Je connais le monde par mes sens


retour accueil, formulation par cycle

Cette partie est en quelque sorte un complément hors programme mais qui me paraît être susceptible de vous enrichir....De plus, en cycle 1, et dans une certaine mesure en cycle 2, l'étude des sens est un incontournable alors que ce sujet n'est quasiment pas traité dans l'enseignement secondaire et par là dans les ouvrages de préparation au concours de PE, ce qui est sans aucun doute une lacune. La majeure partie des textes est extraite de l'Encyclopédie Universalis (vesrion 5 sur CDRom) , du Précis de Physiologie, Doin, 1998 et de l'édition française du Schmidt Nielsen (voir bibliographie).


savoirs (résumé)
je vois
je sens avec mes doigts
j'entends
je sens avec mon nez
je goûte avec ma bouche
autres perceptions

1 - savoir


Toute connaissance, même intellectuelle, passe par les sens.
La classification des perceptions en 5 sens pour l'homme est très artificielle et peut facilement être dépassée.
La sensation n'est pas un phénomène unitaire mais multiple (non pas une sensation mais des sensations), coordonné (les sens ne sont pas indépendents entre eux) et individuel (subjectif au sens de relatif à l'individu et donc non généralisable).
J'aimerai pouvoir séparer une sensibilité consciente et une sensibilité inconsciente.
Toutes les structures sensorielles impliquées dans la sensibilité consciente (nous renseignant sur l'état de notre corps dans le milieu et de nos organes impliqués dans le travail de relation et donc tournés vers l'extérieur) ont la même origine embryonnaire (cellules de la couche la plus externe de l'embryon primitif) et contiennent ou sont reliées à des cellules nerveuses. Les messages sensitifs envoyés vers les centres nerveux sont des messages nerveux (passent par les nerfs).
Les cellules et les structures impliquées dans la sensibilité inconsciente (en fait il s'agit d'une sensibilité des organes qui sont tournés principalement vers le travail de nutrition) sont beaucoup plus mal connues. Je serais porté à penser que le système de communication privilégié est alors le système immunitaire (avec sa composante circulatoire). Mais il est aussi probable que le système nerveux intervienne aussi comme un élément "à la disposition" du système immunitaire pour contôler tel ou tel paramètre musculaire ou glandulaire (par exemple le rythme cardiaque). Imaginer en tout cas que le système nerveux interviendrait seul dans les contrôles provoqués par une sensibilité viscérale, est sans aucun doute faux.

La vue n'épuise certainement pas la perception lumineuse chez l'homme mais c'est un sens très riche comprenant un organe pair : les yeux, reliés par le nerf optique à des aires du cerveau toutes proches. La vue inclut la reconnaissance des formes, de leur couleur (grâce à des cellules spécialisées : les cônes), du déplacement des objets et sujets, du relief (grâce à la présence de deux yeux qui ne renvoient pas exactement la même image) et la construction d'une image cérébrale mémorisée. L'oeil est un appareil d'optique performant dont la lentille convergente vivante est le cristallin. L'accommodation est la capacité de régler, grâce à des muscles, la convergence du cristallin, afin d'obtenir une image nette d'un objet aussi bien très éloigné que très proche. Elle diminue fortement avec l'âge (presbytie).

Le toucher est beaucoup plus riche que la simple sensation tactile permettant de percevoir certaines caractéristiques extérieures d'un relief ou d'une surface. On distingue 4 type de récepteurs : des mécanorécepteurs (de la sensibilité tactile), des récepteurs au froid et des récepteurs au chaud, et enfin des récepteurs à la douleur. Les rôles de la peau sont variés : protection, thermorégulation, excrétion, synthèse de substances chimiques.

L'audition est aussi un sens extrêment riche qui nécessite deux oreilles comprenant une partie externe (le pavillon), une partie moyenne (les osselets qui transmettent les vibrations) et une partie interne dont seul le limaçon ou cochlée est impliquée dans l'audition. Chaque nerf auditif gagne le cerveau tout proche et participe à la perception du son qui n'est pas qu'une mesure d'une vibration accoustique dans l'air mais une véritable compréhension d'un message sonore, notamment lors de l'écoute de la parole.

L'odorat siège principalement au niveau d'une petite zone de la paroi supérieure des fosses nasales. Les cellules olfactives se comportent comme des récepteurs de substances chimiques dissoutes dans le mucus qui les recouvre. Les informations olfactives sont conduites par le nerf olfactif au cerveau tout proche.

Le goût siège principalement au niveau de la langue dans des petites fossettes qualifiées de papilles gustatives qui comportent des cellules qui sont des récepteurs aux substances chimiques dissoutes dans les liquides ou les solides enrobés de salive qui transitent par la bouche.

Les autres perceptions peuvent être associés à des organes comme la peau (sensation de chaud et de froid, douleur), l'oreille interne (équilibre). Mais d'autres perceptions ont des sièges non localisés avec précision comme par exemple la perception des rythmes.

Des sensations ?

Notre sujet est la perception du monde extérieur mais je souhaite généraliser en affirmant : toute connaissance, même intellectuelle, passe par les sens, commence par une perception. Les capacités rationnelles de l'homme, son intelligence, lui permettent de répondre de façon originale aux stimulations du milieu extérieur. Dans ce chapitre l'animal et l'homme participent des mêmes capacités, même si on peut dire qu'ils ne les possédent pas au même degré (surtout quand on compare une aphysie, un mollusque fort étudié pour son système nerveux, et l'homme...) ; on peut le formuler en terme de degré de participation à une même capacité : la sensibilité ou présence de sensations ou capacité de perception (je ne veux pas discuter ici les différences de sens entre ces mots, je souhaite simplement préciser l'objet de notre étude avec des mots suffisamment variés pour que chacun comprenne ce à quoi je fais référence), qui n'est pas très éloigné de la notion de ce que certains appellent la pensée animale ou la conscience animale, même si, à mon avis ces termes sont inadéquats. C'est l'objet de ce chapitre.
Remarque:
Je suis tout à fait d'accord avec Schmidt-Nielsen quand il affirme que si certains mécanismes sensoriels sont encore inconnus, il est différent d'affirmer qu'il existe une perception extra-sensorielle, c'est-à-dire dans laquelle aucune structure sensorielle n'est impliquée. Elle ne fait bien sûr par partie de notre objet d'étude, si elle existe.

a. des classifications

Classification de Sherrington
(in Précis de Physiologie, Doin, 1998)

extérocepteurs
nous renseignent sur le monde extérieur

télérécepteurs
(perception à distance)

récepteurs visuels

récepteurs auditifs

récepteurs olfactifs....

récepteurs de contact

récepteurs gustatifs

récepteurs cutanés du toucher

intérocepteurs
nous renseignent sur notre propre organisme

viscérocepteurs,
disséminés dans les viscères

nous renseignent sur un paramètre physiologique interne

propriocepteurs,
regroupés (oreille interne) ou disséminés (fuseaux neuro-musculaires)

nous renseignent sur un paramètre lié au travail de relation : l'état de tension des muscles, sur la position relative des différentes parties du corps, et sur la position du corps dans l'espace

Cette classification a le mérite de séparer les deux types de sensations qui à mon avis ne sont pas du même type biologique ni physiologique: une sensibilité externe, consciente, exprimable.... (comprenant aussi la proprioception, au moins partiellement) et une sensibilité inconsciente, inexprimable et certainement très mal comprise.

