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Le régime alimentaire (aliment principalement
consommé) de l'homme est de type omnivore (du latin
omnia = tous) dans le sens où l'homme consomme des
aliments variés mais choisis. L'entrée des aliments se
fait par la bouche (ingestion). Les aliments liquides
(boissons) sont avalés sans modification
jusqu'à l'estomac où ils sont digérés si
nécessaire. Les aliments solides sont habituellement
mastiqués à l'aide de l'appareil
masticateur : dents (incision, broyage...) et subissent dans la
cavité buccale un début de digestion
(c'est-à-dire de modification chimique) grâce aux
substances chimiques sécrétées par les glandes
salivaires.
Les aliments de l'homme sont souvent modifiés avant
d'être ingérés ("cuisine" c'est-à-dire le
plus souvent cuisson, mélanges, présentations et
préparations variées....). Les associations ainsi
réalisées facilitent ou rendent plus difficile selon
les cas la digestion. Par exemple la prise de café en
même temps que le lait provoque au sein de l'estomac une
coagulation des protéines du lait ce qui rend nettement plus
difficile leur modification chimique par les enzymes digestives,
d'où une lenteur ("lourdeur") digestive.
Les aliments sont d'abord transformés en nutriments (substances chimiques à rôle nutritif pénétrant dans le milieu intérieur) par la digestion. Puis ils sont absorbés, puis enfin assimilés : ils font alors partie des éléments internes à l'organisme - assimilation organique- ou de la cellule - assimilation cellulaire ; comme ils peuvent subir de nombreuses transformations chimiques, on parle de façon générale de métabolites. Leurs rôles sont à la fois structuraux (renouvellement des structures et croissance de l'organisme en construction) et énergétiques (dégradation des molécules alimentaires par oxydation-réduction et récupération de l'énergie chimique par les cellules pour leur utilisation dans toutes les fonctions du vivant).
La structure histologique d'une molaire (organe vivant) :
l'émail provient de l'épiderme et forme une pellicule
brillante (97% de cristaux d'apatite) dont les cellules meurent
après éruption de la dent, la dentine ou ivoire est un
tissu de type conjonctif (origine dermique) plus
minéralisé (70 à 75% du poids sec) que le tissu
osseux, le cément est franchement osseux
(minéralisé à 65%). Les cellules de la dentine
et du cément restent vivantes après l'éruption
de la dent.
Le brossage des dents, est trop souvent bien trop expéditif et
irrégulier.
Ne pas hésiter à inventer... la finalité
biologique est incontestable: dents POUR broyer, râper,
couper, déchirer... et peut-être rappeler que l'homme
utilise aussi des ustensiles de cuisine pour préparer les
aliments et faciliter ainsi le travail de l'appareil masticateur,
notamment la cuisine orientale qui prépare nombre d'aliments
sous forme très divisée afin de permettre la prise
alimentaire avec des seules baguettes, l'usage du couteau
étant relégué aux cuisines...
Une application du TRIDACT...
Les glandes salivaires de l'homme au sens strict comportent trois paires de glandes (et sont accompagnées de nombreuses petites glandes buccales muqueuses à sécrétion permanente): les glandes parotides, postérieures, (qui débouchent dans la cavité buccale par le canal de Sténon au niveau de la deuxième molaire supérieure), les glandes sous-maxillaires, le long de chaque mandibule (débouchant par le canal de Wharton sur le côté de l'attache de la langue), et enfin les glandes sublinguales, sur le plancher buccal inférieur (canal de Rivinus). La salive est un mélange des sécrétions de ces trois glandes.
