J'ai un corps


retour accueil
résumé, cours détaillé, didactique, formulation par cycle

objet vivant, échelle d'étude
sciences ou domaines d'étude
(en grec "logo" = parler)
population
écologie ("oïkos" en grec signifie habitat)
biologie (en grec "bio" = vie) des populations
organisme
éthologie (science du comportement), ....
organes
anatomie (étude de la disposition des organes , en grec "tomo" = couper),
physiologie (étude du fonctionnement des organes, en grec "physis" = le corps)
tissus
histologie (du grec "histos" = tissu)
cellules
organites
biologie cellulaire ou cytologie
(du grec "cyto" = cellule)
molécules
biologie moléculaire, biochimie...

L'étude du corps humain relève à la fois de l'anatomie et de la physiologie selon le point de vue où l'on se place. L'anatomie étudie la disposition (topologie), l'organisation dans l'espace, des éléments corporels appelés organes. La physiologie s'intéresse au fonctionnement intégré (comme faisant partie d'un tout) de ces organes qui sont regroupés en systèmes fonctionnels ou appareils.

vue de l'extérieur:
Les proportions (dont on reparlera lors de la croissance) et les grandes divisions corporelles sont le premier niveau d'approche..

un vocabulaire de base à retenir
La tête représente 1/3 à 1/4 de la hauteur du tronc, les membres sont légèrement plus longs que le tronc (mais il y a de grandes variations individuelles).
Les zones articulaires sont en rouge.
On notera que les appellations "antérieur" et "postérieur" font référence à la position d'un animal quadrupède (4 pieds) ou plutôt tétrapode (quatre membres) et dont la tête est à l'avant. L'homme est particulier à bien des égards (tête dans l'axe du tronc, position bipède, différenciation très nette entre les mains et les pieds et entre les membres antérieurs utilisés dans des actions variées alors que les membres postérieurs sont surtout utilisés pour la locomotion).

Pour éviter d'en oublier, je vous conseille de procéder par grande fonction:

  • fonctions de nutrition:
    • appareil digestif (la dénomination est fausse étant donné que cet appareil regroupe les fonctions d'alimentation (dents, bouche...), de digestion et l'absorption des nutriments (tube digestif proprement dit mais aussi les glandes digestives associées : pancréas, foie...)
    • appareil circulatoire (système sanguin et lymphatique sont généralement regroupés ici)
    • appareil respiratoire
    • appareil excréteur (souvent associé à l'appareil reproducteur en un appareil uro-génital)
  • fonctions de reproduction
    • appareil reproducteur
  • fonctions de relation
    • la peau (tégument) qui est une interface entre le milieu extérieur et le milieu intérieur
    • appareil locomoteur (squelette et muscles (on parle parfois de système musculaire) mais aussi la commande nerveuse et donc le système nerveux sans oublier les récepteurs sensoriels)
    • appareil immunitaire de communication et de défense à l'intérieur de l'organisme

On voit donc aisément combien ces divisions sont imparfaites du fait du fonctionnement intégré (coordonné) de l'organisme. Toute tentative de séparation d'une fonction reste toujours un artifice qui peut cependant faciliter l'étude.

Cours

Remarque:
Une comparaison:

l'anatomiste étudie les structures sur un organisme mort,
le physiologiste étudie comment et pourquoi ces structures fonctionnent chez l'organisme vivant
.

Je citerai Knut Schmidt-Nielsen (un physiologiste anglais (Cambridge) contemporain auteur d'un best-seller, sans cesse remanié : Physiologie animale: adaptation et milieux de vie, Dunod, 1998 pour l'édition française): «en étudiant l'adaptation de l'animal a son milieu on est conduit à voir ce qui est bon pour lui... L'animal doit se maintenir en vie et il n'y a rien d'inconvenant, ni de non scientifique, à découvrir comment et pourquoi il y réussit». La physiologie est une véritable compréhension du vivant, elle recherche la signification d'une fonction. La physiologie comparée, qui étudie la physiologie en la comparant chez divers organismes, notamment en axant l'étude sur celle de l'adaptation de l'organisme à son environnement, aide grandement à cette compréhension dans le sens où elle reflète une des grandes caractéristiques du vivant : son unité, quelle que soit l'échelle d'observation. La physiologie est donc non seulement explicative (au sens de détailler, donc descriptive) mais compréhensive (au sens étymologique de "prendre avec soi", d'assimiler par son intelligence), dans la mesure où elle recherche la signification (signe visible du sens profond) de tel ou tel mécanisme; ce que Knut Schmidt-Nielson appelle les questions du pourquoi et du comment.
Il peut être intéressant de présenter la physiologie sous un double aspect : le travail du vivant est à la fois une réponse adaptative de l'organisme au milieu (travail social) et une expression de déterminismes internes (capacité au travail, travail interne).

fonctionnalisme et finalisme
(article "structure et fonction" de l'Encyclopedia Universalis)

