Un article de référence: Ressources en eau,
Pierre Chauve, dans Enseigner la géologie,
collège-lycée, 1990, Nathan.
Un manuel scolaire de référence: SVT 2nde, Nathan, 1993
(dont le programme n'est plus en vigueur)
Pour d'autres sources voir la page
sur l'eau.
Le terme d'hydrogéologie est ancien et on le trouve
notamment comme titre d'un ouvrage de 1802 de J.-B. Lamarck,
souvent cité comme premier ouvrage où apparaît le
mot «biologie». L'hydrogéologie, comme la biologie
sont pour lui l'une des trois parties de la physique terrestre:
«La première doit comprendre la théorie de
l'atmosphère, la météorologie, la
deuxième, celle de la croûte externe du globe,
l'hydrogéologie ; la troisième enfin, celle des
corps vivants, la biologie.»
Dans une acception plus moderne, l'hydrogéologie se
réserve le domaine englobant le sol et le sous-sol et les
interactions de la géologie avec les eaux de surface;
l'hydrologie étant alors définie comme la
science des eaux .
L'hydrogéologie est donc la science
des eaux souterraines. Elle a pour objet l'étude du
rôle des matériaux constituant le sol et le sous-sol et
des structures géologiques dans l'origine, la distribution et
le mode de gisement, les modalités de l'écoulement et
les propriétés physico-chimiques de l'eau. Elle se
préoccupe également de l'exploitation (géologie
appliquée) et de la conservation des ressources en eaux
souterraines (gestion de la ressource).
N.B. Des données précises sur l'eau ont été données sur une page réalisée pour le défisciences départemental du Finistère: l'eau.
|
|
(1020g) |
(1020g.a-1) |
(a) |
||||
|
% du volume total des eaux de l'hydrosphère (% du volume des eaux douces) % volume total des eaux du globe terrestre (très approximatif) |
|||||||
hydrosphère |
eau "salée": océans |
|
97,1% (78,3%) |
|
|
|
||
eaux douces |
glaces |
|
2,9% |
|
|
|
||
eaux souterraines (phréatiques, et de subsurface) |
|
|
|
|
|
|||
eaux de surface (lacs, rivières, fleuves) |
|
|
|
|
|
|||
atmosphère |
|
|
|
|
|
|||
eau biologique |
|
0,0001% (0,003%) |
||||||
lithosphère, asthénosphère et mésosphère |
croûte |
|
(1% du poids de la croûte) |
|||||
manteau |
(0,05% du poids du manteau |
L'énergie solaire (calorifique) qui provoque
l'évaporation de l'eau qui passe de l'état liquide
à l'état gazeux dans l'atmosphère (à
pression atmosphérique) et la gravité qui
provoque la chute des précipitations (eau condensée
liquide (pluie) ou solide (glace et neige) et l'écoulement des
nappes ou des glaciers sont les moteurs des mouvements de
l'eau au niveau de l'hydrosphère (enveloppe
théorique superficielle de la terre contenant une grande
quantité d'eau: recouvre la partie basse de
l'atmosphère, la quasi-totalité de la biosphère,
et la partie supérieure de la crôute terrestre). L'eau
décrit ainsi un cycle dans la mesure où la
quantité d'eau de l'hydrosphère est quasiment fixe,
aucune eau ne s'échappe vers le haut de l'atmosphère
(gaz trop lourd, attiré par la gravité terrestre) et
aucune eau ne se mélange à la lithosphère (ce
qui est certainement faux, mais on peut imaginer que cette eau
mélangée aux roches du manteau pourra un jour revenir
à la surface du fait des mouvements de convection du
manteau...: on admet que ces eaux dites juvéniles
représentent quelques kilomètres cube par an).
