Spécialité SVT (suite)
Les thèmes sont traités dans un ordre qui tient compte de l'avancée du cours en enseignement commun...
Les n° de pages correspondent au livre de spécialité de la collection Bordas
Thème 1 (quaternaire), Thème 2 (géologie), Thème 3 (génétique), retour cours


Thème 3 :
Applications et implications des connaissances modernes en génétique humaine

remarques liminaires // le caryotype // bioéthique // le génie génétique // thérapie génique

 

Deux remarques liminaires:
1. il vous faut des connaissances.... Je vous conseille, et je sais que c'est un lourd travail, de lire les pages sur l'histoire de la génétique avant de commencer l'étude de ce chapitre de spécialité. En voici un bref résumé :
Etape 1
Mendel, Johannsen et De Vries

Certains caractères héréditaires matériels peuvent être considérés comme portés par des particules (gènes) transmises aux descendants par les parents. Ces caractères matériels sont qualifiés de caractères présentant une hérédité mendélienne. Un changement brusque dans la descendance est une mutation.

Etape 2
Sutton et Boveri, Morgan et Sturtevant

Certains caractères matériels sont liés héréditairement (sont transmis avec) avec les chromosomes. Les chromosomes peuvent donc être considérés comme le support matériel de l'hérédité mendélienne. Certains caractères matériels ne sont liés que partiellement aux chromosomes (lors de la transmission ils changent de chromosome). Cette liaison partielle peut être interprétée en termes de recombinaison ou crossing-over (échanges de fragments entre chromosomes). La mesure de la fréquence des ces recombinaisons de façon statistique est interprétée en termes de distance entre les gènes disposés linéairement sur le chromosomes, le crossing-over ayant autant de chance de se produire en tout point du chromosome. Ces distances permettent d'établir une carte factorielle (ou statistique ou génétique ou chromosomique s.s.) des gènes chromosomiques portant les caractères matériels transmis selon les lois énoncées ci-dessus.

Certaines mutations ont aussi un support chromosomique qui peut être mis en évidence par les techniques de colorations de bandes des chromosomes. On établit ainsi une carte cytologique des gènes associés aux mutations.

Les gènes sont donc alors des unités de recombinaison et de mutation : un gène est une unité mutable appartenant à un groupe de liaison (statistique) : le chromosome.

La plupart des caractères matériels peuvent être associés à un ou plusieurs gènes chromosomiques. Pangènes et gènes sont des notions qui se recoupent mais ne se superposent pas. On peut parler d'un modèle héréditaire chromosomique.

Etape 3
Garrod, Beadle et Tatum, Griffith, Avery, Mc Leod et Mc Carthy, Hershey et Chase, Watson et Crick, Wilkins et Franklin, Schrödinger et Pauling

Le gène est une unité fonctionnelle : c'est une portion d'ADN de séquence spécifique qui code pour la synthèse d'une molécule fonctionnelle. La mutation est un changement de séquence de l'ADN.

Certains biologistes moléculaires superposent la notion de gène, unité fonctionnelle et celle de gène, particule héréditaire. C'est cette notion qui est la plupart du temps enseignée dans le secondaire. L'ADN, scindé en sous-unités fonctionnelles, les gènes, est la molécule de l'hérédité. Les lois de transmission de l'ADN sont les lois de l'hérédité. On passe donc à un modèle moléculaire de l'hérédité. Certains vont jusqu'à réduire l'individualité d'un être vivant à l'originalité de son génome.

Ces théories ont été élaborées d'une part à partir des virus et d'autre part à partir des procaryotes. Dès que l'on s'adresse à des eucaryotes on revient au modèle chromosomique qui n'est pas réductible au modèle moléculaire.

Vers une nouvelle étape

Une théorie complète de l'hérédité doit tenir compte des trois niveaux d'information du vivant : le niveau génétique, le niveau cytoplasmique (qui manipule l'information génétique) et le niveau extracellulaire (l'environnement).

Par exemple la cellule oeuf humaine posséde bien les trois types d'information : l'information génétique qui résulte de la réunion des informations génétiques des deux gamètes haploïdes (un exemple d'application étant une anomalie chromosomique qui provoque des anomalies graves sur le développement) ; l'information cytoplasmique qui résulte de la fusion inégale des cytoplasmes de l'ovocyte II et très partiellement (voir pas du tout) du spermatozoïde (un exemple la mettant en évidence peut par exemple être fourni par l'étude des cas de certains vrais jumeaux qui, par division d'un massif cellulaire correspondant à un individu, donnent deux individus, identiques par certains traits morphologiques mais pas au niveau de l'individu biologique bien évidemment, ce qui reviendrait à dire qu'ils ne sont qu'une seule personne...); l'information extra-cellulaire qui résulte des interactions entre les gamètes et les cellules présentes lors de leur maturation, puis de l'oeuf et des cellules voisines du lieu de la fécondation puis du lieu de développement de l'embryon (information clairement démontrée par les expériences d'embryologie expérimentale... pour donner un exemple classique tiré du livre de Rosine Chandebois : le gène et la forme (p 62): lorsqu'on fournit à un épithélium oesophagien de poulet de la vitamine A, il cesse de sécréter de la kératine et sécréte alors du mucus ; ou pour rester dans le domaine de la biologie humaine, si une fécondation a lieu en un autre endroit que la partie terminale des trompes, le développement ne se poursuit pas...).


2. on s'intéresse à l'homme... Je considère que vous avez assimilé les spécificités de l'étude de l'homme (cours partie I - 4)

En d'autres termes : ce chapitre est à la fois une chance (: parler de l'homme) et un danger (: les conceptions individuelles sont tellement différentes selon les personnes) car il fait référence à la fin de l'homme (morale et éthique) et c'est une véritable biologie de l'homme qui est demandée ici. Il n'y a pas de raison d'avoir peur de présenter ses idées. Plus vous aurez de connaissances précises sur l'histoire des concepts et sur les techniques proposées, mieux vous serez à même de juger personnellement des implications de telle ou telle technique.

1. Le caryotype : du simple dénombrement à l'hybridation in situ de sondes fluorescentes ou radioactives.
Une référence de "cytogénétique" que j'ai beaucoup utilisé malgré le fouillis du texte et des idées il faut l'avouer: La fluorescence in situ par hybridation (FISH), M. Lessard, I. Luquet, M.-J. Lebris et A. Herry, Biologie-Géologie (Bulletin de l'APBG), 3-1996, 531-542

Qu'est-ce que la chromatine ?