La digestion buccale commence par
l'imprégnation du bol alimentaire par la salive,
résultat du broyage des aliments par les dents avec l'aide de
la langue. La salive correspond à un volume de 0,8 à
1,5 L par jour (99% d'eau). Le mucus salivaire (composé de
glycoprotéines) à un rôle mécanique
(lubrifiant), antibactérien (piège), de pouvoir tampon
(pH maintenu à 6,8 préservant l'émail de
l'acidité de certains aliments ou certaines boissons). Le
tartre provient de la précipitation de carbonate de
calcium à partir des phosphates présents dans les
sécrétions salivaires. La plaque dentaire
résulte pour une bonne part de l'activité de
bactéries, d'où la nécessité d'un
brossage régulier, notamment au niveau de l'arrivée des
canaux salivaires.... On a prouvé que, dans 90% des cas
environ, ce sont les bactéries buccales qui produisent du
sulfure d'hydrogène, du méthylmercaptan et du scatole,
gaz nauséabonds et responsables de la mauvaise haleine, le
brossage dentaire fréquent restant la meilleure façon
de s'en débarasser (lire "La mauvaise
haleine", Mel Rosenberg, Pour la Science, 295, mai 2002,
46-50). La salive contient aussi de l'amylase (enzyme
dégradant l'amidon) dont l'optimum d'activité se situe
à pH 7 (il y a donc un début de digestion chimique au
niveau de la bouche). La salivation est un action réflexe sous
l'effet du contact d'aliments ou de boissons (eau) dans la bouche ou
encore par réflexe conditionné (vue, odeur,
goût...).
La déglutition résulte de contractions
musculaires d'abord du pharynx (avec fermeture simultanée des
voies respiratoires par l'épiglotte qui ferme la
trachée et la luette les fosses nasales), puis des mouvements
péristaltiques (ondes de contraction régulières
permettant la descente du bol alimentaire) de l'oesophage. Avaler une
bouchée "de travers" ou "par le mauvais trou", peut conduire
à des étouffements pas si peu fréquents que cela
(les étouffements accidentels d'enfants de moins de 3 ans avec
les cacahuètes de l'apéritif du samedi soir ne sont pas
du tout rares....). Le premier problème étant la
fragmentation de l'aliment, ensuite son imprégnation qui
constitue une lubrification indispensable, et enfin une bonne
coordination nerveuse pour les ouverture-fermeture réflexes
des voies aériennes et digestives (le fait de parler en
mangeant oblige à une gymnastique au niveau du pharynx qui est
sans aucun doute cause d'erreurs de direction de la bouchée
alimentaire...voir "je parle").
L'sophage n'est pas un simple conduit. Sa muqueuse contient des
cellules sécrétrices du même type que celles de
l'estomac à son extrémité sophagienne ou
cardiale (glandes cardiales).
Régionalisation du tube digestif... données
histologiques (d'après Précis de Physiologie, Doin,
1997)
Ce type de représentation permet de mettre en évidence
le rôle mécanique (mise en mouvement permanent
par contractions péristaltiques du contenu de la
lumière intestinale, la cohérence du tube étant
assurée par une dominante conjonctive, le tube est
élastique - extensible), le rôle
sécréteur (glandes sécrétrices
acineuses (en forme d'ampoule) et en tube qui permettent une
digestion chimique par leurs sécrétions enzymatiques ou
acides) et enfin le rôle immunitaire (défense de
l'organisme : la muqueuse intestinale est un point d'entrée
possible de microorganismes, les cellules lymphoïdes
regroupées en tissus lâches constituent le premier
élément de la réponse locale à la
pénétration d'un antigène). Il manque par contre
la dimension longitudinale (ne pas oublier que l'on a un tube)
et surtout le rôle de la muqueuse dans l'absorption des
nutriments, l'extraordinaire surface de l'intestin grêle,
la richesse de sa vascularisation lymphatique et sanguine, ne sont
pas mis en évidence. Ce que l'on peut essayer de
représenter par des schémas classiques que je ne
détaille pas mais dont voici la silhouette :
Schémas présentant le structure longitudinale de
l'intestin
(d'après Précis de physiologie, Doin, 1997; à
comparer avec ceux du Tavernier p 73).
Cette fois l'accent est mis sur les caractères de zone
absorbante : les nombreux replis circulaires (8 à 10 mm de
haut pour un diamètre de l'intestin grêle voisin de 3
cm), les innombrables villosités (0,5 à 1,5 mm de haut,
avec une densité supérieure à 3000 par
cm2 de muqueuse) et leur vascularisation sanguine et
lymphatique. Il reste à détailler l'ultrastructure d'un
entérocyte ou cellule absorbante, présentant
elle-même de très nombreux replis ou
microvillosités (environ 200 000 par mm2 avec une
hauteur de l'ordre de 1 µm), pour avoir une vue d'ensemble des
structures impliquées dans l'absorption intestinale. Le
facteur d'augmentation de la surface intestinale par rapport
à un tube simple est de l'ordre de 600, ce qui fait pour un
intestin grêle de 6 m de long et de 3 cm de diamètre une
surface de 2¼.0,015.6.600 m2 soit 340
m2.
