Deux remarques liminaires:
1. il vous faut des connaissances.... Je vous conseille, et je sais
que c'est un lourd travail, de lire les pages sur l'histoire
de la génétique avant de commencer l'étude
de ce chapitre de spécialité. En voici un bref
résumé :
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Certains caractères héréditaires matériels peuvent être considérés comme portés par des particules (gènes) transmises aux descendants par les parents. Ces caractères matériels sont qualifiés de caractères présentant une hérédité mendélienne. Un changement brusque dans la descendance est une mutation. |
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Certains caractères matériels sont liés héréditairement (sont transmis avec) avec les chromosomes. Les chromosomes peuvent donc être considérés comme le support matériel de l'hérédité mendélienne. Certains caractères matériels ne sont liés que partiellement aux chromosomes (lors de la transmission ils changent de chromosome). Cette liaison partielle peut être interprétée en termes de recombinaison ou crossing-over (échanges de fragments entre chromosomes). La mesure de la fréquence des ces recombinaisons de façon statistique est interprétée en termes de distance entre les gènes disposés linéairement sur le chromosomes, le crossing-over ayant autant de chance de se produire en tout point du chromosome. Ces distances permettent d'établir une carte factorielle (ou statistique ou génétique ou chromosomique s.s.) des gènes chromosomiques portant les caractères matériels transmis selon les lois énoncées ci-dessus. Certaines mutations ont aussi un support chromosomique qui peut être mis en évidence par les techniques de colorations de bandes des chromosomes. On établit ainsi une carte cytologique des gènes associés aux mutations. Les gènes sont donc alors des unités de recombinaison et de mutation : un gène est une unité mutable appartenant à un groupe de liaison (statistique) : le chromosome. La plupart des caractères matériels peuvent être associés à un ou plusieurs gènes chromosomiques. Pangènes et gènes sont des notions qui se recoupent mais ne se superposent pas. On peut parler d'un modèle héréditaire chromosomique. |
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Le gène est une unité fonctionnelle : c'est une portion d'ADN de séquence spécifique qui code pour la synthèse d'une molécule fonctionnelle. La mutation est un changement de séquence de l'ADN. Certains biologistes moléculaires superposent la notion de gène, unité fonctionnelle et celle de gène, particule héréditaire. C'est cette notion qui est la plupart du temps enseignée dans le secondaire. L'ADN, scindé en sous-unités fonctionnelles, les gènes, est la molécule de l'hérédité. Les lois de transmission de l'ADN sont les lois de l'hérédité. On passe donc à un modèle moléculaire de l'hérédité. Certains vont jusqu'à réduire l'individualité d'un être vivant à l'originalité de son génome. Ces théories ont été élaborées d'une part à partir des virus et d'autre part à partir des procaryotes. Dès que l'on s'adresse à des eucaryotes on revient au modèle chromosomique qui n'est pas réductible au modèle moléculaire. |
Vers une nouvelle étape |
Une théorie complète de l'hérédité doit tenir compte des trois niveaux d'information du vivant : le niveau génétique, le niveau cytoplasmique (qui manipule l'information génétique) et le niveau extracellulaire (l'environnement). Par exemple la cellule oeuf humaine posséde bien les trois types d'information : l'information génétique qui résulte de la réunion des informations génétiques des deux gamètes haploïdes (un exemple d'application étant une anomalie chromosomique qui provoque des anomalies graves sur le développement) ; l'information cytoplasmique qui résulte de la fusion inégale des cytoplasmes de l'ovocyte II et très partiellement (voir pas du tout) du spermatozoïde (un exemple la mettant en évidence peut par exemple être fourni par l'étude des cas de certains vrais jumeaux qui, par division d'un massif cellulaire correspondant à un individu, donnent deux individus, identiques par certains traits morphologiques mais pas au niveau de l'individu biologique bien évidemment, ce qui reviendrait à dire qu'ils ne sont qu'une seule personne...); l'information extra-cellulaire qui résulte des interactions entre les gamètes et les cellules présentes lors de leur maturation, puis de l'oeuf et des cellules voisines du lieu de la fécondation puis du lieu de développement de l'embryon (information clairement démontrée par les expériences d'embryologie expérimentale... pour donner un exemple classique tiré du livre de Rosine Chandebois : le gène et la forme (p 62): lorsqu'on fournit à un épithélium oesophagien de poulet de la vitamine A, il cesse de sécréter de la kératine et sécréte alors du mucus ; ou pour rester dans le domaine de la biologie humaine, si une fécondation a lieu en un autre endroit que la partie terminale des trompes, le développement ne se poursuit pas...). |
En d'autres termes : ce chapitre est à la fois une chance (: parler de l'homme) et un danger (: les conceptions individuelles sont tellement différentes selon les personnes) car il fait référence à la fin de l'homme (morale et éthique) et c'est une véritable biologie de l'homme qui est demandée ici. Il n'y a pas de raison d'avoir peur de présenter ses idées. Plus vous aurez de connaissances précises sur l'histoire des concepts et sur les techniques proposées, mieux vous serez à même de juger personnellement des implications de telle ou telle technique.