La réponse est simple mais les mots évoluent tellement vite qu'on oublie leur définition, qu'ils perdent leur sens et que finalement on ne sait plus de quoi l'on parle. Les notions qui suivent viennent de "Morphologie des végétaux vasculaires", Camefort, 1977, Doin... une référence. et de Gènes, Lewin, 1992, Médecine-sciences Flammarion, une autre référence

La chromatine est une substance contenue dans le noyau eucaryote, qui présente une très forte affinité pour les colorants (comme l'hématoxyline qui la colore en noir ou les colorants basiques (basophilie) comme le bleu de méthylène, le bleu de toluidine ou la pyronine). Elle forme habituellement un enchevêtrement de fibres ("réseau") mais peut aussi prendre un aspect plus condensé. On peut la mettre en évidence par coloration de Feulgen ou par le test de Brachet (voir ci-dessous). Elle est composée d'ADN et de protéines.

mais depuis l'utilisation du microscope électronique …

on continue d'appeler chromatine les constituants du nucléoplasme osmiophiles (qui fixent le tétroxyde d'osmium, colorant opaque au électrons utilisé pour contraster les coupes observées en microscopie électronique à transmission). S'il s'agit sans aucun doute des même composants, ce n'est pas vraiment les mêmes structures qui sont mises en évidence et il n'est pas évident d'établir un lien entre les deux aspects d'une même réalité.

le noyau au repos (interphasique)
en microscopie optique
en microscopie électronique

 

  • une membrane
  • un nucléoplasme non colorable
  • un ou plusieurs nucléoles (nombre presque fixe chez une espèce donnée), inclusions très facilement colorables par les colorants basiques, la plupart du temps sphériques et d'aspect homogène
  • la chromatine, substance présentant une très forte affinité pour les colorants basiques, habituellement filamenteuse mais pouvant être très condensée (les zones denses sont appelées "chromocentres").
  • une enveloppe formée de deux membranes (doubles couches phsopholipidiques) en continuité avec le RE et interrompue par des pores
  • (une lamina (zone dense aux électrons) doublant la membrane interne chez de nombreuses espèces)
  • le nucléoplasme clair aux électrons
  • le ou les nucléoles , sans membrane, présentant des zones fibrillaires et des zones granulaires
  • la chromatine, filamenteuse, forme des fibres dont l'unité structurale est le nucléosome. L'euchromatine est la forme peu condensée avec un rapport de condensation estimé entre 1000 et 2000 (correspondant approximativement à la longueur de la molécule d'ADN divisée par la longueur de la structure observée). Cette forme semble être la seule susceptible d'être active (subir une transcription). L'hétérochromatine est la forme la plus condensée (correspondant aux chromocentres visibles en MO) dont le rapport de condensation est de 10 à 50 fois plus grand que celui de l'euchromatine (estimé identique à celui de l'ADN dans les chromosomes mitotiques). On parle d'hétérochromatine constitutive si elle semble être toujours inactive comme l'ADN satellite des chromosomes ou facultative comme pour l'un des deux chromosomes X des femelles de Mammifères qui n'est le siège d'aucune transcription.

Coloration de Feulgen
(plus précisément: coloration nucléaire de Feulgen):

On réalise cette coloration sur des coupes histologiques ou sur des cellules vivantes mais elle est létale (elle provoque la mort de la cellule).
Une hydrolyse acide est réalisée par l'acide chlorhydrique.
Puis on colore la préparation au réactif de Schiff (fuchisne (colorant rouge) décolorée par l'anhydride sulfureux qui est un réactif spécifique de la fonction aldéhyde (3HC-C=O) qu'il fait apparaître en recolorant le composé en rouge).

La chromatine se colore en rouge violacé alors que le cytoplasme, le nucléoplasme et le nucléole restent incolores.

C'est la présence du désoxyribose de l'ADN qui est ainsi mise ne évidence dans la chromatine.

Test de Brachet :

Témoin : on colore la préparation simultanément avec le vert de méthyl (colorant basique vert) et la pyronine (colorant basique rouge).
Première étape : on fait agir une ribonucléase (enzyme hydrolysant les ARN), ce qui supprime leur affinité pour les colorants basiques comme la pyronine.
Deuxième étape : on colore la préparation avec le double colorant vert de méthyl - pyronine.
Troisième étape : on compare la coloration obtenue avec celle du témoin.

Chez une cellule eucaryote témoin le nucléole et le cytoplasme sont colorés en rouge et la chromatine en vert. Cette affinité différentielle pour les deux colorants basiques n'est pas très clairement expliquée à ma connaissance. Après action de la ribonucléase, la coloration rouge a disparue du cytoplasme et du nucléole alors que la chromatine reste colorée en vert. On peut mettre en relation directe la coloration rouge avec la synthèse d'ARN dans différentes cellules. Plus une cellule réalise des synthèses protéiques plus elle possède d'ARN.

Qu'est-ce qu'un chromosome ?

En cytologie (étude de la cellule) classique le terme chromosome désigne une structure colorable qui contient un centromère, zone d'attachement des fibres kinétochoriales qui assurent son mouvement.. Le chromosome n'existe donc que sous forme compacte et lors d'une division. D'autre part, le chromosome prophasique ou métaphasique ne possédant qu'un centromère pour deux chromatides soeurs, le nombre de chromosomes par cellule lors de ces phases diffère de la quantité d'ADN ou du nombre de copies du génome. Par extension, chaque nucléofilament a été appelé chromosome: on parlera alors des chromosomes déroulés se dupliquant en phase S de l'interphase. Ainsi certains auteurs (B. Lewin par exemple) considèrent que chaque cellule entrant en mitose "possède quatre copies de chaque chromosome" (Gènes, p23). C'est un point de vue réductionniste qui tend à considérer la division cellulaire uniquement au niveau de la transmission de l'ADN (il est de plus regrettable que les chromosomes homologues soient qualifiés de copies). Il est de loin préférable à mon sens pour le biologiste (et donc pour l'enseignant de SVT) de privilégier l'aspect cytologique.

Lors d'une mitose, tout l'ADN ne se condense pas en chromosomes. Le ou les nucléoles restent souvent séparés et sont plus ou moins répartis entre les cellules filles. Il existe aussi une certaine quantité d'ADN extrachromosomique chez certaines espèces. Il semble que ce soient surtout des gènes codant pour des ARN ribosomiaux.

1.1 Définition :

un caryotype est une présentation de l'ensemble des chromosomes métaphasiques d'une cellule classés selon leur taille et leur bandes colorées.

1.2 Méthode:
Les protocoles comprennent :
1. obtention de cellules en division (mitose)
2. blocage des divisions par ajout de colchicine (extrait de la racine de colchique) qui désorganise les microtubules du fuseau de division et donc empêche le déplacement des chromosomes
3. traitement osmotique (l'osmose est la loi qui décrit les déplacements de l'eau) pour faire éclater les cellules et étalement des chromosomes
4. fixation, traitement et coloration des chromosomes
5. photographie ou reconnaissance numérique automatique : on choisit uniquement des plaques métaphasiques mitotiques sauf traitement particulier
6. classement par taille et bandes colorées (manuel ou automatique).

Voici un historique rapide permettant de voir l'évolution des techniques :

La première étape, initiée par Tijo et Levan (1956) puis Lejeune, Gautier et Turpin (1959) ne permet de classer les chromosomes que par groupes : ils sont rarement identifiables individuellement ; voici les principaux groupes :

22 paires d'autosomes :
A (paires 1, 2 et 3), chaque chromosome pouvant être reconnu
B (paires 4 et 5), les chromosomes étant impossibles à distinguer
C (paires 6 à 12), le 9 peut porter une constriction secondaire; l'X peut se confondre avec certains chromosomes de ce groupe
D (paires 13, 14 et 15), ne peuvent être identifiés que par autoradiographie
E (paires 16, 17 et 18), sont tous les trois identifiables
F (paires 19 et 20), impossibles à distinguer
G (paires 21 et 22), identifiables, l'Y pouvant se confondre avec un chromosome du groupe G
1 paire de gonosomes (paire 23)

Deuxième étape : à partir des années 1970-1972 la coloration permet de mettre en évidence des bandes :

coloration des bandes Q
coloration des bandes G (G-banding)
coloration des bandes R (R = reverse)
coloration des bandes C (C-banding)

Caspersson, utilise la quinacrine qui permet, en lumière fluorescente, de distinguer sur chaque chromosome des régions qui se subdivisent en bandes, caractéristiques d'un chromosome donné

Les chromosomes sont soumis à différents traitements (action de la trypsine ou de tampon SSC à 65°C - Seabright, Summer, voir références dans l'article de l'APBG cité plus haut) puis colorés avec le colorant de Giemsa. On observe des bandes , assez voisines des bandes Q : certaines prenant fortement le colorant (G), d'autre le prenant très peu.

