Thème 1 - Du passé géologique à l'évolution future de la planète (7 semaines)

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Plan de la page


Résumé scolaire de la première partie (en bas de page) : ce qu'on attend comme connaissances de la part d'un bon élève



Sources
Formaterre 2007 - climats et paléoclimats, incontournable;
dossier ressources Formaterre venant de
Planet-Terre: http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-climats-paleoclimats-FormaTerre2007.xml
Dossier La Recherche: Le défi climatique, 31, mai 2008: L'atmosphère en 8 questions (Bac to Basics) + chronologie (de l'observation à l'action), pp10-15 t
rès bien fait, simple
Autres sources reportées
ci-dessous

Un cours tout à fait dans la ligne du programme est disponible sur internet sous le titre Introduction à l'Environnement et au Développement Durable; voir la chapitre 2 : Climats et changements climatiques : http://venus.uvsq.fr/uved/2-climat.html


L'ambitieux programme demande de réinvestir les connaissances acquises en classe de seconde sur les enveloppes externes de la terre et la place du globe terrestre dans le système solaire. Deux exemples sont choisis: les climats et les variations du niveau des mers.


ce sigle signifie "attention dada"


Introduction

Cette partie présente une originalité qui conduit à plusieurs difficultés, certaines insurmontables :


1 - elle étudie des faits du passé, inaccessibles à l'expérience, ce qui implique que les modèles que l'on fait fonctionner vers le passé ne sont pas falsifiables (ou testables) au moyen de l'expérience.
Les modèles physiques sont basés sur un temps réversible à la différence des modèles biologiques pour lesquels le temps n'est pas un paramètre comme les autres (voir page sur la science).


2 - les modèles complexes de la climatologie ne sont pas accessibles à l'enseignant du secondaire (et donc aux élèves). Je n'ai aucun moyen de valider les résultats présentés ni surtout les scénarios envisagés et donc je ne perdrai pas mon temps à me faire l'écho de polémiques sur les résultats de telle ou telle équipe. Il est évident que mes sources ne peuvent être qu'institutionnelles même si elles sont manipulées.


3 - on est dans un domaine où science, politique et économie sont étroitement imbriqués. L'enseignant de SVT est chargé de la présentation scientifique des fondements des inquiétudes et de la juste préoccupation de l'homme au sujet de l'avenir de son environnement. Mais je crains que l'objectif scientifico-pratique de l'enseignant de SVT ne se limite à une mise en garde des élèves devant le manque de précaution lors de l'utilisation de certains paramètres ou certains indices de corrélation.




En paléontologie (du grec paleo = ancien et logos = parler) l'expérience ne sert qu'à recueillir des informations sur l'archive, pas sur le fait passé. Dans les modèles le principe raisonnable utilisé par les paléontologues est l'actualisme (ou principe des causes actuelles) selon lequel "les lois expérimentales actuelles étaient valables par le passé".


Une datation n'est pas une mesure comme une autre.
La relation logique établie entre des paramètres mesurables et le temps fait partie d'un modèle. Mais le temps n'est pas un paramètre ordinaire, il ne peut pas s'inverser. Le temps est fondamentalement irréversible (je fais partie de ceux qui pensent que cette irréversibilité est due à sa nature continue). Et c'est probablement là une différence essentielle entre la physique et la biologie. Les physiciens ont construit des lois qu'ils pensent réversibles dans le temps. Les explications mécaniques, chimiques sont toujours fondées sur un temps réversible
(au sujet de cette réversibilité, que Thom relie à l'intersubjectivité, on relira Paraboles et Catastrophes; voir notamment para_cata.pdf, p 28...). Il existe aussi un courant actuel qui construit une physique non déterministe (voir page sur la science).

Mais le biologiste, qui étudie l'être vivant et qui est garde une vision anthropomorphique (la biologie est une connaissance tout en étant une science) sait bien que la vie se déroule, que le temps passe, que la mort survient, que ce qui était n'est plus, et que ce qui n'est pas encore n'est rien ni nulle part. Il faut rendre hommage ici aux concepteurs du programme de TS qui nous demandent de traiter du temps dans un petit chapitre (voir page sur le temps).


Je ne crois pas qu'il existe beaucoup de biologistes (et de paléontologues) qui croient que l'état actuel d'un système vivant est un phénomène dont la dynamique est réversible. Une dynamique déterministe conditionne le phénomène à un ensemble de causes non seulement en nombre fini mais surtout qui agissent toujours (nécessaires) (voir page sur les 4 causes d'Aristote en SVT). Elle peut donc être rembobinée dans le passé afin de connaître un état antérieur du système. C'est faire fi de la vie "jaillissement incessant de nouveauté" (avec les mots de Bergson).
Lorsque l'on date un fossile par une méthode radiochronologique, c'est l'âge de la roche ou des résidus organiques que l'on estime, avec une incertitude due à la méthode (le système peut s'être ouvert et le radiochronomètre faussé) dans un modèle physique où la vie est absente comme phénomène (spontané et irréversible). L'être vivant a disparu; il n'est pas accessible à l'expérience. La matière qui l'a constitué est peut-être présente mais le phénomène est inaccessible. Ce n'est jamais l'âge de l'être vivant ni l'époque à laquelle il a vécu qui est accessible à l'expérience. C'est en fait le phénomène physique qui sert de chronomètre qui est le seul daté puisque l'on pense qu'il est réversible.
(Mais comme je pense aussi que tout phénomène réel est irréversible, en physique comme en biologie, c'est à mon avis le phénomène subjectif de la décomposition radioactive rembobiné dans le temps, qui est invoqué).



Un premier effort serait de bien séparer :


* les paramètres expérimentaux, mesurés (avec des valeurs actuelles) ou extrapolés dans le passé (puisque les modèles physiques sont considérés comme réversibles); par exemple la température de l'air à un instant donné en un lieu donné.


* et les paramètres des modèles, indirects ou calculés, interprétés ou prédictifs; par exemple la température moyenne du globe dans un hémisphère à un instant donné (cette valeur ne peut être une somme infinie de valeurs expérimentales, c'est une valeur théorique liée à un modèle); ou encore le temps dans une carotte de glace qui est un paramètre indirect déduit à partir d'une loi de corrélation, le paramètre mesuré étant la profondeur du prélèvement de la glace.


Nous ferons ainsi la différence entre des liaisons expérimentales formalisées par des lois expérimentales et des liaisons logiques formalisées par des lois de corrélation. Les lois expérimentales établissent des relations déterministes entre des paramètres mesurables (par exemple la température de l'atmosphère mesurée à partir du 18O de la glace). On parle parfois de relation empirique lorsque la réalité expérimentale échappe à toute formalisation théorique.
Les lois de corrélation établissent des relations
logiques entre paramètres expérimentaux et/ou logiques (par exemple le volume moyen des mers et la température moyenne de l'atmosphère).


Cette différence ce retrouve dans l'opposition entre météorologie (qui repose sur des relations déterministes) et climatologie (qui utilise des modèles avec des corrélations permettant de trouver des lois comportementales ou statistiques mais pas forcément déterministes). Voir ci-dessous une analogie lumineuse due à Christophe Cassou.


Le climat est défini comme la "série des états de l'atmosphère au-dessus d'un lieu, dans leur succession habituelle".

 1. Le climat des derniers 700.000 ans (du Quaternaire)




Objectifs de ce paragraphe


Se situer dans l'échelle des temps géologiques. 700.000 c'est très peu de temps à l'échelle des temps géologiques. Mais c'est une période très longue à l'échelle de notre siècle, des méthodes d'instigation en climatologie et même surtout des modèles climatologiques.




Le terme «Quaternaire» a été créé en 1829 par le géologue français Jules Desnoyers. Le Quaternaire comprend un terme inférieur, ou Pléistocène, établi en 1939 par le géologue anglais Charles Lyell, qui a aussi énoncé le principe des causes actuelles, et un terme supérieur, ou Holocène, créé en 1867 par le Français Paul Gervais. Par convention et pour la plupart des quaternaristes, le Pléistocène est compris entre 1,806 million d'années (Ma) et 11 800 ans et l'Holocène entre 11 800 ans et le présent (chiffres d'après l'échelle de 2008 de l'ISC, voir ci-dessous).


Les géologues ont tendance maintenant (G. S. Odin, IUGS, 2000) à faire entrer le Quaternaire dans l'ère Cénozoïque en en faisant une période (pour les divisions de l'échelle stratigraphique, voir l'ancien cours de TS). Dans l'ancienne mouture de l'échelle stratigraphique internationale (2004, pour une mise à jour tous les 4 ans) le Pléistocène et l'Holocène étaient deux époques au sein de la période Néogène, dernière de l'ère Cénozoïque, le terme quaternaire était alors totalement abandonné. Mais la dernière édition (2008) reprend à nouveau le terme Quaternaire (Quaternary) qui redevient une période qui fait suite au Néogène, mais c'est la limite Pléistocène/Pliocène qui fluctue (1,8 ou 2,6 Ma).


La Recherche (La bataille du Gélasien, J.O. Baruch, mars 2008, 417, p14) met le doigt sur l'absence de consensus international sur la définition du Quaternaire (notamment sur le Gélasien à sa base). Le magazine rapporte aussi la proposition plus farfelue du britannique Paul Crutzen de définir, à partir de l'an 1800 après J.C. (noté A.D. in anno Domini, l'année du Seigneur, dans l'infographie) l'Anthropocène , qui voit l'homme modifier le climat et les paysages...
Échelle disponible au format PDF sur le site de l'ISC (International Stratigraphic Chart) avec les conventions de la Commission de la Carte Géologique du Monde (CCGM - CGMW):
dernière version : http://www.stratigraphy.org/ column.php?id=Chart/Time%20Scale ).


Les quaternaristes utilisent une origine des temps géologiques placée arbitrairement en 1950, pour la chronologie du carbone 14 et qualifiée de "present". L'âge d'un échantillon est alors noté par un chiffre suivi de B.P. (before present) , signifiant "avant 1950". À la fin du XIXe siècle, le Quaternaire a été considéré comme la période de l'apparition de l'homme et de celle des plantes et faunes actuelles; son étude portait essentiellement sur l'histoire des glaciations. En y associant les travaux aux basses latitudes, sur les lignes de rivages marins, une première échelle stratigraphique du Quaternaire a été proposée. Avec l'obtention, dès les années 1970, des carottes océaniques, une stratigraphie cohérente avec les glaciations est établie; le rôle des variations des radiations solaires est précisé. Les termes stratigraphiques comme Würm, Riss, Mindel et Günz n'ont qu'une valeur régionale, ici pour les glaciations d'Europe occidentale.




éon
ère
période
époque
âge
termes locaux
échelle
paléomagnétique

(seuls 2 événements sont indiqués)

actuel
(0 = naissance de JC)
Présent (1950)
temps



éonothème
érathème
système
série
étage
terrasses alluviales (Danube et affluents danubiens)
couches


Phanéro-zoïque
Cénozoïque
Quaternaire
Holocène
Flandrien


 

période > 0
Brunhes
faunes actuelles

0,0118 Ma = 11.800 ans


mammouths, cerfs, rhinocéros laineux, rennes, bœufs musqués
Pléistocène
P. supérieur

(Tyrrhénien II)

Würm
int. Riss-Würm
Riss
int. Mindel-Riss
Mindel
int Günz-Mindel

0,0126 Ma

P. moyen

(Tyrrhénien I

Sicilien)

int.
cerfs, panthères, lions, hyènes, rhinocéros...

0,781 Ma


0,73 Ma BP


P. inférieur

(Calabrien)

Güntz
int. Donau-Güntz
Donau


période < 0
Matuyama
Jamarillo


Oldoway
fin des mastodontes

1,806 Ma

ou 2,588 Ma

1,87 Ma BP
éléphants
mastodontes



Néogène

Pliocène


Miocène


premiers chevaux


23,03 Ma


Paléogène


^ grands mammifères des faunes européennes (biozones)


65,5 ± 0,3 Ma


Mésozoïque


Paléozoïque







542,0 ±1,0 Ma





1.1 - Des outils et des modèles



Objectifs de ce paragraphe


Les outils du "quaternariste" sont pour certains classiques et pour certains originaux. Il faut non seulement connaître le principe de chaque outil mais surtout son champ d'application et les incertitudes liées à son utilisation.






1.1.1 - Les données paléontologiques


Les associations animales (dont l'homme fait partie au sens paléontologique) et végétales sont des indices importants pour la reconstitution du climat passé.
Le milieu continental est bien plus sensible aux variations climatiques que le milieu océanique qui présente un volant thermique plus important.


1.1.1.1 - Des macrofossiles en milieu continental
Le Quaternaire est une période récente et froide et a donc laissé des restes assez nombreux et bien conservés en milieu continental. L'obstacle majeur est souvent présenté par des fouilles maladroites ou le pillage de sites répertoriés par des hommes passionnés ou vénaux.





