Du génotype au phénotype, applications biotechnologiques


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Remarques pour les collègues:
1. Seuls les gènes du protéome sont au programme; ce qui fait 20.000 à 25.000 gènes pour 1,2% de l'ADN humain (voir
cours de 1ère S, partie 2.3.2.1).
2. Je suis fermement partisan de parler des ARNm. Les ARN ne sont pas exigibles mais les élèves de 1ère ES et de 1ère L doivent savoir ce qu'est un ARN ne serait-ce que pour parler de code génétique. Le code génétique "en terme d'ADN" du Bordas p 179 pose un vrai problème de cohérence scientifique : les auteurs se sont contentés de changer U en T; pour une séquence d'ADN donnée (brin d'ADN transcrit qui est le seul qui ait un sens biologique). L'utilisation du "code génétique en terme d'ADN" ne donne pas un résultat correct; d'abord il manque l'étape de la transcription ce qui fait que les bases de l'ARNm sont complémentaires des bases du brin transcrit de l'ADN et ensuite les étapes de maturation des ARNm, si importantes pour les eucaryotes, sont rendues impossibles; comment parler ensuite aux élèves de la complexité du lien entre la présence d'un gène protéique et la synthèse d'une protéine associée, si on a présenté le lien sous forme d'un code rigide). Présenter un faux code génétique empêche aussi toute utilisation des logiciels habituels.
3. Le terme d'allèle désigne exactement et étymologiquement la forme d'un gène héréditaire (au sens héréditaire). Il est employé par le programme dans cette partie de façon strictement équivalente à "séquence d'ADN pour un gène moléculaire". Mais comme ce mot ne risque pas de passer dans le langage courant, je crois qu'on peut garder pour les 1ères ES et 1ères L ce sens erroné et qu'il est inutile de parler de caractères, de gène au sens héréditaire (gène héréditaire) ni d'allèle au sens strict, c'est-à-dire au sens héréditaire.
4. Le terme de génotype désigne au sens propre l'ensemble des allèles au sens héréditaire d'un individu. Pour le programme je crains que génotype ne désigne la liste des allèles d'une cellule théorique, le génotype étant supposé identique pour toutes les cellules d'un organisme. Il est indispensable de corriger cette vision. Même remarque pour le phénotype.

Rappels de seconde: vous pouvez remplacer le mot polymère par chaîne si vous voulez, mais ce n'est pas un mot scientifique, il n' a donc pas de signification précise mais donne une image simple.
* un polymère est une molécule composée de nombreuses sous-unités identiques.
* les acides nucléiques sont des polymères de nucléotides. Ils sont composés de 4 types de nucléotides différent chacun par une base: A(adénine), C(cytosine), G(guanine), la quatrième base différant pour l'ADN T(thymine) et l'ARN (uracile). L'ADN est une molécule double brin (deux brins appariés par des liaisons faibles entre bases complémentaires) en hélice. L'ARN est une molécule simple brin dont certaines parties peuvent se replier et s'apparier.
* les protéines sont des polymères d'acides aminés (aa): il existe 20 aa dans les protéines (Bordas p 172, 179); un peptide est un polymère d'aa au sens le plus large; les oligopeptides ont moins de 10 aa. Les polypeptides sont composés de 10 à 100 aa; les protéines sont des polypeptides ou des peptides encore plus grands dont le poids moléculaire (masse d'une molécule exprimée en dalton, masse de l'atome d'hydrogène: 1,67.10-24 g ) est supérieur à 10.000 daltons. La plupart des protéines cytoplasmiques ont entre 120 et 300 aa (sous forme plus moins globulaire elles occupent une sphère d'environ 3,5 nm de diamètre). Il existe des protéines gigantesques intracellulaires (kératine des ongles, poils...) ou extracellulaires (collagène...).

