retour accueil, formulation
par cycle
Cette partie est en quelque sorte un complément hors programme mais qui me paraît être susceptible de vous enrichir....De plus, en cycle 1, et dans une certaine mesure en cycle 2, l'étude des sens est un incontournable alors que ce sujet n'est quasiment pas traité dans l'enseignement secondaire et par là dans les ouvrages de préparation au concours de PE, ce qui est sans aucun doute une lacune. La majeure partie des textes est extraite de l'Encyclopédie Universalis (vesrion 5 sur CDRom) , du Précis de Physiologie, Doin, 1998 et de l'édition française du Schmidt Nielsen (voir bibliographie).
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Notre sujet est la perception du monde extérieur mais je
souhaite généraliser en affirmant : toute
connaissance, même intellectuelle, passe par les sens, commence
par une perception. Les capacités rationnelles de l'homme,
son intelligence, lui permettent de répondre de façon
originale aux stimulations du milieu extérieur. Dans ce
chapitre l'animal et l'homme participent des mêmes
capacités, même si on peut dire qu'ils ne les
possédent pas au même degré (surtout quand on
compare une aphysie, un mollusque fort étudié pour son
système nerveux, et l'homme...) ; on peut le formuler en terme
de degré de participation à une même
capacité : la sensibilité ou présence
de sensations ou capacité de perception (je ne veux
pas discuter ici les différences de sens entre ces mots, je
souhaite simplement préciser l'objet de notre étude
avec des mots suffisamment variés pour que chacun comprenne ce
à quoi je fais référence), qui n'est pas
très éloigné de la notion de ce que certains
appellent la pensée animale ou la conscience
animale, même si, à mon avis ces termes sont
inadéquats. C'est l'objet de ce chapitre.
Remarque:
Je suis tout à fait d'accord avec Schmidt-Nielsen quand il
affirme que si certains mécanismes sensoriels sont encore
inconnus, il est différent d'affirmer qu'il existe une
perception extra-sensorielle, c'est-à-dire dans
laquelle aucune structure sensorielle n'est impliquée. Elle ne
fait bien sûr par partie de notre objet d'étude, si elle
existe.
(in Précis de Physiologie, Doin, 1998) |
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extérocepteurs |
télérécepteurs |
récepteurs visuels |
récepteurs auditifs |
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récepteurs olfactifs.... |
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récepteurs de contact |
récepteurs gustatifs |
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récepteurs cutanés du toucher |
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intérocepteurs |
viscérocepteurs, |
nous renseignent sur un paramètre physiologique interne |
propriocepteurs, |
nous renseignent sur un paramètre lié au travail de relation : l'état de tension des muscles, sur la position relative des différentes parties du corps, et sur la position du corps dans l'espace |
Cette classification a le mérite de séparer les deux types de sensations qui à mon avis ne sont pas du même type biologique ni physiologique: une sensibilité externe, consciente, exprimable.... (comprenant aussi la proprioception, au moins partiellement) et une sensibilité inconsciente, inexprimable et certainement très mal comprise.
En ce qui concerne les 5 sens de l'homme, on saisit intuitivement
ce que cette classification a d'artificiel... pour tenter une autre
approche, je reprends celle de Schmidt Nielsen (tableau 13.1 p
534)
tous les récepteurs sensitifs structurés que l'on a réussi à isoler sont composés de cellules épithéliales plus ou moins modifiées ou de cellules nerveuses (elles aussi originaires de la couche supérieure embryonnaire : l'ectoderme). Ils réalisent la transduction, c'est à dire la transformation d'un stimulus de nature varié selon l'organe, en signal sensitif (le message nerveux), transmis aux centres nerveux.
Si la diversité des signaux reçus est grande, il semble bien qu'il n'y ait qu'un seul type de messages sensitifs qui sont les messages nerveux. Le message nerveux sensitif est composé de signaux identiques en amplitude et durée (les potentiels d'action : signaux unité) mais dont la fréquence varie. On pense donc que tous les messages sensitifs sont codés en modulation de fréquence : la fréquence (instantanée et dynamique) des potentiels d'action permet de distinguer les messages sensitifs entre eux, sinon rien ne distingue par exemple un message visuel, transmis par le nerf optique, d'un message olfactif, transmis par le nerf olfactif.
Remarque sur le problème des
récepteurs internes:
cette classification est plus basée sur notre
compréhension des mécanismes de la sensation que sur
une réelle connaissance des récepteurs : les organes
sont-ils sensibles à certains paramètres et comment le
manifestent-ils ? La sensibilité interne est-elle toujours
nerveuse ? Y a-t-il une différence entre un
barorécepteur et un volorécepteur ? Mais, plus
insidieusement, existent-ils tout simplement ?
Je pense que je ne suis pas le seul enseignant à être
très étonné de l'absence de données
facilement accessibles, dans les ouvrages que j'ai utilisé et
que j'apprécie donc beaucoup par ailleurs.
On présente comme une
donnée anatomique (chez le chien ou chez l'homme)
l'innervation de la paroi musculaire lisse des sinus
carotidiens (renflements à la base des carotides) par
les nerfs de Hering, pairs, reliés au bulbe rachidien
(on notera qu'une bonne part du trajet est commun aux nerfs
X parasympathiques...). En ce qui concerne la sensibilité
à des substances chimiques, on rapporte la
présence de chimiorécepteurs ou
chémorécepteurs au niveau des corps
carotidiens et aortiques, situés très
près mais distincts des récepteurs à
l'étirement précédents. On pense que ce
seraient des cellules épithéliales
associées à des terminaisons nerveuses
sensitives (?). Là encore les ouvrages dont je
dispose sont peu complets : il semblerait que ce soit la pO2
du sang artériel qui soit le stimulus
déclencheur des PA sensitifs... (???) Mais le
rôle de la pCO2 n'est pas non plus négligeable
et notamment par l'intermédiaire du pH qui semble
être un paramètre essentiel au niveau du
liquide céphalo-rachidien, notamment.
C'est donc un fait surprenant mais il semble bien que les
récepteurs que l'on voit dans tous les modèles de
contrôle intégré soient encore à
découvrir ou à redécouvrir... l'idée est
que le système immunitaire pourrait être LE
système de communication privilégié pour cette
sensibilité inconsciente.
(Bordas, spécialité,
1994, p 74 ; Bordas, TD, 1989, p 246 et p 258 ;
Physiologie humaine, A.J. Vander, J.H. Sherman et D.S.