En ce qui concerne les 5 sens de l'homme, on saisit intuitivement ce que cette classification a d'artificiel... pour tenter une autre approche, je reprends celle de Schmidt Nielsen (tableau 13.1 p 534)
Stimuli et organes des sens
- signifie que les récepteurs n'ont pas été identifiés
type
stimulus
récepteurs chez l'homme

énergie électromagnétique et thermique

lumière

oeil

radiations infrarouges

-

différence de température

corpuscules dermiques (de Kraus)

champ électrique

-

champ magnétique

-

énergie mécanique

son

oreille (osselets, fenêtres, limaçon)

contact (toucher) et vibration

corpuscules dermiques (de Pacini)

pression

corpuscules dermiques (de Pacini)

gravité, position dans l'espace

oreille interne (canaux semi-circulaires)

inertie (rotation, accélération)

oreille interne (canaux semi-circulaires)

éléments chimiques

goût (molécules chimiques dissoutes)

bourgeons du goût

odeur (molécules chimiques volatiles)

épithélium nasal

humidité (vapeur d'eau)

épithélium nasal

b. une sensibilité consciente

les cellules composant les récepteurs ont toutes la même origine embryonnaire :

tous les récepteurs sensitifs structurés que l'on a réussi à isoler sont composés de cellules épithéliales plus ou moins modifiées ou de cellules nerveuses (elles aussi originaires de la couche supérieure embryonnaire : l'ectoderme). Ils réalisent la transduction, c'est à dire la transformation d'un stimulus de nature varié selon l'organe, en signal sensitif (le message nerveux), transmis aux centres nerveux.

les messages sensitifs sont des messages nerveux

Si la diversité des signaux reçus est grande, il semble bien qu'il n'y ait qu'un seul type de messages sensitifs qui sont les messages nerveux. Le message nerveux sensitif est composé de signaux identiques en amplitude et durée (les potentiels d'action : signaux unité) mais dont la fréquence varie. On pense donc que tous les messages sensitifs sont codés en modulation de fréquence : la fréquence (instantanée et dynamique) des potentiels d'action permet de distinguer les messages sensitifs entre eux, sinon rien ne distingue par exemple un message visuel, transmis par le nerf optique, d'un message olfactif, transmis par le nerf olfactif.

c. une sensibilité insconsciente

Remarque sur le problème des récepteurs internes:
cette classification est plus basée sur notre compréhension des mécanismes de la sensation que sur une réelle connaissance des récepteurs : les organes sont-ils sensibles à certains paramètres et comment le manifestent-ils ? La sensibilité interne est-elle toujours nerveuse ? Y a-t-il une différence entre un barorécepteur et un volorécepteur ? Mais, plus insidieusement, existent-ils tout simplement ?
Je pense que je ne suis pas le seul enseignant à être très étonné de l'absence de données facilement accessibles, dans les ouvrages que j'ai utilisé et que j'apprécie donc beaucoup par ailleurs.

Analyse d'expériences de mise en évidence de récepteurs
(Bordas, spécialité, 1994, p 74 ; Bordas, TD, 1989, p 246 et p 258 ;
Physiologie humaine, A.J. Vander, J.H. Sherman et D.S. Luciano, 1977, McGraw Hill)

On présente comme une donnée anatomique (chez le chien ou chez l'homme) l'innervation de la paroi musculaire lisse des sinus carotidiens (renflements à la base des carotides) par les nerfs de Hering, pairs, reliés au bulbe rachidien (on notera qu'une bonne part du trajet est commun aux nerfs X parasympathiques...).
Des enregistrements des signaux électriques sur le nerf de Hering en absence de toute stimulation particulière donnent des schémas de ce type : ce qui est interprété comme une information traduisant , par la fréquence et l'amplitude des potentiels d'actions du NERF de Héring les valeurs de la pression artérielle intrasinusale. On aurait donc un récepteur au niveau du sinus carotidien. Parmi mes documents seul l'ouvrage de Vander (1977) propose le terme de récepteur à l'étirement mais on semble ignorer tout de la structure de cet éventuel récepteur... Il semblerait que l'on utilise ensuite le terme de barorécepteur sans pour autant justifier d'une étude plus précise.
L'isolement de la circulation générale d'un unique sinus par des ligatures, semble ne pas modifier le rythme cardiaque. Par contre une supression artificielle causée par l'injection de liquide dans le sinus provoque un ralentissement cardiaque et une baisse de la pression artérielle systémique.... qu'en est-il de ce modèle en 1999 ? N'ayant pas le compte-rendu complet de ces expériences que pouvons-nous en déduire ? D'après ce que nous savons du débit encéphalique lors d'une hémorragie par exemple, il est plus que probable qu'une ligature au niveau d'une carotide fasse baisser, unilatéralement certes mais tout de même de façon certaine, le débit cérébral, qui semble vraiment être réglé autour d'un point de consigne... De la même façon les enregistrements réalisés lors de perfusions contrôlées du sinus avec enregistrement des PA sur UNE fibre du nerf de Héring (souvent notés sur le nerf...) nous laissent insatisfaits...
Dans le cas d'un pincement au niveau des deux carotides simultanément en amont des sinus on observe une augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle systémique... pourquoi ne pince-t-on pas aussi les carotides en aval des sinus ?
La section des nerfs de Héring provoque une accélération du rythme cardiaque, la stimulation de l'extrêmité centrale aussi alors que la stimulation de l'extrêmité périphérique reste sans effet...on aimerait en déduire simplement la nature sensitive de la fibre et sa liaison indirecte au coeur par la voie sympathique cardioaccélératrice... mais on manque singulièrement de données anatomiques précises.
On cite encore (Vander, 1977) quelques enregistrements notamment au niveau auriculaire. Comme on pense qu'ils interviennent directement dans la sécrétion hypothalamique d'ADH (données plus récentes), on les qualifie maintenant de volorécepteurs... mais il ne semble pas que des études détaillées aient été réalisées...
Il me semble donc prudent et suffisant , pour tous ces récepteurs intramusculaires (muscles lisses artériels ou muscles cardiaques), de parler de récepteurs à l'étirement ou mécanorécepteurs.

Remarque:une brève de Pour La Science (Agent double protéique, Marie Thérèse Landousy, n°283, mai 2001, p 22) propose un nouveau rôle à la distrophine (justement la protéine absente chez les malades atteint de la myopathie de Duchenne), à partir d'observations chez des souris mutantes dépourvues de distrophine: chez ces dernières, la vasodilatation naturelle à la suite d'une augmentation de débit est très faible alors que les cellules musculaires restent bien sensibles à l'acétylcholine (vasodilatatrice). C'est donc le message de vasodilatation qui est affecté. Il a ainsi été observé que, lors d'une augmentation de débit artériel, le monoxyde d'azote, suspecté d'être l'un de ces messages (vasodilatateur), était synthétisé en nettement moins grande quantité par l'endothélium des souris sans distrophine que par l'endothélium des souris saines. Les chercheurs proposent donc la distrophine (molécule du cytosquelette des cellules musculaires) comme mécanorécepteur moléculaire de la composante tangente à l'écoulement sanguin (cisaillement). Le monoxyde d'azote intervenant comme second messager.

En ce qui concerne la sensibilité à des substances chimiques, on rapporte la présence de chimiorécepteurs ou chémorécepteurs au niveau des corps carotidiens et aortiques, situés très près mais distincts des récepteurs à l'étirement précédents. On pense que ce seraient des cellules épithéliales associées à des terminaisons nerveuses sensitives (?). Là encore les ouvrages dont je dispose sont peu complets : il semblerait que ce soit la pO2 du sang artériel qui soit le stimulus déclencheur des PA sensitifs... (???) Mais le rôle de la pCO2 n'est pas non plus négligeable et notamment par l'intermédiaire du pH qui semble être un paramètre essentiel au niveau du liquide céphalo-rachidien, notamment.
Je rapporte aussi une petite remarque (in Précis de physiologie, Doin) : on sait maintenant que les nocicepteurs sont en fait des chémorécepteurs (ils seraient stimulés par des substances chimiques variées libérées lors d'une lésion : ions K+, sérotonine, bradykinine, histamine...stimulant directement les terminaisons périphériques sensitives ; d'autres substances comme les prostaglandines, les leucotriènes et la substance P seraient suceptibles de sensibiliser les terminaisons afférentes sensitives par abaissement de leur seuil de stimulation (un antalgique comme l'aspirine, agirait comme inhibiteur de l'enzyme de synthèse des prostaglandines : la cyclo-oxygénase)...)

