Cette page présente un extrait -
aux erreurs de copie près - de la conclusion de
l'ouvrage : |
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CONCLUSION LA NOTION DE VIE
AUJOURD'HUI
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Plan |
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http://smileys.sur-la-toile.com/ |
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Notion de vie ignorée |
« À la fin de ce périple, que peut-on dire de la notion de vie dans la biologie moderne ? Apparemment, elle est ignorée. |
Aujourd'hui, plus que jamais, la biologie
suit la recommandation de Cl. Bernard (citation 8 page 697)
: la biologie doit être une science
expérimentale et n'a donc pas à donner une
définition de la vie; ce serait là une
définition a priori et "la méthode qui
consiste à définir et à tout
déduire d'une définition peut convenir aux
sciences de l'esprit, mais elle est contraire à
l'esprit même des sciences expérimentales" ; en
conséquence "il suffit que l'on s'entende sur le mot
vie, pour l'employer" et "il est illusoire et
chimérique, contraire à l'esprit même de
la science d'en chercher une définition
absolue".»
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Notion de vie niée |
« Suivant cette prescription, la biologie moderne ignore donc la notion de vie et se contente de l'analyse d'objets que le sens commun lui désigne comme vivants, analyse montrant qu'ils possèdent un certain nombre de caractères physico-chimiques identiques. |
La définition de la vie - si elle est parfois évoquée - est reportée à l'infini, comme but et fin ultimes de la biologie. |
Cette méthode, exclusivement analytique et expérimentale, a considérablement renforcé l'efficacité et la scientificité du travail du biologiste; elle a cependant amené une "physicalisation" telle que l'on a parfois l'impression que, pour rendre scientifique la biologie, il a fallu nier toute spécificité à son objet.» |
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De l'unité biochimique au rejet de la spécificité du vivant |
« La biochimie (surtout dans sa
forme de "biologie moléculaire") est sans doute le
stade ultime de cette méthode analytique et
expérimentale; les différentes autres
disciplines biologiques, comme la physiologie, tendent
à y être réduites. Elle a mis en
évidence la parfaite identité de nature de la
matière, et des lois qui la régissent, dans
les êtres vivants et les objets inanimés. Cette
matière présente simplement dans les
êtres vivants un certain nombre de molécules
(et de réactions inhérentes) qui, tout en
suivant les mêmes lois physico-chimiques que les
autres, ne se trouvent pas aujourd'hui dans les objets
inanimés (c'est le cas notamment des
macromolécules telles que les acides
nucléiques et les protéines).
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introduction au cours de 1èreS : Comment j'ai changé mon regard sur le vivant (en chimie, s'il n'y a pas de fantôme il y a souvent une MAIN qui apporte une finalité entre autres causes) |
« La biochimie montre qu'il n'y a pas de fantôme pour commander la machine, et que la spécificité de l'être vivant ne peut donc résider dans un tel fantôme.
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Elle montre l'universalité des
lois qui régissent la matière, et que
la
spécificité de l'être vivant ne peut
résider dans des lois physico-chimiques qui lui
seraient propres, pas plus que dans une force
vitale contrôlant son
organisation matérielle.
Il ne s'agit pas là d'une épistémologie tatillonne, mais d'un problème qui reste au cur de la biologie, même s'il n'est pas explicitement énoncé.» |
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Il ne faut pas confondre ce recours illégitime à une notion floue d'émergence avec le recours, clairement justifié, à l'autonomie (voir ci-après et page sur la science); personnellement, je préfère la richesse de la notion de cause, notamment de cause finale.
