Spécialité
SVT
Les thèmes sont traités dans un ordre qui tient
compte de l'avancée du cours en enseignement commun...
Ces pages ne détaillent que quelques points que j'ai eu
l'occasion de creuser un peu.
Les n° de pages correspondent au livre de
spécialité de la collection Bordas
Quaternaire / Géologie /
Génétique humaine /
Neurophysiologie / Pression
artérielle / Crise C-P
retour cours
1er
thème:
Evolution humaine et environnement
(de nombreuses idées, étant donné
mes faibles compétences dans ce domaine, sont issues de
"L'homme et le climat", Jacques Labeyrie, Collection Points
Science, Denoël, 2ème édition, 1993, dont je ne
peux que vous recommander la lecture)
I. Le quaternaire, ère de
l'homme
1. les échelles de temps du quaternaire
Le terme «Quaternaire» a été
créé en 1829 par le géologue français
Jules Desnoyers. Le Quaternaire comprend un terme inférieur,
ou Pléistocène, établi en 1939 par le
géologue anglais Charles Lyell, qui a aussi
énoncé le principe des causes actuelles, et un terme
supérieur, ou Holocène, créé en
1867 par le Français Paul Gervais. Par convention et pour
la plupart des quaternaristes, le Pléistocène est
compris entre 1,87 million d'années (Ma) et
10 000 ans et l'Holocène entre 10 000 ans
et le présent.
Les quaternaristes utilisent une origine des temps géologiques
placée arbitrairement en 1950, pour la chronologie du
carbone 14 et qualifiée de "present". L'âge d'un
échantillon est alors noté par un chiffre suivi de
B.P. (before present) , signifiant avant 1950.
À la fin du XIXe siècle, le Quaternaire a
été considéré comme la période de
l'apparition de l'homme et de celle des plantes et faunes actuelles;
son étude portait essentiellement sur l'histoire des
glaciations. En y associant les travaux aux basses latitudes, sur les
lignes de rivages marins, une première échelle
stratigraphique du Quaternaire a été proposée.
Avec l'obtention, dès les années 1970, des carottes
océaniques, une stratigraphie cohérente avec les
glaciations est établie; le rôle des variations des
radiations solaires est précisé. Les termes
stratigraphiques comme Würm, Riss, Mindel et Günz n'ont
qu'une valeur régionale, ici pour les glaciations d'Europe
occidentale.
Les études du Quaternaire portent, en résumé,
sur:
- l'histoire des oscillations glaciaires (volume des
calottes, teneurs en CO2 de l'atmosphère, glaciers de
montagne...);
- le changement du volume des océans (courbes
isotopiques et de températures, microfaunes, niveau de la
mer...);
- les variations de haute fréquence du champ
magnétique terrestre (périodicité de
1 000 et 100 000 ans);
- les reconstitutions paléogéographiques
des zones de végétation (pollens, macrorestes,
sols...);
- les variations des niveaux lacustres
(pluviosité, évaporation, diatomées,
ostracodes...);
- l'histoire de la répartition des mammifères
terrestres (rongeurs, grands vertébrés...) et des
hominidés.
2. Les climats et les paysages
Présentation de la méthode de reconstitution des
paysages et des climats du quaternaire: principe de
l'actualisme ou principe des causes actuelles: on
reconstitue UNE histoire et non L'histoire (voir pages
méthode).
Diapositives du Dr. Gruet sur le Quaternaire
en Anjou (CDDP-Angers).
- les reliefs glaciaires et
périglaciaires se retrouvent partout en France
- les terrasses alluviales emboîtées sont
interprétées en fonction des variations du niveau de
la mer et des changements climatiques
(remarque: les terrasses alluviales sont extrêmement
difficiles à interpréter.
un exemple est étudié avec
les élèves: le site de Port-Launay au Nord d'Angers;
à partir de la coupe stratigraphique et de sa
représentation dans une vitrine du Muséum d'Angers,
on met en évidence une remontée probable du niveau
de la Maine à l'interglaciaire Mindel-Riss au confluent de
la Sarthe, de la Mayenne et du Loir,; ce qui permet d'expliquer la
présence de sédiments interglaciaires datés
du Mindel-Riss présentant une intéressante faune
avec notamment un superbe bois de daim archaïque, au milieu
d'une terrasse présentant des blocs démesurés
et datée du Riss....).
6 points permettent d'interpréter les emboîtements
des terrasses:
- une rivière alluvionne ou creuse en fonction
de son profil d'équilibre
- en période froide (glaciaire) le débit de la
rivière est moindre et il y a tendance à
l'alluvionnement si la pente n'est pas trop forte (on peut
aussi trouver des blocs démesurés
transportés par des radeaux de glace)
- en période chaude (interglaciaire) le débit
de la rivière est maximal et il y teandance au
creusement dans les zones les plus pentues et l'alluvionnement
est assez faible sauf si la pente est très faible
- si le niveau de la mer s'abaisse le profil
d'équilibre de la rivière est
dépacé vers le bas et il y a un creusement
moyen
- à l'opposé, si le niveau moyen de la mer
s'élève, la pente moyenne diminue et le profil
d'équilibre est déplacé vers le haut, ce
qui consuit à un alluvionnement fort dans les zones
à faible pente (il peut ainsi y avoir des terrasses qui
recouvrent d'autres terrasses)
- le niveau moyen des mers s'est abaissé d'environ 120
m entre -120.000 ans et -20.000 ans et est remonté
depuis d'environ 80m.
- les isotopes de l'oxygène permettent d'avoir une
certaine idée des paléotempératures
(Remarques importantes: l'utilisation de cette
méthode repose sur:
- une loi expérimentale: d'une part, lors de la
solidification de l'eau liquide en glace ou lors de la
précipitation des carbonates (aussi bien par un
organisme vivant que par phénomène chimique pur),
on observe une discrimination (fractionnement isotopique) entre
18O et 16O: les solides formés
sont enrichis par rapport à l'eau liquide en
18O. D'autre part, ce mécanisme de
fractionnement est sensible à la température dans
le sens où la quantité d'18O par
rapport à celle de l'16O dans l'eau de mer ou
dans les nuages dépend de la saison (les "vieux nuages"
sont appauvris en isotope lourd) mais aussi directement de la
température: plus la température est basse plus
le déplacement isotopique
(18O/16O) est grand.
- des mesures nombreuses de concentrations isotopiques
de l'eau dans différents milieux ont montré que
l'eau de mer présentait un rapport
18O/16O remarquablement constant
égal à 0,2% (mesuré avec une
précision de l'ordre de 2 ppm (0,000001%) par
spectrométrie de masse): ce rapport est appelé
SMOW: Standard Mean Ocean Water.
