition of two alternative characters may
equally well be imagined as the outcome of
alternative states of stablility (or of conditions)
that stand for the characters that make up the
individual. We can conceive of tallness and
dwarfness as two protoplasmic stages or sta tes
without intermediates, just as chemical compounds
are alternative and separate, each with its own
properties. If we mix, in the hybrid materials that
have, the power to produce one, or the other
condition, it is conceivable that they remain at
first independent; the stronger the result in most
cases, although the weaker not infrequently shows
its presence also. In one and the same indivdual
both the dominant and the recessive characters may
appear. For example, chocolate and black mice
Mendelian results; but I have obtained individuals
that were black in front and chocolate behind.
Again blackeye and pink eye are Mendelian
alternatives, yet I have three mice with one
pinkeye and one black one. Local conditions, I
infer, determine, in these heterozygotes, that at
one time the dominant and at another the recessive
characters come to the front, and I could bring
forward evidence to show that the results are not
due to segregations of unit-characters. The
continuous series of types not infrequently shown
in the second hybrid generation, shows also, I
think that segregation of characters in the
germ-cells is by no means an established Mendelian
rule. There
is a consideration here of capital importance. The
egg need not contain the characters of the adult,
nor need the sperm. Each contains a particular
material which in the course of the development
produces in some unknown way the character of the
adult. Tallness, for instance, need not be thought
of as represented by that character in the egg, but
the material of the egg is such that placed in a
favorable medium it continues to develop until a
tall plant results. Similarly for shortness. The
fertilized egg of the hybrid between these types
likewise contains both possibilities. In the soma
or body of these produce their characters &emdash;
one kind at least. If the germ cell of the hybrid
can be traced directly to the undifferentiated germ
plasma of that individual, it too contains as yet
not the characters but the undeveloped materials
from which the characters develop. It follows that
we are not justified in speaking of the materials
in the germ-cells as the same thing as the adult
characters until they develop. As already stated,
it seems possible that at some time in the history
of the germ-cells, the new materials reach in some
cells one condition of equilibrium; in others the
alternating condition. On the average it is
possible that equal numbers of each are formed, if
they are equally potent &emdash; but only on an
average; for it is well known that Mendelian
results are only average results, and it by no
means follows that in all individuals equal numbers
of the two states are present. In fact the
well-recognized principle of pre-potency clearly
indicates that equal numbers of the alternative
conditions are not always present in each
individual. In some such way, I think, it is
possible to conceive of the admitted presence of
two kinds of germ-cells that produce the average
Mendelian proportions. The point of view lacks the
sharpness of the preformed-factor assumption
&emdash; which is not altogether a disadvantage
when all the facts are considered! The view has two
advantages of its own, one is that it shows at
least the possibility of another interpretation,
and the more such we have the less likely are we to
become blind followers of one idea. The other
advantage, to my mind, is that the assumption is
more epigenetic in character than the conventional
one. This, however, may not be conceded by
everyone. The
crucial point for the view here presented is found
in the critical stage in the germ-cells of the
hybrid. It is an equally difficult point for the
segregation theory. According to the latter, the
characters separate at this time; according to my
view, they now enter into an intimate relation with
each other &emdash; for which view there is good
cytological evidence &emdash; and emerge in such a
condition, that, in some cells, the state that will
produce one character has established itself; in
other cells, the opposite state
(Note:
This statement has a superficial resemblance to
another view I proposed two years ago, namely of
alternate dominance. In the present view alternate
dominance is different in so far as the recessive
need not contain the dominant latent, etc. Also in
other respects). We
have fairly good evidence to suppose that in the
critical stage the maternal and paternal elements
are brought into a new relation to each other
&emdash; one that has not existed in the somatic
cells. It is at this time that the changes take
place that lead to the postulated
differences.
Le point crucial de la vision
présentée ici se trouve dans le stade
critique des cellules germinales de l'hybride.
C'est également un point difficile pour la
théorie de la ségrégation. En
effet, selon cette dernière, les
caractères se séparent à ce
moment là ; selon ma vision ils entrent
alors l'un avec l'autre dans une relation intime -
ce qui est conforté par des observations
cytologiques - et émergent de telle
façon que, dans certaines cellules,
l'état qui a produit un caractère
s'est établi lui-même, alors que c'est
l'état opposé dans une autre cellule.
Nous avons une assez bonne raison de supposer qu'au
stade critique les éléments maternels
et paternels sont amenés à avoir une
nouvelle relation l'un à l'autre - une
relation qui n'existe pas dans les cellules
somatiques. C'est à ce moment là
qu'ont lieu les changements qui produisent les
différences proposées.