1. La synthèse des protéines (du gène moléculaire à la protéine)

Observer - Manipuler - Expérimenter

90% de l'ADN n'a aucune fonction connue. Au sens strict de la biologie moléculaire une séquence de l'ADN n'est un gène (noté gène moléculaire) que s'il a une fonction connue. La seule fonction connue est de servir de modèle à un ARN. Il existe de nombreux ARN dont les ARNm qui vont être traduits en protéines. Les gènes moléculaires formant le protéome, sont des séquences d'ADN utilisées pour la synthèse de protéines. Les gènes moléculaires du protéome forment une information génétique protéique. Les éléments cellulaires non génétiques constituent une information cytoplasmique. Les protéines sont alors le résultat de mécanismes que l'on regroupe sous le terme d'expression de l'information génétique et cytoplasmique.

La synthèse des protéines a lieu dans le cytoplasme cellulaire (film). On ne vous demande d'en retenir que le point de départ et le point d'arrivée (Bordas p 185). Quelques éléments des étapes intermédiaires sont données (Bordas p 186-187).

Il y a une correspondance entre la séquence des bases azotées de l'ADN et la séquence des acides aminés qui composent les protéines. Cette correspondance repose sur quatre mécanismes cellulaires (aucun n'est au programme): transcription (passage ADN->ARNm), maturation des ARNm, traduction (passage ARNm->chaîne polypeptidique), maturation de ou des chaînes polypeptidiques et assemblage en une protéine.
Le code génétique correspond à une étape principale: le passage ARNm-> chaîne polypeptidique. C'est l'étape la plus rigide et la mieux connue.
Pour "simplifier" dans le manuel scolaire Bordas (p 179) on présente un FAUX code génétique dans lequel les codons de l'ARNm sont remplacés par les triplets de base de l'ADN (U est simplement remplacé par T).

L'ensemble des gènes d'une cellule forme son génome. Par approximation on considère que le génome d'un pluricellulaire est unique et identique pour toutes les cellules. Cela suppose qu'au cours du développement l'ADN est transmis à chaque cellule (par la mitose) sans aucun changement et qu'il ne subit aucune altération (ni ajout ni perte, ni modification de séquence); ce qui est manifestement faux. De nombreuses cellules multiplient leur ADN, d'autres perdent des chromosomes. D'autres enfin subissent des mutations qui sont des changements dans la séquence de l'ADN.
Pour être visibles les mutations doivent toucher des gènes moléculaires et même des parties de gènes dont on peut suivre l'expression. Pour être transmises à des descendants chez l'homme, les mutations doivent toucher les cellules sexuelles (gamètes).

Apprendre

Un gène (pour un élève de 1èreL ou 1èreES) est une séquence d'ADN utilisée pour la synthèse d'une protéine.

Le code génétique donne la correspondance entre les triplets de bases de l'ARNm (codon) et les acides aminés (aa) des chaînes polypeptidiques.
Le code génétique est universel, redondant (plusieurs codons sont associés à un seul aa) et ponctué (les codons STOP terminent la chaîne peptidique).

Le génome est l'ensemble des gènes d'une cellule ou d'un individu.
Une mutation est une (petite) modification de la séquence d'un gène.

Appliquer

Exercices Bordas, 188 n°2, p 189 n°3, p 190 n°5

Comprendre

On a utilisé depuis les débuts de la biologie moléculaire (vers 1960) une analogie entre l'information génétique et un texte. On parle de lecture de l'ARN. Les mots seraient des triplets de nucléotides (codons). Le code génétique serait un code de lecture.

Peut-on améliorer cette image à la lueur des connaissances plus modernes ?

