Remarques sur cette partie (reportées en fin de page)
Plan de cette page:
Le TP-TD précédent nous a permis de comprendre les grandes lignes de l'organisation du système nerveux dont la mise en place embryonnaire, pour passionnante qu'elle soit, est hors programme. Le système nerveux est un système homogène dont l'homogénéité provient avant tout d'une origine embryonnaire unique (tube nerveux et vésicules céphaliques ectodermiques des vertébrés).
Qu'est-ce que le système nerveux ?
Un ensemble de cellules.
On peut ainsi dire que c'est avant tout un système,
c'est-à-dire un ensemble de cellules regroupées en
tissus et organes et assurant une même fonction (ou
un même ensemble de fonctions) participant au
travail de relation.
En tant que système issu du feuillet embryonnaire le plus
externe (ectoderme) et reliant les cellules et les organes
(voir
TP-TD), le système nerveux
est le système de coordination tourné vers
l'extérieur, le système d'accès à la
vie sensitive, à la communication avec le milieu
extérieur, à l'adaptation au milieu, au
déplacement rapide...Le rôle dans la fonction de
nutrition (au cours de l'effort) que nous avons vu en classe de
seconde entre bien dans ce cadre: les tonus
cardioaccélérateurs et modérateurs cardiaques
permettent une adaptation du rythme cardiaque à la demande des
organes au travail (voir cours
de seconde). De
façon imagée, en ayant à l'esprit la formation
de la gouttière neurale, peut-être pourrait-on dire, que
le système nerveux est le résultat d'une
infinité d'invaginations de la limite
milieu-extérieur-milieu intérieur jusqu'au niveau des
organes les plus internes. Une sorte de réseau
trachéolaire qui serait enfermé (car les parties les
plus denses du système, les centres, sont bien
internalisées) dans l'organisme et qui nous relierait au
monde. C'est l'image du monde extérieur en nous. (De la
même manière, l'appareil digestif, qui nous permet de
consommer nos proies, étant donné notre
allotrophie,
est aussi le résultat d'une internalisation lors de la
gastrulation embryonnaire). D'une façon plus classique,
on peut dire que :
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Cette partie ne présente qu'une illustration de notions scolaires classiques sans l'indispensable remise en cause remise à plus tard.
a - les éléments d'un réflexe
Un récepteur qui reçoit un signal,
réalise la transduction et transmet un message
sensitif. Une voie centripète (sensitive) qui
transmet le message sensitif à un centre
intégrateur. Le centre somme (intègre) les
données sensitives et élabore une réponse
réflexe (motrice). Une voie centrifuge (motrice)
transmet le message moteur à un effecteur qui
réalise la réponse.
TP EXAO 1 - enregistrement d'électromyogrammes du soléaire lors du réflexe myotatique achilléen (stimulation du tendon d'Achille et contraction réflexe du muscle extenseur du pied ou soléaire) (Bordas p 178-179); électromyogramme du soléaire après stimulation du tendon d'Achille avec contraction simultanée du muscle antagoniste (jambier antérieur); électromyogrammes simultanés du jambier antérieur et du soléaire lors de légères flexions et extensions volontaires du pied. (Bordas p 186)
b - un réflexe myotatique
Un réflexe myotatique est la contraction d'un muscle en
réponse à son étirement. Celui qui a
été étudié en TP est le réflexe
achilléen (Bordas p 178). Schéma
général du réflexe (doc B4 p 185). C'est un
réflexe monosynaptique puisqu'il y a une seule synapse au
niveau de la corne ventrale de la moelle épinière.
C'est un réflexe très rapide puisque le délai
synaptique (temps de transfert du message nerveux au niveau d'une
synapse est de l'ordre de 0,5 ms. La vitesse de
conduction du message nerveux dans les fibres sensitives et motrices
est de l'ordre de quelques mètres à quelques dizaines
de mètres par seconde (donc si l'on estime le parcours aller
retour talon d'Achille-ME à environ 2m cela fait un temps
d'environ 0,1 s à 20 m.s-1).
Pour une page de connaissances plus précise voir les réflexes myotatiques.
a - un récepteur à l'étirement
Les fuseaux neuro-musculaires sont des récepteurs
à l'étirement (mécanorécepteur)
stimulés lors des réflexes myotatiques (TP et Bordas p
184).
C'est au sein du récepteur que le signal mécanique
(étirement des fibres musculaires modifiées) est
transformé (transduction) en signal électrique (une
dépolarisation d'amplitude plus ou moins grande du dendrite de
la cellule sensitive ganglionnaire).
b - le signal nerveux est une somme de potentiels d'action (PA)
TP EXAO 2 - Enregistrement d'un signal nerveux propagé le long du nerf de la patte de crabe stimulée électriquement - Variation d'amplitude avec des stimulations d'intensité croissante (Bordas p 196-199)b1- un PA obéit à la loi du tout ou rien
Les cellules excitables sont des cellules polarisées c'est-à-dire qui présentent un potentiel de repos (PR). Lors d'une stimulation elle présentent une brusque variation de leur potentiel de membrane qui est le potentiel d'action (PA). Les PA sont propagés sans atténuation à la surface des membranes des cellules excitables.
Schéma PA et Exercice Bordas n°1 p 214
La réponse d'un axone, prolongement d'un neurone (voir TP) obéit à la loi du tout ou rien: à partir d'un certain seuil l'axone présente un signal d'amplitude identique quelque soit l'intensité de la stimulation: ce signal est le signal unité ou potentiel d'action (PA). Par contre, le nerf, composé de très nombreux axones (et d'autres cellules, non excitables, voir TP) a une réponse proportionnelle à l'intensité de la stimulation; la réponse se fait aussi à partir d'un certain seuil (premières fibres stimulées qui répondent) et elle atteint un maximum lorsque toutes les fibres du nerf sont stimulées et répondent (l'analogie avec un fil de téléphone composé de plusieurs fils est assez éclairante).b2 - les nerfs propagent un signal (influx nerveux) qui résulte de la somme des signaux élémentaires (PA) propagés par chacune des fibres qui les composent
Le terme de PA du nerf est à proscrire. Il est de loin préférable de désigner par ce nom le seul signal élémentaire d'une fibre isolée.
Des vitesses de conduction croissantes sont observées selon le diamètre de la fibre et sa myélinisation (petits axones nus < petits axones myélinisés < gros axones nus < gros axones myélinisés) depuis un vitesse faible de l'ordre de 0,2 m.s-1 à une vitesse rapide de l'ordre de 120 m.s-1.b3 - les PA sont propagés le long des membranes des cellules excitables
Exercice Bordas n°2 p 215 Mesure de vitesse
c - le message sensitif est codé en modulation de fréquence
Exercice Bordas n°3 p 215
a - la moelle épinière : un centre qui traite très rapidement des messages sensitifs simples
a1 - un réflexe myotatique est un réflexe monosynaptiquea2 - le fonctionnement coordonné des muscles d'un membre fait intervenir l'innervation réciproque des muscles antagonistes
schéma de synthèse à apprendre Bordas p 187 ou 191
Exercice Bordas n°2 p 193
Un "exercice" autour d'un modèle simplissime Les expériences historiques de section-stimulation de nerfs permettant d'une façon fruste de déterminer la nature sensitive ou motrice d'un nerf dans le cadre d'un schéma réflexe simple quasi-théorique (récepteur (R) - nerf sensitif - centre - nerf moteur - effecteur (E)). Il faut impérativement que le nerf ne comporte qu'un seul type de fibres (motrices ou sensitives) et qu'elles soient reliées au même organe (ce qui n'est pas généralement le cas, les nerfs comportant de nombreuses fibres issues d'organes différents; plus rarement des fibres sensitives avoisinant des fibres motrices). La propagation du message nerveux est à sens unique, du fait des synapses qui ne transmettent l'information que dans un seul sens (voir chapitre suivant). Le bout central (BC) d'un nerf est en liaison avec le centre (en gris) et le bout périphérique (BP) avec un récepteur (pour un nerf sensitif) ou un effecteur (pour un nerf moteur).
On peut déduire deux composantes du message nerveux par ces expériences:
- si lors de la section d'un nerf, on observe une modification de l'activité d'un effecteur, c'est donc qu'il existait en permanence un message qui transitait par celui-ci. Pour un nerf moteur on parle de TONUS. Pour un nerf sensitif on parle d'activité permanente du récepteur.
- si l'on stimule le BP d'un nerf sensitif sectionné, on en doit pas observer de réponse (puisque que l'on a pris comme hypothèse que ce nerf était issu d'un récepteur). De la même façon si l'on stimule le BC d'un nerf moteur sectionné, il ne doit pas y avoir de réponse puisque le message nerveux ne peut pas aller dans le sens moteur->sensitif du fait de la synapse sensitivo-motrice.
- si l'on stimule le BC d'un nerf sensitif sectionné, comme le BP d'un nerf moteur sectionné, on doit obtenir une réponse de l'effecteur en liaison avec ce nerf.
b - le cortex sensitif et le cortex moteur sont des centres supérieurs qui reçoivent d'innombrables informations sensitives et élaborent des réponses complexes
Une structure motrice est définie
par une réponse musculaire à une stimulation
directe (électrique principalement) et/ou l'apparition
de troubles du mouvement suite à son ablation. En toute
rigueur seules les structures génératrices de
mouvements de la musculature striée (motricité
somatique) doivent être qualifiées de motrices. Les
structures impliquées dans les mouvements des muscles lisses
peuvent être rapportées à une motricité
viscérale qui reste peu importante étant donné
que l'on considère que le
système nerveux végétatif fonctionne d'une
façon autonome, par voie réflexe (cur, muscles
assurant les mouvements respiratoires ou
péristaltiques...).
Une structure sensitive est
définie par la réception de signaux à la
suite d'une stimulation de récepteurs
périphériques mais surtout par la perte de
sensibilité à la suite d'une
lésion-ablation.
Un signal n'est signifiant que s'il est reçu et
interprété. La réception est du domaine de la
sensation. L'interprétation du domaine de la
perception. La sensibilité d'un organisme dépend
donc des récepteurs qu'il possède. Les
récepteurs spécifiques spécialisés
mais surtout localisés chez l'homme déterminent
des sens assez bien définis: la vue, l'ouïe,
l'équilibration (kinesthésie
inconsciente voir plus bas), l'odorat, le goût.