- 2 postulats: ni le SMOW ni le
phénomène de fractionnement isotopique n'ont
changé depuis le moment où l'on désire
appliquer la méthode jusqu'à nos jours
- des carottages DIFFICILES et ONÉREUX donc PEU
NOMBREUX dans les glaces (Vostok est à 3500 m d'altitude
avec des températures atteignant -89,7C !!!!) ou dans
les sédiments par quelques milliers de mètres de
fond
- des mesures isotopiques CHERES et donc espacées le
long de la carotte (environ 1 point de mesure par
siècle...)
- une DATATION par CHRONOLOGIE TRÈS RELATIVE des
carottes de glace uniquement à partir de l'enneigement
moyen de la région (10 cm à 2 cm de neige
annuelle compactée par an) extrapolée sur toute
la longueur de la carotte, on imagine la précision dont
je n'ai pas trouvé de valeur...(la précision doit
être bien meilleure pour les carottes
sédimentaires grâce aux microfossiles mais,
là encore, je n'ai pas de valeurs)
- enfin, si l'on accepte toutes les étapes
précédentes on a un
paléothermomètre qui ne fonctionne qu'aux
pôles (glaces) où sur les pentes d'une dorsale pas
trop rapide (coquilles de foraminifères)
- je souligne aussi le fait que les mesures isotopiques
faites sur les inclusions fluides des glaces (bulles
d'atmosphère fossile de la page 147) utilisent l'H et le
D et non l'O mais je ne connais pas précisément
la technique...on a relié les variations de la teneur en
CO2 de l'atmosphère fossile avec la
paléotempérature estimée... le lien est
loin d'être évident, il semblerait que
l'élément essentiel soit la productivité
de la biomasse (plus la température baisse, plus la
biomasse diminue, moins il y a de CO2 produit par respiration,
la teneur atmosphérique en CO2 baissant alors...?).
- Les variations de climat du quaternaire sont
reliées, comme toute variation climatique, à trois
causes majeures:
- la rotation de la terre (reconnues depuis 500.000 ans) et plus
précisément des cycles apparents d'environ 10.000
ans dus à l'interaction entre les cycles de
l'obliquité de l'écliptique ou inclinaison
(qui ont une périodicité
d'environ 40 000 ans - l'écliptique est le
plan de l'orbite terrestre autour du Soleil ou, ce qui revient au
même, le plan du mouvement apparent du Soleil par rapport
à la Terre, et l'obliquité de l'écliptique
est l'angle entre l'équateur et l'écliptique -
eentre 23° 27' et 21°57') et de celui du
périhélie (de périodicité
voisine de 20 000 ans - le
périhélie étant le point orbital d'une
planète le plus proche du soleil). Plus l'angle
entre la surface terrestre et le rayonnement solaire est obtu,
moins le rayonnement est intense et plus le climat est froid.
- la terre et l'atmosphère qui se comportent un corps
noir (qui piège les rayonnements infrarouges du soleil)
: les gaz dits à effet de serre piègent les
rayonnements IR réémis par la terre (albedo)(voir
page sur l'atmosphère):
on parle ainsi de phénomène
d'hystérésis de l'albédo (le terme
hystérésis désignant le décalage dans
l'évolution d'un phénomène physique par
rapport à sa cause): on observe en effet un décalage
dans le temps entre une période d'insolation maximale et
une augmention du rayonnement thermique réémis. La
contribution de l'atmosphère à l'effet de serre peut
aussi varier en fonction de sa composition (par exemple en CO2
émis par respiration par les organismes vivants ou encore
par combustion de matière organique par l'activité
humaine: déforestation, carburants...). On peut aussi
signaler le rôle des volcans dans l'émission de
poussières qui diminueraient l'ensoleillement.
- les océans ou plutôt le couplage
océan-atmosphère (voir par exemple: L'origine des
glaciations, Wallace Broecker, in L'atmosphère,
Dossier Pour la Science, Hors série juin 1996,
28-34); la circulation des masses d'air (l'air chaud monte et
l'air froid descend) est corrélable (même si les
modèles sont extrêmement complexes, on s'en doute,
notamment du fait de la fluidité de l'atmosphère)
avec la température de surface des eaux marines,
elle-même sous la dépendance de sa composition
chimique. Par exemple la salinité de l'eau est essentielle:
une eau chaude évapore plus d'eau et à tendance
à se refroidir (la chaleur latente de vaporisation mesure
cette énergie nécessaire pour évaporer de
l'eau) tout en augmentant sa teneur en sel (le sel ne passe pas
dans la phase gazeuse, il y a distillation), ce qui augmente aussi
sa densité (le sel est plus dense que l'eau), ce qui tend
à la faire s'enfoncer. Une eau douce de rivière,
plus légère, se mélange mal à l'eau
salée mais plus facilement à l'eau chaude de surface
et tend à faire diminuer la teneur en sel du
mélange. Globalement on a dans l'Atlantique une circulation
des eaux chaudes et moins salées depuis le sud vers le
nord, le long des côtes ouest de l'afrique et de l'europe,
un réchauffement des masses d'air arctiques au nord puis un
courant de retour d'eaux froides et salées du nord vers le
sud le long de la côte est des amériques.
- Les variations du niveau marin sont reliées aux
variations de plusieurs facteurs interdépendants :
- le volume des glaces:
Des méthodes isotopiques ont permis d'établir que
les glaces quaternaires sont issues de précipitations
(neige) d'eaux océaniques, le cycle de retour des eaux de
ruissellement vers la mer étant trop court pour
réalimenter le réservoir océanique. Ce qui
implique que, lors des glaciations quaternaires, les calottes
polaires ont grandis au dépens du réservoir
océanique et inversement. Plus les glaces au niveau des
montagnes et inlandsis augmentent plus le niveau marin diminue.
Actuellement, le volume total de la glace est estimé
à environ 25 à 30 millions de kilomètres
cubes. Durant le dernier maximum glaciaire, vers
18 000 ans B.P., il est estimé (si l'on
considère son extension géographique) à
environ de 70 à 80 millions de kilomètres
cubes. On aurait donc une augmentation d'une cinquantaine de
millions de kilomètres cubes du volume de la glace ce qui
correspondrait à une baisse de 120 mètres du
niveau de la mer. Les marges continentales étaient alors
partiellement émergées.
- la tectonique: si la tectonique des plaques est un
modèle très acceptable pour l'explication des
périodes de transgression et de régression au cours
des temps géologiques, le quaternaire est un temps trop
court pour expliquer les variations souvent locales du niveau
marin par des phénomènes de tectonique globale.