La perspective fonctionnelle paraît fructueuse et d'application tout à fait légitime au niveau de la cytologie ou de la physiologie. Il est clair que les détails d'architecture cellulaire et tissulaire, les phénomènes de corrélations nerveuses ou humorales, par exemple, paraissent tous concourir sinon à une «fin», du moins à des fonctions bien précises dont le résultat est la survie et la reproduction du vivant. En ce sens, l'existence d'une «finalité interne» aux organismes paraît difficilement contestable, au moins globalement. Il n'en est pas toujours ainsi au niveau de la morphologie des organes et des organismes, ni a fortiori au niveau de leur histoire évolutive. C'est manifestement à ce niveau que l'interprétation fonctionnelle risque de receler les plus grands pièges. Une interprétation «totalisante» de ce type peut en effet conduire directement à un finalisme généralisé. Celui-ci, en inversant la séquence normale de la relation de cause à effet, voit comme moteur et mécanisme de l'évolution, sinon comme «justification» de celle-ci, la réalisation de certaines grandes fonctions, psychiques en particulier.
Si la recherche d'une interprétation fonctionnelle des structures est pleinement du domaine de la science, il est clair que l'interprétation finaliste qu'elle peut engendrer ressortit plutôt à l'option philosophique.
Confondant fonctionnalisme et finalisme, certains biologistes, surtout en France, ont pourtant cru devoir contester la réalité de l'adaptation biologique pour échapper au finalisme. Aussi se sont-ils ingéniés à découvrir les «espèces vivant aux confins du pire», à montrer tous les exemples d'adaptations ratées, incomplètes, de dysharmonies structurales, tous les faits hâtivement interprétés par un recours à l'adaptation, mais de signification plus obscure, etc. Cette réaction contre une interprétation fonctionnelle parfois hâtive, simpliste et naïve, voire finaliste, des données biologiques fut peut-être en son temps salutaire, mais elle doit sans nul doute apparaître désormais abusive, l'arbre planté par les «antifinalistes» ne pouvant cacher la forêt. Le débat sur la finalité en biologie, illustré par L. Cuénot, a trouvé dans la biologie moléculaire une conclusion satisfaisante, comme l'a montré F. Jacob. La notion de «programme génétique», épaulée par la conception synthétique du mécanisme de l'évolution, permet de concilier les aspects à la fois adaptatifs et inadaptatifs qui s'entremêlent dans chaque espèce, la richesse et la rigidité de l'information héréditaire, elle-même modulée par tous les avatars antérieurs de la lignée (d'où son efficacité), et la nécessité de laisser sa place à l'épigénétique dans le résultat final de l'ontogenèse.

À une «finalité interne» incontestable, s'exprimant aussi bien dans l'harmonie nécessaire entre structure et fonction à l'intérieur de l'organisme qu'entre celui-ci et son milieu (adaptation), il est loisible à chacun, selon sa philosophie, d'ajouter ou non une «finalité externe» plus générale et transcendante, «justification» a posteriori mais qui ne saurait en aucune façon être le moteur objectif de l'évolution. Encore convient-il d'ajouter que cette finalité semble parfaitement indépendante du discours scientifique et inutile à celui-ci.

Ainsi, je pense que la chasse au finalisme en biologie est stérile. Il est ligitime de dire que l'animal posséde des molaires pour broyer, des incisives pour couper, dans le sens où on affirme ainsi qu'un organe est adapté à une fonction. De la même manière il est légitime de dire que la forme du dauphin est adaptée au milieu aquatique (forme hydodynamique) et donc, si l'on préfère, que le dauphin à une forme optimisée pour le déplacement en milieu aquatique.

1. anatomie : les principaux organes humains

vue de l'intérieur:
Comme vous n'allez pas réaliser des dissections, vous aller utiliser des images. Selon les méthodes d'obtention et de représentation les images peuvent avoir des sens différents.

Les écorchés, les squelettes, les bustes complets avec organes démontables, mettent en évidence la position respective des organes. Selon la qualité des représentations, on peut avoir ou non des surprises. En voici quelques exemples.

Les principaux muscles de l'homme (écorché superposant plusieurs niveaux d'étude) in Dictionnaire Hachette multimédia, 1995

Les variations selon les individus du développement respectif des différents muscles peuvent aussi être importantes.

une représentation théorico-artistique avec imbrication de plusieurs modes de représentation: vue externe (en plan et en "relief" par des colorations habiles) et vue en coupe. Les proportions (vaisseaux) ne sont pas toujours très fidèles.
Représentation schématico-artistique des organes de l'appareil digestif en place (les couleurs ne sont pas toujours bien choisies car elles ne correspondent pas à des structures)
Saurez-vous retrouver tous ces organes,
dans une représentation assez peu précise ?

Personnellement,
je ne suis pas sûr de tout bien reconnaître...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1: artère carotide, 2: thymus, 3: côte, 4: foie, 5: estomac,
6: intestin grêle, 7: utérus, 8: vessie, 9: ovaire, 10: pavillon,
11: oviducte (trompe), 12: gros intestin, 13: rein, 14: moelle épinière ????, 15: cœur,
16: poumon, 17: aorte ????)

Les méthodes modernes comme la radiographie et l'échographie donnent des clichés qui peuvent être parfois utilisables en classe (en tout cas on trouve ces clichés de façon courante dans les nouveaux manuels du secondaire, il faut donc apprendre à les exploiter). Les images obtenues par des techniques plus sophistiquées comme la résonance magnétique nucléaire (IRM: imagerie par résonance magnétique) demandent des compétences trop spécifiques pour être exploitées en classe.


Radiographie de l'épaule (cliché Bordas, 5ème) avec un dessin artistique de la zone articulaire.
La radiographie est un document vraiment exploitable après avoir donné quelques explications concernant la méthode d'obtention des clichés.
Radiographie X du corps humain

Les radiographies X ou "radios" sont des clichés réalisés sur des films photographiques (ou plus rarement des plaques) et de plus en plus fréquemment sur des capteurs électroniques (qui fournissent ainsi une image numérisée - notamment chez les dentistes) par la technique de l'ombre chinoise. Un faisceau électromagnétique d'énergie moyenne (10 à 20 KeV pour une mammographie (radiographie des seins), 70 KeV pour une radiographie abdominale) produit par une anode de tungstène est plus ou moins absorbé par les tissus (fortement par les os, moyennement par les muscles, faiblement par les graisses). On peut augmenter le contraste naturel des tissus en injectant (angiographie: radiographie des vaisseaux) ou en faisant ingérer au patient un produit absorbant les RX.
Si la source et les détecteurs restent fixes l'image résulte de la superposition des structures absorbant les rayons. En faisant réaliser une rotation à la source X et au(x) détecteur(s) on peut artificiellement séparer des plans: on parle de tomographie (du grec tomo = couper) mais cette technique donne des images floues et on la remplace progressivement par le scanner (de l'anglais to scan = balayer) dont le principe est similaire mais qui utilise les moyens informatiques (pour calculer en chaque point de mesure la densité d'une unité de volume minimal (inférieur au millimètre cube) pour toutes les structures traversées par le faisceau ) et qui permet ainsi d'augmenter la sensibilité de la détection des contrastes entre tissus d'un facteur 10 (jusqu'à 0,4%).