Les autres sensations, moins bien localisées, et ne
correspondant pas toujours à des récepteurs connus,
sont qualifiés de somesthésiques. Elles
comprennent le sens tactile au sens large qui recouvre aussi
la thermosensibilité et la sensibilité
à la douleur (nociceptive) (pour laquelle
il n'a pas encore été trouvé de
récepteurs spécifiques mais qui semble être une
chémoréception) ainsi que la
kinesthésie (=cinesthésie) consciente
(sensibilité aux mouvements des
différentes parties de son corps).
La somesthésie dite "générale"
désigne donc l'ensemble des sensations venant de la peau, des
muscles, des articulations et des viscères.
Juste une remarque pour montrer la finesse de la
sensibilité tactile: la pulpe des doigts peut distinguer au
repos deux reliefs séparés de 2,5 mm; mais si le doigt
se déplace une simple différence de rugosité
peut être reconnue ce qui permet à des aveugles de lire
l'écriture Braille à près de 600 lettres par
minute, ce qui est plus rapide qu'une lecture à
vue.
L'encéphale correspond très grossièrement à deux cylindres creux accolés. Chez les Poissons et les Amphibiens il ne reçoit que peu d'afférences sensitives (essentiellement olfactives; les autres se terminant dans des centres inférieures médullaires ou bulbaires) mais possède déjà un rôle moteur incontestable. Chez les Reptiles, Oiseaux et Mammifères, les relations entre les récepteurs périphériques et les hémisphères cérébraux se font de plus en plus étroites. La partie la plus en avant (télencéphale) se différencie en une masse ventrale constituée des noyaux de la base et une couche de plus en plus épaisse de cellules nerveuses qui donnera le cortex, d'autant plus épais et riche en cellules et en prolongements cellulaires que l'on est chez des vertébrés au comportement complexe. Chez l'homme, le cortex recouvre la totalité des deux hémisphères. Les cellules nerveuses du cortex sont organisées en six couches. Chez les Mammifères on a pus observer que la densité de neurones est d'autant plus faible que l'animal est de grande taille; ce qui est à mettre en relation, non pas avec une diminution du nombre de neurones mais avec l'augmentation du nombre de cellules gliales, très marquée chez les animaux de grande taille. Les zones du cortex en liaison avec les récepteurs périphériques sont regroupés en volumes occupant toute l'épaisseur corticale et coupant la surface du cortex selon des aires assez bien délimitées. L'ensemble des aires corticales, et spécialement celles qui sont liées à la vision, à la somesthésie et à la motricité, s'organisent en une sorte de mosaïque formée de colonnes juxtaposées orthogonales à la surface du cortex.
Nathan p 226-227? Bordas p 220-225
On désigne par somatotopie (du grec "soma" = corps et "topos" = lieu) la relation "topologique" c'est-à-dire dans l'espace entre une structure périphérique du corps et une structure corticale. Il existe une incontestable somatotopie au niveau du cortex somatosensoriel qui reçoit les informations tactiles: les zones sensibles du corps reportées sur le cortex dessinant la forme du corps ("l'homoncule" ou homunculus en latin) avec des proportions caractéristiques de l'importance relative des différentes surfaces corporelles: la tête et les mains étant maximales.
a - Les corps cellulaires des motoneurones médullaires intègrent (somment) les afférences sensitives excitatrices et/ou inhibitrices et les afférences centrales volontaires
TP EXAO 1 et Bordas B3 p 209
Lors d'une commande de contraction volontaire le cerveau transmet aux
motoneurones stimulés un message excitateur. Si une
stimulation d'intensité efficace est portée sur le
tendon d'Achille, alors que le muscle antagoniste (jambier
antérieur) est contracté volontairement, le
réflexe myotatique est inhibé. Les
afférences centrales volontaires sont donc à la fois
excitatrices sur le motoneurone commandant le jambier
antérieur mais aussi inhibitrices sur le motoneurone
commandant le muscle antagoniste. Ainsi le corps cellulaire du
motoneurone commandant la contraction du soléaire a
reçu simultanément une afférence inhibitrice
centrale volontaire et une afférence sensitive réflexe
excitatrice. La résultante a été une inhibition
du réflexe.
b - Chaque synapse chimique transmet un message soit excitateur soit inhibiteur à la cellule postsynaptique selon le type de neurotransmetteur qu'elle libère dans la fente synaptique
La transmission synaptique chimique est orientée: il y a une dissymétrie entre les deux zones synaptiques. Dans une synapse chimique le message nerveux, électrique, est transmis chimiquement d'une zone synaptique à l'autre.
Une synapse fait intervenir au moins 3 cellules:
* une cellule présynaptique, qui est toujours un neurone dont
une zone axonale ou dendritique (plus rarement) présynaptique
se renfle;
* une cellule postsynaptique, qui peut être un neurone, une
cellule musculaire ou une cellule glandulaire
* une ou des cellules gliales.
Une synapse comprend 3 parties:
* la zone présynaptique dont l'axoplasme renferme des
vésicules synaptiques dans lequel est stocké le
(ou les) neurotransmetteur(s) spécifique(s) de la synapse
(on y trouve également des mitochondries, de
nombreux microtubules et des vésicules denses qui se
différencient des vésicules synaptiques, petites de
claires); la membrane présynaptique, au point d'exocytose des
vésicules synaptiques, est souvent plus épaisse et plus
sombre au MET;
* la fente synaptique ou espace intersynaptique
(occupé dans le cas de la synapse
neuromusculaire par une membrane basale plus ou moins colorée
et visible au microscope électronique à
transmission);
* la zone postsynaptique dont le contenu cytoplasmique
dépend fortement du type cellulaire de la cellule
postsynaptique; habituellement la membrane
postsynaptique présente un épaississement encore plus
net que la membrane présynaptique, visible au MET; du
point de vue fonctionnel cette membrane contient les
récepteurs au neurotransmetteur.
Lors de l'arrivée d'un PA au niveau de la zone présynaptique, le neurotransmetteur est libéré dans la fente synaptique par exocytose des vésicules synaptiques. Le neurotransmetteur se fixe sur les récepteurs de la membrane postsynaptique et est simultanément inactivé ou dégradé par voie enzymatique dans la fente synaptique et/ou capturé par la cellule présynaptique et/ou par les cellules gliales. Ainsi la synapse peut de nouveau est activée après un temps très bref typiquement de l'ordre du dixième de milliseconde. La fixation du neurotransmetteur à la membrane de la cellule postsynaptique modifie son activité.
La fixation d'un neurotransmetteur inhibiteur sur les
récepteurs de la membrane d'un neurone provoque une
hyperpolarisation qui empêche l'apparition d'un PA qui
constituerait un message postsynaptique qui pourrait être
propagé. A l'inverse, la fixation d'un neurotransmetteur
excitateur sur les récepteurs de la membrane d'un neurone
provoque une dépolarisation qui, si elle atteint le seuil
d'excitation du neurone, peut provoquer l'apparition d'un PA
postsynaptique qui est alors transmis par l'axone.
Dans le cas de la jonction neuromusculaire, un PA
présynaptique est toujours suivi d'un PA postsynaptique.
c - Dans les centres supérieurs les corps cellulaires des neurones reçoivent de très nombreuses afférences excitatrices et inhibitrices dont ils font la somme spatiale (sur toutes les synapses) et temporelle (sur une période de temps donnée)
À la suite de la libération simultanée des neurotransmetteurs des nombreuses synapses excitatrices et inhibitrices dans les fentes synaptiques entourant le corps cellulaire d'un neurone central, ce dernier élabore un message efférent qui résulterait de la somme spatiale et temporelle des messages synaptiques inhibiteurs et excitateurs.
La physiologie est non seulement explicative (au sens de détailler, donc descriptive) mais compréhensive (au sens étymologique de "prendre avec soi", d'assimiler par son intelligence), dans la mesure où elle recherche la signification (signe visible du sens profond) de tel ou tel mécanisme; ce que Knut Schmidt-Nielson appelle les questions du pourquoi et du comment. Dans l'introduction de Physiologie animale ; adaptation et milieux de vie (1998, Dunod) il écrit: «en étudiant l'adaptation de l'animal a son milieu on est conduit à voir ce qui est bon pour lui... L'animal doit se maintenir en vie et il n'y a rien d'inconvenant, ni de non scientifique, à découvrir comment et pourquoi il y réussit».
La neurophysiologie progresse, comme toujours, de concert avec
l'évolution des techniques: d'une part la biophysique
qui permet de mesurer des activités électriques
très faibles, très rapides et très nombreuses et
de stimuler de plus en plus précisément des structures
cachées au plus profond des hémisphères
cérébraux; et d'autre part la biochimie, devenue
neurochimie, qui explore non seulement les neurotransmetteurs
synaptiques mais s'intéresse aux médiateurs,
récepteurs, enzymes et autres molécules dont la
neuropharmacologie étudie à son tour les applications
thérapeutiques. On peut dire que du point de vues des
données expérimentales les progrès ont
été considérables.
Mais en ce qui concerne la théorie un tel progrès est
plus difficilement soutenable.
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Un système formalisé à l'aide des outils de la cybernétique (d'après EU) |
La cybernétique désigne la science des interactions entre les mécanismes; elle a été développée depuis le milieu du XXème siècle dans des systèmes artificiels et naturels. Mais son vocabulaire et ses concepts viennent bien de la physique des systèmes artificiels. Plus concrètement, appliquée à la biologie, on pourrait dire que la biocybernétique est la science des échanges d'information (informations entrantes et informations sortantes ou commandes ou encore contrôles) entre systèmes vivants ou composants de ces systèmes (à toutes les échelles: du moléculaire au social). |
Enfin, il est nécessaire de souligner que toute compréhension du système nerveux doit reposer sur l'évolution. A ce titre l'évolution du système nerveux des animaux est probablement un des exemples de phylogenèse les plus éclairants. Origine embryologique commune, internalisation, différenciation, complexification progressive, hiérarchisation, sont autant de traits évolutifs qu'il faut voir non pas par comparaison d'espèces actuelles bien sûr mais en considérant les ancêtres dont ils sont issus (pour des lecteurs avertis vous pouvez consulter par exemple l'article "neurogénèse" de Paul Laget dans l'Encyclopedia Universalis).
