Références et Bibliographie

(une sélection pas toujours très conformiste de livres et articles que je trouve vraiment intéressants)

accueil, cours lycée, cours PE, archives, la science ?

Bibliographie plutôt à destination des professeurs des écoles sur le site associé.


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Les livres


les liens renvoient à des extraits en bas de page

Beljanski, un novateur en biomédecine; concepts, théories, applications; C.-G. NORDAU et M.S. BELJANSKI, éd. EVI Liberty Corp, 2001

une mine d'idées nouvelles (avec les références des articles originaux, même s'ils ne sont pas faciles à trouver) en biologie moléculaire fondamentale (ARN transformants; transcriptase reverse; ARN amorceurs; ARN courts ou ARN fragments; la cancérisation comme déstabilisation de l'ADN, modifiant le niveau d'expression des gènes...) et appliquée (oncotest, ARN fragments d'E. coli comme médicament en association avec la chimiothérapie, anti-cancéreux et anti-viraux). Pour se procurer cet ouvrage (et d'autres sur ce chercheur décédé en1998), il faut s'adresser aux Etats-Unis (http://www.beljanski.com ou http://www.evibooks.com ou auprès de l'association CIRIS (Centre d'Innovations, de Recherches et d'Informations Scientifiques) en France ( BP9 - 17550 DOLUS D'OLERON - chèque de 18,29 euros (frais de port compris) à l'ordre de l'éditeur américain EVI Liberty Corp.) car il semble y avoir une cabale contre son œuvre et ses défenseurs.


Comment les cellules construisent l'animal, Rosine CHANDEBOIS, 1999, Phénix éditions, Paris

Un nouvel ouvrage de Madame R. Chandebois avec des illustrations vraiment accessible à tous. Voir ci-dessous. Je me suis efforcé de tenir compte des idées présentées dans cet ouvrage dans une page sur le développement à l'attention des collègues de SVT pour le nouveau programme de seconde. La théorie est la même que celle présentée dans "Le gène et la forme" mais elle est présentée de façon très accessible, illustrée par des dessins en couleurs et présenté de façon très synthétique sous forme de planches (45 au total dont 23 en couleur) présentant le développement embryonnaire avec cette vision tout à fait originale qui m'a tant séduit dans le précédent ouvrage. Je suis persuadé que cette manière de voir l'embryogenèse renoue avec les grandes théories comme celles formulée par Haeckel... et c'est pour cela que je me permets d'aider à diffuser cette théorie (qui n'est certainement pas dans sa forme définitive et qui n'est qu'une théorie) mais qui me semble réllement une affaire à suivre (c'est moi qui ai souligné "travaille" dans le texte de présentation.


Génétiquement indéterminé, Quæ (Cemagref, Cirad, Ifremer, Inra) , 2007
table des matières:
http://www.quae.com/livre/?GCOI=27380100948540


La botanique redécouverte, Aline Raynal-Roques, 1994, Belin-INRA éd.


La connaissance de la vie, Georges CANGUILHEM, Hachette, 1952

La légende maudite du XXème siècle. L'erreur darwinienne , Anne Dambricourt, La Nuée Bleue/DNA, Strasbourg, 2000

un témoignage par l'auteur d'une découverte scientifique fondamentale concernant le développement embryonnaire humain (voir évolution de l'homme) et qui cadre mal avec une interprétation néo-darwinienne. Le style s'apparente parfois à un cri de souffrance mais celui-ci débouche sur une réflexion personnelle profonde et une anthropologie "féministe" convaincue. Un bel exemple de courage et d'amour de la vérité de l'homme.

Quelques notes de lecture:
- Fermez les yeux sur la page une de couverture et ouvrez le livre.
1 - Lisez la préface de René Lenoir si vous n'êtes pas trop sûr d'avoir de bonnes raison pour lire ce livre.
2 - Je cherchais dans ce livre des détails sur la théorie d'Anne Dambricourt sur l'hominisation, les seuls éléments que j'avais lus étant l'article de La Recherche et le torchon d'un "journaliste" publié par ce même magazine. D'autre part j'avais entendu dire qu'Anne Dambricourt, malgré toutes les attaques qui semblaient dirigées vers sa foi, ne croyait pas en Dieu. Ce livre remet les choses au clair: Anne Dambricourt n'avait pas la foi lors de sa découverte. Sa découverte ne l'a pas amené à la foi. Mais sa souffrance, notamment celle due à ses "pairs", l'a amené à la foi catholique, ce que la science bien sûr ne peut faire. Quel témoignage ... de foi!
3 -Je voudrais présenter aux lecteurs de cette page la démarche humaine de Mme Dambricourt comme un exemple de recherche de la vérité et de la profonde unité des sciences expérimentales avec les questions existentielles que chaque homme doit se poser. Un paléoanthropologue est à la fois un paléontologue, qui utilise donc essentiellement la logique et se sert de nombreuses techniques (voir
cours de terminale), et un anthropologue, qui doit donc être à la recherche d'un humanisme vrai, c'est-à-dire personnel, qui implique la personne, aussi en temps que chercheur scientifique (voir page sur l'humanisme). Si Mme Dambricourt avait cédé à la facilité, aux pressions, aux calomnies, et avait renoncé à défendre ce qu'elle avait scientifiquement trouvé, elle se serait désavouée en tant que personne. Son chemin de chercheur a été son chemin de femme.
- Fermez le livre et ouvrez les yeux sur la page une de couverture.