Luciano, 1977, McGraw Hill)
Des enregistrements des signaux électriques sur le
nerf de Hering en absence de toute stimulation
particulière donnent des schémas de ce type :
ce
qui est interprété comme une information
traduisant , par la fréquence et l'amplitude des
potentiels d'actions du NERF de Héring les valeurs de
la pression artérielle intrasinusale. On aurait donc
un récepteur au niveau du sinus carotidien. Parmi mes
documents seul l'ouvrage de Vander (1977) propose le terme
de récepteur à l'étirement mais
on semble ignorer tout de la structure de cet
éventuel récepteur... Il semblerait que l'on
utilise ensuite le terme de barorécepteur sans
pour autant justifier d'une étude plus
précise.
L'isolement de la circulation générale d'un
unique sinus par des ligatures, semble ne pas modifier le
rythme cardiaque. Par contre une supression artificielle
causée par l'injection de liquide dans le sinus
provoque un ralentissement cardiaque et une baisse de la
pression artérielle systémique.... qu'en
est-il de ce modèle en 1999 ? N'ayant pas le
compte-rendu complet de ces expériences que
pouvons-nous en déduire ? D'après ce que nous
savons du débit encéphalique lors d'une
hémorragie par exemple, il est plus que probable
qu'une ligature au niveau d'une carotide fasse baisser,
unilatéralement certes mais tout de même de
façon certaine, le débit
cérébral, qui semble vraiment être
réglé autour d'un point de consigne... De la
même façon les enregistrements
réalisés lors de perfusions
contrôlées du sinus avec enregistrement des PA
sur UNE fibre du nerf de Héring (souvent notés
sur le nerf...) nous laissent insatisfaits...
Dans le cas d'un pincement au niveau des deux carotides
simultanément en amont des sinus on observe une
augmentation du rythme cardiaque et de la pression
artérielle systémique... pourquoi ne
pince-t-on pas aussi les carotides en aval des sinus ?
La section des nerfs de Héring provoque une
accélération du rythme cardiaque, la
stimulation de l'extrêmité centrale aussi alors
que la stimulation de l'extrêmité
périphérique reste sans effet...on aimerait en
déduire simplement la nature sensitive de la fibre et
sa liaison indirecte au coeur par la voie sympathique
cardioaccélératrice... mais on manque
singulièrement de données anatomiques
précises.
On cite encore (Vander, 1977) quelques enregistrements
notamment au niveau auriculaire. Comme on pense qu'ils
interviennent directement dans la sécrétion
hypothalamique d'ADH (données plus récentes),
on les qualifie maintenant de
volorécepteurs... mais il ne semble pas que des
études détaillées aient
été réalisées...
Il me semble donc prudent et suffisant , pour tous ces
récepteurs intramusculaires (muscles lisses
artériels ou muscles cardiaques), de parler de
récepteurs à
l'étirement ou
mécanorécepteurs.
Remarque:une brève de Pour
La Science (Agent double protéique, Marie
Thérèse Landousy, n°283, mai 2001, p 22)
propose un nouveau rôle à la distrophine
(justement la protéine absente chez les malades
atteint de la myopathie de Duchenne), à partir
d'observations chez des souris mutantes dépourvues de
distrophine: chez ces dernières, la vasodilatation
naturelle à la suite d'une augmentation de
débit est très faible alors que les cellules
musculaires restent bien sensibles à
l'acétylcholine (vasodilatatrice). C'est donc le
message de vasodilatation qui est affecté. Il a ainsi
été observé que, lors d'une
augmentation de débit artériel, le monoxyde
d'azote, suspecté d'être l'un de ces messages
(vasodilatateur), était synthétisé en
nettement moins grande quantité par
l'endothélium des souris sans distrophine que par
l'endothélium des souris saines. Les chercheurs
proposent donc la distrophine (molécule du
cytosquelette des cellules musculaires) comme
mécanorécepteur moléculaire de la
composante tangente à l'écoulement sanguin
(cisaillement). Le monoxyde d'azote intervenant comme second
messager.
Je rapporte aussi une petite remarque (in Précis de
physiologie, Doin) : on sait maintenant que les
nocicepteurs sont en fait des
chémorécepteurs (ils seraient stimulés
par des substances chimiques variées
libérées lors d'une lésion : ions K+,
sérotonine, bradykinine, histamine...stimulant
directement les terminaisons périphériques
sensitives ; d'autres substances comme les prostaglandines,
les leucotriènes et la substance P seraient
suceptibles de sensibiliser les terminaisons
afférentes sensitives par abaissement de leur seuil
de stimulation (un antalgique comme l'aspirine, agirait
comme inhibiteur de l'enzyme de synthèse des
prostaglandines : la cyclo-oxygénase)...)
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Nous ne traiterons ici que de ce que j'ai qualifié de
sensibilité consciente. On utilise parfois le terme de
somesthésie pour désigner l'ensemble des
sensations "conscientes" issues du "soma", c'est-à-dire
de notre corps, à l'exception des sensations venant des
récepteurs visuels, auditifs, gustatifs et olfactifs. Il
s'agit non seulement du toucher mais aussi de la température
ou de la douleur....
D'un point de vue général, les sensations sont
classiquement étudiées en biologie en suivant un plan
unique: réception du signal, transduction
(transformation d'un signal de type divers
(électromagnétique, thermique, mécanique,
chimique) en un signal nerveux (ionique ?)), transmission,
intégration au niveau du système nerveux
central.
Les organes de la vision chez l'homme sont pairs : les yeux. Les deux yeux sont indispensables pour une vision en profondeur dans l'espace (qui détermine la sensation de relief). Les yeux sont reliés par les nerfs optiques au cerveau tout proche. La lésion d'une branche ou du nerf optique provoque une cécité partielle ou totale selon le degré de lésion. De même il existe des cécités liées à des lésions cérébrales (aires visuelles et aires associées).
La vision peut être décrite en terme d'intensité lumineuse, de longueur d'onde et de plan de polarisation. Mais elle va bien au delà car il s'agit de la reconstitution d'une image "cérébrale" du réel. La perception de la forme, du mouvement, de la profondeur en sont des éléments essentiels.
Si l'on reprend le plan d'étude proposé pour tous les sens conscients on distingue:
La presbytie, diminution de l'amplitude d'accommodation
avec l'âge, n'est pas une anomalie mais peut devenir
handicapante pour des travaux de couture ou la lecture. Elle est
corrigée par le port de verres pour la vision de près
(ou de verres à double foyer).