La digestion gastrique est
La digestion intestinale est aussi mécanique avec l'action des fibres lisses qui fragmentent le chyme et assurent sa progression le long de l'intestin, et chimique par l'action conjuguée des sucs intestinaux, pancréatiques et biliaires. Au niveau du gros intestin on observe une intense activité bactérienne.
La digestion et l'absorption sont contrôlées par
Toute muqueuse peut absorber des substances (c'est d'ailleurs la
voie de pénétration privilégiée pour les
microorganismes pathogènes) mais la muqueuse
spécialisée dans l'absorption des nutriments est la
muqueuse intestinale.
En effet, l'eau, les sels minéraux et l'alcool commencent
à être absorbés au niveau de l'estomac mais la
quasi totalité des nutriments organiques de type glucidique,
protidique et lipidique se fait par l'entérocyte. Il y a donc
passage intracytoplasmique.
|
Les enzymes sont des biocatalyseurs (catalyseurs de réactions biochimiques c'est-à-dire appartenant au métabolisme) . Ce sont soit quelques rares acides nucléiques (RNA ou ribozymes) soit, pour la quasi totalité des enzymes, des protéines. Elles ont une haute spécificité de substrat (agissent sur un substrat souvent unique) et d'action (accélèrent des réactions chimiques spécifiques), agissent en solution aqueuse, dans des conditions de température et de pH très douces (optima situés bien sûr dans les conditions du vivant). Les enzymes sont souvent regroupées structurellement en complexes enzymatiques, liés au membranes biologiques ou libres dans le cytoplasme, ce qui accélère grandement le passage des métabolites d'une enzyme à une autre (le produit de l'une est le substrat de l'autre et ainsi de suite, le long de chaînes enzymatiques). |
Les enzymes protéiques nécessitent souvent
un cofacteur (ion comme Fe2+ ou une
métalloprotéine appelée coenzyme).
|
Les enzymes sont classées en fonction des
réactions qu'elles catalysent. |
Le transport des nutriments se fait toujours, en dernier ressort,
par le sang, même si, pour les AG, l'absorption
intestinale se termine par une prise en charge par les vaisseaux
lymphatiques (chylifères) qui déversent leur contenu
dans le sang au niveau du carrefour veine jugulaire-veine
sous-clavière gauche. Plus exactement, c'est le plasma
qui transporte les nutriments, mais aussi les produits du
métabolisme dont les déchets (on parle de
métabolites), les hormones, les immunoglobulines. (Le
plasma est la phase non cellulaire du sang. Cette dernière est
estimée par un chiffre : l'hématocrite (volume
cellulaire (globules rouges, blancs et plaquettes) / volume sanguin x
100) dont la valeur varie de 44 à 62% chez le
nouveau-né, 36 à 44% chez un enfant de 1 an, 35
à 47% chez la femme et 40 à 52% chez l'homme; je
rappelle aussi que le sérum correspond au plasma après
coagulation, c'est-à-dire débarrassé du
fibrinogène).
Les substances solubles dans l'eau sont transportées
directement en solution (certains sels minéraux, urée,
glucides..., d'autres, moins solubles, sont transportées par
des protéines spécifiques (transferrine transportant le
fer) ou non spécifiques (albumine qui transporte de nombreuses
substances comme la bilirubine). Le lipides ont un système de
transport particulier complexe : les chylomicrons lymphatiques issus
de l'absorption intestinale (98% de lipides) sont détruits au
niveau des cellules endothéliales (paroi des vaisseaux
lymphatiques et sanguins) et fournissent des triglycérides aux
cellules adipeuses (graisse) et musculaires. Simultanément les
chylomicrons sont captés par les hépatocytes (cellules
du foie) qui libèrent des lipoprotéines plasmatiques
(association complexe de phospholipides, triglycérides,
cholestérol libre et estérifié et AG).
|
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protéines |
albumine |
40 - 45 g/L |
globulines |
25 - 40 g/L |
|
fibrinogène |
2 - 4 g/L |
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total |
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|
lipides |
|
|
cholestérol |
|
|
glucides |
|
|
urée |
|
|
acide urique |
|
|
sel minéraux |
sodium |
14 mmol/L |
potassium |
4 mmol/L |
|
calcium |
2,5 mmol/L |
|
phosphate |
1 mmol/L |
|
total |
|
La lymphe possède une composition chimique voisine de celle du plasma sauf en ce qui concerne les protéines présents en bien moindre quantité dans celle-ci du fait de sa formation par ultrafiltration du plasma à travers la barrière endothéliale. Par contre, il faut bien sûr y ajouter les chylomicrons, présents, surtout au niveau du système lymphatique digestif, en très grande quantité.