L'histoire de la découverte du scanner est édifiante. Vers la fin des années 1960, un médecin neurologue américain, le Dr. Oldendorf, cherchait désespérément à obtenir une image directe du cerveau par rayons X. Sur le plateau d'un phonographe, il avait disposé des objets de densité différente et démontré que l'on pouvait déterminer leur position sur ce plateau à partir d'un nombre suffisant de projections. Oldendorf touchait presque à la solution, mais il lui manquait la technologie et un appui industriel: en radiologie, il est peu de génies solitaires. En Angleterre, à la même époque, un autre neuroradiologiste, Ambrose, rencontrait à un repas d'universitaires un ingénieur et physicien, Hounsfield, et lui soumettait le même problème. On connaît la suite, et le développement du premier scanner par la firme E.M.I., qui n'avait rien à voir avec la médecine, et qui ne put, par la suite, lutter contre les géants du matériel d'imagerie. Mais cette histoire est exemplaire à plus d'un titre: ce sont deux médecins qui eurent l'idée initiale de la recherche (beaucoup pensent d'ailleurs qu'Oldendorf a été injustement écarté des honneurs). Celui des deux qui a pu rencontrer l'ingénieur capable de répondre à sa demande a gagné la course &endash; mais pas le prix Nobel. Comme dans presque toutes les inventions médicales, un contact interdisciplinaire a été le révélateur. Il s'est heureusement associé au génie d'un Hounsfield, mais ce dernier n'a pu développer l'invention imprévue que dans la liberté d'un laboratoire où l'on acceptait des recherches non planifiées. Par une schématisation malheureuse, cet appareil de «computerized tomography» (C.T.) est devenu en France le «scanner». Le nom savant de tomodensitomètre n'est guère employé dans le public. Les tentatives académiques pour imposer scanographe ou scanneur n'ont guère réussi hors des ministères. Comme il existe beaucoup de «scanners», l'usage est aujourd'hui d'ajouter le X (de rayons X), qui marque sa particularité.
Ses indications médicales et ses résultats demeurent très larges, mais sont aujourd'hui concurrencés par l'imagerie par résonance magnétique nucléaire. Leurs caractéristiques sont comparativement les suivantes:
&endash; scanner rayons X: radiations ionisantes, mise en rotation de l'appareillage, orientation transversale des plans de coupe, résolution spatiale fixée par les détecteurs, acquisition en quelques secondes;
&endash; I.R.M.: champs électromagnétiques, appareillage sans éléments mobiles, orientation quelconque des plans de coupe par sélection électronique, résolution spatiale fixée par le temps de mesure et acquisition en quelques minutes.

Risques
Le risque de radiations en matière d'imagerie médicale existe. On peut distinguer les risques somatiques, c'est-à-dire qui peuvent toucher tous les organes sans que pour autant tous aient la même sensibilité et les risques génétiques, qu'il faudrait plutôt qualifier de risques gonadiques ou germinaux" ou encore héréditaires.
Les premiers ont été assez bien étudiés parfois dans des conditions fortement immorales (prisonniers, bombes atomiques, irradiations accidentelles...). Une radiographie du thorax en cliché simple de face, grand format, délivre une dose modérée (de 50 à 100 mrem) encore abaissée par l'emploi d'écrans haute sensibilité (de 10 à 20 mrem). Ces valeurs s'opposent aux 800 millirems nécessaires en radiophotographie 10 Z 10 cm (camions de dépistage) et surtout aux 3 000 millirems d'une minute de radioscopie pulmonaire «conventionnelle». Lorsqu'il est encore nécessaire (travailleurs immigrés, mineurs, personnel hospitalier, fumeurs), l'examen systématique devrait être pratiqué en «grand format et écrans sensibles». De la même manière, une autre solution que l'emploi des rayons X devra être recherchée pour le dépistage de la luxation de la hanche, source d'irradiation importante des gonades et de la moelle osseuse chez le très jeune enfant. Enfin, la sensibilité du fœtus à l'irradiation doit faire proscrire chez la femme enceinte tout examen inutile, et choisir pour les radiographies indispensables les techniques les moins irradiantes
Les risques affectant les cellules sexuelles se sont avérés être très nettement inférieurs aux prévisions qui voulaient que la dose de 30 rads (0,3 Gy) sur les gonades double la fréquence spontanée des mutations. En effet, le taux d'anomalies génétiques s'est néanmoins révélé très faible chez les descendants des survivants des bombardements atomiques. Cette différence n'a rien d'étonnant quand on considère la reproduction non pas comme la simple transmission de matériel génétique mais comme une fonction mettant en jeu d'innombrables interactions entre cellules et présentant de nombreux mécanismes naturels de régulation. La plupart des mutations graves sont létales et n'apparaissent pas dans la population. Pour un fœtus ou un embryon, on admet que la dose critique est située entre 5 et 10 rads.


échographie d'un foetus de 22 semaines (cliché Bordas, 5ème)
Échographie et échographie avec effet Doppler

Principe
L'échographie utilise, comme son nom l'indique les ultrasons ("écho", son renvoyé par une surface) produits par un cristal (transducteur) piézoélectrique (qui vibre sous l'effet d'un courant électrique). Les ultrasons renvoyés par les structures (écho) reviennent au transducteur et y provoquent l'apparition d'un courant qui est détecté, l'intensité du courant étant proportionnelle à l'intensité de l'écho. Un ordinateur se charge ensuite de reconstruire une image des structures en évaluant la distance des structures par rapport au transducteur à partir du décalage temporel entre l'émission des ultrasons et la réception de l'écho. De même la densité de la structure est évaluée à partir de l'atténuation de l'écho. Les ondes ultrasonores ont une fréquence élevée: de 3 à 10 MHz en échographie médicale (le son est limité à 25-30 kHz). Elles se propagent aisément dans les liquides mais sont arrêtées par les solides (ce qui empêche par exemple l'échographie du cerveau, protégé par la boîte crânienne) mais aussi par les gaz (poumons, tube digestif....).
On définit classiquement deux modes d'échographie: le mode A, qui représente les pics des échos sur la ligne d'émission et donne la distance des structures, et le mode B, qui transpose ces pics en points d'intensité lumineuse proportionnelle et utilise de multiples lignes pour reconstruire directement la morphologie. L'échographie temps-mouvement (T.M.) visualise les variations des échos de structures cardiaques (valves, parois) au cours du cycle. D'autres modes ont été proposés (holographie ultrasonore, images de transmission), mais le mode B est le plus employé, et ses applications médicales sont très étendues.