Cependant les variations de longue période restent sous le
contrôle du modèle global. On s'intéresse donc
plus à des causes locales comme l'érosion ou
la sédimentation, elles-mêmes sous la
dépendance du climat (voir l'article de Pour La Science,
222, avril 1996). La subsidence influence ces deux
processus. C'est un réajustement (réquilibrage)
vertical par enfoncement de la surface du géoïde en
fonction de la densité des terrains en un point
donné (isostatisme); les variations qui intéressent
le quaternariste sont essentiellement dues au poids des calotte
glaciaires qui, en augmentant la masse des terrains en
période glaciaire provoquent un réajustement par
enfoncement (subsidence), phénomène qui peut
être très décalé dans le temps
(hystérésis).
remarque:
Le terme d'eustatisme (ou encore d'eustasie)
désigne le phénomène responsable des
variations générales du niveau moyen des mers, et
l'on qualifie d'eustatique toute montée ou baisse de ce
niveau lorsqu'elle a même amplitude dans toutes les
régions du globe. Ce phénomène est bien
évidemment le résultat de tous les
phénomènes précédents et ne constitue
pas en lui-même un phénomène nouveau.
Actuellement on observe, sur le XXème siècle une
remontée moyenne du niveau des mers de plus d'un
millimètre par an.
3. La faune, la flore et l'homme
- les diagrammes polliniques permettent parfois
de reconstituer les associations végétales
estivales
(Remarques importantes:
- cette méthode repose elle aussi sur un postulat
paradoxal: les espèces dont on utilise le pollen ou
les spores n'ont pas évolué (ni au niveau
de leur pollen, ni au niveau de leur écologie...) il y a
une analogie forte avec la notion de fossile de
faciès...
- cette méthode présente 2 limites:
- lorsque l'on sait que la répartition actuelle des
pollens est la même entre Omiakon ou Verkhoïansk
en Sibérie ou au pied des Vosges, on comprend que le
spectre pollinique ne permet d'apprécier les
associations végétales qu'en saison
chaude, la période hivernale semblant peu
affecter la diversité des espèces.
- la méthode des diagrammes polliniques
nécessite une végétation
diversifiée, et non désertique par exemple; en
pratique elle est essentiellement limitée aux
régions continentales européennes.
- les fouilles préhistoriques, surtout
développées dans les pays européens, ont mis
à jour les restes d'une faune différente de la faune
actuelle et associée à des fossiles humains
(le problème de la définition
d'un fossile humain sera abordée en enseignement
commun). Le site de
Roc-en-Pail est pris comme exemple à partir des vitrines du
Muséum.
4. Une histoire du
quaternaire en France
Visite au Muséum
d'Histoire Naturelle d'Angers
(salles de Paléontologie et de
Préhistoire)
Conclusions sur cette partie:
On est entré de plein pied dans le domaine de la
paléontologie, de la stratigraphie, de la reconstitution
paléogéographique, des modèles climatiques ou
géodynamiques... bref c'est de la vraie géologie et non
plus une science expérimentale classique. L'actualisme est
omniprésent et les méthodes d'étude du
quaternaire de plus en plus sophistiquées mais il faut se
méfier des interprétations simplistes et surtout du
manque de données sur les incertitudes des mesures.
L'idée que l'on se fait du quaternaire est certainement de
plus en plus vraie, précise, mais ce n'est qu'une
histoire...
II. L'homme modifie son
environnement
Réinvestissement des connaissances de première S sur le
cycle du carbone...
1. A l'échelle du milieu
Déforestation, surexploitation, pollution, disparition
d'espèces et protection de la nature et de l'environnement ...
mais aussi évolution des sociétés, des
techniques, maîtrise de la planète... l'homme modifie
profondément la nature, il peuple la terre. Ce n'est pas un
jugement qui est porté sur l'activité de l'homme, c'est
une mise en évidence de ses responsabilités à
partir du constat des changements rapides observés au cours du
Quaternaire.
2. A l'échelle de la planète
De la couche d'ozone à l'effet de serre et les
différents modèles théoriques proposés
(qui peut se permettre de juger de leur valeur ?), les enjeux
économiques, politiques (où est la science ? ou
plutôt, le scientifique peut-il être impartial dans le
débat ?). Il me semble que l'on est dans le domaine de la
science appliquée et non plus fondamentale. Si je suis
conscient d'une certaine responsabilité, je ne suis pas
persuadé de mes compétences... je verrais plutôt
des collègues géographes et économistes
participer au débat.
2ème thème:
Les roches produits et témoins du temps
Un souhait auquel je m'associe de tout coeur:
réhabiliter la géologie dans les programmes de
terminale S
une réalité: la géologie demande du travail
(beaucoup de travail) et peu nombreux sont les élèves
qui souhaitent investir...
au travail !
Point de départ:
un film vidéo
(peut-être le meilleur film
pédagogique de géologie qu'il m'ait
été donné de voir):
"Oman, la plus belle ophiolite du
monde" (CNDP)
|
EXPLOITATION:
|
Rechercher tous les éléments du film qui
parlent du temps
|
âge
|
Un des problèmes majeurs en géologie est la
datation des roches et des phénomènes. On
distingue datation "absolue" qui est en fait une
datation expérimentale avec une certaine
incertitude sur la mesure (elle utilise des couples
d'isotopes instables, dont les phénomènes de
décomposition servent d'horloge, et stables, qui
servent de référence); et la datation
relative qui est en fait une datation logique,
basée sur un raisonnement entre les
phénomènes géologiques successifs
intervenant au niveau d'un gisement ou d'une lame mince.
|
vitesse
|
La vitesse des phénomènes
géologiques rend leur étude
expérimentale difficile: les phénomènes
de subduction ou d'obduction, comme la plupart des
phénomènes à petite échelle,
sont lents (quelques centimètres de
déplacement par an)
|
témoignage
|
Les roches sont les témoins du
passé. Ce sont les objets de la géologie.
Ainsi la géologie est fondamentalement une science
du temps: elle est historique dans sa méthode,
même si les phénomènes
géologiques sont encore en train de se produire. Les
méthodes de la géologie sont celles de
l'histoire (voir pages méthode).
Une grande part des techniques porte sur la datation
des roches.
|
péridotite
déformée...
gouttelettes figées par le
refroidissement...
la composition chimique ne va pas
changer...
|
Les mécanismes géologiques (en fait
chimiques, géochimiques, ou pétrologiques et
minéralogiques) à l'échelle du
minéral (ou de la roche) sont assez
rapides et peuvent être étudiés
expérimentalement. La minéralogie, la
cristallographie, la pétrologie, la géochimie
sont les sciences expérimentales à partir
desquelles les "géologues" (on conçoit ainsi
aisément que ces "géologues" soient avant tout
des physiciens et des chimistes) élaborent des
modèles expérimentaux qui vont servir
à déchiffrer l'histoire des roches anciennes.