La plasticité désigne depuis au moins le XVIIIème siècle une propriété du solide déformable et malléable. Elle a un sens très précis en géologie (voir page sur les séismes). En biologie certains auteurs, à la fin du XXème, ont parlé de plasticité biologique de l'homme dans le cadre d'une vision simpliste du vivant : la biologie résultant de l'expression du patrimoine génétique (qui conduit à ce qui est comparé à un solide) variant selon les conditions du milieu (qui modèlent le solide). L'aspect individuel étant désigné par le terme de plasticité (les jumeaux étant l'exemple type montrant les limites de cette plasticité), et l'aspect collectif et évolutif étant désigné sous le terme d'adaptation. Il est à craindre que la neuroplasticité proposée dans le programme dérive de cette vision bornée qu'il faut absolument dépasser.
L'être vivant est un système dynamique,
une société de cellules VIVANTES, en
perpétuel remaniement.
Depuis Aristote, la partie stable de
l'individu est sa FORME alors que la partie
changeant est la matière. En biologie, la forme, c'est
l'espèce (du latin
species = la forme visible avec les yeux).
L'approche théorique de la forme est remise
à la classe de terminale dans le chapitre sur les
classifications et l'évolution. Il ne s'agit pas ici de
traiter de ses variations mais uniquement de s'intéresser
à l'évolution du système nerveux après sa
mise en place embryonnaire.
Nous nous bornerons à étudier quelques exemples de plasticité à différents niveaux.
La plasticité cérébrale désigne la capacité du cerveau à modifier sa structure ou son fonctionnement après sa mise en place au cours de l'embryogenèse. On considère qu'elle diminue avec l'âge du sujet. Elle a d'abord été admise comme un élément essentiel des zones affectées à la mémoire mais absent des autres zones cérébrales. Depuis les années 1990 on a suspecté puis mis en évidence que cette plasticité touchait aussi le cortex sensitif et même moteur.
Des expériences mettant en évidence la
plasticité cérébrale à partir d'imagerie
fonctionnelle cérébrale réalisées chez
:
* des violonistes (Une empreinte dans le cortex des violonistes: une
étonnante plasticité jusqu'aux confins du pathologique,
Thomas Elbert, Brigitte Rockstroh, La Recherche, Juillet-août
1996, 289, p 86-89)
* ou des personnes atteintes de surdité (L'extension des aires
visuelles chez les sourds, Helen Neville et Daphne Bavelier, La
Recherche, Juillet-août 1996, 289, p 90-93).
On pourrait dire en conclusion qu'au niveau
du cortex, la neuroplasticité est une modification de
l'organisation dynamique se traduisant par un remodelage des
connexions synaptiques à la suite de modifications de
l'activité sensitive et/ou motrice
périphérique.
On peut distinguer :
* une plasticité structurale qui résulterait de
changements au niveau cellulaire: dans le nombre de cellules :
divisions de cellules avec (dédifférenciation) ou sans
(cellules souches) différenciation,
dégénérescences; ou dans les connexions entre
cellules : augmentation ou diminution du nombre de dendrites et/ou de
synapses...
* et une plasticité fonctionnelle : une cellule
différenciée qui change de fonction sans modification
structurale profonde (et donc dédifférenciation) est
difficilement envisageable mais il peut y avoir une modification de
la nature des neurotransmetteurs et, d'une façon plus complexe
à représenter, une réorganisation des aires
corticales par exemple...
On notera qu'il est difficile d'envisager des changements uniquement
fonctionnels ou uniquement structuraux.
Un cas typique est représenté par les changements
de métabolisme des neurones en culture (donc in
vitro) et lors de greffes (in
vivo):
les neurones sympathiques (voir page sur le
système nerveux
végétatif) en culture
sont noradrénergiques (libèrent de la
Noradrénaline) s'ils sont cultivés seuls mais
deviennent cholinergiques (libèrent de
l'Acétylcholine) s'ils sont cultivés avec d'autres
types cellulaires comme des fibres myocardiques.
C'est une plasticité fonctionnelle
neurochimique.
Des expériences de chirurgie nerveuse réparatrice ont
alors été menées. Ainsi des greffes de cellules
catécholamininergiques de la médullo-surrénale
(et du mésencéphale d'un ftus humain) ont
été réalisée dans le striatum de malades
atteints de maladie de Parkinson. Les résultats ont
été encourageants puisque les greffons n'ont pas
été rejetés et que les tissus greffés ont
adoptés le profil neurochimique des tissus au sein desquels
ils avaient été greffés.
Avec le formalisme adopté dans ces pages (voir
le chapitre 2 du
cours de 1èreS et surtout le
schéma de
synthèse) il est clair que
cette plasticité nécessite une modification des trois
types d'informations (génétique, cytoplasmique et
environnementale). Plutôt que de dire que de nouveaux
gènes doivent être exprimés il serait plus juste
de dire que le niveau d'expression des différents gènes
change. Le changement de neurotransmetteur, qui ne sont pas des
protéines, implique des changements dans la synthèse ou
l'activité de plusieurs enzymes et surtout de cofacteurs
intervenant dans de nombreuses autres réactions. Mais ce n'est
pas parce qu'une molécule est utilisée quelque part
dans la cellule qu'elle va pouvoir obligatoirement être
utilisée autre part: il ne faut pas oublier que la plupart des
cofacteurs et enzymes qui sont de grosses molécules doivent
être transportés entre le lieu de leur
synthèse et leur lieu d'activité
(voir page
sur la cellule). La
plasticité du métabolisme repose plus sur la
présence simultanée dans un neurone de plusieurs
métabolismes. La plasticité exprime alors un simple
changement de niveau d'expression de certains gènes sans qu'il
soit nécessaire d'imaginer que la cellule "deréprime"
des gènes.
Certains neurophysiologistes préfèrent parler de
neuroplasticité transcriptionnelle.
Compléments sur l'Adrénaline et l'Acétylcholine |
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Le métabolisme des monoamines (hydrosoluble) issues de l'acide aminé tyrosine est un métabolisme qui ne conduit pas uniquement à la Noradrénaline. La tyrosine est un des produit du catabolisme de la phénylalanine, qui peut être déficient dans certaines formes de phénylcétonurie (voir cours de 1èreS et page sur la phénylcétonurie). Les catécholamines sont l'adrénaline (épinéphrine), la noradrénaline (norépinéphrine) et la dopamine; elles dérivent du catéchol (1,2-dihydroxybenzène: un cycle benzénique avec deux OH en position 1 et 2). Le nom Dopa vient du nom allemand de la 3,4-dioxyphénylalanine. les catécholamines sont synthétisées dans certaines cellules nerveuses et dans la médullosurrénale qui est assimilée à un ganglion orthosympathique (même origine embryonnaire et même métabolisme).
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L'acétylcholine H3C-CO-O-CH2-CH2-N+-(CH3)3 est l'ester acétique de la choline (il peut être préparé chimiquement par chauffage de la choline avec l'anhydride acétique mais c'est un produit instable en milieu alcalin). C'est un tout petit composé (PM = 149). On l'a trouvé dans des plantes, des micro-organismes et bien sûr certaines neurones animaux. Dans la cellule elle se trouve liée à une grosse protéine qui empêche son hydrolyse. Sa biosynthèse est liée au catabolisme des glucides produisant l'acétyl-coenzymeA (voir cours de terminale spécialité). L'acétylcholinestérase a été localisée dans de petites vésicules du corps cellulaire de certains neurones et dans l'espace intersynaptique des synapses "à ACh". Il y a encore beaucoup à apprendre sur ses lieux de synthèse. Je signale par exemple l'article de Cécile Klingler, La Recherche, 347, Novembre 2001, 20-21 qui présente les cellules gliales participant à la recapture et à la dégradation de l'acétylcholine grâce à la sécrétion de la protéine de liaison AChBP (ACh Binding Protein).. chez Lymnæa stagnalis.
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Source: Un exemple vécu de plasticité cérébrale : la compensation vestibulaire, Pierre Clément, Biologie-Géologie, n°4-1999, p 731-735.
Chacun de nos deux nerfs vestibulaires contient des axones de
neurones sensitifs (en T) dont le corps cellulaire se trouve au
voisinage des récepteurs de l'oreille interne (utricule,
saccule et ampoules de la base des canaux semi-circulaires; voir
cours général sur les
sens) innervant des neurones situés dans les noyaux
vestibulaires (dans le bulbe rachidien au voisinage du cervelet). A
la suite d'un section accidentelle du nerf vestibulaire, ou d'une
lésion infectieuse (virale ?) qui conduit à une
dégénérescence équivalente, ou encore des
altérations des noyaux vestibulaires on observe une perte
brutale de la perception de la position globale du corps dans
l'espace (associée à des vertiges très violents)
ainsi que des symptômes plus variés comme des
nausées digestives et des mouvements saccadés et
involontaires des yeux (nystagmus). Ces dérèglements
sont dus à des couplages sensoriels entre
l'équilibration et d'autres sensations : d'abord la vision
(détection des mouvements des yeux... par exemple), puis la
proprioception (récepteurs intramusculaires et contrôle
des motoneurones alpha et gamma - voir
page sur les
réflexes myotatiques) et enfin la
somesthésie (récepteurs de la plante des pieds par
exemple nous informant de la nature du substrat...).
La compensation vestibulaire consiste dans la
récupération progressive du sens de l'équilibre,
malgré la lésion parfois définitive. La
disparition des symptômes intervient au bout de 3 à 4
semaines SI LE MALADE S'EFFORCE ACTIVEMENT DE RÉCUPÉRER
CETTE SENSATION. La compensation fait clairement intervenir de
nombreuses zones motrices et sensorielles, même si un
réelle plasticité au niveau des noyaux vestibulaires
est probable. Dans certains cas, et plus tardivement (5 à 6
mois) on peut aussi observer des restaurations fonctionnelles
complètes que l'on teste à l'aide de stimulations
codifiées des récepteurs vestibulaires.
Sources:
Physiologie animale; adaptation et milieux de vie, Knut
SCHMIDT-NIELSEN, Dunod, 1998
Précis de Physiologie, A. Calas, J-F. Perrin, C. Plas et P.