Les pathologies de la vision méritent d'être
citées car elles sont relativement fréquentes dans la
population est invalidantes : la cornée peut s'opacifier, ce
que l'on soigne par des greffes. De même que le cristallin (par
exemple la cataracte qui est en liaison avec l'âge) que
l'on corrige en enlevant le cristallin et en le remplacant par une
lentille artificielle qui n'accommode pas et donc que l'on doit
accompagner du port de lunettes. La myopie (un myope ne peut
pas voir nettement, même sans accommoder, les objets
éloignés), l'hypermétropie (contrairement
au myope, l'hypermétrope peut accommoder pour distinguer
nettement les objets éloignés), l'astigmatisme
(du à un défaut de courbure de la cornée qui
peut bien sûr s'ajouter aux anomalies
précédentes), sont compensées par le port de
lentilles additionnelles (verres de lunettes ou lentilles de contact
(en contact avec la cornée)). Un décollement de la
rétine qui aboutit à une asphyxie des cellules
photoréceptrices par défaut d'irriguation
choroïdienne, peut maintenant être chirurgicalement
opéré par des lasers. Le strabisme (fait de
loucher) est une orientation défectueuse d'un des axes
visuels; on y remédie par une opération chirurgicale ou
par des exercices appropriés.
Les champs visuels de l'homme ne sont bien sûr pas circulaires et ne se recouvrent que partiellement, au niveau de la zone de vision binoculaire (qui peut approximativement être fixée à 45° de chaque côté de la direction du regard soit un angle total de 90°), même si la perception du mouvement est possible plus de 30° au-delà de chaque côté. Le champ visuel de l'enfant est fortement réduit.
L'acuité visuelle est la capacité à séparer des détails d'une cible placée dans le champ visuel. On peut l'exprimer en degré d'angle entre les deux points (environ 1 min d'arc (3.10-4 radians): c'est le pouvoir séparateur de l'il), ou, comme en France, en utilisant l'inverse de l'acuité visuelle en notation décimale (A=1/pouvoir séparateur). Un il normal à une acuité visuelle de 1 ou 10/10. Pour un il défectueux d'acuité 2,5/10, l'angle mesurant le pouvoir séparateur de l'il est de 1/4 soit 4 minutes d'arc. Les tableaux de lettres et de chiffres des oculistes sont concus pour que, à une distance de 5 mètres environ la lettre correspondant à une acuité visuelle de 10/10 ait donc 7,3 mm de hauteur (5 minutes d'arc d'angle apparent avec des traits ou des interstices d'1 minute d'arc). Des valeurs de 15/10 et même 20/10 sont courantes (source Encyclopédia Universalis, article "vision").
Le regard est un mouvement coordonné extrêmemnt complexe des muscles oculomoteurs. On distingue des mouvement "microsaccadés" lorsque l'on étudie la pousuite par les yeux d'une objet en mouvement ou lorsde la lecture. Par exemple les saccades mesurées lors de la lecture d'une ligne te texte sont rapides (0,15 à 0,5 secondes de fixation entre chaque saccade). Lors de l'apprentissage de la lecture de fréquents retours en arrière ralentissent considérablement la vitesse de lecture.
La sensation de relief dans la vision provient de ce que les deux yeux ne voient pas le même objet sous le même angle. La stéréoscopie comprend toutes les méthodes qui permettent d'obtenir une impression de relief, que ce soit en observant un objet à travers un instrument d'optique ou que ce soit en restituant une seule image en relief à partir de deux photographies. La stéréoscopie n'existe qu'en vision binoculaire; la sensation de relief disparaît en effet si on ferme un il.
La vision de l'homme est binoculaire : les images vues par
l'il droit et par l'il gauche ne sont pas identiques: on
dit qu'il y a diplopie lorsqu'elles donnent une impression de
dédoublement (ce qui est possible de réaliser
volontairement en n'accomodant pas, ce qui permet de créer des
"illusions d'optique" du type déplacement d'un oiseau dans une
cage avec un oeil fixant l'oiseau et l'autre oeil fixant la cage). La
diplopie est évitée grâce à une
opération cérébrale dite
«fusionnement».
D'autres illusions d'optiques sont basées sur le
traitement des formes par le cerveau notamment les rapports de
tailles lorsqu'une forme est inclue ou chevauche une autre forme ou
dans des droites passant à travers des courbes concentriques.
D'autres enfin font appel à l'image cérébrale
d'un dessin ambigu.
La persistance rétinienne est souvent invoquée pour expliquée que les images cinématographiques projetées de façon discontinue nous aparaissent continues. En fait il semblerait que ce soit le phénomène inverse, la perception rétinienne étant beaucoup plus rapide que le défilement de l'image. C'est la superposition de deux images différentes dans des zones extrêmement proches de la rétine et à des intervalles très brefs (20 à 200 millisecondes) qui est ressentie comme un mouvement apparent. Dans la perception cinématographique l'il peut être considéré comme fixe et saisit des images décalées dans l'espace et dans le temps pour les superposer en recréant un mouvement artificiel.
Remarque:
Si la sensibilité consciente à la lumière est
strictement limitée aux yeux (un aveugle n'a pas de sensation
lumineuse lui permettant de connaître le milieu
extérieur ...), il est possible et même problable que
certains organes et tout particulièrement le système
nerveux central soient sensibles à la lumière. De
façon encore plus évidente on peut aussi citer la
photosensibilité de la peau. Nous sommes tous
conscients de ce que les rayons lumineux naturels (soleil) ou
artificiels (lampes à bronzer, photothérapie), surtout
les rayons ultraviolets B (UVB : 290-320 nm), déterminent
des réactions cutanées de phototoxicité
ou de photoallergie. Les premières sont du type
«coup de soleil», allant du simple érythème
(rougeur) ou du hâle solaire à des manifestations
importantes de brûlure. La photosensibilité, variable
suivant les sujets (facteur familial), peut être à
l'origine de manifestations allergiques diverses, surtout du type
eczéma. Des crèmes protectrices sont à
conseiller, allant de l'«écran total» à des
crèmes filtrantes de coefficient antisolaire plus ou moins
élevé; chez les sujets à fort degré de
photosensibilité, on adjoindra la prise préventive
orale d'amide nicotinique (Nicobion) ou même
d'antipaludéens. Les expositions solaires
répétées peuvent, en outre, créer une
sénescence précoce de la peau (kératose,
atrophie cutanée) et, surtout, elles peuvent favoriser les
cancers cutanés (épithéliomas du visage et des
mains).