Le cycle concerne donc plus particulièrement les états
successifs de l'eau dans l'hydrosphère:
* à l'état gazeux (vapeur d'eau), liquide (goutelettes
d'eau formant les gros nuages qui nous apparaissent gris comme les
cumulo-nimbus) ou solide (nuages de glace qui nous apparaissent fins
et étirés et blancs brillant), l'eau est en suspension
dans l'atmosphère basse ou troposphère (voir structure
de l'atmosphère). Cette masse d'eau atmosphérique
est en mouvement (vents) en fonction des zones de pression : l'air
humide et chaud ayant tendance à s'élever; l'air froid
et sec à s'abaisser. Une augmentation de pression (à
humidité fixe) et donc par exemple une descente
consécutive au passage d'un relief provoque un changement
d'état du gaz vers le solide ou le liquide alors qu'une
remontée à l'arrivée d'une masse d'air humide
sur un relief par exemple, ne provoque pas de précipitation
(c'est pour cela qu'il pleut beaucoup plus sur le versant
opposé à celui exposé au vent dominant).
* à l'état solide (neige et glace) ou liquide, l'eau
s'écoule par gravité dans les bassins continentaux ou
marins. Une partie de l'eau pénètre dans le sol puis le
sous-sol. Une autre partie de l'eau est emmagasinée dans les
organismes vivants (biosphère).
* le retour vers l'atmosphère se fait par évaporation
ou sublimation (mais pas à pression atmosphèrique, voir
toujours le même graphe des changements
d'état de l'eau) soit au niveau des surfaces d'eau libre
soit par l'évapotranspiration ou la respiration des
êtres vivants.
Remarque:
Je ne recommande pas l'utilisation du diagramme de phases de l'eau
(voir graphe des
changements d'état de l'eau). J'ai
tenté de reporter directement sur le diagramme de phases de
l'eau ces trajets et j'ai eu la surprise de voir que la phase gazeuse
n'était quasiment jamais présente alors que je crois
savoir que dans l'air au contact d'une surface d'eau libre, il y a
une grande quantité de vapeur d'eau (voir
hygrométrie). Je ne suis pas
certain de mon explication, mais je pense que ce diagramme de phases
est en quelque sorte trompeur car il ne reflète que le
comportement d'un CORPS PUR: c'est-à-dire de l'eau toute
seule. Dans l'atmosphère, l'eau est présente dans un
gaz et même dans un mélange de gaz. Sa pression (dite
partielle) est conditionnée par la pression des autres gaz
constituant l'atmosphère (voir page d'annexes
sur l'atmosphère). A 0 m d'altitude
la pression de la vapeur d'eau dans l'air n'est pas de 10
5Pa (comme si l'air était uniquement composé
d'eau mais elle est de l'ordre de quelques centièmes de cette
valeur). Par contre si l'on chauffe une casserole d'eau, de la vapeur
d'eau s'échappe en grande quantité au-dessus de la
masse d'eau en ébullition et la pression partielle de l'eau
atteint presque la pression atmosphérique... La pression
partielle de l'eau dans l'air est mesurée
expérimentalement grâce à l'apparition d'eau
liquide par condensation: les pressions (tensions) données
ci-dessus en sont le reflet (la tension de vapeur d'eau ,
exprimée en hectopascals, correspond à la pression
partielle due à la vapeur d'eau; additionnée
à la pression partielle due à l'air sec, elle
détermine la pression totale de l'air humide):
tension de vapeur saturante au-dessus de |
|
|
|
|
|
|
|
l'eau liquide |
|
|
|
|
|
|
|
la glace |
|
|
|
|
|||
1 atm = 760 mm d'Hg = 105 Pa = 1013 hPa = 101,3 kPa = 0,1 GPa |
Le temps moyen de résidence d'une molécule d'eau dans un de ces réservoirs (atmosphère, glaces, eaux douces, mers...) est estimé dans le paragraphe sur la planète bleue).