On voit apparaître ici la nécessaire
collaboration entre la géologie de
laboratoire et la géologie de terrain. Les
premiers sont des expérimentateurs et par
là modèlisent (ils appliquent avec raison la
méthode expérimentale), les seconds testent la
validité des modèles en essayant de
reconstituer l'histoire du globe, ce sont des
naturalistes (plus observateurs
qu'expérimentateurs ils doivent cependant raisonner,
même s'ils n'appliquent pas directement la
méthode expérimentale).
|
fossiles
|
Un fossile est un objet géologique qui doit
aussi être daté. La plupart du temps il
est daté par datation relative, chaque fossile
étant en place dans une couche que l'on peut
elle-même dater par datation logique ("relative") ou
expérimentale ("absolue")... Les nombreuses
études sur les fossiles ont permis de dresser une
échelle des temps géologiques où sont
placés tous les fossiles: c'est l'échelle
biostratigraphique (où sont associés les
fossiles et un niveau géologique sédimentaire
de référence qui représente le milieu
de vie passé des fossiles: le stratotype), qui
sert maintenant de référence.
|
CONCLUSION:
|
Quasiment tous les éléments du cours sur le
thème sont en place...
|
Le cours s'organisera de la façon suivante: les sujets des
annales des années précédentes seront
étudiés en cours. A chaque point d'analyse posant un
problème un "rappel" de cours ou des notions essentielles sera
fait. Sur ces pages, seuls les points de "rappels" vus en cours
seront proposés.
Une formulation du ...principe
des causes actuelles
|
On suppose que les lois expérimentales (actuelles,
vérifiables, donc toujours soumises à
l'expérience...) étaient aussi valables par le
passé.
|
Les mouvements en
géologie
|
Un mouvement peut être considéré
comme un déplacement de matière.
On peut distinguer deux types de mouvements:
- des mouvements continus, qui se font sans
rupture d'homogénéité: à
grande échelle, un métamorphisme avec
recristallisations sans apparition d'un magma, à
petite échelle, un pli;
- et des mouvements discontinus, qui se font
avec une perte de cohérence, une rupture: à
grande échelle, une fusion avec apparition de
liquide magmatique dans une roche, et à petite
échelle, une faille par exemple.
On peut aussi séparer les mouvements selon qu'ils
se réalisent dans des liquides ou dans des solides
(les gaz sont certainement aussi intéressants mais
dépassent un peu le niveau de ce cours). C'est cette
deuxième présentation que nous choisirons.
|
dans un liquide
|
Deux grands types de liquides peuvent être
distingués en géologie: l'eau et les
magmas
|
eau
|
en surface des continents, l'eau intervient avec les
précipitations (elle peut aussi intervenir
sous forme de vapeur d'eau avec les circulations
atmosphérique) mais surtout comme un agent
d'érosion avec un effet mécanique
(ruissellement, ravinement, voir par exemple le diagramme de
Hjülstrom proposé en 1ère S: mais aussi
alternance gel-dégel dans la fracturation) et un
effet chimique (mise en solution des composants
minéraux des roches...)
|
dans les masses d'eau océaniques (ou continentales
à un degré moindre), on observe aussi des
mouvements comme les marées, les
courants et les tempêtes mais aussi des
variations plus globales du niveau marin comme les
transgressions-régressions par exemple. On
observe aussi tout simplement la
sédimentation, dépôt du
sédiment (biogène,détritique ou
chimique) dans un environnement donné qui, par
diagénèse (ensemble des transformations
qui permettent le passage d'un sédiment à une
roche) donnera une roche sédimentaire dans laquelle
on pourra retrouver des figures sédimentaires
permettant d'apprécier les conditions de depôt
du sédiment qui lui a donné naissance. C'est
le faciès de la roche sédimentaire qui
peut être défini comme "l'ensemble des
conditions de depôt du sédiment qui a
donné naissance à cette roche".
|
magma
|
les magmas montent : ils sont chauds et moins
denses que la roche solide dont ils sont issus et montent
vers l'air libre à la faveur de fissures souvent de
taille extrêmement petite. Leur origine peut
être probablement très profonde (interface
manteau-noyau), profonde (zone à faible vitesse
située sous le manteau supérieur) ou peu
profonde (chambre magmatique à la limite
croûte-manteau supérieur). Dans chaque cas,
selon le pourcentage de fusion de la roche originelle, le
magma a une composition chimique et un comportement
différent (pensez au film "Oman , la plus belle
ophiolite du monde"). Un magma qui cristallise en profondeur
et lentement donne une roche plutonique (pluton
massif, filon...) entièrement cristallisée
(roche "cristalline"). Un magma qui monte plus vite et
cristallise rapidement en surface donne une roche
volcanique (coulée, cendres, lapillis,
bombes...selon la viscosité et le degré plus
ou moins explosif de l'éruption, notamment du
à la présence éventuelle d'eau) qui
posséde parfois de gros cristaux
(phénocristaux) dans une pâte non
cristallisée (verre).
|
dans un solide
|
A l'échelle de la roche
|
Le métamorphisme est une
réorganisation de la matière à
l'état solide (sans passer par l'état
liquide). Les mouvements d'éléments chimiques
se font à composition constante pour la roche glogale
(on parle de mécanismes isochimiques). Il y a
cependant départ d'eau et souvent de gaz.
Corrélativement aux nouveaux arrangements
minéralogiques on peut observer un litage
minéralogique, c'est-à-dire une
disposition des minéraux en lits dans le plan
perpendiculaire à la direction de contrainte maximale
(c'est-à-dire un plan horizontal dans le cas d'un
métamorphisme d'enfouissement dit aussi
métamorphisme régional). On peut aussi
observer une foliation qui correspond à la
formation de plans de dislocations (déformation
discontinue) parallèles aux
précédents.
|
A l'échelle de l'affleurement ou de la carte
géologique
|
On distingue, là aussi, deux types de
déformations qui affectent la croûte (c'est
l'objet d'étude de la tectonique):
- le comportement ductile (déformation
continue) qui donne lieu à des plis :
un pli peut former une antiforme si le bombement
est vers haut (bosse) et une synforme si le
bombement est vers le bas (creux); les deux structures
classiques en terrain sédimentaire plissé
étant le synclinal avec les roches les plus
récentes au centre encadrées par des roches
plus anciennes et l'anticlinal avec des roches
plus anciennes au centre encadrées par des roches
plus récentes de chaque côté. Les
plis peuvent bien sûr être plus ou moins
ressérés et même donner lieu à
des plis couchés qui peuvent aller jusqu'au pli
faille, au pli chevauchant ou au chevauchement de type
nappe de charriage mais dans ce cas on a une
déformation discontinue...
- le comportement cassant (déformation
discontinue) qui donne naissance à des ruptures
par libération brusque des contraintes: c'est la
faille qui est un plan de rupture (elle est dit
normale lorsque le miroir
dégagé par le jeu de la faille
regarde vers le ciel - on a dans ce cas une faille en
extension ; et inverse dans le cas
où ce miroir regarde vers le sol (le compartiment
surelevé est alors en surplomb au-dessus du
compartiment abaissé) - on a alors une faille en
compression ; il existe des failles
verticales qui peuvent n'avoir qu'une composante
horizontale de déplacement : on parle de failles
de coulissage ou de décrochement ;
le jeu d'une faille peut avoir une composante verticale
et une composante horizontale; la pente de la faille
mesurée selon la ligne de plus grande pente est
appellée le pendage). Certaines failles
sont courbes comme les failles listriques des
marges continentales.Les failles sont rarement seules et
forment des systèmes complexes. Deux
systèmes de failles de pendage opposé
encadrant un compartiment abaissé
délimitent un grabben ou fossé
d'effondrement.
|
La datation en
géologie
|
Datations
expérimentales
toutes les datations expérimentales doivent
être faites sur des objets matériels
(minéral, roche, inclusion fluide...) et les
résultats fournis avec une incertitude
|
Datation isotopique
|
UNE LOI
expérimentale...