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«On peut en voir un symptôme dans le recours à la notion d'émergence qui est souvent fait devant la difficulté de concilier l'évidente originalité du vivant et sa stricte observance des lois physico-chimiques. |
La vie est alors présentée comme une qualité nouvelle apparaissant à partir d'un certain degré de complexité de l'organisation physico-chimique, sans qu'il soit davantage précisé comment se fait cette émergence, en quoi elle est nécessaire (si ce n'est qu'il est difficile de nier la spécificité du vivant), ni même en quoi cette vie émergente (qui n'est pas définie) est qualitativement nouvelle comparativement à ce qui est du seul domaine physico-chimique. Dans ces conditions, il est permis de se demander si cette émergence n'est pas simplement un moyen de se débarrasser de la notion de vie, dont on ne sait que faire dans le travail scientifique proprement dit: l'articulation du physico-chimique et du biologique étant supposée se faire par un saut qualitatif (qui relève plus de la magie que de la dialectique de la nature), elle est naturellement mise hors la science. |
Après avoir montré qu'il n'y a pas de fantôme dans la machine, les biologistes l'en ont fait émerger; comme si les fantômes émanant d'une organisation physico-chimique étaient plus conformes au matérialisme épistémologique que ceux qui sont censés présider à cette organisation. Bien rarement est posée la question de savoir s'il y a encore une machine quand on en a chassé le fantôme, et si ce n'est pas pour garder la machine que parfois on en fait émerger un ; tant est forte, depuis Galien, la conception machinique en biologie.» |
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Le recours au niveaux d'organisation
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«Une autre attitude, tout aussi symptomatique de la difficulté de concilier l'originalité de l'être vivant et son respect des lois physico-. chimiques, consiste à distinguer divers niveaux de pertinence. |
Cependant, le fait que la biochimie n'ait
pas à se préoccuper de la notion de vie dans
son travail, qui est du domaine physico-chimique (niveau
moléculaire), mais qu'en revanche cette notion de vie
pourrait avoir un sens à un autre niveau (le niveau
cellulaire, par exemple) ne fait que
déplacer
la question: comment articuler la
biochimie à cet autre niveau de sorte que
d'insignifiante la notion de vie devienne signifiante?
Doit-on invoquer ici encore une émergence ?»
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«Le problème de la
spécificité de l'être vivant n'est donc
pas encore réglé par la biologie moderne. Il
est seulement
occulté;
soit qu'on nie illicitement cette spécificité
(ou, ce qui revient au même, qu'on l'assimile à
la possession de certains caractères
physico-chimiques), soit qu'on la fasse émerger, soit
qu'on admette plusieurs niveaux de pertinence.
La question reste
ouverte: y a-t-il une spécificité de
l'être vivant qui ne soit pas un caractère
physico-chimique, ni cependant une force vitale plus ou
moins surnaturelle?
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«Une telle situation est difficilement compréhensible si l'on se réfère à ce que nous avons présenté dans les différents chapitres de cet ouvrage, et notamment dans celui consacré à Lamarck. C'est en effet chez cet auteur qu'on trouve, pour la première fois, une conception de la vie qui reconnaît son originalité comparativement à l'inanimé sans pour autant la faire déroger aux lois de la physique. |
On aurait pu s'attendre à ce
qu'une biologie, se voulant scientifique,
expérimentale et
matérialiste,
s'attache à développer cette conception, qui
avait tout naturellement sa place dans son projet.
L'histoire (?) ne l'a pas voulu ainsi, pour des raisons
diverses (scientifiques: le traitement du temps y
était trop complexe pour l'époque;
idéologiques : Lamarck était trop lié
aux Lumières et à la Révolution pour
plaire au XIXe siècle; assez troubles: le
comportement de Darwin et des darwiniens à
l'égard de Lamarck ne fait honneur ni à leur
intelligence ni à leur honnêteté
intellectuelle). La biologie, depuis un siècle, s'est
faite amnésique; elle a voulu oublier son histoire;
à l'en croire, rien n'aurait existé avant Cl.
Bernard et Darwin; et encore, car même les
thèses de ceux-ci, et celles qui ont
immédiatement suivi, ont été
fâcheusement réécrites.
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Dans la partie
suivante André Pichot propose une solution
épistémologique NOUVELLE au problème de
la formulation scientifique de la vie. Cette formulation
est, à mon avis, tout à fait acceptable par
des personnes ayant des points de vue philosophiques
variés. Sa proposition, dont je n'ai eu connaissance
qu'en fin d'année 2008, rejoint mes efforts
d'intégrer le travail de René Thom. Pour ma
part je serai assez tenté par une
interprétation bergsonnienne
de sa conception de la dynamique....tout en gardant la
rigueur de la
modélisation
thomienne.....bref
cette proposition d'André Pichot est très
stimulante. La convergence des travaux très
récents autour de cette vision du vivant est
très encourageante pour l'avenir de la biologie.