Applications
Sans danger, indolore, peu coûteux, l'emploi des ultrasons a connu une expansion fantastique depuis les premiers essais des années 1960. Aucune femme enceinte n'y échappe. L'échographie donne d'excellentes images du foie, de la rate, des reins, de la thyroïde, de la prostate et des organes génitaux.
Les appareils d'échographie équipent même les cabinets vétérinaires.

Risques
Les risques de l'exploration ultrasonore ont été très étudiés, en raison de la diffusion de la méthode. Des faisceaux d'ultrasons de haute puissance (plus de 1 W/cm2) entraînent une altération permanente des tissus traversés. Les puissances moyennes utilisées en diagnostic médical sont de 20 milliwatts, et ce sans aucune conséquence tissulaire.

L'échographie Doppler apporte un complément très efficace à l'imagerie en évaluant les flux vasculaires. Chacun sait que le son émis par un objet en mouvement (sifflement d'un train par exemple) devient de plus en plus aigu lorsqu'il se rapproche et de plus en plus grave lorsqu'il s'éloigne. Le changement de fréquence des ultrasons réfléchis par des globules sanguins en mouvement permet d'évaluer leur vitesse. Des progrès très spectaculaires permettent aujourd'hui de superposer à l'image échographique d'un vaisseau une représentation colorée des vitesses qui autorise la détection directe sur l'image des sténoses (rétrécissements) ou des thromboses (occlusions vasculaires).

Les images... et leur interprétation

Les images médicales et d'une façon générale les images en biologie nécessitent une INTERPRÉTATION.
Une image de ce type n'est pas perçue directement par les sens mais par un détecteur (récepteur) qui est le prolongement des sens de l'homme. Si la signification d'un point lumineux perçue par l'œil est évidente à tout un chacun, même si les illusions d'optique existent. Par contre, la signification d'un point lumineux sur un écran fluorescent nécessite une bonne compréhension de la technique d'imagerie, ce qui ne peut être le fait que de spécialiste. Il ne faut pas hésiter à affirmer qu'il existe des personnes qui sont de bons analyseurs d'images et d'autres qui sont de piètres analyseurs d'images. Ce n'est pas le cliché qui est en cause mais l'homme qui analyse et interprète.
D'autre part, se superposent des difficultés plus théoriques: depuis une dizaine d'années, les différences d'opacité (du noir au transparent) sont codées sur 500 à 4 000 niveaux de «gris» (de 9 à 12 bits) alors que l'œil ne peut observer avec un bon contraste que de 60 à 100 niveaux (de 6 à 7 bits). On ne peut plus parler d'une image mais de plusieurs images qui doivent être étudiées successivement par l'œil humain dans des fenêtres différentes (on parle constamment en scanographie de «fenêtre os», de «fenêtre pulmonaire», etc., correspondant chacune à un réglage différent de la console de visualisation). Il est évident là aussi que l'ordinateur est un outil indispensable.
Prenons un exemple simple: un homme de cinquante ans a mal au dos. La radiographie conventionnelle réalisée sur un film de dynamique limitée (100 niveaux de gris) ne montre que le squelette mais peut être «lue» devant une quelconque source lumineuse: négatoscope médical, lampe, voire lumière du jour. Le scanner de la vertèbre douloureuse doit être lu sur la console avec plusieurs fenêtrages. Un examen en fenêtre «tissus mous» peut montrer l'absence de hernie discale et effacer l'image d'une métastase cancéreuse qu'aurait révélée un fenêtrage différent.
Ainsi, à la pléthore des images, s'ajoute leur extrême complexité. La nouvelle imagerie doit renoncer aujourd'hui à restituer le contenu réel d'un examen. La complexité dynamique de l'image ne serait compatible qu'avec un disque magnétique ou optique que chaque médecin pourrait consulter sur sa console. Mais que de temps perdu. L'«extrait interprété», sur un film ou un papier, suffit, si l'interprète est bon. Mais se trouve remis en question, dans cette perspective, le postulat qui veut que soit disponible l'intégralité des informations obtenues.

(textes extraits principalement de l'Encyclopedia Universalis à l'article "imagerie médicale")

2. physiologie : les principaux appareils de l'homme

En reprenant les trois types de travail du vivant on distingue:

 

3. le corps de l'homme est un corps humain

On ne peut pas finir ce tour d'horizon sans insister sur l'aspect éthique. La connaissance et le respect du corps de l'homme font partie de l'éthique. Je renvoie par exemple à l'article "Pouvoir de la biologie, de la connaissance sur le vivant à l'éthique biomédicale" de Michel Bornancin dans Biologie-Géologie (Bulletin de l'APBG), 2-1998, pp347-354; en voici quelques mots : «…le corps humain peut être différencié du corps des autres espèces animales… il n'a de réalité qu'au sein d'une communauté… le sujet humain est responsable, libre, qui communique par la pensée et la parole, qui agit sur le milieu extérieur et le transforme, qui a une histoire…la personne du droit civil est volonté agissante… le corps est le moyen d'exprimer la vie de la personne, le corps est le vécu du sujet, il est le moyen de communication avec les autres,… ce n'est plus un corps animal, c'est un corps culturel, social, humain…»

