approche du temps en biologie et géologie :
le temps et la durée

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Et si jamais ce chapeau introductif du programme ("Approche du temps en biologie et géologie") était plus qu'un artifice. Si jamais les membres du GTD (groupe technique disciplinaire chargé d'élaborer les programmes) cherchaient vraiment à unifier une approche discontinue de notre enseignement sur la terre et la vie (ce qui est illusoire car le temps, à mon avis, loin d'unifier, sépare au contraire les systèmes vivants des autres systèmes). Si ce chapitre était le reflet de questions que se posent vraiment nos contemporains.

En tout cas, merci pour cette merveilleuse occasion de philosopher.


Le temps est plus qu'un paramètre physique. Le temps mérite toute l'attention des apprentis philosophes que nous sommes. Ces quelques lignes pour vous faire réfléchir, avec Bergson, principalement. La pensée du temps peut être une expérience intérieure qui vous mène à l'être. Je vous propose un voyage en trois étapes: matière non vivante, vie, conscience.


Une introduction peut être faite par le visionnage du film de Marc LACHIEZE-REY, Etienne KLEIN et Hervé LIEVRE: Quels temps font-ils ? Une introduction au temps des physiciens; en ligne sur le site du CERIMES (téléchargeable gratuitement)
2007 - année Bergson - centenaire de la publication de l'Évolution créatrice- je vous encourage, en plus de lire ses ouvrages (Essai sur les données immédiates de la conscience, au minimum), à suivre par exemple l'
émission sur canal académie consacrée à l'Évolution créatrice: http://www.canalacademie.com/L-Evolution-creatrice-d-Henri.html

Plan

1ère étape: mesurer le temps à l'aide de systèmes matériels non vivants

2ème étape: des sources de temps multiples dans le vivant

3ème étape: vers un temps qui dure... le temps continu


Annexe: quelques extraits de textes sur le temps

Conclusion


1ère étape: mesurer le temps à l'aide de systèmes matériels non vivants


Doit-on parler de "mesurer le temps" actuel ou plutôt de générer le temps ? Source de temps, générateur de temps, ou encore garde-temps sont des mots que l'on rencontre de plus en plus souvent...

La mesure du temps est toujours celle d'un mouvement, d'une oscillation. Donc le temps mesurable est lié à la matière. Aucun générateur de temps n'est donc parfait (sans frottement, totalement uniforme...). Il faudra chercher ailleurs une source de temps.

Il n'y a pas quelque part, une horloge unique qui décompte sans erreur, de façon uniforme et éternelle, le temps. Aucun mouvement de la nature n'est totalement uniforme, isolé totalement de tout autre système, insensible à l'observation, transportable...

Les hommes, en cherchant un temps universel, recherchent donc un système naturel qui leur permette de mesurer, de façon reproductible, le plus précisément possible, le paramètre temps de tout phénomène dynamique. L'homme a donc trouvé plusieurs solutions consensuelles, selon l'usage qu'il fait du temps.


Générateurs de temps

Le système solaire

C'est le plus grand générateur de temps disponible pour l'homme. Il a longtemps suffit pour la précision des applications scientifiques (mais ses oscillations (quelques millisecondes de variation saisonnière par exemple), pour être modélisables, n'en sont pas moins gênantes).


Depuis que les communications sont suffisamment rapides, on utilise une heure de référence sur qui est celle du temps universel (U.T., voir plus bas) et l'heure solaire en chaque lieu a été remplacée par une heure légale uniforme sur un fuseau horaire (la terre étant divisée en 24 fuseaux horaires de taille identique, le méridien de Greenwich, près de Londres, définissant l'heure zéro G.M.T. (Greenwich Mean Time), acceptée au congrès de Washington (1884), mais la France ne délaissa l'heure établie par le passage du soleil par le méridien de Paris qu'en 1911; le méridien antipode de celui de Greenwich, dans le Pacifique, à l'aplomb de la Nouvelle-Zélande, est celui choisi pour le changement de date).

Dans certains pays, on a compliqué le système par l'utilisation d'heures d'été et d'hiver, très contestables. Ainsi, le temps civil ne suit que très approximativement le système théorique des fuseaux horaires. La France, par exemple, a pour temps civil d'hiver le temps du fuseau de l'Europe centrale, dans lequel aucune partie de son territoire n'est cependant placée.


Les calendriers utilisent soit l'année solaire soit le mois lunaire, qui semble être la plus ancienne division du temps utilisée. Il ne faut pas oublier que les lunaisons, qui figurent toujours dans nos calendriers imprimés, sont essentielles pour nos calculs de marées ou encore déterminent les dates de nombreuses fêtes religieuses, chrétiennes ou musulmanes. Le mois lunaire est d'une durée moyenne de 29 jours 12 heures et 44 minutes, dans l'échelle T.A.I. (Temps Atomique International, voir plus bas).