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Réinterpréter les résultats anciens et actuels
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« Si elle peut être réécrite, l'histoire ne peut être rejouée. |
Aussi n'insisterons-nous pas trop sur
cette question, pour nous intéresser plutôt
à ce qu'il serait possible de dire de la notion de
vie à partir des résultats de la biologie
moderne, en les replaçant dans la perspective d'une
biologie qui reconnaîtrait la
spécificité de l'être vivant tout en
s'articulant véritablement avec la physique
(contrairement à ce que fait la thèse de
l'animal-machine). Après tout, une bonne partie des
résultats de la biologie du XVIIIe siècle,
obtenus dans des théories préformationnistes
ou vitalistes, ont été conservés, il a
suffi de les réinterpréter. Il est sans doute
possible de faire de même avec les résultats de
la biologie actuelle,
en oubliant cette
thèse absurde de
l'animal-machine.»
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« Le principe est de reprendre l'idée lamarckienne de l'orientation du jeu des lois physiques dans des voies déterminées, étant donné que ce jeu des lois physiques est nécessairement temporel. |
Cette "orientation" permet d'expliquer comment l'être vivant se définit en une entité distincte, se différenciant de son milieu tout en entretenant avec lui de nombreux échanges. |
Soit une notion de relation-séparation entre l'être vivant et son milieu extérieur (séparation car il est distinct de ce milieu, relation car il entretient avec lui de nombreux échanges, - c'est le problème de la définition d'un système ouvert). |
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Cette séparation-relation résulte d'une disjonction de leurs évolutions.» |
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« En effet, l'être vivant, dans son évolution, individuelle ou spécifique, "canalise" le jeu des lois physico-chimiques dans certaines voies aux dépens des autres possibles, alors que l'environnement, lui, évolue en suivant toutes les voies possibles selon les proportions voulues par le libre jeu de ces lois et des équilibres qu'elles régissent. |
Cette "canalisation" du jeu des lois
physico-chimiques serait explicable en reprenant la
thèse néo-darwinienne de la manière
suivante. Dans le développement individuel, un
programme génétique commande la production
d'enzymes qui catalysent certaines réactions aux
dépens des autres possibles à partir des
mêmes substrats. Ces réactions
catalysées (et leurs produits) acquièrent
ainsi une importance qu'autrement elles n'auraient jamais
eue. Dans l'évolution des espèces, certains
micro-événements (mutations) sont
sélectionnés et leurs effets amplifiés
au sein de la population en fonction d'un critère
qu'on peut résumer par "meilleure aptitude à
vivre". Ces micro-événements acquièrent
ainsi une importance que leur seule valeur physico-chimique
n'aurait pu leur donner. Dans les deux cas (dont l'un
prolonge l'autre grâce à une engrammation dans
le génome), la canalisation du jeu des lois se fait
par la sélection et l'amplification d'une des
possibles voies d'évolution, alors que
l'environnement se répartit dans toutes ces voies
possibles selon les proportions voulues par les principes
des équilibres physico-chimiques
(1).
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Quoi qu'on pense de l'explication
néo-darwinienne (et de l'utilisation qu'elle fait de
la théorie de l'information), il n'en est pas moins
incontestable et vrai que l'évolution (individuelle
et spécifique) des êtres vivants ne suit pas
simplement celle de l'environnement. Elle en est autonome,
car elle a ses principes propres (ceux de cette
"canalisation''). Elle n'en est cependant pas totalement
indépendante, car les êtres vivants, tout en
évoluant de manière disjointe, ont de
constantes relations avec leur milieu (de nombreux
échanges de matière et d'énergie). D'un
point de vue thermodynamique, ce sont d'ailleurs ces.
relations qui permettent aux êtres vivants
d'évoluer de manière disjointe, et donc de se
distinguer de l'environnement. Sont ainsi conciliés
les deux moments de l'(auto)définition des
êtres vivants: leur distinction d'avec l'environnement
(évolution individuelle, et spécifique,
disjointe) et leur relation avec lui (échanges
divers). Pour le moment, retenons donc cette disjonction
d'évolution (individuelle et spécifique), en
laissant de côté l'explication qu'en pourrait
donner le néo-darwinisme.»