Remarque:
Ces lipoprotéines sont classées en fonction de leur
densité évaluée à partir de la technique
de l'ultracentrifugation de flottation en VLDL (very low density
lipoprotein, 93% de lipides), LDL (low density lipoprotein, 79% de
lipides) et HDL (high density lipoprotein, 50% de lipides). Les VLDL
sont produites par le foie à partir des chylomicrons. Elles
sont transformés en LDL par les cellules endothéliales
qui libèrent ainsi des triglycérides utilisés
par les cellules adipeuses et musculaires. Les LDL sont captés
par la quasi-totalité des cellules de l'organisme qui
utilisent les AG comme nutriment. Ces cellules libèrent
à leur tour des HDL (dont un des rôles essentiel est de
fixer le cholestérol) qui sont récupérés
par le foie. Le taux de cholestérol sanguin est un facteur
important de la formation de plaques ou athéromes au niveau
des vaisseaux. Ils peuvent conduire à une maladie:
l'athérosclérose qui touche notamment les
artères coronaires (rétrécissement ou même
obturation complète de la lumière des coronaires) et
conduit souvent à un infarctus du myocarde par manque d'apport
sanguin au tissu myocardique. L'indice le plus utilisé est
d'une part le taux de cholestérol libre et d'autre part le
rapport LDL/HDL. Les macrophages sont connus pour phagocyter les LDL
et accumuler le cholestérol. En cas de stress, tabagisme et
d'autres facteurs susceptibles de causer des microlésions de
l'endothélium vasculaire, les macrophages, attirés sur
le lieux de la lésion par les plaquettes
agglomérées, phagocytent les LDL et participent
activement à la formation de l'athérome.
Les nutriments transportés par le sang sont distribués aux cellules par l'appareil circulatoire.
Les substances organiques de type glucides simples sont toujours totalement absorbées et sont donc absentes des excréments. De même pour la plupart des glucides complexes sauf les fibres alimentaires qui nécessitent des fermentations plus longues réalisées essentiellement chez les ruminants et autres animaux possèdent une riche "flore" symbiotique. Les lipides excédentaires peuvent aussi se retrouver dans les excréments. Enfin les seules protéines résiduelles qui peuvent se retrouver dans les fèces sont des fibres musculaires et surtout conjonctives. Ainsi l'organisme absorbe toujours le maximum de nutriments, non pas pour ses besoins, mais par rapport à l'aliment ingéré (en quantité et en qualité). D'où les problèmes d'équilibre alimentaire que nous aborderons dans le dernier chapitre.
Le terme d'assimilation désigne la transformation
que doit subir un matériau exogène (ici un nutriment)
pour devenir constituant normal d'un organisme, lorsqu'il
diffère originellement de celui-ci avant d'y avoir
été incorporé. Le glucose par exemple est un
nutriment fourni directement sous une forme assimilable, mais il peut
être transformé en N-acétylglucosamine ou en
glucose-6P pour pouvoir entrer dans le métabolisme
cellulaire.
Le métabolisme désigne l'ensemble des
réactions chimiques ayant lieu au sein de l'organisme. On les
sépare habituellement de façon un peu artificielle en
anabolisme (réactions de synthèse) et
catabolisme (réactions de dégradation, ou
simplification moléculaire). Toutes les molécules de
l'organisme subissent un certain renouvellement au cours du temps: on
parle de renouvellement moléculaire. Le temps de
renouvellement (mesuré par la demi-vie, temps
nécessaire pour que l'on renouvelle la moitié d'une
quantité donnée d'un produit marqué
radioactivement qui sert de traceur) est estimé à
quelques secondes pour des systèmes enzymatiques, quelques
heures pour des systèmes comme le réseau de l'os
compact, quelques jours pour des protéines hépatiques
par exemple ou encore les protéines plasmatiques à
quelques mois pour les protéines contractiles musculaires. Il
est possible que des temps de renouvellement plus longs ne soient pas
accessibles à la mesure...