1. Le caryotype
: du simple dénombrement
à l'hybridation in situ de sondes fluorescentes ou
radioactives.
Une référence de
"cytogénétique" que j'ai beaucoup utilisé
malgré le fouillis du texte et des idées il faut
l'avouer: La fluorescence in situ par hybridation (FISH), M.
Lessard, I. Luquet, M.-J. Lebris et A. Herry,
Biologie-Géologie (Bulletin de l'APBG), 3-1996,
531-542
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La réponse est simple mais les mots évoluent tellement vite qu'on oublie leur définition, qu'ils perdent leur sens et que finalement on ne sait plus de quoi l'on parle. Les notions qui suivent viennent de "Morphologie des végétaux vasculaires", Camefort, 1977, Doin... une référence. et de Gènes, Lewin, 1992, Médecine-sciences Flammarion, une autre référence |
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La chromatine est une substance contenue dans le noyau eucaryote, qui présente une très forte affinité pour les colorants (comme l'hématoxyline qui la colore en noir ou les colorants basiques (basophilie) comme le bleu de méthylène, le bleu de toluidine ou la pyronine). Elle forme habituellement un enchevêtrement de fibres ("réseau") mais peut aussi prendre un aspect plus condensé. On peut la mettre en évidence par coloration de Feulgen ou par le test de Brachet (voir ci-dessous). Elle est composée d'ADN et de protéines. mais depuis l'utilisation du microscope électronique on continue d'appeler chromatine les constituants du nucléoplasme osmiophiles (qui fixent le tétroxyde d'osmium, colorant opaque au électrons utilisé pour contraster les coupes observées en microscopie électronique à transmission). S'il s'agit sans aucun doute des même composants, ce n'est pas vraiment les mêmes structures qui sont mises en évidence et il n'est pas évident d'établir un lien entre les deux aspects d'une même réalité. |
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Coloration de Feulgen On réalise cette coloration sur des coupes
histologiques ou sur des cellules vivantes mais elle est
létale (elle provoque la mort de la cellule). La chromatine se colore en rouge violacé alors que le cytoplasme, le nucléoplasme et le nucléole restent incolores. C'est la présence du désoxyribose de l'ADN qui est ainsi mise ne évidence dans la chromatine. |
Test de Brachet : Témoin : on colore la préparation
simultanément avec le vert de méthyl (colorant
basique vert) et la pyronine (colorant basique rouge). Chez une cellule eucaryote témoin le nucléole et le cytoplasme sont colorés en rouge et la chromatine en vert. Cette affinité différentielle pour les deux colorants basiques n'est pas très clairement expliquée à ma connaissance. Après action de la ribonucléase, la coloration rouge a disparue du cytoplasme et du nucléole alors que la chromatine reste colorée en vert. On peut mettre en relation directe la coloration rouge avec la synthèse d'ARN dans différentes cellules. Plus une cellule réalise des synthèses protéiques plus elle possède d'ARN. |
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En cytologie (étude de la cellule) classique le terme chromosome désigne une structure colorable qui contient un centromère, zone d'attachement des fibres kinétochoriales qui assurent son mouvement.. Le chromosome n'existe donc que sous forme compacte et lors d'une division. D'autre part, le chromosome prophasique ou métaphasique ne possédant qu'un centromère pour deux chromatides soeurs, le nombre de chromosomes par cellule lors de ces phases diffère de la quantité d'ADN ou du nombre de copies du génome. Par extension, chaque nucléofilament a été appelé chromosome: on parlera alors des chromosomes déroulés se dupliquant en phase S de l'interphase. Ainsi certains auteurs (B. Lewin par exemple) considèrent que chaque cellule entrant en mitose "possède quatre copies de chaque chromosome" (Gènes, p23). C'est un point de vue réductionniste qui tend à considérer la division cellulaire uniquement au niveau de la transmission de l'ADN (il est de plus regrettable que les chromosomes homologues soient qualifiés de copies). Il est de loin préférable à mon sens pour le biologiste (et donc pour l'enseignant de SVT) de privilégier l'aspect cytologique. |