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« La disjonction d'évolution (individuelle et spécifique) a deux conséquences principales: le caractère temporel de la définition de l'être vivant et l'écart physico-chimique entre lui et son milieu. |
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cours de terminale spécialité sur le TEMPS |
Voyons d'abord la première, le caractère temporel de la définition de l'être vivant. C'est seulement dans le mouvement de son évolution individuelle, et donc dans le temps, que l'être vivant est défini comme une entité distincte. |
En effet, puisqu'il est ouvert sur son
milieu, c'est seulement dans ce mouvement qu'est rompue la
continuité physico-chimique entre eux, et c'est donc
seulement dans le temps de cette évolution
individuelle disjointe qu'il est défini (en tant
qu'entité distincte). Cette évolution
individuelle, par son mouvement, rassemble les parties de
l'être en un tout qui est ainsi distingué du
milieu. Il ne faut pas inverser la proposition en disant que
l'être évolue de manière disjointe parce
qu'il est distinct de son milieu; c'est, au contraire, en
évoluant de manière disjointe qu'il se
distingue de ce milieu. Il faut comprendre l'individu
à partir de l'individuation, et non pas
l'individuation à partir de l'individu
(2).»
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Une analogie
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« Pour mieux le saisir, on peut comparer cette définition de l'être vivant par son évolution disjointe à la définition d'un groupe de personnes se déplaçant ensemble. |
Sur une place publique, de nombreuses
personnes marchent en tous sens; si certaines d'entre elles
se déplacent ensemble, elles vont se distinguer des
autres comme constituant une entité, un groupe.
D'autres personnes peuvent se joindre à ce groupe et
certaines le quitter. Il n'est pas nécessaire que ces
personnes regroupées soient toujours dans le
même rapport (la même position relative, comme
des soldats qui marchent au pas), mais leurs mouvements les
unes par rapport aux autres doivent être
limités, sinon elles sortent du groupe. Il n'est pas
nécessaire non plus qu'elles soient reliées
entre elles (en se donnant la main, en entourant leur groupe
par une corde qui le délimite, etc.). Enfin, le fait
qu'elles se meuvent (et la manière dont elles le
font) peut donner à leur groupe une certaine
structure et une certaine forme; cette structure peut
d'ailleurs se modifier au cours du temps sans que cela
altère le caractère de groupe (il y a un
remaniement interne au groupe, mais celui-ci reste un
groupe). Ce qu'il faut bien saisir ici, c'est que le
regroupement de ces personnes est inhérent à
leur mouvement commun qui les distingue des autres personnes
qui ont des déplacements non coordonnés, ni
entre eux ni avec le leur.»
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« Le fait que les personnes ainsi regroupées puissent constituer une structure particulière ne suffit pas à définir leur groupe comme une entité distincte. On pourrait certes évaluer la probabilité thermodynamique de cette structure, et ainsi la distinguer du "désordre" des mouvements non coordonnés des autres occupants de la place; mais un renseignement de cette nature n'a pas grand intérêt ici. Ainsi. si l'observateur fait des photographies aériennes de cette place, il ne pourra pas distinguer une structure "morte" et une structure "vivante" (quelle que soit sa probabilité thermodynamique). Seule la dimension temporelle l'indique: les éléments constituant une structure "vivante" poursuivent leur mouvement commun, tandis que ceux constituant une structure "morte" vont se disperser en adoptant des mouvements individuels non coordonnés (ainsi le cadavre qui se décompose). Cet ensemble d'éléments n'est donc défini comme un groupe que dans le temps et non de manière atemporelle (cf. l'expression bergsonienne selon laquelle "la forme de l'être vivant est le contour d'un mouvement"). On comparera un tel groupe, défini par son mouvement, à l'être vivant défini comme entité par son évolution individuelle disjointe; il faut alors remplacer le simple déplacement dans l'espace par une transformation physico-chimique. Le problème est évidemment de comprendre comment sont coordonnés les "mouvements physico-chimiques" des éléments formant ce groupe. Chacun d'entre eux a-t-il reçu dès le départ un ordre de marche articulé avec celui des autres en un plan d'ensemble prédéfini (un programme) ? Est-ce qu'il existe des forces qui lient
les éléments, des contraintes qui coordonnent
leurs mouvements, etc. ? Sans doute tout cela à la
fois, mais dans des proportions difficiles à
préciser; quelques éléments sont
vraisemblablement déterminants, et entraînent
les autres en fonction de diverses contraintes. Nous ne
développerons pas cette question ici ; nous voulions
seulement expliciter par cette comparaison la
primauté du caractère dynamique de
l'être vivant.»