Vanneste; Doin, 1997
D'après le programme:
«Seule est étudiée la régulation de la
glycémie à court terme après un jeûne de
courte durée ou après un repas. L'intégration de
la glycémie dans des boucles de régulation plus
complexes, sous-tendant des processus de régulation à
long terme, ne fait pas partie du programme».
On notera aussi que les deux seules hormones au programme sont
l'insuline et le glucagon. Nous nous y tiendrons.
Dans le but d'étudier l'intégration (ou
coordination) des travaux du vivant, le programme de 1èreS,
dans la continuité de celui de la classe de 2nde, nous demande
de traiter le travail de nutrition (voir cours de
seconde, partie 2.
Il existe deux grands types trophiques: l'autotrophie (se nourrir
seul) et l'hétérotrophie (ou plutôt
l'allotrophie - se nourrir des autres)
).
La glycémie est
la concentration en glucose du sang. Sa valeur moyenne
(mesurée dans les veines du bras) oscille entre deux valeurs
extrêmes habituelles: 0,8 g.L-1 et 1,2 g.L-1
(soit 4,2
mmol.L-1 à 5,7
mmol.L-1). Localement, elle
peut atteindre des valeurs un peu plus faibles et nettement plus
élevées
(jusqu'à 50
mmol.L-1 soit 9,6
g.L-1).
page
complémentaire:
éléments de biochimie pour les élèves de
1ère S
Le glucose est la forme circulante (de cellule à cellule) de l'énergie chez les pluricellulaires (comme l'ATP est la forme intracellulaire de transfert de l'énergie chimique de liaison). Le glucose est présent dans le sang et la lymphe (interstitielle) à des taux variables mais qui reflètent l'activité et l'état physiologique de l'organisme.
La nourriture est formée de matière et
d'énergie.
* En ce qui concerne la source de matière, nous avons vu en
seconde (voir cours
de seconde, paragraphe 1.5) que les
animaux sont hétérotrophes car ils utilisent une
nourriture organique, ou mieux encore qu'ils sont allotrophes
car ils consomment d'autres êtres vivants (des proies vivantes
ou mortes). Les matières organiques et minérales qui
arrivent dans l'organisme (dans le milieu intérieur,
c'est-à-dire entre les cellules) sous forme de
nutriments sont variées (voir tableau
ci-dessus).
* De même nous avons vu que les animaux sont
chimiotrophes du point de vue de leur source d'énergie
car ils puisent leur énergie dans l'énergie chimique
des substances organiques qu'ils consomment. Nous allons voir que
c'est le glucose qui est la principale source d'énergie
chimique des cellules des animaux.
Les nutriments sont variées (glucides simples, aa,
glycérol et acides) mais peuvent tous être
transformés en glucose, principalement par le foie.
L'alimentation étant discontinue alors que l'utilisation du
glucose par les cellules étant continue, il existe des formes
de stockage du glucose.
Le glucose est consommé pour le catabolisme
énergétique par toutes les cellules. Cependant
certaines cellules peuvent utiliser d'autres nutriments
énergétiques.
Le glycogène est la forme de stockage la plus facilement et
rapidement mobilisable (même en absence d'O2) même s'il
prend plus de place que les lipides. Les lipides sont une forme de
stockage énergétiquement plus dense mais moins
facilement utilisable et surtout qui demande la présence de
dioxygène.
(in Schmidt-Nielsen, p173) |
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Remarques importantes:
Si les cellules nerveuses et les hématies ne consomment que du
glucose, la plupart des cellules peuvent consommer des acides gras
circulants et certaines consomment aussi des acides aminés
circulants à des fins énergétiques dans
des conditions particulières.
Mais:
* les acides gras (A.G.) ont un rôle
énergétique principal de réserve. Leur
utilisation comme nutriment énergétique ordinaire est
secondaire (sauf chez certaines cellules notamment du foie et du
rein) ou tout au moins partagé avec des rôles essentiels
structuraux (constituants principaux des membranes, couches
protectrices thermiques...) et fonctionnels (l'acétyl coenzyme
A (produit de la dégradation des acides gras) est un carrefour
métabolique dans la cellule, synthèse
d'hormones...);
* le taux sanguin et surtout le taux de la lymphe en A.G. est
très variable selon les apports alimentaires et les particules
lipidiques sanguines sont captées rapidement par le tissu
adipeux, le foie, le cur et les autres muscles
(voir cours
général sur la nutrition
humaine). Il n'y a pas de régulation de la
lipidémie comme on l'observe pour la glycémie,
notamment parce que les formes de transport des lipides sont
variées;
* les acides aminés issus des protéines
alimentaires digérées ne sont pas stockés dans
l'organisme mais utilisés par les cellules pour construire (et
renouveler) leurs propres protides; certains aa sont
synthétisés par les cellules. Ce n'est qu'en cas de
jeune prolongé (ou d'une alimentation
déséquilibrée beaucoup trop riche en protides)
que les aa sont consommés en grande quantité comme
substrat énergétique, notamment dans les muscles. Le
foie peut synthétiser du glucose à partir de certains
aa dits gluco-formateurs (les réactions font partie de
la néoglucogénèse).
* les corps cétoniques peuvent être
utilisés à des fins énergétiques à
la place du glucose par la majorité des cellules.
Les expériences s'insèrent bien sûr dans une théorie (voir méthode) mais nous nous efforcerons principalement ici de faire des analyses de résultats parfois très anciens et pour lesquelles les théories sont méconnues, n'étant plus accessibles autrement que par des recherches historiques.
Je renvoie aux méthodes d'analyse de courbes et données acquises en seconde.
Courbes et expériences:
- glycémie ordinaire
journalière mesurée toutes les 15 min - moyenne de 16
patients (Nathan, 148-1a) un seul patient (Bordas p139-B4)
- mesure du glycogène hépatique après 3 repas
sur 15 h (Nathan, 151-2a)
- hyperglycémie provoquée par voie orale - moyenne sur
10 sujets (Nathan, 148-1b) même courbe avec insulinémie
et glucagonémie (Nathan, 154-1a) - un seul patient (Bordas
p139-B6) et (Bordas p148-A2)
- hyperglycémie provoquée par voie orale et mesure dans
la veine porte hépatique, la v. sus hépatique et
l'artère hépatique ((Nathan, 149-2c)
- perfusions d'insuline et de glucagon chez le chien et mesure de la
glycémie (Nathan, 153-3)
- perfusion de glucose d'un pancréas isolé de chien,
mesure de l'insulinémie et de la glucagonémie (Nathan,
154-1b) (Bordas p149-B3) Ancien Bordas p 237 avec pic de
sécrétion de l'insuline et ultrastructure de la cellule
ß
- sécrétion d'insuline en fonction de la concentration
en glucose du milieu par des ilôts de Langerhans isolés
de rat (Nathan, 154-1c) (Bordas p149-B4)
- effet de l'injection d'insuline sur la glycémie, la
production hépatique du glucose et l'utilisation du glucose
chez l'homme (Nathan, 155-2a) (Bordas p146-A1) courbes de bilan
hépatique du glucose chez un chien normal à jeun et un
chien diabétique à jeun (bac)
- effet d'une perfusion de glucagon chez le porc (Nathan, 155-2b)
(Bordas p146-A1)
- effet de la concentration plasmatique d'insuline sur la production
hépatique de glucose et sur le prélèvement de
glucose par les autres organes (Nathan, 155-3)
- mesure de la glycémie
à la suite de l'injection de 20 mL de glucose à 5% dans
l'artère afférente au pancréas d'un chien
(bac)
- mesure de la glycémie à la suite de l'injection de 20
mL de glucose à 5% dans l'artère afférente au
pancréas greffé au cou d'un chien (bac)
- taux de réabsorption
rénale du glucose (BG1-2002 p 145 -3)
- couplage glycogénolyse-glycogénogénèse
dans le foie (BG1-2002 p 146 -5)
- insulinémie, glycémie et glucagonémie avant,
pendant et après un repas ((BG1-2002 p 147 -6)
- origine du glucose consommé lors d'un jeune de 10 jours chez
l'homme (BG1-2002 p 157 -17)
- stress de la tonte chez le mouton (BG1-2002 p 166 -26)
- adaptation du nouveau-né au stress hypoglycémique
à la naissance (BG1-2002 p 170 -28)
- différents récepteurs au glucose dans les cellules humaines (BG4-2001 p 774 -2)
L'homéostase désigne
l'état
d'équilibre intérieur d'un organisme face à des
modifications du milieu
extérieur.
La racine latine homo orthographiée
homéo en français viendrait du grec
homolos (= semblable) et n'est donc pas différente de
la racine homo. C'est le physiologiste anglais
W. B. Cannon qui forga ce mot vers 1932 en
réunissant deux racines grecques: homo et
stasie (= position).
On emploie indifféremment
homéostase (qui se rapporte à l'état
caractéristique: un système homéostatique est
dit "en homéostase") ou homéostasie (qui
désigne plus particulièrement la
propriété d'un
système).
Remarque :
Il est surprenant de voir utilisé le terme
d'homéostat pour le vivant (par les concepteurs
du programme !!!) alors que ce terme, utilisé en technologie,
vient de la physiologie mécaniciste héritée du
XIXème siècle (l'homéostat est, en technologie,
un appareil électrique inventé par Ashby en 1948 qui
simule l'homéostasie des organismes vivants). C'est comme si
l'on décrivait un sapin vivant à partir d'un sapin en
plastique. J'imagine bien sûr que ceux qui emploient
récemment ce terme veulent désigner le modèle et
non pas la fonction modélisée. L'usage tranchera. Je
préfère conserver les termes d'homéostase et
d'homéostasie.
La notion de régulation, empruntée à
la mécanique, est plus ancienne, et date d'au moins la fin du
XVIIIème. Actuellement la régulation est
le maintien du fonctionnement d'un système
(souvent avec le sens d'une conformité à une
norme, ce qui est nettement plus délicat
à employer en biologie - voir l'introduction
du cours sur la
pression artérielle). Je ne recommande donc pas son
emploi.