Les bandes R sont obtenues par dénaturation thermique à 85°C (Dutrillaux et Lejeune, voir références dans l'APBG, article cité plus haut) et marquent les télomères en sombre à l'inverse des bandes Q et G, avec lesquelles les télomères sont pâles

Le traitement utilisé permet de rendre fortement colorable l'hétérochromatine du centromère de tous les chromosomes.

Toutes ces colorations n'ont aucune explication satisfaisante: leur origine est UN MYSTÈRE... en absence de traitement la coloration est pratiquement uniforme mais étant donné que les traitements sont très variés, on ne connaît aucune cause commune certaine. La coloration est reproductible et peut permettre de repérer des translocations (déplacement de fragments d'un chromosome à un autre). Elle est très homogène au sein d'une espèce : il y a peu de variations individuelles.

Remarque :
il est fréquent que les photographies fournies mélangent les négatifs et les positifs de caryotypes, ce qui est bien évidemment trompeur.
Plus récemment, la présentation vidéo des caryotypes avec de fausses couleurs, augmente encore le risque d'erreur. (Technique à ne pas confondre avec la FISH ou peinture chromosomique qui sera présentée plus loin)

Troisième étape :
En 1972 on pouvait ainsi distinguer 250 à 300 bandes par génome haploïde. A partir de 1976, de nouvelles techniques apparaissent (J.J. Yunis, voir référence dans l'APBG) : on parle de bandes à haute résolution. On passe de 300 à 600-800 bandes par caryotype haploïde. Du point de vue physique c'est un étirement du chromosome qui permet de séparer les bandes. Mais là encore, on ne connaît rien de plus sur la signification de ces bandes. Ces techniques permettent des découvertes de micro-délétions (par exemple la microdélétion del (13) q13-14 associée au rétinoblastome).

Une paire de chromosomes (n°11) photographiée avec la technique de coloration des bandes G stade 400 bandes par caryotype haploïde et son interprétation schématique (in Biologie-Géologie, 3-1996, p 532, modifié)

La même paire de chromosomes (11) colorée avec la technique de coloration des bandes G stade 550 bandes par caryotype haploïde et son interprétation schématique (in Biologie-Géologie, 3-1996, p 532, modifié)

Les deux paires de chromosomes sont photographiées et représentées à la même échelle, ce qui n'est pas le cas des schémas...
On notera la bande 15 (sombre) au stade 400 bandes qui a été subdivisée en 5 bandes au stade 550 bandes. On notera aussi l'étirement du chromosome au stade 550 bandes, très net sur la photographie à l'échelle. Sur les schémas, le centromère est hachuré, le bras court est noté "p" et le long "q".

1.3 Résultats et utilisation : selon les types cellulaires des cellules prélevées, leur lieu de prélèvement et le moment de ce prélèvement...
* dénombrement : chez l'homme, comme chez la plupart des organisme animaux supérieurs le nombre de chromosomes de toutes les cellules somatiques (non impliquées dans la reproduction) est pair (cellule diploïde) et identique pour toutes les cellules de l'organisme: 2n = 46 : 22 paires de chromosomes homologues (autosomes) : de même taille, présentant les mêmes bandes colorées et, pour ce que l'on en sait, les mêmes gènes (pas forcément avec la même séquence allélique) ; et 1 paire de chromosomes sexuels (gonosomes) non homologues (hétérochromosomes) chez l'homme (Xet Y présentant une partie commune (qui permet au deux chromosomes sexuels de s'apparier puis de se séparer lors d'une méiose) et chacun une partie propre) et homologues chez la femme : XX dont l'un semble inactivé dès le stade fœtal.
Remarque : comme les caryotypes sont réalisées à partir de photographies de métaphases mitotiques, les chromosomes présentent deux chromatides. Dans certains cas exceptionnels, on a réussi à réaliser des caryotypes de cellules sexuelles haploïdes sans les diviser auparavant et dans ce cas on peut même obtenir des chromosomes avec une seule chromatide.
Par exemple la technique citée dans (Mé)connaissance actuelle sur les aspects génétiques de la fécondation (Bernard Sèle, Supplément Biologie-Géologie : Procréation, Reproduction, Ethique, 4-1999, p 26-27): pour obtenir des caryotypes de spermatozoïdes, qui sont des CELULLES QUI NE SE DIVISENT PAS, on utilise la fécondation croisée entre des spermatozoïdes humains et un ovocyte de hamster doré, et on réalise le caryotype à partir d'ovocytes fécondés prélevés juste après l'amphymixie (réunion des deux pronuclei) et dont on laisse se poursuivre le développement in vitro jusqu'au stade d'individualisation des chromosomes (début de la première mitose du "zygote") et donc aussi après une phase S. Il me paraît important de souligner l'important (en tout cas inconnu) biais expérimental dans ce type de manipulation. L'auteur d'ailleurs souligne plus loin combien il est important, pédagogiquement, de présenter les photos des caryotypes non classés, preuve de l'obtention de figures métaphasiques avec des chromosomes hétérospécifiques.
Les cellules sexuelles haploïdes (n chromosomes) sont les spermatocytes II (avec des chromosomes avec 2 chromatides), spermatides (chromosomes à 1 chromatide) et spermatozoïdes (chromosomes à 1 chromatide) chez l'homme et l'ovocyte II (chromosomes à 2 chromatides avec stade bloqué en métaphase de deuxième division de méiose de 12 heures avant l'ovulation à la fécondation éventuelle) chez la femme.
Quelques exemples d'anomalies du nombre de chromosomes d'un caryotype

monosomie 44, XO

Syndrome de Turner :
les personnes présentant ce caryotype sont des femmes de petit taille dont les organes génitaux restent infantiles, elles sont stériles.

trisomie 21

Nom de la maladie : Syndrome de Down ou mongolisme

(il existe de nombreuses trisomies mais la 21 est la plus fréquente)

Suivant le type d'anomalie il y a de grandes variations : trisomie partielle (un fragment de chromosome est excédentaire souvent associé à une translocation) ou totale (tout le chromosome 21 excédentaire)...

Les symptômes sont des anomalies morphologiques (petite taille, aspect trapu, tête ronde, visage aplati...), anatomiques (malformations cardiaques, langue fissurée, empreinte digitale avec pli palmaire transverse unique... ) et mentales (il n'est pas toujours facile à ce sujet de faire la part de ce qui n'est pas développé mais peut l'être et ce qui est une incapacité à apprendre...). Un point essentiel est le retard moteur avec une certaine paresse musculaire, notamment au niveau des muscles de la face qui induisent des retards dans l'apprentissage du langage, amis aussi au niveau des membres avec un retard plus ou moins prononcé dans l'apprentissage de la marche...