C'est donc un fait surprenant mais il semble bien que les récepteurs que l'on voit dans tous les modèles de contrôle intégré soient encore à découvrir ou à redécouvrir... l'idée est que le système immunitaire pourrait être LE système de communication privilégié pour cette sensibilité inconsciente.

d. quelques questions et réponses préliminaires :

savoirs (résumé)
je vois
je sens avec mes doigts
j'entends
je sens avec mon nez
je goûte avec ma bouche
autres perceptions

Les sens humains

Nous ne traiterons ici que de ce que j'ai qualifié de sensibilité consciente. On utilise parfois le terme de somesthésie pour désigner l'ensemble des sensations "conscientes" issues du "soma", c'est-à-dire de notre corps, à l'exception des sensations venant des récepteurs visuels, auditifs, gustatifs et olfactifs. Il s'agit non seulement du toucher mais aussi de la température ou de la douleur....
D'un point de vue général, les sensations sont classiquement étudiées en biologie en suivant un plan unique: réception du signal, transduction (transformation d'un signal de type divers (électromagnétique, thermique, mécanique, chimique) en un signal nerveux (ionique ?)), transmission, intégration au niveau du système nerveux central.

je vois - la vue

Les organes de la vision chez l'homme sont pairs : les yeux. Les deux yeux sont indispensables pour une vision en profondeur dans l'espace (qui détermine la sensation de relief). Les yeux sont reliés par les nerfs optiques au cerveau tout proche. La lésion d'une branche ou du nerf optique provoque une cécité partielle ou totale selon le degré de lésion. De même il existe des cécités liées à des lésions cérébrales (aires visuelles et aires associées).

1. Les globes oculaires

 
Vue externe et coupe frontale au niveau d'un oeil (très schématique... assez approximatif).

2. La vision

La vision peut être décrite en terme d'intensité lumineuse, de longueur d'onde et de plan de polarisation. Mais elle va bien au delà car il s'agit de la reconstitution d'une image "cérébrale" du réel. La perception de la forme, du mouvement, de la profondeur en sont des éléments essentiels.

Si l'on reprend le plan d'étude proposé pour tous les sens conscients on distingue:

La presbytie, diminution de l'amplitude d'accommodation avec l'âge, n'est pas une anomalie mais peut devenir handicapante pour des travaux de couture ou la lecture. Elle est corrigée par le port de verres pour la vision de près (ou de verres à double foyer).
Les pathologies de la vision méritent d'être citées car elles sont relativement fréquentes dans la population est invalidantes : la cornée peut s'opacifier, ce que l'on soigne par des greffes. De même que le cristallin (par exemple la cataracte qui est en liaison avec l'âge) que l'on corrige en enlevant le cristallin et en le remplacant par une lentille artificielle qui n'accommode pas et donc que l'on doit accompagner du port de lunettes. La myopie (un myope ne peut pas voir nettement, même sans accommoder, les objets éloignés), l'hypermétropie (contrairement au myope, l'hypermétrope peut accommoder pour distinguer nettement les objets éloignés), l'astigmatisme (du à un défaut de courbure de la cornée qui peut bien sûr s'ajouter aux anomalies précédentes), sont compensées par le port de lentilles additionnelles (verres de lunettes ou lentilles de contact (en contact avec la cornée)). Un décollement de la rétine qui aboutit à une asphyxie des cellules photoréceptrices par défaut d'irriguation choroïdienne, peut maintenant être chirurgicalement opéré par des lasers. Le strabisme (fait de loucher) est une orientation défectueuse d'un des axes visuels; on y remédie par une opération chirurgicale ou par des exercices appropriés.

Les champs visuels de l'homme ne sont bien sûr pas circulaires et ne se recouvrent que partiellement, au niveau de la zone de vision binoculaire (qui peut approximativement être fixée à 45° de chaque côté de la direction du regard soit un angle total de 90°), même si la perception du mouvement est possible plus de 30° au-delà de chaque côté. Le champ visuel de l'enfant est fortement réduit.

L'acuité visuelle est la capacité à séparer des détails d'une cible placée dans le champ visuel. On peut l'exprimer en degré d'angle entre les deux points (environ 1 min d'arc (3.10-4 radians): c'est le pouvoir séparateur de l'œil), ou, comme en France, en utilisant l'inverse de l'acuité visuelle en notation décimale (A=1/pouvoir séparateur). Un œil normal à une acuité visuelle de 1 ou 10/10. Pour un œil défectueux d'acuité 2,5/10, l'angle mesurant le pouvoir séparateur de l'œil est de 1/4 soit 4 minutes d'arc. Les tableaux de lettres et de chiffres des oculistes sont concus pour que, à une distance de 5 mètres environ la lettre correspondant à une acuité visuelle de 10/10 ait donc 7,3 mm de hauteur (5 minutes d'arc d'angle apparent avec des traits ou des interstices d'1 minute d'arc). Des valeurs de 15/10 et même 20/10 sont courantes (source Encyclopédia Universalis, article "vision").

Le regard est un mouvement coordonné extrêmemnt complexe des muscles oculomoteurs. On distingue des mouvement "microsaccadés" lorsque l'on étudie la pousuite par les yeux d'une objet en mouvement ou lorsde la lecture. Par exemple les saccades mesurées lors de la lecture d'une ligne te texte sont rapides (0,15 à 0,5 secondes de fixation entre chaque saccade). Lors de l'apprentissage de la lecture de fréquents retours en arrière ralentissent considérablement la vitesse de lecture.

La sensation de relief dans la vision provient de ce que les deux yeux ne voient pas le même objet sous le même angle. La stéréoscopie comprend toutes les méthodes qui permettent d'obtenir une impression de relief, que ce soit en observant un objet à travers un instrument d'optique ou que ce soit en restituant une seule image en relief à partir de deux photographies. La stéréoscopie n'existe qu'en vision binoculaire; la sensation de relief disparaît en effet si on ferme un œil.

La vision de l'homme est binoculaire : les images vues par l'œil droit et par l'œil gauche ne sont pas identiques: on dit qu'il y a diplopie lorsqu'elles donnent une impression de dédoublement (ce qui est possible de réaliser volontairement en n'accomodant pas, ce qui permet de créer des "illusions d'optique" du type déplacement d'un oiseau dans une cage avec un oeil fixant l'oiseau et l'autre oeil fixant la cage). La diplopie est évitée grâce à une opération cérébrale dite «fusionnement».
D'autres illusions d'optiques sont basées sur le traitement des formes par le cerveau notamment les rapports de tailles lorsqu'une forme est inclue ou chevauche une autre forme ou dans des droites passant à travers des courbes concentriques. D'autres enfin font appel à l'image cérébrale d'un dessin ambigu.

La persistance rétinienne est souvent invoquée pour expliquée que les images cinématographiques projetées de façon discontinue nous aparaissent continues. En fait il semblerait que ce soit le phénomène inverse, la perception rétinienne étant beaucoup plus rapide que le défilement de l'image. C'est la superposition de deux images différentes dans des zones extrêmement proches de la rétine et à des intervalles très brefs (20 à 200 millisecondes) qui est ressentie comme un mouvement apparent. Dans la perception cinématographique l'œil peut être considéré comme fixe et saisit des images décalées dans l'espace et dans le temps pour les superposer en recréant un mouvement artificiel.

Remarque:
Si la sensibilité consciente à la lumière est strictement limitée aux yeux (un aveugle n'a pas de sensation lumineuse lui permettant de connaître le milieu extérieur ...), il est possible et même problable que certains organes et tout particulièrement le système nerveux central soient sensibles à la lumière. De façon encore plus évidente on peut aussi citer la photosensibilité de la peau. Nous sommes tous conscients de ce que les rayons lumineux naturels (soleil) ou artificiels (lampes à bronzer, photothérapie), surtout les rayons ultraviolets B (UVB : 290-320 nm), déterminent des réactions cutanées de phototoxicité ou de photoallergie. Les premières sont du type «coup de soleil», allant du simple érythème (rougeur) ou du hâle solaire à des manifestations importantes de brûlure. La photosensibilité, variable suivant les sujets (facteur familial), peut être à l'origine de manifestations allergiques diverses, surtout du type eczéma. Des crèmes protectrices sont à conseiller, allant de l'«écran total» à des crèmes filtrantes de coefficient antisolaire plus ou moins élevé; chez les sujets à fort degré de photosensibilité, on adjoindra la prise préventive orale d'amide nicotinique (Nicobion) ou même d'antipaludéens. Les expositions solaires répétées peuvent, en outre, créer une sénescence précoce de la peau (kératose, atrophie cutanée) et, surtout, elles peuvent favoriser les cancers cutanés (épithéliomas du visage et des mains).