L'année solaire est une division qui repose sur une rotation complète de la terre autour du soleil qui dure 365 jours 6 heures 9 minutes et 9 secondes, dans l'échelle T.A.I.. L'année légale actuelle, approchée, est de 365 jours avec l'addition d'un jour tous les 4 ans (année bissextile) et la suppression d'un jour tous les 400 ans.


Le calendrier solaire grégorien en usage en Occident, fait commencer l'année zéro à la naissance du Christ. L'année en est plus ou moins contestée historiquement.
Beaucoup souhaitent l'adoption d'un nouveau calendrier unique, probablement lunaire.


Les chronomètres, pendules, horloges et autres montres...

...qui comportent toujours un système mécanique ont aussi une précision bien suffisante pour l'usage courant, malgré leur sensibilité à la température et à la pression (selon les modèles, il pouvait y avoir de une à quelques dizaines de secondes d'écart journalier).

L'ajout d'une source d'énergie électrique (mécanismes mus par l'électricité) en a même grandement augmenté la précision qui atteint la seconde mensuelle, voire annuelle pour certains modèles.


Générateurs de temps électroniques et atomiques

L'adoption de générateurs de temps électroniques (quartz pulsé par une pile...), puis atomiques (basés sur la fréquence de résonance de certains atomes) a permis d'atteindre des précisions encore meilleures. Les générateurs de temps de laboratoire actuels (dits étalons de fréquence ou horloges atomiques selon leur précision et usage) atteignent couramment des précisions de l'ordre de la seconde pour 1014 à 1012 secondes (soit environ 1 seconde de décalage (en retard ou avance) sur 30.000 à 3.000.000 ans).

Mais il est difficile de comprendre ce que signifie cette précision qui n'est pas celle d'une mesure d'un objet réel mais bien la stabilité d'un mouvement sur une période d'observation. Ainsi la précision d'un horloge atomique dépend du temps d'observation du système car l'observation perturbe le système. Pour des temps d'observation typiques d'une durée de 1000 s on atteint une précision (c'est-à-dire une variation dans l'uniformité du mouvement) de l'ordre de 10-14.

Le système solaire est par contre insensible à l'observation que nous en faisons. Il ne faut donc pas penser en terme de précision absolue mais en terme de précision (et d'uniformité du signal), pour un usage donné.


Non pas une échelle de temps mais des échelles de temps, adaptées à l'usage que l'on en a

Selon l'usage que l'on en fait on peut ainsi se référer à l'une ou l'autre des échelles de temps disponibles:

* l'échelle Temps universel (T.U.) dont la seconde est définie (et était l'étalon jusqu'en 1956) par la fraction 1/86 400 du jour solaire moyen. Cette échelle est adaptée à des temps de l'ordre de l'année, du jour, de l'heure ou de la minute pour des mécanismes pas trop rapides, mécaniques par exemple. Sans vouloir rejeter le progrès on peut se poser la question du sens de l'unification de l'échelle de temps. Lorsque l'on comptait les heures en quadrants par rapport au soleil, les durées courtes étaient mesurées en référence à des actions courantes («le temps de dire un Ave» dans notre vieille Europe chrétienne). Toutes nos actions n'ont certes pas besoin d'être mesurées en secondes.

* l'échelle Temps des éphémérides (T.É.) dont la seconde est définie (et était l'étalon de 1956 à 1967) par la fraction 1/31 556 925,974 7 de l'année tropique 1900; cette échelle était (et est) utilisée pour des systèmes de navigation maritimes, aériens et spatiaux.

* l'échelle Temps atomique international (T.A.I.) dont la seconde est définie (et est l'étalon depuis 1967) par la durée de 9 162 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133. Je renvoie à des articles encyclopédiques spécialisés pour éclairer cette définition, qui demande un bon niveau de physique. Cette échelle s'impose pour tous les mécanismes et déplacements rapides (électronique, vols cosmiques) et pour l'astronomie.


Le Temps universel coordonné (T.U.C. ou U.T.C. en anglais) résulte d'un compromis entre le T.A.I. et le T.U. (U.T. en anglais), c'est la base du temps en usage dans tous les pays. La seconde est celle qui est donné par le T.A.I. mais les nombres entiers de secondes et, par suite, de jours, heures et minutes sont les valeurs choisies de telle façon que la différence T.U.-U.T.C. soit toujours, en valeur absolue, inférieure à 0,9 s. La dérive du T.U. par rapport au temps atomique est rattrapée par l'addition éventuelle d'une seconde supplémentaire le 31 décembre à 24 heures ou le 30 juin à 24 heures.
Ainsi, pour les
êtres non vivants, on se réfère à des échelles de mesure et des échelles d'observation (atomique, moléculaire, microscopique, macroscopique, métrique, kilométrique, astronomique...): la distance terre-soleil (en années-lumières), la période de rotation de la terre (en jours), la vitesse d'écartement de deux plaques (en cm par an), la durée moyenne d'éclairement solaire d'une localité (en jours), la vitesse de renouvellement (turnover) d'une molécule au sein d'une complexe (en heures ou fractions d'heure), la vitesse d'une catalyse (en seconde ou fraction de seconde).