La prise en charge des enfants trisomiques est d'autant plus facile que le diagnostic est établi précocement. des séances de rééducation faciale et motrice permettent de combler le retard dans bien des cas. L'enfant mongolien gagne a être inséré dans une communauté scolaire normale, avec un horaire aménagé éventuellement. Des activités spécifiques visant notamment à renforcer le tonus musculaire sont conseillées (natation, équitation, jeux variés permettant de développer l'équilibre...).

Selon le type de maladie et selon le début et surtout le suivi de la prise en charge, on arrive à des cas d'autonomie assez spectaculaires.

Un film à conseiller du CRDP d'Antilles-Guyane : la trisomie.

A la recherche des causes :
il serait peu cohérent avec l'ensemble du cours présenté ici de considérer que la cause du mongolisme est uniquement d'origine génétique. Voici quelques points qui ne se voudraient que des pistes de recherche pour éviter des explications trop simples :
* le mongolisme est une maladie qui touche l'ensemble de l'organisme, son déterminisme doit donc être recherché très précocement, soit dans les cellules sexuelles (et donc dans la cellule œuf), soit dans les premiers stades embryonnaires. A-t-il été vraiment vérifié que toutes les cellules d'un enfant malade présentaient la même anomalie chromosomique ? Sachant que l'on peut faire un diagnostic précoce de trisomie sur les cellules sanguines prélevées dans le cordon ombilical ou sur les cellules des villosités choriales (tissu extraembryonnaire), il semblerait bien que toutes les cellules présentent la même anomalie chromosomique. Dans ce cas on peut situer l'anomalie au niveau des premières divisions de l'œuf ou dans les gamètes.
* ne peut-on pas considérer la trisomie comme une conséquence d'une anomalie qui se situerait aussi au niveau de la maturation des gamètes, et donc au niveau de l'information cytoplasmique. Ou encore une anomalie des premières divisions de l'œuf dans les trompes : l'idée étant de relier une anomalie globale de l'embryon avec les mécanismes cytologiques des premiers stades embryonnaires se déroulant dans des conditions très particulières et dans un lieu précis : les trompes. A ce sujet, on connaît de très nombreux cas de stérilité tubaires. Le mongolisme ne pourrait-il pas trouver une de ses cause dans le développement tubaire de l'embryon.
* le fait que la fréquence du mongolisme augmente très nettement avec l'âge de la mère a été rapporté à plusieurs causes : essentiellement que l'utérus maternel âgé ne rejette plus les embryons anormaux. L'âge est certainement un facteur qui joue sur l'état des gamètes, notamment le gamète maternel (je vous rappelle que le stock d'ovocytes semble être entièrement formé à la naissance). L'âge pourrait encore être rapporté à une sorte de vieillissement des trompes.
* si les trisomies 21 sont les plus fréquentes, il semble que ce soit parce que la plupart des autres trisomies, voir polysomies, correspondent à des déficits trop graves qui ne permettent pas le développement de l'enfant.

* recherche d'anomalies : chromosomes anormaux : cassées, acentriques (plus de centromère et donc ne migrent plus lors de la division), plusieurs centromères (ce qui provoque souvent une cassure à l'anaphase), centromères diffus chez certaines espèces mais pas chez l'homme (non étudiés au niveau moléculaire)..., translocation (déplacement d'un fragment), délétion (perte) partielle (en fait monosomie partielle), excédent partiel (en fait trisomie partielle)

1.4 Applications :
*diagnostic prénatal : du sexe (il est ainsi possible de connaître avec certitude le sexe de l'enfant à naître) ou d'une anomalie chromosomique : là encore, aux erreurs humaines près, on peut déterminer avec certitude le caryotype d'un enfant à naître en cultivant des cellules prélevées par trois techniques :

Chacune de ces techniques présente un risque chirurgical pour la mère (anesthésie) et pour l'enfant à naître ; la choriocentèse semble être celle qui provoque le plus d'avortements (10 à 15 avortements provoqués pour 1000 prélèvements : chiffre cité dans le rapport des journées annuelles du Comité consultatif National d'Èthique du 17-18 décembre 1993, cité partiellement dans Biologie-Géologie, 1-1994, p 130), mais on trouve les chiffres de 3 à 5% pour les choriocentèse et 0,5% pour les amniocentèse par exemple sur le site de B. Le Marec: http://www.med.univ-rennes1.fr/etud/pediatrie/diagnostic_prenatal.htm ).

* diagnostic chez un enfant ou un adulte : la plupart du temps, ce sont les globules blancs qui sont prélevés par prise de sang et cultivés. Le diagnostic est encore certain, aux erreurs humaines près.

1.5 Implications :
* la réalisation d'un caryotype fœtal présente un risque pour la vie de la mère et plus encore pour celle de l'enfant, il est difficilement justifiable dans un but thérapeutique
* il semble que, dans la majorité des cas, le diagnostic trisomique réalisé à la naissance suffise amplement pour mettre en place l'indispensable accompagnement du handicap de l'enfant trisomique.
* tout dépistage systématique de la trisomie avec comme seule conséquence de proposer aux parents de tuer leur enfant à naître est une attente au droit à la vie de celui-ci.

Remarque: étant donné la difficulté pour un biologiste de manier les statistiques, j'ai essayé de rédiger une page sur ce sujet délicat.

Du point de vue bioéthique, toute pratique (chorio, amnio ou cordocentèse) qui vise, non pas à soigner un enfant, mais à dépister une anomalie, en vue de tuer l'enfant à naître, est moralement inacceptable : elle est en désaccord avec la fin de cet enfant qui est de vivre : le droit à la vie est le premier qui doit être respecté pour tout homme (article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ci-dessous).

Bioéthique, quelques références et mises au point

morale et éthique ont la même origine étymologique : moris (en latin) et ethos (en grec) signifiant la coutume (mœurs) ou l'inclination naturelle à agir (comportement)

Comme je l'ai précisé dans les pages sur la science, je suis réaliste et je pense donc qu'il existe une loi naturelle (au sens judéo-chrétien d'une loi inscrite dans le cœur de l'homme), et donc un consensus universel sur la nature de l'homme (comme l'on fait tous les philosophes réalistes… je revoie par exemple à Aristote ou à Saint-Thomas d'Aquin... voir les pages d'histoire et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ci-dessous). J'ai aussi expliqué pourquoi je pensais qu'un scientifique devrait être naturellement réaliste et non matérialiste ou positiviste comme certains le sont parfois en pensant être ainsi plus "scientifique" ou "objectif" et qui, en refusant la causalité, font de ce consensus une question de croyance.
En voici quelques éléments principaux : le respect de la vie, de la personne, des parents, du mariage, de la propriété...