Remarque:
Il est à noter que Claude Bernard, probablement
persuadé de la profonde différence entre le vivant et
la machine (il était vitaliste), s'est contenté
dans ses théories du fonctionnement de l'organisme comme un
tout, d'utiliser les termes de "balance", "équilibre" et
"compensation", et non de "régulation", fort employé
déjà par des biologistes de son temps. En effet,
après avoir mis en évidence le rôle du milieu
intérieur dans la vie des animaux supérieurs, il a
opposé au mode de « vie oscillante»
directement soumise aux variations du milieu, le mode de
« vie constante ou libre », dans laquelle
les éléments cellulaires de l'organisme sont
protégés contre les changements dans le milieu
extérieur. Un tel animal n'est pas indifférent au
milieu ; il est en relation avec lui « de
façon telle que son équilibre résulte d'une
continuelle et délicate compensation établie comme par
la plus sensible des balances » (Leçons sur
les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux
végétaux, 1878). (in EU article régulation
de Canguilhem).
Je rappelle le premier principe dynamique du vivant vu en classe de seconde:
«
un être vivant
est un système homéostatique ou en
homéostase » |
La fonction f est représentée par une courbe qui décrit les valeurs de la fonction en tout point d'un espace à deux dimensions où le temps (x) et la glycémie (y) sont les deux paramètres : y = f(x) |
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fonction = maintien au cours de la journée, lors de repas et d'activité, au cours du sommeil, du stock de glucose circulant dans le sang et la lymphe à disposition des cellules |
y = glycémie enregistrée à tel ou tel endroit sur tel ou tel organisme |
temps sur 24h |
la glycémie est mesurée habituellement sur une veine du bras. Quelles informations peut-on tirer de l'étude (et de la comparaison) d'une courbe glycémique d'une journée chez un seul individu (Bordas B4 p 139) et celle obtenue à partir de la moyenne chez 16 individus (Nathan, 1a p 148) ayant eu (?) les mêmes activités et prises alimentaires ? On cherche à établir un lien entre les variations du paramètre mesuré et un mécanisme physiologique général. Si la glycémie baisse c'est que les apports diminuent et/ou les départs augmentent et inversement. Un seul individu: chez un individu donné la glycémie peut varier entre telle et telle valeur. au repos elle est relativement stable, autour de 0,9 g.L-1; lors d'un et après un repas elle augmente (plus ou moins selon le repas et les individus) puis revient en quelques heures à la valeur de repos; lors d'un effort, et après un effort, elle ne baisse pas significativement. Pour une moyenne de seize individus on perd des informations en les superposant. La comparaison de 16 courbes apporte une information bien supérieure. Le chiffre de 16 est probablement insuffisant pour généraliser les limites et les sens de variations. La glycémie oscille
chez la plupart des individus en bonne santé,
indépendamment du sexe, entre 0,75 et 1,2
g.L-1. Elle augmente transitoirement lors des
repas mais ne diminue pas notablement lors
d'activités physiques. |
Le terme de
fonction est aussi très riche de sens. Il a
probablement une origine biologique et sociologique
(cette idée n'a été
soutenue que tardivement par René Thom; voir Analyse
sémantique d'un mot polysémique: la fonction, 1993,
Séminaires de la Société de Biologie
Théorique, année 1992-1993, Acta Biotheoretica, 42
), puis qui a été
formalisée en mathématique (dans
le plan, la fonction (numérique) d'une variable (x) est
représentée par un graphe y=f (x); en
mathématique la représentation d'une relation de
quantité (avec des variables numériques) ou de
qualité entre deux ensembles d'objets est défini par le
terme moderne d'application (Fréchet, 1909))
, et enfin est retournée dans le
domaine social et dans celui de la biologie.
La vie est un processus fonctionnel. Classiquement on parle des trois
grandes fonctions du vivant: se nourrir, communiquer et se
reproduire. Personnellement je préfère la notion de
travail, plus riche (voir
cours de
seconde) que je
formule ainsi: "la vie est un travail de relation, de nutrition et
de reproduction".
La notion de fonction est un tournant de l'analyse des
phénomènes vivants (voir
note en bas de
page à partir d'un texte de
René Thom).
La compréhension du monde vivant a
toujours été associé à celui de l'homme
d'abord et des sociétés humaines ensuite.
Fonctionnalisme et organicisme sont des
termes utilisés en sciences sociales pour désigner des
théories qui comparent les sociétés humaines
avec le fonctionnement d'un ou d'une partie d'un être vivant.
De nos jours on parle davantage de sociobiologie.
Claude Bernard lui-même, en proposant de prendre l'organisme
vivant comme modèle de système dont les
sociétés humaines doivent s'inspirer, n'est pas le
moins illustre de ces savants qui n'hésiteront pas à
prétendre unifier leur compréhension du monde dans une
philosophie.
Avec l'outil de la "théorie des catastrophes" ce serait
plutôt la notion de forme qui pourrait
prétendre à un tel avenir. Dire que la glycémie
est un paramètre du vivant est en quelque sorte
affirmer que le vivant est modélisable, ce que tous les
physiologistes font. A notre niveau de classe de 1ère S il est
essentiel de revenir dessus pour bien préciser quel est notre
outil.
Raisonner en terme de fonction c'est aussi raisonner en terme de
finalité, de sens (et donc répondre à la
question "pourquoi ?"), et pas uniquement en terme de
mécanisme (que l'on peut supposer répondre à une
question utilisant l'adverbe comment).
Pourquoi maintenir une
glycémie stable ? A quoi cela sert-il
? Dans quel but l'organisme
maintient-il ce paramètre stable ?
La glycémie ne constitue pas une fonction biologique
qui puisse être regardée comme dynamiquement stable.
La glycémie n'en est qu'un
paramètre participant d'un processus
d'homéostase ou fonction de type homéostasique. Quelle
est donc cette fonction ?
La fonction maintenue stable (donc homéostatique), malgré la période d'activité ou de repos (ce qui est net), malgré l'effort (ce qui est très net), malgré les repas (ce qui est moins net si l'on se contente de mesurer la glycémie à la veine du bras mais beaucoup plus net si on mesure la glycémie au niveau artériel céphalique par exemple) est donc la fonction de nutrition des cellules. |
La question qu'il faudrait se poser, et dont la réponse
dépasse bien sûr le cadre d'un cours de 1ère S,
est de savoir comment l'homéostase est
réalisée (Thom dirait "déployée") dans
l'espace de régulation qui contient tous les
états de tous les paramètres liés à la
fonction maintenue.
On remarquera que l'on peut ainsi parler d'homéostase
cellulaire, populationnelle, sociale...
Dans le cadre de ce cours, et pour faire simple, mais bien sûr de façon non exhaustive, juste comme un exemple, on pourrait dire que la glycémie est la variable de l'homéostase énergétique du tissu nerveux. Le glucose sanguin assure en effet l'équilibre énergétique nécessaire aux cellules nerveuses, puisqu'elles ne peuvent faire de réserves de nutriment énergétique.
L'homéostase étant basée sur une analogie mécanique on peut présenter deux représentations simples:
Pour décrire le système de régulation le formalisme habituellement proposé dans l'enseignement secondaire et issu de la cybernétique (voir ci-dessus) comporte deux rectangles (fonction réglée - système réglant), où l'on place les capteurs, régulateurs et effecteurs.
Remarque:
le mécanisme neuro-hormonal présenté ici est le
plus habituel mais ce n'est pas le seul mécanisme de
régulation. En effet, un animal hypophysectomisé et
pancréatectomisé est capable de maintenir sa
glycémie voisine de la normale, dans certaines conditions
(repos et régime approprié) (in EU
article glycémie). Ce qui semble prouver que la
glycémie peut se régler d'elle-même, sans
l'intervention du système neuro-hormonal. Cette
autorégulation s'explique par l'intervention de facteurs
physico-chimiques : taux de glucose dans le sang (dans le cas
des cellules insulino-sécrétrices cultivées in
vitro, l'effet des dérivés métaboliques du
glucose est démontré en relation avec le taux de
calcium intracellulaire) ; équilibre osmotique entre le
glucose du sang et celui des espaces interstitiels ;
élimination du glucose en excès par le rein...(le seuil
de réabsorption du glucose par le rein est de 1,92
g.L-1 soit 10 mmol.L-1).
* modèle moderne |
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Des conditions expérimentales au
modèle: |
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Un essai de représentation avec le
modèle de fronce : ce qui est difficile à saisir est que, de façon inhabituelle, F(x) ne désigne pas le résultat observé mais c'est x qui est le résultat, la fonction reste cachée et F n'en est qu'un modèle. Pour "voir" le comportement du système il ne faut pas "regarder" les F(x) mais les x seulement. Les surfaces (qui donnent leur nom à la catastrophe) ou les courbes (projections ou ensemble de bifurcations) représentant les points singuliers de F (points catastrophiques) nous permettent de visualiser les différentes valeurs critiques de x en fonction des paramètres de contrôle (on approche ainsi ce que l'on appelle la structure de l'attracteur (ou des attracteurs): figure mathématique qui explique la stabilité de la fonction). Il ne faut donc pas confondre la forme du potentiel (qui approche la fonction cachée) et la forme de l'attracteur (ou des attracteurs en conflit) qui est représentée par l'ensemble des catastrophes. On considère alors que la fonction de nutrition cachée dans la boîte noire du vivant est un potentiel que le vivant stabilise (minimise) par homéostasie. Ce potentiel à pour expression Fp1,p2(x)= (x**4) + p1*x**2 + p2*x (* représente l'opérateur multiplication et ** l'opérateur puissance). On ne peut pas représenter directement (en dimension 4) la fonction Fp1,p2(x) donc on se contente (en dimension 3) de la surface des points de l'espace de contrôle pour lesquels sa dérivée est nulle: c'est à dire F'p1,p2(x) = 0 ; et donc 4*x**3 + 2*p1*x + p2 = 0. Cette surface est une fronce (cusp en anglais) en rouge ci-dessous. Pour des précisions sur gnuplot voir la page complémentaire sur la théorie des catastrophes
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L'intérêt de tels modèles réside dans leur efficacité compréhensive même si l'efficacité expérimentale est encore limitée (plus par manque d'utilisation que par défaut intrinsèque il me semble). On remplace une vision mécaniciste et matérialiste quasi magique du vivant par une vision pragmatique ouverte mais formalisée mathématiquement. Au lieu de dire que la physiologie de l'être vivant constitue un équilibre dynamique (ce qui n'explique rien et n'est en rien justifié si ce n'est par l'efficacité expérimentale du modèle, toute relative (que l'on s'interroge sur la notion d'hormone, très dépassée, qu'il serait possible d'intégrer dans un paramètre plus large de type informationnel, stimulant ou inhibiteur, d'un système; la concentration de la substance informationnelle (médiateur) n'étant plus qu'un paramètre - en relation avec beaucoup d'autres - de l'état du système), on formalise mathématiquement la fonction vitale en clarifiant les approximations faites et les conditions de validité (la fonction vivante modélisée dérive d'un potentiel et la vie consiste à minimiser ce potentiel). C'est vraiment un travail scientifique et je crois que ce travail de biologie théorique est promis à un grand avenir. |
L'essentiel des données de cette partie
proviennent du Précis de Physiologie
publié chez Doin.