On utilise des couple d'isotopes (l'un instable et l'autre
stable) et des isotopes stables de référence.
Un élément isotopique père (P) instable
(radiogène) se transforme en un élément
fils (F) stable (radiogénique) par émission de
particules alpha (noyaux d'He), bêta
(électrons) ou gamma (photons), selon une loi de
désintégration qui est fonction du temps. Sa
formule générale est
dP/dt = P l
où dP est le nombre d'atomes qui se
désintégrent par radioactivité, dt
est l'intervalle de temps considéré et
l (lambda) est la
constante de désintégration propre à
chaque élément radioactif. La
résolution de l'équation différentielle
ci-dessus donne : P = Po.
e-lt,
où Po est la quantité initiale
d'élément père à la fermeture du
système. On peut extraire t qui est donné par
la formule: t = 1/l
ln[Po/P]. Si on note F la quantité
d'élément radiogénique fils
présent à l'instant t dans le système
fermé et Fo la quantité initiale de cet
élément fils à la fermeture du
système, on a F=Fo+(Po-P) puisque tout
l'élément père disparu (Po-P) a
été transformé en élément
fils. La formule précédente devient donc F =
Fo + P(
e-lt-1)
d'où t=1/l.ln
[(F-Fo+P)/P].
On utilise habituellement la période T (ou demie-vie)
qui est le temps nécessaire pour que la moitié
de la masse initiale de l'élément père
ait disparu (donc lorsque P=Po/2) soit T = 1/l
ln2, qui peut donc se déduire de la
constante l.
Pour mesurer l'âge d'une roche on utilise l'une ou
l'autre des formules (après avoir
déterminé expérimentalement
l dans un système actuel
expérimental "totalement" contrôlé), en
faisant des
APPROXIMATIONS:
- Fo/P très petit devant 1+F/P dans la formule t =
t=1/l.ln [(F-Fo+P)/P] :
on estime t en dosant seulement la quantité
d'élément père (P) et celle
d'élément fils (F);
- Po très grand devant P ou Po supposé connu;
on calcule t avec la formule t = 1/l
ln[Po/P], en dosant Po et P dans
l'échantillon. C'est la cas par exemple du carbone 14
qui est constamment régénéré
dans l'atmosphère par l'action du rayonnement
cosmique sur les noyaux d'azote. La teneur en C14 de
l'atmosphère est donc supposée constante
(14C/12C constant).
Remarques:
* Lorsque l'on travaille avec un couple d'isotopes: l'un
instable (P,Po, F, Fo), l'autre stable (S), on utilise la
même loi de décomposition radioactive mais on
rapporte la quantité d'élément fils
à la quantité de l'élément
stable, supposée constante. On obtient donc F/S= Fo/S
+ (P/S)(
e-lt-1).
PAR APPROXIMATION on
suppose alors que le rapport Fo/S n'a pas changé au
cours du temps (pas de réaction chimique autre que la
désintégration radiocative par exemple...). Si
l'on trace F/S en fonction de P/S on a donc une droite de
pente (
e-lt-1),
ce qui nous donne accès au temps puisque l'on
connaît la constante radiocative du couple P/F , et
l'ordonnée à l'origine est Fo/S.
* l'élément fils est parfois lui-même
radiogène. Pour atteindre le temps on fait encore des
approximations en supposant que le temps peut être
calculé tant que l'équilibre, entre la
quantité d'élément fils produit et la
quantité d'élément fils détruit,
n'est pas atteint : c'est la méthode du
déséquilibre radioactif...
DEUX POSTULATS...
Cette loi est expérimentale, c'est-à-dire
établie à partir d'échantillons actuels
est supposée valable par le passé:
l'actualisme est donc un premier
postulat.
On a donc cependant un deuxième postulat:
le système ne s'est pas réouvert depuis
sa fermeture. En d'autres termes, la disparition de
l'isotope père ne se fait que par
radioactivité. Ce postulat devrait toujours
être précisé quand on s'adresse à
des élèves.
DES
INCERTITUDES...
L'incertitude dépend d'une part de
l'élément considéré et de sa
constante radioactive (certains isotopes sont adaptés
à la mesure d'objets très anciens
(238U par exemple), d'autres très
récents (14C par exemple)). Voici un
tableau qui donne quelques périodes pour quelques
couples (in Géologie, objets et méthodes,
J.Dercourt et J.Paquet, Dunod, 1992):
Eléments radiogènes
|
Eléments
radiogéniques
|
Type de radioactivité
|
Période (T) en
années
|
238U
|
206Pb
|
a
|
4,468.109
|
235U
|
207Pb
|
a
|
0,704.109
|
232Th
|
208Pb
|
a
|
14,01.109
|
40K
|
40Ar + 40Ca
|
g
|
1,25.109
|
87Rb
|
87Sr
|
b
|
48,8.109
|
14C
|
14N
|
b
|
5,568.103
|
147Sm
|
143Nd
|
a
|
1,06.1011
|
Représentation graphique schématique d'un
loi théorique de désintégration
radioactive
Le domaine bleu est un domaine
où une erreur de concentration
(delta P) n'a que peu
d'incidence sur la valeur de t estimée
(delta t) ,
alors que le domaine vert est
un domaine où la valeur de t est très
incertaine , la moindre erreur sur la détermination
de P (delta P) provoquant une
erreur très importante sur l'estimation de t
(delta t).
L'incertitude dépend d'autre part de la
quantité d'élément radioactif dans
l'objet analysé: la mesure de concentration se fait
à l'aide d'un spectromètre de masse.