En revenant à une définition métaphysique, l'éthique est la science des actes humains (science de l'agir) considérés selon leur orientation à la fin dernière de l'homme (moralité). La moralité d'un acte humain est son orientation à la fin dernière de l'homme. La fin est "ce pour quoi agit celui qui agit" (Aristote, traduction libre). La fin dernière est la causalité de la nature humaine. Les actes humains sont libres, conscients, volontaires, c'est en ces sens qu'ils se différencient de ceux des animaux (voir Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, article 1). Il n'y a pas d'éthique animale : l'étude du comportement animal est l'éthologie (qui a la même racine étymologique que l'éthique). La conscience est un acte, un jugement moral qui applique la loi naturelle aux cas concrets. La conscience peut être obscurcie, se tromper, douter, ou encore être violentée. La liberté psychologique de l'homme c'est sa capacité à ne pas suivre sa conscience. D'où une grande diversité dans les expressions individuelles face à la loi morale naturelle. Si je pense que la loi naturelle est une, je suis aussi bien conscient que tous les hommes ne sont pas prêts à s'accorder sur tous ses éléments mais je pense que c'est un but à atteindre. Pour plus de détails sur l'éthique je vous renvoie à une page personnelle.

On pourrait envisager plusieurs pistes:

Les questions de cohérence, d'unité du vivant, débouchent souvent sur la question de l'anthropomorphisme, qui est souvent à mon avis un problème mal posé en terme de rationalité. Sans vouloir épuiser la question je vous renvoie à l'article de Françoise ARMANGEAUD dans l'Encyclopedia Universalis, dont voici des extraits:

En son sens usuel, l'anthropomorphisme signifie l'utilisation d'attributs humains pour représenter ou expliquer ce qui est autre que l'homme. Il est clair que le procédé n'aura pas même signification ni même valeur suivant les diverses natures possibles de cet «autre chose que l'homme».

Mais point n'est besoin de quitter l'humanité pour voir se déployer le jeu de la pensée anthropomorphique; il semble, en effet, que certaines représentations que l'homme se donne de lui-même, par exemple de sa genèse et de son développement, ou encore certaines doctrines sociales ou politiques s'articulent selon un schéma anthropomorphique particulier. Il arrive que la projection anthropomorphique relaye le schème préformatif de la genèse de l'homme. C'est un homoncule qui est figuré au cœur de la goutte séminale, dans un grossissement fictif. On ne saurait nier que le même phénomène entre dans les représentations de l'enfance, picturales avant Raphaël, pédagogiques avant Rousseau; ni que la précellence de la forme humaine ne s'étende aussi à toutes les représentations d'êtres supérieurs: «Nous ne pouvons concevoir, dit Kant, de caractère plus noble et supérieur aux humains que selon la forme humaine» (Sur Swendenborg ). Non seulement toute autre forme nous paraît caricaturale, mais il est remarquable que, si la figuration adéquate du spirituel emprunte la physionomie humaine, c'est en effet la forme humaine qui réconcilie et manifeste dans leur unité le sens et le sensible. «Entre les animaux et l'homme, il y a cette différence essentielle, note Hegel, que la forme humaine paraît être non seulement le siège, mais la seule manifestation naturelle de l'esprit.»

Il est d'autres cas encore où la pensée agrée systématiquement la métaphore anthropomorphique: les conceptions organicistes du social, de Machiavel à Spencer, les correspondances axiologiques de l'âme à la cité (Platon, La République ), les relations entre États appréhendés sur le mode des relations humaines individuelles, enfin la justification d'une hiérarchie «naturelle» de l'homme à l'animal, de l'homme à la femme, du maître à l'esclave se trouve, semble-t-il, dans la structure de subordination du corps à l'âme (Aristote, Politique , liv. I) sans que l'on sache en fait, dans tous les cas, où est l'image et où le paradigme.

Le plus souvent, le domaine concerné, nature ou dieux, est tout à fait étranger à l'homme. C'est alors qu'il se trouve dénoncé avec le plus de force, semble-t-il, dans un mouvement proche de ce que Bachelard nommera une «psychanalyse de la connaissance» dirigée contre l'«obstacle épistémologique».

Mais il n'en fut pas toujours ainsi. Saint Grégoire écrit: «L'homme possède en lui quelque élément de toute créature. En effet, être lui est commun avec les pierres, vivre lui est commun avec les arbres, sentir lui est commun avec les animaux, comprendre lui est commun avec les anges. Si l'homme a quelque chose de commun avec toute créature, sous un certain rapport, toute créature est homme.» Certes, seul le semblable comprend le semblable, et l'homme est le résumé de la Création; ainsi se trouve fondée l'intelligibilité du monde, tandis que saint Grégoire pouvait conclure que l'Évangile était prêché à toute créature s'il l'était à l'homme seul. C'est un schème analogue, légèrement différent, non plus celui de la communauté de genre, mais celui des correspondances, qu'utilise Albert le Grand dans son Introduction aux admirables secrets : «L'homme est ce qu'il y a de meilleur dans le monde, parce qu'il y a une communication et une grande sympathie entre lui et les signes du Ciel, qui est au-dessus de toute la nature. Cette vérité paraît évidemment par la correspondance que tous les membres du corps humain ont avec les douze signes célestes.» Justification d'une position hiérarchique de domination, donc, mais il serait abusif de parler de projection anthropomorphique, il s'agit d'une doctrine conceptuellement élaborée.

On ne saurait non plus s'arrêter longtemps à la «mystique» alchimiste, pour qui les opérations de maturation opérées sur la nature sont, à la fois, image conséquente et cause efficiente paradigmatique de la transmutation qui s'opère dans l'être spirituel de l'homme intérieur. Ni à la figuration cosmologique du pouvoir politique où le chef, modèle de l'univers, est garant et gardien, par son comportement rituellement correct, des lois de l'univers et de la bonne marche des événements: cela élève l'autorité politique au rang de modèle inducteur de la loi naturelle, sinon en son essence et en son ordre, du moins en sa reproduction dans le déroulement temporel.