A lire absolument :
Guide du maître, Tavernier, Bordas, 1976, fiches 7.1 (Que vois-tu ? construire une représentation du champ visuel et comprendre quelques propriétés et limites de la vision binoculaire), 7.2 (Que vois-tu ? suite des illusions d'optique), 7.3 (Que vois-tu ? suite et fin des illusions d'optique), les fiches 8.1 et 8.2 (Des yeux bien placés) étudient la vision de quelques animaux.

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je sens avec mes doigts - le toucher

 La peau est un organe limitant (revêtement de surface de notre corps qui atteint 1,5 à 2 mètres carrés chez l'adulte) dont pratiquement toutes les fonctions peuvent se regrouper en considérant ses caractères de perméabilité ou d'imperméabilité vis-à-vis de la matière (limite du corps humain, barrière pour l'entrée des éléments nocifs ou d'agents pathogènes ou pour la sortie de l'eau), de l'énergie (énergie thermique notamment dans les phénomènes de thermorégulation, mais aussi d'énergie mécanique puisqu'elle est la surface de contact entre un membre et le substrat par exemple...), et enfin vis-à-vis de l'information (siège de la sensibilité tactile mais aussi lieu de passage d'informations sur la température, la luminosité du milieu ou encore les vibrations accoustiques....).

1. La peau n'est pas qu'un organe de la sensibilité

Du point de vue anatomique (structure des organes) et histologique (structure des tissus, composés de cellules) voici quelques caractères marquant de cet organe vivant:


Une coupe schématique de la peau humaine (d'après Précis de physiologie, Doin, 1998) montrant une zone poilue à l'épiderme mince et une zone glabre à l'épiderme plus épais formé de couches de cellules presque mortes (couches cornées) qui se séparent (les cellules sont envahies de kératine et meurent). L'épiderme ne contient pas de récepteurs. Le derme, irrigué et innervé contient des récepteurs tactiles dont quelques types sont représentés : (1) corpuscule de Pacini : un mécanorécepteur; (2) innervation d'un follicule pileux (base du poil) ; (3) disque de Merkel, un mécanorécepteur du toucher fin ; (4) corpuscule de Meissner, un mécanorécepteur dynamique.
Les divers éléments sensitifs sont très nombreux aux extrémités des doigts, où l'on en compterait de 500 à 2300 par centimètre carré.

Du point de vue physiologique, la peau est :

2. la sensibilité cutanée n'est pas limitée à la sensibilité tactile

Classiquement on distingue au niveau de la peau 4 types de récepteurs :

3. la sensibilité tactile permet une véritable perception tactile

La perception tactile de l'homme dépasse la simple mesure (d'une intensité, d'une vitesse, d'une durée ou d'une pression).La sensibilité tactile dépend non seulement du nombre de récepteurs par unité de surface (très variable selon les zones de la peau) mais aussi et surtout du nombre de connections établies avec le cortex sensitif cérébral. La sensibilité tactile est donc une résultante "subjective" des localisations sensitives et des aires cérébrales impliquées. Ce qui explique les variations très importantes entre le dos et la paume de la main par exemple. Le compas de Weber, formé de deux pointes sèches avait permis à la fin du 19ème siècle de déterminer l'acuité tactile individuelle comme étant la plus petite distance entre deux contacts simultanés perçus comme distincts. Cette distance était donnée comme égale à 1,1 mm à la pointe de la langue, 13 mm sur la paume et 31 mm sur le dos de la main. La cartographie cérébrale des aires impliquées dans la somesthésie (sensibilité involontaire de la peau et des viscères) avait conduit à la représentation d'un homoncule dont les différents organes avaient une taille proportionnelle à la sensibilité de la zone innervée. Une étude récente chez le singe a montré que la surface relative des aires pouvait être modifiée par des apprentissages (plasticité) : notamment par des exercices de préhension fine, la surface des aires de la main augmentaient notablement, ce qui est en faveur d'un contrôle plus cérébral qu'anatomique (lié au nombe de récepteurs que l'on suppose relativement fixe pour un individu donné).


Une vue simpliste des voies nerveuses sensitives : nerfs - moëlle épinière - cerveau

Des biotechnologie performantes permettent actuellement de proposer des épidermes humains de culture en remplacement de peaux brûlées ou arrachées.

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j'entends - l'ouïe

1. l'oreille est l'organe de l'ouïe mais aussi de l'équilibration

L'appareil auditif comporte trois parties :

2. la perception auditive

Nous entendons un son lorsque des vibrations de l'air ambiant, atteignant notre tympan, le mettent en mouvement dans des conditions d'amplitude et de fréquence telles que cette stimulation mécanique, qui est transmise par l'oreille moyenne à l'oreille interne, y provoque un phénomène bio-électrique. Commence alors le traitement de l'information contenue dans ce phénomène, traitement qui se poursuit à travers différents relais jusqu'au cortex cérébral et dont le résultat sera la perception du son. L'analyse de la chaîne fonctionnelle qui va de la vibration du tympan à la perception a été conduite de manière remarquable dans le deuxième quart du siècle par Georg von Bekesy (1899-1972) dont les travaux sont à l'origine de l'expansion remarquable que connaît aujourd'hui la physiologie de l'audition.
Du fait de sa géométrie et de la nature de ses parois l'oreille externe ne transmet pas également toutes les fréquences. L'ensemble de la conque (partie centrale de l'oreille externe) et du conduit auditif a une fréquence de résonance vers 2,5 kHz et la conque seule vers 5,5 kHz. Il s'ensuit que la transmission des fréquences comprises entre 2 et 7 kilohertz (kHz) s'opère avec un gain de l'ordre de 10 à 20 décibels (dB) par rapport aux fréquences inférieures à 0,5 kHz. Chez certains Mammifères, la mobilité du pavillon permet à l'oreille externe de contribuer à la localisation des sources sonores dans l'espace. Chez l'Homme cette participation est beaucoup plus réduite. Néanmoins, lorsqu'une source est située derrière l'oreille, l'interférence entre l'onde directe et l'onde diffractée par le bord du pavillon produit une légère diminution d'intensité pour les fréquences comprises entre 3 et 6 kHz. Le spectre, et donc le timbre, d'un son complexe peuvent ainsi varier légèrement selon que la source se trouve en avant ou en arrière de la tête.
L'oreille moyenne joue dans le fonctionnement auditif un double rôle, de transmission et de protection. Ce dernier rôle est notamment sous la dépendance de deux petits muscles striés, le tenseur du tympan qui s'insère sur le marteau et dont la contraction réduit la mobilité de la membrane tympanique, et le muscle de l'étrier ou stapedius (stapes = étrier), dont la contraction réduit la mobilité de la fenêtre ovale. Le tenseur du tympan est innervé par le trijumeau et le muscle de l'étrier, par le facial. La fonction de protection réside dans le contrôle des caractéristiques de transmission de l'oreille moyenne par suite de la contraction du tenseur du tympan et du stapédius. En augmentant la rigidité du système, cette contraction réduit essentiellement la transmission des sons de fréquence inférieure à 1000-2000 Hz. Elle peut être provoquée de façon réflexe par des sons intenses, mais la protection contre l'effet destructeur de ces sons sur l'oreille interne ne peut intervenir s'ils s'établissent très brusquement, car le changement d'impédance, qui débute avec une latence de 20 à 40 ms, n'atteint son maximum qu'après 90 à 100 ms. La contraction du stapédius est également provoquée par la vocalisation, la réponse du muscle précédant l'émission vocale. Il semble qu'il y ait là un mécanisme assurant la réduction de l'effet des sons émis sur l'oreille de la personne qui émet ces sons. D'une manière générale, en atténuant sélectivement les composantes de basse fréquence, la contraction réflexe des muscles de l'oreille moyenne permet une meilleure perception des stimuli complexes (comme la parole chez l'Homme) aux intensités élevées.

