connaissances n° 7 |
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Étant donné la formulation intéressante du programme de cette partie (et l'interprétation pédagogique que j'en fais), je m'efforcerai tout d'abord de présenter une vision du vivant issu de l'embryogenèse qui permettent de comprendre comment s'établissent les communications au sein d'un organisme animal adulte. Je développerais notamment la formulation pédagogique du vivant présentée dans la première partie. Certains des concepts sont partiellement ou totalement empruntés à la passionnante théorie du vivant de Rosine Chandebois mais je dois cependant préciser qu'elle est beaucoup plus complexe et complète que ce que j'en ai compris, et comme je ne suis pas à l'abri d'une erreur d'interprétation.... je vous invite à vous reporter aux ouvrages originaux de Rosine Chandebois (le gène et la forme : voir bibliographie, un nouveau livre devrait présenter très prochainement cette théorie...qui me semble une réelle alternative à la théorie du programme génétique qui est loin de me satisfaire) . |
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La communication fait partie du travail de
relation (voir fiche sur le travail
du vivant). Elle peut être
considérée entre différents organismes
appartenant à un milieu de vie (population
d'individus) et entre populations cellulaires au
sein d'un même organisme. Toute communication fait
appel à des populations de cellules plus ou moins
spécialisées dans la communication. Nous
étudierons tout d'abord leur mise en place depuis
l'oeuf jusqu'à l'embryon en prenant l'exemple des
amphibiens. Puis nous étudierons deux exemples de
populations cellulaires fortement impliquées dans le
travail de communication : le système nerveux et le
système endocrine (cellules sécrétant
des hormones ou substances chimiques à rôle
informatif...). |
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I. Notions d'embryologie et division du travail |
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1. mise en place des tissus chez un embryon d'amphibien |
observation de quelques stades du développement embryonnaire et post-embryonnaire chez les amphibiens : uf, morula, blastula, neurula et stade bourgeon caudal, têtard, métamorphose et amphibien adulte. |
2. division du travail |
Un grand principe d'organisation du vivant semble être la division du travail. Une sorte de répartition des tâches tout aussi bien au sein de la cellule qu'au sein de l'organisme pluricellulaire ou encore de l'écosystème ou de la société animale. On reprend donc ici notre formulation pédagogique de la vie et on l'applique aux animaux. |
La vie est un travail |
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Qui travaille ? |
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Quel travail ? |
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Pour qui travailler ? |
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Le développement embryonnaire d'un amphibien... (environ 4 jours à 18°C pour la grenouille rousse : Rana temporaria) |
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de l'oeuf à la morula |
La division cellulaire (mitose) est le phénomène essentiel. Elle est souvent orientée et inégale (elle donne naissance à de petites cellules : les micromères et à de plus grosses cellules : les macromères). Il y a adhérence (les cellules restent accrochées les unes aux autres) et donc des interactions par contact entre les cellules. On observe déjà des différenciations mais les cellules sont encore la plupart du temps totipotentes ou pluripotentes (si on les sépare elles peuvent donner soit des individus entiers complets dans les premiers stades soit partiels un peu plus tard). |
de la morula à la blastula |
Les déplacements viennent s'ajouter aux divisions. On observe la formation de feuillets (on parle de lamination du latin lamina = la feuille) et de cavités (soit entre les feuillets par délamination soit par invagination). L'embryon est alors fondamentalement triblastique (possède trois couches). Le feuillet externe est l'ectoblaste, le feuillet intermédiaire, le mésoblaste, et le feuillet interne : l'endoblaste. Chaque cellule appartenant à un feuillet est déjà engagée dans un type de travail spécialisé qui est sous la dépendance des interactions qu'elle reçoit des autres cellules du feuillet auquel elle appartient mais qui dépend aussi de ses propres compétences (internes : information génétique et cytoplasmique) vis-à-vis des signaux extérieurs qu'elle reçoit (information extracellulaire). Au sein de chaque feuillet on peut déjà déterminer des populations c'est-à-dire des ensembles de cellules embryonnaires qui appartiennent à un même feuillet et qui sont engagées dans une spécialisation identique (même travail social). |