On utilise ces mêmes échelles de mesure d'un temps unique lorsque l'on étudie le vivant, non pas en tant que vivant mais en tant que système matériel. Les échelles d'observation et de mesure nous permettent de nous affranchir des durées multiples du vivant: cycle de vie (de quelques centaines d'années à quelques minutes), cycle de division (de l'ordre de quelques heures), fréquence cardiaque (de l'ordre du battement par seconde), mise en place de nouvelles synthèses cellulaires en réponse à un signal chimique (quelques minutes à dizaines de minutes), vitesse de traduction (20 aa par seconde), vitesse de rotation d'un flagelle bactérien (40 à 60 tours par seconde). Tous ces phénomènes sont traités comme si le temps était unique, avec une seule et même échelle. Les mécanismes du vivant étant plus ou moins rapides.


Remarque:

MAIS

Tout d'abord cette unité du temps n'est pas pertinente si l'on veut PERCEVOIR LE TEMPS, ce qui est nécessaire si l'on veut étudier le vivant en tant que vivant: voici deux exemples particulièrement frappant :

Sur terre, on tourne autour du soleil à plus de 100.000 km à l'heure d'homme !!!


- à l'échelle planétaire, tout le monde sait que la terre fait le tour du soleil en une année soit 365 jours soit 365x24 heures soit 8760 heures. Le trajet parcouru étant supposé approximativement circulaire et la distance Terre-soleil étant environ de 150.000.000 km, la circonférence du cercle de l'orbite terrestre est environ 2¼ x 150.000.000 km soit 942.477.796 km. La vitesse linéaire de la terre tournant autour du soleil est donc de 942.477.796 / 8760 km.h-1 soit 107.789 km.h-1.

Cette vitesse n'est pas concevable ni sensible à notre échelle humaine. Si l'on change d'échelle spatiale il faut aussi changer d'échelle de temps pour se représenter ce que signifie cette vitesse. Un homme de 1,7 m est 6371.000x2¼ /1,7 fois plus petit que la circonférence de la terre, soit 3.747.647 fois. Si l'on garde ce même rapport pour le temps et que l'on multiplie les 8760 heures-homme par 3.747.647 pour avoir des heures-terre on obtient une vitesse de rotation de 0,27 km/heure-terre.


La terre tourne autour du soleil à la vitesse de moins de 1 km à "l'heure terre" !!!

Une bactérie "fait du" 36 m à l'heure d'homme !!!


- d'une façon analogue et opposée lorsque l'on observe une bactérie qui se déplace dans le champ microscopique à toute vitesse on oublie de multiplier les temps comme on le fait pour les dimensions. Une bactérie de 1,7 µm qui traverse le champ visuel de 100 µm en 10 s ne se déplace pas de façon absolue à 10 µm.s-1 (ce qui fait du 36 m.h-1) mais si l'on compte que la bactérie est environ 10-6 fois moins grande que l'homme, cela fait du 36/10-6 m.(heure-bactérie)-1 soit 36.000 km.(heure-bactérie)-1, ce qui est loin d'être négligeable.
Une bactérie se déplace à une vitesse phénoménale de 36.000 km à l'heure bactérienne !!!

Ce que l'on vient de faire avec l'échelle des distances peut aussi être fait avec l'échelle de temps, mais cela devient plus difficile à évaluer. Pour un organisme vivant ce peut être sa durée de vie, qui serve d'étalon, mais que faire pour un corps céleste ?

On pourrait dire que l'homme ne peut percevoir des vitesses qu'à SA PROPRE ÉCHELLE DE TEMPS, ce qui nous amène à la question suivante sur le temps du vivant et donc sur des temps multiples.


Nos unités contiennent l'HOMME

En fait on pourrait dire que dans les unités de temps utilisées (heure, minute, seconde) il y a l'HOMME. Ces unités sont ANTHROPOMORPHIQUES.
Ceci est aussi vrai pour l'espace (AL, km, m, µm) qui sont des unités à la mesure de l'HOMME.


2ème étape: des sources de temps multiples dans le vivant

La vie peut-elle représenter une source de temps ?

Dans ce cas les phénomènes du vivant ne correspondent pas forcément au même temps.

Il existerait des temps multiples que l'on ne pourrait pas placer sur une même échelle.


De la même façon qu'en science expérimentale chaque modèle travaille avec une échelle de temps qui lui est propre, on pourrait dire qu'au sein de chaque modèle il faut inclure un générateur de temps, un mécanisme qui permettre de suivre la dynamique du système.