Le mécanisme physiologique de la transduction au niveau de la cochlée a été conçu par von Bekesy comme comportant un phénomène mécanique entraînant un phénomène bioélectrique à l'origine du message sensoriel. Progressivement, les insuffisances de cette conception sont devenues de plus en plus évidentes et ont conduit à la conception d'un mécanisme amplificateur actif (électromécanique), couplé à la transduction mécanoélectrique que nous ne détaillerons pas (voir par exemple Encyclopédie Universalis à l'article "accoustique physiologique").


Correspondance entre la position des récepteurs cochléaires (la base du limaçon est le point le plus éloigné de la fenêtre de contact avec l'oreille moyenne) et la fréquence des vibrations sonores perçues (tonotopie), celle-ci suivant approximativement la courbe de réponse mécanique active de la membrane basilaire située dans la cochlée (non représentée, mais c'est cette membrane qui vibre et qui excite les cellules réceptrices de la cochlée). Les récepteurs cochléaires (mécanorécepteurs) sont des cellules ciliées sensibles à de très légères inclinaisons de leur cils.

 

On distingue les surdités de transmission (traduit une atteinte de l'oreille externe ou de l'oreille moyenne, donc de l'appareil de transmission du son) et de perception (traduit une atteinte de la cochlée, du nerf ou des voies auditives centrales) . Chez l'enfant, les surdités de perception bilatérales, si elles sont importantes et précoces, peuvent être la cause d'une «surdité-mutité». Dans certains cas, la lésion est génétique, ce qui caractérise les surdités héréditaires. Mais elle peut avoir une cause extérieure à l'organisme: atteinte de l'embryon par la rubéole ou diverses intoxications pendant les deux premiers mois de la grossesse, atteinte du fœtus en cas de syphilis, d'incompatibilité rhésus ou de traumatisme obstétrical. Après la naissance, des infections ou des intoxications peuvent être en cause.
On appelle acouphènes tous les bruits d'oreilles, qu'il s'agisse de sifflements, de bourdonnements, de battements ou de tintements. Ils peuvent avoir une origine anatomique ou physiologique décelable (on parle d'acouphènes objectifs) mais parfois leur origine est inconnue (on parle d'acouphènes subjectifs).
Le vertige est une sensation erronée de déplacement des objets toujours dû à une perturbation de l'appareil vestibulaire ou des voies nerveuses vestibulaires. On ne doit pas le confondre avec le vertige des hauteurs, qui est une phobie psychique, ou avec un déséquilibre isolé.

Le pavillon peut être le siège de tumeurs, d'infections, d'hématomes après traumatisme ou de malformations congénitales. Parmi celles-ci, les oreilles décollées sont une forme mineure due plutôt à un défaut de relief du pavillon et qui peut être corrigé chirurgicalement vers l'âge de sept ans. Le conduit auditif  peut être obstrué par le banal bouchon de cérumen (substance secrétée par les glandes sébacées du conduit auditif qui contient des graisses (stéarines et oléines surtout), des sels minéraux et de l'eau ; son rôle est essentiellement protecteur (arrêt des poussières et des petits corps étrangers) et lubrificateur) ou un corps étranger, ou bien rétréci par les proliférations osseuses. Surtout, il peut être infecté: l'infection peut être diffuse (otite externe), localisée (furoncle) ou surajoutée à un eczéma local ou à une mycose.

Les infections de l'oreille moyenne ou otites sont souvent les conséquences d'une infection rhino-pharyngée propagée par la trompe d'Eustache. La douleur est brutale et vive, l'oreille paraît bouchée, la fièvre apparaît. Une incision du tympan ou paracentèse est parfois nécessaire, mais l'otite peut s'ouvrir spontanément, d'où écoulement de pus par le conduit auditif. Traitée au début, la maladie peut avorter. L'évolution est généralement bénigne; la mastoïdite, complication classique, est aujourd'hui rare. Elle est parfois grave chez le nourrisson, le vieillard, au cours d'une fracture du rocher, ou chez le diabétique. Normalement, la perforation se cicatrise, mais la persistance d'une perforation résiduelle du tympan est toujours possible. La forme chronique (à répétition) correspond non seulement une perforation permanente du tympan, mais également un écoulement, permanent ou intermittent. Ces otites altèrent souvent l'audition et sont traitées chirurgicalement. L'otite séreuse est caractérisée par un épanchement de sérosité non purulente dans la caisse du tympan. Elle est considérée comme une forme atténuée d'infection. Il n'y a ni douleurs ni fièvre, mais seulement une surdité avec sensation d'oreille bouchée.
On peut signaler que l'utilisation de coton-tiges pour l'hygiène du conduit auditif doit être utlisée avec précaution pour ne pas tasser le cérumen contre le tympan ou lèser la muqueuse fragile du conduit externe et favoriser ainsi des infections.

La sensation d'oreilles bouchées est ce que l'on qualifie de trouble de la ventilation. Ces troubles sont liés à un défaut de fonctionnement de la trompe d'Eustache. Normalement fermée, celle-ci s'ouvre à chaque déglutition, ce qui permet de rétablir constamment dans l'oreille moyenne une pression égale à la pression extérieure. Une surpression de l'oreille moyenne s'échappe pratiquement toujours par la trompe d'Eustache. En revanche, un vide relatif de l'oreille moyenne peut ne pas être corrigé, car il se produit un mécanisme de clapet qui empêche l'air de franchir la trompe. L'otite dysbarique s'observe le plus souvent lors de la descente d'avion, par défaut d'égalisation pressionnelle. Un vide relatif a été brusquement créé dans la caisse du tympan. Il en résulte, outre une sensation d'oreille bouchée, une violente douleur; le tympan est très rouge. L'insufflation tubaire n'est pas toujours une thérapeutique efficace en raison du mécanisme de clapet signalé plus haut. On doit alors envisager soit une mise en caisson de décompression et recompression très lente, soit une paracentèse.Dans le cas des otites des plongeurs, le mécanisme est identique, mais peut être plus violent et entraîner une rupture de la membrane du tympan.

Autrefois réalisé par des cornets acoustiques, l'appareillage des surdités consiste actuellement exclusivement en prothèses électroniques. Elles sont constituées par un ensemble miniaturisé comprenant un microphone, un amplificateur transistorisé à pile et un écouteur. Malgré leurs perfectionnements, les prothèses auditives actuelles sont loin de pouvoir corriger ou même soulager toutes les surdités. On réalise chirurgicalement maintenant des implants cochléaires, destinés à appareiller les surdités de perception quasi totales dont le nerf auditif n'est pas dégénéré. Ces méthodes, qui n'amènent que des informations sonores fragmentaires, nécessitent une rééducation complémentaire. De même, les décodeurs tactiles, transmettant les vibrations sonores à une simple zone cutanée, peuvent également apporter une aide aux sourds complets.

3. l'ouïe est un sens : entendre c'est aussi comprendre

Il importe d'abord de souligner combien l'ouïe différe de la simple mesure d'une vibration sonore : l'ouïe est un sens humain tout spécialement pour ce qui nous intéresse ici et détermine donc une perception sonore.
Ne pas oublier que la parole est le mode de communication propre à l'homme (voir cours "je parle") et qu'elle suppose l'ouïe.

La psycho-acoustique, branche de la psychophysique, a pour objet l'étude expérimentale des relations quantitatives entre les stimulus acoustiques mesurables physiquement et les réponses de l'ensemble du système auditif: sensations et perceptions auditives. Elle est au carrefour des expériences des neurophysiologistes, souvent réalisées chez l'animal, des observations des audiologistes, médecins qui étudient les anomalies de l'audition chez l'homme, et bien sûr des modélisations de physiologistes de la perception.
L'une des premières observations de la psycho-acoustique est qu'il n'y a pas de relation bi-univoque entre les paramètres physiques des sons et les sensations qu'ils produisent. Par exemple, si une augmentation de la fréquence d'une vibration sinusoïdale entraîne principalement une augmentation de la hauteur perçue, elle peut aussi donner lieu à une variation de l'intensité perçue.