In conclusion I wish to point out a parallel that
we cannot afford to ignore. In the development of
the egg the organs of the individual become just as
sharply separated from each other as are the
characters of Mendelism. Experimental embryology
has made it more than probable, that the
alternative nature of the characters of the
different organs is not the result of disjunction
of unit-characters present in the egg, although the
preformationists have attempted to explain
development in this way. The process is far more
subtle and in a sense more complicated.
It
may be claimed that we have here only an analogy,
not a similar series of events, but I incline to
think that the comparison worthy of serious
consideration. En
conclusion je voudrais souligner le
parallèle que nous ne pouvons ignorer. Dans
le développement de l'uf les organes
de l'individu devient aussi étroitement
séparés les uns des autres que les
caractères du mendélisme.
L'embryologie expérimentale a rendu plus que
probable l'idée selon laquelle la nature
alternative des caractères des
différents organes n'est pas le
résultat de la disjonction de
caractères-unités présents
dans l'uf, même si les
préformationnistes ont essayé
d'expliquer de développement ainsi. Le
processus est bien plus subtil et, dans un sens,
plus compliqué.
On
doit affirmer haut et fort que nous n'avons ici
qu'une analogie et non pas une série
identique d'événements. Mais je
penche pour le point de vue selon lequel cette
comparaison mérite une considération
sérieuse. Voici le
commentaire qu'en fait Michel Morange
(histoire de la
génétique : www.eduscol.education.fr/
D0018/Histoiredelagenetique.pdf
)
sans citer le
texte ni l'article, c'est
donc moi qui pense qu'il fait bien
référence à cet
article: Je pense que la
critique de Morgan porte toujours actuellement
notamment : Nous
travaillons pour tirer les facteurs des faits et
puis, presto ! nous expliquons les faits par les
facteurs même que nous avions
inventé
.
L'explication mendélienne est un
modèle qui a fait son temps et il est temps
d'en préciser les limites et d'en proposer
d'autres. Sur les relations entre les
débuts de la génétique et l'embryologie
un (long) article (en anglais) s'impose: Scott
Gilbert, The Embryological Orgins of the Gene
Theory (http://zygote.swarthmore.edu/gene1.html),
article adapté de 2 autres articles : «...which
convinced him that chemical reactions in the cytoplasm were
responsible for development, rather than morphological
changes within the nucleus.». [Morgan
était] ...convaincu que les réactions
chimiques dans le cytoplasme étaient responsables du
développement plutôt que les changements
morphologiques dans le noyau. «
It was precisely in this area of early development that the
central problem of developmental mechanics was framed: Which
of the two major compartments of the fertilized egg- the
nucleus or the cytoplasm - controls heredity and
development? » C'était
précisément dans ce domaine des premiers
stades du développement que le problème
central des mécanismes du développement s'est
inscrit : lequel des deux principaux compartiments de
l'uf fertilisé - le noyau ou le cytoplasme -
contrôle l'hérédité et le
développement ? Malgré les
expérimences de Boveri sur les oursins qui tendent
à mettre en avant le rôle du noyau, Morgan
reste persuadé du rôle
prépondérant du cytoplasme, et réalise
des expériences à Naples sur l'uf de
cténophore qui vont dans le sens
opposé. Ces idées sont
reprises d'une manière plus simple dans
Biologie du développement, 2004, De
Boeck Université (pour l'édition
française), (chapitre 4, partie 4.1) dont on peut
suivre les éléments de mise à jour et
des compléments à l'adresse: http://8e.devbio.com/
(l'article ci-dessus est à l'adresse:
http://8e.devbio.com/subnode.php?ch=4&id=19
).
« Morgan était embryologiste de
formation. Jusqu'en 1910, il avait
été un adversaire résolu du
mendélisme et de la génétique.
Il émettait trois critiques fondamentales
à la théorie
génétique.
- En premier lieu, il estimait que si les
gènes étaient réellement
liés aux chromosomes, on devrait observer
que certains caractères
déterminés par des gènes sont
toujours transmis de manière conjointe. On a
pu démontrer par la suite que cette
transmission n'était pas absolue puisque les
chromosomes peuvent être cassés et
différents fragments de chromosomes
réassortis.