Pour les êtres vivants, les mécanismes écologiques peuvent être appréhendés par exemple à l'échelle de la population, en utilisant les saisons comme générateur de temps; les mécanismes physiologiques peuvent par contre être étudiés plutôt à l'échelle de la durée de la vie de l'organisme (qui n'est pas du tout la même pour une bactérie: quelques dizaines de minutes à quelques mois; et pour un mammifère: quelques années à quelques dizaines d'années); mais aussi à l'échelle métabolique d'une régulation, en prenant par exemple le rythme circadien (jour-nuit) comme générateur de temps. A l'échelle moléculaire, les générateurs peuvent être des phénomènes de décomposition radioactive par exemple.

A l'échelle de l'ensemble du vivant, donc de la classification, ou encore de l'évolution, il y a l'échelle des temps géologiques ou échelle biostratigraphique. Si certains auteurs affirment que l'échelle stratigraphique est relative (qu'on lui a ajouté un temps absolu, donné par les horloges radioactives), on peut aussi voir l'échelle stratigraphique comme une échelle paléontologique, biostratigraphique. Elle ne serait plus alors relative, même si sa construction a été logique (voir les principes de la paléontologie), mais fondée sur un autre générateur de temps qui est l'évolution du vivant. (Quand à la datation absolue, je persiste à affirmer qu'elle n'est qu'expérimentale, qu'il ne faut présenter une datation qu'avec une incertitude, elle qu'elle ne dépasse donc pas le niveau de l'horloge astronomique à laquelle on fait référence quand on parle de temps physique.)


3ème étape: vers un temps qui dure... le temps CONTINU

Le temps ne dure pas

Il y a un temps extérieur à soi (voir extrait 1 ci-dessous) qui se déroule en quelque sorte immuablement, une sorte de film qui englobe l'histoire et notre propre vie, le mouvement des planètes, le battement de l'aile du papillon: un temps dont nous pouvons nous extraire par notre pensée.

Si vous fermez vos sens aux sollicitations extérieures, si vous essayez de rentrer en vous-même, en essayant de vous percevoir vous-même, en tant qu'être existant, et si possible à l'écoute de votre conscience, vous pourrez vous extraire de ce temps. Cette expérience intérieure est à la fois celle de la conscience et celle de l'être. Du moins une voie vers l'être qui s'appréhende par la raison et non plus par les sens. L'homme peut s'extraire d'un temps extérieur à lui sans cesser d'être. C'est donc que ce temps n'est pas. Mieux, comme Bergson le dit, c'est un temps qui ne dure pas (voir extraits 2 et 3 ci-dessous) . Un temps qui pourrait s'accélérer ou ralentir (essayez de le faire par l'imagination ! Rien n'est plus facile... de nombreux auteurs de science fiction l'ont fait brillamment), sans changer la nature des choses, sans rien changer au monde (voir extrait 3 ci-dessous). Ce temps des physiciens, ce temps des astronomes, est perçu par tous, collectif, mesurable, inextensible et irrétrécissable: c'est peut-être le temps abstrait des métaphysiciens.

La mobilité des astres, le dynamisme des systèmes physiques, mécaniques, est en fait une stabilité, une série discontinue d'états voisins. La vie échappe à cette stabilité. Le mouvement prévisible des astres, la propagation modélisable d'une onde sismique ou du rapprochement de deux plaques lithosphériques, les réaction chimiques connues et modifiables du métabolisme au sein d'une cellule musculaire, tous les phénomènes physiques (du grec physis = le corps, science des corps naturels qui englobe aussi la chimie) semblent obéir à des lois dont le temps est un paramètre nécessaire et inextensible, irrétrécissable: un temps dépourvu de toute spontanéité.

C'est sur ce temps que l'on se base avec justesse pour déclarer le principe de l'actualisme, ou principe des causes actuelles qui nous permet de remonter dans le passé, comme on extrapole pour le futur. Les lois expérimentales, que l'on soumet sans cesse à la censure du présent, sont aussi supposées vraies par le passé. Lorsqu'on utilise par exemple un chronomètre géologique (comme le rapport Rb/Sr) on suppose que la loi de désintégration radioactive de ces éléments était la même par le passé qu'actuellement. Ce principe se différencie de l'uniformitarisme selon lequel les phénomènes ne changent pas en intensité au cours du temps (auquel on peut opposer le catastrophisme): les phénomènes géologiques ou physiques peuvent, tout en obéissant aux mêmes lois par le passé qu'au présent, présenter des accélérations ou des ralentissements.

L'évolution, qui est l'évolution des espèces, n'a pas de temps adapté à l'individu (et encore moins à l'homme). Peut-être pourrait-on dire que l'évolution c'est le temps continu des espèces. C'est pour cela que j'ai présenté une vision continue de l'espèce en biologie.


Remarque: les êtres non vivants sont, bien sûr, même s'ils ne durent pas. Leur être reste cependant moins riche que celui des êtres vivants.

Voir fiches de seconde-première :

Qu'est-ce que l'évolution ?