En plus des divers articles de l'EU, deux articles de
Biologie-Géologie me paraissent nécessaires à
citer:
Les réponses de l'organisme aux contraintes
énergétiques ou la régulation de la
glycémie revisitée, Jean Clos et Yves
Muller, Biologie-Géologie, n°1-2002, pp143-174; un bon
article de fond sur la compréhension du métabolisme
énergétique (ce qui n'est pas le sujet de ce cours ni
du programme de 1èreS) mais sans sortir du paradigme dominant
pour ce qui est des régulations.
Le diabète et le contrôle de la
glycémie, Roger Raynal, Biologie-Géologie
n°4-2001, 771-782; quelques données synthétiques
intéressantes notamment sur les récepteurs au glucose
et une revue des diabètes sucrés avec des informations
médicales et des liens pour une bibliographie plus
étoffée.
Lors d'un repas ou d'un effort la glycémie varie fortement selon le point de mesure dans l'organisme. De nombreux mécanismes sont mis en jeu pour stocker les nutriments dans le premier cas et les mobiliser dans le second, et ils interfèrent fortement avec la variable glycémique. Présenter la physiologie de ces régulations conduit à des schémas trop complexes qui n'apportent à mon avis pas grand chose. Dans le cas d'un repas, d'un effort, d'un stress,..., la glycémie n'est qu'une variable parmi tant d'autres qui représente des fonctions très diverses aux très nombreux paramètres. Pour ces fonctions la glycémie n'est pas une variable stabilisée d'une façon globale (partout dans l'organisme) mais peut l'être localement comme c'était le cas pour la fonction énergétique nutritive du tissu nerveux.
Nature chimique:
L'insuline est une hormone peptidique de 51 aa (deux
chaînes (A et B) de 21
(n°66 à 86-COOH) et
30 (n°1-NH2 à 30) aa
réunies par deux ponts disulfure (entre les aa
n°7-72 et 19-85)) de poids moléculaire voisin de
6000 daltons (5733 daltons pour l'insuline bovine; un
dalton (Da) est la masse de l'atome d'hydrogène: 1,7.
10-23 g).
Synthèse:
L'insuline est synthétisée par les cellules ß des
îlots de Langerhans pancréatiques.
La chaîne traduite à partir de l'ARN
messager comporte 110 aa (et est appelée
pré-proinsuline). L'ARN messager est transcrit à
partir d'un gène morcelé (comportant des parties
traduites et non traduites) situé sur le bras court du
chromosome 11. La préproinsuline comporte une
séquence signal qui permet l'entrée de la chaîne
dans la cavité du réticulum à la suite de sa
synthèse. Cette séquence signal est hydrolysée
et la molécule résultante de proinsuline est la seule a
subir un transit dans le Golgi.
La molécule de proinsuline (86 aa) est
scindée dans l'appareil de Golgi (et
libère un peptide C (de 31 aa associé à deux
dipeptides de liaison) qui est sécrété en
même temps que l'insuline qui est associée à des
ions Zn2+). L'insuline est stockée
dans des vésicules golgiennes et libérée sous
contrôle endogène (des propres cellules ß) et
nerveux (contrôle bulbaire et hypothalamique). Elle est
transportée par le sang avec une demi-vie circulante courte (6
à 10 min) sous une forme libre et sous une forme liée,
qui joue le rôle de réservoir.
Modes d'action :
Comme toutes les hormones protéiques elle se fixe à un
récepteur membranaire au niveau de ses cellules cibles. Deux
mécanismes d'activation sont évoqués :
*Les complexes récepteurs membranaires-hormone se rassemblent
dans une même région de la membrane qui s'invagine puis
forme une vésicule (endocytose) qui pénètre dans
la cellule. La vésicule est désagrégée
par les lysosomes et l'hormone est libérée à
l'intérieur de la cellule et active des systèmes
enzymatiques cytoplasmiques. Ce mécanisme est notamment
invoqué pour l'augmentation du nombre de récepteurs au
glucose (GLUT 4) médiée par
l'insuline chez certaines cellules (voir plus bas).
* La liaison hormone-récepteur active sur la face
cytoplasmique du complexe hormone-récepteur un système
métabolique (dans le cas de l'insuline il
s'agirait d'une activité enzymatique de type tyrosine kinase
(commune chez les facteurs de croissance), c'est-à-dire que
des molécules de substrats cytoplasmiques pourraient
être phosphorylées au niveau de l'aa tyrosine, ce qui
modifierait leur activité) que l'on peut qualifier de
message hormonal ou message endocrine (message
transporté par un médiateur endocrine ou hormone, en
provenance des cellules endocrines, et dirigé vers la cellule
cible). En fait, comme la cellule
cible ne peut être considérée comme demandeuse
d'information, le terme même d'information est probablement
inadéquat, bien que consacré par l'usage (voir
remarque
du cours de Spécialité de
TS). Les termes de
médiateur et message sont peut-être plus exacts mais non
moins porteurs d'idéologie.
Fonctions (rôles):
L'insuline possède principalement trois fonctions,
c'est-à-dire trois rôles qui diffèrent selon les
cellules cibles, leurs récepteurs et leur métabolisme.
On pourrait dire que l'insuline est un message hormonal qui a
plusieurs sens (non incompatibles) et une valeur (toujours
hypoglycémiante) :
* sur les cellules hépatiques, musculaires et adipeuses
, particulièrement sensibles à l'insuline, l'insuline a
une fonction de stockage (du glucose circulant mais
aussi d'autres nutriments comme les aa ou les lipides).
L'insuline augmente la glycogénogénèse
musculaire et hépatique, ainsi que la lipogénèse
adipeuse et hépatique. L'insuline inhibe par contre la
glycogénolyse hépatique et musculaire ainsi que la
lipolyse adipeuse.
* sur les cellules musculaires et adipeuses l'insuline a une
fonction de pénétration
facilitée du glucose (mais
aussi des AG pour les adipocytes). En effet, certaines
cellules, comme les cellules nerveuses, mais aussi les cellules
hépatiques, sanguines et les cellules du pancréas
endocrine, sont naturellement très "ouvertes" au glucose
(elles possèdent de nombreux récepteurs au glucose,
de type GLUT 1, GLUT2 et GLUT 3,
voir par exemple Roger Raynal,
Biologie-Géologie n°4-2001 p 774 , fig 2). Mais
les cellules musculaires et adipeuses sont normalement peu "ouvertes"
au glucose c'est-à-dire que sans insuline, le glucose
pénètre peu (les récepteurs au glucose
(de type GLUT 4) sont peu nombreux) et elles
ne consomment que peu de glucose. Par contre, en présence
d'insuline (on les qualifient alors
d'insulino-dépendantes), le glucose
pénètre en grande quantité dans ces cellules
(par augmentation du nombre de transporteurs
membranaires de type GLUT 4 suite à l'activation de la
transcription traduction des gènes de ce récepteur au
glucose mais aussi à l'exocytose transitoire (suivie d'une
endocytose dès que l'action de l'insuline cesse) de
vésicules dont les membranes portent ces récepteurs
- voir "Transport du glucose
dans la cellule musculaire" dans l'EU, article "histologie" ou sur
internet http://hometown.aol.com/_ht_a/drfatalis/Images/recrute.gif
) et l'utilisation du glucose y est
fortement stimulée (glycolyse). Le glucose
pénétrant dans une cellule y est immédiatement
phosphorylé (transformé en glucose-6P). C'est le
glucose-6P qui est le métabolite de départ des
réactions de respiration ou fermentation cellulaire
(par la glycolyse commune à ces
mécanismes). La déphosphorylation ne peut
être réalisée que dans le foie car les
hépatocytes sont les seules cellules à posséder
une glucose-6 phosphatase qui transforme le glucose-6P en glucose
(les cellules rénales, parmi d'autres rares
cellules, la possèdent aussi) et la membrane est
imperméable aux composés phophorylés. L'insuline
favorise l'entrée des AG circulants dans les adipocytes.
* sur de très nombreuses cellules l'insuline à une
fonction d'augmentation de l'utilisation du glucose.
Elle stimule la glycolyse et la voie des
pentoses-phosphate.
Remarque:
L'insuline peut aussi être considérée comme un
facteur de croissance. L'insuline est une hormone
dont on n'a pas fini de découvrir les rôles. Elle active
notamment la prolifération et la croissance cellulaires in
vitro et une famille de facteurs de croissance lui est
rattachée (IGF: insulin-like growth factors) avec une nature
protéique, une structure et un mode d'action
communs.
Le glucagon est un petit peptide de 29 aa (3500 Da)
sécrété (à partir d'un
précurseur de 9000 Da) par les cellules alpha (A)
situées à la périphérie des ilôts
de langerhans (à partir d'un gène
situé sur le bras long du chromosome 2) sous commande
endogène (des propres cellules alpha) ou nerveuse
(hypothalamique et bulbaire). Les cellules cibles sont les cellules
hépatiques pourvues de récepteurs membranaires au
glucagon. La fixation du glucagon à son récepteur
active un système métabolique assez
général (notamment par la
synthèse d'AMP cyclique à partir de l'ATP) et
conduit à une stimulation de la glycogénolyse et
donc à la libération du glucose dans le sang
(puisque les cellules hépatiques
possèdent une glucose 6 phosphatase... voir plus haut).
Le glucagon stimule aussi la sécrétion d'insuline par
les cellules ß voisines: c'est ce que l'on appelle un effet
paracrine (médiateur chimique agissant sur de
courtes distances sans transport par le sang: voir TP).