L'éthique est la science des actes humains (science de l'agir) considérés selon leur orientation à la fin dernière de l'homme (moralité). La moralité d'un acte humain est son orientation à la fin dernière de l'homme. La fin est "ce pour quoi agit celui qui agit" (Aristote, traduction libre). La fin dernière est la causalité de la nature humaine. Les actes humains sont libres, conscients, volontaires, c'est en ces sens qu'ils se différencient de ceux des animaux (voir Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, article 1). Il n'y a pas d'éthique animale : l'étude du comportement animal est l'éthologie (qui a la même racine étymologique que l'éthique). La conscience est un acte, un jugement moral qui applique la loi naturelle aux cas concrets. La conscience peut être obscurcie, se tromper, douter, ou encore être violentée. La liberté psychologique de l'homme c'est sa capacité à ne pas suivre sa conscience. D'où une grande diversité dans les expressions individuelles face à la loi morale naturelle. Si je pense que la loi naturelle est une, je suis aussi bien conscient que tous les hommes ne sont pas prêts à s'accorder sur tous ses éléments mais je pense que c'est un but à atteindre.

La bioéthique peut donc être définie comme le domaine où l'éthique et la biologie interférent. C'est d'ailleurs une définition floue, tout homme devant se préoccuper d'éthique et la biologie n'étant pas du tout le seul domaine d'application de l'éthique… mais je pense aussi que c'est une chance à saisir pour le biologiste pour dialoguer avec d'autres sciences de l'homme…
Il y a au moins trois dangers :

  • d'une part confondre éthique et religion alors qu'il ne s'agit pas d'un problème de croyance mais d'un consensus sur la nature humaine et sur une loi naturelle… en ce sens, le document de l'APBG intitulé "Bioéthique" cité plus bas n'est pas du tout dans le domaine de l'éthique mais dans celui de la religion, qui fait référence à l'autorité religieuse : mais il est par contre certain que certaines religions, en défendant la notion de loi naturelle et de la liberté des consciences œuvrent pour favoriser la prise en compte de la dimension éthique des actes humains.
  • d'autre part confondre éthique et légalité, qui fait référence à une norme édictée par l'autorité légitime (alors que la morale fait référence à une norme édictée par la conscience en référence à la loi naturelle) voir plus bas encore le document de l'APGB : "Bioéthique" : de la même façon, les états peuvent, par leurs législations s'opposer à ou au contraire encourager au respect de la loi naturelle.
  • enfin confondre éthique et déontologie, médicale par exemple ; la déontologie (étymologie : du grec deos = devoir et ontos = être) étant un ensemble de règles de conduite appliquées dans une profession ; l'éthique regarde la finalité de l'homme et ne statue pas sur des pratiques de tel ou tel art; par contre il y a bien sûr une éthique médicale mais son étude est comprise dans celle de l'éthique en général.

Finalement, toute pratique humaine peut être envisagée du point de vue éthique. Il faut souligner que l'éthique n'utilise pas la méthode expérimentale. L'éthique utilise le raisonnement mais ne se base pas sur des expériences scientifiques mais sur des principes que l'homme découvre à l'aide de son intelligence.

Bioéthique
Pierre Mourard
Biologie-Géologie (Bulletin de l'APBG), 1-1998, pp 186-190

Tableau présentant les différents types d'interventions sur les embryons et les cellules sexuelles et leur qualification par différentes religions : catholicisme, protestantisme, orthodoxie, judaïsme et islam

Tableaux présentant les législations de quelques pays sur les manipulations de gamètes et d'embryons

La santé de l'enfant à naïtre : vers l'enfant parfait ?
Isabelle Corpart (Faculté de Droit de Strasbourg)
Biologie-Géologie (Bulletin de l'APBG), 2-1997, 333-340

Un rappel très utile des lois en rapport avec les diagnostics prénatal et préimplantatoire... un bon article à faire lire.
Article 16-4, alinéa 2 du Code Civil : «Toute pratique eugénique tendant à l'organisation de la sélection des personnes est interdite» malheureusement les alinéas suivant limitent la portée de l'article...

La personne humaine est indissociable de son corps. La personne est la nature humaine individualisée en un être vivant.

Pouvoir de la biologie, de la connaissance sur le vivant à l'éthique biomédicale
Michel Bornancin
Biologie-Géologie (Bulletin de l'APBG), 2-1998, pp347-354

Le corps humain, la personne... je cite approximativement quelques éléments qui me semblent importants :

…le corps humain peut être différencié du corps des autres espèces animales… il n'a de réalité qu'au sein d'une communauté… le sujet humain est responsable, libre, qui communique par la pensée et la parole, qui agit sur le milieu extérieur et le transforme, qui a une histoire…la personne du droit civil est volonté agissante… le corps est le moyen d'exprimer la vie de la personne, le corps est le vécu du sujet, il est le moyen de communication avec les autres,… ce n'est plus un corps animal, c'est un corps culturel, social, humain…

Contre le discours éthique abstrait :
les avis des comités d'éthique sur Dolly et le clonage manquent le fond du débat,
M. Tibon-Cornillot,
La Recherche, 306, février 1998, 119-121

Un entretien avec l'auteur du livre : "Les corps transfigurés", Seuil, 1992, sur la "mécanisation du vivant et de l'imaginaire en biologie". Quelques citations de l'entretien:
...La majorité des membres des comités d'éthique représentent les milieux directement impliqués dans les sujets qui font problème et qu'ils ont à traiter... Ils sont l'émanation de la société industrielle en marche....ce que brassent les comités d'éthique, c'est ce que j'appelle l'humanisme abstrait...en effet utiliser des cellules somatiques d'une personne vivante pour fabriquer des clones de cette personne est une instrumentatisation... mais... les enfants ne sont-ils pas instruments du désir d'un couple... Et la fécondation in vitro avec don de sperme, naguère vouée aux gémonies, aujourd'hui banalisée, n'est-elle pas un bel exemple d'instrumentalisation de la personne ? ... Ainsi le même texte de l'avis évoqué ci-dessus, après avoir mis en garde contre le risque de «grave confusion à dissiper» entre identité génétique et identité personnelle, réintroduit cette même confusion en écrivant : «Le caractère unique de chaque être humain dans quoi l'autonomie et l'unité de la personne trouvent support, est exprimé de façon immédiate par l'unicité d'apparence d'un corps et d'un visage, laquelle résulte de l'unicité du génome de chacun». Les jumeaux sont présentés comme une exception rare à la règle alors qu'elle n'est pas si rare que cela et surtout infirme la règle...Soit on décide de donner à l'embryon le statut d'une personne, et l'on doit faire comme les Allemands : interdire toute forme de manipulation. Soit on accepte son instrumentalisation, au nom du pragmatisme et de la reconnaissance d'autres formes d'instrumentalisation, plus violentes encore, mais alors il faut renoncer aux discours creux de l'humanisme abstrait.

Déclaration universelle sur le Génome humain et les Droits de l'Homme (1997)

Cette déclaration est consultable sur le site de l'UNESCO: à l'adresse:
http://www.unesco.ch/biblio-f/dek_genom_frame.htm

En voici le texte (commentaires en bleu):

A. LA DIGNITÉ HUMAINE ET LE GÉNOME HUMAINE

Article premier
Le génome humain sous-tend l'unité fondamentale de tous les membres de la famille humaine, ainsi que la reconnaissance de leur dignité intrinsèque et de leur diversité. Dans un sens symbolique, il est le patrimoine de l'humanité.