Se représenter les éléments comme animés d'intentions, de sympathie ou d'antipathie (cf. le titre du roman de Goethe, qui retourne la métaphore: Les Affinités électives ), les animaux inférieurs comme doués d'une sensibilité analogue à la nôtre, les animaux supérieurs comme doués d'une intelligence semblable, tel est le domaine le plus courant où se perçoit la projection anthropomorphique. Nous renvoyons ici à l'article de l'Encyclopédie  «Âme des bêtes».

Partout dans le monde, statues et images cultuelles attestent que les hommes ont donné leur forme et leur visage à leurs dieux. Les diversités provinciales dans la représentation de la Vierge et de l'Enfant suffisent à nous le rappeler. Nul doute non plus que la pensée religieuse ne fasse le plus riche, le plus fréquent et aussi le plus ancien usage du concept d'anthropomorphisme. B. Constant y voit «le point faible et la faille de toutes les religions». Il semble qu'aujourd'hui il s'agisse d'un problème mineur, dont l'importance épisodique se justifie historiquement chaque fois que l'évolution des mentalités amène une contestation interne ou externe des dogmes, chaque fois que se repose en un moment de crise le problème de l'interprétation des textes sacrés.

L'abord du domaine théologique nous confronte à deux voies opposées.

Selon la première, la chasse aux anthropomorphismes est opérée à la diligence d'une pensée critique intérieure à la religion. Souci de purifier son discours, de s'abriter de la critique extérieure, de maintenir ou de raviver l'exigence de transcendance. Sa fonction s'apparente à l'effet de contestation du mystique envers une dogmatique officielle au langage trop explicite et trop humain.

Selon la seconde, le repérage et la systématisation des anthropomorphismes obéit à une visée sceptique, agnostique, voire athéiste, et s'effectue dans la perspective d'une critique radicale et générale des religions. On peut déjà distinguer trois niveaux où s'opère une telle critique: la représentation naïve du sens commun, puis les rationalisations selon les catégories du vraisemblable ou du rassurant, enfin toute représentation religieuse, même la plus dépouillée, simple effet de mirage du désir.

Signalons, sans nous y laisser capturer, les jeux de miroir d'une dialectique indéfiniment à suivre, dont le premier pas serait ici de voir en cette toute dernière dénonciation un anthropomorphisme subtil.

Xénophane de Colophon, poète gnomique ionien du VIe siècle, nous donne tôt le plus simple exemple de refus de l'anthropomorphisme au nom des exigences réelles de la divinité. Platon en fait dans Le Sophiste  un précurseur des Éléates; peut-être cela suffit-il à rendre compte du caractère apparemment monothéiste du poème, tandis que l'assimilation de l'espèce humaine aux autres espèces animales exclut toute position privilégiée. Voici ce qu'écrit Xénophane: «Il est un seul Dieu des dieux et des hommes, très grand, il n'est semblable aux mortels ni par le corps ni par l'âme; tout entier il voit, tout entier il connaît, tout entier il entend; sans peine, de l'esprit, il meut toutes choses, et toujours dans le même état il demeure, n'étant mû en rien et ne passant pas d'un lieu à l'autre. Mais les mortels pensent que les dieux sont engendrés comme eux et qu'ils sont doués de sensibilité mortelle, de voix et de figure; mais si les bœufs ou les lions avaient des mains et pouvaient peindre de leurs mains et faire les mêmes choses que les hommes, ils dessineraient aussi des images des dieux et créeraient des corps en sorte qu'ils soient semblables à leurs corps.» Après avoir ainsi marqué le lien entre la conception anthropomorphique et l'activité graphique et picturale, Xénophane poursuit en reprochant aux poètes le scandale de leurs descriptions immorales des dieux: «Homère et Hésiode ont attribué aux dieux toutes les choses qui parmi les hommes sont considérées comme honteuses et déshonorantes...» Ce texte dense donne la clé des thèmes qui seront maintes fois repris et développés; cependant, la métaphore naturaliste qui le sous-tend et l'exigence de prédicats éthiques qui lui donnent son sens achevé le laissent en marge de la problématique anthropomorphique radicale qui se fait jour avec les textes bibliques. Son inspiration paraît plutôt se rapprocher de celle d'Épicure affirmant que, s'il y a des dieux, il ne faut pas croire qu'ils s'occupent du monde ou même de Spinoza repoussant la croyance délirante que Dieu aime les hommes.

La perspective va se trouver modifiée et compliquée si l'on quitte la réflexion rationnelle pour la Révélation. Par définition, elle écarte l'idée que le lien religieux soit dû à l'invention humaine; ce sont plutôt ses modalités, image et langage, à la fois à la mesure du Dieu qu'elles manifestent et à la mesure de l'homme à qui elles le manifestent, qui donnent prise à la suspicion. Selon son orientation fondamentale, ou bien la pensée critique excusera les anthropomorphismes de modalités qui ne sauraient contaminer la Révélation même, ou bien conclura de l'analyse de ces modalités à l'irrecevabilité d'une Révélation qu'elles compromettent. On peut à ces égards distinguer: les théophanies, le thème de l'homme fait à l'image de Dieu, les noms divins, les représentations picturales de la divinité et l'interdiction iconoclaste.

En ce qui concerne les théophanies, tout d'abord, il serait inexact de qualifier d'anthropomorphique la description ou l'évocation de la présence divine à l'aide d'éléments sensibles tels que la lumière ou le feu: «La montagne de Sinaï était toute fumante parce que le Seigneur y était descendu au sein de la flamme; sa fumée montait comme la fumée d'une fournaise et la montagne entière tremblait violemment» (Exode, XIX).