L'insuline inhibe la synthèse et la
sécrétion de glucagon par effet paracrine
opposé. L'insuline, sécrétée en
même temps que le glucagon favorise surtout l'utilisation du
glucose (voir ci-dessus et ci-dessous).
Lors d'un repas riche principalement en glucides (et surtout de
sucres lents, c'est-à-dire complexes, comme l'amidon),
l'insuline est sécrétée avant tout pour
favoriser le stockage du glucose. Si le repas est même
composé uniquement de glucides (et surtout de sucres rapides,
c'est-à-dire simples, comme le glucose ou le fructose...) il
peut y avoir une hypoglycémie transitoire due à
l'action hypoglycémiante de l'insuline. C'est aussi ce que
l'on observe lors de l'injection de glucose expérimentale.
Lors d'un repas équilibré en glucides, acides gras
(lipides) et protides, insuline et glucagon sont
sécrétées simultanément et la
glycémie reste équilibrée: il n'y a pas
d'hyperglycémie postprandiale. Cela ne signifie cependant pas
que la glycémie est "régulée". C'est vraiment un
exemple d'équilibre dynamique (ou
d'homéostase) sans avoir besoin de faire intervenir un
mécanisme de régulation autour d'une valeur fixe.
Lors d'un repas riche pris alors que les réserves
hépatiques ne sont pas épuisées la
glycémie on observera par contre une hyperglycémie
transitoire. du fait du temps de latence de sécrétion
et d'action de l'insuline
Nous avons vu (TD analyses de courbes) que les réserves
hépatiques en glucose sont de l'ordre de 100 à 120 g,
ce qui constitue une réserve suffisante pour 10 à 12
heures de sommeil ou de repos (5 g.h-1 de glucose
consommé pour les cellules nerveuses et la même
quantité pour toutes les autres cellules des tissus
périphériques). Au réveil, si les
réserves hépatiques sont épuisées il est
important de les reconstituer par un "petit déjeuner" sinon
l'organisme consommera des AG pour les tissus
périphériques mais les cellules nerveuses ne consommant
que du glucose, le foie sera obligé de fournir du glucose par
néoglucogénèse (à partir des AG ou
des aa). Lors d'une prise alimentaire intervenant alors que la
néoglucogénèse fonctionne, on observe une assez
forte hyperglycémie étant donné que l'insuline
met près de 2h à inhiber la
néoglucogénèse.
La vue et l'odorat sont déclencheurs d'une faible
sécrétion d'insuline qui prépare le foie au
stockage du glucose. Des stimuli mécaniques buccaux et
gastriques provoquent ensuite une sécrétion d'insuline
plus importante. Enfin, par voie hormonale, le transit intestinal
stimule aussi les sécrétions pancréatiques.
On a vu en classe de seconde que lors de l'effort l'organisme permet le travail musculaire grâce à une augmentation des débits ventilatoire et cardiocirculatoire. Le maintien d'un apport énergétique suffisant aux organes en fonctionnement n'est pas le seul fait des deux hormones étudiées ici. Lors d'un exercice bref c'est l'adrénaline qui est l'hormone principalement sécrétée. Les commandes sécrétoires d'insuline et de glucagon sont principalement nerveuses.
Annexe http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/brp/notices/044000493.shtml (à télécharger: le rapport Glucides et santé : État des lieux, évaluation et recommandations, AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, octobre 2004); notamment ch 8, p 48 et annexe 4 : "index glycémique", p 136). Le glucose est absorbé sélectivement et activement (son absorption par les entérocytes consomme de l'énergie et peut atteindre une limite maximale) alors que le fructose est absorbé moins vite et à peu près proportionnellement à sa concentration dans la lumière intestinale. Pour de faibles quantités, le fructose est converti en glucose par les entérocytes mais pour de grandes quantités le fructose passe dans le sang et c'est dans le foie qu'il est transformé rapidement en glucose. Cependant la totalité du fructose peut ne pas être absorbée, et il peut donc être rejeté avec les excréments, ce qui n'arrive jamais pour le glucose. Le saccharose est hydrolysé en fructose et en glucose dans la lumière intestinale avant son absorption. Le glucose qui en résulte est absorbé encore plus rapidement que du glucose ingéré seul. On utilise maintenant un indice appelé index glycémique pour évaluer la vitesse d'absorption d'un sucre (ou d'un aliment sucré) et la réponse glycémique de l'organisme. |
|||||||||||||||||||||||
(in rapport cité ci-dessus, modifié) |
L'index glycémique le plus utilisé est IGglucose qui est le rapport entre les aires d'hyperglycémie (fig.9 A) observées pour un sucre, à la suite de l'ingestion d'une quantité fixe de ce sucre (50g habituellement), et celle du glucose (en grisé ici), multiplié par 100. On utilise aussi la référence au pain de mie blanc soit IGpain. (Voir l'annexe de la référence de l'AFSSA pour les protocoles expérimentaux : quantité, durée et lieu des prélèvements sanguins (toutes les 30 min...), nombre de sujets...).
Le fructose ne provoque qu'une faible augmentation de la glycémie car sa présence dans la sang résulte principalement de sa transformation par le foie (la "fructosémie" maximale au niveau de la veine porte lors des tests (50g d'absorption de fructose ou de saccharose) ne dépasse pas non plus 2,2 mM, ce qui est une valeur faible). Il est en plus très facilement utilisé par les cellules du foie, du rein et de l'intestin. Le saccharose provoque une rapide mais fugace hyperglycémie du fait de l'absorption très rapide du glucose produit par hydrolyse du saccharose dans l'intestin. Le métabolisme du fructose est quasiment indépendant de l'insuline dont la sécrétion suit la glycémie. L'insuline joue un rôle plus important dans le cas du saccharose étant donné l'élévation rapide de la glycémie. |
Une source bien utile qui complète et met à jour l'article paru dans l'APBG : dont voici l'adresse sans les frames, tellement gênantes: http://hometown.aol.com/_ht_a/drfatalis/Pages/diabetes.html pour laquelle certaines images ne sont pas accessibles (n'existent pas dans les répertoires spécifiés)
Les diabètes (sucrés) sont des maladies multifactorielles avec une forte composante héréditaire dont le trait commun est une hyperglycémie chronique avec des symptômes pas toujours bien nets (et même parfois inexistants): soif intense, diurèse (quantité d'urine produite et rejetée) importante, perte de poids et trouble de la conscience aboutissant à un coma mortel (définition de l'OMS de 1985 citée approximativement).
Étant donné l'unicité du système
hypoglycémiant on peut dire que les diabètes, en tant
qu'hyperglycémie, résultent d'abord d'un
dérèglement du système hypoglycémiant et
donc de la synthèse, de la libération par les cellules
endocrines, du transport, du mode d'action, ou de la
sensibilité des cellules cibles .... à
l'insuline. Ainsi on distingue deux types principaux
(sur 5) de diabètes selon la
quantité d'insuline sécrétée:
* les diabètes insulino-dépendants (DID)
ou de type I pour lesquels la sécrétion
d'insuline est très faible ou nulle mais dont le
symptôme principal (hyperglycémie) peut être
corrigé par des injections d'insuline;
* les diabètes non insulino-dépendants
(DNID) ou de type II qui représentent 90% des
diabètes diagnostiqués en France et pour lesquels la
sécrétion d'insuline est faible et l'injection
d'insuline inefficace à faire baisser la glycémie.
L'hyperglycémie a des conséquences graves:
- elle accroît la viscosité sanguine et endommage les
vaisseaux (angiopathie touchant d'une part les petits vaisseaux
pancréatiques, rénaux ou cardiaques et pouvant conduire
à la cécité et d'autre part les gros vaisseaux
conduisant à une athérosclérose (3/5 des
diabétiques meurent de maladies cardio-vasculaires)
- elle perturbe les sécrétions pancréatiques
puisque les cellules endocrines pancréatiques (alpha et
ß) sont directement sensibles à la glycémie
- elle conduit à des modifications chimiques de certaines
molécules circulantes comme l'hémoglobine qui fixe le
glucose et perd une partie de son activité (elle est
glycosylée).
Le diabète de type I est assez bien compris. On le considère comme une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire du malade fabrique des anticorps dirigés contre ses propres cellules ß productrices d'insuline et les détruit totalement en absence de traitement par injection d'insuline (qui peut préserver ainsi une bonne partie des cellules ß). Les mécanismes d'action des anticorps contre les cellules sont assez complexes et variés: certains anticorps sont dirigés contre l'insuline, d'autres contre des éléments membranaires (récepteurs notamment), d'autres encore activent des systèmes lytiques du complément, enfin, les plus toxiques activent des cellules cytotoxiques (mécanisme dit ADCC)... De nombreux gènes, notamment du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH), présentent une liaison statistique avec la maladie (la fréquence allèlique (probabilité qu'un individu d'une population présente un allèle; cette fréquence est estimée à partir du % d'individus possédant tel allèle dans une population testée... voir cours de spécialité de TS) est plus forte dans la population diabétique que dans la population standard); on les qualifie souvent de gènes de prédisposition. Aucun cas de causalité directe, avec un déterminisme précis, démontré expérimentalement, n'a été mis en évidence, à ma connaissance.
Le diabète de type II est mal compris. Trois
éléments principaux semblent caractériser ce
type de diabète:
- une insulinorésistance des tissus
périphériques, particulièrement des tissus
musculaires squelettiques (la glycémie reste
élevée même lorsque l'on élève
l'insulinémie)
- une perturbation de la sécrétion d'insuline qui est
faible (en absence de traitement)
- une synthèse de glucose exagérée.
Deux grandes interprétations sont actuellement
proposées: l'une privilégiant le rôle des
cellules ß et l'autre privilégiant
l'insulinorésistance en accord avec les résultats
obtenus à partir de modèles animaux (animaux (rats,
hamster, souris, lapins) chez qui on cherche à provoquer ou
que l'on sélectionne comme présentant des
symptômes voisins de la maladie humaine
étudiée).
On distingue trois phases d'installation d'un
diabète de type II: une intolérance au glucose (une
glycémie comprise entre 1,10 et 1,26 g.L-1
après 8 heures de jeune), le diabète de type II (si la
glycémie à jeun est supérieure à 1,26
g.L-1, ce qui correspond à 25% des cas
précédents), et enfin le stade des complications
dégénératives avec les atteintes aux vaisseaux
(on peut alors être amené à traiter le malade par
des injections d'insuline).