- Deuxièmement, il reprochait à la
génétique d'être une science
trop "facile". Pour expliquer un
phénomène, on suppose qu'il existe un
gène, ou même, si cela ne suffit pas,
deux gènes, et ainsi de suite. Cette
critique, malgré nos techniques modernes de
localisation des gènes, reste aujourd'hui
pertinente, quand on voit la facilité avec
laquelle on fait appel à un ou plusieurs
gènes pour expliquer telle ou telle
caractéristique humaine, tel ou tel
don
- Enfin, Morgan voyait dans la
génétique un retour au
préformationnisme. Les mendéliens,
disait-il, supposent que l'organisme est
déjà tout entier contenu dans les
gènes transmis de génération
en génération, ce qui remet en cause
la théorie de l'épigenèse qui
s'est développée au XIXème
siècle. Ce serait donc un retour en
arrière dans l'embryologie. Malgré
ces critiques, Morgan va peu à peu
être convaincu par les théories de
Mendel, grâce son travail sur la drosophile,
notamment la transmission du caractère de la
couleur des yeux.»
The Embryological Origins of the Gene Theory ,
Journal of the History of Biology 11 (Fall,1978), pp. 307
-351
In Friendly Disagreement: Wilson, Morgan, and the
Embryological Origins of the Gene Theory, American
Zoologist 27 (1987): 797 - 806.
On peut y trouver expliquées quelques idées
directrices que Morgan avait tiré de l'embryologie et
qui posaient problème dans une interprétation
particulaire de l'hérédité. Au
contraire de Wilson qui, par ses convictions plus proches de
celles de Boveri, était déjà
très bien disposé envers une explication
nucléaire et particulaire de
l'hérédité et du contôle du
développement.
2. Une
revue sur le rôle des chromosomes datée de
1910
Un second article,
publié en 1910, montre l'intérêt de
Morgan pour les questions de
l'hérédité, notamment grâce aux
avancées de la future génétique, mais
met en garde contre des conclusions trop rapides
[Morgan, T. H. 1910.
Chromosomes and heredity, The American Naturalist,
44:449&endash;496 (http://www.esp.org/foundations/genetics/classical/holdings/m/thm-10b.pdf)]. Il
me paraît fructueux, Voici quelques extraits mais
l'article était constitué d'une suite
d'arguments discutés, il n'est pas possible de le
résumer (je serai
aussi preneur d'une traduction si quelqu'un a
réalisé ce
travail): 1ère partie:
THE INDIVIDUALITY OF THE CHROMOSOMES (pp
1-13) La nature des chromosomes
dans le phénomène
héréditaire p
...1-2... La
littérature moderne sur le
développement et
l'hérédité est
traversée de part en part par des visions
différentes ou même opposées
sur la façon dont le germe produit les
caractères de l'individu. Un école
considère que l'uf et le sperme
contiennent des éléments ou
des particules des tous les
caractères de l'espèce, de la race,
de la lignée et même de l'individu.
Cette vue est ce que j'appellerai la
théorie particulaire du
développement. L'autre école
interprète l'uf et le sperme comme une
sorte de matière capable d'évoluer
selon des chemins particuliers au fur et à
mesure qu'elle passe par un série
d'états qui constituent le
développement. J'appellerai cette vision
la théorie des réactions
physico-chimiques, ou, en
abrégé, la théorie des
réactions. La ressemblance de ces deux
visions avec les théories traditionnelles de
la préformation et de
l'épigenèse est évidente, et
il est possible que je fasse involontairement une
confusion de termes alors que les termes de
préformation et d'épigenèse
ont des implications historiques certaines et,
comme je souhaite souligner certaines choses, non
pas nécessairement relativement à
leur usage historique, je préfère les
termes descriptifs plutôt que ceux qui
sous-tendent autant de traditions..
p...3... p
4-5... 2ème partie
CHROMOSOMES AND MENDELISM (pp 13 - 24 ) Chromosomes et
mendélisme 3ème partie:
CHROMOSOMES AND SEX (pp 24 - 36) Chromosomes et
sexe
p 24 ...« In recent years two converging lines
of evidence have led the most sanguine of us to
hope that before long we shall know, in part, at
least, the answer to the outstanding riddle of the
ages, the determination of sex. These two lines of
research are the experimental study of sex
inheritance, and the microscopic study of the germ
cells. Both have led to the conclusion that sex is
not, as has been so often supposed, determined by
the external conditions to which the parents, or
the eggs, or embryos are subjected, but that there
exists an automatic process in the egg and sperm by
which equality of the two sexes is attained
». Ces
dernières années deux lignes
convergentes d'arguments ont amenés les plus
optimistes parmi nous à nourrir l'espoir de
comprendre, ou pour le moins d'avoir une
réponse au problème ancestral, de la
détermination du sexe. Ces deux axes de
recherche sont d'une part l'étude
expérimentale de
l'hérédité sexuelle et d'autre
part l'étude microscopique des cellules
germinales. Tous deux ont conduit à la
conclusion que le sexe n'est pas, comme cela a
été souvent considéré,
déterminé par les conditions
extérieures auxquelles sont soumis les
parents, ou les ufs ou les embryons, mais
qu'il existe un processus automatique dans les
ufs et le sperme par lequel une
égalité en nombre entre les individus
des deux sexes est atteinte.