L'homme fournit d'abord les plus recherchés des fossiles. Le plus ancien fossile français attribué au genre fossile Homo (voir l'ancien cours de terminale pour une discussion sur la paléoanthropologie) est une mandibule datée de -450.000 à -400.000 ans (Montmaurin, Pyrénées Orientales). Vers -300.000 c'est l'homme de Tautavel dont on a retrouvé les deux pariétaux (grotte de la Caune d'Arago, Pyrénées Orientales). Les plus anciennes traces de foyers (domestication du feu) datent en France de -400.000 ans (cabane de Terra Amata près de Nice: http://www.musee-terra-amata.org/ choisir Expositions et Foyers et structures d'habitat...). Les néandertaliens disparaîtront vers -30.000 ans, laissant la place aux sapiens, déjà apparus depuis plusieurs dizaines de milliers d'années.

Actuellement l'hypothèse la plus attirante serait d'associer l'espèce sapiens (au sein du genre Homo) ou le genre Sapiens, à l'homme au sens anthropologique (pleinement homme au sens ontologique et non plus paléontologique; mais l'association n'est pas forcément datée du tout début de l'apparition de l'espèce fossile : on peut exiger des caractéristiques culturelles ou sociales tardives avant de parler d'homme - voir cours de 1èreL-ES). Le genre fossile Sapiens serait apparu vers -100.000 ans probablement au Moyen-Orient et aurait envahi le monde en chassant les Homo neandertalensis qui y habitaient encore. L'art "explosera" entre -34.000 et -10.000 ans. L'agriculture arrivera en Europe vers -6.000 ans, en provenance du croissant fertile.


Les grands mammifères (mammouths et éléphants, hippopotames, rhinocéros de Merck et laineux, ours, renards, loups, hyènes, lions des cavernes, bisons, aurochs, chevaux, rennes et cerfs, chevreuils, mouflons, élans et bouquetins, sangliers...) tous connus en France sont autant d'indicateurs du climat (tableau de A Thévenin (1978) d'évolution de la faune dans Les premiers habitants de l'Europe, 1.500.000-100.000 ans, Laboratoire de préhistoire du musée de l'homme, Muséum d'Histoire naturelle, 1981; p 50-51); par leur abondance (estimée par le nombre de fossiles), leur répartition en latitude....; l'interprétation des fossiles reste cependant une science historique basée sur l'actualisme et la connaissance de l'écologie des organismes les ayant laissé est susceptible de sans cesse s'améliorer.


Les rongeurs forment un deuxième groupe très étudié étant donné notamment les régimes alimentaires variés et les fossiles de dents et d'os crâniens retrouvés en grand nombre.

Cours de 1èreL-ES sur l'évolution de l'homme



Exemple d'exercice: Didier, n°4 p29 (attention les âges sont donnés avec le nom des épisodes glaciaires et interglaciaires (se référer à la p 25)


1.1.1.2 - Des microfossiles en milieu continental: reconstitution des associations végétales estivales de climat tempéré à partir des pollens et spores fossiles



Les diagrammes polliniques permettent parfois de reconstituer les associations végétales estivales.


En effet, cette méthode repose sur un postulat paradoxal: les espèces dont on utilise le pollen ou les spores n'ont pas évolué (ni au niveau de leur pollen, ni au niveau de leur écologie...) il y a une analogie forte avec la notion de fossile de faciès...


D'autre part, cette méthode présente 2 limites:



* lorsque l'on sait que la répartition actuelle des pollens est la même entre une station d'Omiakon ou Verkhoïansk en Sibérie et une station située au pied des Vosges, on comprend que le spectre pollinique ne permet d'apprécier les associations végétales qu'en saison chaude, la période hivernale semblant peu affecter la diversité des espèces;


* la méthode des diagrammes polliniques nécessite une végétation diversifiée, et non désertique par exemple; en pratique elle est essentiellement limitée aux régions continentales européennes.


1.1.1.3 - En milieu océanique: des organismes planctoniques sensibles à la température de l'eau de mer



L'exemple le plus courant est donné par les Foraminifères (Protistes dont certaines espèces sont planctoniques et d'autres benthiques).


Certains Foraminifères à test trochospiralé sont des bio-indicateurs de température. En effet, le test (ou coquille interne car recouverte partiellement d'un cytoplasme à l'extérieur) s'enroule sur lui-même en spirale (dans la mesure ou chaque nouvelle loge englobe partiellement la loge précédente en tournant autour de la première loge ou proloculus) dans un sens qui dépend de la température de l'eau de mer où vit l'animal (c'est une loi expérimentale établie pour quelques espèces). L'organisme occupe toutes les loges. Son cytoplasme sort par d'innombrables pores (perforations) du test par lesquels il pointe des filaments de cytoplasme anastomosés (filopodes reliées entre eux par des ponts ou anastomoses).


L'enroulement est senestre (lorsque l'on se déplace sur la spirale dans le sens d'enroulement, on tourne vers la gauche (sinistra en latin), c'est-à-dire dans le sens opposé aux aiguilles d'une montre, vu d'au-dessus) dans les eaux les plus chaudes et l'enroulement est dextre (on tourne vers la droite (dextera en latin), c'est-à-dire dans le sens des aiguilles d'une montre) dans les eaux plus froides.



On extrapole( en remontant le temps) cette loi expérimentale actuelle (grâce au principe de l'actualisme) aux fossiles des mêmes espèces et l'on dispose ainsi d'un paléothermomètre biologique.


Exemple d'exercice: Belin n°8 p 236 (doc b) et Didier doc 1 p 12








1.1.2 - Les données géologiques et lithologiques: des reliefs et sédiments glaciaires et périglaciaires


Les variations climatiques induisent des changements dans l'érosion, dans la sédimentation, dans le niveau des mers, dans le développement des glaciers....


En voici deux exemples parmi les plus courants:




* les reliefs et sédiments glaciaires et périglaciaires se retrouvent partout en France: les reliefs glaciaires sont ceux laissés par la présence de glaciers sur des continents aujourd'hui libres de glaces (voir carte Belin p 263): moraines (frontale et latérale), vallées en U, alluvions glaciaires... Les reliefs périglaciaires sont ceux des zones soumises à des alternances importantes de gel et de dégel, on y trouve des sols polygonaux, des galets usés par des vents violents chargés en matière solide...Les lœss sont des sédiments éoliens glaciaires.

Remarques:
les masses glaciaires continentales sont très sensibles au climat (on pourrait dire à la température moyenne). Si la température augmente le cycle de l'eau s'intensifie (évaporation, précipitation) et donc les masses glaciaires en haute altitude s'épaississent
(par exemple le Groenland à haute altitude qui gonfle) alors que les masses glaciaires à basse altitude fondent (mer de glace, Groenland au niveau de la côte)...Localement la situation peut être plus complexe (il y a 160.000 glaciers continentaux...). Par exemple , le Kilimandjaro "assoifé" souffre, comme toute l'Afrique, d'un manque de précipitations. De plus les vitesse de réactions aux changements climatiques dépendent fortement du volume des glaces: quelques années pour une banquise, 10-30 ans pour un petit glacier comme la mer de glace, des milliers d'années pour le Groenland et des durées encore nettement plus longues (10.000 à 100.000 ans ?) pour un glacier comme l'Antarctique pour lequel les températures semblent stables (ce massif représente 90% des glaces mondiales; on aurait 60m d'augmentation du niveau marin si sa glace fondait)...Au contraire l'Arctique voit sa glace de mer diminuer très fortement (voir ci-dessous les références de la conférence sur Canal Académie). On comprend donc que l'interprétation des traces géologiques des variations des masses glaciaires soit subtile.


* les terrasses alluviales emboîtées sont fréquentes au Nord de l'Europe. Elles sont interprétées (difficilement) en fonction des variations du niveau de la mer et des changements climatiques. Voici 6 points à considérer:
- une rivière alluvionne ou creuse en fonction de son profil d'équilibre
- en période froide (glaciaire) le débit de la rivière est moindre et il y a tendance à l'alluvionnement si la pente n'est pas trop forte (on peut aussi trouver des blocs démesurés transportés par des radeaux de glace)
- en période chaude (interglaciaire) le débit de la rivière est maximal et il y tendance au creusement dans les zones les plus pentues et l'alluvionnement est assez faible sauf si la pente est très faible
- si le niveau de la mer s'abaisse le profil d'équilibre de la rivière est déplacé vers le bas et il y a un creusement moyen
- à l'opposé, si le niveau moyen de la mer s'élève, la pente moyenne diminue et le profil d'équilibre est déplacé vers le haut, ce qui conduit à un alluvionnement fort dans les zones à faible pente (il peut ainsi y avoir des terrasses qui recouvrent d'autres terrasses)
- le niveau moyen des mers s'est abaissé d'environ 120 m entre -120.000 ans et -20.000 ans et est remonté depuis d'environ 80m.
On remarquera que ces éléments sont particulièrement importants puisque les fossiles (et notamment d'hominidés) se retrouvent dans les sédiments de ces terrasses et la compréhension des mécanismes géologiques qui leur ont donné naissance est essentielle à la datation correcte des fossiles et à l'interprétation des données paléoenvironnementales.


Une vue artistique des limites des glaces (tant marines que continentales) au Nord du globe (latitudes boréales) actuelles par comparaison avec celles estimées pour la fin de la dernière glaciation (vers -12.700 ans, voir plus bas les mesures fines réalisées à l'aide des méthodes isotopiques). (d'après E.U.)
Pour les latitudes australes (pour l'hémisphère Sud) il n'y aurait quasiment pas de changement.






1.1.3 - Des thermomètres aux paléothermomètres



Objectifs
de ce paragraphe


Devant la complexité des outils il faut revenir à des questions simples: quelle grandeur du passé cet outil permet-il de connaître et quelle confiance peut-on lui accorder ?




Un thermomètre mesure une température. Les climatologues, glaciologues et quaternaristes utilisent principalement les isotopes non radiogéniques de l'oxygène comme thermomètre. Mais le plus difficile est souvent de dater l'échantillon dont on a approché la température.


Deux conseils:
* MÉFIEZ-VOUS des courbes où le temps est porté en abscisse. Posez-vous la question de savoir comment on a pu obtenir cette donnée.
* Ensuite vérifiez bien à quel paléothermomètre vous avez affaire (glace ou carbonates) qui ne se comportent pas de la même manière.


1.1.3.1 - le delta () 18O des glaces et des carbonates biogéniques



Le tableau ci-dessous présente les méthodes et résultats obtenus dans la recherche de la température et dans la recherche du temps

à la recherche de la température (T) actuelle et fossile

18O glace = f (T)



Le thermomètre actuel utilisant les isotopes de l'oxygène dans la glace ou la neige:
Des mesures expérimentales DIRECTES actuelles à une loi expérimentale18O=f(T)




Une loi de fractionnement isotopique de l'oxygène en fonction de la température...



ALLURE
(les points expérimentaux ne sont pas réels) de LA courbe obtenue EXPÉRIMENTALEMENT sur des échantillons actuels
(d'après Didier, p11 CORRIGÉ grâce au Nathan, doc2A p 113)
Le
18O augmente pour l'eau de la glace lorsque la température de formation de la neige augmente.


Le 18O correspond à la différence entre le rapport entre l'abondance de l'isotope lourd (18O) sur celle de l'isotope léger (16O) MESURÉE DANS L'ÉCHANTILLON et celle d'un STANDARD par rapport à l'unité, multipliée par 1000 pour avoir une valeur en ‰.
Pour l'eau de mer le rapport 18O/16O est celui d'une "eau de mer moyenne" appelée SMOW (
Standard Mid Ocean Water) dont la valeur est 0,00193. Pour une eau de mer qui aurait la même valeur de rapport 18O/16O , le 18O aurait donc une valeur nulle.

18O = [(18O/16O de l'échantillon / 18O/16O du SMOW ) - 1 ] x 1000

Du point de vue général, lors des changements de phase (solide < - > liquide < - > gazeux), l'isotope le plus lourd (18O) est concentré dans la phase la plus dense (par exemple dans l'eau liquide par rapport à la vapeur d'eau, gazeuse) et l'isotope le plus léger (16O) dans la phase la moins dense (vapeur d'eau gazeuse par exemple par rapport à l'eau liquide). Le rapport isotopique (18O/16O) peut être relié expérimentalement à la température régnant lors du changement d'état.
Les isotopes sont des éléments de mêmes propriétés chimiques générales mais de masse différente (nombre de neutrons). Actuellement l'oxygène de l'air contient un mélange isotopique de 99,758% d'16O; 0,0374% d'17O et de 0,2039% d'18O. Les êtres vivants consomment préférentiellement l'16O. On notera qu'on sait aussi fabriquer artificiellement 3 isotopes radioactifs 14O, 15O et 19O (et peut-être deux autres) de demi-vie très courte (moins de 120s).

Des explications et une courbe EXPÉRIMENTALE (avec des points réels de mesure) sont disponibles à l'adresse: http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-delta-temperature.xml


source image: http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/objets/Images/delta-temperature/delta-temperature-fig02.gif


Remarque:
une petite question qui a du inquiéter comme moi nombre de collègues enseignants: sous quelles formes moléculaires les isotopes de l'oxygène sont-ils présents et dans quelle proportion ?
Dans cette page on parle souvent de l'oxygène, ce qui signifie l'espèce atomique. Et pourtant les fractionnements isotopiques se font entre des phases de l'eau (H2O) et du dioxygène (O2), éventuellement du CO2. En phase liquide il y a en plus OH- et H3O+ et pour les espèces carbonatées H2CO3, HCO3- et CO32-. Les équilibres chimiques étant complexes, les réservoirs différents, il est probable que les compositions isotopiques diffèrent selon les espèces moléculaires. Et pourtant, je n'ai trouvé aucune réponse dans mes sources.