Lors d'une mitose, tout l'ADN ne se condense pas en chromosomes. Le ou les nucléoles restent souvent séparés et sont plus ou moins répartis entre les cellules filles. Il existe aussi une certaine quantité d'ADN extrachromosomique chez certaines espèces. Il semble que ce soient surtout des gènes codant pour des ARN ribosomiaux. |
1.1 Définition :
un caryotype est une présentation de l'ensemble des chromosomes métaphasiques d'une cellule classés selon leur taille et leur bandes colorées. |
1.2 Méthode:
Les protocoles comprennent :
1. obtention de cellules en division (mitose)
2. blocage des divisions par ajout de colchicine (extrait de la
racine de colchique) qui désorganise les microtubules du
fuseau de division et donc empêche le déplacement des
chromosomes
3. traitement osmotique (l'osmose est la loi qui décrit les
déplacements de l'eau) pour faire éclater les cellules
et étalement des chromosomes
4. fixation, traitement et coloration des chromosomes
5. photographie ou reconnaissance numérique automatique : on
choisit uniquement des plaques métaphasiques mitotiques sauf
traitement particulier
6. classement par taille et bandes colorées (manuel ou
automatique).
Voici un historique rapide permettant de voir l'évolution
des techniques :
La première étape, initiée par Tijo et Levan (1956) puis Lejeune, Gautier et Turpin (1959) ne permet de classer les chromosomes que par groupes : ils sont rarement identifiables individuellement ; voici les principaux groupes : |
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22 paires d'autosomes : |
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Deuxième étape : à partir des années 1970-1972 la coloration permet de mettre en évidence des bandes : |
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Caspersson, utilise la quinacrine qui permet, en lumière fluorescente, de distinguer sur chaque chromosome des régions qui se subdivisent en bandes, caractéristiques d'un chromosome donné |
Les chromosomes sont soumis à différents
traitements (action de la trypsine ou de tampon SSC à
65°C - Seabright,
Summer, voir références dans
l'article de l'APBG cité plus haut) puis
colorés avec le colorant de Giemsa. On observe des
bandes , assez voisines des bandes Q : certaines
prenant fortement le colorant (G), d'autre le prenant
très peu. |
Les bandes R sont obtenues par dénaturation thermique à 85°C (Dutrillaux et Lejeune, voir références dans l'APBG, article cité plus haut) et marquent les télomères en sombre à l'inverse des bandes Q et G, avec lesquelles les télomères sont pâles |
Le traitement utilisé permet de rendre fortement colorable l'hétérochromatine du centromère de tous les chromosomes. |
Toutes ces colorations n'ont aucune explication satisfaisante: leur origine est UN MYSTÈRE... en absence de traitement la coloration est pratiquement uniforme mais étant donné que les traitements sont très variés, on ne connaît aucune cause commune certaine. La coloration est reproductible et peut permettre de repérer des translocations (déplacement de fragments d'un chromosome à un autre). Elle est très homogène au sein d'une espèce : il y a peu de variations individuelles. |
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Remarque : |
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Troisième étape : |
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Les deux paires de chromosomes sont photographiées
et représentées à la même
échelle, ce qui n'est pas le cas des
schémas... |
1.3 Résultats et utilisation : selon les types
cellulaires des cellules prélevées, leur lieu de
prélèvement et le moment de ce
prélèvement...