A lire absolument :
Guide du maître, Tavernier, Bordas, 1976, fiches 7.1
(Que vois-tu ? construire une représentation du champ
visuel et comprendre quelques propriétés et limites de
la vision binoculaire), 7.2 (Que vois-tu ? suite des illusions
d'optique), 7.3 (Que vois-tu ? suite et fin des illusions
d'optique), les fiches 8.1 et 8.2 (Des yeux bien placés)
étudient la vision de quelques animaux.
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La peau est un organe limitant (revêtement de surface de notre corps qui atteint 1,5 à 2 mètres carrés chez l'adulte) dont pratiquement toutes les fonctions peuvent se regrouper en considérant ses caractères de perméabilité ou d'imperméabilité vis-à-vis de la matière (limite du corps humain, barrière pour l'entrée des éléments nocifs ou d'agents pathogènes ou pour la sortie de l'eau), de l'énergie (énergie thermique notamment dans les phénomènes de thermorégulation, mais aussi d'énergie mécanique puisqu'elle est la surface de contact entre un membre et le substrat par exemple...), et enfin vis-à-vis de l'information (siège de la sensibilité tactile mais aussi lieu de passage d'informations sur la température, la luminosité du milieu ou encore les vibrations accoustiques....).
Du point de vue anatomique (structure des organes) et histologique (structure des tissus, composés de cellules) voici quelques caractères marquant de cet organe vivant:
Du point de vue physiologique, la peau est :
Classiquement on distingue au niveau de la peau 4 types de récepteurs :
Les récepteurs du froid stimulés par une tige
métallique portée à plus de 45°C
provoquent une sensation de froid (qualifié de froid
paradoxal). Ils semblent avoir une activité permanente.
Les récepteurs du chaud ne sont activés qu'entre des
températures de 32°C et 45°C. Au delà la
sensation est une brûlure et est relayée par les
nocicepteurs.
La perception tactile de l'homme dépasse la simple mesure (d'une intensité, d'une vitesse, d'une durée ou d'une pression).La sensibilité tactile dépend non seulement du nombre de récepteurs par unité de surface (très variable selon les zones de la peau) mais aussi et surtout du nombre de connections établies avec le cortex sensitif cérébral. La sensibilité tactile est donc une résultante "subjective" des localisations sensitives et des aires cérébrales impliquées. Ce qui explique les variations très importantes entre le dos et la paume de la main par exemple. Le compas de Weber, formé de deux pointes sèches avait permis à la fin du 19ème siècle de déterminer l'acuité tactile individuelle comme étant la plus petite distance entre deux contacts simultanés perçus comme distincts. Cette distance était donnée comme égale à 1,1 mm à la pointe de la langue, 13 mm sur la paume et 31 mm sur le dos de la main. La cartographie cérébrale des aires impliquées dans la somesthésie (sensibilité involontaire de la peau et des viscères) avait conduit à la représentation d'un homoncule dont les différents organes avaient une taille proportionnelle à la sensibilité de la zone innervée. Une étude récente chez le singe a montré que la surface relative des aires pouvait être modifiée par des apprentissages (plasticité) : notamment par des exercices de préhension fine, la surface des aires de la main augmentaient notablement, ce qui est en faveur d'un contrôle plus cérébral qu'anatomique (lié au nombe de récepteurs que l'on suppose relativement fixe pour un individu donné).
Des biotechnologie performantes permettent actuellement de proposer des épidermes humains de culture en remplacement de peaux brûlées ou arrachées.
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L'appareil auditif comporte trois parties :
Nous entendons un son lorsque des vibrations de l'air
ambiant, atteignant notre tympan, le mettent en mouvement dans
des conditions d'amplitude et de fréquence telles que cette
stimulation mécanique, qui est transmise par l'oreille
moyenne à l'oreille interne, y provoque un
phénomène bio-électrique. Commence alors
le traitement de l'information contenue dans ce
phénomène, traitement qui se poursuit à travers
différents relais jusqu'au cortex cérébral et
dont le résultat sera la perception du son. L'analyse de la
chaîne fonctionnelle qui va de la vibration du tympan à
la perception a été conduite de manière
remarquable dans le deuxième quart du siècle par Georg
von Bekesy (1899-1972) dont les travaux sont à l'origine de
l'expansion remarquable que connaît aujourd'hui la physiologie
de l'audition.
Du fait de sa géométrie et de la nature de ses parois
l'oreille externe ne transmet pas également toutes les
fréquences. L'ensemble de la conque (partie centrale de
l'oreille externe) et du conduit auditif a une fréquence de
résonance vers 2,5 kHz et la conque seule vers 5,5 kHz. Il
s'ensuit que la transmission des fréquences comprises entre 2
et 7 kilohertz (kHz) s'opère avec un gain de l'ordre de 10
à 20 décibels (dB) par rapport aux fréquences
inférieures à 0,5 kHz. Chez certains Mammifères,
la mobilité du pavillon permet à l'oreille externe de
contribuer à la localisation des sources sonores dans
l'espace. Chez l'Homme cette participation est beaucoup plus
réduite. Néanmoins, lorsqu'une source est située
derrière l'oreille, l'interférence entre l'onde directe
et l'onde diffractée par le bord du pavillon produit une
légère diminution d'intensité pour les
fréquences comprises entre 3 et 6 kHz. Le spectre, et donc le
timbre, d'un son complexe peuvent ainsi varier
légèrement selon que la source se trouve en avant ou en
arrière de la tête.
L'oreille moyenne joue dans le fonctionnement auditif un double
rôle, de transmission et de protection. Ce
dernier rôle est notamment sous la dépendance de deux
petits muscles striés, le tenseur du tympan qui
s'insère sur le marteau et dont la contraction réduit
la mobilité de la membrane tympanique, et le muscle de
l'étrier ou stapedius (stapes = étrier), dont la
contraction réduit la mobilité de la fenêtre
ovale. Le tenseur du tympan est innervé par le trijumeau et le
muscle de l'étrier, par le facial. La fonction de protection
réside dans le contrôle des caractéristiques de
transmission de l'oreille moyenne par suite de la contraction du
tenseur du tympan et du stapédius. En augmentant la
rigidité du système, cette contraction réduit
essentiellement la transmission des sons de fréquence
inférieure à 1000-2000 Hz. Elle peut être
provoquée de façon réflexe par des sons
intenses, mais la protection contre l'effet destructeur de ces sons
sur l'oreille interne ne peut intervenir s'ils s'établissent
très brusquement, car le changement d'impédance, qui
débute avec une latence de 20 à 40 ms, n'atteint
son maximum qu'après 90 à 100 ms. La contraction du
stapédius est également provoquée par la
vocalisation, la réponse du muscle précédant
l'émission vocale. Il semble qu'il y ait là un
mécanisme assurant la réduction de l'effet des sons
émis sur l'oreille de la personne qui émet ces sons.