Un cycle de l'eau (d'après Tardy) sur terre. |
Les chiffres en rouge sont les tailles des réservoirs (en 1020g - voir le tableau (planète bleue) pour d'autres chiffres) et les chiffres en vert sont les flux d'eau (en 1020g pour une année). On notera qu'au niveau des océans le bilan annuel des précipitations par rapport à l'évaporation est négatif (plus d'eau évaporée que d'eau reçue) alors que le bilan est positif pour les précipitations par rapport à l'évapotranspiration au niveau des continents. |
Les hydrogéologiques travaillent non pas à
l'échelle de la terre car c'est un système sont trop
complexe à modéliser mais au niveau de bassins
versants qui sont des volumes contenant une aire
géographique alimentée par des reliefs (points
d'entrée) et donc des eaux de ruissellement (secondairement
par des eaux souterraines entrées au niveau de ces reliefs) et
dont le point de sortie est le plus localisé possible
(nommé l'exutoire). Vers le haut, le bassin
versant comprend aussi les masses atmosphériques alimentant
les reliefs en précipitations. On modélise ainsi dans
un volume clos les entrées, les circulations et les
sorties.
Les hydrogéologues préfèrent utiliser un
calendrier décalé débutant par les crues
d'automne (fin septembre dans nos régions) et se terminant par
les étiages (niveaux les plus bas des nappes) estivaux.
Le bilan annuel hydrologique d'un bassin est exprimé de la
façon la plus générale par la formule:
|
P=précipitations |
||||||||||||||||||
Sur une longue période (moyenne sur plusieurs années) on néglige les réserves. |
|||||||||||||||||||
correspondant aux 4 départements francs-comtois (débit moyen annuel en m3.s-1) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Bilan hydrologique (moyenne sur 20 ans à
Rennes):
E: évapotranspiration; P: précipitations;
I: infiltration estimée
2 et 3: mise en charge des nappes par infiltration
4 et 1: utilisation des ressources en eau du sol puis dédicit
hydrique en surface
Un petit modèle extrêmement simplifié du cycle de l'eau est utilisé dans l'enseignement primaire et même secondaire. Comme il ne présente pas toutes les étapes du cycle de l'eau car il n'y a pas de retour de l'eau de précipitation à l'eau de mer et il n'y a pas de phase solide, il s'agit plus, à mon avis, d'un modèle (purement physique) de formation de pluie à partir de l'eau de mer. Mais cela n'empêche pas de rêver en face de ce montage et de voir les nuages passer au-dessus de la mer sur laquelle vous naviguez. Il est à mon avis très instructif.
Sa mise en place dans le cadre de l'apprentissage à la méthode expérimentale est présenté dans le cours de seconde sur les pages du site associé.
Les eaux d'infiltration passent d'abord dans le sol puis le sous-sol.
L'eau de gravitation (eau gravitaire ou encore eau
de gravité) est inutilisable par la
végétation car elle s'écoule rapidement
à travers un sol qui est poreux avec des pores de
grand diamètres (on parle de macropores
par lesquels passe l'eau de gravité ou "eau de
macroporosité"). Dans le cas d'un sol peu poreux mais
avec des pores de petit diamètre (on parle de
micropores qui retiennent "l'eau de
microporosité") l'eau pénètre dans le
sol est y est retenue: c'est l'eau de
rétention, utilisable par les plantes sauf pour
une fraction liée aux éléments solides
du sol (comme le complexe argilo-humique) avec des forces
intervenant dans la capillarité (tension
superficielle) ou des forces
éléctrochimiques. |
L'eau du sol contient de nombreuses bactéries et unicellulaires. Lorsqu'elle arrive dans le sous-sol elle est encore chargée de nombreux êtres vivants. L'aseptie d'une eau souterraine dépend des roches qu'elle a traversé, de la durée et de la profondeur de circulation... nous en reparlerons dans la partie sur les pollutions. D'une façon générale on peut dire que toute eau souterraine reste un milieu de vie (voir biologie).