pour toute personne qui serait intéressée
à présenter une nouvelle
compréhension
du rôle des chromosomes (en ce début du
XXIème siècle),
- comme j'y encourage mes élèves (et mes
lecteurs) -
de se plonger dans cet article.
«The modern literature of development and
heredity is permeated through and through by two
contending or contrasting views as to how the germ
produces the characters of the individual. One
school looks upon the egg and sperm as
containing samples or particles of
all the characters of the species, race, line, or
even of the individual. This view I shall speak of
as the particulate theory of development.
The other school interprets the egg or sperm as a
kind of material capable of progressing in definite
ways as it passes through a series of stages that
we call its development. I shall call this view
the theory of physico-chemical reaction, or
briefly the reaction theory. The resemblance of
this comparison to the traditional theories of
preformation and epigenesis is obvious, and I
should willingly make the substitution of terms
were it not that the terms preformation and
epigenesis have certain historical implications,
and, as I wish to emphasize certain things not
necessarily implied in the historical usage, I
prefer descriptive terms other than these overladen
with so many traditions ».
Il développe l'idée exposée
dans l'article précédent de 1909
selon laquelle la théorie particulaire
resprésente une
préformation moderne. En
précisant qu'on ne recherche plus dans
l'uf et le sperme un embryon complet mais des
particules qui, assemblées, donneront
l'embryon. («
We no longer look for an actual embryo preformed
but we look for samples of each part, which samples
by increasing in size and joining suitably to other
parts make the
embryo)».
Alors que la théorie opposée
considère que les cellules germinales sont
constituées d'une substance fondamentale (ou
de quelques éléments, en tout cas de
peu d'éléments) qui change au fur et
à mesure du développement
jusqu'à donner des produits finaux qui sont
les éléments connus
(The contrasting theory looks upon the germ-cells
as consisting of one fundamental material, or at
most of a few materials that change as development
proceeds, until finally the end-product of the
changes are the kinds of materials that we know to
differ chemically in a number of ways.)
Sur
cette question je recommande un intéressant
article (en anglais) à l'adresse:
http://plato.stanford.edu/entries/epigenesis/
The modern theory of particulate inheritance
goes back no further than the discovery that the
sperm transmits equally with the egg the characters
of the race; and with the discovery that the most
conspicuous thing that the sperm brings into the
egg is the nucleus of the male cell or more
specifically its chromatin. Around these simple
statements the whole edifice has been erected. We
owe to Weismann more than to any other biologist,
the peculiar trend that this speculation has
followed. It has seemed to many biologists that the
only interpretation of the facts just stated could
be that special turn that Weismann has given to
them. By a curious twist of logic Roux brought the
chromosomes into the discussion. He argued that the
karyokinetic figure is an instrument of such a sort
that we must suppose its function to be that of
nicely separating at each division the different
kinds of materials of which the chromosomes are
composed, or supposed to be composed. Were it only
necessary, he argued, to divide the chromatin
quantitatively into equal parts a far simpler
mechanism ought to suffice. Weismann took this
argument in good faith, and built up his theory
upon it. But if one thing seems more certain than
anything else in modem cytological work it is that
in most cases the karyokinetic figure divides the
chromatin of the chromosomes into exactly equal
parts, irrespective of what the fate of the cells
is to be. We find that the chromosomes in the
different tissues are identical as far as our
methods reach. Observation gives a positive denial
to the Roux-Weismann assumption. In fact, Roux
himself has later abandoned this position. We find
in many quarters a strong disinclination to the
view that the chromosomes are responsible in
this sense for the process of
development.