D'une manière générale, en atténuant
sélectivement les composantes de basse fréquence, la
contraction réflexe des muscles de l'oreille moyenne permet
une meilleure perception des stimuli complexes (comme la parole chez
l'Homme) aux intensités élevées.
Le mécanisme physiologique de la transduction au niveau de la cochlée a été conçu par von Bekesy comme comportant un phénomène mécanique entraînant un phénomène bioélectrique à l'origine du message sensoriel. Progressivement, les insuffisances de cette conception sont devenues de plus en plus évidentes et ont conduit à la conception d'un mécanisme amplificateur actif (électromécanique), couplé à la transduction mécanoélectrique que nous ne détaillerons pas (voir par exemple Encyclopédie Universalis à l'article "accoustique physiologique").
On distingue les surdités de transmission (traduit
une atteinte de l'oreille externe ou de l'oreille moyenne, donc de
l'appareil de transmission du son) et de perception (traduit une
atteinte de la cochlée, du nerf ou des voies auditives
centrales) . Chez l'enfant, les surdités de perception
bilatérales, si elles sont importantes et précoces,
peuvent être la cause d'une
«surdité-mutité». Dans certains cas, la
lésion est génétique, ce qui caractérise
les surdités héréditaires. Mais elle peut avoir
une cause extérieure à l'organisme: atteinte de
l'embryon par la rubéole ou diverses intoxications pendant les
deux premiers mois de la grossesse, atteinte du ftus en cas de
syphilis, d'incompatibilité rhésus ou de traumatisme
obstétrical. Après la naissance, des infections ou des
intoxications peuvent être en cause.
On appelle acouphènes tous les bruits d'oreilles, qu'il
s'agisse de sifflements, de bourdonnements, de battements ou de
tintements. Ils peuvent avoir une origine anatomique ou physiologique
décelable (on parle d'acouphènes objectifs) mais
parfois leur origine est inconnue (on parle d'acouphènes
subjectifs).
Le vertige est une sensation erronée de
déplacement des objets toujours dû à une
perturbation de l'appareil vestibulaire ou des voies nerveuses
vestibulaires. On ne doit pas le confondre avec le vertige des
hauteurs, qui est une phobie psychique, ou avec un
déséquilibre isolé.
Le pavillon peut être le siège de tumeurs, d'infections, d'hématomes après traumatisme ou de malformations congénitales. Parmi celles-ci, les oreilles décollées sont une forme mineure due plutôt à un défaut de relief du pavillon et qui peut être corrigé chirurgicalement vers l'âge de sept ans. Le conduit auditif peut être obstrué par le banal bouchon de cérumen (substance secrétée par les glandes sébacées du conduit auditif qui contient des graisses (stéarines et oléines surtout), des sels minéraux et de l'eau ; son rôle est essentiellement protecteur (arrêt des poussières et des petits corps étrangers) et lubrificateur) ou un corps étranger, ou bien rétréci par les proliférations osseuses. Surtout, il peut être infecté: l'infection peut être diffuse (otite externe), localisée (furoncle) ou surajoutée à un eczéma local ou à une mycose.
Les infections de l'oreille moyenne ou otites sont souvent
les conséquences d'une infection rhino-pharyngée
propagée par la trompe d'Eustache. La douleur est brutale et
vive, l'oreille paraît bouchée, la fièvre
apparaît. Une incision du tympan ou paracentèse est
parfois nécessaire, mais l'otite peut s'ouvrir
spontanément, d'où écoulement de pus par le
conduit auditif. Traitée au début, la maladie peut
avorter. L'évolution est généralement
bénigne; la mastoïdite, complication classique, est
aujourd'hui rare. Elle est parfois grave chez le nourrisson, le
vieillard, au cours d'une fracture du rocher, ou chez le
diabétique. Normalement, la perforation se cicatrise, mais la
persistance d'une perforation résiduelle du tympan est
toujours possible. La forme chronique (à
répétition) correspond non seulement une perforation
permanente du tympan, mais également un écoulement,
permanent ou intermittent. Ces otites altèrent souvent
l'audition et sont traitées chirurgicalement. L'otite
séreuse est caractérisée par un
épanchement de sérosité non purulente dans la
caisse du tympan. Elle est considérée comme une forme
atténuée d'infection. Il n'y a ni douleurs ni
fièvre, mais seulement une surdité avec sensation
d'oreille bouchée.
On peut signaler que l'utilisation de coton-tiges pour
l'hygiène du conduit auditif doit être utlisée
avec précaution pour ne pas tasser le cérumen contre le
tympan ou lèser la muqueuse fragile du conduit externe et
favoriser ainsi des infections.
La sensation d'oreilles bouchées est ce que l'on qualifie de trouble de la ventilation. Ces troubles sont liés à un défaut de fonctionnement de la trompe d'Eustache. Normalement fermée, celle-ci s'ouvre à chaque déglutition, ce qui permet de rétablir constamment dans l'oreille moyenne une pression égale à la pression extérieure. Une surpression de l'oreille moyenne s'échappe pratiquement toujours par la trompe d'Eustache. En revanche, un vide relatif de l'oreille moyenne peut ne pas être corrigé, car il se produit un mécanisme de clapet qui empêche l'air de franchir la trompe. L'otite dysbarique s'observe le plus souvent lors de la descente d'avion, par défaut d'égalisation pressionnelle. Un vide relatif a été brusquement créé dans la caisse du tympan. Il en résulte, outre une sensation d'oreille bouchée, une violente douleur; le tympan est très rouge. L'insufflation tubaire n'est pas toujours une thérapeutique efficace en raison du mécanisme de clapet signalé plus haut. On doit alors envisager soit une mise en caisson de décompression et recompression très lente, soit une paracentèse.Dans le cas des otites des plongeurs, le mécanisme est identique, mais peut être plus violent et entraîner une rupture de la membrane du tympan.
Autrefois réalisé par des cornets acoustiques, l'appareillage des surdités consiste actuellement exclusivement en prothèses électroniques. Elles sont constituées par un ensemble miniaturisé comprenant un microphone, un amplificateur transistorisé à pile et un écouteur. Malgré leurs perfectionnements, les prothèses auditives actuelles sont loin de pouvoir corriger ou même soulager toutes les surdités. On réalise chirurgicalement maintenant des implants cochléaires, destinés à appareiller les surdités de perception quasi totales dont le nerf auditif n'est pas dégénéré. Ces méthodes, qui n'amènent que des informations sonores fragmentaires, nécessitent une rééducation complémentaire. De même, les décodeurs tactiles, transmettant les vibrations sonores à une simple zone cutanée, peuvent également apporter une aide aux sourds complets.