L'incertitude de cette mesure est d'autant plus faible que
la teneur en élément est grande. Pour une
description de la méthode voir par exemple
Géologie, objets et méthodes, J.Dercourt et
J.Paquet, Dunod, 1992, p 31-32. Il est à
déplorer qu'aucune incertitude ne soit donnée,
ici encore. La sensibilité d'un spectromètre
de masse, plus petite quantité de matière
qu'il puisse détecter est de l'ordre de 10-15
g.
|
Il existe d'autres méthodes de datation
expérimentales comme par exemple la datation par
thermoluminescence... je n'ai pas le temps de les
présenter ici...
|
Datation
logique
ou
datation relative
Cette méthode consiste à comparer
logiquement des objets (matériels ou formels) entre
eux et en déduire des relations relatives à
leur chronologie.
|
Toute datation logique ou relative repose sur le principe
de l'actualisme et sur d'autres principes que l'on peut
essayer de dégager (essentiellement à partir
de Géologie, objets et méthodes, J.Dercourt et
J.Paquet, Dunod, 1992, pp 247 et s. - on pourra aussi se
reporter au manuel scolaire de spécialité de
Nathan mais seuls les principes géométriques y
sont exposés):
|
le principe de superposition
(stratigraphique)
Une couche sédimentaire est plus
récente que celle qu'elle recouvre
|
C'est le principe le plus utilisé en
stratigraphie, c'est-à-dire dans la science
qui étudie le dépôt des roches
sédimentaires en strates (couches)
successives. Il est évident que ce principe n'est
qu'une conséquence d'une loi expérimentale
simple: les sédiments actuels se déposent dans
les bassins sédimentaires (et secondairement dans les
lacs et autres masses d'eau continentales) selon la loi de
la gravité, en couches horizontales. Ne pas oublier
qu'un sédiment (sauf rares exceptions) se
dépose dans l'eau qui est par
définition horizontale. Pour que
l'horizontalité ait été
préservée au cours des temps
géologiques, il faut supposer qu'il n'y a pas eu de
phénomène tectonique qui vienne la modifier.
On doit donc tenir compte de critères de
polarité qui sont des indices certains du sens de
la couche: par exemple des terriers d'animaux fouissseurs,
des marques de ruissellement orientées ou de chenaux
fossiles (stratification entrecroisée), des coquilles
d'animaux en position de vie...etc.
Dans le "principe de recouvrement" on
généralise à toute structure se
développant dans un plan et qui est
déposée selon la loi de la gravité.
En voici une généralisation que l'on
pourrait appeller :
le "principe de
recouvrement"
Une structure (couche sédimentaire
ou volcanosédimentaire ou coulée
volcanique...) qui en recouvre une autre est
postérieure à cette
dernière
|
Des applications très importantes de ce principe
sont la notion de concordance stratigraphique et de
discordance stratigraphique: deux couches
sédimentaires en continuité
géométrique (placées l'une au-dessus de
l'autre) et disposées parallèlement selon un
axe vertical sont dites concordantes. S'il existe un angle
entre ces deux couches selon le même axe, elles sont
dites en discordance angulaire. Une discordance angulaire
fait supposer une variation de l'horizontalité entre
le dépôt des deux couches et donc un
phénomène tectonique qui a modifié
l'horizontalité de la première couche
déposée. Il y a très souvent des
lacunes de sédimentation (c'est-à-dire une
absence d'enregistrement sédimentaire) entre les deux
couches présentant une discordance angulaire.
|
le principe de continuité
(stratigraphique)
Une couche sédimentaire limitée
par un plancher (à la base) et par un
toît (au sommet) et définie par un
faciès donné (ensemble des conditions
de dépôt du sédiment ayant
donné naissance à la roche) est de
même âge en tous ses points.
|
Ce principe est à la base des corrélations
que l'on peut faire entre couches estimées de
même âge mais situées à des
endroits différents. En progressant de proche en
proche, ce principe permet donc d'envisager des
reconstitutions paléogéographiques locales
puis régionales et enfin mondiales. Bien
évidemment il ne s'agit pas de suivre mondialement la
même couche mais de définir les limites
géographiques de celle-ci. Il existe quelques cas
particuliers où l'on observe des variations
latérales de faciès notamment par exemple
lorsque l'on se trouve sur la marge d'un bassin
sédimentaire.
En voici une généralisation que l'on
pourrait appeller :
le "principe
d'extension"
Deux structures voisines (couches
sédimentaires ou volcanosédimentaires
ou coulées volcaniques...) présentant
les mêmes caractères lithgologiques
et/ou biologiques (faciès lithologique et
biologique) sont de même âge et
formaient par le passé une structure
continue.
|
Dans la pratique, pour un élève de
terminale, ce principe est appliqué par exemple
lorsque l'on étudie des cartes
géologiques. Les cartes appliquent toujours ce
principe dans leur représentation et si on observe en
deux endroits de la carte des terrains de même
âge et de même faciès (même code
couleur et même nom) ces deux terrains formaient
certainement une couche continue avant leur érosion
ou leur remaniement tectonique éventuel. Les
variations latérales de faciès sont toujours
signalées dans la notice de la carte
géologique. Il est important de noter que la carte
géologique est déjà une
interprétation des données de terrain et donc
qu'elle respecte toujours les principes
énoncés ici.
|
le principe d'identité
paléontologique
Deux couches ou deux séries de
couches sédimentaires de même contenu
paléontologique en fossiles stratigraphiques
(fossiles caractérisés par une
extension géographique maximale et une
extension chronologique minimale) ont le même
âge.
|
Les fossiles, restes d'organismes vivants, par
comparaison avec les espèces actuelles et en accord
avec le faciès lithologique (faciès
déterminé à partir de l'étude
des minéraux de la roche sédimentaire seuls)
permettent de reconstituer le faciès biologique et
donc d'avoir une idée de ce que pouvait être le
milieu de vie de ces animaux lorsqu'ils vivaient
(paléogéographie) : en ce sens ce sont des
fossiles de faciès (un "bon" fossile de
faciés doit être spécifique d'un milieu
le plus restreint possible (le mieux défini du point
de vue des ses paramètres environnementaux) mais par
contre avoir une extension chronologique maximale,
c'est-à-dire pouvoir être retrouvé
pendant un intervalle de temps le plus long possible). Mais
ils permettent aussi de réaliser des
corrélations de datations de couches parfois
très éloignés géographiquement.
Un fossile stratigraphique parfait aurait ainsi une
extension géographique mondiale pour une extension
verticale minimale (c'est-à-dire qu'on ne le
retrouverait que dans une seule couche d'âge
très précis).
Ce principe, ainsi que le principe de continuité,
ont permis d'établir une échelle
biostratigraphique qui s'efforce d'être mondiale.
En de nombreux points du globe ont été
définies des formations (ensemble de couches
sédimentaires) repères dont la lithologie et
le contenu biologique servent de réference à
une période donnée de l'échelle des
temps géologiques. A chaque stratotype (par
exemple la formation de Thouars (Thoarcium en latin)
dans les Deux-Sèvres) on fait correspondre un
étage (nom du stratotype affecté du
suffixe "-ien" : le Toarcien, pour notre exemple, compris
entre -186 et -179 millions d'années; voir Bordas TS,
spécialité, p 95 et s.).Les limites feront
l'objet de discussions dans le cadre de l'enseignement
commun à propos d'un exemple: la crise
crétacé-paléocène.
|
le principe de
recoupement
Toute structure qui en recoupe une autre
est postérieure à cette
dernière.
|
Ce principe est très général et
s'applique aussi bien à des failles qui recoupent des
terrains sédimentaires ou volcaniques, des plis qui
impliquent des couches d'âges variés ou des
mécanismes plus difficiles à cerner comme
l'érosion ou le thermométamorphisme
(auréole de métamorphisme autour d'un pluton).