Les glucides mesurés dans le
sang correspondent à la glycémie dont la valeur
est comprise entre 0,8 (à jeun) et 1,1 (après un repas)
g/L. Elle est soigneusement réglée par voie endocrine
à l'aide :
* d'organes de stockage
- le foie, principal organe de stockage (sous forme de
glycogène) et de déstockage, donc de la
régulation de la glycémie; mais il est rapidement
saturé si l'alimentation est trop riche;
- les muscles, qui stockent le glucose sous forme de glycogène
mais ne peuvent pas le restituer au sang, ce sont donc des
utilisateurs du glucose, au même titre que les cellules
nerveuses par exemple, la seule différence étant qu'ils
ont des réserves intracellulaires de glucose (limitées
elles aussi);
- les cellules adipeuse (adipocytes) stockent le glucose sous forme
de triglycérides (graisses) en quantité quasi
illimitée. Les adipocytes peuvent se multiplier chez
l'adolescent obèse qui aura alors toujours une certaine
propension à stocker des excédents de lipides. Quels
que soient les régimes ultérieurs il semble que le
nombre d'adipocytes ne diminue plus, même si la réserve
de lipides de chaque adipocyte peut être réduite. Les
adipocytes peuvent par contre restituer leurs glycérides et
c'est le foie qui pourra les transformer à nouveau en glucose
afin de fournir les cellules nécessitant le glucose comme
source énergétique (les neurones par exemple).
Les glucides ont bien sûr un rôle
énergétique essentiel car c'est le glucose 6P qui est
le point de départ des réactions de la respiration
cellulaire et de la fermentation qui fournissent donc leur
énergie à toutes les cellules de l'homme. Mais les
glucides sont aussi des composants essentiels des molécules
informationnelles (glycoprotéines par exemple mais aussi les
sucres intervenant dans les acides nucléiques...) et
structurales.
Les lipides sont toujours présents dans le sang et stockés dans les adipocytes. Certains tissus comme le tissu musculaire ou le tissu intestinal peuvent les utiliser directement comme source énergétique. Ils ont aussi bien sûr de nombreux rôles structuraux (phospholipides des membranes cellulaires par exemple) et informationnels (les hormones stéroïdes sont des dérivés du cholestérol...). Le tissu adipeux, pouvant restituer les lipides stockés, est une véritable tissu de régulation de la distribution sanguine des lipides.
Les acides aminés ne sont pas stockés. Ils sont directement utilisés par les cellules pour leurs besoins. Essentiellement les besoins structuraux car les acides aminés sont bien sûr les constituants des protéines mais ils ne faut pas oublier que les protéines n'ont pas que des rôles structuraux mais fournissent les enzymes, les protéines contractiles, de nombreuse hormones, le collagène.... Enfin, certaines cellules, comme les cellules musculaires striées, peuvent, en cas de jeune prolongé, utiliser les acides aminés comme source énergétique. Étant perpétuellement utilisés pour la synthèse des protéines, les acides aminés sont aussi en permanence dégradés et fournissent des composés azotés dont l'urée est un des éléments essentiels qui est éliminé principalement par le rein.
La prise de poids peut avoir des sources pathologiques ou héréditaires variées mais peut résulter d'un excès nutritionnel quantitatif et qualitatif. Ce n'est jamais un signe à négliger, qu'il soit à caractère psychologique ou strictement biologique (dans la mesure où cela est possible). De la même manière une perte de poids est souvent un signe pathologique chez un enfant.
Le rejet de sueur n'est pas vraiment un
phénomène d'excrétion mais un
phénomène de thermorégulation (voir j'ai froid,
j'ai chaud), même si les glandes sudoripares rejettent
de l'eau et des ions (chlorures notamment).
Les glandes salivaires éliminent aussi des sels de
métaux lourds, l'acide urique, les alcaloïdes mais leur
fonction principale est bien la digestion chimique.
Les poumons en rejetant le dioxyde de carbone, l'eau (vapeur
d'eau) et d'autres substances volatiles (alcool, acétone...),
participent bien sûr de façon essentielle à
l'excrétion.