Il importe d'abord de souligner combien l'ouïe
différe de la simple mesure d'une vibration sonore :
l'ouïe est un sens humain tout spécialement pour
ce qui nous intéresse ici et détermine donc une
perception sonore.
Ne pas oublier que la parole est le mode de communication propre
à l'homme (voir cours "je parle") et
qu'elle suppose l'ouïe.
La psycho-acoustique, branche de la psychophysique, a pour
objet l'étude expérimentale des relations quantitatives
entre les stimulus acoustiques mesurables physiquement et les
réponses de l'ensemble du système auditif: sensations
et perceptions auditives. Elle est au carrefour des
expériences des neurophysiologistes, souvent
réalisées chez l'animal, des observations des
audiologistes, médecins qui étudient les anomalies de
l'audition chez l'homme, et bien sûr des modélisations
de physiologistes de la perception.
L'une des premières observations de la psycho-acoustique est
qu'il n'y a pas de relation bi-univoque entre les paramètres
physiques des sons et les sensations qu'ils produisent. Par exemple,
si une augmentation de la fréquence d'une vibration
sinusoïdale entraîne principalement une augmentation de la
hauteur perçue, elle peut aussi donner lieu à une
variation de l'intensité perçue.
Remarque (d'après l'article "psycho-accoustique" de l'encyclopédie universalis): |
Les caractères des sensations auditives sont principalement liés aux paramètres physiques suivants: niveau de pression acoustique, fréquence, composition spectrale, durée et différences interaurales. En voici quelques éléments :
L'effet de masque est un phénomène qui apparaît lorsqu'on entend simultanément deux sons purs de fréquences différentes: il arrive que l'un d'entre eux devienne inaudible. |
« Même l'évaluation d'attributs apparemment élémentaires comme la hauteur ou la direction du son, qu'une vue hâtive assimilerait à un simple repérage de la fréquence ou de l'azimut du signal, fait intervenir chez le sujet des processus cérébraux, qui peuvent être influencés par le contexte &endash; par exemple, par les messages d'autres sens &endash; aussi bien que par le conditionnement du sujet, son état, ses dispositions d'attention. L'audition humaine (et celle des animaux supérieurs) est apte à puiser dans un signal sonore des formes et, par exemple, à classer des stimuli auditifs en catégories, chaque catégorie étant caractérisée non par des valeurs physiques des stimuli, mais par des relations entre leurs parties (on peut reconnaître une mélodie après transposition, identifier des mots prononcés de façon différente, etc.). Il semble que l'information sensorielle soit combinée, dans les centres cérébraux, avec l'information a priori, en vue de tests d'hypothèse permettant des décisions sur les événements d'où est issue l'information. Ces décisions se font suivant des modalités très spécifiques, qui transparaissent dans les illusions auditives. L'organisation perceptive peut scinder un signal sonore complexe en diverses unités composantes; elle tend ainsi à regrouper, en fonction de leur proximité spectrale, des sons qui se succèdent rapidement: ce mécanisme paraît largement indépendant du sujet et de sa volonté. L'audition tient compte de l'incohérence vibratoire pour séparer des sons simultanés dont les partiels se recouvrent &endash; pour reconnaître, par exemple, deux instruments de musique jouant à l'unisson. Dans ce cas comme dans bien d'autres, le passé du sujet, son attention, sa capacité à anticiper telle hypothèse peuvent jouer un grand rôle. L'espèce humaine se distingue par ses capacités linguistiques et phonétiques. On comprend aisément un signal de parole imprécis: en présence d'une forme distordue ou incertaine, l'audition est apte à tenir compte d'un contexte très riche (linguistique ou sémantique), à passer inconsciemment d'un niveau à un autre, à procéder à une exploration ou à une synthèse des données sensibles, pour corriger une erreur ou lever une ambiguïté. La « restauration phonémique » (qui fait percevoir à l'auditeur des phonèmes physiquement absents) illustre bien ces aptitudes de l'audition, utiles et remarquables: que l'on songe aux difficultés considérables que rencontre depuis trente-cinq ans la mise au point de systèmes artificiels de reconnaissance de la parole.
La parole assume une fonction de communication. Le rôle de la musique n'est pas si clair: sa fonction rituelle et incantatoire, manifeste dans les civilisations primitives, s'est étiolée dans la civilisation occidentale, où la musique se réduit souvent à un « art d'agrément ». On a distingué dans le plaisir musical trois aspects: cérébral, sensible, émotionnel. Le premier aspect impliquerait une perception élaborée de relations, une recherche de structures, de formes au sein du discours musical; le deuxième ferait appel à une appréhension plus vague, végétative et sensuelle, et le troisième à des associations qui seraient souvent, à l'origine, extérieures à la musique elle-même. Le jugement esthétique s'articule sur une communication expressive au sein de laquelle ces aspects sont délicats à distinguer. Utilisant le vocabulaire de la « théorie de l'information », dont les transpositions dans le domaine de la perception sont pourtant dangereuses, il paraît nécessaire à l'efficacité et à l'agrément de la communication sensorielle que le « débit d'information » de la musique soit bien équilibré entre deux pôles, l'un d'excessive pauvreté (rengaine), l'autre d'excessive richesse (musique inintelligible, bruit): à la frontière de l'ordre et du chaos.