On peut aussi l'appliquer à des structures
minérales à l'échelle de la lame
où des minéraux imbriqués les uns dans
les autres permettent de proposer un ordre de
cristallisation.
|
le principe d'inclusion
Toute structure incluse dans une autre lui
est antérieure.
|
Ce principe est très général et
s'applique aussi bien à des galets inclus dans une
brèche, ou à l'échelle de la lame
mince, à des minéraux dont l'ordre de
cristallisation peut être déduit à
partir de cette relation.
|
Dans la pratique les méthodes se
complétent et l'on utilise les deux approches de
façon étroitement imbriquées.
L'échelle biostratigraphique mondiale s'efforce
de tenir compte de toutes les données acquises par
toutes les méthodes.
|
Comme il me l'a été demandé, voici un petit
lexique sur les roches à l'usage de
l'élève de terminale. Vous pouvez aussi vous
reporter au "Dictionnaire de géologie", A. Foucault et J.F.
Raoult, Masson, 1992 (3ème
édition)
Une roche est fondamentalement un matériau
de l'écorce terrestre composé d'un assemblage
de minéraux. Pour un géologue c'est un
caillou, même si certaines roches peuvent être
plastiques (argile) ou même liquides (pétrole).
L'étude des roches est la
pétrographie.
|
Un minéral est un assemblage d'atomes
ordonnés formant une espèce chimique
naturelle. Pour un naturaliste, un beau minéral est
un solide bien cristallisé (un cristal),
même si un minéral refroidi trop vite donne un
verre amorphe non cristallisé. L'étude des
roches est la minéralogie qui fait appel
à la cristallographie et à la
cristallochimie.
|
Les roches sédimentaires sont issues d'un
sédiment par diagénèse. Les
sédiments se déposent dans les bassins
sédimentaires (et donc dans l'eau de mer),
sauf quelques sédiments lacustres (de lacs non
salés) ou franchement terrestres (éboulis,
sédiments glaciaires comme le loess...). Un
sédiment est une accumulation
d'éléments d'origine biologique,
minérale et chimique. Le sédiment est un
milieu de vie, il comporte encore une grande quantité
d'eau. Au cours de la diagénèse (augmentation
de la pression et de la température par
enfouissement), l'eau est expulsée et la vie se
raréfie. Les roches semblent contenir des
bactéries ("Les micro-organismes de
l'intérieur du Globe", James Fredrickson et Tullis
Onstott, La Recherche, 230, décembre 1996),
même jusqu'à 2,8 kilomètres de
profondeur.
- les éléments d'origine
biologique (squelettes, coquilles, tests, fragments
de végétaux....) et de la
précipitation par les organismes vivants
d'éléments chimiques (calcaire et silice
essentiellement) semblent être présents dans
toutes les roches sédimentaires.
- les éléments minéraux issus de
la dégradation d'autres roches
(éléments détritiques) par
l'érosion essentiellement et accumulés dans
les bassins à la suite de leur transport par les
fleuves peuvent être en plus ou moins grande
quantité. Des éléments
minéraux d'origine volcanique explosive
(pyroclastique ou volcanosédimentaire)
comme des cendres peuvent aussi former des couches
sédimentaires très épaisses ou se
mélanger à des particules d'autres
origines.
- les éléments de précipitation
chimique pure forment parfois de grandes accumulations
exploitées par l'homme (mines de roches
nommées évaporites car issues de
l'évaporation de l'eau de mer comme par exemple le
sel de mer : chlorure de sodium (NaCl ou halite) ou le
gypse...).
Une roches sédimentaire est souvent un
mélange d'éléments de
différentes tailles et de différentes
origines, ce qui fait que les classifications sont
variées. Chacune, mettant l'accent sur quelques
propriétés, est utilisée par tel ou tel
spécialiste. Nous n'en donnerons aucune.
Sédiment
|
Roche sédimentaire
|
nom de la roche
|
minéraux
|
sable calcaire
|
calcaire
dolomie
calcaire oolithique (formé
de petites concrétions sphériques
probablement d'origine bactérienne en milieu
agité: plage des Bahamas... notre prochain
voyage d'études de
spécialité)
|
calcite ou aragonite (CaCO3),
dolomite (Ca,Mg)CO3) par
remplacement partiel du Ca dans la
calcite
|
sable siliceux
|
grès (roche solide),
sable (roche meuble)
|
quartz (SiO2)
|
sable coquiller
|
calcaire coquiller
|
calcite (CaCO3)
|
sable calcaire avec beaucoup d'argile ("vase" ou
boue)
|
marne (35 à 65% d'argile) calcaire
marneux (- de 35% d'argile)
|
argiles (Si,AL, Fe, Mg SiOx)
calcite (CaCO3)
|
argile (vase ou boue)
|
pélite (argilite, siltite...)
|
argiles (Si,AL, Fe, Mg SiOx)
|
boue calcaire (boue carbonatée)
(au-dessus de la CCD: profondeur de
compensation de la calcite: Calcite Compensation
Depth)
|
calcaire fin
calcaire lithographique (grains
très fins, utilisé dans l'imprimerie
autrefois)
|
argiles (Si,AL, Fe, Mg SiOx)
calcite (CaCO3)
|
boue siliceuse des très grands fonds
(au-dessous de la CCD et en dessous
de la SCD: Silice Compensation Depth)
|
radiolarite, jaspe
|
quartz, calcédoine, opale
(SiO2)
|
boues à Diatomées (petits algues
unicellulaires enfermées dans un frustule
ornementé) lacustre ou océanique des
grands fonds
|
diatomite
|
quartz, calcédoine, opale
(SiO2)
|
galets pris dans un ciment plus fin, sableux ou
argileux
|
conglomérat : poudingue
(éléments arrondis) ou brèche
(éléments anguleux)
|
....
|
éléments pyroclastiques (cendres
(Ø<2mm), lapillis(2<Ø<66mm),
blocs(Ø>66mm))
|
avec les mêmes limites de
taille des éléments:
cinérites, tufs, brèches
volcaniques
|
|
|
Les roches magmatiques sont issues d'un
magma. Elle peuvent avoir refroidi lentement et en
profondeur, elles sont alors bien cristallisées (on
parle de roches cristallines): ce sont les roches
plutoniques. Ou bien elles peuvent aussi avoir
été déversées ou
projetées par explosion en surface et donner ainsi
des roches volcaniques en coulées (plus
liquides) ou en amas, pitons ou cheminées (laves plus
visqueuses), ou en dépôts de cendres ou autres
produits de plus grande taille (cendres<
lapillis<bombes). Certaines roches volcaniques
solidifiées trop vite n'ont pas cristallisé et
donnent des verres (roches vitreuses).