En anglais (adresse: http://portal.unesco.org/en/ev.php-URL_ID=13177&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html )"The human genome underlies the fundamental unity of all members of the human family, as well as the recognition of their inherent dignity and diversity. In a symbolic sense, it is the heritage of humanity.": underlying a une signification figurée très forte comme "fondement", "base"; ce qui est une interprétation très excessive du rôle du génome. Il est nécessaire de répéter ici que l'unité de l'homme, sa nature et la dignité de sa personne ne sont pas fondées par la biologie...Je conteste aussi fortement l'idée que la diversité génétique est le fondement de la diversité biologique.
La notion de patrimoine de l'humanité n'a pas de sens univoque : il s'agit d'un problème de responsabilité de l'homme, partagée par tous les hommes, ce qui est bien la caractéristique d'un droit universel. Le "patrimoine génétique" individuel est le bien inviolable de chaque personne et c'est bien le but de cette déclaration de tenter de la protéger, juridiquement.

Article 2
a) Chaque individu a droit au respect de sa dignité et de ses droits, quelles que soient ses caractéristiques génétiques. b) Cette dignité impose de ne pas réduire les individus à leurs caractéristiques génétiques et de respecter le caractère unique de chacun et leur diversité.

Article 3
Le génome humain, par nature évolutif, est sujet à des mutations. Il renferme des potentialités qui s'expriment différemment selon l'environnement naturel et social de chaque individu, en ce qui concerne notamment l'état de santé, les conditions de vie, la nutrition et l'éducation.

Article 4
Le génome humain en son état naturel ne peut donner lieu à des gains pécuniaires.

B. DROITS DES PERSONNES CONCERNÉES

Article 5
a) Une recherche, un traitement ou un diagnostic, portant sur le génome d'un individu, ne peut être effectué qu'après une évaluation rigoureuse et préalable des risques et avantages potentiels qui leur sont liés et en conformité avec toutes autres prescriptions prévues par la législation nationale.
b) Dans tous les cas, le consentement préalable, libre et éclairé de l'intéressé(e) sera recueilli. Si ce(tte) dernier(e) n'est pas en mesure de l'exprimer, le consentement ou l'autorisation seront obtenus conformément à la loi et seront guidés par son intérêt supérieur.
c) Le droit de chacun de décider d'être informé ou non des résultats d'un examen génétique et de ses conséquences devrait être respecté.
d) Dans le cas de la recherche, les protocoles de recherche doivent être soumis, de plus, à une évaluation préalable, conformément aux normes ou lignes directrices nationales et internationales applicables en la matière.
e) Si conformément à la loi une personne n'est pas en mesure d'exprimer son consentement, une recherche portant sur son génome ne peut être effectuée qu'au bénéfice direct de sa santé, sous réserve des autorisations et des mesures de protection prescrites par la loi. Une recherche ne permettant pas d'escompter un bénéfice direct pour la santé ne peut être effectuée qu'à titre exceptionnel, avec la plus grande retenue, en veillant à n'exposer l'intéressé(e) qu'à un risque et une contrainte minimums, et si cette recherche est effectuée dans l'intérêt de la santé d'autres personnes appartenant au même groupe d'âge ou se trouvant dans les mêmes conditions génétiques, et sous réserve qu'une telle recherche se fasse dans les conditions prévues par la loi et soit compatible avec la protection des droits individuels de la personne concernée.

Article 6
Nul ne doit faire l'objet de discriminations fondées sur ses caractéristiques génétiques, qui auraient pour objet ou pour effet de porter atteinte à ses droits individuels et à ses libertés fondamentales et à la reconnaissance de sa dignité.

Article 7
La confidentialité des données génétiques associées à une personne identifiable, conservées ou traitées à des fins de recherche ou dans tout autre but, doit être protégée dans les conditions prévues par la loi.

Article 8
Tout individu a droit, conformément au droit international et au droit interne, à une réparation équitable du dommage qu'il aurait subi et dont la cause directe et déterminante serait une intervention portant sur son génome.

Article 9
Pour protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales, des limitations aux principes du consentement et de la confidentialité ne peuvent être apportées que par la loi, pour des raisons impérieuses et dans les limites du droit international public et du droit international des droits de l'homme.

C. RECHERCHES SUR LE GÉNOME HUMAIN

Article 10
Aucune recherche concernant le génome humain, ni aucune de ses applications, en particulier dans les domaines de la biologie, de la génétique et de la médecine, ne devrait prévaloir sur le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales et de la dignité humaine des individus ou, le cas échéant, de groupes d'individus.

Article 11
Des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine, telles que le clonage à des fins de reproduction d'êtres humains, ne doivent pas être permises. Les Etats et les organisations internationales compétentes sont invités à coopérer afin d'identifier de telles pratiques et de prendre, au niveau national ou international, les mesures qui s'imposent, conformément aux principes énoncés dans la présente Déclaration.

Le clonage humain, quelque soit sa fin (reproduction, recherche, thérapeutique...), reste inacceptable. Cette lacune dans le texte est grave comme le prouvent les récents coups médiatiques.

Article 12
a) Chacun doit avoir accès aux progrès de la biologie, de la génétique et de la médecine, concernant le génome humain, dans le respect de sa dignité et de ses droits.
b) La liberté de la recherche, qui est nécessaire au progrès de la connaissance, procède de la liberté de pensée. Les applications de la recherche, notamment celles en biologie, en génétique et en médecine, concernant le génome humain, doivent tendre à l'allégement de la souffrance et à l'amélioration de la santé de l'individu et de l'humanité tout entière.

La liberté de pensée est inséparable de la liberté des consciences et de la liberté de religion.

D. CONDITIONS D'EXERCICE DE L'ACTIVITÉ SCIENTIFIQUE

Article 13
Les responsabilités inhérentes aux activités des chercheurs, notamment la rigueur, la prudence, l'honnêteté intellectuelle et l'intégrité, dans la conduite de leurs recherches ainsi que dans la présentation et l'utilisation de leurs résultats, devraient faire l'objet d'une attention particulière dans le cadre des recherches sur le génome humain, compte tenu de leurs implications éthiques et sociales. Les décideurs publics et privés en matière de politiques scientifiques ont aussi des responsabilités particulières à cet égard.

Article 14
Les Etats devraient prendre les mesures appropriées pour favoriser les conditions intellectuelles et matérielles propices au libre exercice des activités de recherche sur le génome humain et pour prendre en considération les implications éthiques, juridiques, sociales et économiques de ces recherches, dans le cadre des principes prévus par la présente Déclaration.

Article 15
Les Etats devraient prendre les mesures appropriées pour fixer le cadre du libre exercice des activités de recherche sur le génome humain dans le respect des principes prévus par la présente Déclaration, afin de garantir le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales et de la dignité humaine et la protection de la santé publique. Ils devraient chercher à s'assurer que les résultats de ces recherches ne servent pas à des fins non pacifiques.

Article 16
 

Les Etats devraient reconnaître l'intérêt de promouvoir, aux différents niveaux appropriés, la création de comités d'éthique indépendants, pluridisciplinaires et pluralistes, chargés d'apprécier les questions éthiques, juridiques et sociales soulevées par les recherches sur le génome humain et leurs applications.