De nombreux gènes de prédisposition sont
étudiés.
« Le monde extérieur, ne l'oublions pas, se présente à nos yeux comme un mélange de déterminisme et d'indéterminisme. En toute circonstance, il convient de distinguer, comme le dit Epictète dans son Manuel (note 5), ce qui « dépend de nous » ( ta eph hemin) et « ce qui ne dépend pas de nous » ( ta ouk eph hemin). Importante d'un point de vue éthique, cette distinction ne l'est pas moins pour la science. Eh bien, la pensée mathématique a, pour ainsi dire, poussé à l'extrême cette distinction: la variable est ce qui dépend de nous, l'argument de la fonction... Ce qui ne dépend pas de nous, c'est le déterminisme rigide qui, après avoir assigné une fois pour toutes une valeur donnée à la variable, détermine la valeur correspondante de la fonction...
C'est une idée qui a eu beaucoup de poids dans le développement de la tradition scientifique. Je crois qu'en fait, à l'origine de la révolution galiléenne, il y a simplement le fait que l'esprit scientifique a été en mesure de modéliser, justement à l'aide de la notion de fonction, un certain nombre de phénomènes qui, jusqu'alors, n'étaient pas modélisables d'une manière suffisamment fidèle. De ce point de vue, selon moi, deux facteurs ont agi conjointement : d'un côté, une série de nécessités pratiques, je pense principalement à l'artillerie amenant à l'étude de la trajectoire des boulets de canon, des projectiles et donc du mouvement des corps graves; de l'autre, la notion de fonction qui commençait à poindre dans l'esprit des chercheurs, leur permettant ainsi de décrire avec exactitude et fidélité cette même trajectoire d'un corps lourd. Je pense donc que la formation de cette image de fonction - et il convient de dire image car fonction est ici plus une image qu'un concept - est à l'origine de la grande révolution scientifique galiléenne.
C'est grâce à la notion - même vague - de fonction que l'on devient capable de modéliser la chute des corps et la réfraction des rayons lumineux. Une fois les lois connues, on peut construire les instruments exploités par ces lois. Galilée a donc construit sa «lunette» et quelque temps après un premier microscope...
Ces instruments réalisés, on a bien sûr commencé à s'en servir. Galilée a observé les astres, Malpighi les tissus de l'être vivant... Ainsi naquit la science expérimentale. Mais l'importance attribuée à l'expérience n'a pas été la cause du progrès scientifique, elle en a été l'effet. Elle a été l'effet de la maturation dans l'esprit de la communauté scientifique de cette structure théorique qu'est la notion de fonction.
La notion de fonction est apparue assez tard sur la scène de la science, tout au moins sous une forme achevée. C'est une notion pratiquement inconnue des mathématiques anciennes et qui a fait une timide apparition uniquement avec l'algèbre arabe qui, traitant des équations linéaires, a introduit, dans une certaine mesure, la notion de fonction linéaire. Au XVIe siècle, lorsque les algébristes italiens ont commencé à étudier les polynômes et les équations algébriques du degré supérieur, on a effectivement ressenti qu'il fallait une théorie de ces fonctions particulières. Newton lui-même, en décrivant le mouvement des corps, ne connaissait pas la fonction, si ce n'est dans des cas particuliers où la variable était le temps. Elle n'apparaît qu'avec Leibniz, à qui l'on doit en fait les définitions générales des notions de variable, d'argument d'une fonction et également de paramètre (note 6).
Cela démontre clairement que l'on a tort de sous-estimer le rôle de l'imagination dans le développement des sciences. A l'inverse, j'estime que tous les progrès de la science, au moins les progrès décisifs, sont toujours liés à de meilleures possibilités de modélisation, à une plus grande capacité de simulation interne des phénomènes.
Donc, encore une fois, nous sommes en compagnie de Platon : les idées ( les structures mathématiques) précèdent les choses...
Bien sûr, et dans ce sens on peut reprendre tout ce qui a déjà été dit plus haut pour la physique : en général, les structures mathématiques ont précédé leur utilisation en physique, et non l'inverse. De la même manière, je crois que même en biologie ce sont les structures mathématiques qui ordonneront les phénomènes les plus importants. Par exemple, les phénomènes de régulation exigent un grand nombre de paramètres et, par conséquent, toute description un peu affinée de ces phénomènes nécessitera l'utilisation d'espaces pluridimensionnels. Croire que l'on pourra donner une théorie de la régulation tout simplement en manipulant des diagrammes cybernétiques avec des sommets et des flèches est illusoire, selon moi. L'importance de la régulation consistera toujours dans le fait qu'il s'agit d'un phénomène à caractère fondamentalement continu ; il faudra donc associer des figures multidimensionnelles à ces situations. Dans ce cas, la théorie des catastrophes pourra être très utile justement parce qu'elle vise à interpréter les nuages de points recueillis expérimentalement, au moyen de constructions mathématiques qui seraient à la fois les plus simples et les plus robustes et, ainsi, qui satisferaient la propriété de stabilité structurelle tout en résistant à de petites perturbations dues au milieu ou aux erreurs expérimentales.
Toute la « philosophie » de la théorie des catastrophes, son schéma général, tient justement à ceci : il s'agit d'une théorie herméneutique qui s'efforce, face à n'importe quelle donnée expérimentale, de construire l'objet mathématique le plus simple qui puisse l'engendrer. De ce point de vue, il est clair que la théorie des catastrophes ne coïncide pas, comme on a tendance à le penser, avec la liste des sept catastrophes élémentaires; ce faisant, on réduit en fait la théorie des catastrophes tout entière à ce que moi j'appelle la théorie des catastrophes élémentaires.»
note 5. Epictéte, philosophe stoïcien, né à Hiérapolis de Phrygie vers l'an 50. Esclave à Rome, il fut affranchi par Néron. Mal vu par Domitien, il fut frappé par le décret d'exil promulgué par le Sénat en 94 après J.-C. S'étant établi à Nicopolis en Epire, il y mourut, probablement au début du règne d'Hadrien. Ses doctrines nous sont parvenues grâce à son disciple Arrien, auteur de : Vie et mort d'Epictéte, de huit livres d'Entretiens sur Epictéte et sa philosophie, et également de l'Enrichidion ( ou Manuel) qui résument ces livres.
note 6. Le mot « fonction » fut employé par Leibniz dans un manuscrit de 1684 pour indiquer toute quantité qui varierait d'un point à un autre d'une courbe: par exemple, la longueur de la tangente, etc. C'est encore Leibniz qui introduisit les termes «constante», « variable» et enfin «paramètre», ce dernier ayant été employé dans le développement d'une famille de courbes. (Cf. M. Kline, Mathematical Thought from Ancient to Modern Times, New York, Oxford University Press, 1972, p. 339-340.)
* Le programme nous demande de traiter un exemple de fonctionnement intégré: les circuits neuroniques impliqués dans un réflexe myotatique simple. C'est un bon exemple d'un sensibilité intéroceptive, d'un contrôle rapide (involontaire) de la contraction musculaire, qui met en jeu des populations de neurones bien identifiées et un message nerveux ionique et chimique spécifique de ces populations.
Une seconde partie, plus
originale mais difficile à définir (surtout du fait de
la maladresse de la formulation qui nous parle de phénotype
à tout bout de champ), nous demande de nous intéresser
aux centres nerveux (cortex sensoriel) et au fonctionnement de
populations plus variées avec un nombre de messagers
très important, notamment du fait de la fonction endocrine du
cerveau. Si j'ai bien compris cette partie, le programme souhaite en
fait nous voir aborder la question de la
neuroplasticité et non de
l'hérédité ou de l'évolution des
comportements. Selon les termes du document d'accompagnement: la
neuroplasticité est un "concept indispensable pour
comprendre la part de l'expérience individuelle
complétant la part du génotype dans le fonctionnement
du système nerveux". Or la neuroplasticité
désigne habituellement la facilité d'un organisme
à modeler l'organisation de son système nerveux,
à l'état adulte ou au cours de sa maturation. En plus
des facultés de régénération cellulaire,
limitées, la neuroplasticité serait due à la
présence de cellules souches. Cependant,
des progrès récents de la neurochimie tendent à
définir une neuroplasticité
moléculaire (qualifiée de
transcriptionnelle), qui nous rapproche de la
liaison génotype-phénotype, que l'on voudrait à
nouveau nous voir traiter en caricaturant l'inné au
génotype et l'acquis au phénotype
(voir à ce sujet
l'intéressant travail de Philippe Mathy: Modélisation
génétique et influence du milieu: quelques outils
didactiques pour les cours de génétique du secondaire,
Philippe Mathy et al., Compte rendu du séminaire EMSTES
2000-2001(Courrier du Cethes, n° 48-49, sept. 2001, disponible
sur internet à l'adresse: http://www.fundp.ac.be/cethes/CourrierduCethes/sept2001.pdf).
Je pense que derrière cette maladresse se cache le souhait
de faire comprendre aux élèves que, malgré le
fait que le système nerveux soit un système
"câblé", histologiquement
rigide, il est bien un
système vivant, en
perpétuel remaniement. En tout cas c'est comme cela que je
le présenterai.
* une source hétérogène pour la partie sur la neuroplasticité: www.inrp.fr/Acces/biotic/neuro/plasticite/html/points.htm; des éléments de formation continue (synthèse d'articles) sans les bases qu'il faudra trouver ailleurs (bibliographie du site et encyclopedia universalis par exemple); je me permets d'ajouter que lorsque les notions qu'un programme scolaire souhaite voir enseignées sont tellement inadaptées au niveau des élèves (et des enseignants) - et à leurs interrogations- qu'il faut joindre un pseudo-cours sur un site du ministère, il est légitime de se poser des questions sur sa pertinence. La formulation du programme est une honte ; je précise bien que ce n'est pas le thème de la neuroplasticité qui est en soi inadapté car tout thème biologique est passionnant, mais bien le bagage qu'il demande pour être traité convenablement, ce qui n'est peut-être pas le problème des concepteurs du programme. Le système nerveux central reste une des parties les plus complexes de la physiologie et des moins enseignées pour les concours de l'enseignement.