Remarque (d'après l'article "psycho-accoustique" de l'encyclopédie universalis):

Les caractères des sensations auditives sont principalement liés aux paramètres physiques suivants: niveau de pression acoustique, fréquence, composition spectrale, durée et différences interaurales. En voici quelques éléments :

  • l'intensité perçue ou sonie , comprise entre le seuil minimal de perception et le seuil de douleur ; en première approximation, la sonie d'un son pur, correspondant à une seule vibration sinusoïdale, est déterminée par le niveau de pression acoustique. Mais, à niveau de pression acoustique égal, les sons de fréquence basse ou très élevée ont une sonie inférieure aux sons de fréquence moyenne. Outre la fréquence, la durée d'un son intervient dans la détermination de la sonie. Aux fréquences et aux niveaux moyens, la sonie croît avec la durée jusqu'à une valeur de 180 ms environ appelée durée critique.
  • la hauteur perçue ou tonie : l'être humain est capable d'entendre des sons ayant des fréquences aussi basses que 16 Hz et aussi hautes que 20 kHz (soit 10 octaves); la limite supérieure des fréquences audibles se dégrade rapidement avec l'âge: rares sont les personnes de plus de soixante ans qui peuvent percevoir des sons de plus de 8 kHz; En première approximation, la tonie d'un son pur est déterminée par sa fréquence. Mais au-delà de 1 000 Hz, la fréquence doit être plus que doublée pour produire une sensation de hauteur double. L'échelle de tonie est graduée en mels. Pour attribuer une hauteur précise à un son, il faut que celui-ci ait non seulement un certain niveau de pression acoustique (appelé seuil de perception tonale) mais aussi une durée d'au moins 10 millisecondes.
  • le timbre : est l'attribut perceptif qui nous permet de faire cette distinction entre des sons ayant même hauteur et même sonie est le timbre joués sur des instruments de musique différents (nous sommes capables par exemple de distinguer une note jouée au piano d'une même note jouée à la trompette ou au violon). Contrairement à la sonie et à la hauteur, qui peuvent globalement être considérés comme des attributs perceptifs unidimensionnels, le timbre est multidimensionnel: il n'existe pas d'échelle unique pour décrire le timbre de différents sons. On doit donc chercher plusieurs supports physiques du timbre. Pour des sons stationnaires, le timbre dépend essentiellement de la distribution de l'énergie suivant la fréquence. Par exemple, des sons complexes possédant des harmoniques graves intenses sonneront «mou», alors que des sons possédant des harmoniques aiguës intenses paraîtront «pointus» et «pénétrants». Pour des sons évolutifs dans le temps, la structure temporelle et en particulier les transitoires d'attaque viennent s'ajouter à la forme spectrale globale pour déterminer le timbre.
  • la durée: en dessous de la durée limite de 10 millisecondes, le son tend à être perçu comme un clic.
  • et la localisation spatiale : le système auditif est en général capable de classer, voire de hiérarchiser, les entrées acoustiques qui nous parviennent souvent d'un certain nombre de sources différentes mais simultanées en regroupant les composantes provenant de chaque source sous la forme de flux perceptifs séparés. On peut ainsi attribuer à chaque source un «objet sonore» ayant son propre rythme, sa propre hauteur, sa propre sonie et sa propre localisation dans l'espace. Plusieurs indices physiques sont utilisés pour faire cette séparation perceptive. Ce sont essentiellement les variations de la hauteur globale perçue, les décalages temporels des attaques, les variations brusques de sonie ou de forme spectrale et les différences entre les informations parvenant aux deux oreilles. Certains de ces indices permettent d'expliquer ce que l'on appelle l'effet cocktail: même dans une assemblée bruyante, nous sommes capables de suivre une conversation ou d'écouter spécifiquement ce qui est dit assez loin de nous. Dans ce cas particulier de détection d'un signal au milieu d'un bruit, le traitement binaural joue un grand rôle. Utilisant les différences entre les informations fournies aux deux oreilles, il nous aide à améliorer le rapport signal/bruit, à supprimer les échos dans les pièces réverbérantes et, plus généralement, à localiser les sons dans l'espace. Notre capacité de localisation par voie auditive est bonne dans le plan horizontal et assez bonne dans le plan vertical, mais elle perd de sa précision dans la dimension de la profondeur ou de l'éloignement. La reconstitution d'objets sonores à partir d'un ensemble d'informations acoustiques simultanées peut aussi être facilitée par la mise en jeu de capacités extra-auditives du sujet, comme l'attention par exemple. Cette mise à contribution de l'attention peut ainsi augmenter la charge mentale. Cela explique que nous ne soyons plus capables, au bout d'un certain temps, de suivre correctement une conversation dans une ambiance trop bruyante. Inversement, l'attention et certains facteurs extra-auditifs peuvent aider à la formation des flux perceptifs.

L'effet de masque est un phénomène qui apparaît lorsqu'on entend simultanément deux sons purs de fréquences différentes: il arrive que l'un d'entre eux devienne inaudible.

 

« Même l'évaluation d'attributs apparemment élémentaires comme la hauteur ou la direction du son, qu'une vue hâtive assimilerait à un simple repérage de la fréquence ou de l'azimut du signal, fait intervenir chez le sujet des processus cérébraux, qui peuvent être influencés par le contexte &endash; par exemple, par les messages d'autres sens &endash; aussi bien que par le conditionnement du sujet, son état, ses dispositions d'attention. L'audition humaine (et celle des animaux supérieurs) est apte à puiser dans un signal sonore des formes et, par exemple, à classer des stimuli auditifs en catégories, chaque catégorie étant caractérisée non par des valeurs physiques des stimuli, mais par des relations entre leurs parties (on peut reconnaître une mélodie après transposition, identifier des mots prononcés de façon différente, etc.). Il semble que l'information sensorielle soit combinée, dans les centres cérébraux, avec l'information a priori, en vue de tests d'hypothèse permettant des décisions sur les événements d'où est issue l'information. Ces décisions se font suivant des modalités très spécifiques, qui transparaissent dans les illusions auditives. L'organisation perceptive peut scinder un signal sonore complexe en diverses unités composantes; elle tend ainsi à regrouper, en fonction de leur proximité spectrale, des sons qui se succèdent rapidement: ce mécanisme paraît largement indépendant du sujet et de sa volonté. L'audition tient compte de l'incohérence vibratoire pour séparer des sons simultanés dont les partiels se recouvrent &endash; pour reconnaître, par exemple, deux instruments de musique jouant à l'unisson. Dans ce cas comme dans bien d'autres, le passé du sujet, son attention, sa capacité à anticiper telle hypothèse peuvent jouer un grand rôle. L'espèce humaine se distingue par ses capacités linguistiques et phonétiques. On comprend aisément un signal de parole imprécis: en présence d'une forme distordue ou incertaine, l'audition est apte à tenir compte d'un contexte très riche (linguistique ou sémantique), à passer inconsciemment d'un niveau à un autre, à procéder à une exploration ou à une synthèse des données sensibles, pour corriger une erreur ou lever une ambiguïté. La « restauration phonémique » (qui fait percevoir à l'auditeur des phonèmes physiquement absents) illustre bien ces aptitudes de l'audition, utiles et remarquables: que l'on songe aux difficultés considérables que rencontre depuis trente-cinq ans la mise au point de systèmes artificiels de reconnaissance de la parole. 