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« Quoi qu'il en soit du détail de ce processus totalisateur, il ne faut donc pas considérer l'être vivant comme une entité prédéfinie qui doit rester en vie (?) en maintenant sa structure et sa composition constantes grâce à des régulations. On doit abandonner ce paradigme cybernétique de la physiologie bernardienne et le remplacer par une conception dynamique. |
Au lieu de maintenir un certain nombre de constantes définies de manière absolue (à l'image de la constance du milieu intérieur de Cl. Bernard), il s'agit pour l'être vivant de maintenir son évolution (individuelle, au moins) disjointe de celle de l'environnement. La vie est alors caractérisée par cette évolution disjointe. On garde bien la conception classique qui veut que l'être vivant se caractérise par sa persévérance dans son être; mais cette persévérance de l'être vivant dans son être est comprise comme le maintien d'une disjonction d'évolution (et donc le maintien de la distinction d'avec le milieu), et non comme le maintien de certaines constantes (d'ailleurs difficiles à préciser, et même assez imaginaires car la plupart des paramètres habituellement retenus varient selon des rythmes plus ou moins réguliers (3). L'être reste en vie tant qu'il
maintient son évolution individuelle disjointe de
celle de l'environnement, quelles que soient les variations
qualitatives et quantitatives de sa matière et de sa
structure. Mourir, pour l'être, c'est rejoindre son
environnement et évoluer avec lui
(c'est-à-dire cesser de s'en différencier). Il
s'agit ici de "re-dynamiser" l'être vivant, de
réintroduire
en lui la dimension temporelle et dynamique
que le statisme bernardien avait
éliminée.»
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« Outre la temporalité de la définition de l'être vivant, la conséquence la plus remarquable de la disjonction d'évolution est l'"écart" qui en résulte entre l'être et son milieu: si la première entité vivante au temps zéro de sa vie était en parfaite continuité physico-chimique avec le milieu prébiotique (puisqu'elle y est apparue spontanément, par le seul libre jeu des lois physiques), les êtres vivants d'aujourd'hui ne sont plus dans une telle continuité avec leur environnement (la génération spontanée de ces êtres n'y est pas possible). En effet, à partir de la continuité primitive, êtres vivants et environnement, malgré leurs relations (et grâce à elles), ont évolué de manières disjointes, asynchrones. Ce déphasage entre leurs évolutions a entraîné l'installation entre eux d'une discontinuité qui croît avec le temps. |
Cette discontinuité physico-chimique se traduit par le fait que l'être vivant actuel, lorsqu'on le considère dans sa globalité, n'est pas directement reliable à son milieu selon les lois physico-chimiques. Il faut remonter à l'origine de la vie pour faire ainsi se rejoindre l'être et son milieu; d'où l'importance, en biologie, de l'explication historique que constitue l'évolution des espèces.» |
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« Cette "non-relation directement selon les lois physico-chimiques" n'a rien de mystérieux; ce n'est qu'une autre manière de nommer la disjonction des évolutions. |
Et ceci pour deux raisons. Tout d'abord,
comme on vient de le voir, le fait qu'ils soient produits
par des évolutions disjointes, implique que
l'être et l'environnement actuels sont en
discontinuité. D'autre part, dire que l'être
actuel évolue de manière disjointe de son
environnement actuel, revient à dire que son
évolution actuelle n'est pas directement
reliée à celle de son environnement selon les
lois physico-chimiques. En effet, puisque ces lois sont,
pour la plupart, des lois d'évolution du type "si A
au temps t1. alors B au temps t2 ", la disjonction des
évolutions n'est rien d'autre que
l'impossibilité
de relier cet être et son environnement par de telles
lois temporelles. Par
conséquent, qu'on le considère
"instantanément" (en tant qu'être actuel) ou
dans son évolution (individuelle et
spécifique), l'être vivant n'est pas
directement reliable à son environnement selon les
lois physico-chimiques ; il Y a une discontinuité, un
écart, entre eux (4).»