* dénombrement : chez l'homme, comme chez la plupart des
organisme animaux supérieurs le nombre de chromosomes de
toutes les cellules somatiques (non impliquées dans la
reproduction) est pair (cellule diploïde) et identique
pour toutes les cellules de l'organisme: 2n = 46 : 22 paires de
chromosomes homologues (autosomes) : de même taille,
présentant les mêmes bandes colorées et, pour ce
que l'on en sait, les mêmes gènes (pas forcément
avec la même séquence allélique) ; et 1 paire de
chromosomes sexuels (gonosomes) non homologues
(hétérochromosomes) chez l'homme (Xet Y
présentant une partie commune (qui permet au deux chromosomes
sexuels de s'apparier puis de se séparer lors d'une
méiose) et chacun une partie propre) et homologues chez la
femme : XX dont l'un semble inactivé dès le stade
ftal.
Remarque : comme les caryotypes sont réalisées
à partir de photographies de métaphases mitotiques, les
chromosomes présentent deux chromatides. Dans certains cas
exceptionnels, on a réussi à réaliser des
caryotypes de cellules sexuelles haploïdes sans les diviser
auparavant et dans ce cas on peut même obtenir des chromosomes
avec une seule chromatide.
Par exemple la technique citée dans
(Mé)connaissance actuelle sur les aspects
génétiques de la fécondation (Bernard
Sèle, Supplément Biologie-Géologie :
Procréation, Reproduction, Ethique, 4-1999, p 26-27):
pour obtenir des caryotypes de spermatozoïdes, qui sont des
CELULLES QUI NE SE DIVISENT PAS, on utilise la fécondation
croisée entre des spermatozoïdes humains et un ovocyte de
hamster doré, et on réalise le caryotype à
partir d'ovocytes fécondés prélevés juste
après l'amphymixie (réunion des deux pronuclei) et dont
on laisse se poursuivre le développement in vitro jusqu'au
stade d'individualisation des chromosomes (début de la
première mitose du "zygote") et donc aussi après une
phase S. Il me paraît important de souligner l'important (en
tout cas inconnu) biais expérimental dans ce type de
manipulation. L'auteur d'ailleurs souligne plus loin combien il est
important, pédagogiquement, de présenter les photos des
caryotypes non classés, preuve de l'obtention de figures
métaphasiques avec des chromosomes
hétérospécifiques.
Les cellules sexuelles haploïdes (n chromosomes) sont les
spermatocytes II (avec des chromosomes avec 2 chromatides),
spermatides (chromosomes à 1 chromatide) et
spermatozoïdes (chromosomes à 1 chromatide) chez l'homme
et l'ovocyte II (chromosomes à 2 chromatides avec stade
bloqué en métaphase de deuxième division de
méiose de 12 heures avant l'ovulation à la
fécondation éventuelle) chez la femme.