Qu'est-ce que la vie ?

Qu'est-ce qu'une espèce ?


La durée est ce qui est changement, vie en perpétuel mouvement

Il y a un temps intérieur à soi (voir extrait 1 ci-dessous) , lié à la vie, individuel , un temps qui dure, jaillissement ininterrompu de nouveauté (voir extrait 3 ci-dessous), le seul temps réel pour Bergson, la durée, qu'il identifie à la conscience où à l'être. Cet être que je m'efforce de présenter comme une vie au travail (cours de seconde, &1.2), ce qui est une approche similaire.

Cet être perçu par l'homme pensant est ce qui le fonde. Une porte d'entrée sur son immortalité. Je suis bien conscient que l'on est dans une ontologie et non plus dans une biologie. Mais on ne peut pas faire l'économie d'un humanisme pour comprendre la vie. La référence à une ou à des philosophies est ici aussi nécessaire que les publications en sciences expérimentales. Les philosophies sont en quelque sorte les lieux de communications, d'échanges, de la raison.

L'évolution du vivant est, à mon sens, ce dynamisme interne qui dépasse toute modélisation mathématique ou physique. Elle est bien plus qu'une fuite en avant sous la force d'un quelconque déterminisme, elle est création continuée, œuvre créatrice, travail. L'évolution c'est la vie au travail, dans la durée.

Remarque: une conséquence de la nature continue du temps (du vivant)


Certains ethnologues ont opposé une vision occidentale (?) du temps futur comme un regard vers l'avant à une conception - supposée ancestrale d'ethnies plus ou moins éloignées du monde occidental - du temps futur comme regard vers l'arrière.
Je ne pense pas que la métaphore de la flèche du temps suffise à établir que l'homme occidental (en tout cas ce n'est pas mon cas) regarde vers l'avant (futur comme placé devant).
Dans une situation comme une course à vitesse constante dont la durée est établie à l'avance
(par exemple 50 min sur un tapis de course.....), l'esprit du coureur me semble au contraire pouvoir osciller entre ces deux représentations du temps. Au début, on pourrait dire que la course se présente comme un contenu fini, extérieur à l'esprit du coureur. Celui-ci se place à l'extrémité non pointue de la flèche qui n'est pas encore lancée. Il y a bien une course linéaire et un temps futur, en avant, la pointe de la flèche étant le but à atteindre, plus ou moins éloigné.
Mais dès que la course est lancée, le coureur intériorise la course et se représente ce temps comme un espace qu'il divise progressivement. À ce moment là, je crois que l'on peut dire, qu'au contraire, le coureur est à la pointe de la flèche. Le temps qu'il lui reste à courir est tout entier englobé dans son effort. Il regarde en quelque-sorte vers l'arrière. Il se regarde courir en regardant la distance et le temps parcouru. Le temps à parcourir est vu comme un espace mesuré avec l'aide du passé, temps déjà écoulé depuis le départ. Ce n'est pas un futur vers l'avant mais vers l'arrière. Le coureur est déjà à l'arrivée. Il est au but.
Puis, lorsque la course est bien avancée, il se passe alors une bascule (mais des oscillations me semblent aussi possibles, cela ne se fait pas en une seule fois) et le temps restant peut de nouveau être vu comme un espace à parcourir, extérieur, placé vers l'avant. Le coureur en quelque-sorte se replace à l'arrière de la flèche, il ne regarde plus que le but à atteindre comme un point éloigné. Dans ce cas le futur est bien en avant.
Pour des situations plus courantes, quand nous sommes occupés à une tâche, selon que notre esprit vagabonde vers un futur déjà représenté (imaginé), donc en arrière, ou à atteindre... en avant, il me semble que nous oscillons entre ces deux représentations. Elles dépendent alors principalement de l'endroit où l'on se place dans le temps, soit que l'on s'en extrait (temps externe) soit qu'on l'englobe (temps interne).


Le temps est un continu.

Depuis 2005, j'ai trouvé dans l'œuvre de René Thom une profonde résonance avec le travail de Bergson. L'unité me semble venir de l'appréhension du temps comme continu. Je me suis donc attelé à la tâche consistant à favoriser les modèles continus dans mon enseignement.

Pour comprendre cette idée, lisez par exemple l'extrait de Bergson ci-dessous en ayant à l'esprit l'exemple de l'ensemble des entiers N, discret (infini à un bord) et de R+, continu, infini en chaque intervalle de deux éléments...).

En plus de la page sur les modèles thomiens, voir quelques définitions (continu/discontinu) dans la page complémentaire.