de la blastula au stade bourgeon caudal |
La morphogenèse, c'est-à-dire l'apparition de formes vient se surajouter aux déplacements et aux divisions qui se poursuivent. Les formes nouvelles sont appelées ébauches; c'est par exemple le tube nerveux, les lames latérales et les somites (ou massifs répétés le long de l'axe d'allongement de l'embryon), les bourgeons des membres... Les populations appartenant à chaque ébauche ne cessent de se différencier (se spécialiser dans un type de travail social particulier). |
Deux théories scientifiques du développement... |
Le développement embryonnaire ou
ontogenèse (du grec ontos, l'être
et genesis la naissance) semble obéir à
une croissance orientée qui semble
résulter elle-même d'interactions permanentes
entre les différentes populations cellulaires qui
s'engagent dans un processus de
progression autonome ou
différenciation autonome. |
Le développement résulte de la mise en
route progressive et coordonnée des différents
gènes de chaque cellule (libération
progressive de l'information génétique qui
contiendrait le plan complet et déterminé de
l'animal en construction). Il existerait un programme
génétique qui résulterait de
l'agencement des gènes et des interactions
déterminées et fixées à l'avance
entre les différents gènes, qui devraient
être activés à tel ou tel moment du
développement. Certains gènes appelés
gènes "architectes" ou gènes
homéotiques coderaient par des organes entiers ou des
"déterminants" de ces organes. |
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Remarques philosophiques : |
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Le développement post-embryonnaire (stade têtard) et la métamorphose (7 semaines de stades larvaires et 10 jours de métamorphose à 18°C pour la grenouille rousse) |
II. Le système nerveux :une population cellulaire homogène et de fonction spécialisée dans la communication rapide entre organes : l'accès à la vie sensitive et au déplacement rapide de l'animal |
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Travaux pratiques |
dissection de la souris, organisme,
organes, tissus, cellules, système nerveux,
système endocrine... |
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1. les cellules nerveuses forment une population cellulaire homogène |
Toutes les cellules nerveuses sont issues du tube neural et des vésicules céphaliques de l'embryon. La période de multiplication s'arrête à peu près au milieu de la grossesse (20ème semaine de vie intra-utérine) chez l'homme pour faire suite à une migration neuronale puis à une différenciation et à une maturation. Les cellules nerveuses ne se multiplient pas après la naissance (sauf quelques cellules du cervelet durant la première année post-natale) : il n'y a pas de renouvellement cellulaire nerveux. (Récemment on a mis en évidence quelques indices indirects de division possible dans le cerveau humain... de toute façon ce renouvellement ne serait pas de grande ampleur). |
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2. les cellules nerveuses comprennent les neurones et les cellules gliales |
Les cellules nerveuses comprennent les neurones (environ 30 milliards) et les cellules gliales (presque aussi nombreuses que les neurones, elles sont de formes variées, constituent la glie et assurent le soutien, la protection des neurones mais sans participer directement à la transmission des messages nerveux). Schéma théorique d'un neurone Un neurone comprend typiquement :
On peut distinguer les neurones multipolaires (avec un seul axone long et des dendrites très nombreux et très ramifiés), les neurones bipolaires avec un dendrite et un axone uniques, tous les deux ramifiés à leur extrémité, et les neurones pseudo-unipolaires pour lesquels le dendrite et l'axone unique partent du même point du corps cellulaire. |
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3. les neurones sont des cellules polarisées et excitables |
Les cellules nerveuses sont polarisées
(comme de nombreuses cellules) : au repos (sans
stimulation), elles présentent une différence
de potentiel membranaire ou potentiel membranaire de
repos (PMR) compris entre -40 et -90 mV habituellement,
la face interne de la membrane étant polarisé
négativement par rapport à la face
externe. |