18O du CaCO3 des tests de Foraminifères benthiques = f (18O eau de mer)

(18O du CaCO3 - 18O de l'eau de mer) = f (T eau de mer)



Le thermomètre actuel utilisant les isotopes de l'oxygène des carbonates :
Mesures expérimentales du 18O des carbonates dans les tests de Foraminifères BENTHIQUES et lien expérimental entre la température de l'eau de mer et le entre le 18O des carbonates et celui de l'eau de mer


Les Foraminifères benthiques vivent au fond de l'océan, où la température ACTUELLE est peu variable est voisine de 1 à 2°C.

On connaît alors une variation expérimentalement démontrée du 18O des carbonates des tests des Foraminifères en fonction du 18O de l'eau de mer dans laquelle on les place en culture (Nathan doc 2 p 113), la température étant fixée ici à 1°C.


Liaison expérimentale DIRECTE entre le 18O des carbonates et celui de l'eau de mer

Liaison expérimentale DIRECTE entre le 18O des carbonates (benthiques ou planctoniques puisque l'on prend en compte des changements de température) relié au 18O de l'eau de mer (c'est le déplacement isotopique noté ) et la température de l'eau de mer



Une courbe expérimentale à température constante (1°C)
(allure très approximative dessinée d'après les trois données du document 2 du Nathan p 113)


Plus le18O des carbonates du test des Foraminifères benthiques (à température constante) est élevé plus le 18O de l'eau de mer est élevé.

On considère habituellement
  • qu'une baisse de température de l'eau de mer de -4,2°C correspond à un déplacement isotopique () de +1‰;
    ou encore
  • qu'une augmentation de la température de l'eau de mer de +4,2°C correspond à un déplacement isotopique () de -1‰.


Remarques:






* la question de l'origine moléculaire des isotopes resurgit ici. La réponse est probablement très complexe. Je renvoie à une page sur les carbonates où quelques équilibres sont précisés, mais j'ignore totalement la composition isotopique de ces espèces en solution;


* la différence principale entre le mécanisme de précipitation invoqué ici et la formation de neige puis de glace aux pôles est que l'on est ici dans un mécanisme VIVANT. D'abord il est mal connu (les espèces chimiques, les équilibres, les complexes moléculaires qui orientent la formation de la calcite ou de l'aragonite selon les espèces d'organismes...). Ensuite, le fractionnement isotopique n'est plus ici une simple loi physique correspondant à un seul changement d'état. Voici quelques exemples de raisonnements qui sont loin de me satisfaire.


Habituellement les mécanismes biologiques sont très discriminants;
- on sait par exemple que la respiration consomme préférentiellement l'16O, donc dans l'espèce moléculaire dioxygène (O2 ) - comme accepteur d'électrons de la chaîne respiratoire. L'organisme rejetterait donc préférentiellement de l'H216O. Sous forme gazeuse ou liquide ? L'18O se trouverait ainsi concentré, biologiquement, dans l'air ou dans l'eau, selon le milieu de vie de l'organisme.
- La photosynthèse produirait au contraire préférentiellement de l'16O2 (espèce moléculaire gazeuse) par photo-oxydation de l'eau (liquide), ce qui revient à dire que la photosynthèse consomme aussi préférentiellement l'H216O. L'eau se trouverait ainsi concentrée, biologiquement, en espèce isotopique H218O.
- Il est d'usage de considérer que ces deux mécanismes (consommation de dioxygène par respiration et production de dioxygène par photosynthèse) s'équilibrent en masse, alors que les milieux aériens et aquatiques forment deux réservoirs distincts et que l'on n'a pas affaire aux mêmes espèces moléculaires ni aux mêmes phases moléculaires de l'eau.



Un thermomètre empirique = formule des paléotempératures donnant la température de l'eau de mer en fonction de la différence entre le 18O des carbonates et le 18O de l'eau de mer


Les paléoclimatologues utilisent alors une courbe empirique (déterminée point à point de façon expérimentale puis formulée mathématiquement mais non théoriquement du fait de la complexité du vivant, voir remarque ci-dessus) qu'ils appellent "formule des paléotempératures" qui n'est utilisable que si l'on connaît le 18O de l'eau de mer. Cette courbe est expérimentale car elle relie des paramètres mesurables mais la causalité expérimentale échappe à la formulation théorique, du fait de sa complexité. Elle présente bien sûr une fiabilité assez moyenne du fait du nombre de paramètres inconnus plus ou moins cachés.


T eau de mer (°C) = 16,9 - 4,2 (18O des carbonates - 18O de l'eau de mer)
ou
T eau de mer (°C) = 16,9 - 4,2 (18O*)



* la notation 18O est bien évidemment une forme abrégée mais ce qui est TRÈS GÊNANT est que certains utilisent aussi la notation 18O au lieu de 18O en ajoutant que c'est le "18O de l'eau de mer fossile dans les carbonates" (?) ou, pire encore, le "18O des carbonates" ou le "18O de l'eau de mer fossile" sans autre explication... une belle pagaille. Cependant il me semble que la confusion vient du fait que les variations du 18O de l'eau de mer vont, dans le milieu naturel, DANS LE MÊME SENS que celles du 18O des carbonates. D'autre part les variations du 18O des carbonates sont beaucoup plus rapides que celles du 18O de l'eau de mer. Ce qui fait que une augmentation du 18O de l'eau de mer fossile est bien corrélée à une augmentation du 18O du fait de l'augmentation conjointe du 18O des carbonates alors qu'intuitivement on considère le 18O des carbonates fixe et donc que le 18O diminue.







Courbe expérimentale de mesure des paléotempératures (de l'air) à partir de 18O de la neige et courbe empirique des paléotempératures de l'eau de mer à partir des 18O des carbonates des tests de Foraminifères et de l'eau de mer.
Les valeurs du 18O oscillant entre
+3 et -3‰, on a des paléotempératures oscillant entre 11°C et 30°C.


Remarques:






* Il existe de nombreuses preuves que la valeur du 18O de l'eau mer est un paramètre HOMOGÈNE dans l'océan (identique quelque soit la localisation en surface en longitude ou en latitude ou en fonction de la profondeur), ce qui est une condition nécessaire pour en faire un indicateur de température.


* Pour l'utilisation du 18O des carbonates des tests de Foraminifères benthiques on suppose pour le lien avec le 18O de l'eau de mer que la température est fixe, ce qui semble vrai pour la période actuelle. Mais ce n'est pas vrai pour les Foraminifères planctoniques pour lesquelles la température de l'eau de mer est très variable selon la latitude principalement. Ce n'est pas non plus vrai pour les Foraminifères benthiques fossiles car il est fort possible que la température de l'eau de mer du fond des océans ait changé. Par exemple, on estime à 18-20°C la température du fond des océans vers -60 millions d'années au début de l'ère tertiaire. La température basse actuelle serait essentiellement due aux circulations d'eaux froides en provenance des inlandsis.
* Pour les carbonates fossiles on utilise le PDB (Pee Dee Belemnitella), une coquille calcaire de Belemnite du crétacé qui sert de référence pour l'18O fossile et pour le 13C fossile.



Extension dans le temps des lois expérimentales: l'actualisme


Par le principe de l'actualisme les mesures de 18O réalisées sur des fossiles sont considérées, avec des hypothèses supplémentaires, comme indicatrices des paléotempératures en extrapolant les lois expérimentales mise en évidence ci-dessus (fractionnement isotopique de l'oxygène lors du changement de phase en fonction de la température).


En effet; comme pour toute mesure isotopique, même avec des isotopes stables (non radiogéniques), le thermomètre et surtout le paléothermomètre ne fonctionne que si l'échantillon piège dans sa structure solide les rapports isotopiques extérieurs qui existaient lors de la formation du solide. Ensuite ces rapports ne doivent plus évoluer, le système doit rester fermé. Il y a donc toujours une incertitude "absolue" liée à la méthode.


Je rappelle encore une fois que l'actualisme ne doit pas être confondu avec l'uniformitarisme (qui s'oppose au catastrophisme) selon lesquelles les conditions physiques et chimiques ne changent pas au cours des temps géologiques. Certains parlent aussi d'une loi de continuité biologique qui s'oppose au catastrophisme appliqué à l'évolution biologique.



Les paléothermomètres :
Des mesures expérimentales du 18O de la glace ou du CaCo3 des fossiles à un estimation DIRECTE d'une paléotempérature
  • le 18O de la glace "fossile" permet d'estimer, pour les températures négatives, la température de formation de la neige qui s'est déposée en cet endroit et s'est compactée pour donner la glace des inlandsis polaires.
  • le 18O des carbonates des tests de Foraminifères benthiques fossiles permet de calculer le 18O de l'eau de mer, à température connue constante.
  • Enfin la formule des paléotempératures permet d'accéder directement, pour les températures positives, à la température de l'eau mer à partir du entre le 18O des carbonates des tests de Foraminifères benthiques et planctoniques et le 18O de l'eau de mer passée, si cette dernière est connue. La loi étant qu'une augmentation de +1‰ du correspond à une diminution de température de -4°C. Pratiquement on peut utiliser aussi directement le 18O de l'eau de mer ou des carbonates (en tenant compte de la remarque ci-dessus)

Remarque:
Il va sans dire que pour pouvoir utiliser le SMOW comme valeur de référence pour le passé il faut que celui-ci n'ait pas varié, ce qui n'est bien sûr pas vrai. On applique donc des correctifs en fonction des modèles.



Des paramètres expérimentaux aux paramètres des modèles : les corrélations


Des mesures expérimentales du 18O de la glace ou du CaCo3 des fossiles à un estimation INDIRECTE d'autres paramètres par corrélation


Les paramètres des modèles climatiques qui suivent sont déduits ou CALCULÉS à partir des données précédentes sur le 18O des glaces et des carbonates; on établit alors des corrélations entre paramètres mesurés (expérimentaux) et les paramètres des modèles:


le volume des glaces peut être relié d'une façon intuitive à la température moyenne annuelle: plus il fait chaud moins le volume des glaces continentales des pôles (inlandsis) est élevé et inversement. De la même manière que précédemment on peut corréler le 18O des glaces à la température moyenne de l'atmosphère puis au volume des glaces.

LA loi de corrélation est donc : le volume des glaces augmente lorsque le 18O de la glace des calottes polaires diminue ou lorsque le 18O de l'eau de mer augmente ou encore lorsque que le 18O des carbonates des tests de Foraminifères benthiques augmente aussi.


le niveau moyen des mers de la même façon évolue de façon intuitive avec la température moyenne et donc avec le volume des précipitations neigeuses s'accumulant sur l'inlandsis. Donc on peut aussi corréler le niveau moyen des mers avec les paramètres précédents.

LA loi de corrélation est donc : le niveau moyen des mers baisse donc lorsque le 18O de l'eau de mer augmente, ou lorsque le 18O des carbonates des tests des Foraminifères benthiques augmente ou lorsque le 18O des glaces diminue.


à la recherche du temps (t) = dater les échantillons de glace ou de carbonates


CAROTTES DE GLACE


(les carottes de glace des pôles peuvent mesurer plus de trois milles mètres de long ce qui permettra probablement d'atteindre presque le million d'années sachant qu'il tombe environ 10 cm d'eau en moyenne par an sur le plateau central du Groenland, et que la neige déposée se compacte de plus en plus avec l'enfouissement)


Les échantillons de glace récoltés par des carottages sont datés par plusieurs techniques utilisées conjointement:

  • des mesures fines du 18O tout au long de la carotte permettent de trouver des cycles annuels de variation de température, même si le signal est légèrement lissé par des fontes et recristallisations de la glace. Il suffit ensuite de compter les couches. Par exemple on a réalisé 67.000 analyses isotopiques le long de la carotte du site Dye3 au Groenland ce qui a permis de remonter avec une excellente précision à -8.600 ans.
  • On peut aussi utiliser des variations de densité de la glace et de conductivité électrique qui présentent aussi des cycles annuels plus ou moins lissés. On étudie ainsi actuellement (2004) une carotte qui devrait permettre de remonter à -120.000 ans.
  • L'estimation de l'épaisseur annuelle de la couche neigeuse compactée (on parle d'amincissement de la couche) qui a été la principale méthode utilisée par le passé mais qui donne des résultats assez peu fiables (50% de sous-estimation pour les âges de -30.000 ans de la carotte du Dôme C au Groenland par exemple (en 1978) ; ou 3.000 à 8.000 ans d'erreur pour la carotte de Vostok qui atteignait -160.000 ans en 1983).
  • La comparaison de couches repères comme les couches de cendre volcaniques insérées dans les couches de glace et datées avec d'autres méthodes - à l'aide par exemple du pic de Béryllium 10 - ce qui a permis de faire des corrections de 15.000 ans sur des dates anciennes situées vers -300.000 ans.