Pour un lecteur très cultivé, un texte de Bailly et Longo est disponible en téléchargement : Francis Bailly, Giuseppe Longo. Schèmes géométriques pour le temps biologique. Exposé thématique, Ecole "Logique et Interaction: vers une géométrie du cognitif", Cerisy-la-salle, septembre 2006, à paraître chez Vrin 2007 (ftp://ftp.di.ens.fr/ pub/users/longo/ CIM/geo-temps.pdf). En voici un extrait:
« ...nous essayerons de comprendre mathématiquement les rythmes et cycles biologiques par l'ajout de "fibres" (une notion mathématique précise, introduite de façon élémentaire plus bas) orthogonales à un temps physique qui reste une droite unidimensionnelle. Cette approche permettra d'intégrer, dans la structure de la causalité du vivant, les circularités causales dues, en particulier, aux phénomènes d'intégration et régulation biologiques (que l'on analysera notamment en termes de "longueurs de corrélation" au sein de l'objet biologique). De notre point de vue, le vivant est un vrai "organisateur" du temps ; par son autonomie et son action, il lui donne une structure infiniment plus complexe que l'ordre algébrique des entiers naturels (le temps du calcul), mais aussi que n'importe quelle organisation que l'on puisse proposer pour le temps de la matière inerte, car le temps du vivant, par ses rythmes propres, s'articule intimement avec celui de la physique, tout en gardant son autonomie. Nous voudrions donc contribuer à rendre mathématiquement intelligible la complexité morphologique du temps biologique, en présentant une géométrie possible de sa structure.»

*Remarque:
Je précise que cet ouvrage (plutôt un recueil de réflexions) est très difficile d'accès et peu construit. La position philosophique des auteurs est un monisme affiché et même revendiqué: «...il n'y a aucun doute, pour nous, que la "matière physique" est unique et qu'il n'y a rien d'autre au-delà de cela dans le monde.» (avant propos, p vi) joint à une méthode de type constructiviste. Dans la première partie, les propos de F. Bailly me sont totalement fermés (je n'y comprends strictement rien), alors que ceux de G. Longo sont accessibles. Je ne sais pas trop ce que je vais arriver à tirer de cet ouvrage confus mais je crois qu'il y a quand même un effort vers la vérité à saluer dans leur réflexion. Même si je suis beaucoup plus attiré par une ontologie qui va droit au but, qu'elle soit thomienne ou bergsonienne.


Une belle recherche de Giuseppe Longo à l'ENS qui depuis quelques années travaille sur les relations entre mathématiques, physique et biologie. Sa réflexion sur le temps esquissée dans son livre* avec Francis Bailly, Mathématiques et sciences de la nature. La singularité physique du vivant, Hermann, Paris, juillet 2006 (présentation du livre longue (44,4 Mo), est particulièrement intéressante: en biologie c'est le temps qui est un opérateur et l'énergie une variable alors qu'en physique c'est l'inverse (extrait vidéo (.mov) sur le temps -1Mo).



Annexe : quelques extraits de textes sur le temps (liste non close):

«... On ne connaît vraiment que ce qu'on peut sortir de soi et donc mesurer.»

«Mesurer, c'est donc transformer la qualité (vague, incertaine) en quantité, ou encore exprimer le réel en un langage universel, bien codifié. C'est d'ailleurs pourquoi la mesure va se situer au cœur de la science et revêtir du même coup une dimension politico-sociale; nous irions jusqu'à dire qu'avec la mesure, la physique devient métaphysique.»

«Une mesure brute n'a pas de sens... il faut toujours réinsérer le résultat à l'intérieur de la méthode qui l'a produit.»
«...penser, c'est effectivement peser, ou juger revient à jauger.»

(Qu'est-ce que mesurer ? Peut-on tout mesurer ? Conférence donnée par François Dagognet au 7ème entretien de La Villette- Cité des Sciences, 30-03-1966, dans Les outils de la réflexion, 1999, Institut Synthélabo, Coll. Les empêcheurs de penser en rond, p42-48).


Bergson

«Je m'aperçu, à mon grand étonnement, que le temps scientifique ne dure pas, qu'il n'y aurait rien à changer dans notre connaissance scientifique des choses, si la totalité du réel était déployée d'un coup dans l'instantané, et que la science positive consiste essentiellement dans l'élimination de la durée»

(l'Évolution créatrice, in Œuvres, Bergson, 2ème édition du centenaire, PUF, 1963, p 802)


«Nous savions bien, depuis nos années de collège, que la durée se mesure par la trajectoire d'un mobile et que le temps mathématique est une ligne...La ligne qu'on mesure est immobile, le temps est mobilité. La ligne est du tout fait, le temps est ce qui se fait, et même ce qui fait que tout ce fait. Jamais la mesure du temps ne porte sur la durée en tant que durée; on compte seulement un certain nombre d'extrémités d'intervalles ou de moments, c'est-à-dire, en somme, des arrêts virtuels du temps.»
«Mais cette durée que la science élimine, qu'il est difficile de concevoir et d'exprimer, on la sent et on la vit.»
«...en étudiant la structure de l'entendement humain. Il nous apparut qu'une de ses fonctions était justement de masquer la durée, soit dans le mouvement, soit dans le changement.»
«Notre action ne s'exerce commodément que sur des points fixes; c'est la fixité que notre intelligence recherche; elle se demande où le mobile est, où le mobile sera, où le mobile passe.»
«Mais les moments du temps et les positions du mobile ne sont que des instantanés pris par notre entendement sur la continuité du mouvement et de la durée».
«(note) Si le cinématographe nous montre en mouvement, sur l'écran, les vues immobiles juxtaposées sur le film, c'est à la condition de projeter sur cet écran, pour ainsi dire, avec ces vues immobiles elles-mêmes, le mouvement qui est dans l'appareil.»