E. SOLIDARITÉ ET COOPÉRATION INTERNATIONALE

Article 17
Les Etats devraient respecter et promouvoir une solidarité active vis-à-vis des individus, des familles ou des populations particulièrement vulnérables aux maladies ou handicaps de nature génétique, ou atteints de ceux-ci. Ils devraient notamment encourager les recherches destinées à identifier, à prévenir et à traiter les maladies d'ordre génétique ou les maladies influencées par la génétique, en particulier les maladies rares ainsi que les maladies endémiques qui affectent une part importante de la population mondiale.

Article 18
Les Etats devraient s'efforcer, dans le respect des principes prévus par la présente Déclaration, de continuer à favoriser la diffusion internationale de la connaissance scientifique sur le génome humain, sur la diversité humaine et sur les recherches en génétique et, à cet égard, à favoriser la coopération scientifique et culturelle, notamment entre pays industrialisés et pays en développement.

Article 19
a) Dans le cadre de la coopération internationale avec les pays en développement, les Etats devraient s'efforcer d'encourager des mesures visant à :
1. évaluer les risques et les avantages liés aux recherches sur le génome humain et prévenir les abus;
2. étendre et renforcer la capacité des pays en développement de mener des recherches en biologie et en génétique humaines, compte tenu de leurs problèmes spécifiques;
3. permettre aux pays en développement de bénéficier des avancées de la recherche scientifique et technologique, de façon à favoriser le progrès économique et social au profit de tous;
4. favoriser le libre échange de la connaissance et de l'information scientifiques, dans les domaines de la biologie, de la génétique et de la médecine, soit encouragé.

b) Les organisations internationales compétentes devraient soutenir et promouvoir les initiatives prises par les Etats aux fins énumérées ci-dessus.

F. PROMOTION DES PRINCIPES DE LA DÉCLARATION

Article 20
Les Etats devraient prendre les mesures appropriées pour promouvoir les principes énoncés dans la Déclaration, par l'éducation et les moyens pertinents, notamment par la conduite de recherches et de formations dans des domaines interdisciplinaires et par la promotion de l'éducation à la bioéthique à tous les niveaux, en particulier à l'intention des différents responsables de politiques scientifiques.

Article 21
Les Etats devraient prendre les mesures appropriées pour encourager toutes autres actions de recherche, de formation et de diffusion de l'information de nature à renforcer la prise de conscience des responsabilités de la société et de chacun de ses membres face aux problèmes fondamentaux au regard de la défense de la dignité humaine que peuvent soulever la recherche dans les domaines de la biologie, de la génétique et de la médecine, et les applications qui en découlent. Ils devraient favoriser sur ce sujet un débat largement ouvert sur le plan international, assurant la libre expression des différents courants de pensée socioculturels, religieux et philosophiques.

G. MISE EN OEUVRE DE LA DÉCLARATION

Article 22
Les Etats devraient s'efforcer de promouvoir les principes énoncés dans la présente Déclaration et, par toutes mesures appropriées, favoriser leur mise en oeuvre.

Article 23
Les Etats devraient prendre les mesures appropriées pour promouvoir, par l'éducation, la formation et la diffusion de l'information, le respect des principes ci-dessus énoncés et favoriser leur reconnaissance et leur application effective. Les Etats devraient également encourager les échanges entre les comités d'éthique indépendants, quand ils existent, et leur mise en réseaux, afin de favoriser la coopération entre eux.

Article 24
Le Comité international de bioéthique de l'UNESCO devrait contribuer à la diffusion des principes énoncés dans la présente Déclaration et à l'approfondissement des questions que posent leurs applications et l'évolution des techniques en cause. Il devrait organiser toute consultation utile avec les parties concernées telles que les groupes vulnérables. Il devrait formuler, suivant les procédures statutaires de l'UNESCO, des recommandations à l'intention de la Conférence générale et des avis quant au suivi de la Déclaration, en particulier quant à l'identification des pratiques qui pourraient être contraires à la dignité humaine, telles que les interventions sur la lignée germinale.

Article 25
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme pouvant être invoquée de quelque façon par un Etat, un groupement ou un individu pour se livrer à une activité ou accomplir un acte à des fins contraires aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales, y compris aux principes énoncés dans la présente Déclaration.

La déclaration universelle des droits de l'homme est une avancée dans le domaine de ce consensus sur la nature humaine, même si elle est encore loin d'être totalement appliquée dans les pays signataires...(http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm)

DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME.
Préambule: Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme.
Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.
Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement de relations amicales entre nations.
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.
Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Considérant qu'une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement.

L'Assemblée Générale proclame la présente Déclaration Universelle des Droits de l'Homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.

Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 2
Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.

Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 4
Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.

Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Article 6
Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.

Article 7
Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.

Article 8
Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.

Article 9
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.

Article 10
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.

Article 11
1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées.
2. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.

Article 12
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

Article 13
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Article 14
1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.

Article 15
1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Article 16
1. A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.
2. Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux.
3. La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'Etat.

Article 17
1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.

Article 18
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.

Article 19
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

Article 20
1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.
2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.

Article 21
1. Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis.
2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays.
3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.

Article 22
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.

Article 23
1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

Article 24
Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés pays périodiques.

Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.

Article 26
1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.
2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.
3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants.

Article 27
1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
2. Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.

Article 28
Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.

Article 29
1. L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible.
2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.
3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.

Article 30
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.

1.6 Technique moderne de "peinture chromosomique"
Le développement dans les années 1985-1990 de la cytogénétique moléculaire par hybridation in situ de sondes fluorescentes a permis de mettre au point une technique très rapide d'établissement d'un caryotype au sens de dénombrement des chromosomes d'une cellule.
On notera que cette technique est invasive, c'est-à-dire qu'elle nécessite la destruction des cellules dont on souhaite faire le caryotype.
Il ne s'agit plus en fait de la réalisation d'un caryotype mais cette technique permet de répondre rapidement au problème de numération que l'on résolvait en réalisant un caryotype (la technique a bien d'autres développements comme nous en reparlerons plus loin). Il s'agit d'utiliser des sondes fluorescentes de couleurs différentes spécifiques d'un chromosome qui marquent alors les deux chromosomes d'une paire. On obtient ainsi une "peinture chromosomique", c'est-à-dire un dénombrement des chromosomes, qui peut être réalisé à partir d'une cellule dont le noyau est en interphase ou en en mitose, avec des spots fluorescents correspondant à chaque chromosome.
Caryotype et peinture chromosomique :
la FISH appliquée au dénombrement chromosomique

Principe:
L'ouverture de la double chaîne de la molécule d'ADN est possible in vitro (dénaturation) par augmentation de température ou diminution du pH. La refermeture (renaturation) s'opère lors du retour aux conditions initiales. Si a ce moment on fourni à la cellule un ADN monobrin ou un ARN marqués (radioactif ou comme ici, fluorescent), ce fragment (sonde) peut s'associer (s'hybrider) avec l'ADN de la cellule au point(s ?) de complémentarité des bases.
Obtention d'une sonde :
Si le principe est simple, la réalisation est bien plus complexe : un ADN est coupé par des enzymes de restriction (des enzymes capables de couper l'ADN en des sites spécifiques, voir encadré ci-dessous), il est ensuite dénaturé puis les fragments de restriction sont séparés par électrophorèse. On peut ainsi noter l'emplacement individuel de chaque fragment. Ce fragment peut aussi être récupéré mais il est de peu d'utilité en un seul exemplaire.