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4. le message nerveux se propage très vite (quelques mètres à quelques dizaines de mètres par seconde) sans atténuation le long des prolongements cellulaires des neurones |
L'influx nerveux est une suite de PA propagés le long des prolongements cellulaires des neurones (axones ou dendrites). Les PA ont toujours la même amplitude (on dit qu'ils obéissent à la loi du "tout ou rien") et se propagent sans atténuation à des vitesses comprises entre 1 m/s et 100m/s. Le message nerveux est donc codé en modulation de fréquence. |
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5. les synapses sont les zones de communication entre les neurones et les autres cellules |
Une synapse comprend 2 parties (la zone présynaptique et la zone postsynaptique) séparées par un espace intersynaptique (ou fente synaptique). Les zones présynaptiques des synapses chimiques renferment des vésicules (vésicules synaptiques) contenant un neurotransmetteur qui est une substance chimique libérée dans l'espace intersynaptique lors de l'arrivée d'un PA. La membrane de la zone postsynaptique possède des récepteurs spécifiques au neurotransmetteur de cette synapse. La cellule postsynaptique répond à la fixation du neurotransmetteur sur les récepteurs postsynaptiques par : la genèse d'un PA (si c'est par exemple un autre neurone, il y a dans ce cas transmission du PA par l'intermédiaire du neurotransmetteur entre le neurone présynaptique et le neurone postsynaptique), une contraction musculaire (si c'est une cellule musculaire), la libération d'une substance (si c'est par exemple une cellule sécrétrice).... Schéma théorique d'une synapse chimique |
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6. le système nerveux a un fonctionnement intégré |
On distingue :
vue très schématique du système nerveux de l'homme Dans un schéma classique de réponse
à un stimulus (on parlait d'arc réflexe), on a
les étapes suivantes : |
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Remarques : |
* stade neurula - bourgeon caudal : la formation des
vésicules encéphaliques et du tube nerveux |
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Remarque : |
Une substance informative est émise
(libérée), transmise (transportée),
reçue (réception) et doit être suivie
d'un effet . On distingue alors : Une classification des substances chimiques informatives ou MEDIATEURS par fonction (les hormones sont les médiateurs endocrines) |
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III. La fonction endocrine :Les cellules ayant une fonction endocrine sont d'origine variée, dispersées dans l'organisme, et participent à tous les types de travail du vivant : il n'y a pas de population cellulaire endocrine mais une fonction endocrine |
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Travaux pratiques |
observations de préparations microscopiques colorées de tissus endocrines, analyses d'expériences, film Jeulin sur la communication hormonale |
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1. les cellules sécrétrices sont très variées |
De nombreuses cellules sécrètent (libèrent dans le milieu extracellulaire) des substances chimiques mais seules certaines sont spécialisées dans cette fonction et on les qualifie alors de cellules sécrétrices. Les cellules sécrétrices peuvent libérer leurs produits soit vers le milieu extérieur, on les qualifie alors d'exocrines, soit dans le milieu intérieur (sang et lymphe) et on les qualifie alors d'endocrines. Les cellules sécrétrices sont souvent regroupées en glandes c'est-à-dire en amas de cellules sécrétrices. Un glande se forme chez l'embryon à partir d'invaginations des couches superficielles de l'endoderme ou de l'ectoderme (il n'y a pas une seule origine embryonnaire commune mais des origines différentes selon le type de glande...); on distingue alors :
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2. les cellules endocrines sont soit dispersées soit regroupées dans des glandes endocrines ; elles participent à tous les types de travail du vivant |
les cellules endocrines peuvent donc être organisées sous forme
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3. les cellules endocrines sécrètent des hormones |
Les hormones sont des substances chimiques sécrétées en permanence à un certain taux par des cellules spécifiques (cellules endocrines) toujours actives (même si leur activité est modulée par des paramètres physiologiques) ; transportées par les liquides internes mais surtout le sang, elles agissent, loin du lieu de sécrétion, sur des cellules-cibles pourvues de récepteurs spécifiques. |