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«Cette "non-relation directement selon les lois physico-chimiques" se manifeste par le caractère physico-chimiquement improbable de la structure et de l'occurrence de l'être vivant dans son environnement. |
La biologie moléculaire essaye de l'expliquer en recourant à la notion d'information (qu'on peut relier à celle d'improbabilité) : plus l'être est évolué, plus son écart avec l'environnement est marqué, plus il y est donc physico-chimiquement improbable, et plus il devra posséder une grande quantité d'information génétique pour que son occurrence et sa structure y soient explicables (que cela se traduise ou non par une plus grande quantité d'ADN, car ce qui compte ici est la valeur informationnelle de celui-ci). |
L'information génétique pallie en quelque sorte l'impossibilité d'expliquer l'être vivant actuel dans son milieu actuel par les seules lois physicochimiques. Cette information, en ce qu'elle est une sorte de "mémoire" de l'espèce (une réification de l'histoire de cette espèce sous la forme physique du génome), sert ainsi à articuler (plus ou moins bien) l'explication historique et l'explication physico-chimique de l'être vivant (5).» La note 5, très détaillée, est à lire. |
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Le respect des lois physico-chimiques et leur canalisation
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La discontinuité physico-chimique entre l'être actuel et son environnement actuel constitue une sorte de séparation synchronique entre eux, mais elle ne se comprend qu'en tant que moment artificiellement isolé de la disjonction d'évolution individuelle, sans laquelle elle ne peut se maintenir. |
À elle seule, cette discontinuité ne suffit pas à définir l'être en tant qu'entité distincte puisque, laissée à elle-même, elle tend à s'effacer, en raison de la tendance spontanée au retour à l'équilibre des systèmes physico-chimiques. Il faut qu'elle soit sans cesse entretenue par une évolution (individuelle) qui contrarie cette tendance au retour à l'équilibre. |
Ainsi, un cadavre "frais" n'a pas une discontinuité physico-chimique avec son environnement beaucoup moins marquée que celle d'un être vivant de même espèce; mais cette discontinuité va en s'atténuant au fur et à mesure de la décomposition. L'évolution du cadavre n'est pas disjointe de celle de l'environnement, elle suit le seul jeu libre des lois physico-chimiques. La discontinuité qui reste entre eux n'a alors aucun intérêt puisqu'elle va évoluer, elle aussi, selon ce seul libre jeu, et disparaître.» |
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« La discontinuité physico-chimique entre l'être vivant et l'environnement n'a donc d'intérêt que dans son devenir, dans sa dynamique, et non lorsqu'on la considère de manière instantanée ou atemporelle (tout comme la structure de cet être n'a d'intérêt que dans son devenir, voir ci-dessus la comparaison au groupe de personnes qui marchent). Elle ne nous importe que dans la mesure où elle distingue l'être de son environnement, et cette distinction existe seulement dans le temps. |
Pour que se maintienne une telle discontinuité, il faut que l'évolution du rapport global de l'être et de l'environnement ne se fasse pas selon le libre jeu des lois physico-chimiques, au contraire de ce qui se passe dans le cas d'un objet inanimé ou d'un cadavre. Cela ne signifie pas qu'alors cette évolution ne respecte pas ces lois, mais que, parmi l'ensemble des relations physico-chimiques locales possibles entre l'être et son environnement, seules quelques-unes (sélectionnées) se réalisent: celles qui, organisées entre elles (et souvent possibles seulement l'une par l'autre au sein de cette organisation (6), s'accordent avec la poursuite de la disjonction d'évolution. Un objet inanimé, ou un cadavre, aurait, lui, toutes les relations qu'il lui est possible d'avoir avec son environnement. Une membrane à perméabilité variable est une manière simple de sélectionner ces relations, puisqu'elle permet ou ne permet pas à telle ou telle substance d'entrer ou de sortir, à tel ou tel moment. |
Ce processus est donc une sorte de "canalisation" du jeu des lois physico-chimiques dans le rapport global entre l'être et son environnement ; et cette "canalisation" est indissociable de celle qui se produit lors de l'évolution de la structure de cet être (au niveau individuel, mais aussi, indirectement, spécifique). Tout comme cette structure est constituée par un ensemble organisé de réactions physico-chimiques sélectionnées parmi les possibles, ce rapport global est constitué par un ensemble de rapports physico-chimiques locaux sélectionnés parmi les possibles et organisés entre eux. Ces deux "canalisations" n'existent que l'une par l'autre et sont les deux faces d'un même processus résolvant le déséquilibre né de la disjonction d'évolution: interne pour la structuration de l'être, externe pour la structuration de ses relations avec le milieu.» |
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« Ce jeu canalisé des lois physico-chimiques dans l'évolution du rapport global de l'être et de son environnement constitue le comportement. C'est une définition large puisqu'elle englobe toutes leurs interactions physico-chimiques, qu'elles soient ou non différenciées en une sensibilité, une motricité, une absorption, une excrétion, etc. En ce sens, on peut parler de comportement pour tout être vivant, y compris les végétaux. |
