La vie est un phénomène*. |
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La vie n'est pas un problème qui posséderait des solutions raisonnables. |
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La vie reste un mystère**. |
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*
un
phénomène
est quelque
chose de
donné,
d'observable, Tout homme peut proposer avec son intelligence ou son imagination une explication de la vie qui l'engage. |
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Quelques
mystères: Pascal: « la dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la dépassent ». |
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Une formulation scientifique: |
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La vie
résulte
de 3 grandes
fonctions ou fonctions
globales : |
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La nutrition regroupe tous les phénomènes de prise ou de rejet de matière et d'énergie entre l'organisme et son milieu ou entre les différentes cellules de l'organisme. |
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La reproduction est une multiplication et se définit au niveau de l'organisme (reproduction pour l'espèce) ou au niveau d'une cellule (reproduction pour le développement ou la croissance). |
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Les relations correspondent à l'aspect social de la vie. Elles regroupent tous les phénomènes de communication entre l'organisme et son milieu ou entre les cellules dans l'organisme (déplacement, défense, recherche de nourriture...). |
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Les fonctions globales se recoupent et ne correspondent pas à des espaces séparés. Tout phénomène vivant possède un aspect qui s'explique par les trois fonctions simultanément. Tout être vivant se nourrit, se reproduit et est social. |
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*Pour une explication du vocabulaire Thomien voir la page sur les 4 causes d'Aristote en SVT |
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Dans une interprétation moins classique on peut nommer ces fonctions des champs (comme le champ de gravité en physique), ou des prégnances* selon le vocabulaire de René Thom); l'être vivant est une forme (saillance*) qui émerge du continu de la matière (au sens aristotélicien) et du temps. |
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On pourrait proposer un autre regroupement des fonctions globales du vivant: |
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-
la
reproduction
est
définie
au niveau de
l'espèce
et non pas
uniquement de
l'individu
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Fonction
globale de l'espèce:
se
reproduire
(reproduction); Fonctions
globales de l'individu: |
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Une formulation personnelle : |
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la vie est un travail: |
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un travail de nutrition, de reproduction et de relation |
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La distinction qui me semble la plus pertinente pour séparer les différentes conceptions de la vie : |
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la vie comme continu |
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« ...la conscience est coextensive à la vie ...[...] les choses se passent comme si un immense courant de conscience [...] avait traversé la matière pour l'entraîner à l'organisation et pour faire d'elle, quoiqu'elle soit la nécessité même, un instrument de liberté. [...] Mettons donc matière et conscience en présence l'une de l'autre : nous verrons que la matière est d'abord ce qui divise et ce qui précise. Une pensée, laissée à elle-même, offre une implication réciproque d'éléments dont on ne peut dire qu'ils soient un ou plusieurs : c'est une continuité et dans toute continuité il y a de la confusion. pour que la pensée devienne distincte, il faut bien qu'elle s'éparpille en mots [...] D'autre part la matière provoque et rend possible l'effort. la pensée qui n'est que pensée, l'œuvre d'art qui n'est que conçue, le poème qui n'est que rêvé, ne coûtent pas encore de la peine; c'est la réalisation matérielle du poème en mots, de la conception artistique en statue ou tableau, qui demande un effort. L'effort est pénible, mais il est aussi précieux, plus précieux encore que l'œuvre où il aboutit, parce que, grâce à lui, on a tiré de soi plus qu'il n'y avait, on s'est haussé au-dessus de soi-même[...] ... partout où il y a joie, il y a création...» |
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La conscience et la vie, H. Bergson, 1911 |
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la vie comme discontinu |
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Pour
Buffon,
« si la
matière
cessait de
s'attirer
» est
une
supposition
équivalente
de « si
les corps
perdaient leur
cohérence
(17) ».
En bon
newtonien,
Buffon admet
la
réalité
matérielle
et
corpusculaire
de la
lumière
[...] «
On peut
rapporter
à
l'attraction
seule tous les
effets de la
matière
brute et
à cette
même
force
d'attraction
jointe
à celle
de la chaleur,
tous les
phénomènes
de la
matière
vive.