Par ailleurs, toutes les théophanies bibliques excluent la vision directe, comme le rappelle le Deutéronome (IV, 15): «Prenez donc bien garde à vous-mêmes, car vous n'avez vu aucune figure, le jour où le Seigneur vous parla sur l'Horeb du milieu du feu...» Si l'absence de l'«original» fonde et justifie la défense de fabriquer des images, d'autres textes évoquent le danger mortel qu'il y aurait à contempler l'image divine: «Moïse reprit: Découvre-moi donc de ta gloire. L'Éternel répondit: C'est ma bonté tout entière que je veux dérouler à ta vue et, toi présent, je nommerai de son vrai nom l'Éternel [...] Tu ne saurais voir ma face, car nul homme ne peut me voir et vivre. Le Seigneur ajouta: Il est une place près de moi; tu te tiendras sur le rocher; puis, quand passera ma gloire, je te cacherai dans la cavité du roc et je t'abriterai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Alors, je retirerai ma main, et tu me verras par derrière, mais ma face ne peut être vue» (Exode, XXXIII).

En bref, s'il y a manifestation divine, elle n'est jamais directe et imagée, mais s'effectue par la parole ou l'écriture, et si une forme humaine apparaît revêtue de la majesté divine, il s'agit d'un envoyé, d'un médiateur, non de la divinité en personne (le seul texte biblique qui fasse exception à cette règle est sans doute le récit de la vision mystique d'Ézéchiel, I, 26). Ce chiasme, joint au fait que la théophanie n'est qu'un accompagnement mineur de la Révélation au regard de la donation de la Loi et de l'établissement de l'Alliance, nous invite à rechercher ailleurs les traces de l'anthropomorphisme: ailleurs, c'est-à-dire dans le langage en ses deux aspects, langage par lequel Dieu s'adresse aux hommes et langage par lequel les hommes nomment Dieu et s'adressent à lui.

La tradition exégétique s'est appliquée à relever et classer les anthropomorphismes de la Bible: le doigt de Dieu, la main de Dieu, la colère, la sagesse, la jalousie, la pitié, le repentir de Dieu, ses desseins et ses projets jalonnent le récit; toutes ces expressions des interventions divines dans l'histoire des hommes nous renvoient au même thème. Ces anthropomorphismes sont justifiés en bloc par un principe général, la nécessité où se trouve celui qui parle d'utiliser un langage compréhensible par ceux à qui il s'adresse. «La Torah a parlé le langage des hommes», ce principe herméneutique remonte au IIe siècle.

Mentionnons, pour le pittoresque, et aussi parce que leur nom fut longtemps seul à désigner ce qui nous occupe, comme en témoigne Voltaire, la secte des anthropomorphites ; son chef fut un certain Audius qui vivait au IVe siècle en Syrie: leur hérésie consistait à prendre à la lettre tout ce qui est dit de Dieu dans les Écritures, par réaction contre les interprétations allégorisantes de l'époque. En particulier, ils attribuaient à Dieu un corps, des mains, des yeux, des oreilles, etc. Leur doctrine, connue par les réfutations qu'en donnèrent Cyrille d'Alexandrie (Adversus anthropomorphitas ), saint Jérôme (Epist. VI ad Pammachium ), Nicéphore (Ecclesiasticae historiae , I, XI, 14), connut une brève reviviscence en Italie du Nord au Xe siècle. Elle fut officiellement supprimée par Rathenius, évêque de Vérone, tandis que Calvin lui consacre un chapitre de ses Institutions chrétiennes  (I, XIII, 1).

Infiniment plus riche et controversée est la question du langage par lequel les hommes nomment Dieu et s'adressent à lui. Les mots étant finis, imparfaits, accordés aux choses du monde, d'usage humain, comment par leur moyen invoquer Dieu ou le désigner? Il s'agit de préserver l'unité dans la pluralité, l'infini dans le fini, la perfection dans l'imperfection. Le problème est présent dès la Genèse (XXXII, Jacob désire que Dieu lui révèle son nom), l'Exode, etc., sous la forme d'une quête qui ne peut recevoir son objet que de Dieu, qui seul connaît son nom et peut le révéler. La perspective des théologiens, quelque peu différente, se présente comme un travail d'approche par un langage purement humain qui s'abolit et renaît pour s'abolir. Le premier chapitre des Noms divins  de Denys désigne le nom recherché, «le nom étonnant, le nom au-delà de tout nom, l'anonyme...» Saint Augustin reconnaît que «rien de ce que nous pouvons dire de Dieu ne saurait convenir à l'excellence de sa nature», d'où l'usage particulier des négations qui, au lieu d'exclure toute notion positive de la nature divine, ne servent qu'à écarter de Dieu les imperfections propres à notre mode d'entendement. Selon cette théologie «négative» &endash; pour la désigner, elle aussi, par son nom propre &endash;, tous les noms prédicables de Dieu à partir de l'être créé, voire le nom même de l'Être, devront s'effacer devant l'altérité radicale de la cause de tout ce qui est; sur la voie interminable de l'assimilation, Dieu apparaît comme toujours autre, transcendant à toute similitude; il faut «haïr la ressemblance» pour monter vers la dissemblance de la cause première. Ainsi s'effectue la recherche de l'ineffable: lorsque l'on pense à Dieu, ce qui peut encore être désigné par un nom n'est pas Dieu. Albert le Grand écrit (Tract. , III, XVI): «Dieu est à la fois innommable et omninommable. Il est innommable et l'Innommable est le plus beau de tous ses noms, car cela le place d'emblée au-dessus de tout ce qu'on pourrait essayer d'en dire. Tout nom qui voudrait l'exprimer demeure noyé dans l'infini de l'admiration.» Dieu est au-dessus de l'être, conclut saint Thomas après la progression laborieuse de la «voie d'exclusion»: «Lorsque nous avançons vers Dieu per viam remotionis , nous nions d'abord de Lui les choses corporelles, et ensuite les choses intellectuelles elles-mêmes, pour autant qu'elles sont dans les créatures, comme la bonté et la sagesse. Alors il ne reste plus dans notre intellect que ceci: Il est, et rien de plus. Mais pour finir, ce même être, pour autant qu'il se trouve dans les créatures, nous le nions de Lui, et alors Il demeure dans une sorte de nuit d'ignorance, et c'est cette ignorance, autant qu'il appartient à cette vie, qui nous unit à Dieu de la façon la plus parfaite, ainsi que le dit Denys; tel est le Nuage dont il est dit dans l'Écriture que Dieu y habite.»