L'approche inverse (terme mathématique désignant des procédés dits "inverses") qui est présentée comme la méthode d'avenir (voir La datation des archives glaciaires, Jean JOUZEL et Frédéric PARRENIN, HS42, janvier-mars 2004, pp 61-65) et qui consiste à corréler toutes les méthodes précédentes en associant les mesures et les incertitudes de chaque méthode au sein d'un modèle mathématique de comportement des valeurs; on trouve ainsi des corrélations entre les résultats obtenus par ces méthodes. On espère pouvoir remonter à -800.000 ans avec la carotte du Dôme C au Groenland.


CAROTTES DE SÉDIMENTS


(les carottes sédimentaires marines sont couramment d'une longueur de 20 m (mais peuvent être plusieurs fois plus longues) et atteignent entre 100.000 ans et 1.000.000 d'années de dépôts sédimentaires plus ou moins compactés sachant que l'épaisseur de l'accumulation sédimentaire varie d'environ 0,1 à 10 cm par millier d'années selon les apports)


Les échantillons de carbonates biogéniques (d'origine biologique) sont soit des sédiments (milieu de vie contenant beaucoup d'eau) plus ou moins compactés soit des roches sédimentaires marines. Ces dépôts contiennent de nombreux fossiles de coquilles calcaires d'invertébrés en milieu peu profond, mais sont majoritairement composés de tests de Foraminifères (principalement planctoniques, même si ce sont les espèces connues comme benthiques sur lesquelles on fait des mesure de 18O sur le CaCo3) et de plaques du test de Coccolithophoridés dès que l'on s'éloigne de la ligne de rivage jusqu'à la limite correspondant à la profondeur de dissolution de la calcite (CCD: calcite compensation depth - vers 5.000 m). Les carottes les plus aisément exploitables sont récoltées sur les pentes des dorsales lentes.

  • La datation des tests calcaires se fait d'abord par des méthode paléontologiques (biostratigraphie). Chaque taxon (on nomme ainsi un élément de la classification évolutive sans faire référence à la notion d'espèce) est rapporté à une biozone (épaisseur de roche sédimentaire dont le contenu paléontologique est clairement défini - par exemple on parle de biozone de distribution pour l'épaisseur de roche où l'on peut rencontrer un taxon) qui est ensuite placée dans la chronologie de l'échelle stratigraphique internationale (qui regroupe des biozones de référence définies à partir d'au moins trois taxons par biozone - on par le de biozone d'Oppel en mémoire du stratigraphe allemand qui a introduit cette notion en 1856). Les biozones sont regroupées en étage, puis en séries, puis en systèmes (voir ancien cours de paléontologie).
  • Des méthodes radio-isotopiques peuvent éventuellement venir s'ajouter. Le carbone 14 par exemple est devenu ces dernières années une méthode fiable pour les 50.000 dernières années (avec des incertitudes variables de quelques dizaines à quelques centaines d'années) étant donné que l'on pense avoir identifié la plupart des causes de fluctuation de la teneur en 14C de l'atmosphère passée (voir l'article du n°42 des Dossiers de Pour la Science référencé plus haut).
  • Le paléomagnétisme est aussi un bon outil pour recalibrer les roches sédimentaires marines. La méthode est basée sur les inversions magnétiques (changement de sens du dipôle magnétique terrestre) qui sont enregistrés par les minéraux ferromagnétiques contenus dans les roches sédimentaires ou volcaniques.

Les âges sont donnés avec des fourchettes variables mais qui sont plus souvent de l'ordre du million d'années pour les ères antequaternaire et de quelques milliers d'années pour le Quaternaire.


1.1.3.2 - le rapport deutérium/hydrogène léger de la glace et le CO2 des inclusions fluides des glaces





Le rapport deutérium/hydrogène léger est un thermomètre isotopique 8 fois plus sensible que le thermomètre 18O.

Il a été intensivement utilisé pour la carotte de Vostok (Antarctique). C'est aussi sur ce site (3.500 m d'altitude, température annuelle moyenne de -55°C et température minimale enregistrée de -89,7°C) qu'ont été prélevées des carottes de glace dans lesquelles on a pu retrouver d'innombrables inclusions fluides (bulles de fluides) ayant emprisonné l'atmosphère fossile entourant la neige lors de son dépôt.


Les mesures fines réalisées de la teneur en CO2 de ces inclusions fluides ont donné des résultats en accord avec les paramètres déduits des variations de température estimées: plus la température est supposée élevée, plus la teneur en CO2 était élevée dans l'inclusion.


Une utilisation conjointe des méthodes isotopiques 18O et D/H a permis d'atteindre une résolution temporelle inhabituelle et de se focaliser sur la dernière glaciation à partir des données récupérées avec les carottes du forage NorthGRIP au Groenland. Les premiers résultats publiés en juin 2008 montrent des phénomènes de refroidissement/réchauffement beaucoup plus rapides que ce qui était attendu (de l'ordre de quelques années) voir les références sur la page de Valérie Masson-Delmotte.
Résumé de l'article en français:
« Le premier réchauffement rapide s'est produit voici 14.700 ans, lorsque la température du Groenland a augmenté de plus de 10°C : pendant cette période douce, appelée le Bølling, les premiers peuples de l'Âge de Pierre se sont installés en Europe du Nord et en Scandinavie. Mais les réjouissances ont été brèves. Il y a 12.900 ans, un retour à des conditions glaciaires s'est traduit par des températures extrêmement froides, avant un réchauffement final, il y a 11.700 ans. Celui-ci a marqué la fin de la dernière glaciation. Les carottes de glace du Groenland, qui reflètent l'évolution du climat de l'hémisphère Nord, révèlent que ces bouleversements climatiques se sont produits de façon extrêmement rapide.»


1.1.3.3 - la mise en mémoire des perturbations de la température de surface sur de longues durées dans le profil géothermique d'un lieu





On s'est aperçu que les changements (de forte amplitude et de longue durée) de la température du sol se propagent dans le sous-sol et conduisent à un signal thermique perturbant le géotherme (courbe de la température du sous-sol en un lieu).


Une analyse de type inverse du traitement de signal, permet de retracer l'histoire des perturbations avec une précision suffisante pour que l'on puisse déchiffrer, dans un profil de température actuel, les changements climatiques des derniers millénaires (conférence du 7/10/2004 : Histoire de la température du sol au cours des derniers millénaires, Laurent Guillou-Frottier, BRGM, Orléans sur le site Planet-terre).


Sans apporter de résultat mirobolant cette technique (qui a nécessité une calibration à partir des résultats d'autres techniques) vient renforcer l'arsenal disponible. Ses promoteurs affirment qu'elle est la seule méthode directe d'enregistrement des paléotempératures. Ceci est vrai si l'on considère la surface du sol, mais il ne faut pas oublier que toute mesure de température est celle d'un support matériel (solide: roche, neige, glace, ou fluide : eau, air, gaz...). C'est l'accès à la température du support qui est directe, alors que dans le cas d'une mesure isotopique on doit passer par une loi de fractionnement isotopique qui dépend de la température.






1.2 - Des résultats présentés autour d'un modèle explicatif




Dans le modèle présenté d'autres corrélations sont mises en évidence entre les paramètres précédents et d'autres paramètres expérimentaux ou logiques: l'énergie solaire incidente en relation avec le développement de la biomasse, le volume des glaces polaires et l'albédo, la température de l'atmosphère en relation avec l'effet de serre, la teneur en CO2 de l'atmosphère ou de l'eau de mer et sa fixation par les êtres vivants.


Il existe aussi d'autres lois expérimentales que nous n'avons pas développé: évolution de la teneur en CO2 de l'eau de mer en fonction de la température et de la teneur en CO2 de l'atmosphère par exemple. Par exemple la loi d'Arrhénius (du nom du chimiste suédois Svente Arrhénius (1859-1927) qui reçut le prix Nobel de chimie en 1903) qui relie la vitesse d'une réaction chimique à la température (voir par exemple, et http://earthobservatory. nasa.gov/ Library/Giants/ Arrhenius/ arrhenius.html (en anglais) pour les liens avec le climat).



d'après Didier, p 26



Dans ce modèle, deux paramètres principaux interviennent: l'énergie solaire incidente et la teneur en CO2 de l'atmosphère;



en période interglaciaire, la température est élevée (0) parce que l'énergie solaire incidente est élevée (1) et l'albédo est faible (2); la teneur en CO2 élevée associée à une forte température favorise un fort développement de la biomasse continentale et marine qui fixe le CO2 (3) et (4) ce qui conduit à une diminution (relative) de la teneur en CO2 atmosphérique (5); cette baisse est responsable d'une diminution de l'effet de serre (6) qui modère alors la température de cette période interglaciaire (7);


en période glaciaire, la température est basse (0) parce que l'énergie solaire incidente est faible (1) et que l'albédo est forte (2); la teneur en CO2 légèrement plus faible et la température moyenne peu élevée ne permettent qu'un faible développement de la biomasse continentale et marine qui fixe peu le CO2 (3) et (4) ce qui conduit à une augmentation relative de la teneur en CO2 atmosphérique (5); cette augmentation est responsable d'une augmentation de l'effet de serre (6) qui modère alors la baisse de température de cette période glaciaire (7);
(les variations du
18O sont indiquées pour la glace de l'inlandsis, l'eau de mer et les carbonates biogéniques sédimentaires).


Remarques:
ces variations sont approximatives et donnent des indications sur le sens des probables variations. Mais les conditions locales peuvent s'éloigner du modèle. Il faut garder présent à l'esprit par exemple que, pour l'instant, rien de prouve que les variations de température sont synchrones entre les hémisphères Nord et Sud...




1.3 - Des modèles explicatifs aux modèles prédictifs

Conférence de Christophe Cassou sur la Physique du climat disponible pour les enseignants (après inscription) sur le site de PlanetTerre
grand public, sans physique (sauf les très sympathiques 10 dernières minutes de conférence (48ème min et s) qui mériteraient une édition à part à destination de tous)


« Le climat est parfaitement° prévisible, alors que le temps ne l'est pas »
Christophe Cassou, Formaterre 2007


J'ai cru comprendre:
Le climat est prévisible parfaitement°, alors que le temps ne l'est que très imparfaitement.

° dans ce cas, y aurait-il un peu de présomption dans un tel adverbe... ?
les physiciens sont des gens passionnés... et passionnants


Mais la prévision n'est pas le propos de l'auteur, car il ne s'agit pas de fiabilité des prévisions, mais d'une différence d'utilisation des modèles, ce qui est particulièrement clairement expliqué dans la conférence de Christophe Cassou (à partir de la 48ème minute; je vous engage à suivre ce passage).


Le météorologue et le climatologue utilisent les mêmes équations (Navier-Stokes), mais le premier s'intéresse principalement aux conditions initiales (température, humidité, force du vent...), alors que le second s'intéresse aux conditions aux limites (rayonnement solaire, albédo... et forçages). Tous les deux font des prévisions (température, humidité, vent...).

Une petite présentation modifiée qui j'espère ne change pas la teneur de ses propos:

 

 

 

image: http://files. myopera.com/ patrameau/ blog/ cycliste_arrivee.gif



Prévisions d'arrivée d'une course cycliste :
une analogie pour comprendre la
différence entre météorologie et climatologie; un seul modèle - deux utilisations


Utilisation du modèle pour une prévision de type "météorologique"


distance à parcourir : Paris (Notre-Dame)- Saint-Denis (cathédrale) : 10 km
départ dimanche 7h00 - arrivée dimanche 7h30-8h
Sur ce trajet les conditions environnementales (au moins un dimanche matin) sont négligeables. L'heure d'arrivée est prévisible avec une bonne précision grâce essentiellement à la connaissance des conditions initiales (heure de départ) pour chaque coureur.
Mais, d'un autre point de vue, comme on néglige des paramètres essentiels (conditions aux limites), la prévision devient très mauvaise, en termes de fiabilité du modèle par rapport à la réalité.


Utilisation du modèle pour une prévision de type "climatique"


distance à parcourir : Paris (Notre-Dame)- Rome (basilique Saint-Pierre) : 1100 km
départ dimanche 7h00 - arrivée entre vendredi de la même semaine et jamais
Sur ce trajet les conditions environnementales deviennent prépondérantes. Les conditions initiales (heure de départ) sont même sans aucune importance si le cycliste n'arrive pas au terme du parcours. L'heure d'arrivée est pratiquement imprévisible avec la précision obtenue pour de petits trajets. Par contre on est bien conscient que la connaissance des conditions aux limites n'est pas hors de portée du scientifique, même si elle demande un fort investissement de recherche. On peut même être certain du résultat comme dans le cas où le coureur n'arrivera jamais au terme (c'est donc bien une prévision parfaite).
Mais surtout on comprend que, finalement, la prévision de l'heure d'arrivée ne peut pas être l'objectif du "climatologue". Ce qui l'intéresse c'est la compréhension de la dynamique du système. Et le modèle, utilisé de cette façon, donne une bonne connaissance de la réalité.