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monosomie 44, XO |
Syndrome de Turner : |
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Nom de la maladie : Syndrome de Down ou mongolisme (il existe de nombreuses trisomies mais la 21 est la plus fréquente) |
Suivant le type d'anomalie il y a de grandes variations : trisomie partielle (un fragment de chromosome est excédentaire souvent associé à une translocation) ou totale (tout le chromosome 21 excédentaire)... Les symptômes sont des anomalies morphologiques (petite taille, aspect trapu, tête ronde, visage aplati...), anatomiques (malformations cardiaques, langue fissurée, empreinte digitale avec pli palmaire transverse unique... ) et mentales (il n'est pas toujours facile à ce sujet de faire la part de ce qui n'est pas développé mais peut l'être et ce qui est une incapacité à apprendre...). Un point essentiel est le retard moteur avec une certaine paresse musculaire, notamment au niveau des muscles de la face qui induisent des retards dans l'apprentissage du langage, amis aussi au niveau des membres avec un retard plus ou moins prononcé dans l'apprentissage de la marche... |
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La prise en charge des enfants trisomiques est d'autant plus facile que le diagnostic est établi précocement. des séances de rééducation faciale et motrice permettent de combler le retard dans bien des cas. L'enfant mongolien gagne a être inséré dans une communauté scolaire normale, avec un horaire aménagé éventuellement. Des activités spécifiques visant notamment à renforcer le tonus musculaire sont conseillées (natation, équitation, jeux variés permettant de développer l'équilibre...). Selon le type de maladie et selon le début et surtout le suivi de la prise en charge, on arrive à des cas d'autonomie assez spectaculaires. Un film à conseiller du CRDP d'Antilles-Guyane : la trisomie. |
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A la recherche des causes : |
1.4 Applications :
*diagnostic prénatal : du sexe (il est ainsi possible de
connaître avec certitude le sexe de l'enfant à
naître) ou d'une anomalie chromosomique : là encore, aux
erreurs humaines près, on peut déterminer avec
certitude le caryotype d'un enfant à naître en cultivant
des cellules prélevées par trois techniques :
Chacune de ces techniques présente un risque chirurgical pour la mère (anesthésie) et pour l'enfant à naître ; la choriocentèse semble être celle qui provoque le plus d'avortements (10 à 15 avortements provoqués pour 1000 prélèvements : chiffre cité dans le rapport des journées annuelles du Comité consultatif National d'Èthique du 17-18 décembre 1993, cité partiellement dans Biologie-Géologie, 1-1994, p 130), mais on trouve les chiffres de 3 à 5% pour les choriocentèse et 0,5% pour les amniocentèse par exemple sur le site de B. Le Marec: http://www.med.univ-rennes1.fr/etud/pediatrie/diagnostic_prenatal.htm ).
* diagnostic chez un enfant ou un adulte : la plupart du temps, ce sont les globules blancs qui sont prélevés par prise de sang et cultivés. Le diagnostic est encore certain, aux erreurs humaines près.
1.5 Implications :
* la réalisation d'un caryotype ftal présente un
risque pour la vie de la mère et plus encore pour celle de
l'enfant, il est difficilement justifiable dans un but
thérapeutique
* il semble que, dans la majorité des cas, le diagnostic
trisomique réalisé à la naissance suffise
amplement pour mettre en place l'indispensable accompagnement du
handicap de l'enfant trisomique.
* tout dépistage systématique de la trisomie avec comme
seule conséquence de proposer aux parents de tuer leur enfant
à naître est une attente au droit à la vie de
celui-ci.
Remarque: étant donné la difficulté pour un biologiste de manier les statistiques, j'ai essayé de rédiger une page sur ce sujet délicat.
Du point de vue bioéthique, toute pratique (chorio, amnio ou cordocentèse) qui vise, non pas à soigner un enfant, mais à dépister une anomalie, en vue de tuer l'enfant à naître, est moralement inacceptable : elle est en désaccord avec la fin de cet enfant qui est de vivre : le droit à la vie est le premier qui doit être respecté pour tout homme (article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ci-dessous).