La parole assume une fonction de communication. Le rôle de la musique n'est pas si clair: sa fonction rituelle et incantatoire, manifeste dans les civilisations primitives, s'est étiolée dans la civilisation occidentale, où la musique se réduit souvent à un « art d'agrément ». On a distingué dans le plaisir musical trois aspects: cérébral, sensible, émotionnel. Le premier aspect impliquerait une perception élaborée de relations, une recherche de structures, de formes au sein du discours musical; le deuxième ferait appel à une appréhension plus vague, végétative et sensuelle, et le troisième à des associations qui seraient souvent, à l'origine, extérieures à la musique elle-même. Le jugement esthétique s'articule sur une communication expressive au sein de laquelle ces aspects sont délicats à distinguer. Utilisant le vocabulaire de la « théorie de l'information », dont les transpositions dans le domaine de la perception sont pourtant dangereuses, il paraît nécessaire à l'efficacité et à l'agrément de la communication sensorielle que le « débit d'information » de la musique soit bien équilibré entre deux pôles, l'un d'excessive pauvreté (rengaine), l'autre d'excessive richesse (musique inintelligible, bruit): à la frontière de l'ordre et du chaos.

Il est certain qu'une explication purement physique des jugements musicaux est tout à fait insuffisante, même dans le seul ordre sensible. La musique introduit des « systèmes » qui sont à la fois ancrés dans la « nature » &endash; les propriétés des sons, de l'audition, de la pensée &endash; et dans la « culture » &endash; l'environnement sonore, la tradition musicale du milieu, l'ontogenèse de l'individu. La notion de consonance musicale, dont on a proposé des interprétations purement naturelles, au niveau des sons eux-mêmes (de Hermann von Helmholtz à Reiner Plomp) ou de la perception intrinsèque des rapports de fréquence (de Leibniz à Robert Tanner), paraît dépendre beaucoup de l'acculturation de l'auditeur et du contexte, du style musical. Un auditeur écoutant des mélodies utilisant un système d'intervalles d'une autre civilisation musicale que la sienne tend à « naturaliser » ces mélodies (Robert Francès), c'est-à-dire à assimiler l'échelle des hauteurs à une échelle qui lui est familière (ce phénomène joue aussi pour le rythme). L'acculturation semble constituer chez l'auditeur un ensemble de structures de référence, qui affinent mais particularisent ses modes de perception musicale. Cependant, un auditeur exercé est loin d'identifier toutes les articulations typiques d'une forme musicale; son plaisir peut résider dans la découverte, la prise de conscience d'articulations ou de formes nouvelles, latentes dans le discours musical. Ainsi prend naissance, à divers niveaux, un jeu d'attentes comblées ou déçues, dont la dialectique consonance-dissonance de la musique tonale classique n'apparaît que comme un cas particulier. » (Encyclopédie Universalis, article "accoustique")

savoirs (résumé)
je vois
je sens avec mes doigts
j'entends
je sens avec mon nez
je goûte avec ma bouche
autres perceptions

je sens avec mon nez - l'odorat

1. le nez est tapissé à l'intérieur par une couche de cellules olfactives formant "l'organe de l'odorat"


Le "tapis olfactif" est très réduit. Les cellules réceptrices de l'olfaction sont des chémorécepteurs (ou chimiorécepteurs) localisés dans une petite zone de la partie supérieure des fosses nasales (sinus). Ces cellules sont recouvertes de mucus. Les molécules odorantes se dissolvent dans le mucus (se lient à des glucides et à des peptides, le mucus étant formé de peptidoglycanes) avant de se lier aux récepteurs olfactifs dont les cellules sont pourvues de cils courts. Les chémorécepteurs sont en liaison directe avec le bulbe olfactif à travers la paroi supérieure (lame criblée) des fosses nasales.

Au stade embryonnaire, le neuroépithélium olfactif dérive du prosencéphale et, après une migration vers sa position définitive, constitue une portion extériorisée du tissu cérébral. Chez les Mammifères, il tapisse le sommet et le fond des fosses nasales; cette région, désignée sous le nom de cavité olfactive, communique avec le reste des fosses nasales par une fente étroite entre le cornet moyen et le septum. Dans les conditions normales de la respiration, le courant respiratoire n'atteint pas cette entrée de la cavité olfactive. Une faible proportion des molécules odorantes en dilution dans le flux aérien y parvient par diffusion. En revanche, lors du flair, inspiration courte et rapide, le courant respiratoire redressé atteint directement l'organe sensoriel. Ces conditions, et en particulier la vitesse de l'accès des molécules odorantes à proximité du neuroépithélium, sont des variables importantes de la stimulation.
Une particularité de l'épithélium olfactif, mis en relation avec son exposition permanente à des produits toxiques, est sa capacité à se régénerer grâce à la multiplication de cellules basales qui engendrent en permanence de nouveaux neurorécepteurs.

Chez un petit mammifère, où l'on compte environ 50 millions de cellules sensorielles, à raison de 120.000 récepteurs par millimètre carré de la surface épithéliale, on calcule que la surface réelle du champ sensoriel amplifié par la structure terminale ciliée est égale ou supérieure à la surface corporelle de l'animal.

Remarques:
- Il existe aussi chez l'homme comme chez quelques Batraciens, les Reptiles et les mammifères un organe olfactif accessoire, appelé organe voméro-nasal, ou organe de Jacobson, est une structure tubulaire paire située dans la paroi du septum séparant les deux cavités nasales. Il contient des neurorécepteurs ressemblant à ceux de l'organe principal.
- Si on limite classiquement la sensibilité olfactive aux voies aériennes supérieures, il est évident qu'il existe une sensibilité olfactive des voies aériennes profondes: trachée et bronches. Ce n'est que récemment que l'on a mis en évidence que les cellules ciliées de leurs épithéliums étaient chémosensibles (notamment à la nicotine,
La Recherche, brève, octobre 2009, 434, p 20). Mais s'agit-il d'une sensibilité intéro- ou extéroceptive ?

2. l'ofaction donne un sens aux odeurs qui ne se réduisent pas aux molécules

L'olfaction est une sensibilité moléculaire. La quantité de matière active ou «odorante» minimale efficace pour stimuler l'organe est généralement extrêmement faible. D'autre part, l'intensité de la sensation perçue chez l'homme croît en fonction du nombre de molécules atteignant l'organe jusqu'à un plafond de stimulation. Sur ces échantillons de matière, l'appareil olfactif opère une analyse qualitative et une discrimination poussée jusqu'à l'individualisation de chaque espèce moléculaire par une odeur perçue qui lui est propre (c'est ainsi que des "nez" sont employés dans l'industrie chimique, la parfumerie...). Quelques cas de non-discriminations ou de confusions sont de rares exceptions à cette règle de la spécification moléculaire de l'odeur. Les études électrophysiologiques rélaisées essentiellement chez l'animal ont permis de supposer que l'appareil olfactif fonctionne comme un détecteur moléculaire dont aucun instrument ne peut atteindre à la fois le pouvoir de séparation et l'extrême sensibilité.

Les rôles de l'olfaction sont variés :

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je goûte avec ma bouche - le goût

paragraphe modifié le 29/04/2001 à l'aide d'un article de David Smith et Robert Margolskee, Le sens du goût, Pour la Science, 283, mai 2001, p 36-43.
vous pouvez aussi consulter le dossier "Bac to basics: Le goût", Véronique Leclerc, Patrick MacLeod et Benoît Schaal, La Recherche, 349, janvier 2002, 54-57 qui présente un petit aperçu un peu fouillis de la question.

1. la langue est parsemée de papilles gustatives, organes de la gustation


Répartition des papilles gustatives sur la lange, position de la langue et schéma fonctionnel d'une cellule réceptrice d'un bourgeon du goût (explications voir texte).

La langue est le principal organe de la gustation et contient des papilles qui regroupent amas de cellules gustatives formant les bourgeons du goût (gustatifs). On estime à près de 10 000 le nombre de bourgeons gustatifs (50 à 100 par papille). Ils contiennent des cellules chémoréceptrices accolées à des cellules de soutien dans une cavité ouverte par un pore qui communique avec la cavité buccale et est donc en contact avec les aliments ou les boissons. C'est donc à la surface de la membrane des cellules réceptrices que se trouvent les récepteurs aux éléments chimiques ""goutés". La forme des papilles est variable : on distingue les papilles fongiformes (en forme de champignons), filiformes (très allongées mais qui relèvent surtout de la sensibilité tactile car elles ne contiennent pas de bourgeons du goût), foliées (aplaties en feuille) et les caliciformes (en forme de calices). Les chémorécepteurs gustatifs sont en liaison avec le cortex pariétal voisin de la région "buccale" du cortex somesthésique par l'intermédiaire du nerf gustatif.