Les climatologues utilisent des moyennes statistiques* des différents paramètres.
Les climatologues ont donc une définition opératoire du climat :
« le climat est la valeur moyenne* du temps qu'il fait en un lieu donné sur une période donnée».



* La pertinence d'une moyenne repose sur un présupposé: l'existence d'une stabilité sous-jacente au climat. La moyenne n'aurait aucun sens si les variations climatiques étaient supposées aléatoires. Le climat, comme phénomène, est considéré comme compréhensible (connaissable) parceque l'on suppose qu'il est directement déterminé par des causes physiques qui peuvent être évaluées. Les modèles actuels ajoutent cependant toujours une part d'indéterminisme...


Le système climatique comme système complexe couplé des sous-sytèmes: atmosphère, hydrosphère, cryosphère, biosphère et lithosphère, à toutes les échelles du temps et de l'espace (in Christophe Cassou, Formaterre 2007, image 03a de la conférence); ne pas oublier l'homme dans la biosphère.

Un peu de vocabulaire:


L'approche physique du climat repose donc sur un modèle d'un système couplé en équilibre dynamique. Les variations sont donc considérées comme nées d'une contrainte (on parle de forçage) qui peut être externe ou interne au système.

 


forçages naturels externes (signal naturel):
* la variation du rayonnement solaire
(corrélée notamment aux tâches solaires, phénomène invoqué pour le refroidissement du petit âge glaciaire entre les XVI-XVIIIèmes siècles où le nombre de tâches solaires avait diminué)
* les variations des paramètres orbitaux
(excentricité, obliquité et précession) qui sont donc dépendants de la relation de la terre au soleil (son étoile)
* la tectonique des plaques dont l'exemple le mieux connu est l'activité volcanique
(qui modifient la composition de l'atmosphère soit par des gaz, soit par des poussières (on parle d'effet parasol) et autres aérosols... de façon intense (1% du rayonnement solaire) mais sur une durée courte (de quelques années); voir aussi l'uplift-weathering.


forçages naturels internes (bruit naturel):
par rétroaction des sous-systèmes sur le système global. Cet effet est du aux composantes non-linéaires du système.
Trois exemples: El Niño (ou oscillation australe: ENSO), l'oscillation Nord-Atlantique (NAO) , la fluctuation de la circulation thermohaline.


forçage artificiel (anthropique) externe (signal anthropique):
par exemple la perturbation de l'effet de serre
(par le dégagement de gaz à effet de serre dans l'atmosphère), la perturbation de la pénétration des rayonnements solaires dans l'atmosphère (par le dégagement d'aérosols) ou encore les modifications de la surface terrestre (par l'utilisation des sols pour l'agriculture, l'exploitation forestière ou l'urbanisation... modifiant l'albédo). Le signal anthropique est estimé à 1% du rayonnement solaire.






1.3.1- Les climats sont rythmés par les mouvements de la terre autour du soleil

Le soleil est le moteur du climat
(vision un peu mécaniciste qui s'est toujours très bien appliquée aux mouvements des astres)

Pour les données simples sur le rayonnement solaire voir le cours de seconde


Les premières intuitions sur une cause astronomiques des variations climatiques sont rapportées à un mathématicien français: Joseph Alphonse Adhémar, vers 1842, qui faisait intervenir la précession des équinoxes.


Les courbes calculées par Berger (vers 1980), à la suite notamment des travaux de Milankovitch (vers 1930) constituent une théorie astronomique qui fait intervenir principalement la distance au soleil d'un point terrestre pendant une année, ce qui déterminait un ensoleillement plus ou moins intense. La période des variations envisagées est de l'ordre de plusieurs milliers d'années.



Les trois paramètres orbitaux pris en compte sont:
- l'excentricité, qui est la caractère plus ou moins elliptique de l'orbite terrestre, variant entre 0 et 0,07; valeur actuelle = 0,017;
- l'obliquité, qui est l'angle caractérisant l'inclinaison de l'axe de rotation de la terre par rapport au plan de l'écliptique, qui varie entre 22° et 24°30' avec une périodicité d'environ 40 000 ans; valeur actuelle: 23°26';
- la précession qui est le déplacement de la position des équinoxes le long de l'orbite terrestre (due à la rotation de la terre sur elle-même), de périodicité voisine de 20 000 ans, pouvant varier de 0 à 360°. On désigne par périhélie le point orbital d'une planète le plus proche du soleil.
Les géologues ont corrélé les cycles orbitaux avec des cycles sédimentaires.
L'excentricité correspondant à des cycles d'environ 100.000 ans, l'obliquité à des cycles de 41.000 ans et la précession à des cycles de 23.000 ans.

Par exemple voir la conférence Vincent Courtillot : "Le réchauffement climatique" aux Journées Scientifiques 2009 de l'Université de Nantes) dont la photo ci-dessous est extraite.

Alternances de lits de sédiments colorés (rose / blanc / gris / blanc) au niveau d'une plage du sud de la Sicile; les périodes chaudes correspondent à des sédiments rosés et les périodes plus froides à des sédiments grisés. On retrouve les cycles orbitaux avec des périodes courtes (à gauche, numérotées de 45 à 54) de l'ordre de 23.000 ans (correspondant à la précession) et des cycles de période plus longue (à droite, numérotées de 20 à 24) de l'ordre de 100.000 ans (correspondant à l'excentricité). Les maxima de concentration des sédiments en CaCO3 pouvant être corrélés aux minima de l'excentricité avec une période de l'ordre de 400.000 ans.






1.3.2 - Les continents et les océans amplifient les effets astronomiques


1.3.2.1 - La répartition des masses continentales





Plus une masse continentale est compacte (dans un cas extrême il n'y a qu'un seul continent, ou Pangée, comme cela est probablement arrivé plusieurs fois au cours de l'histoire de la terre), plus les circulations circum-équatoriales (qui longent l'équateur) sont réduites, ce qui empêche les échanges thermiques entre les eaux du globe.

Une bonne circulation équatoriale assurent l'homogénéisation des masses d'eau froides en provenance des pôles et des masses d'eau chaudes équatoriales qui ne présentent pas la même densité et qui se mélangent difficilement. Des masses continentales fragmentées et dispersées favorisent un climat moyen tempéré alors que des masses regroupées favorisent un climat moyen froid (période de glaciation avec installation d'un inlandsis sur le ou les continents placés aux pôles).


D'une manière plus complexe on peut signaler l'importance climatique des océans ou plutôt du couplage océan-atmosphère (voir par exemple: L'origine des glaciations, Wallace Broecker, in L'atmosphère, Dossier Pour la Science, Hors série juin 1996, 28-34); la circulation des masses d'air (l'air chaud monte et l'air froid descend) est corrélable (même si les modèles sont extrêmement complexes, on s'en doute, notamment du fait de la fluidité de l'atmosphère) avec la température de surface des eaux marines, elle-même sous la dépendance de sa composition chimique. Par exemple la salinité de l'eau est essentielle: une eau chaude évapore plus d'eau et à tendance à se refroidir (la chaleur latente de vaporisation mesure cette énergie nécessaire pour évaporer de l'eau) tout en augmentant sa teneur en sel (le sel ne passe pas dans la phase gazeuse, il y a distillation), ce qui augmente aussi sa densité (le sel est plus dense que l'eau), ce qui tend à la faire s'enfoncer. Une eau douce de rivière, plus légère, se mélange mal à l'eau salée mais plus facilement à l'eau chaude de surface et tend à faire diminuer la teneur en sel du mélange. Globalement on a dans l'Atlantique une circulation des eaux chaudes et moins salées depuis le sud vers le nord, le long des côtes ouest de l'Afrique et de l'Europe, un réchauffement des masses d'air arctiques au nord puis un courant de retour d'eaux froides et salées du nord vers le sud le long de la côte est des Amériques.


1.3.2.2 - La valeur de l'albédo dépend fortement de la répartition des biomes à la surface de la terre



pour la nature du rayonnement solaire voir par exmple la page sur l'atmosphère


On dit -un peu vite- que la terre et l'atmosphère se comportent comme un corps noir qui piège le rayonnement solaire infrarouge (IR).

L'albédo (du latin albus = blanc) d'une surface est le pourcentage de la lumière solaire incidente réfléchie par cette surface.


L'albédo terrestre, c'est-à-dire de la planète terre, dépend d'une part de la composition de son atmosphère (surtout du fait des nuages et des aérosols qui réfléchissent près d'1/3 de l'énergie solaire incidente) et d'autre part de la nature des surfaces terrestres (la neige réfléchit fortement le rayonnement solaire alors que la végétation l'absorbe pour une grande part).

En période glaciaire, la présence d'inlandsis de grande taille,, augmente fortement la valeur de l'albédo de surface et donc refroidit la terre.


Les biomes sont des groupements de végétaux comme les savanes, les forêts caducifoliées tempérées ou encore les déserts ou les steppes. Les valeurs de l'albédo moyen pour ces types de végétation sont assez stables:
plus de 50% pour une surface gelée;
30-40% pour un désert;
25-30% pour des steppes et semi-déserts;
20-24% pour les savanes;
15-18% pour les forêts de conifères;
5-15% pour la mer








1.3.3 - La teneur de l'atmosphère en gaz à effet de serre est un paramètre essentiel de la régulation de la température atmosphérique




Les gaz dits à effet de serre piègent les rayonnements IR reémis par la terre (albédo).


Or, on observe un décalage dans le temps entre une période d'insolation maximale et une augmentation du rayonnement thermique reémis. On parle ainsi de phénomène d'hystérésis de l'albédo, le terme hystérésis désignant le décalage dans l'évolution d'un phénomène physique par rapport à sa cause.


La contribution de l'atmosphère à l'effet de serre peut aussi varier en fonction de sa composition (par exemple en CO2 émis par respiration par les organismes vivants ou encore par combustion de matière organique par l'activité humaine: déforestation, carburants...).

Voici un tableau présentant quelques sources
et puits de carbone atmosphérique:

 

Depuis 1988, Maureen Raymo, Flip Froelich and Bill Ruddima ont développé un modèle climatique: l'uplift-weathering : «the hypothesis that the late Cenozoic cooling of climate, the Ice Age, was caused by enhanced chemical weathering and consumption of atmospheric CO2 in the mountainous regions of the world, in particular the Himalayas (l'hypothèse selon laquelle le refroidissement climatique de la fin du Cénozoïque, l'âge glaciaire, serait du à l'augmentation de l'érosion chimique et la consommation du CO2 atmosphérique dans les régions montagneuses du globe, en particulier dans l'Himalaya)». Ce modèle donne une place prépondérante au forçage tectonique (la chaîne de l'Himalaya étant une chaîne de collision). Il en séduit aussi beaucoup puisqu'il suppose que la teneur en CO2 atmosphérique est un facteur majeur du climat.


Sources de CO2 atmosphérique
Puits de CO2 atmosphérique
  • activité volcanique
  • altération des roches carbonatées
  • augmentation de la température des eaux (douces ou marines) diminuant ainsi la solubilité du CO2 dans l'eau
  • activités humaines
  • altération des roches magmatiques et métamorphiques (orthose, plagioclases... et autres minéraux dont l'altération consomme des ions HCO3-
  • augmentation de la productivité des organismes à coquille ou à test calcaire
  • baisse de la température des eaux (douces ou marines) augmentant ainsi la solubilité du CO2 dans l'eau
  • augmentation du piégeage du CO2 dans la matière organique avec stockage à plus ou moins long terme dans les roches carbonées (pétrole, gaz, charbon...kérogène)



On peut aussi signaler le rôle des volcans dans l'émission de poussières qui diminueraient l'ensoleillement. 


Remarque:
Les mécanismes à l'origine du CO2 atmosphérique et de ses variations sont fort discutés. Il faut d'abord connaître le cycle du carbone avec la taille des réservoirs, les flux actuels (voir par exemple Comprendre et enseigner la planète terre, Ophrys, 2003, fig 208 p 225) et surtout les hypothèses concernant les premières étapes de l'histoire de la terre. Tous ces éléments dépassent le cadre de ce survol.



(d'après Sciences de la Terre et de l'Univers, col, Vuibert, 2000 - Fig 9,2)



Le temps de résidence moyen d'un atome de carbone dans un réservoir est déterminé en divisant la taille du réservoir par le flux d'échange. Par exemple pour l'atmosphère on obtient un temps de résidence de 4 ans (770/ 90+105). Pour la biosphère marine on trouve un chiffre de l'ordre de 4 à 5 semaines (2/14+6 ou 1/10 +3). Par contre le temps de résidence pour le réservoir des eaux intermédiaires et profondes est beaucoup plus long (38.000 / 100+0,45) soit 378 ans. On notera le faible taux d'exportation du carbone marin par sédimentation (0,45 Gt par an). Mais, comme ce phénomène semble durer depuis des milliard d'années et que le réservoir des roches carbonatées exporte très faiblement (roches sédimentaires métamorphisées puis repris dans les cycles orogéniques ou le volcanisme ou encore la fabrication de ciments par l'homme), ce réservoir constitue de loin le plus grand réservoir terrestre de carbone.