Les déchets solubles (non gazeux) produits par le métabolisme arrivent le plus souvent au foie. C'est lui qui détoxifie une bonne part des substances dangereuses produites par les cellules ou les médicaments consommés par l'homme. Une bonne part de ces substances sont rejetées directement par le foie sous forme de bile, stockée provisoirement dans la vésicule biliaire, puis rejetée dans la lumière intestinale où elle participe à l'émulsion des lipides et donc à la facilitation de la digestion. En dernier lieu ces produits sont donc rejetés avec les excréments.
Mais la majeure partie des déchets solubles rejetés par le foie ou rejetés directement par les cellules est éliminée par les reins.
Les reins sont des organes complexes que l'on peut fonctionnellement
considérer comme un assemblage de plus d'un million de
néphrons: chaque néphron étant un
tube de longueur variable et aveugle à une
extrémité et présentant une
différenciation longitudinale. La partie du néphron
située dans la zone corticale est constituée d'une
capsule (dite de Bowman) qui recueille le plasma filtré
à travers une couche de cellules poreuse au niveau d'un
peloton capillaire ou glomérule : on obtient ainsi un premier
filtrat sanguin ou urine primitive dont la composition est
voisine de celle du plasma mais sans les protéines
(diamètre des pores d'environ de 1,8 nm). Tout au long du
tube, l'urine primitive est modifiée par réabsorption
du glucose (au niveau du tube contourné proximal) ou des
petites protéines, de l'urée de nombreux ions ainsi que
par concentration du fait de la réabsorption d'eau, qui a lieu
essentiellement au niveau du tubule collecteur de Bellini. L'urine
définitive est évacuée vers le bassinet puis
vers la vessie; elle ne contient ni glucose, ni protéine
mais des ions, de l'urée et bien sûr de l'eau (30
à 70 g/L de substances dissoutes pour un volume d'environ 600
mL à 2500 mL par 24h : comme la filtration
glomérulaire est de l'ordre de 180 L/jour - soit 30 fois le
volume sanguin total-, l'eau est donc réabsorbée
à près de 99%).
|
||||||
|
concentration dans le plasma (g.dm-3) |
concentration dans l'urine (g.dm-3) |
|
quelques valeurs théoriques des quantités filtrées, réabsorbées (ou dégradées) et rejetées en tenant compte des 180 L de plasma filtrés par jour et du 1,5 L d'urine quotidien excrété pour les substances passant librement le filtre glomérulaire |
||
(g.24h-1) |
(g.24h-1) |
(g.24h-1) |
||||
protéines totales |
|
|
|
ne passent quasiment pas le filtre |
||
urée |
|
|
|
|
(0-100%) |
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acide urique |
|
|
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|
(70-98%) |
|
créatinine |
|
|
|
|
|
|
acides aminés |
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|
|
(98-99%) |
|
bilirubine |
|
|
|
|||
glucose |
|
|
|
|
(100%) entièrement réabsorbé dans le tube contourné proximal |
|
cholestérol |
|
|
|
|||
Na+ |
|
|
|
|
(98-99%) |
|
K+ |
|
|
|
sécrété par le néphron |
||
Mg2+ |
|
|
|
|
(86-100%) |
|
Ca2+ |
|
|
|
|
(98-99%) |
|
Cl- |
|
|
|
|
(98-99%) |
|
HCO3- |
|
|
|
|
(100%) réabsorption totale |
|
SO42- |
|
|
|
|
(35-74%) |
|
PO43- |
|
|
|
|
(88-92%) |
|
NH4+ |
|
|
|
sécrété par le néphron |
La filtration glomérulaire et surtout la
réabsorption tubulaire sont contrôlées par de
très nombreux mécanismes essentiellement endocrines
mais de nombreux médiateurs endocrines (hormones) sont
sécrétés par le système nerveux central
(neurohormones) comme par exemple l'ADH ou antidiurétique
hormone qui contrôle notamment la réabsorption de l'eau
au niveau du tubule collecteur de Bellini. Ces mécanismes
permettent le contrôle du volume sanguin qui est un
paramètre essentiel de la bonne perfusion des organes. De
même la constance ionique du milieu intérieur,
qualifiée d'homéostasie, qui est le reflet de la
dynamique du métabolisme de nombreuses substances comme la
calcium, le sodium ou tout simplement un paramètre comme le pH
sanguin qui est un paramètre lié à de
très nombreux mécanismes.