 

2. Le sens du goût détermine classiquement 4 saveurs

L'analyse périphérique des goûts se mêle à celle de la température et à celle des textures plutôt réalisée par des mécanorécepteurs (de la sensibilité tactile) situés aussi dans la cavité buccale. L'analyse cérébrale des sensations gustatives se mêle à celle des sensations olfactives comme le prouve l'observation courante du défaut de goût lors des affections de la muqueuse nasale. Goût et olfaction sont deux aspects d'un sens chimique présent chez tous les organismes en tant que perception des caractéristiques chimiques du milieu. De là à imaginer que ces sens nous permettent d'élaborer une "image chimique" du milieu, il y a un pas difficile à franchir.
La différence principale entre la gustation est l'olfaction est la sélectivité très forte des récepteurs gustatifs qui semblent se limiter aux quatre saveurs: amer, acide, salé, sucré (à laquelle certains organismes comme les insectes ajoutent l'eau mais il est aussi concevable que cette perception existe pour l'homme). Cependant, des travaux d'électrophysiologie tendent à supposer l'existence d'une cinquième saveur (l'umami qui signifie "délicieux" en japonais), à forte variation individuelle, qui correspondrait à la sensibilité au glutamate, un des 20 acides aminés composant les protéines et à l'aspartate (voir par exemple le petit article d'Hervé This sur la détection des saveurs, Pour la Science, 269, mars 2000, p 14). D'autres auteurs identifient enfin une sixième saveur: "réglisse", produite par l'acide glycyrrhizique (extrait du rhizome de Glycyrrhiza glabra, légumineuse) mais celui-ci est connu pour agir sur la rétention du sodium par les cellules notamment ce qui permet d'envisager des mécanismes agissant secondairement sur le goût (voir le mode d'action des substances sur les cellules réceptrices des bourgeons sur le schéma ci-dessus)...("Bac to basics: Le goût", Véronique Leclerc, Patrick MacLeod et Benoît Schaal, La Recherche, 349, janvier 2002, 54-57).

La perception des goûts sucrés et amer semblent être dus à des récepteurs membranaires (l'un a été isolé pour la saveur amère) qui activeraient une protéine (nommée gustducine) qui à son tour activerait un second messager cellulaire qui par l'intermédaire de la libération d'un neurotransmetteur exciterait une terminaison d'un neurone gustatif.
La perception des goûts salés et acides semblent plutôt être causée par des contrôles ioniques de la perméabilité membranaire au Na+, K+ et H+; le Ca2+ intervenant comme second messager qui provoquerait de même la libération du neurotransmetteur.
Chaque cellule réceptrice des bourgeons pourrait être sensible à plusieurs stimuli et une même terminaison nerveuse serait en contact avec de nombreuses cellules sensitives. Autrement dit, il semblerait que les fibres nerveuses gustatives (dans le nerf glossopharyngien et la corde du tympan) transmettent des messages non pas spécifiques d'un récepteur à une seule saveur mais de combinaison de plusieurs saveurs. Chaque saveur présentant des seuils d'excitabilité respective différente d'une fibre à l'autre. Certains auteurs parlent ainsi d'un continuum gustatif qui dépasse les 4 ou 5 mots utilisés pour désigner les saveurs.

La carte présentant un découpage de la surface de la langue en territoires sensibles à un seul type de saveur est considérée aujourd'hui comme eronnée: toutes les sensations sapides sont reconnues par toutes les régions de la langue pourvues de bourgeons du goût. Les neurones coderaient l'information sapide grâce à un profil d'activité. Tout comme dans la perception visuelle où l'oeil code une grande variété de couleurs grâce à seulement 3 types de cônes récepteurs, de même, les 2-4 ou 5 types de mécanismes de la perception sapide permettraient de coder au niveau de neurones peu spécifiques toutes les sensations sapides. Cependant on ignore toujours si le goût est un sens synthétique (une saveur unique résulte de la combinaison de tous les stimuli) ou analytique (chaque qualité gustative étant mesurée distinctement). On notera à ce propos combien le goût relève de nombreux stimuli: température de l'aliment, texture, plaisir associé... La variabilité individuelle se situant tant au niveau du type de récepteurs que des seuils de réception; à tel point que l'on parle sans hésiter de monde gustatif individuel, chaque individu ayant une image gustative du monde extérieur qui lui est propre.

Du fait des implications économiques alimentaires on a beaucoup étudié les préférences innées (manifestées naturellement à la naissance) et acquises (par apprentissage, comme pour toute fonction mettant en jeu le système nerveux, encore fortement immature à la naissance, mais aussi par conditionnement, celui-ci restant cependant limité du fait des énormes variations individuelles). Naturellement, dès la naissance, on observe une forte attirance pour les solutions sucrées, une préférence maximale pour les solutions isotoniques du NaCl et une aversion pour les solutions amères (généralement toxiques). A cette préférence s'ajoute un réflexe de mimique liée à chacune des saveurs que l'on appelle le réflexe gusto-facial. A la naissance (et même in utéro), il semble être un véritable réflexe inné, alors qu'il devient une mimique communicative à partir de 16 mois (froncer les bouche et les yeux par exemple pour la saveur amère).

Des études ont abouti à corréler les caprices alimentaires de certains enfants avec une sensibilité gustative exacerbée, en tenant compte du fait qu'il existe probablement une liaison très nette entre la sensibilité gustative et la réactivité émotionnelle, manifestée au niveau relationnel, notamment dans le contexte éducatif.

Chez l'homme adulte, des expériences ont prouvé que l'exposition repétée (4 fois) à un stimulus gustatif original particulier augmentait la sensibilité des nerfs gustatifs à ce stimulus. On cherche actuellement à developper de nouvelles flaveurs, terme désignant des associations de molécules sapides (saveurs) et olfactives (fragances). Le surimi en est un exemple récent: il est composé d'un hydrolysat de protéines de poisson (coagulées par chauffage et extrusion) auquel on ajoute des arômes et colorants. Le terme de flaveur est rejetté par certains chimistes qui y voient surtout un mauvais emploi françisé du terme anglais flavor (Flaveur indigne, Hervé THis, Pour La Science, 303, janvier 2003, 6).

autres perceptions

Si certaines perceptions peuvent être associés à des organes comme la peau (sensation de chaud et de froid, douleur), l'oreille interne (équilibre), d'autres ont des sièges non localisés avec précision comme par exemple la perception des rythmes.

Les perception du froid et du chaud (nous percevons la température locale relative de notre peau et non pas la température du milieu : un exemple simple : les sèche-mains électriques des lieux publics soufflent un air porté à une température voisine de 100°C ce qui nous semble chaud mais très supportable nos mains étant mouillées mais qui nous brûle une fois qu'elles sont sèches) ou de la douleur ont été traitées avec la perception tactile.
La perception de la position de la tête dans l'espace (sens de l'équilibre) a été traité avec l'audition (canaux semi-circulaires de l'oreille interne).

La perception des rythmes ne nécessite pas forcément de système spécifique et résulte peut-être de mécanismes endogènes ("horloges internes" au sens large). Leur étude dépasse le cadre de ce cours, même si nous y reviendrons parfois rapidement.

A la différence de certains organismes, l'homme semble ne pas être sensible à la polarisation de la lumière, au champ électrique et au champ magnétique. Cela ne veut certainement pas dire que l'on puisse écarter toute sensibilité autre que celles connues mais pour l'instant toutes les expériences tendant à prouver une sensibilité à ces paramètres, ce sont révélées négatives.

savoirs (résumé)
je vois
je sens avec mes doigts
j'entends
je sens avec mon nez
je goûte avec ma bouche
autres perceptions


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