J'ai essayé de présenter la théorie d'A. Dambricourt dans la page sur les modèles.
Pour un article récent voir: Anne Dambricourt-Malassé: Évolution du chondrocrâne et de la face des grands anthropoïdes miocènes jusqu'à Homo sapiens, continuités et discontinuités, article de Palevol (Compte-Rendu de l'Académie des Sciences , Palevol, 5, 2006).
Une copie html est accessible sur internet à l'adresse: http://carpediemcom.free.fr/ ADMPalevol05.htm


La mystique de l'ADN, Dorothy NELKIN et Susan LINDEE, 1998, Belin, Coll. Débats

La naissance du transformisme, Lamarck, entre Linné et Darwin, Goulven LAURENT, Collection inflexions, Vuibert/Adapt, 2001

Un salutaire petit livre qui nous fait mesurer, si besoin était, l'étendue de notre ignorance et la nécessité de travailler avec des historiens des sciences; j'ai corrigé à partir de ses données, les affirmations inexactes de mon cours, du moins celles que j'ai pu déceler.(une adresse à ajouter: http://www.crhst.cnrs.fr/i-corpus/lamarck/)


La question du hasard dans l'évolution; la philosophie à l'épreuve de la biologie, Dominique LETELLIER, L'Harmattan, Col. Ouverture philosophique, 2002

Le premier, ou au moins un des premiers, ouvrage critique qui traite de la théorie de R. Chandebois et cite l'importance des travaux de M. Beljanski. En plus de poser des questions philosophiques pertinentes, son apport majeur est, à mon avis, la clarification philosophique des questions posées par le déterminisme de l'évolution proposé par R. Chandebois. Evolution qui repose sur un automatisme, tout comme le fait le développement embryonnaire, reposant sur une progression autonome. L'évolution est vue comme un enchaînement automatique d'inductions (d'innovations) qui réapparaissent au cours du développement des organismes les plus récents phylogénétiquement. Le système lignée de R. CHandebois (voir Comment les cellules construisent l'animal) est déterminé: toutes les espèces étant le produit nécessaire de l'automatisme de l'évolution. La théorie de R. Chandebois, précisée ainsi et débarassée en quelque sorte d'une scorie philosophique, devient une vraie théorie scientifique et évolutive du vivant, basée sur l'embryologie expérimentale et prête à prendre le relais du néodarwinisme.


La reproduction des invertébrés : stratégies, modalités et régulation : intérêt fondamental et appliqué, Pierre Cassier, René Lafont, Michel Descamps, Maurice Porchet et Daniel Soyez, 1997, Masson, collection Enseignement des Sciences de la Vie
La reproduction des vertébrés, Charles Thibault, André Beaumont et Marie-Claire Levasseur, 1998, Collection Enseignement des Sciences de la Vie, Masson
... ce livre est la plus éclatante démonstration de l'unité physiologique et anatomique du vivant... encore un livre qui n'élude pas la question du pourquoi... une collection à suivre aussi...
L'eau dans la cellule, Pascale Mentré, 1995, Masson
L'embryon cet inconnu, Rosine Chandebois, l'Age d'Homme, 2004
L'évolution du vivant, P.P. GRASSE, 1978, Ed. Albin Michel, Paris

Le gène et la forme (ou la démythification de l'ADN), Rosine CHANDEBOIS, 1989, Ed. Espaces 34

... une nouvelle théorie du vivant passionnante.


Le parasitisme; un équilibre dynamique, Pierre CASSIER, Guy BRUGEROLLE, Claude COMBES, Jean GRAIN et André RAIBAUT, 1998, Masson, Coll. Enseignement des Sciences de la Vie
Les corps transfigurés (Mécanisation du vivant et imaginaire en biologie), Michel Tibon-Cornillot, Seuil, 1992 - quelques
réflexions et extraits
L'organisme dans son milieu, Yves TURQUIER, Doin, Tome 1: les fonctions de nutrition, 1989, Tome 2: l'organisme en équilibre avec son milieu, 1994,... à suivre impatiemment....
Petit précis de philosophie grave et légère, Bertrand Vergely, Milan, Col. Les essentiels, 2000
Petite philosophie du bonheur, Bertrand Vergely, Milan, Col. Les essentiels, 2001 ; à conseiller, une philosophie claire, simple et profonde, et ... bon marché !
Physiologie animale; adaptation et milieux de vie, Knut SCHMIDT-NIELSEN, Dunod, 1998...Enfin l'édition française..
Pour en finir avec le darwinisme, une nouvelle logique du vivant, Rosine CHANDEBOIS, 1993, Ed. Espaces 34