Le rôle de l'homme semble devoir être minimisé en tant qu'être vivant qui consomme environ 0,1 tonne de carbone par an soit 10-10Gt de C.an-1 pour sa nourriture organique, ce qui représente pour 6.109 individus un rejet de l'ordre de 0,6 Gt de carbone.an-1 (1% de la respiration des décomposeurs du sol chiffrée à 55 Gt de C.an-1). Par contre les chiffres de la combustion des hydrocarbures fossiles et de la déforestation sont de plus grande importance.


Remarque:
La différence de taille de réservoir de CO2 entre les eaux de surface chaudes et froides peut sembler aller à l'encontre de la loi de solubilité du CO2 atmosphérique dans l'eau (la quantité de CO2 dissous dans une eau froide est supérieure à celle d'une eau chaude). Mais il s'agit ici de masses de C et donc le chiffre dépend avant tout des masses d'eau. Or les masses d'eau chaudes, intertropicales et basses latitudes, sont plus importantes que les masses d'eau froides des moyennes et hautes latitudes.

Quel est le bilan des perturbations anthropiques sur le cycle du carbone ?


Voici les éléments présentés dans l'ouvrage cité ci-dessus.

On estime que le cycle du carbone est en équilibre avant les perturbations anthropiques récentes.

On considère qu'il y a 2 puits régulateurs essentiels:


* l'océan est le premier puits; si l'on injectait dans l'atmosphère une quantité de dioxyde de carbone équivalente à 100 ans d'activité humaine actuelle (700 Gt de C) et que l'océan était le seul puits, on estime que seulement 1/5 du C injecté resterait A L'ÉQUILIBRE dans l'atmosphère (ce qui provoquerait une augmentation de la concentration de l'atmosphère en CO2 de 20% soit 0,0043%) et que le reste serait absorbé par l'océan (effet Revelle). Par contre on ne sait pas chiffrer précisément le déplacement des équilibres pour les carbonates des eaux marines (CaCO3 par exemple). Il est certain que l'on déplacerait les équilibres mais chiffre ce déplacement se révèle très difficile à approcher, à l'échelle globale. Comme l'homme injecte du CO2 dans l'atmosphère en continu celui-ci n'est donc bien sûr PAS À L'ÉQUILIBRE avec l'océan. On pense qu'en fait l'océan absorberait les 2/3 du C d'origine anthropique excédentaire par rapport à sa simple respiration. Le problème de fond est bien que la production anthropique de C est trop rapide pour que les mécanismes naturels l'évacuent à l'équilibre.

* la biosphère continentale est le deuxième puits; pour l'instant on ne sait pas chiffrer précisément son apport dans l'évolution rapide de la teneur atmosphérique en dioxyde de carbone.


2. Le climat aux grandes échelles de temps (à l'échelle de l'histoire de la terre)

Pour des données plus récentes je vous encourage à télécharger ou à visionner la conférence de Gilles Ramstein (CEA) du 15 février 2006 à l'ENS : La stabilité des climats de la Terre : perturbations naturelles et anthropiques
Vous y apprendrez comment certains modèles (James F. Kasting) tendent à faire jouer un rôle complémentaire au CO2 et au méthane avec les bactéries (fixatrices de CO2 et méthanogènes) comme source des variations de la teneur atmosphérique en ces gaz. Les deux grands épisodes glaciaires (scénario snowball : la terre "boule de neige") il y a 2,4 et 0,7 Ga étant expliqués par les variations conjointes de ces deux gaz à effet de serre. Ultérieurement (depuis 540 Ma), les épisodes glaciaires seraient expliqués par la conjonction de masses continentales à un pôle avec une faible teneur atmosphérique en CO2
Un petit extrait (3,2Mo) sur la robustesse des modèles que l'on fait jouer pour des périodes très anciennes
.

CH4, CO2, O2 et vie

schéma avec légende en anglais extrait d'un article de Scientific American de 2004 sur sa page de biblio.


Tous les principes mis en place dans le chapitre précédent sont à nouveau utilisés. L'actualisme, toujours sous-tendu, impose une prudence dans les interprétations des faits paléontologiques. On s'est bien sûr intéressé aux paramètres des modèles mis en place pour l'explication des variations climatiques récentes (vus dans le chapitre précédent). Voici les résultats les plus marquants pour lesquels nous ne verrons cependant que quelques indices paléoclimatiques.



Une courbe très approximative montrant quelques grandes variations de la température moyenne du globe au cours des temps géologiques estimée à partir des indices géologiques et climatiques des modèles actuellement utilisés en ce début du XXIème siècle
(in Nathan, p 130)


Deux périodes sont particulièrement importantes:


- la période connue la plus froide: du milieu du Carbonifère jusqu'au milieu du Permien, à la fin du Paléozoïque (entre -320 et -270 Ma); plus froide encore que la période glaciaire actuelle.


- la période connue la plus chaude: de la fin du Jurassique (vers -150 Ma) jusqu'à un peu plus du milieu du Crétacé (-80 Ma).



2.1 Des indices géologiques de changements climatiques

Pour des précisions et des corrections sur les documents quelque peu inexacts de certains manuels scolaires voir la conférence de Michel Steinberg : Pertinence de quelques critères sédimentologiques en paléoclimatologie, sur le site de Planet-terre


Des indices de refroidissement
Des indices de réchauffement

 

  • masses continentales regroupées et extension des calottes glaciaires
  • la genèse de chaînes de montagnes importantes comme l'Himalaya (orogenèse) s'accompagne d'une érosion poussée de la chaîne en surrection; l'érosion consomme une grande quantité de CO2 dont la baisse de la teneur atmosphérique peut diminuer l'effet de serre et accentuer un refroidissement
  • de grandes éruptions volcaniques à forte composante explosive injectant dans l'atmosphère des poussières qui peuvent diminuer de façon durable le rayonnement solaire
  • une période de forte productivité organique (attestée par la densité des fossiles ou des accumulations carbonées) peut aussi diminuer la teneur atmosphérique en CO2 et provoquer un refroidissement à plus ou moins long terme par diminution de l'effet de serre

 

  • masses continentales fragmentées et séparées avec une bonne circulation océanique circum-équatoriale
  • abondance de récifs coralliens, de fossiles d'organismes d'eaux chaudes aux latitudes élevées alors que les zones équatoriales sont désertiques et que les mers et lacs s'assèchent donnant des dépôts évaporitiques (halite, gypse: roches salines)
  • des grandes éruptions volcaniques peuvent injecter de grandes quantités de CO2 dans l'atmosphère et favoriser ainsi transitoirement une augmentation de l'effet de serre et un réchauffement provisoire
  • une période de faible productivité organique (attestée par lune diminution des fossiles ou des accumulations carbonées) peut aussi augmenter la teneur atmosphérique en CO2 et provoquer un réchauffement à plus ou moins long terme par augmentation de l'effet de serre

TP: Carbonates, cycle du carbone, altération des roches.... (non fait)



2.2 Les variations du CO2 atmosphérique

Une courbe très approximative montrant quelques grandes variations de la teneur atmosphérique en CO2 au cours des temps géologiques estimées à partir des indices géologiques et climatiques des modèles actuellement utilisés en ce début du XXIème siècle (principalement analyses isotopiques des carbonates des paléosols, des tests de Foraminifères; et la densité des stomates observés sur les feuilles de quelques espèces de plantes fossiles comme Rhachiphyllum, Lepidopteris, Tatarina et Ginkgo - voir Belin exercice n°5 p 254-255)
(in Nathan, p 130; précisé à l'aide du Belin, p 240)


3. Les variations du niveau de la mer
On sait depuis fort longtemps que le niveau de la mer est monté et descendu au cours des périodes passées: pour preuve des évaporites au fond de la Méditerranée ou des grottes provençales comme la grotte Chauvet dont l'entrée est maintenant sous les eaux mais qui ne l'était pas lorsqu'elle a été "décorée"... Depuis quelques dizaines d'années on suit, à quelques centimètres près, par satellite, la hauteur de la surface océanique et on lui trouve une topographie qui n'a pas fini de nous étonner. Mais une fois encore les interprétations sont loin de faire l'unanimité. Voici quelques éléments issus des manuels scolaires...


Pour cette partie le manuel de référence est le Nathan, p 150-152 modifié avec les commentaires du programme (qui comporte un cours, ce qui ne lasse pas de scandaliser... et leur ôte une bonne part de légitimité) et l'encyclopedia universalis (qui n'est pas vraiment au top pour cette partie...)




3.1 Les marges continentales enregistrent les variations des lignes de rivage et donc du niveau marin

Un cycle sédimentaire comprend trois périodes:


1 - la montée des eaux ou transgression pendant laquelle la séquence sédimentaire est la suivante: éléments les plus grossiers comme les galets ou les graviers (donc les plus lourds donc arrachés à la côte et peu transportés) puis éléments intermédiaires comme les sables et enfin les éléments les plus légers déposés en milieu plus profond et moins agité. La fraction biogénique de ces sédiments est toujours importante mais les espèces varient selon le milieu plus ou moins agité et surtout selon qu'il est ou non soumis à l'émersion lors des marées (zone intertidale = zone de balancement des marées).


2 - une période plus ou moins stable de sédimentation pendant laquelle les dépôts sont franchement marins avec des espèces de plateau continental (moins de 200 m de profondeur).


3 - la descente des eaux ou régression pendante la quelle la séquence est inversée par rapport à la transgression.



Remarque:
On désigne par le terme d'eustatisme (ou encore d'eustasie) le phénomène responsable des variations générales du niveau moyen des mers, et l'on qualifie d'eustatique toute montée ou baisse de ce niveau lorsqu'elle a même amplitude dans toutes les régions du globe. Ces variations globales se distinguent ainsi des marées, tempêtes, tsunamis ou encore des éruptions volcaniques pouvant provoquer de brusques variations. Le terme d'eustatisme a été créé par le géologue autrichien Eduard Suess (1831-1914) et désigne de façon historique, et seule adéquate pour certains, ce que certains appellent maintenant le sédimento-eustatisme qui serait essentiellement du à la quantité de sédiments accumulés dans les bassins océaniques.
L'interprétation de la sédimentation au niveau des marges se complique étant donné que d'une part la marge n'est pas stable mais qu'elle peut s'enfoncer: c'est la subsidence; et ensuite que les apports sédimentaires ne sont pas non plus forcément réguliers et enfin que le niveau marin n'augmente pas non plus régulièrement et son sens de variation peut même s'inverser temporairement...




Au cours du Quaternaire on a des cycles sédimentaires de faible amplitude (une dizaine de mètres de dépôts), de courte durée (10.000 ans) avec une variation du niveau marin rapide (0,1 cm.an-1).


Au Crétacé on a des cycles sédimentaires de forte amplitude (parfois plusieurs centaines de mètres de dépôts), de longue durée (des dizaines de millions d'années) avec des variations de niveau marin estimées très lentes (0,001 cm.an-1).






3.2 Les variations de niveau marin seraient d'abord dues aux volumes des bassins océaniques, ensuite aux volumes des glaces et secondairement à la dilatation thermique de l'eau



On pense que le niveau mondial des mers est contrôlé par le volume d'eau des bassins océaniques.


On peut estimer que le volume d'eau total entre les trois réservoirs de la planète atmosphère-hydrosphère-lithosphère (voir page sur l'hydrogéologie) est resté fixe depuis leur formation initiale vers 4,5 Ga.


Dans ce cas, les variations de volume de l'eau de mer, principal réservoir (80% du volume total de l'eau terrestre ? mais cela dépend grandement des estimations données pour la lithosphère qui ont tendance singulièrement à augmenter ces dernières années) sont répercutées de façon importante sur les réservoirs secondaires comme l'atmosphère et les eaux douces, dont les glaces, qui ne représentent que 2,3% du volume total de l'eau terrestre





Un cycle de l'eau
(d'après Tardy) sur terre.


Réserves (en 1020g) en eau de l'atmosphère (0,13), l'hydrosphère (≈14.000) et de la lithosphère (40 à près de 10.000 selon les estimations)

Les chiffres en rouge sont les tailles des réservoirs (en 1020g - voir le tableau (planète bleue) pour d'autres chiffres) et les chiffres en vert sont les flux d'eau (en 1020g pour une année).


remarque:
les données pour la croûte (ici
40) peuvent atteindre (en 1020g) 2.430 + 1500 pour le manteau et même entre 4.500 et 8.500 pour ce dernier....ce qui ferait de la lithosphère un réservoir comparable à l'hydrosphère (voir planète bleue)

Une conférence à recommander: La fonte des glaciers, des glaces de mers et des glaces continentales, Frédérique Rémy, glaciologue à suivre sur Canal-Académie :
«Les glaciers de montagnes ne fondent pas à la même vitesse que les glaciers polaires ! La mer de glace (Mont Blanc) a reculé de 9 kilomètres depuis 1850 ! En revanche, les glaces continentales de l'Arctique et de l'Antarctique, ont un temps de réaction de 100 000 ans... Ce que nous observons aux pôles est en effet la conséquence de perturbation climatiques très lointaines.»


On notera qu'au niveau des océans le bilan annuel des précipitations par rapport à l'évaporation est négatif (-0,4) (plus d'eau évaporée (4,25) que d'eau reçue (3,85) ) alors que le bilan est positif (+0,4) pour les précipitations (1,11) par rapport à l'évapotranspiration (0,71) au niveau des continents.