L'eau qui arrive dans le sous-sol s'y accumule et y circule. Deux
paramètres mesurent ces deux aspects:
* la porosité (et plus
spécialement la porosité efficace) des
roches du sous-sol détermine leur capacité
d'accumulation de l'eau (et plus spécialement de l'eau
exploitable).
* la perméabilité des
roches du sous-sol détermine leur capacité à
conduire les eaux souterraines.
Pour mesurer la porosité d'une roche on mesure tout simplement la quantité d'eau (volume) qu'elle est suceptible de retenir (différence entre la masse de roche sèche et la masse de roche après ressuyage, c'est-à-dire écoulement de toute l'eau de gravité). C'est donc un pourcentage qui exprime le volume disponible pour l'eau (ou un autre liquide de densité voisine qui occuperait le même espace) par rapport à un volume donné de roche. On donne parfois la porosité efficace en L/m3, ce qui revient à donner le résultat en (1/1000).(montage donné dans le corrigé du sujet du CRPE d'Aix-Marseille 99).
Pour mesurer la perméabilité qui est une variable dynamique ayant les unités d'une vitesse, on mesure le débit d'eau passant à travers une colonne de roche de hauteur et de section donnée, à pression constante. Pour cela on réalise un montage simple:
(d'après Nathan, SVT 2nde, 1993, p 163) |
La colonne d'eau est à une hauteur constante L
maintenue grâce à une arrivée d'eau
continue et à un trop plein. (tirée de la formule plus classique Q = K x (H x S) / L) Q = débit moyen = quantité d'eau s'étant écoulée à travers la roche par unité de temps. L, H, S: voir schéma ci-contre. |
|
|
roche (non fracturée) ou sédiment |
(L.m-3 de roche saturée) |
(L.m-3) |
(m.s-1) |
argile |
|
|
|
calcaire |
|
|
|
craie |
|
|
|
granite |
|
|
|
gravier |
|
|
|
grès |
|
|
|
sable fin |
|
|
|
schiste |
|
|
|
Voici quelques valeurs limites usuelles :
gravillons |
10-2 m.s-1 |
|
10-5 m.s-1 |
|
10-9 m.s-1 |
|
||
très bonne |
bonne |
mauvaise |
|
Cependant ces chiffres ne signifient pas grand chose du fait de l'échelle d'expérimentation: on travaille ici sur des échantillons centimètriques alors que l'hydrogéologue s'intéresse à des couches qui occupent des kilomètres cubes. La fracturation à toutes les échelles devient le facteur dominant qui détermine la quantité d'eau pouvant être contenue dans la roche et des circulations possibles (notamment l'orientation de la fracturation). En pratique on utilise le coefficient d'emmagasinement qui est estimé à partir des débits de prélèvement par forage.
Coefficient d'emmagasinement (S). Il peut être défini comme le volume d'eau pouvant être libéré ou emmagasiné par un prisme vertical du matériau aquifère de section égale à l'unité, à la suite d'une modification unitaire de niveau piézométrique ou de charge. C'est un coefficient sans dimension. Dans les nappes captives, l'eau libérée dépend entièrement de la compressibilité du matériau aquifére et de l'eau et ce coefficient est faible (de 10-3 à 10-6). Dans les nappes libres, l'effet de la compressibilité du matériau aquifère et de l'eau étant généralement négligeable, le coefficient d'emmagasinement correspond pratiquement au volume d'eau gravitaire saturant la roche, donc à la porosité efficace. Son ordre de grandeur est généralement compris entre 1.10-2 et 2.10-1. |
Dans un complexe hydrogéologique, comme le grand bassin sédimentaire de Paris ou un massif granitique et métamorphique comme le massif armoricain , à l'échelle des surfaces évaluées à des dizaines de milliers de kilomètres carrés et des temps portant sur des siècles, voire des millénaires, il n'y a aucune formation géologique étanche.