3. La
première publication mendélienne de Morgan chez la
drosophile
Morgan commenca son
travail de génétique avec la
drosophile en 1909 sur les conseils de Lutz. Il
profite des travaux de Woodworth en 1900-1901 sur
les croisements réalisables en grand nombre
chez cet insecte. Il obtint rapidement de nombreux
"mutants". L'observation de la transmission
conjointe de traits de caratères (liaison) a
été observée
simultanément chez le Pois par des
chercheurs anglais en 1909 et 1910. |
Une des premières mutations obtenues par Morgan est un mâle aux yeux blancs dans une population aux yeux rouges (caractère sauvage). Comme il n'apparaît que chez le mâle, il va tenter une interprétation double, d'une part avec une explication désormais classique, de type mendélienne mais aussi un lien avec la transmission d'un facteur sexuel, associé (lié). Quand on connaît l'intérêt de Morgan pour les mécanismes du déterminisme sexuel (voir publication précédente datée de la même année), on peut penser que c'est bien cette seconde question qui est pour lui centrale. |
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Résultats Morgan dispose
d'une souche (sauvage) aux yeux rouges et
d'un mâle aux yeux blancs
apparu spontanément dans ses
élevages Morgan
réalise ensuite 4 types des croisements de
contrôle (mais pour lesquels il ne fournit
aucun résultat chiffré): 1. le premier
mâle mutant yeux blancs est
croisé avec une femelle à yeux
blancs obtenue en F2'; il affirme avoir obtenu
que des descendants à yeux blancs, pour
moitié mâles, pour moitié
femelles. 2. pour tester
l'homo/hétéro-généité
de la génération F2 chez les femelles
il croise des femelles aux yeux rouges issues de
la F2 avec des mâles aux yeux
blancs et obtient bien deux types de
descendances différentes indiquant les deux
types de femelles possibles : soit tous les
descendants aux yeux rouges (pour les femelles aux
yeux rouges de lignée pure), soit 4 types
possibles de descendants pour les femelles hybrides
(ce qu'il a déjà fait en
F2') 3. pour tester
l'homogénéité de la F1
pour les femelles, il les croise avec un
mâle aux yeux blancs et obtient bien
toujours des descendants aux yeux
rouges. 4. pour tester
l'hétérozygotie* des mâles
aux yeux rouges de la F1 il les croise avec une
femelle à yeux blancs et obtient bien
des femelles à yeux rouges et des
mâles à yeux blancs. *
Morgan emploie le terme hétérozygote
(heterozygous) pour désigner un individu
mâle (p 10) donneur d'un facteur
sexuel noté X pour la moitié des
spermatozoïdes seulement, (mâle
"hétérozygote pour le sexe", ce que
l'on qualifierait plutôt
d'hétérogamétique), ET aussi
pour désigner un individu femelle
(p11) avec deux allèles différents
pour le même gène - les femelles
portant d'autre part deux facteurs sexuels X
identiques), ce qui est le sens actuel. En fait,
ici, il assimile donc plus ou moins le facteur
sexuel à un gène au sens de particule
héréditaire. femelles
yeux rouges hybrides (F1) X mâle yeux
blancs Dans son
interprétation à l'aide d'un facteur
sexuel X porté par la moitié des
spermatozoïdes mais par tous les ovocytes,
Morgan arrive à un problème
d'interprétation de ce croisement (W
désigne l'allèle yeux blancs et R,
l'allèle yeux rouges; les gamètes
sont donc WX ou RX pour les ovocytes et la
moitié des spermatozoïdes et W ou R
pour l'autre moitié des
spermatozoïdes). Dans son formalisme le
croisement est donc le suivant WWXX - RRX ce qui
aurait donné des femelles WRXX et des
mâles WRX et donc uniquement des descendants
aux yeux rouges. Mais il obtient des mâles
tous aux yeux blancs et des femelles aux yeux
rouges. Il propose donc que le mâle
sauvage (wild) soit WRX et non RRX. Il
réalise alors le croisement en retour d'un
mâle aux yeux blancs avec une femelle sauvage
aux yeux rouges soit WWX - RRXX et s'attend
à obtenir des femelles RWXX et des
mâles WRX, tous aux yeux rouges, ce qu'il
obtient. |
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Explication scolaire : Le cas étudié par Morgan est le premier exemple d'"hérédité liée au sexe". En effet, chez la drosophile, comme chez de nombreux organismes, il existe une différence chromosomique entre les deux sexes: la différence la plus commune étant le remplacement de l'un des chromosomes d'une paire d'homologue par un chromosome différent dans l'un ou l'autre des sexes (comme pour l'homme qui est XY et la femme XX). Une interprétation plus moderne positionne donc le gène "couleur des yeux blancs/rouge" sur la partie propre du chromosome sexuel X. Le facteur sexuel X peut donc être plus ou moins assimilée la partie propre de l'X. Ce ne serait donc pas un gène transmis en même temps que les autres mais le support même de certains gènes. |
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