J'entends par
matière
vive, non
seulement tous
les
êtres
qui vivent ou
végètent,
mais encore
toutes les
molécules
organiques
vivantes,
dispersées
et
répandues
dans les
détriments
ou
résidus
des corps
organisés
; je comprends
encore dans la
matière
vive, celle de
la
lumière,
du feu et de
la chaleur, en
un mot toute
matière
qui nous
parait active
par
elle-même
(20) . » |
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Pour dire un mot d'autres conceptions scientifiques de la vie qui ne sont PAS INCOMPATIBLES: |
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On se reportera avec profit à l'article "vie" de Canguilhem dans l'Encyclopedia Universalis |
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Une épistémologie qui concilie matière et évolution |
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Je recommande une conférence du philosophe des sciences André Pichot au Groupe Séminaire de l'ENS Lyon du jeudi 11 mars 2004 et accessible par internet : Histoire des théories biologiques (Comparaison et articulation des explications mécanistes, chimiques, et historiques en biologie) |
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André Pichot identifie 3 directions dans lesquelles l'explication scientifique de la vie s'est dirigée et se dirige: le mécanisme, la chimie et l'histoire... passionnant. |
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J'ai recopié la conclusion de son ouvrage: Histoire de la notion de vie, André Pichot, Gallimard, 1993, pp 937-954 qui a pour titre: LA NOTION DE VIE AUJOURD'HUI; il y présente simplement une conception de la vie qui réconcilie matérialisme et évolution... à conseiller à tous. |
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+ la vie comme animation* |
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«Parmi les corps naturels [i.e. non fabriqués par l'homme] certains ont la vie et certains ne l'ont pas. Nous entendons par vie le fait de se nourrir, de croître, et de dépérir par soi-même» ( Aristote, De l'âme, II, 1). Et, plus loin, Aristote dit que la vie est ce par quoi le corps animé diffère de l'inanimé. (Encyclopedia Universalis, Vie) |
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Cette
définition
d'Aristote est
très
proche de la
définition
proposée
ci-dessus. |
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*anima, anemos = le souffle, l'âme
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+ la vie comme mécanisme |
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«Je désire que vous considériez que ces fonctions suivent toutes naturellement, en cette Machine, de la seule disposition de ses organes, ne plus ne moins que font les mouvements d'une horloge ou autre automate, de celle de ses contrepoids et de ses roues; en sorte qu'il ne faut point à leur occasion concevoir en elle aucune autre Âme végétative ni sensitive, ni aucun autre principe de mouvement et de vie, que son sang et ses esprits agités par la chaleur du feu qui brûle continuellement dans son cœur et qui n'est point d'autre nature que tous les feux qui sont dans les corps inanimés.» ( Descartes, Traité de l'homme (1633, mais publié seulement en 1662-1664) |
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Si l'analogie mécanique (l'être vivant est comme une formidable machine) n'est plus guère utilisée, la compréhension de l'être vivant comme un sac d'enzymes (ce que l'on pourrait appeler une vision moléculariste biochimique) est par contre courante. « La caractéristique unique, universelle et essentielle des êtres vivants est la possibilité de conserver la structure chimique (ADN) au sein de laquelle est écrit le code génétique ». (Jacques Monod, Pour une éthique de la connaissance, Paris, La Découverte, 1988, p. 144) |
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+ la vie comme organisation* |
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« L'Âme est cet habile organiste* qui forme lui-même ses organes avant de les faire jouer [...]. C'est un jeu remarquable que, dans les orgues inanimées, l'organiste est différent de l'air qu'il y pousse; au lieu que dans les orgues* animées l'organiste et l'air qui les fait jouer sont une seule et même chose, je veux dire l'âme qui est extrêmement semblable à l'air ou au souffle» (Daniel Duncan, Histoire de l'animal, ou la Connaissance du corps animé par la mécanique et par la chimie, 1686). Dans cette définition l'âme du vivant devient spirituelle. |
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Considérant que « l'idée de vie est réellement inséparable de celle d'organisation », Comte définit l'organisme par le consensus de fonctions « en association régulière et permanente avec l'ensemble des autres ». Consensus est la traduction latine du grec sumpatheia. La sympathie, par laquelle les états et les actions des parties se déterminent les uns les autres par communication sensitive (Comte, Cours de philosophie positive, III, 1838 ; leç. XL-XLIV).) |
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Sans utiliser les mots de vie ou de vivant, Kant sous-entend que le corps organique n'est pas seulement organisé, il est auto-organisateur. « Dans un tel produit de la nature, chaque partie, comme elle n'existe qu'en vertu de toutes les autres, est conçue aussi comme existant pour les autres et pour l'ensemble, c'est-à-dire comme instrument (organe) ; et cela n'est pas assez [...], mais elle doit être considérée comme organe engendrant les autres (et cela réciproquement), or aucun instrument de l'art ne peut être tel, mais seulement ceux de la nature. » (Kant, Critique du jugement (1790)) |
* organum = orgue (l'instrument de musique**) d'où viennent les mots "organe" ou "organisation" |
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Cependant, peu de biologistes osent présenter les fonctions comme l'expression de dynamiques modélisables et donc accessibles par les mathématiques. C'est pourtant un projet envisageable. Les biologistes matérialistes qui expliquent les propriétés de l'organisme (les fonctions globales) par l'émergence de propriétés nouvelles à partir de réseaux d'interactions entre molécules individuelles sans finalité, sont dans une vision mécaniciste et organisationnelle. |
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**Cette comparaison (organisme-orgue) est encore d'actualité: voir The music of life de Denis Noble, professeur de physiologie à l'université d'Oxford qui participe au projet du physiome (mot qui désigne le niveau d'intégration supérieur qui chapeaute le génome et le protéome). La version française a été publiée au Seuil en janvier 2007. |
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Denis
Noble,
Principes de
la biologie
des
systèmes
(résumé) |
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Colloque de biologie théorique : " A quoi sert la modélisation ?", Centre Cavalliès, Paris : "Imitations, modèles, schèmes", 23 janvier, 2007, intervention de Denis Noble, Université d'Oxford (résumés) |
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Une blague pour finir: |