Les zones en bleu ne représentent pas de l'eau libre.... mais des zones plus riches en eau. |
Ag: arène granitique (produit de
l'altération du granite; c'est un sable grossier
argileux); l'accumulation d'eau peut y être importante
parcontre la productivité est faible (5 à 10
m3/h ; à titre de comparaison la Loire a un
débit moyen de plus de 800 m3/s soit 3 millions de
m3/h) |
En pratique on classe les roches en 3 groupes:
Remarque: "en petit" fait référence à une grande échelle, c'est-à-dire ici à des structures observables à la loupe; "en grand" fait référence à une petite échelle, c'est-à-dire ici à des structures de plusieurs mètres à pliusieurs centaines de mètres.
Les aquifères sont donc des couches géologiques (roches magmatiques ou métamorphiques fissurées ou roches sédimentaires poreuses ou fissurées) qui contiennent de l'eau exploitable et donc À SATURATION. L'eau contenue formant une nappe ou nappe aquifère. Les nappes phréatiques sont les nappes superficielles accessibles par des puits. Les nappes profondes ne sont accessibles que par des forages coûteux.
Aquifère: formation géologique réservoir poreuse ou fracturée susceptible de contenir ou contenant une nappe d'eau. En fait, le terme désignait habituellement non seulement la roche mais aussi l'eau. Pour éviter toute confusion on préfère actuellement n'employer ce terme que pour désigner la roche. L'eau étant qualifiée de nappe aquifère ou mieux de nappe d'eau souterraine. |
La partie de l'aquifère la plus à gauche (aire
d'alimentation) contient une nappe phréatique
(libre) atteinte par le puits P. La surface
piézomètrique de la nappe SPnl lorsque
l'aquifère est remplie est représentée par le
trait bleu.
La partie de l'aquifère qui contient une nappe captive
est à droite. Les forages F1 et F2
atteignent la nappe et l'eau y monte jusqu'à la surface
piézomètrique SP2 (en violet, trait continu)
lorsque l'aquifère est pleine, alors qu'elle atteint par
exemple la surface SP3 (en violet, trait pointillé)
lorsque l'aquifère est peu remplie. Le forage F2 est un forage
artésien dans la mesure où l'eau peut
s'écouler naturellement au-dessus du niveau du sol.
Nappe (d'eau
souterraine) ou nappe aquifère: masse d'eau
continue contenue (recelée) dans une formation
géologique. Le terme nappe aquifère est
trompeur car il désigne à la fois la masse
d'eau et la roche réservoir. Surface piézomètrique: définie en chaque point par le niveau le plus haut (niveau piézomètrique) atteint par l'eau d'une nappe montant dans un conduit de forage atteignant cette nappe. En coupe cette surface décrit des lignes de niveaux piézomètriques identiques ou isopièzes. Lors d'un prélèvement d'eau, la surface piézomètrique s'abaisse autour du point de pompage, c'est le rabattement de la nappe. Cette surface fluctue bien sûr dans le sens vertical en fonction de l'alimentation et de la vidange. |
Des montages simples avec des bacs à sable peuvent
permettre de visualiser les caractéristiques théoriques
d'une nappe libre. Voir par exemple la partie
1 du volet 1 du sujet du CRPE d'Aix-Marseille 1999 (document
2).
Pour faire saisir visuellement le contenu en eau d'une
aquifère on peut, en classe primaire, à l'aide de
matériaux poreux et non poreux, suivre l'éventuelle
progression de l'eau par capillarité: une craie dont
l'extrêmité plonge dans l'eau se "mouille" en quelques
minutes (sa perméabilité est de l'ordre du
décimètre ou mètre à l'heure: 10-5
à 10-3 m.s-1).
La productivité d'une couche aquifère est fonction des paramètres précédents (perméabilité, coefficient d'enmagasinement) mais aussi de son épaisseur, H (pour une nappe libre) ou e (pour une nappe captive); le produit T = KH ou T = Ke (en m2. s-1) est appelé transmissivité. Le paramètre pratique utilisé lors de l'exploitation est la diffusivité T/S, quotient de la transmissivité par le coefficient d'emmagasinement. Par exemple pour les sables albiens du bassin de Paris, T = 0,3 m2. s-1 et S = 0,005; d'où T/S = 60 m2. s-1.