Une forme minimale de comportement consiste, pour l'être, à ne prendre en compte dans l'environnement qu'un certain nombre d'éléments. C'est là une première manière de préserver la discontinuité qui le sépare de cet environnement, puisque l'indifférence à l'égard d'une partie de celui-ci est une sorte d'isolement partiel (grâce, par exemple, à une membrane à perméabilité sélective ). |
Ces éléments externes sélectionnés constituent le milieu extérieur de l'être vivant, c'est-à-dire la partie de l'environnement dont il tient compte. Sont ainsi distingués le milieu extérieur et l'environnement: le milieu extérieur est la partie de l'environnement avec laquelle l'être vivant a des relations, partie qui est alors structurée, pour l'être vivant, en fonction de (et par) ces relations (donc par les capacités d'action de l'être vivant, alors que l'environnement, lui. est structuré par les lois physiques). |
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Dans la réflexion de Canguilhem sur Le vivant et son milieu, on retrouve quelques éléments annonceurs de cette vision des relations entre l'être vivant et son milieu, bien éloigné du discours habituel faisant plus ou moins allégeance à une sélection naturelle mal comprise... je préférais déjà (en 1998) la rencontre de deux histoires (celle de l'homme et celle du hérisson.... avec mon amour du lamento du jardinier d'Electre de Jean Giraudoux...) |
Du fait qu'il est le produit d'une évolution disjointe de celle de l'environnement, l'être vivant se trouve dans un état d'''errance physico-chimique" au sein de celui-ci (il ne lui est pas relié directement selon les lois physico-chimiques). Il doit alors organiser ses relations (physico-chimiques) avec cet environnement: sélectionner certains de ses éléments avec lesquels il interagira, et coordonner ses actions et réactions avec ces éléments sélectionnés (bien souvent, les relations que l'être a avec chacun d'entre eux n'est possible que grâce à celles qu'il a avec les autres au même moment; ce qui donne au comportement un aspect de totalité). De la sorte l'être vivant se constitue, au sein de l'environnement, un milieu extérieur structuré auquel il se relie par un comportement structuré. À une errance physico-chimique dans l'environnement (laquelle conduit tôt ou tard à la disparition de l'entité errante) est substituée une action comportementale déterminée au sein d'un milieu extérieur (constitué et structuré de la sorte). Et ce comportement fait partie intégrante de la disjonction d'évolution.» |
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= discontinuité physique avec l'environnement Nissim Amzallag, qui est un biologiste des travaux duquel je me suis fait souvent l'écho dans mes pages, a grandement utilisé la réflexion d'André Pichot. Il est un des quelques biologistes modernes à travailler dans le cadre d'une nouvelle biologie autonome, tout en s'efforçant de vulgariser son travail. Des exemples de son travail de recherche sont notamment présentés sur le page sur les mutations. |
« En résumé, la
disjonction des évolutions se traduit par une
autonomie
(croissante) des êtres vivants
par rapport à leur environnement. |
Entre l'être vivant et son milieu, il n'y a donc ni séparation radicale (nombreux échanges entre eux), ni continuité physico-chimique (disjonction des évolutions) ; et ceci sans que les lois naturelles soient le moins du monde violées, et sans recours à une quelconque force vitale.
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On tient là une différence fondamentale entre les êtres vivants et les objets inanimés: les objets inanimés, même ceux qui s'auto-construisent (cristaux, structures dissipatives), sont séparés de leur environnement selon l'espace (ils ont des formes définies) mais reliés à lui selon la physique (ils évoluent avec lui) ; les êtres vivants sont séparés de leur environnement non seulement selon l'espace (ils ont des formes définies) mais aussi selon la physique (leur évolution disjointe a créé un écart, une discontinuité). Reste à relier leur séparation selon l'espace et leur séparation selon la physique, à relier leur forme et la dynamique de leur évolution disjointe.» |
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voir une vision CONTINUE de l'espèce dans la fiche Qu'est-ce qu'une espèce ? |
« Nous avons expliqué ci-avant que l'être vivant ne reste en vie que tant qu'il maintient son évolution disjointe de celle de l'environnement. Il s'agissait alors essentiellement de l'évolution individuelle (développement et sénescence). On ne peut cependant négliger ici le rôle de l'évolution des espèces. |
Celle-ci se traduit par le fait
qu'à sa naissance, le nouvel être vivant a un
certain écart
avec son environnement, écart qui est fonction de
l'espèce à laquelle il appartient
(et donc de l'histoire de ses
ancêtres), mais
aussi de l'environnement où il naît
(puisque cet environnement est
l'autre "pôle" de l'écart). Une fois né,
le nouvel être vivant va devoir subsister dans
l'environnement avec lequel il est en discontinuité.