Si de tels textes, dans leur fascinante ferveur, nous semblent jeter un défi radical à l'anthropomorphisme, n'oublions pas qu'ils se fondent sur une conception définie du rapport du signifiant au signifié, de l'âme au langage, de la créature à Dieu. Il est une autre tradition qui peut nous apparaître comme justification, à un certain degré, de l'anthropomorphisme, à partir de la Genèse (I, 26): «Et Dieu fit l'homme à son image.»

Notons que ce théomorphisme primordial peut certes se subsumer sous le concept d'un anthropomorphisme démiurgique ou artisanal, tel que le dénonce Hume (Dialogues sur la religion naturelle ). Mais notre propos est ailleurs: signaler les effets de cette proposition. Le premier est d'autoriser un lien rassurant de ressemblance qui prévient l'évanouissement de toute parole devant l'abîme d'une altérité infinie. Le second nous désigne le caractère nécessairement défectueux de toute image, d'où la possibilité de l'insatisfaction, provoquée par l'invitation «vous serez comme des dieux», par quoi s'inaugure en fait la véritable déchéance et détérioration de l'image. Ailleurs, c'est l'image divine qui est proposée comme modèle et devoir-être à l'action humaine; être juste et miséricordieux parce que Dieu est juste et miséricordieux, ou, comme écrit Matthieu: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.» Le fait d'avoir été créé à l'image de la divinité garantit alors à l'homme la possession des instruments nécessaires à sa tâche d'approximation indéfinie de la ressemblance. Ces propos, dont le sens est éthique plus encore que théologique, nous éloigneraient de l'anthropomorphisme s'ils ne contenaient en même temps les prémisses d'une justification de l'activité artistique.

Celle-ci s'opère essentiellement dans la pensée chrétienne, grâce au dogme de l'Incarnation, tandis que l'art sacré se voit conférer un rôle liturgique. La tradition de l'Église rapporte que des portraits ont été faits du vivant du Christ, ce qui s'explique par la vogue du portrait dans l'Empire romain et constitue une transgression de l'interdit hébraïque. Les thèmes de l'anthropomorphisme divin et de l'assimilation de l'homme à Dieu se trouvent alors conjoints et reçoivent une nouvelle vigueur. Il convient cependant de maintenir la distinction entre l'image du Père proprement dite, qui est la personne divine du fils, et ce qui est fait à l'image de Dieu, la personne créée de l'homme. La conception anthropomorphique ne s'ajuste que très partiellement à la célèbre formule patristique: «Dieu devint homme, afin que l'homme puisse devenir Dieu.» Là encore, on distingue mal l'image et le paradigme. Ce qui peut retenir notre attention est la liberté laissée à l'artiste dans la représentation de l'Homme-Dieu. Les controverses liées à l'iconoclasme byzantin montrent la théologie et l'iconographie confrontées au même problème: comment exprimer par des moyens humains, finis, imparfaits, l'infini et le parfait, comment mesurer à la fois la légitimité et l'efficacité de l'entreprise?


didactique

Le programme du cycle 1 est succinct (Découverte de son corps : dans sa globalité et ses différentes parties), celui du cycle 2 vague (Le corps de l'enfant et l'éducation à la santé : * Le corps de l'enfant (notions simples de physiologie et d'anatomie);) et des compétences ambitieuses (Au terme du cycle des apprentissages fondamentaux, l'enfant aura quelques connaissances précises sur le fonctionnement de son corps : * rôle et fonctionnement des organes, vocabulaire simple mais précis, notamment dans le domaine de l'anatomie... ; ), le cycle 3 insiste sur les mouvements dans le sport et le travail, ce que nous verrons plus loin. Curieusement, les documents d'application ignorent totalement le corps sauf l'usage de l'eau et du savon (les partie sur le corps de l'enfant ont disparu des documents.... c'est inquiétant).

L'éducation de l'enfant vis-à-vis de son corps a une forte dimension éthique et nécessite à mon sens:
- une appréhension de sa globalité qui va de pair avec sa propriété: mon corps indissociable de ma personne
- une éducation au respect de son propre corps, reflet de sa personne, et du corps des autres.

Concrètement les activités sportives sont les premières à intervenir, puis les notions d'hygiène, puis en dernier lieu la connaissance descriptive morphologique et fonctionnelle des différentes parties du corps.
Des pistes de séquences seront essentiellement proposées avec les autres parties du chapitre mais en voici cependant quelques exemples:

Maternelle:

Élémentaire :

Comment faire passer cette notion d'unité physiologique (fonctionnelle) ? Comment montrer que l'organisme n'est pas une simple juxtaposition d'organes mais qu'il y a bien un fonctionnement intégré ?
D'abord en le disant sans doute.
Ensuite, en profitant de toutes les occasions pour le rappeller : "tu bois trop, tu vas avoir envie de faire pipi, tu ne seras pas attentif en classe..." "tu as froid, tu as la chair de poule, tu trembles, bats des mains pour te réchauffer, saute sur un pied..." et je manque d'imagination...

je connais mon corps - je reconnais le corps de mes parents

un exemple de reconnaissance des différents points de vue (profil droit, dos, profil gauche, face) et des proportions différentes chez l'adulte et chez l'enfant, enfin on peut aussi proposer un travail sur les différences/ressemblances entre les silhouettes...

frises logiques simples....

....?
....?
....?
Un exemple de frise logique complexe avec des erreurs à retrouver.
Cet exemple est peut-être un peu difficile car il associe une rotation des corps et une différence de proportions. Vous pouvez en concevoir très facilement de nombreux autres en utilisant les silhouettes récupérées sur cette page...
1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

......?


retour accueil
résumé, cours détaillé, didactique, formulation par cycle