«Nous en dirons autant du changement. L'entendement le décompose en états successifs et distincts, censés invariables.»
«Comment pourtant ne pas voir que l'essence de la durée est de couler, et que du stable accolé à du stable ne fera jamais rien qui dure ? Ce qui est réel, ce ne sont pas les états, simples instantanés pris par nous, encore une fois, le long du changement; c'est au contraire le flux, c'est la continuité de transition, c'est le changement lui-même. Ce changement est indivisible, il est même substantiel. Si notre intelligence s'obstine à le juger inconsistant, à lui adjoindre je ne sais quel support, c'est qu'elle l'a remplacé par une série d'états juxtaposés; mais cette multiplicité est artificielle, artificielle aussi l'unité qu'on y rétablit. Il n'y a ici qu'une poussée ininterrompue de changement - d'un changement toujours adhérent à lui-même dans une durée qui s'allonge sans fin.»
«C'est ainsi que la métaphysique fut conduite à chercher la réalité des choses au-dessus du temps, par delà ce qui se meut et ce qui change, en dehors par conséquent, de ce que nos sens et notre conscience perçoivent.»
«La métaphysique deviendra alors l'expérience même.
La durée se révélera telle qu'elle est, création continuelle, jaillissement ininterrompu de nouveauté. Car c'est là ce que notre représentation habituelle du mouvement et du changement nous empêche de voir. Si le mouvement est une série de positions et le changement une série d'états, le temps est fait de parties distinctes et juxtaposées. Sans doute nous disons encore qu'elles se succèdent, mais cette succession est alors semblable à celle des images d'un film cinématographique : le film pourrait se dérouler dix fois, cent fois, mille fois plus vite sans que rien fût modifié à ce qu'il déroule; s'il allait infiniment vite, si le déroulement (cette fois hors de l'appareil) devenait instantané, ce seraient encore les mêmes images. La succession ainsi entendue n'y ajoute donc rien; elle en retranche plutôt quelque chose; elle marque un déficit; elle traduit une infirmité de notre perception, condamnée à détailler le film image par image au lieu de le saisir globalement. Bref, le temps ainsi envisagé n'est qu'un espace idéal où l'on suppose aligné tous les événements passés, présents et futurs, avec, en outre, un empêchement pour eux de nous apparaître en bloc...»


«... les philosophes qui croient que l'avenir est donné dans le présent... qui ont cru au libre arbitre, qui l'ont réduit à un simple "choix" entre deux ou plusieurs partis, comme si ces partis étaient des "possibles" dessinés d'avance... D'une action qui serait entièrement neuve (au moins par le dedans) et qui ne préexisterait en aucune manière, pas même sous forme de pur possible, à sa réalisation, ils semblent ne se faire aucune idée. Telle est pourtant l'action libre.»
«Radicale est donc la différence entre une évolution dont les phases continues s'entrepénètrent par une espèce de croissance intérieure, et un déroulement dont les parties distinctes se juxtaposent.»
«Il est vrai qu'à côté des consciences qui vivent cette durée irrétrécissable et inextensible, il y a des systèmes matériels sur lesquels le temps ne fait que glisser. Des phénomènes qui s'y succèdent on peut réellement dire qu'ils sont le déroulement..(...) d'un film cinématographique. Calculables par avance, ils préexistaient, sous forme de possibles, à leur réalisation. Tels sont les systèmes qu'étudient l'astronomie, la physique et la chimie. »
«Comme si la chose et l'idée de la chose, sa réalité et sa possibilité, n'étaient pas créées du même coup lorsqu'il s'agit d'une forme véritablement neuve, inventée par l'art ou la nature.»
«Par le seul fait de s'accomplir, la réalité projette derrière elle son ombre dans le passé indéfiniment lointain; elle paraît ainsi avoir préexisté, sous forme de possible, à sa propre réalisation. De là une erreur qui vicie notre conception du passé; de là notre prétention d'anticiper en toute occasion l'avenir.»

(La Pensée et le Mouvant, in Œuvres, Bergson, 2ème édition du centenaire, PUF, 1963).