Pour cela, il doit adopter une évolution individuelle
disjointe de cet environnement, car il ne peut pas laisser
sa discontinuité évoluer selon sa "pente
naturelle" (cette pente est celle de la disparition, et donc
de l'indifférenciation au sein de l'environnement).
D'une certaine manière, la disjonction de
l'évolution individuelle, avec ses deux faces,
interne et externe (structurale et comportementale), est la
réponse à la discontinuité
imposée à l'être vivant, dès sa
naissance, par la disjonction de l'évolution des
espèces.
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Cette notion
de pente ou de disjonction de
l'évolution (ou encore d'écart
à l'environnement) est assez difficile
à saisir, voire confuse POUR MOI.
Dans le schéma
ci-dessus, s'agit-il d'un écart à
l'environnement ou d'un écart entre les
espèces elles-mêmes ? Je laisse cette question
en suspens. |
« L'écart entre un être vivant est ainsi fonction de deux paramètres, la "pente" de la disjonction de son évolution, et la durée de cette évolution. À pente égale, plus un être est proche de l'origine de la vie, plus son écart est faible. A durée égale, plus la pente de disjonction d'évolution est forte, plus l'écart est grand. Un être actuel, qui a évolué avec une pente "faible", a un écart qui n'est pas beaucoup plus grand que celui d'un être fossile dont la pente d'évolution a été plus forte. On peut alors dire de l'un comme de l'autre que ce sont des êtres peu évolués, l'un parce qu'il vivait il y a très longtemps, l'autre parce que, bien qu'il vive aujourd'hui, son évolution n'a pas eu une "pente" très forte. |
Si l'on tient compte de ce que, pour un écart donné, seul un nombre restreint de formes est sans doute possible, du fait des contraintes inhérentes au statut physique très particulier qui résulte de la disjonction d'évolution, alors il est très probable que des êtres actuels et des êtres fossiles ayant des écarts comparables avec l'environnement auront des formes comparables. De manière plus générale, la physique étant ce qu'elle est. il n'y a sans doute qu'un nombre limité de formes capables d'exister en disjonction avec leur environnement, les formes dans lesquelles l'écart physique est surmonté, résolu (plutôt que comme l'expression d'un programme, la morphogenèse serait à comprendre comme la solution à la tension inhérente à cet écart physique; les voies réactionnelles choisies dans cette morphogenèse seraient les voies "de moindre résistance", plutôt que des voies déterminées par une information génétique (7). Je recommande la lecture de la note 7 avec un point essentiel: la différence entre mémoire et histoire, si malencontreusement confondus dans le darwinisme (voir aussi page sur l'hérédité). |
Ces formes ne pouvant être réalisées que par un processus historique (elles dépendent de l'engagement dans telle ou telle voie à tel ou tel moment de l'évolution), il n'est pas sûr que toutes les formes possibles aient été réalisées. Ce qui signifie qu'il y a bien un parallélisme entre les formes qui se sont succédé dans le temps et les formes actuelles classées selon un écart croissant, mais que. du fait des contingences de l'histoire, ce parallélisme ne peut être qu'approximatif. Nous ne développerons pas tout cela ici, car cela nous entraînerait trop loin (8). Il s'agissait seulement, pour conclure cet ouvrage, d'indiquer quelques voies possibles pour une biologie qui étudierait la vie. et non simplement la matière des êtres vivants. Il existe maintenant des outils mathématiques et physiques qui le permettent. Contrairement à ce que pourrait laisser penser la stagnation théorique de la biologie moléculaire (mal masquée par le développement d'applications pratiques et les opérations à grand spectacle du style "génome humain"), l'histoire de la biologie n'est pas finie.» |
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Notes |
(1)
On pourrait reprendre ici l'expression de F. Jacob "le jeu
des possibles", mais certainement pas pour aboutir à
une théorie du bricolage de l'évolution. comme
le fait cet auteur; l'important est plutôt dans la
différence que le jeu des possibles installe entre
l'évolution (individuelle et spécifique) des
êtres vivants et l'évolution de
l'environnement. Par ailleurs, dans la vie de l'individu,
l'engagement dans une des voies possibles ne constitue
jamais un fonctionnement machinique, mais une transformation
(et cela tout le long de la vie: dans le
développement, l 'âge adulte et la
sénescence).
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