Quelques roches magmatiques :
roches plutoniques et roches
volcaniques
|
pôle alcalin (Na, K)... roche claire
et visqueuse
|
pôle
saturé (acide)
très riche en silice
|
|
Avec du quartz (SiO2)
|
Sans quartz
|
pôle
sous-saturé
moins riche en silice
|
roches à minéraux CLAIRS
abondants
|
Feldspaths alcalins (K) et Plagioclases
sodiques (Na)
|
granodiorite
rhyo-dacite
|
syénite
trachyte
|
granite
rhyolite
|
diorite
andésite
|
Plagioclases calciques (Ca)
|
gabbro quartzique
basalte
tholéitique
|
gabbro
basalte
|
roches à minéraux SOMBRES
dominants
|
Amphibolites,
Pyroxénolites,
Péridotites
|
pôle basique (Ca, Mg, Fe)... roche
sombre et fluide
|
Pour voir si vous avez bien compris
le principe de ce tableau,
testez-vous:
Question 1:
Quelle différence y-a-t-il entre un basalte
et un gabbro ?
|
Question 2:
Citez une roche volcanique qui donne souvent des
dépôts de cendres lors d'explosions
volcaniques et qui a la même composition
chimique que le granite ?
|
Réponses
Question 1
Question 2
Question 3
Question 4
|
Question 3:
Peut-on voir des cristaux de quartz dans une lame
mince (coupe fine de roche polie) de basalte ? et
de basalte tholéitique ? de granite ? et de
syénite ? Si oui, quelle peut être
leur taille ?
|
Question 4:
Les roches magmatiques sont d'autant plus
visqueuses qu'elles sont alcalines et claires (et
d'autant plus fluides qu'elles sont basiques et
sombres). Quel roche volcanique formera plus
facilement une coulée ?
|
|
Les roches métamorphiques sont issues soit
de roches sédimentaires (roches
paramétamorphiques), soit de roches
magmatiques (roches orthométamorphiques), soit
encore de roches déja métamorphisées
(roches polymétamorphiques). Le domaine du
métamorphisme dans lequel les roches subissent
donc un métamorphisme, c'est-à-dire une
transformation à l'état solide, se situe entre
le gradient géothermique le plus faible (6 °C
par kilomètre) et le solidus du granite
hydraté (apparition du magma).
Position du métamorphisme dans un diagramme P,
T.
(en pointillés bleu : les géothermes de
gradient 6°C.Km-1 et
30°C.Km-1- en rouge: le solidus du granite
hydraté - en vert : les silicates d'alumine
(coordonnées du point triple= 5Kbar - 600°C) -
en orange : quelques minéraux marqueurs du
métamorphisme).
Il est rare que l'on puisse déterminer si une
roche métamorphique vient de la transformation de
telle ou telle roche (roche d'origine) à telle ou
telle pression et température (trajet en P, T de la
roche, c'est-à-dire son histoire
métamorphique). Les noms des roches
métamorphiques sont donc souvent assez
généraux. Ils sont précisés en
ajoutant le nom de minéraux marqueurs qui peuvent
être visibles soit sur l'échantillon à
l'oeil nu soit sur une lame mince.Voici quelques noms que
vous ne pouvez ignorer:
Quelques roches
métamorphiques..
|
Quelques minéraux du
métamorphisme
|
schiste
|
toute roche métamorphique
présentant une schistosité
c'est-à-dire des plans de
débitage donnant un aspect feuilleté
à la roche
|
minéraux argileux:
séricite, chlorite, biotite
autres minéraux marqueurs:
grenat, staurotide...
silicates d'alumine
de formule : (SiAl2O5):
sillimanite, andalousite,
disthène
|
micaschiste
|
roche métamorphique présentant une
schistosité et une foliation
(schistosité minéralogique
correspondant à des accumulations de
minéraux le longs de plans). Riche en
lamelles de micas (brillantes) visibles à
l'oeil nu.
|
gneiss
|
roche métamorphique à foliation
très nette caractérisée par
des alternances de lits de teinte sombre (riches en
minéraux ferromagnésiens) et de lits
clairs (quartz et feldspaths).
|
marbre
|
roche métamorphique calcaire à
grains fins présentant ou non des veines
colorées correspondant à
différents minéraux argileux.
Proviennent de calcaires ou dolomies.
|
amphibolite
pyroxénite
|
roches métamorphiques sombres où
dominent les amphiboles ou les pyroxènes.
Elles peuvent provenir d'argiles
sédimentaires, de basaltes ou encore de
gabbros.
|
cornéenne
|
roche spécifique du
métamorphisme de contact
présentant une dureté importante
et une cassure à l'aspect corné.
Elles peuvent provenir d'un grand nombre de roches
sédimentaires ou magmatiques.
|
|
En guise de conclusion sur le temps en géologie deux
idées fortes :
Le temps est abstrait ET réel, donc
mesurable (ce qui est l'objet de la physique, science
expérimentale). Mais il passe : à peine mesuré,
il est passé, il est histoire. Dès lors il devient
insaisissable. Notre connaissance expérimentale, en acte, ne
peut atteindre que le présent. Mais le présent ne dure
qu'un instant et nous nous tournons vers l'avenir. C'est donc
là le vrai travail du géologue : établir un
modèle, à partir de l'analyse du passé.
Un modèle soumis à l'expérience et donc
résolument tourné vers l'avenir car explicatif. Et
c'est encore le temps (qui sera devenu histoire) qui jugera de sa
validité... en quelque sorte une méthode
expérimentale à la portée de géants qui
n'ont pas peur d'établir des modèles où le temps
se compte en millions d'années.
La vie est un phénomène trop imprévisible,
insaisissable et le géologue peut parfois être
tenté de la mépriser ou au moins de l'ignorer. Mais
la vie rejoint le géologue partout. Elle est
présente dans les fossiles (et comment faire de la
paléontologie sans étudier la biologie de groupes
actuels ressemblant le plus à ces fossiles ? - c'est une
nouvelle science que l'on appelle : l'actu-paléontologie...une
spécialité du Laboratoire de Géologie d'Angers),
elle est présente dans de nombreux mécanismes chimiques
qui se découvrent petit à petit biochimiques (les
bactéries découvertes dans des roches profondes, des
météorites en cours d'altération....encore une
spécialité d'un chercheur de l'Université
d'Angers), la vie est partout sur terre. Le géologue a tout
à gagner à devenir un bio-géologue. En ce sens,
la dénomination de la matière : sciences de la vie et
de la terre, est assez juste. Mais n'est-ce pas revenir aux sciences
de la nature ou sciences naturelles que l'expérimentateur a
cru pouvoir abandonner au profit d'une géologie plus physique,
plus propre... !
Quaternaire / Géologie /
Génétique humaine /
Neurophysiologie / Pression
artérielle / Crise C-P
retour cours