Il est certain qu'une explication purement physique des jugements musicaux est tout à fait insuffisante, même dans le seul ordre sensible. La musique introduit des « systèmes » qui sont à la fois ancrés dans la « nature » &endash; les propriétés des sons, de l'audition, de la pensée &endash; et dans la « culture » &endash; l'environnement sonore, la tradition musicale du milieu, l'ontogenèse de l'individu. La notion de consonance musicale, dont on a proposé des interprétations purement naturelles, au niveau des sons eux-mêmes (de Hermann von Helmholtz à Reiner Plomp) ou de la perception intrinsèque des rapports de fréquence (de Leibniz à Robert Tanner), paraît dépendre beaucoup de l'acculturation de l'auditeur et du contexte, du style musical. Un auditeur écoutant des mélodies utilisant un système d'intervalles d'une autre civilisation musicale que la sienne tend à « naturaliser » ces mélodies (Robert Francès), c'est-à-dire à assimiler l'échelle des hauteurs à une échelle qui lui est familière (ce phénomène joue aussi pour le rythme). L'acculturation semble constituer chez l'auditeur un ensemble de structures de référence, qui affinent mais particularisent ses modes de perception musicale. Cependant, un auditeur exercé est loin d'identifier toutes les articulations typiques d'une forme musicale; son plaisir peut résider dans la découverte, la prise de conscience d'articulations ou de formes nouvelles, latentes dans le discours musical. Ainsi prend naissance, à divers niveaux, un jeu d'attentes comblées ou déçues, dont la dialectique consonance-dissonance de la musique tonale classique n'apparaît que comme un cas particulier. » (Encyclopédie Universalis, article "accoustique")
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Au stade embryonnaire, le neuroépithélium olfactif
dérive du prosencéphale et, après une migration
vers sa position définitive, constitue une portion
extériorisée du tissu cérébral. Chez les
Mammifères, il tapisse le sommet et le fond des fosses
nasales; cette région, désignée sous le nom de
cavité olfactive, communique avec le reste des fosses nasales
par une fente étroite entre le cornet moyen et le septum. Dans
les conditions normales de la respiration, le courant respiratoire
n'atteint pas cette entrée de la cavité olfactive. Une
faible proportion des molécules odorantes en dilution dans le
flux aérien y parvient par diffusion. En revanche, lors du
flair, inspiration courte et rapide, le courant respiratoire
redressé atteint directement l'organe sensoriel. Ces
conditions, et en particulier la vitesse de l'accès des
molécules odorantes à proximité du
neuroépithélium, sont des variables importantes de la
stimulation.
Une particularité de l'épithélium olfactif, mis
en relation avec son exposition permanente à des produits
toxiques, est sa capacité à se régénerer
grâce à la multiplication de cellules basales qui
engendrent en permanence de nouveaux neurorécepteurs.
Chez un petit mammifère, où l'on compte environ 50 millions de cellules sensorielles, à raison de 120.000 récepteurs par millimètre carré de la surface épithéliale, on calcule que la surface réelle du champ sensoriel amplifié par la structure terminale ciliée est égale ou supérieure à la surface corporelle de l'animal.
Remarques:
- Il existe aussi chez l'homme comme chez quelques Batraciens, les
Reptiles et les mammifères un organe olfactif
accessoire, appelé organe voméro-nasal,
ou organe de Jacobson, est une structure tubulaire paire
située dans la paroi du septum séparant les deux
cavités nasales. Il contient des neurorécepteurs
ressemblant à ceux de l'organe principal.
- Si on limite classiquement la sensibilité olfactive aux
voies aériennes supérieures, il est évident
qu'il existe une sensibilité olfactive des voies
aériennes profondes: trachée et
bronches. Ce n'est que récemment que l'on a mis
en évidence que les cellules ciliées de leurs
épithéliums étaient chémosensibles
(notamment à la nicotine, La Recherche,
brève, octobre 2009, 434, p 20). Mais
s'agit-il d'une sensibilité intéro- ou
extéroceptive ?
L'olfaction est une sensibilité moléculaire. La quantité de matière active ou «odorante» minimale efficace pour stimuler l'organe est généralement extrêmement faible. D'autre part, l'intensité de la sensation perçue chez l'homme croît en fonction du nombre de molécules atteignant l'organe jusqu'à un plafond de stimulation. Sur ces échantillons de matière, l'appareil olfactif opère une analyse qualitative et une discrimination poussée jusqu'à l'individualisation de chaque espèce moléculaire par une odeur perçue qui lui est propre (c'est ainsi que des "nez" sont employés dans l'industrie chimique, la parfumerie...). Quelques cas de non-discriminations ou de confusions sont de rares exceptions à cette règle de la spécification moléculaire de l'odeur. Les études électrophysiologiques rélaisées essentiellement chez l'animal ont permis de supposer que l'appareil olfactif fonctionne comme un détecteur moléculaire dont aucun instrument ne peut atteindre à la fois le pouvoir de séparation et l'extrême sensibilité.
Les rôles de l'olfaction sont variés :
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paragraphe modifié le 29/04/2001 à
l'aide d'un article de David Smith et Robert Margolskee, Le
sens du goût, Pour la Science, 283, mai 2001, p
36-43.
vous pouvez aussi consulter le dossier "Bac to basics: Le
goût", Véronique Leclerc, Patrick MacLeod et
Benoît Schaal, La Recherche, 349, janvier 2002, 54-57
qui présente un petit aperçu un peu fouillis de la
question.
La langue est le principal organe de la gustation et contient des papilles qui regroupent amas de cellules gustatives formant les bourgeons du goût (gustatifs). On estime à près de 10 000 le nombre de bourgeons gustatifs (50 à 100 par papille). Ils contiennent des cellules chémoréceptrices accolées à des cellules de soutien dans une cavité ouverte par un pore qui communique avec la cavité buccale et est donc en contact avec les aliments ou les boissons. C'est donc à la surface de la membrane des cellules réceptrices que se trouvent les récepteurs aux éléments chimiques ""goutés". La forme des papilles est variable : on distingue les papilles fongiformes (en forme de champignons), filiformes (très allongées mais qui relèvent surtout de la sensibilité tactile car elles ne contiennent pas de bourgeons du goût), foliées (aplaties en feuille) et les caliciformes (en forme de calices). Les chémorécepteurs gustatifs sont en liaison avec le cortex pariétal voisin de la région "buccale" du cortex somesthésique par l'intermédiaire du nerf gustatif.
L'analyse périphérique des goûts se mêle
à celle de la température et à celle des
textures plutôt réalisée par des
mécanorécepteurs (de la sensibilité tactile)
situés aussi dans la cavité buccale. L'analyse
cérébrale des sensations gustatives se mêle
à celle des sensations olfactives comme le prouve
l'observation courante du défaut de goût lors des
affections de la muqueuse nasale. Goût et olfaction sont deux
aspects d'un sens chimique présent chez tous les organismes en
tant que perception des caractéristiques chimiques du milieu.
De là à imaginer que ces sens nous permettent
d'élaborer une "image chimique" du milieu, il y a un pas
difficile à franchir.
La différence principale entre la gustation est l'olfaction
est la sélectivité très forte des
récepteurs gustatifs qui semblent se limiter aux quatre
saveurs: amer, acide, salé, sucré (à laquelle
certains organismes comme les insectes ajoutent l'eau mais il est
aussi concevable que cette perception existe pour l'homme).