Les flux précipitations-évaporation s'annulent globalement entre les océans et les continents. Aucune eau n'entre ni ne sort des autres réservoirs... et pourtant de l'eau est sans aucun doute emmenée avec les roches sédimentaires dans la lithosphère profonde notamment au niveau des zones de subduction. De même de l'eau profonde est injectée avec les roches magmatiques en surface...


L'importance estimée des trois phénomènes qui seraient responsables des variations du niveau marin sont présentés ci-dessous (issu principalement de Nathan p 151):
facteur de variation
volume des bassins océaniques
volume des glaces*
dilatation thermique de l'eau de mer
amplitude de variation du niveau marin pour chaque facteur (en m)
150 - 300
20 - 120
0 - 10
vitesse de variation du niveau marin estimée pour chaque facteur
0,0001 - 0,001 cm.an-1
= 0,1 à 1 cm.kan-1
0,1 à 1 cm.an-1
(actuellement entre 0,5 et 0,7 mm par an)
1 cm.an-1
échelle de durée pour l'utilisation du facteur dans les modèles
1 à 10 Ma
100.000 à 10.000 ans
1.000 à 100 ans
quelques cause(s) de variation du facteur (variables selon les modèles)
causes tectoniques parmi d'autres causes géologiques

* intensité de la sédimentation;
* intensité de l'activité et volume des dorsales (accrétion à l'axe de la dorsale)
* intensité de la convection mantellique

causes climatiques (et donc astronomiques) et géologiques

température moyenne de l'atmosphère et présence de continents aux pôles


* seules les glaces continentales en fondant peuvent augmenter le niveau marin (mais certaines glaces d'origine continentales, encore accrochées au continent (Antarctique par exemple) flottent et ressemblent fort à de la banquise qui n'est que de l'eau de mer gelée et qui ne participe pas en fondant au changement du niveau marin)
causes climatiques (et donc astronomiques) et géologiques

température moyenne de l'atmosphère et régime des courants océaniques

Ecouter une conférence: L'évolution du niveau des océans, par Anny Cazenave de l'Académie des sciences, juin 2009


Remarque:
les points de désaccord entre géologues concernent la hiérarchie des différents phénomènes et les relations de causalité qui les relient entre eux. La sédimentation est-elle une conséquence ou un moteur de la subsidence ? (Ici elle est considérée comme une conséquence.) La subsidence est-elle déterminée par le refroidissement de la plaque, par son entraînement par les courants mantelliques ou encore par le taux d'accrétion à l'axe de la dorsale...? Les modèles n'ont pas finis de changer.


TD - Histoire et niveau de la mer

d'après Jacques Labeyrie, L'homme et le climat, Denoël, 1985, ch 5 p 155-173




Le golfe persique (mer du "lever du soleil" pendant la remontée holocène du niveau de la mer
(in Labeyrie d'après Iranian Oil Co. Map, 1957)
Le Tigre et l'Euphrate traversaient le golfe persique
et étaient probablement réunis en un cours unique (hypothétique) représenté ici
en bleu.
La Mésopotamie est le pays situé "entre les fleuves"
(méso = milieu et potamos = fleuve), entre les deltas du Tigre et de l'Euphrate: c'est un pays de marécages , de roselières et quadrillé de canaux: l'Irak actuel.


Les Sumériens, des riverains du golfe Persique chassés par la montée du niveau de la mer ?


Les Sumériens sont connus pour avoir développé une civilisation mésopotamienne florissante. C'est une des premières, si ce n'est la première, des trois grandes civilisations avec la celle de la vallée de l'Indus et celle de l'Égypte. On leur doit les premières grandes citées connues (Ur, Uruk...) et la première écriture de type cunéiforme. Mais aussi d'innombrables connaissances utilisées actuellement encore comme le système sexagésimal de la division de l'heure en 60 minutes et de la minute en 60 secondes ou encore l'invention de la roue dont l'origine, datée d'environ -3500 ans avant Jésus Christ, est située en Mésopotamie. La naissance de l'écriture marque, rappelons-le, le début de l'histoire.

De nombreux historiens pensent que la Bible, dans le livre de la Genèse (XI, 1) désigne explicitement la migration des sumériens quand elle écrit: «Partis de l'Orient, les hommes trouvèrent une plaine dans le pays de Shinear (la Babylonie) et ils s'y installèrent». En tout cas les historiens s'accordent pour dire que les Sumériens arrivèrent de l'Est (Orient) et trouvèrent déjà une civilisation florissante qu'ils dominèrent au début du IIIème millénaire avant Jésus Christ.


Leur montée dans la vallée de la Mésopotamie semble pouvoir être corrélée à la montée du niveau marin qui les chassait vers le Nord Ouest. La remontée des eaux s'arrêta vers 3450 ans avant Jésus Christ (et correspond à peu près au niveau actuel car on pense que la montée des eaux à été suivie localement d'une descente de l'ordre de 3-4 m) et c'est donc là que les tribus se fixèrent et formèrent probablement la première population sumérienne de Mésopotamie. Leur contrée d'origine se situerait alors sur les rives du golfe persique "rétréci", au sud-est de l'Iran actuel.

Des recherches archéologiques sous-marines dans les eaux peu profondes du golfe persique seraient bienvenues pour tester cette hypothèse.




4. Bilan et futur




Le changement climatique est toujours à l'œuvre



Je recommande un petit livre qui ne paie pas de mine (reliure pitoyable et iconographie illisible) mais dont le contenu est intéressant, bien que pas toujours clair : Les climats de la terre au cours du temps, PUF, 2007.
Loin du ton alarmiste des média, ce recueil d'interventions de personnalités scientifiques (Andrée Dagorne, René Dars,Vincent Courtillot, Nicole Petit-Maire, Hervé Le Treut, Claude Allègre et Jean Aubouin), permet à un scientifique de se faire une véritable opinion.


Ce qui paraît être certain:
- depuis le début du XIXème siècle, l'époque actuelle correspond à une période de réchauffement climatique, tout à fait habituelle dans l'histoire de la terre, qui va de pair avec une élévation du niveau marin moyen (10 à 20 cm au cours du XXème siècle), non moins habituelle;
- depuis 1980 (ou peut-être 1960), il y a une forte augmentation de la teneur en CO2 de l'atmosphère, dont l'origine est probablement anthropique;
- depuis cette même période (vers 1980) on observe une certaine instabilité de l'activité solaire.

Les climats de la terre au cours du temps, collectif, Académie Européenne Interdisciplinaire des Sciences Nice-Côte d'Azur, PUF, 2007, 10 euros (ISBN 978-2-9519-1046-1)





Les explications des intervenants (géologues, climatologues, géographes):
1 - les variations climatiques (température, niveau des mers, activité solaire...) de l'époque actuelle restent dans le cadre de l'évolution naturelle des climats, mais on pourrait dire que le climat semble entrer dans une phase d'instabilité:
+ l'augmentation de température actuelle fait partie du réchauffement naturel post-glaciaire initié vers -18.000 ans et n'a pas encore atteint son optimum climatique (comme au Moyen-Age); cependant les limites des zones climatiques se sont sans aucun doute déplacées lors des différents épisodes distingués au cours de la période de réchauffement, comme en témoigne l'avancée du désert du Sahara vers le Nord (marquée par les ruines des villes romaines actuellement en plein désert).
+ la variation de l'activité solaire (qu'elle soit normale, cyclique, ou anormale) est une cause déterministe encore tout à fait envisageable. Il s'agirait alors d'un forçage naturel externe (
signal naturel), qui reste actuellement mal appréhendé.
2 - la teneur en CO2 de l'atmosphère n'avait, avant les conclusions du GIEC (voir ci-dessous) jamais été appréhendée comme la CAUSE des variations de la température de l'atmosphère mais bien comme une conséquence du réchauffement, dû lui-même à d'autres causes. La participation du CO2 à l'effet de serre est certes importante, mais il ne faut pas oublier que c'est la vapeur d'eau qui est responsable à 98% de cet effet de serre.
Il est possible que le changement de point de vue au sujet de l'importance du CO2 résulte des avancées dans la compréhension de l'atmosphère primitive terrestre et de ses rapports avec les premiers épisodes de la vie (voir ci-dessus notamment les travaux de Gilles Ramstein, extrait vidéo).



Une conférence intéressante sur le rôle du soleil dans le climat par Thierry Dudok de Wit sur canal-académie

Je recommande aussi la conférence "Le réchauffement climatique" de Vincent COURTILLOT aux Journées Scientifiques 2009 de l'Université de Nantes, bien loin du battage scientifico-politico-médiatique

 

 

 

Je tiens à souligner combien le terme de climato-sceptique employé par les média est ici totalement déplacé, aucun des intervenants ne contestant les évolutions climatiques en cours, ou le bien fondé de la limitation du dégagement anthropique de CO2.


Changement climatique (ou évolution climatique) mais pas uniquement réchauffement


Le rapport de 2001 du GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat = IPCC = Intergovernmental Panel on Climate Change) propose des scénarios d'évolution climatique et fournit des estimations à l'horizon 2100 de +1,4°C à 5,8°C d'augmentation de la température moyenne du globe.


Les modèles du GIEC sont d'abord bien évidemment autrement plus riches que la simple annonce de l'augmentation de la température moyenne du globe, notion quelque peu floue et contestable (nombre et lieux des points de mesure, périodicité...), rapportée souvent de façon naïve par les média.

À l'échelle géologique (du quaternaire) le réchauffement global semblait être un fait, mais son évolution future est loin de faire l'unanimité (voir Grudd ci-dessous). De plus, que ce changement éventuel soit perceptible comme tel, cela est nettement plus délicat. Pour l'homme, il s'agit surtout d'une période d'instabilité climatique. Pour les êtres vivants il semble que le réchauffement soit une certitude. Son étude a même été à l'origine d'un formidable élan pour l'écologie scientifique qui devient vraiment évolutive et s'ouvre à de nouvelles perspectives.




(
vidéo RalPlayer)
Conférence publique du 15 janvier 2008 à l'Académie des Sciences par Henri Décamps, Correspondant de l'Académie des sciences, dans le cadre du cycle "Les défis scientifiques du 21e siècle" : "
Comprendre les effets du changement climatique sur les êtres vivants : la question des mécanismes en jeu"


Pour replacer correctement dans son contexte évolutif les changements de biodiversité et l'impact de l'homme (principalement socio-économique), je recommande l'écoute de l'émission de Christian Levêque, auteur de : La biodiversité au quotidien; Le développement durable à l'épreuve des faits, 2008, Quae) sur CanalAcadémie : Toutes les espèces sont-elles utiles ?

Le GIEC pense que le réchauffement des dernières décennies est dû à l'effet de serre, lui-même dû au CO2 anthropique... ce que l'on est en droit de contester.


Le rapport de 2001 du GIEC impute à l'homme l'augmentation du CO2 et établit un lien très fort entre cette augmentation du CO2 et le scénario de réchauffement climatique envisagé, alors principalement dû à une augmentation de l'effet de serre.
Le rapport de 2007 va toujours dans le même sens et affirme encore plus nettement que la cause probable de ce changement climatique est l'activité humaine (
forçage anthropique).

 

Pour les versions officielles voir http://www.ipcc.ch/ languages/ french.htm

Pour les sceptiques (ou du moins ceux qui émettent des objections aux conclusions du GIEC), voir par exemple:
le site climat-sceptique
http://www.climat-sceptique.com/ article-19023126.html (site qui n'est plus mis-à-jour)
ou le site Changement Climatique:
http://skyfal.free.fr/?cat=3


Pour ceux qui utilisent ce vecteur: le forum de futura-sciences (fermé, mais il contient de très bonnes choses) sur le réchauffement climatique est à l'adresse http://forums.futura-sciences. com/thread 156963.html
La Société de Calcul Mathématique, s'est toujours rangée du côté de ceux qui estiment que les calculs concernant le facteur anthropique sont biaisés. Voir par exemple : http://www.scmsa.eu/rechauff0.htm, ou http://www.scmsa.eu/archives/SCM_RC_2015_08.pdf pour sa dernière production d'août 2015


Les faiblesses de la modélisation climatique, utilisée notamment par les experts du GIEC, viennent de la difficulté de tenir justement compte de l'eau des nuages et des océans, ce qui rend l'argumentation sur l'importance du CO2 moins convaincante. En tout cas, l'augmentation du CO2 ne peut jouer un rôle significatif que depuis 1960, voire 1980 (et non dans les autres variations quaternaire).


Ce qui est le plus souvent contesté, dans les scénarios du GIEC, c'est de faire reposer le réchauffement climatique, pour les décennies prochaines, sur l'augmentation du CO2, dû lui-même à l'action de l'homme. D'éminents géologues pensent que le réchauffement climatique inéluctable n'a pas pour cause l'augmentation de l'effet de serre et que les modèles sont biaisés.
Dire qu'il existe un consensus scientifique sur le signal anthropique est FAUX, bien que politiquement correct.
Par contre, tout le monde est d'accord pour limiter le rejet des gaz à effet de serre.