La coloration jaune de l'urine est essentiellement due
à l'urée (ainsi qu'à des ions comme l'ion
ammonium) et peut donc être plus ou moins foncée en
fonction de sa concentration en eau mais l'urine ne contient pas des
pigments colorés (comme les pigments végétaux de
la betterave ou comme la chlorophylle que l'on peut retrouver dans
les selles). Une urine colorée en rouge doit
immédiatement conduire à une consultation
médicale car elle est le plus souvent le signe de la
présence de sang dans l'urine et donc d'une lésion
interne (au niveau des conduits ou des reins).
La vessie a une capacité maximale moyenne d'environ 1L.
Les matières fécales (100 à 250 g par jour dont 75% d'eau pour un adulte et 60 à150 g pour un enfant) sont constituées pour environ 25% de résidus des aliments et des microorganismes vivants ou morts de la "flore intestinale" (estimés à 50 à 100 millions d'organismes éliminés par jour) et pour 75% de produits excrétés soit avec les sécrétions bilaires, pancréatiques ou du tube digestif. La couleur des selles, normalement brune (stercobiline) peut être un bon indice de l'alimentation ou de pathologies : blanche par absence de pigments biliaires, rouge due à des pigments comme ceux de la betterave mais aussi à la présence de sang frais, noire d'origine alimentaire (mûres) ou pathologique (sang dégradé), verte due à la chlorophylle, jaune avec une forte proportion d'eau...
Les maladies liées à l'alimentation seront abordées dans le chapitre sur la santé. Cette partie vise essentiellement à fournir les bases de la compréhension de l'équilibre alimentaire au sein de l'alimentation comme acte social (Tavernier, p 54) car, pour l'homme comme pour la plupart des organismes, l'alimentation, la prise alimentaire, le choix des aliments et leur mode de consommation, ne se fait pas seul. D'ailleurs la prise alimentaire est la plupart du temps traitée dans le travail de relation. Alors que la digestion, l'absorption et la distribution des nutriments font incontestablementr partie du travail de nutrition.
L'équilibre, si l'on utilise un vocabulaire
analogique physique qui se réfère par exemple
à l'équilibre d'une réaction chimique ou, de
façon plus lointaine, à l'équilibre entre les
deux plateaux d'une balance. L'équilibre alimentaire peut
alors être défini comme un état stable
dynamiquement où l'apport alimentaire compense les
dépenses: l'état idéal où la
quantité de nutriments couvre les besoins
énergétiques, de croissance et de
renouvellement moléculaire, sans excédent. Il est
évident que cet état est théorique car
l'organisme a la capacité de faire des réserves (sauf
des réserves en eau, ce qui empêche le jeune sans
boisson pour une durée supérieure à quelques
jours : les apports quotidiens recommandés étant
d'environ 2,5 L en comptant l'eau alimentaire: la plupart des
aliments contiennent plus de 50% d'eau).
D'une façon classique on sépare les besoins
quantitatifs et les besoins qualitatifs.
On arrive ainsi à établir des rations alimentaires équilibrées adaptées aux âges, activité, état physiologique de chacun.
(calculée à partir de la consommation globale des habitants de l'europe, Quid, 1985) |
||||||||
|
|
approx. |
(kg ou L) |
|
|
approx. |
(kg ou L) |
|
légumes frais |
|
|
|
viande 47,3 |
boeuf |
|
|
|
fruits frais |
|
|
|
volailles |
|
|||
Pain |
(250 baguettes) |
|
|
porc |
|
|||
pommes de terre |
|
|
|
mouton |
|
|||
sucre |
|
|
|
lapin |
|
|||
huile |
|
|
|
cheval |
|
|||
pâtes alimentaires |
|
|
|
charcuterie |
|
|
|
|
riz |
|
|
|
poissons et crustacés |
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Des conseils de diététique ?
Au sens large, étymologique, la
diététique est un art de vivre, une
hygiène, pas seulement corporelle. Au sens plus
restreint la diététique est la science des
régimes alimentaires, préventifs et curatifs, en
vue d'un état de santé alimentaire.