Précis de physiologie, A. Calas, J.-F. Perrin, C. Plas et P. Vanneste, 1997, Doin

Un ouvrage de physiologie générale qui m'a séduit ; quelle ne fut pas ma surprise de voir ces auteurs (des professeurs de physiologie-biochimie-génie biologique) publier un livre de physiologie très générale dans une collection "Biosciences et techniques" qui essaye de réhabiliter auprès des étudiants et des enseignants une étude globale de l'être vivant... une affaire à suivre... les biochimistes au secours des naturalistes.


CD Rom

René Thom; l'intégralité de l'œuvre de Thom, inédits compris... une merveille à commander auprès de l'IHES (Institut des Hautes Etudes Scientifiques): http://www.ihes.fr/jsp/site/Portal.jsp?page_id=217


Articles


Du gène comme icône culturelle, Dorothy Nelkin et M. Susan Lindee, La Recherche, 311, juillet-août 1998, 98-101 (voir "la mystique de l'ADN" par les mêmes auteurs)


Echanges de gènes entre bactéries, Robert MILLER, 1998, La Recherche, 245, mars 1998, 60-65
La génétique de l'album de famille, Philippe MATHY, 1998, Biologie-Géologie (Bulletin de l'APBG), 2-1998, 319-335
L'origine des cellules à noyau: deux bactéries se seraient associées par manque d'hydrogène, W. Ford Doolittle, La recherche, 310, juin 1998, 44-45
M. Tibon-Cornillot: contre le discours éthique abstrait: les avis des comités d'éthique sur Dolly et le clonage manquent le fond du débat, interview dans La Recherche, 306, février 1998, 119-121
Nouveau regard sur l'origine de l'homme, Anne DAMBRICOURT-MALASSÉ, La Recherche, 286, avril 1996, 45-51
Origine de la vie: 100.000 milliards de scénarios, Pierre LAZLO, 1997, La Recherche, 296, mars 1997, 26-28
Quand la génétique sort du laboratoire: les minorités se méfient des recherches sur le génome humain. Et pour cause !, Dan L. Burk, La Recherche, 311, juillet-août 1998, 96-97


Extraits (aux erreurs du copiste près)

La mystique de l'ADN, Dorothy NELKIN et Susan LINDEE, 1998, Belin, Coll. Débats

Une étude sociologique ("ce n'est pas une analyse statistique, c'est une analyse du folklore", p13) du concept du gène dans les années 90 en Amérique (édition américaine: The DNA mystique: the gene as a cultural icon, 1994, W.H. Freeman and Company ed.).

«A la fois concept scientifique et puissant objet symbolique sur le plan social, on attribue au gène de nombreuses facultés. Dans ce livre, nous allons les envisager tour à tour, en montrant que la façon dont on se représente les gènes et dont on en parle, reflète et propage une vision du monde que nous appellerons «l'essentialisme génétique». Celui-ci réduit la personne à une entité moléculaire, ramenant l'être humain (avec toute sa complexité morale, historique et sociale) à ses gènes.»
«La question intéressante n'est pas de pointer le contraste entre les connaissances scientifiques et leur présentation au grand public, mais d'étudier la façon dont ces deux discours se recoupent pour donner à la notion de gène, une signification culturelle particulière.»
«En fait, la plupart des idées sur les gènes et l'ADN figurant dans la culture populaire sont issues du discours des scientifiques, nourris par leurs promesses et les types d'arguments qu'ils mettent en avant pour valoriser leur image publique.»


«Manifestement les gènes, dans la culture de masse, ne sont pas des entités biologiques...»
«En mettant l'accent sur une base biologique qui serait capable, selon lui, d'expliquer les différences entre groupes humains, l'essentialisme génétique est susceptible de faire du tort aux minorités ethniques et aux groupes marginaux ; en se concentrant sur les raisons individuelles qui seraient à l'origine de certaines pathologies, il absout la société de sa responsabilité dans l'existence de problèmes sociaux, et en mettant en avant la notion de contrôle de reproduction, il ouvre la porte à des pratiques sociales ou politiques oppressives...»
«Chargé de toutes sortes de significations culturelles, le gène est devenu une notion de référence courante, que l'on invoque trop facilement, que l'on critique trop rarement et dont on se sert trop souvent de façon néfaste pour atteindre des objectifs étriqués ou socialement destructeurs.»