Deux articles sont parus dans Science in School, revue scientifique européenne (en anglais) à destination des scolaires, et éditée par l'EIROforum (réunion de 7 organismes scientifiques européens). Ils sont dans la ligne du GIEC mais argumentent sérieusement les habituelles affirmations sur le changement climatique (disponibles en anglais et en français):
- Sur la piste des facteurs anthropiques dans le réchauffement global
-
Les preuves du changement climatique

Pour suivre les polémiques, voir par exemple le dossier du magazine La Recherche: Enquête sur les experts du climat, Nicolas Chevassus-au-Louis, La Recherche, 370, Décembre 2003, 59-63... ainsi que les échanges des courriers des lecteurs qui ont été publiés dans les numéros suivants... plus récemment: Dossier La Recherche: Le défi climatique, 31, mai 2008.

En 2009 la voix de Vincent Courtillot ne peut être ignorée :
"Le réchauffement climatique" conférence donnée aux
Journées Scientifiques 2009 de l'Université de Nantes.
en vidéo


Parler de réchauffement global n'a peut-être aucun sens:


Les calculs plus précis que ceux du GIEC de la température minimale moyenne journalière en Europe sur 44 stations, et de la température minimale moyenne (glissante sur 3 ans) de 150 stations aux USA, donnent des résultats forts différents de ceux du GIEC
.

Les variations du CO2 qui suivent les variations de température enregistrées dans les glaces de l'Antarctique sont maintenant clairement interprétées : les augmentations de CO2 sont la conséquence du réchauffement climatique et non leur cause

 
Écoutez les mots de V. Courtillot


Les courbes de températures moyenne des derniers millénaires en Europe sont fausses et doivent être corrigées:


Courbe de
Moberg corrigeant la courbe dendrochronologique de Mann



Résultats de
Grudd (2008, article accessible) qui utilise la densité du bois et non plus l'épaisseur des anneaux de croissance (qui diminue fortement avec l'âge de l'arbre ce qui conduit à surestimer le réchauffement des dernières décennies estimé à partir d'arbres plutôt jeunes). Les variations tranchent avec les données précédemment publiées.


Fig. 12 La courbe bleue épaisse est la nouvelle reconstruction des maximums de densité (MXD) sur le site de Torneträs pour les température d'avril à août. L'intervalle de confiance de 95% en grisé correspond à celui de la Fig.5 (voir article). Le nouvel enregistrement est comparé à deux reconstructions des enregistrements de température précédemment publiées et basées sur les anneaux d'accroissement de Torneträs : la courbe fine rouge est celle de Briffa et al. (1992) basée sur les l'épaisseur continue des anneaux d'accroissement (TRW: tree-rings width) et les maxima de densité (MXD). La courbe en tiretés est issue de Grudd et col. (2002) et correspond aux seuls résultats TRW. Les trois reconstructions sont également lissées avec un filtre à 100 ans et utilisent les années 1951-1970 comme période de référence commune.
Cette courbe de la variation moyenne de température des deux derniers millénaires est valable pour le nord de la Suède (dendrochronologie rectifiée,
Grudd 2008, article disponible ici). Mais elle peut probablement être considérée aussi comme valable pour l'Europe entière (voir données historiques de Leroy-Ladurie: écoutez-le par exemple sur Canal-Académie: Peut-on écrire l'histoire du climat ? et lisez le texte intégral de sa communication).

Il ne s'agit donc PAS de lutter contre le réchauffement climatique mais de contrôler nos rejets de déchets, y compris de CO2


L'expression "lutte contre le réchauffement climatique" fleurit depuis le sommet de Copenhague de 2009. Elle n'a de sens que si l'on donne un rôle majeur au facteur anthropique ce qui est loin de faire l'unanimité (voir ci-dessus). Elle ne peut, en outre, être comprise de tout scientifique que comme une prétention inadmissible. Elle est donc à proscrire.
L'augmentation du CO2 atmosphérique n'est pas un bien pour le développement de l'humanité sur terre et le développement durable
(un développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs) exige des efforts pour limiter les rejets anthropiques de CO2, au même titre que la pollution, le stockage des déchets, la recherche d'énergies renouvelables...C'est le travail d'une POLITIQUE (les sources de dioxyde de carbone anthropiques étant d'abord le charbon (pour l'énergie), puis la déforestation (pour l'énergie et l'agriculture) et loin ensuite les transports...).

Les rapports du GIEC ont largement contribué à la mise en place du protocole de Kyoto en cours. Et l'attribution du Prix Nobel de la paix 2007 à ses promoteurs n'est peut-être pas imméritée. Mais ce ne peut être qu'un début.



La lutte contre l'émission de gaz à effet de serre (et non contre le réchauffement climatique), qui s'insère dans des politiques de développement durable, est sans conteste, moralement bonne (il y a une «responsabilité commune de protéger la nature»). Mais, comme toute politique, elle ne doit pas oublier qu'elle est au service du développement de l'homme, de tout l'homme, dans ses dimensions biologique, sociale, économique, politique ... et spirituelle*.




* Un journaliste à fait une compilation éclairée des sources chrétiennes de l'écologie: L'écologie de la Bible à nos jours : Pour en finir avec les idées reçues, Patrice de Plunkett, 2008, éd. L'œuvre
Pour une approche des idées de l'auteur je conseille une conférence sur Canalacadémie:
Regards croisés sur l'écologie et développement durable (1/2); La vision chrétienne de l'écologie, avec Patrice de Plunkett
Il s'agit donc d'un "développement plus que durable" selon les mots de la conférence des évêques de France.

un livre à recommander:
Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête
Sylvie Brunel et Jean-Robert Pitte (dir.)
J Lattès, 2010, 350 p., 19 ¤

L'incontournable : "Laudato si'" du pape François.


les chrétiensindignés : un site écolo-humano

Résumé

Le sujet concerne le climat du passé. Le climat est défini par les caractéristiques habituelles de la succession dans le temps des états de l'atmosphère au-dessus d'un lieu. Il faut donc trouver des archives pour chaque période envisageable. Ensuite essayer de trouver un modèle qui rende compte de la régularité du climat. Enfin il restera à faire jouer le modèle pour réaliser des prévisions dans le futur.

* La période qui couvre les 700.000 dernières années ne correspond pas exactement à ce que l'on appelle une époque dans l'échelle des temps géologiques car elle est à cheval sur la dernière époque, la plus courte qui va de l'actuel jusqu'à 11.500 ans et qui est l'Holocène et sur la période précédente: le Pléistocène qui remonte de 11.800 ans à 2,6 ou 1,8 Ma, selon les auteurs. L'ensemble Holocène-Pléistocène est depuis 2008 une période : le Quaternaire.

Pour cette période, la plus récente, les archives sont nombreuses et assez bien conservées. Les premières indications sur les climats du passé sont données par les fossiles issus des êtres vivants dont les caractéristiques et les associations sont d'excellents indicateurs paléoclimatiques. En milieu continental on retrouve ainsi de nombreux fossiles de grands Mammifères et de Rongeurs, sans oublier les Hominidés. Les pollens nous renseignent aussi sur les associations végétales en période estivale. On peut ainsi dire qu'en Europe, les derniers 11.500 ans correspondent à un fort réchauffement avec un retrait des glaces et une remontée du niveau marin. En milieu océanique les variations sont beaucoup plus fines mais on a quelques indicateurs paléoclimatiques comme certaines espèces de Foraminifères dont le sens d'enroulement de la coquille dépend de la température de l'eau de mer dans laquelle ils vivent. Mais il ne faut pas oublier que la température de l'eau de mer n'est pas un paramètre relié directement au climat. Les données fournies directement par les terrains continentaux (données lithologiques) sont aussi précieuses: trace de la présence de glaciers ou de la remontée du niveau des mers modifiant les profils d'équilibre des rivières et déplaçant les terrasses alluviales.

Mais les progrès les plus récents viennent de l'analyse isotopique fine des carottes de glace et de sédiments marins de cette période. En effet on possède deux paléothermomètres isotopiques dont l'utilisation reste cependant délicate.
Le
18O est le rapport entre l'isotope 18 et l'isotope 16 de l'oxygène dans un échantillon rapporté à un standard calculé pour une eau de mer moyenne. L'isotope le plus lourd se concentrant dans les phases les plus denses lors des changements de phase de l'eau, on estime ainsi la température de formation de la neige qui a donné naissance à la glace récupérée dans les calottes (le 18O de la neige diminue avec la température de formation de celle-ci). Le temps est ensuite estimé grâce aux variations annuelles des isotopes et grâce au degré de compaction de la neige en fonction de la profondeur. Actuellement les carottes les plus longues permettent de remonter à plus de 700.000 ans, couvrant ainsi la période de notre étude.
On peut aussi estimer le
18O dans l'eau de mer à partir de la mesure du 18O dans les carbonates des tests des Foraminifères retrouvés dans les carottes sédimentaires. Pour des températures de l'eau de mer comprises entre 10 et 30°C la différence entre le 18O dans les carbonates et l'eau de mer (déplacement isotopique) est d'environ -1 ‰ lorsque la température augmente de 4°C.

Les résultats obtenus pour l'ensemble de cette période ne sont pas vraiment des données météorologiques auxquelles on est habitué de nos jours mais de grandes tendances et des variations. Ils correspondent à une suite de réchauffements et de refroidissements d'amplitude variable (de quelques degrés à près de 20°C) et de période variable (20.000 à près de 100.000 ans). Le réchauffement global il y a 11.500 ans s'intègre dans ces variations.
Le modèle explicatif le plus courant, du au travail de pionnier de Adhémar (1842) puis Berger (vers 1980) fait reposer les principales variations sur les cycles astronomiques calculés à partir des trois paramètres classiques: excentricité de l'orbite terrestre qui mesure son caractère plus ou moins elliptique), obliquité de l'axe de rotation de la terre par rapport au plan de l'écliptique (ce sont les variations de l'inclinaison) et précession, déplacement de la position des équinoxes le long de l'orbite terrestre. Les modèles mathématiques obtenus rendent très bien compte des principales variations de l'ensoleillement et donc de la température de l'atmosphère pour ces derniers 700.000 ans. Les variations fines et locales sont ensuite expliquées à partir des paramètres secondaires qui sont d'abord l'albédo (rayonnement infrarouge réémis par la terre et exprimé en % du rayonnement solaire incident), puis de la teneur en CO2 de l'atmosphère. Une augmentation de l'albédo est corrélée à augmentation de la surface des inlandsis et à une diminution de la végétation qui favorise une baisse de température. Le CO2 produit par les organismes continentaux et marins et piégé dans les sédiments est responsable de l'effet de serre. Les variations de ces paramètres continentaux et océaniques amplifient les effets astronomiques mais avec un décalage dans le temps qui est surtout net pour l'albédo au sujet duquel on parle d'hystérésis.


Autres sources :
Manuels scolaires, Didier, Nathan, Belin
Dossier Pour la Science: Le temps et les datations, HS 42, Janvier-mars 2004:
- La datation par le carbone 14, Carlo LAJ, Alain MAZAUD et Jean-Claude DUPLESSY, HS42, janvier-mars 2004, pp 50-53
- Des dates fiables pour les 50.000 dernières années, Edouard BARD, Guillemette MENOT-COMBES et Gilles DELAYGUE, HS42, janvier-mars 2004, pp 54-59,
- La datation des archives glaciaires, Jean JOUZEL et Frédéric PARRENIN, HS42, janvier-mars 2004, pp 61-65
- La datation par les fossiles, Sevket SEN, janvier-mars 2004, pp 39-43
L'homme et le climat", Jacques Labeyrie, Collection Points Science, Denoël, 2ème édition, 1993... un classique incontournable accessible à tous dans lequel j'ai puisé la plupart des données présentées.
Pour l'actualité: Enquête sur les experts du climat, Nicolas Chevassus-au-Louis, La Recherche, 370, Décembre 2003, 59-63
ou Le climat peut-il basculer ? Edouard Bard, La Recherche, 373, mars 2004, 30-37; pour une nouvelle corrélation entre 13C/12C des tests de foraminifères benthiques et un indicateur appelé "ventilation profonde" de l'océan qui dépendrait de la circulation des masses océaniques profondes (un rapport isotopique faible étant CORRÉLÉ à une moindre ventilation et donc à un refroidissement).
Encyclopedia Universalis: article "paléoclimatologie"
Remarque:
L'article de Gavin Schmidt: "La fulgurante ascension du méthane", La Recherche, 378, septembre 2004, pp 48-53; n'est pas utilisable (la courbe de la fig.1 corrèle la teneur en méthane (CH4) avec la température (moyenne ?, estimée d'après quels marqueurs ?...) au cours des derniers 450.000 ans. Le méthane n'est pas un paléothermomètre (sauf pour la recherche) tant que l'on ne connaît pas de lien physique entre sa teneur dans les bulles des glaces et la température de l'atmosphère, même si la corrélation positive semble nette. Par contre il est évident que c'est un des deux pôles essentiel (avec le CO2) de l'évolution de la matière organique sur terre et que son rôle dans l'effet de serre n'est pas négligeable.