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morale et éthique ont la même origine étymologique : moris (en latin) et ethos (en grec) signifiant la coutume (murs) ou l'inclination naturelle à agir (comportement) |
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Comme je l'ai précisé dans les pages sur la
science, je suis
réaliste et je pense donc qu'il existe une
loi naturelle (au sens judéo-chrétien
d'une loi inscrite dans le cur de l'homme), et donc un
consensus universel sur la nature de l'homme (comme
l'on fait tous les philosophes réalistes
je
revoie par exemple à Aristote ou à
Saint-Thomas d'Aquin... voir les pages d'histoire
et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
ci-dessous). J'ai aussi expliqué pourquoi je pensais
qu'un scientifique devrait être naturellement
réaliste et non matérialiste ou positiviste
comme certains le sont parfois en pensant être ainsi
plus "scientifique" ou "objectif" et qui, en refusant la
causalité, font de ce consensus une question de
croyance. |
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L'éthique est la science des actes humains (science de l'agir) considérés selon leur orientation à la fin dernière de l'homme (moralité). La moralité d'un acte humain est son orientation à la fin dernière de l'homme. La fin est "ce pour quoi agit celui qui agit" (Aristote, traduction libre). La fin dernière est la causalité de la nature humaine. Les actes humains sont libres, conscients, volontaires, c'est en ces sens qu'ils se différencient de ceux des animaux (voir Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, article 1). Il n'y a pas d'éthique animale : l'étude du comportement animal est l'éthologie (qui a la même racine étymologique que l'éthique). La conscience est un acte, un jugement moral qui applique la loi naturelle aux cas concrets. La conscience peut être obscurcie, se tromper, douter, ou encore être violentée. La liberté psychologique de l'homme c'est sa capacité à ne pas suivre sa conscience. D'où une grande diversité dans les expressions individuelles face à la loi morale naturelle. Si je pense que la loi naturelle est une, je suis aussi bien conscient que tous les hommes ne sont pas prêts à s'accorder sur tous ses éléments mais je pense que c'est un but à atteindre. |
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La
bioéthique
peut donc être définie comme le domaine
où l'éthique et la biologie
interférent. C'est d'ailleurs une définition
floue, tout homme devant se préoccuper
d'éthique et la biologie n'étant pas du tout
le seul domaine d'application de l'éthique
mais
je pense aussi que c'est une chance à saisir pour le
biologiste pour dialoguer avec d'autres sciences de
l'homme
Finalement, toute pratique humaine peut être envisagée du point de vue éthique. Il faut souligner que l'éthique n'utilise pas la méthode expérimentale. L'éthique utilise le raisonnement mais ne se base pas sur des expériences scientifiques mais sur des principes que l'homme découvre à l'aide de son intelligence. |
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Bioéthique |
Tableau présentant les différents types d'interventions sur les embryons et les cellules sexuelles et leur qualification par différentes religions : catholicisme, protestantisme, orthodoxie, judaïsme et islam |
Tableaux présentant les législations de quelques pays sur les manipulations de gamètes et d'embryons |
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La santé de l'enfant à naïtre :
vers l'enfant parfait ? |
Un rappel très utile des lois en rapport avec les
diagnostics prénatal et préimplantatoire... un
bon article à faire lire. |
La personne humaine est indissociable de son corps. La personne est la nature humaine individualisée en un être vivant. |
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Pouvoir de la biologie, de la connaissance sur le
vivant à l'éthique biomédicale |
Le corps humain, la personne... je cite approximativement quelques éléments qui me semblent importants : le corps humain peut être différencié du corps des autres espèces animales il n'a de réalité qu'au sein d'une communauté le sujet humain est responsable, libre, qui communique par la pensée et la parole, qui agit sur le milieu extérieur et le transforme, qui a une histoire la personne du droit civil est volonté agissante le corps est le moyen d'exprimer la vie de la personne, le corps est le vécu du sujet, il est le moyen de communication avec les autres, ce n'est plus un corps animal, c'est un corps culturel, social, humain |
Contre le discours éthique abstrait : |
Un entretien avec l'auteur du livre : "Les corps
transfigurés", Seuil, 1992, sur la