« Quand nous disons que l'état d'un système artificiel dépend de ce qu'il était au moment antérieur, qu'entendons-nous par là ? Il n'y a pas, il ne peut pas y avoir d'instant immédiatement antérieur à un instant, pas plus qu'il n'y a de point mathématique contigu à un point mathématique. L'instant "immédiatement antérieur" est, en réalité, celui qui est relié à l'instant présent par l'intervalle dt. Tout ce que nous voulons dire est donc que l'état présent du système est défini par des équations où entrent des coefficients différentiels tels que de/dt, dv/dt, c'est-à-dire au fond, des vitesses présentes et des accélérations présentes. C'est donc enfin du présent seulement qu'il est question, d'un présent qu'on prend, il est vrai, avec sa tendance. Et, de fait, les systèmes sur lesquels la science opère, sont dans un présent instantané qui se renouvelle sans cesse, jamais dans la durée réelle, concrète, où le passé fait corps avec le présente. Quand le mathématicien calcule l'état futur d'un système au bout du temps t, rien ne l'empêche de supposer que, d'ici là, l'univers matériel s'évanouisse pour réapparaître tout à coup. (...)

Bref, le monde sur lequel le mathématicien opère est un monde qui meurt et qui renaît à chaque instant, celui-là même auquel pensait Descartes quand il parlait de création continuée. Mais dans le temps ainsi conçu comment se représenter une évolution, c'est-à-dire le trait caractéristique de la vie ? L'évolution, elle, implique une continuation réelle du passé par le présent, une durée qui est un trait d'union. En d'autres termes, la connaissance d'un être vivant ou système naturel est une connaissance qui porte sur l'intervalle même de durée, tandis que la connaissance d'un système artificiel ou mathématiques ne porte que sur l'extrémité. »

(Bergson, L'évolution créatrice, 21-22, Œuvres complètes, PUF, 1963, p 512-513)

 

Remarque personnelle:
je pense que l'on peut dire que toute science d'un système évolutif fait l'hypothèse de la continuité: ce n'est pas une connaissance scientifique mais une hypothèse qui la fonde. Tout système mécanique générateur de temps, un temps continu, peut être décrit par des fonctions continues, même hypothétiques. Un pendule n'est pas l'accident d'un continu sous-jacent, c'est un vrai mobile, générateur de temps qui transcende sa description mathématique. Ce n'est pas le temps qui est discontinu mais juste le paramètre discrétisé des physiciens.


René Thom

René Thom a défendu toute sa vie le grand principe du « primat ontologique du continu. » (in Entretien avec Jean Petitot : « Catastrophes, biologie et continu » La Recherche, 360, janvier 2003, 31, entretien complet bientôt (?, annoncé) sur www.larecherche.fr);

Ce qui est réel, ce qui est, ontologiquement, est continu ?
Notre temps-conscience que nous percevons en nous, nous apparaît continu et non comme une suite d'états.


« au commencement était le rythme » Stravinsky (?)

« le temps est ton navire et non pas ta demeure» Lamartine (Réflexions)


Le bonheur, étymologiquement, la «bonne heure» (bona hora en latin): ce qui vient à notre rencontre, à point nommé... Pour savoir quoi faire du temps qui vous est imparti, lisez donc la Petite philosophie du bonheur de Bertrand Vergely (ed. Milan, Col. Les essentiels, 2001), simple, profond.



Conclusion

Ce chapitre que j'aurais souhaité intégrateur, comme le programme le demande, ne permet que de poser des questions, ce qui n'est pas peu de choses, certes.

Les concepteurs du programme parlent de stabilité là où je parle de permanence dans l'être. Cette stabilité ontologique n'est pas du tout opposée au changement qui peut même être une voie d'accès à l'être. L'unité de la discipline et donc du programme vient non pas du temps mais de l'objet (les êtres vivants et non vivants de la nature, donc observables par les sens) et de la méthode (la méthode expérimentale pour la biologie et la géologie et seulement la logique pour la partie paléontologique) (voir par exemple la page sur les sciences expérimentales).

Pour le reste, les manuels scolaires présentent des listes d'ordre de grandeur de vitesses de phénomènes variés, physiques, chimiques et biologiques... sans en chercher le fil directeur, introuvable.

Pour finir sur une ouverture en dehors du champ scientifique, en direction du champ social et politique, et vers une anthropologie plus complète, je veux souligner que c'est à l'homme de choisir ce qu'il fait de son temps, de choisir son rythme (c'est sa liberté). Utopie pour certains, nécessité pour d'autres il est POSSIBLE de ralentir le rythme effréné de notre vie et de se réapproprier son temps: « Un ralentissement du rythme de la vie sociale [...] rendrait caduque la nécessité de se déplacer à grande vitesse et nous épargnerait les gaspillages et les saccages qui vont avec.»(in Éditorial du n°7 de N O T E S  &  M O R C E A U X  C H O I S I S, Bertrand Louart, octobre 2006). Il est significatif que ceux qui attachent tant d'importance à l'autonomie du vivant proposent aussi une vision de l'homme libéré de la société consumériste postindustrielle..