En France (d'après SVT, 2nde, Hachette,
1997),
* 46% des eaux souterraines prélevées proviennent
d'aquifères à nappe libre liées à des
cours d'eau (nappe alluviale), ce qui représente 2.200
hm3 par an;
* 33% proviennent des aquifères à nappes libres non
liées aux cours d'eau directement mais alimentées par
des eaux de pluie principalement (ou par d'autres quifères),
ce qui représente 1.600 hm3 par an;
* et enfin 21% proviennent d'aquifères à nappes
captives, 1.000 hm3 sont ainsi pompés
annuellement.
|
|
|
|
|
|||
|
|
% par type d'eau |
|
% par type d'eau |
|
% par type d'eau |
|
|
|
8 |
|
100 |
|
35 |
|
|
|
12 |
|
|
|
42 |
|
|
|
56 |
|
|
|
|
|
|
|
19 |
|
|
|
23 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Lors d'un prélèvement d'eau, la surface piézomètrique s'abaisse autour du point de pompage, c'est le rabattement de la nappe.
Les nappes phréatiques et alluviales par exemple ont des durées de renouvellement très courte (quelques années) alors que les nappes les plus profondes peuvent avoir des durées de renouvellement très longues (l'eau s'y renouvelle extrêmement lentement). En voici quelques exemples:
|
|
|
bassin du Sahara septentrional (Algérie, Tunisie) |
|
|
aquifère des sables verts du bassin de Paris |
|
|
aquifères à nappe libre de l'Arizona (USA) |
|
|
aquifères du bassin de Maranhao (Brésil) |
|
|
Il est donc clair que l'eau "fossile" représente alors une ressource épuisable.
La minéralisation des eaux souterraines phréatiques
et de subsurface dépend tout d'abord des roches
traversées lors de l'infiltration: il y a bien sûr des
variations saisonnières et d'une année sur l'autre.
Les eaux souterraines profondes ont une minéralisation plus
stable dans le temps et plus importante que les eaux peu profondes.
Il peut par contre y avoir des contamination par des eaux
juvéniles volcaniques ou hydrothermales souvent fortement
minéralisées et chaudes.
|
|
|
|
|
|||||||
|
|
|
|
|
|
|
|
||||
eaux minérales |
Vichy |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Badoit |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Contrexéville |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Vittel |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Evian |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Volvic |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
eaux d'adduction potable |
alluvions calcaires du Doubs |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
alluvions sableuses de la Savoureuse |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
alluvions de la Seine |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
calcaire de Beauce |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
craie (bordure de côte) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
sables yprésiens |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
calcaires jurassiques |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
granite |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Echelle logarithmique de Schoeller présentant de
classer les eaux souterraines selon leur potabilité.
On a reporté ici 3 lignes du tableau
supérieur: dh=degré hydrotimétrique en degrés français= 5 x ([Ca/40] x 21 + [Mg/24] x2) |
La classification des eaux souterraines se fait aussi en 5 classes
selon le type d'utilisation préférentielle:
* eau très peu minéralisée (< 250
mg/L), utile pour la fabrication de vapeur mais ne pouvant convenir
à la distribution publique sans un apport de sels dissous;
* eau peu minéralisée (250 à 500 mg/L),
utilisable par l'industrie et pouvant servir à la distribution
publique d'eau potable;
* eau normalement minéralisée (500 mg/L à
1 g/L), correspondant aux normes des eaux potables;
* eau non conforme aux normes de potabilité (1 à
1,5 g/L), mais pouvant être utilisée pour l'irrigation
et pour abreuver les animaux.
* eau trop salée ( > 1,5 g/L), impropre en dehors
d'un usage balnéaire.