On ne peut qu'être frappé du décalage entre le
niveau de connaissances scientifiques sur la physiologie digestive ou
le métabolisme et le degré d'emprisisme ou
d'irrationalisme qui règne dans les conseils pour
régimes qui traînent dans beaucoup d'ouvrages, et
notamment les ouvrages scolaires.
En voici un exemple:
on parle parfois de glucides lents et rapides en propageant
une idée a priori simple: les glucides complexes sont
plus longs à assimiler (digérer, absorber, transporter,
métaboliser) que les glucides simples.
Si effectivement, seul le glucose circule dans le sang et est
métabolisé, il faut donc uniquement comparer les temps
de digestion (dégradation enzymatique) et d'absorption, puis
de transformation en glucose. Mais les mécanismes sont
extrêmement complexes. Les transporteurs spécifiques de
la bordure en brosse des entérocytes (voir ci-dessus) ne
fonctionnent pas à la même vitesse: par exemple on sait
que le transport du glucose est très rapide mais pas celui du
fructose. En plus le fructose doit être transformé en
glucose dans l'entérocyte. Le galactose passe en
compétition avec le glucose. Glucose et galactose seraient
transportés dans le même sens que le Na+(symport), le
glucose ou le galactose rentrant dans l'entérocyte contre son
gradient de concentration alors que le Na+ rentre dans la cellule
dans le sens de son gradient. Une pompe ATP dépendante
(dépensant de l'énergie) expulserait ensuite le Na+
à l'extérieur au pôle basal.
En résumé:
* si vous mangez un morceau de sucre (saccharose), il est
coupé au niveau de la bordure en brosse des cellules
intestinales en fructose et glucose (cette réaction chimique
qui est une hydrolyse est parfois qualifiée d'inversion (on
trouve "sucre inverti" sur les emballages d'aliments sucrés)
car elle inverse le comportement d'un faisceau lumineux traversant
une solution de ce mélange). Ces deux sucres sont
absorbés tous les deux, le premier lentement, le
deuxième rapidement. Puis le fructose est converti en glucose
dans la cellule. Enfin le glucose passe dans le sang et fait
augmenter la glycémie (teneur en glucose sanguin).
Malgré mes recherches je n'ai trouvé aucun document
où est précisé l'évolution de la
gycmémie après absorption d'une sucre. Les plupart du
temps on parle d'ingestion de sucre mais sans renseignement
supplémentaire
* si vous mangez une datte, le sucre principal est le fructose, il
est possible que l'assimilation soit beaucoup plus lente. Mais la
datte contient aussi du saccharose.
* si vous mangez un morceau de pain qui contient du sucre
essentiellement sous forme de sucre complexe (amidon). La
dégradation enzymatique intestinale est multiple et mais comme
la molécule d'amidon contient de nombreuses chaînes
auxquelles les enzymes peuvent retirer simultanément un
glucose, finalement l'hydrolyse est assez rapide. L'absorption du
glucose est ensuite rapide.
Au total, que l'on consomme des pâtes alimentaires, du pain, du
jus de fruit, un sucre... le glucose passe vite dans le sang,
la glycémie augmente rapidement et le glucose est
stocké et utilisé. On observe classiquement une
hyperglycémie (une augmentation de la glycémie
qui passe typiquement de 1 g/L à 1,2 g/L avec un maxima
environ 1 h après l'ingestion de 100 g de glucose) suivie d'un
retour à la glycémie initiale puis par une phase
transitoire d'hypoglycémie (typiquement entre 3 et 4 h
après l'ingestion de glucose). Cette hypoglycémie est
qualifiée par certains de "fringale" mais elle me paraît
bien tardive (elle est probablement due à la
sécrétion d'insuline, une hormone au rôle
hypoglycémiant qui assure le stockage du glucose dans le foie
et surtout son utilisation par les cellules).
Par contre ces aliments ne sont pas tous formés que de sucres.
Et ce sont les autres composés organiques qui font toute la
différence. Je crois savoir par exemple que l'absorption
simultanée de lipides et de protides diminue la vitesse
d'absorption du glucose et donc le pic hyperglycémiant et par
la même l'hypoglycémie résultante. Bref, les
données expérimentales accessibles facilement manquent
(à ma connaissance).
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