La botanique redécouverte, Aline Raynal-Roques, 1994, Belin-INRA éd.

«La diversité des espèces répond à celle des organes, des modes de vie, des adaptations ; à celle de la formidable créativité chimique du végétal ; mais aussi à la diversité animale dont la progression évolutive est indissociable de la diversification des plantes à fleurs. On pourrait dire de la plante qu'elle fait preuve d'«inventivité» qui se déploie dans toutes les directions et lui confère l'efficacité biologique que nous avons décrite. 240.000 espèces de plantes à fleurs dans le monde ; »


«Et si cette diversité des espèces, cette variabilité des populations, exprimaient des potentialités d'adaptation non seulement à notre monde actuel, mais à des conditions inconnues ?.... A cette souplesse adaptative qui porte la promesse d'une vie végétale future, répond une souplesse d'un autre ordre, inconnue chez les animaux supérieurs ; une souplesse qui autorise l'extension rapide de l'espèce et sa survie immédiate :
- l'ontogénie, jamais irrémédiablement close,
- la régénération par voie végétative, souvent possible,
- l'indétermination du devenir des bourgeons,
garantissent le succès biologique de la plante dans le monde présent.»

«L'élément [feuille+son bourgeon axillaire+un entre-nœud], certes répété, transformé, assemblé, édifie tout l'organisme ; il est le module fondamental qui représente non seulement l'unité de l'individu, mais aussi celle de l'ensemble des plantes supérieures. ... La plante n'est pas un ensemble de rameaux juxtaposés, c'est un individu.»


«Tout se présente comme si animaux et végétaux progressaient simultanément vers un accord fonctionnel, vers une harmonie de la vie d'autant plus unifiée que ses formes sont plus diverses. Animaux et végétaux ont progressé ensemble, manifestant des inventivités parallèles. .... Deux partenaires complémentaires de plus en plus interdépendants.»
«Toute vie animale dépend en dernier ressort de l'efficacité biologique de la vie végétale ; la nature est d'abord un couvert végétal riche, diversifié et équilibré, les animaux qui y vivent n'en sont que la conséquence, même si, secondairement, ils jouent un rôle dans cet équilibre.
Il est temps que l'homme prenne conscience de la nécessité de respecter les êtres, si divers et si différents de lui soient-ils. De reconnaître à chacun la dignité d'être individuel, original, irremplaçable ; d'être porteur de vie, ce phénomène étrange, instable et renouvelable, unique et multiple qui est certainement la caractéristique la plus remarquable de la planète Terre.»


La connaissance de la vie, Georges CANGUILHEM, Hachette, 1952

Tout ce livre me semble à lire. Le discours philosophique est à mon avis tout à fait accessible.
En voici quelques pages (aux erreurs du copiste près):

AVERTISSEMENT
Le présent ouvrage réunit plusieurs conférences ou articles de date différente, mais dont l'inspiration est continue et dont le rapprochement ne nous semble pas artificiel. L'étude sur l'Expérimentation en Biologie animale développe une conférence prononcée en 1951 au Centre international pédagogique de Sèvres, à l'occasion de Journées pour la coordination des enseignements de la philosophie et des sciences naturelles. La Théorie cellulaire a paru en 1945 dans des Mélanges publiés par la Faculté des lettres de Strasbourg. Le Normal et le Pathologique est extrait de la Somme de Médecine contemporaine, I, publiée en 1951 par les Éditions de la Diane française. Nous remercions ici les éditeurs dont la bienveillante permission a rendu possible la reproduction de ces deux articles. Quant aux trois autres études, Aspects du Vitalisme, Machine et Organisme, Le Vivant et son Milieu, ce sont des conférences données en 1946- 1947 au Collège philosophique ; inédites jusqu'à présent, elles voient le jour avec le gracieux assentiment de M. Jean Wahl. Comme ces divers essais. ont tous été revus, remaniés et complétés, tant en vue de leur mise à jour qu'en vue de leur coordination, en sorte qu'ils différent tous plus ou moins de leur premier état d'exposition ou de publication, leur ensemble actuel peut prétendre à quelque unité et à quelque originalité.
Nous avons eu le souci de justifier le titre de la Collection qui accueille généreusement ce petit livre, par l'utilisation et l'indication d'une information aussi précise que possible et par la volonté de défendre l'indépendance des thèmes philosophiques à l'élucidation desquels nous l'avons pliée.