Les enzymes de restriction ou endonucléases de restriction :

on nomme ainsi toute molécule capable de dégrader de façon spécifique tout ADN étranger. Elles ont été isolées chez les bactéries qui dégradaient rapidement les ADN des virus (bactériophages) qui leur injectaient leur ADN : ces bactéries résistantes aux virus, restreignant la croissance de ceux-ci, furent isolées et cultivées. On pu alors extraire de leur cytoplasme des enzymes dites de restriction (qui provoquaient une restriction de croissance du virus). Il semblerait que les cellules bactériennes se protègent contre leur propres enzymes de restriction en modifiant chimiquement leur ADN par méthylation. Actuellement les biologistes moléculaires pensent que la méthylation est un moyen pour la cellule procaryote de reconnaître son propre ADN. Chez les eucaryotes la méthylation est interprétée comme un marqueur de l'activité des gènes... voir à ce sujet par exemple les Ch 415 et 27 de Gènes de B. Lewin).

La deuxième étape nécessaire est donc sa multiplication. On possède deux méthodes actuellement :

*soit on insère le fragment dans un vecteur (virus ou plasmide) qui est a son tour inséré dans une cellule (bactérie ou levure) qui, intègre parfois à son génome le fragment d'ADN introduit et le multiplie en se multipliant par mitose. On peut alors récupérer de nombreuses cellules possédant le fragment d'ADN inséré. Pour récupérer une solution concentrant ces fragments il faut récupérer l'ADN de nombreuses cellules de multiplication, le couper par des enzymes de restriction puis réaliser une électrophorèse pour séparer les fragments obtenus.

Une variante de cette méthode de génie génétique déjà sophistiquée consiste à ajouter au fragment d'ADN inséré dans le vecteur un gène marqueur comme un gène permettant à une bactérie de résister à un antibiotique. Les bactéries transformées, c'est-à-dire chez lesquelles le gène a été inséré et a été répliqué sont triées par incubation avec l'antibiotique en question : on parle de criblage des transformants. Reste à espérer que le gène de résistance à l'antibiotique a bien été transféré en même temps que le fragment d'ADN inséré pour chaque cellule, ce qui arrive la plupart du temps. On possède alors des souches de cellules que l'on peu cultiver (mais pas indéfiniment) qui répliquent le fragment d'ADN. On constitue ainsi des banques d'ADN avec soit des solutions d'ADN soit des souches transformées.

Une deuxième variante moderne consiste à accrocher aux fragments d'ADN à multiplier des séquences des extrémités de chromosomes bactériens ou de levure : on obtient alors des "chromosomes" artificiels (YAC : Yeast Arificial Chromosomes ou BAC : Bacterial Artificial Chromosomes) qui, une fois insérés dans les cellules, sont multipliés. On dispose actuellement de nombreuses banques de YAC et de BAC dont la taille des fragments d'ADN est assez grande et varie entre une centaine de milliers de paires de bases, pour les BAC, à quelques centaines de milliers à un million de paires de bases (pour les YAC). (Pour avoir une idée de la complexité de la technique voir par exemple : "Déchiffrage accéléré du génome" Pour La Science, 178, août 1992, 15-16).Pour information voici quelques tailles de génomes:

Organisme
taille du génome haploïde
bactériophage T4 (virus)
1,6.105 paires de bases
Escherichia coli (bactérie)
4,2.106 paires de bases
Saccharomyces cerevisiae (protiste : levure)
2,0.107 paires de bases
Nématode
8,0.107 paires de bases
Drosophila melanogaster (Invertébré, Arthropode)
1,4.108 paires de bases
Souris
3,0.109 paires de bases
Homme
3,3.109 paires de bases

* soit par PCR (Polymerase Chain Reaction) qui consiste in vitro à multiplier l'ADN. Cette méthode, extrêmement sensible aux pollutions d'ADN variées, est difficile d'application mais permet d'obtenir en solution un grand nombre d'exemplaires d'un fragment d'ADN si celui-ci a été réellement ISOLE en solution.(Pour une explication simple de la méthode voir par exemple: "La polymérisation en chaîne de l'ADN", La Recherche, 249, décembre 1992, vol 23, p 1464-1465)
Remarque: on peut aussi par microdissection prélever un chromosome spécifique.
La dernière étape consiste à marquer le fragment recherché par des substances radioactives (sonde chaude) ou fluorescentes (sonde froide). Pour cela, il "suffit" d'incuber les fragments d'ADN avec les systèmes enzymatiques de type ADN polymérase et les nucléotides marqués pour synthétiser des fragments de taille variée copies partielles du fragment à copier. Les fragments marqués de la bonne taille sont ensuite sélectionnés par électrophorèse.

Les marqueurs fluorescents ou fluorochromes peuvent être réalisés à partir de fluoresceine (par exemple le FITC ou Fluoresceine Iso-Thio-Cyannate) qui, sous une certaine longueur d'onde donnent une fluorescence verte, ou d'iodure de propidium qui, à la même longueur d'onde donne une fluorescence rouge-orangée, ou encore la même substance qui marque les bandes Q et qui, à une autre longueur d'onde, donne une fluorescence bleue-violet... Les techniques complexes associent les éléments fluorescents avec des protéines qui se fixent à l'ADN comme la biotine, mais on peut aussi directement utiliser des nucléotides auxquels on fixe le fluorochrome.

Désormais on dispose de 24 couleurs possibles (en fait 63) en mélangeant plusieurs fluorochromes (6) à des concentrations variées (FISH combinatoire multiplex ou FISH multicolore). L'ensemble est traité par une caméra spectrale couplée à un ordinateur.

Applications :
Les sondes centromériques, qui marquent l'ADN de tous les centromères (ADN alpha satellite) , sont particulières car elles peuvent être utilisées aussi bien sur des noyaux en interphase qu'en mitose. Elles sont donc tout naturellement utilisées pour diagnostiquer des anomalies numériques : monosomies (7 par exemple) et trisomies (8 ou 12 par exemple) qui touchent des lignées de cellules sanguines (certaines leucémies) qui correspondent à des cellules qui ne se divisent pratiquement pas en culture et donc pour lesquelles il est très difficile d'obtenir des figures métaphasiques.
Etant donné le coût des sondes et le temps nécessaire à la mise en œuvre de la peinture chromosomique complète, il n'est pas envisagé actuellement de généralisation de la méthode pour la réalisation d'un caryotype mais celle-ci est plutôt utilisée dans des diagnostics spécifiques.
Actuellement se développent aussi des techniques comparatives permettant de détecter, toujours par fluorescence, des microdélétions par comparaison de la fluorescence d'un génome de cellule normale avec celui d'une cellule supposée anormale (Hybridation génomique comparative = CGH).

Remarque:
Dans le cas de spermatozoïdes, haploïdes, l'hybridation in situ trouve une application privilégiée, même si la technique reste invasive (les spermatozoïdes hybridés ne sont plus utilisables). Voir par exemple de beaux documents dans (Mé)connaissance actuelle sur les aspects génétiques de la fécondation, Bernard Sèle, Supplément Biologie-Géologie : Procréation, Reproduction, Ethique, 4-1999, p 29-30.

remarques liminaires // le caryotype // bioéthique // le génie génétique // thérapie génique