Je précise à nouveau que nous ne nous intéressons dans cette page qu'aux eaux souterraines et non au eaux de surface, même si celles-ci peuvent être traitées pour être rendues potables (le traitement des eaux de surface est traité dans la page générale sur l'eau)..
Le terme de pollution (souillure) en écologie moderne désigne la dégradation d'un milieu naturel à la suites de la contamination par des agents toxiques (essentiellement liés à la production d'énergie, aux activités industrielles et à l'agriculture). Pollution fait référence à une vision écologique (centrée sur l'habitat) et non anthropocentrique comme le fait le terme de nuisance. Et pourtant la limite est parfois floue: nuisances sonores, nuisances esthétiques, olfactives, gustatives... pour lesquelles la santé n'est pas directement mise en danger.
Certaines nappes phréatiques européennes contiennent des traces de plus de cinquante types de pesticides différents. Certains, comme l'atrazine (herbicide très employé sur le maïs), rendent l'eau non potable sur de vastes surfaces de certains pays de la C.E.E., par suite de la contamination des nappes.
Nitrates: une norme aux pieds d'argile,
Marian Apfelbaum, La Recherche, 339,
février 2001, p 31-34 |
La pollution des eaux de surface par les nitrates et la distrophysation (pollution des lacs et cours d'eau se manifestant par un développement excessif du phytoplancton et des phanérogames ; à ne pas confondre avec l'eutrophisation : enrichissement naturel d'une eau en matières nutritives (sels minéraux) provoquant la perturbation de l'équilibre biologique des eaux par désoxygénation des eaux profondes) qui en résulte, est un tout autre problème que l'augmentation de la teneur en nitrates des eaux souterraines potables. Les marées vertes en sont un exemple.
Exemple de la plaine d'Alsace polluée par les résidus d'exploitation des mines de potasse (terrils contenant de grande quantité de chlorure de sodium) ainsi que de sulfates de fer produits par l'industrie chimique locale. Voir sujet du CRPE d'Aix-Marseille 1999.
Il n'y a encore pas si longtemps on considérait que les
eaux souterraines étaient stériles car filtrées
par la percolation des eaux d'infiltration les alimentant. Ce n'est
plus le cas.
On a découvert des micro-organismes viables à plus de 2
km de profondeur malgré des limites évidentes en
éléments nutritifs: l'oxygène tout d'abord,
normalement présent mais en faible quantité. Il
semblerait que les eaux souterraines, habituellement aérobies
(contenant de l'oxygène libre) , deviennent rapidement
anaérobies (sans oxygène disponible) dès
qu'elles sont contaminées par de la matière organique.
En effet, le dioxygène serait alors consommé pour
oxyder cette matière organique, l'eau perdant alors son
dioxygène. Mais d'autres éléments comme l'azote
et le phosphore, présents en très faible
quantité ou absents des eaux souterraines, seraient aussi des
facteurs limitant la croissance des microorganismes profonds. La
question est donc double: y-a-t-il des organismes vivants dans les
eaux souterraines ? et s'y développent-ils ? Si la
réponse à la première question est sans conteste
positive, la réponse à la seconde est plus
nuancée. En absence de pollution (notamment organique) les
eaux souterraines restent un milieu où la croissance des
êtres vivants est quasi impossible. Par contre, à la
suite d'une pollution, il devient possible d'utiliser les
micro-organismes pour purifier le milieu et dégrader la
matière organique.
D'autre part, on a trouvé des bactéries (vivantes ?)
dans des roches (inclusions fluides) profondes jusqu'à
2,8 km (voir par exemple l'article : "les micro-organismes de
l'intérieur du globe", James Fredrickson et Tullis
Onstott, Pour la Science, 230, décembre 1996, 90-95 ,
qui citait déjà 9.000 souches bactériennes
lithotrophes profondes... (pour les types trophiques voir cours sur
la nutrition)).
la planète bleue // le cycle de l'eau // les nappes et les aquifères // géochimie des eaux souterraines // biologie des eaux souterraines