G. C.

Plan de l'ouvrage : les liens renvoient à des extraits plus consistants servant de base à une discussion sur mes pages de cours....(en cours d'élaboration, les pages de G. Canguilhem me semblent une trame rêvée pour une discussion philosophique sur le programme de SVT : j'espère qu'on ne me cherchera pas noise pour avoir recopié de si longs passages mais je ne vois pas comment présenter la pensée d'un auteur sans avoir recours à une citation complète, qui ne peut donc être courte : pour ce qui est de l'utilisation, il est évident qu'elle reste pédagogique)

I. Méthode : l'expérimentation en biologie animale
II.
Histoire : la théorie cellulaire
III. Philosophie :
*
aspects du vitalisme
*
machine et organisme
*
le vivant et son milieu
*
le normal et le pathologique

LA CONNAISSANCE DE LA VIE
INTRODUCTION
LA PENSÉE ET LE VIVANT

Connaître c'est analyser. On le dit plus volontiers qu'on ne le justifie, car c'est un des traits de toute philosophie préoccupée du problème de la connaissance que l'attention qu'on y donne aux opérations du connaître entraîne la distraction à l'égard du sens du connaître. Au mieux, il arrive qu'on réponde à ce dernier problème par une affirmation de suffisance et de pureté du savoir. Et pourtant savoir pour savoir ce n'est guère plus sensé que manger pour manger ou tuer pour tuer ou rire pour rire, puisque c'est à la fois l'aveu que le savoir doit avoir un sens et le refus de lui trouver un autre sens que lui- même.
Si la connaissance est analyse ce n'est tout de même pas pour en rester là. Décomposer, réduire, expliquer, identifier, mesurer, mettre en équations, ce doit bien être un bénéfice du côté de l'intelligence puisque, manifestement, c'est une perte pour la jouissance. On jouit non des lois de la nature, mais de la nature, non des nombres, mais des qualités, non des relations mais des êtres. Et pour tout dire, on ne vit pas de savoir. Vulgarité ? Peut- être. Blasphème ? Mais en quoi?
De ce que certains hommes se sont voués à vivre pour savoir faut-il croire que l'homme ne vit vraiment que dans la science et par elle ?
On admet trop facilement l'existence entre la connaissance et la vie d'un conflit fondamental, et tel que leur aversion réciproque ne puisse conduire qu'à la destruction de la vie par la connaissance ou à la dérision de la connaissance par la vie. Il n'est alors de choix qu'entre un intellectualisme cristallin, c'est-à-dire transparent et inerte, et un mysticisme trouble, à la fois actif et brouillon.
Or le conflit n'est pas entre la pensée et la vie dans l'homme, mais entre l'homme et le monde dans la conscience humaine de la vie. La pensée n'est rien d'autre que le décollement de l'homme et du monde qui permet le recul, l'interrogation, le doute ( penser c'est peser, etc.) devant l'obstacle surgi. La connaissance consiste concrètement dans la recherche de la sécurité par réduction des obstacles, dans la construction de théories d'assimilation. Elle est donc une méthode générale pour Ia résolution directe ou indirecte des tensions entre l'homme et le milieu. Mais définir ainsi la connaissance c'est trouver son sens dans sa fin qui est de permettre à l'homme un nouvel équilibre avec le monde, une nouvelle forme et une nouvelle organisation de sa vie. Il n'est pas vrai que la connaissance détruise la vie, mais elle défait l'expérience de la vie, afin d'en abstraire, par l'analyse, des échecs, des raisons de prudence ( sapience, science, etc.) et des lois de succès éventuels, en vue d'aider l'homme à refaire ce que la vie a fait sans lui, en lui ou hors de lui. On doit dire par conséquent que si pensée et connaissance s'inscrivent, du fait de l'homme, dans la vie pour la régler, cette même vie ne peut pas être la force mécanique, aveugle et stupide, qu'on se plaît à imaginer quand on l'oppose à la pensée. Et d'ailleurs, si elle est mécanique elle ne peut être ni aveugle ni stupide. Seul peut être aveugle un être qui cherche la lumière, seul peut être stupide un être qui prétend signifier.
Quelle lumière sommes-nous donc assurés de contempler pour déclarer aveugles tous autres yeux que ceux de l'homme ? Quelle signification sommes-nous donc certains d'avoir donné à la vie en nous pour déclarer stupides tous autres comportements que nos gestes ? Sans doute l'animal ne sait-il pas résoudre tous les problèmes que nous lui posons, mais c'est parce que ce sont les nôtres et non les siens. L'homme ferait-il mieux que l'oiseau son nid, mieux que l'araignée sa toile ? Et à bien regarder, la pensée humaine manifeste-t-elle dans ses inventions une telle indépendance à l'égard des sommations du besoin et des pressions du milieu qu'elle légitime, visant les vivants infra-humains, une ironie tempérée de pitié ? N'est-ce pas un spécialiste des problèmes de technologie qui écrit : « On n'a jamais rencontré .un outil créé de toutes pièces pour un usage à trouver sur des matières à découvrir (1) » ? Et nous demandons qu'on veuille réfléchir sur ceci : la religion et l'art ne sont pas des ruptures d'avec la simple vie moins expressément humaines que ne l'est la science ; or quel esprit sincèrement religieux, quel artiste authentiquement créateur, poursuivant la transfiguration de la vie, a-t-il jamais pris prétexte de son effort pour déprécier la vie ? Ce que l'homme recherche parce qu'il l'a perdu - ou plus exactement parce qu'il pressent que d'autres êtres que lui le possèdent -, un accord sans problème entre des exigences et des réalités, une expérience dont la jouissance continue qu'on en retirerait garantirait la solidité définitive de son unité, la religion et l'art le lui indiquent, mais la connaissance, tant qu'elle n'accepte pas de se reconnaître partie et non juge, instrument et non commandement, l'en écarte. Et de là suit que tantôt l'homme s'émerveille du vivant et tantôt, se scandalisant d'être un vivant, forge à son propre usage l'idée d'un règne séparé.
Si donc la connaissance est fille de la peur humaine ( étonnement, angoisse, etc.), il serait pourtant peu clairvoyant de convertir cette peur en aversion irréductible pour la situation des êtres qui l'éprouvent dans des crises qu'il leur faut bien surmonter aussi longtemps qu'ils vivent. Si la connaissance est fille de la peur c'est pour la domination et l'organisation de l'expérience humaine, pour la liberté de la vie.
Ainsi, à travers la relation de la connaissance à la vie humaine, se dévoile la relation universelle de la connaissance humaine à l'organisation vivante. La vie est formation de formes, la connaissance est analyse des matières informées. Il est normal qu'une analyse ne puisse jamais rendre compte d'une formation et qu'on perde de vue l'originalité des formes quand on n'y voit que des résultats dont on cherche à déterminer les composantes. Les formes vivantes étant des totalités dont le sens réside dans leur tendance à se réaliser comme telles au cours de leur confrontation avec leur milieu, elles peuvent être saisies dans une vision, jamais dans une division. Car diviser c'est, à la limite, et selon l'étymologie, faire le vide, et une forme, n'étant que comme un tout ne saurait être vidée de rien. « La biologie, dit Goldstein, a affaire à des individus qui existent et tendent à exister, c'est-à-dire à réaliser leurs capacités du mieux possible dans un environnement donné (2). »