"mécanisation du vivant et de l'imaginaire en
biologie". Quelques citations de l'entretien: |
Déclaration universelle sur le Génome humain et les Droits de l'Homme (1997) |
Cette déclaration est consultable sur le site de
l'UNESCO: à l'adresse: En voici le texte (commentaires en bleu): A. LA DIGNITÉ HUMAINE ET LE GÉNOME HUMAINE Article premier En anglais
(adresse:
http://portal.unesco.org/en/ev.php-URL_ID=13177&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html
)"The human genome
underlies the fundamental unity of all members of the
human family, as well as the recognition of their inherent
dignity and diversity. In a symbolic sense, it is the
heritage of humanity.": underlying a une
signification figurée très forte comme
"fondement", "base"; ce qui est une interprétation
très excessive du rôle du génome. Il est
nécessaire de répéter ici que
l'unité de l'homme, sa nature et la dignité de
sa personne ne sont pas fondées par la biologie...Je
conteste aussi fortement l'idée que la
diversité génétique est le fondement de
la diversité biologique. Article 2 Article 3 Article 4 B. DROITS DES PERSONNES CONCERNÉES Article 5 Article 6 Article 7 Article 8 Article 9 C. RECHERCHES SUR LE GÉNOME HUMAIN Article 10 Article 11 Le clonage humain, quelque soit sa fin (reproduction, recherche, thérapeutique...), reste inacceptable. Cette lacune dans le texte est grave comme le prouvent les récents coups médiatiques. Article 12 La liberté de pensée est inséparable de la liberté des consciences et de la liberté de religion. D. CONDITIONS D'EXERCICE DE L'ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE Article 13 Article 14 Article 15 Article 16 Les Etats devraient reconnaître l'intérêt de promouvoir, aux différents niveaux appropriés, la création de comités d'éthique indépendants, pluridisciplinaires et pluralistes, chargés d'apprécier les questions éthiques, juridiques et sociales soulevées par les recherches sur le génome humain et leurs applications. E. SOLIDARITÉ ET COOPÉRATION INTERNATIONALE Article 17 Article 18 Article 19 b) Les organisations internationales compétentes devraient soutenir et promouvoir les initiatives prises par les Etats aux fins énumérées ci-dessus. F. PROMOTION DES PRINCIPES DE LA DÉCLARATION Article 20 Article 21 G. MISE EN OEUVRE DE LA DÉCLARATION Article 22 Article 23 Article 24 Article 25 |
La déclaration universelle des droits de l'homme est une avancée dans le domaine de ce consensus sur la nature humaine, même si elle est encore loin d'être totalement appliquée dans les pays signataires...(http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm) DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE
L'HOMME. L'Assemblée Générale proclame la présente Déclaration Universelle des Droits de l'Homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction. Article premier Article 2 Article 3 Article 4 Article 5 Article 6 Article 7 Article 8 Article 9 Article 10 Article 11 Article 12 Article 13 Article 14 Article 15 Article 16 Article 17 Article 18 Article 19 Article 20 Article 21 Article 22 Article 23 Article 24 Article 25 Article 26 Article 27 Article 28 Article 29 Article 30 |
1.6 Technique moderne de "peinture chromosomique"
Le développement dans les années 1985-1990 de la
cytogénétique moléculaire par hybridation in
situ de sondes fluorescentes a permis de mettre au point une
technique très rapide d'établissement d'un caryotype au
sens de dénombrement des chromosomes d'une cellule.
On notera que cette technique est invasive,
c'est-à-dire qu'elle nécessite la destruction des
cellules dont on souhaite faire le caryotype.
Il ne s'agit plus en fait de la réalisation d'un caryotype
mais cette technique permet de répondre rapidement au
problème de numération que l'on résolvait en
réalisant un caryotype (la technique a bien d'autres
développements comme nous en reparlerons plus loin). Il s'agit
d'utiliser des sondes fluorescentes de couleurs différentes
spécifiques d'un chromosome qui marquent alors les deux
chromosomes d'une paire. On obtient ainsi une "peinture
chromosomique", c'est-à-dire un dénombrement des
chromosomes, qui peut être réalisé à
partir d'une cellule dont le noyau est en interphase ou en en mitose,
avec des spots fluorescents correspondant à chaque
chromosome.
Remarque:
Dans le cas de spermatozoïdes, haploïdes, l'hybridation in
situ trouve une application privilégiée, même si
la technique reste invasive (les spermatozoïdes hybridés
ne sont plus utilisables). Voir par exemple de beaux
documents dans (Mé)connaissance actuelle sur les aspects
génétiques de la fécondation, Bernard
Sèle, Supplément Biologie-Géologie :
Procréation, Reproduction, Ethique, 4-1999, p
29-30.