Cependant, des travaux d'électrophysiologie tendent à
supposer l'existence d'une cinquième saveur (l'umami
qui signifie "délicieux" en japonais), à forte
variation individuelle, qui correspondrait à la
sensibilité au glutamate, un des 20 acides
aminés composant les protéines et à
l'aspartate (voir par exemple le petit
article d'Hervé This sur la détection des saveurs, Pour
la Science, 269, mars 2000, p 14).
D'autres auteurs identifient enfin une sixième
saveur: "réglisse", produite par l'acide glycyrrhizique
(extrait du rhizome de Glycyrrhiza glabra, légumineuse)
mais celui-ci est connu pour agir sur la rétention du sodium
par les cellules notamment ce qui permet d'envisager des
mécanismes agissant secondairement sur le goût (voir le
mode d'action des substances sur les cellules réceptrices des
bourgeons sur le schéma ci-dessus)...("Bac to basics: Le
goût", Véronique Leclerc, Patrick MacLeod et
Benoît Schaal, La Recherche, 349, janvier 2002,
54-57).
La perception des goûts sucrés et amer semblent
être dus à des récepteurs membranaires (l'un a
été isolé pour la saveur amère) qui
activeraient une protéine (nommée gustducine) qui
à son tour activerait un second messager cellulaire qui par
l'intermédaire de la libération d'un neurotransmetteur
exciterait une terminaison d'un neurone gustatif.
La perception des goûts salés et acides semblent
plutôt être causée par des contrôles
ioniques de la perméabilité membranaire au Na+, K+ et
H+; le Ca2+ intervenant comme second messager qui provoquerait de
même la libération du neurotransmetteur.
Chaque cellule réceptrice des bourgeons pourrait être
sensible à plusieurs stimuli et une même terminaison
nerveuse serait en contact avec de nombreuses cellules sensitives.
Autrement dit, il semblerait que les fibres nerveuses gustatives
(dans le nerf glossopharyngien et la corde du tympan) transmettent
des messages non pas spécifiques d'un récepteur
à une seule saveur mais de combinaison de plusieurs saveurs.
Chaque saveur présentant des seuils d'excitabilité
respective différente d'une fibre à l'autre. Certains
auteurs parlent ainsi d'un continuum gustatif qui
dépasse les 4 ou 5 mots utilisés pour désigner
les saveurs.
La carte présentant un découpage de la surface de la langue en territoires sensibles à un seul type de saveur est considérée aujourd'hui comme eronnée: toutes les sensations sapides sont reconnues par toutes les régions de la langue pourvues de bourgeons du goût. Les neurones coderaient l'information sapide grâce à un profil d'activité. Tout comme dans la perception visuelle où l'oeil code une grande variété de couleurs grâce à seulement 3 types de cônes récepteurs, de même, les 2-4 ou 5 types de mécanismes de la perception sapide permettraient de coder au niveau de neurones peu spécifiques toutes les sensations sapides. Cependant on ignore toujours si le goût est un sens synthétique (une saveur unique résulte de la combinaison de tous les stimuli) ou analytique (chaque qualité gustative étant mesurée distinctement). On notera à ce propos combien le goût relève de nombreux stimuli: température de l'aliment, texture, plaisir associé... La variabilité individuelle se situant tant au niveau du type de récepteurs que des seuils de réception; à tel point que l'on parle sans hésiter de monde gustatif individuel, chaque individu ayant une image gustative du monde extérieur qui lui est propre.
Du fait des implications économiques alimentaires on a beaucoup étudié les préférences innées (manifestées naturellement à la naissance) et acquises (par apprentissage, comme pour toute fonction mettant en jeu le système nerveux, encore fortement immature à la naissance, mais aussi par conditionnement, celui-ci restant cependant limité du fait des énormes variations individuelles). Naturellement, dès la naissance, on observe une forte attirance pour les solutions sucrées, une préférence maximale pour les solutions isotoniques du NaCl et une aversion pour les solutions amères (généralement toxiques). A cette préférence s'ajoute un réflexe de mimique liée à chacune des saveurs que l'on appelle le réflexe gusto-facial. A la naissance (et même in utéro), il semble être un véritable réflexe inné, alors qu'il devient une mimique communicative à partir de 16 mois (froncer les bouche et les yeux par exemple pour la saveur amère).
Des études ont abouti à corréler les caprices alimentaires de certains enfants avec une sensibilité gustative exacerbée, en tenant compte du fait qu'il existe probablement une liaison très nette entre la sensibilité gustative et la réactivité émotionnelle, manifestée au niveau relationnel, notamment dans le contexte éducatif.
Chez l'homme adulte, des expériences ont prouvé que l'exposition repétée (4 fois) à un stimulus gustatif original particulier augmentait la sensibilité des nerfs gustatifs à ce stimulus. On cherche actuellement à developper de nouvelles flaveurs, terme désignant des associations de molécules sapides (saveurs) et olfactives (fragances). Le surimi en est un exemple récent: il est composé d'un hydrolysat de protéines de poisson (coagulées par chauffage et extrusion) auquel on ajoute des arômes et colorants. Le terme de flaveur est rejetté par certains chimistes qui y voient surtout un mauvais emploi françisé du terme anglais flavor (Flaveur indigne, Hervé THis, Pour La Science, 303, janvier 2003, 6).
Si certaines perceptions peuvent être associés à des organes comme la peau (sensation de chaud et de froid, douleur), l'oreille interne (équilibre), d'autres ont des sièges non localisés avec précision comme par exemple la perception des rythmes.
Les perception du froid et du chaud (nous percevons
la température locale relative de notre peau et non pas la
température du milieu : un exemple simple : les
sèche-mains électriques des lieux publics soufflent un
air porté à une température voisine de
100°C ce qui nous semble chaud mais très supportable nos
mains étant mouillées mais qui nous brûle une
fois qu'elles sont sèches) ou de la douleur ont
été traitées avec la perception tactile.
La perception de la position de la tête dans l'espace (sens de
l'équilibre) a été traité avec
l'audition (canaux semi-circulaires de l'oreille interne).
La perception des rythmes ne nécessite pas forcément de système spécifique et résulte peut-être de mécanismes endogènes ("horloges internes" au sens large). Leur étude dépasse le cadre de ce cours, même si nous y reviendrons parfois rapidement.
A la différence de certains organismes, l'homme semble ne pas être sensible à la polarisation de la lumière, au champ électrique et au champ magnétique. Cela ne veut certainement pas dire que l'on puisse écarter toute sensibilité autre que celles connues mais pour l'instant toutes les expériences tendant à prouver une sensibilité à ces paramètres, ce sont révélées négatives.
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