Ces affirmations n'entraînent aucune interdiction. Qu'on détermine et mesure l'action de tel ou tel sel minéral sur la croissance d'un organisme, qu'on établisse un bilan énergétique, qu'on poursuive la synthèse chimique de telle hormone surrénalienne, qu'on cherche les lois de Ia conduction de l'influx nerveux ou du conditionnement des réflexes, qui songerait sérieusement à le mépriser ? Mais tout cela est en soi à peine une connaissance biologique, tant qu'il lui manque la conscience du sens des fonctions correspondantes. L'étude biologique de l'alimentation ne consiste pas seulement à établir un bilan mais à rechercher dans l'organisme lui-même le sens du choix qu'à l'état libre il opère dans son milieu pour faire ses aliments de telles et telles espèces ou essences, à l'exclusion de telles autres qui pourraient en rigueur théorique lui procurer des apports énergétiques équivalents pour son entretien et pour sa croissance. L'étude biologique du mouvement ne commence qu'avec la prise en considération de l'orientation du mouvement, car elle seule distingue le mouvement vital du mouvement physique, la tendance, de l'inertie. En règle générale, la portée pour la pensée biologique d'une connaissance analytiquement obtenue ne peut lui venir que de son information par référence à une existence organique saisie dans sa totalité. Selon Goldstein : « Ce que les biologistes prennent généralement pour point de départ nécessaire est donc généralement ce qu'il y a de plus problématique dans la biologie », car seule la représentation de la totalité permet de valoriser les faits établis en distinguant ceux qui ont vraiment rapport à l'organisme et ceux qui sont, par rapport à lui, insignifiants (3). A sa façon, Claude Bernard avait exprimé une idée analogue : « En physiologie, l'analyse qui nous apprend les propriétés des parties organisées élémentaires isolées ne nous donnerait jamais qu'une synthèse idéale très incomplète.... Il faut donc toujours procéder expérimentalement dans la synthèse vitale parce que des phénomènes tout à fait spéciaux peuvent être le résultat de l'union ou de l'association de plus en plus complexe des phénomènes organisés. Tout cela prouve que ces éléments, quoique distincts et autonomes, ne jouent pas pour cela le rôle de simples associés et que leur union exprime plus que l'addition de leurs parties séparées (4). » Mais on retrouve dans ces propositions le flottement habituel de la pensée de Claude Bernard qui sent bien d'une part l'inadéquation à tout objet biologique de la pensée analytique et qui reste d'autre part fasciné par le prestige des sciences physico-chimiques auxquelles il souhaite voir la biologie ressembler pour mieux assurer, croit-il, les succès de la médecine.
Nous pensons, quant à nous, qu'un rationalisme raisonnable doit savoir reconnaître ses limites et intégrer ses conditions d'exercice. L'intelligence ne peut s'appliquer à la vie qu'en reconnaissant l'originalité de la vie. La pensée du vivant doit tenir du vivant l'idée du vivant. « Il est évident que pour le biologiste, dit Goldstein, quelle que soit l'importance de la méthode analytique dans ses recherches, la connaissance naïve, celle qui accepte simplement le donné, est le fondement principal de sa connaissance véritable et lui permet de pénétrer le sens des événements de la nature (5). » Nous soupçonnons que, pour faire des mathématiques, il nous suffirait d'être anges, mais pour faire de la biologie, même avec l'aide de l'intelligence, nous avons besoin parfois de nous sentir bêtes.