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4. les méthodes de l'endocrinologie ont changé |
Claude Bernard
(1813-1878) qui fut le premier à définir le
milieu intérieur et un excellent
expérimentateur si bien que l'on le considère
comme le père de la physiologie moderne. |
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A leur suite, de nombreux expérimentateurs ont réalisé des expériences fondamentales chez les animaux qui reposaient toujours sur les mêmes techniques : l'ablation d'une glande, et l'observation des conséquences physiologiques, la greffe de cette glande , chez un animal auquel on avait auparavant enlevé cette même glande, et enfin l'injection d'extraits de cette glande. Ces techniques permettaient de montrer que la glande enlevée puis greffée intervenait dans tel ou telle fonction par l'intermédiaire de substances chimiques (en effet les communications sanguines sont partiellement rétablies après une greffe suivant une ablation, alors que les connections nerveuses ne le sont pas du tout). On pouvait enfin mimer l'action de la glande enlevée chez un animal par l'injection de broyats de cette glande ou plus tard par l'injection de telle ou telle substance extraite de la glande. Ces expériences reposent d'une part sur une condition sine qua non : la glande dont on étudie le rôle doit être strictement endocrine et d'autre part ne diriger qu'une seule fonction. Ce qui n'est bien sûr pas le cas général, de nombreuses glandes sont à la fois exocrines et endocrines et sécrètent des hormones qui interviennent dans de nombreuses fonctions simultanément. Enfin, bien sûr, les amas de cellules endocrines dispersés au sein d'autres organes ne peuvent pas être étudiés simplement par cette méthode. Le deuxième postulat est une sorte de dualité : la communication entre organes est soit nerveuse soit chimique. Etant donné notre connaissance de l'être vivant il est insuffisant de continuer à propager ce dualisme. La communication nerveuse, nous l'avons vu dans le chapitre précédent intervient au niveau essentiellement de l'adaptation au milieu, c'est le système qui permet la vie sensitive de l'animal et surtout son déplacement dans le milieu, mais qui bien sûr intervient dans toutes les relations avec le milieu. Alors que le système endocrine, d'origine très hétérogène, possède des fonctions variées que nous allons essayer de mettre en évidence. L'aspect de communication n'est pas toujours le plus important même si les hormones, comme d'autres substances chimiques de l'organisme, assurent des communications entre organes. |
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Actuellement les techniques pour l'étude des hormones sont les suivantes :
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Conclusion |
le tissu nerveux forme une population cellulaire homogène (d'origine embryonnaire unique) et de fonction spécialisée dans le travail de relation avec le milieu extérieur (perception du milieu extérieur, intégration de ces perceptions et commande de réponses adaptatives rapides) et dans le contrôle du travail interne de nutrition et de reproduction (il commande de nombreuses glandes endocrines et a une fonction endocrine propre). le tissu endocrine est constitué par des populations cellulaires dispersées et hétérogènes, aux très nombreuses fonctions. |
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Perspectives |
La communication entre un animal et le milieu
extérieur est sous l'incontestable dépendance
du système nerveux, d'une part pour la
réception des stimuli (perception), d'autre part pour
l'action sur le milieu (déplacement rapide en vue de
la recherche de nourriture, de la reproduction...). |
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Si l'on doit rechercher une unité aux différents moyens de communication chimiques entre cellules à l'intérieur de l'organisme, il me semble que le système immunitaire est un bon candidat. Il possède une origine embryonnaire homogène (il forme une population cellulaire), des organes spécifiques (moelle, thymus, ganglions lymphatiques...), un moyen de circulation (sang et lymphe canalisée), et immense réseau de molécules plus ou moins spécifiques qualifiés de façon générale de médiateurs. Les médiateurs sont les substances chimiques informatives de l'organisme. Nous en avons vu deux groupes: les neuromédiateurs (neurotransmetteurs) et les médiateurs endocrines (hormones), il y en a d'autres... le sujet ne sera vraiment abordé qu'en terminale S. |