Notes:
(1) A. Leroi-Gourhan : Milieu et Techniques, p. 393.
(2) Remarques sur le problème épistémologique de la biologie (Congrès international de philosophie des sciences, I, Épistémologie ; Hermann, Paris, 1951), p 142
(3) La Structure de l'Organisme, p. 312.
(4) Introduction à l'Etude de la Médecine Expérimentale, IIe partie, ch. II.
(5) La Structure de l'Organisme, p. 427.



Comment les cellules construisent l'animal

Textes et Illustations de Rosine CHANDEBOIS
Professeur honoraire à l'Université de Provence
1999, Phénix éditions, Paris

 

fascicule cartonné format A4 encollé de 87 pages avec des schémas d'illustrations,
18 pages sont en couleurs

 L'adulte est ce que fut le développement. Pour comprendre comment il maintient son organisation - et la répare éventuellement à la suite d'un traumatisme - pour chercher comment remédier à des dysfonctionnements ou à des malformations sans causer à l'individu des préjudices plus graves, pour s'expliquer comment, au cours de l'évolution, sont apparues des architectures de plus en plus compliquées en se libérant de l'emprise des idéologies, il faut savoir comment travaille le clone des cellules issues d'un oeuf.

Les données concernant les déterminismes du développement animal, obtenues par des interventions microchirurgicales, des examens histologiques et cytologiques, des analyses biochimiques, doivent être traitées comme les pièces détachées d'un mécanisme à reconstituer sans l'aide d'un plan. Il faut avoir, en tâtonnant, et sans en laisser une seule de côté, avoir réussi leur assemblage, pour enfin comprendre les fonctions de chacune d'elles. Ces données sont donc utilisables à une seule condition de retenir les faits. Une synthèse d'interprétations prématurément données à des résultats débouche immanquablement sur l'incohérence. Il reste alors à rechercher une hypothèse plausible, qui confinera dans l'outil les faits discordants. C'est ainsi qu'est née la notion de programme génétique.

Le "montage" des faits achevé, l'émergence progressive de l'organisation de l'embryon apparaît comme le travail de systèmes cellulaires hiérarchisés, dans lesquels on retrouve les mêmes principes de fonctionnement que ceux des systèmes cybernétiques téléonomiques : chaque cellule utilise d'une certaine manière une partie de l'information génétique, en fonction des places qu'ont occupé les cellules de son ascendance dans le système. Comme on s'est attelé à décrypter l'hypothétique programme génétique du développement sans chercher comment il pourrait être exécuté par les cellules, ce sont les gènes structuraux qui semblent être intégrés dans des hiérarchies de systèmes commandés par des gènes "programmeurs".

Il est donc indispensable, urgent même, de tirer de l'oubli les acquis de l'embryologie expérimentale et de les rendre accessibles à ceux qui ne sont pas familiarisés avec cette discipline ardue. C'est pour eux, biologistes, médecins, physiciens, mathématiciens et philosophes - chercheurs, professeurs et étudiants - que cet ouvrage a été conçu afin qu'ils puissent acquérir rapidement une idée concrète et unitaire des mécanismes du développement animal.

Rosine Chandebois a enseigné l'embryologie expérimentale aux 2ème et 3ème cycles des Facultés des Sciences, de Médecine et d'Odontologie de Marseille. Elle a été invitée à poursuivre ses recherches bibliographiques au Laboratoire Hubrecht (Institut International d'Utrecht)

Avril 1999 - Toute reproduction, même partielle, est interdite.

Prix 170 frs (25 euros)

ISBN : 2-7458-0332-8

Voici la première et la quatrième page de couverture de l'ouvrage de Mme. Chandebois.


Table des matières:

I. La reformulation des problèmes

L'embryon réel : l'exemple des Amphibiens
Généralités sur le développement animal
Le développement dans le contexte de morphogenèse
LES QUESTIONS A RÉSOUDRE

II. Trois conceptions inconciliables du développement

La notion de programme génétique et l'imbroglio de la tératogenèse
La notion de prepattern et les énigmes de la régulation des structures
LA PRISE EN COMPTE DES COMPORTEMENTS CELLULAIRES

III. Le fonctionnement de la cellule inféodée à l'organisme

La cellule, unité fonctionnelle
La cellule, être social
La cellule, organisme et unité morphogénétique
DES PRINCIPES DU FONCTIONNEMENT CELLULAIRE A CEUX DU DÉVELOPPEMENT

IV. Le système population cellulaire

La progression autonome de la différenciation tissulaire
L'importance de la cohésion cellulaire dans la progression autonome
Le comportement social élémentaire (CSE), cible des agents tératogènes
L'induction embryonnaire et la ségrégation des fonctions tissulaires
Le CSE et la délimitation des ébauches
Les manifestations des structures en gradient
Les réajustements et la structuration des ébauches in vivo
L'exemple de la plaque neurale
L'exemple du bourgeon de membre des Vertébrés Tétrapodes
Les potentialités morphogénétiques des systèmes "population"
La régulation des structures dans le système "population"
LE SYSTÈME "POPULATION CELLULAIRE", MOTEUR DE LA MORPHOGENÈSE

V. Le système individu

Le morcellement de l'embryon et la genèse des tissus
Le morcellement de l'embryon et le positionnement des ébauches
L'enchaînement des réajustements et la construction de l'individu
Le rôle des hormones dans l'achèvement du développement
L'exemple de la métamorphose des Amphibiens
L'analyse mathématique de la croissance
L'enchaînement des réajustements et le développement des malformations
La manifestation des gènes dans l'organisation visible
La sirénomélie chez l'homme : un modèle pour la tératogenèse
La régulation embryonnaire dans le "système individu"
La régénération dans le système "individu"
L'exemple des Planaires
LE SYSTÈME "INDIVIDU" ET L'AUTOMATISME DE L'ONTOGENÈSE

VI. Le système "lignée"

La réactivation des gènes pendant la segmentation
La ségrégation ooplasmique et la détermination des feuillets
La différenciation de la lignée ovulaire
L'ontogenèse préovulaire dans le contexte de l'évolution
La "récapitulation" de l'évolution par le développement
LE SYSTÈME LIGNÉE, MOTEUR DE L'ÉVOLUTION

Notes et références

Index des définitions

Exemple d'une double page de l'ouvrage: p 28-29,
particulièrement importante pour les concepts
iés aux manipulations de cellules embryonnaires

. 28.

La progression autonome de la différenciation tissulaire (P.A.)

Une population de cellules embryonnaires est capable d'avancer par elle-même dans sa spécialisation fonctionnelle, pendant un certain temps, et sans information provenant de cellules ayant une autre identité tissulaire. Cet automatisme s'appelle la PROGRESSION AUTONOME ( P.A.). L'engagement de cette population - lié à l'acquisition d'une certaine qualité de cytoplasme - s'appelle la DÉTERMINATION.

Cette observation, la plus simple et la plus fréquente des embryologistes, est à la base de toute la compréhension du développement.

Un fragment est prélevé dans le territoire présomptif d'une ébauche et cultivé en milieu salin.

 

 

 

Les propriétés des cellules changent rapidement. L'analyse moléculaire révèle l'amplification de certains métabolismes spécifiques et le ralentissement des autres.

Les cellules se réagencent subitement parce que leurs contacts se resserrent ou se relâchent, alors que la concentration des substances spécifiques atteint une valeur critique : le SEUIL DE DIFFÉRENCIATION (s.d.).

Lorsque le phénomène s'arrête, la population a l'aspect d'un tissu qui émerge dans le développement normal à un stade ultérieur à celui du prélèvement. Selon les cas, il représente la prestation normale du territoire présomptif ou celle d'un autre.

Isolé, le mésoderme dorsal de la gastrula évolue normalement, c'est-à-dire en chorde, mais le territoire présomptif du rein, au stade neurula, produit des cellules sanguines. Dans certains cas, les cellules dégénèrent (par exemple l'ectoderme prélevé avant la gastrulation) ou se cytolysent en élaborant des quantités accrues d'enzymes lytiques (par exemple le territoire postérieur du bourgeon de l'aile se nécrose in vitro comme in vivo).


. 29.

L'importance de la cohésion cellulaire dans la progression autonome

Si les cellules sont désagrégées au cours de leur P.A., celle-ci fait marche arrière (dédifférenciation) et repart - pour s'achever normalement - lorsque se fait la réagrégation.

Une modification imposée à la cohésion des cellules se répercute sur l'activité mitotique, sur la vitesse de la progression, éventuellement sur l'IDENTITÉ DU TISSU engendré, si la détermination a ouvert simultanément deux voies de différenciation.

Ainsi, des cellules embryonnaires
n'évoluent pas de la même manière
selon qu'elles sont cultivées