Ce sont les chaînes peptidiques (et les ARN non traduits) qui seraient les mots (et donc bien les gènes moléculaires qui leur sont associés). Le sens d'une phrase donné par une association de mots serait alors la fonction biologique réalisée par les protéines et ARN.
C'est l'ADN qui est lu par la cellule, en fonction de ses activités.
Si l'on cherche à comprendre la vie il faut comprendre pourquoi, une cellule, à un instant donné, exprime tel ou tel gène.
* Les partisans d'un programme génétique, souvent matérialistes, affirment que l'expression de tel et tel gène à tel instant est le résultat d'une finalité aveugle (ou nécessité comme l'on voudra) due aux conditions dans lesquelles une cellule vivante se trouve (l'environnement agit sur l'expression de l'information génétique).
Pour approfondir voir l'article forme de Jean Petitot dans l'Encyclopedia Universalis dont voici un bref extrait: « Actuellement, on considère que le néo-darwinisme - c'est-à-dire la synthèse de la théorie darwinienne de l'évolution et de la génétique moléculaire - fournit un cadre approprié pour la pensée de la forme en biologie.(...) Or le paradigme néo-darwinien est un système conceptuel dont l'apparente «évidence» rend précisément inintelligibles les phénomènes morphologiques. Il ne peut que les attribuer à un hasard évolutif en niant toute nécessité dans l'ordre des formes, toutes «lois» de la forme.
Cela est essentiellement dû au fait que, dans ce paradigme, on identifie subrepticement le concept de contrôle à la catégorie de cause. Le génome contrôle la forme et le développement. Son contrôle permet donc de maîtriser ses effets. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'il n'existe pas de contraintes autonomes et spécifiques auxquelles doivent satisfaire les formes. En faisant équivaloir le contrôle génétique à une cause déterminante, on postule sans plus d'enquête qu'il n'y a rien à expliquer du côté de ce qui est contrôlé. Conception historiciste et dualiste, le néo-darwinisme postule l'existence d'une instance organisatrice de la matière. C'est un réductionnisme matérialiste qui admet le primat du fonctionnel, réduit la connexion structurale et l'organisation positionnelle des parties à une simple contiguïté spatiale, et subordonne la «finalité interne» à la «finalité externe», c'est-à-dire à l'adaptation et à la sélection. Pour lui, la structure se réduit à l'hérédité. Elle est donnée historiquement, et sa seule nécessité est celle de son évolution. Elle n'est donc que l'artefact de son contrôle, l'expression épigénétique de son programme génétique. »

* Au contraire, les partisans d'une finalité globale de l'être vivant, pas nécessairement matérialistes ni vitalistes si cette opposition signifie encore quelque chose, cherchent à formaliser de façon mathématique ce pour quoi une cellule vit. La vie est posée, pragmatiquement, comme un phénomène, qu'il faut comprendre et donc mathématiser pour comprendre. (pour des détails voir une page en préparation)
Voici un citation de René Thom à ce sujet (extrait de "La notion de programme en biologie" (René Thom, 1984f5).

« I Introduction : La théorie en biologie
Depuis qu'à partir du 16e siècle, on a commencé à ouvrir les cadavres afin d'en scruter les organes internes, l'explication biologique a pris un tour résolument techniciste. On assimile l'organe à un outil, lequel, construit par l'homme en vue d'une fin connue, ne présente aucun obstacle à l'intelligibilité. Dès Harvey, ce point de vue a obtenu d'indiscutables succès. Il est indéniable que le coeur est une pompe qui refoule le sang dans ces canalisations que sont nos vaisseaux. De même, les poumons se comportent (sur le plan mécanique) comme un soufflet (mais ici l'interprétation mécaniste laisse de côté la fonction physiologiquement essentielle d'échange gazeux entre l'air et le sang). Le squelette (os + articulations) permet une interprétation mécanique immédiate. Toutes ces descriptions ont abouti à la théorie cartésienne de l'Homme animal-machine, et ce n'est guère qu'avec le plus noble de nos organes (le siège de l'âme), à savoir le cerveau, que l'imagerie techniciste est quelque peu restée courte. Mais, avec la naissance quasi-simultanée, vers 1950, des ordinateurs et de la Biologie Moléculaire, cette imagerie a connu son plus récent et peut-être son plus glorieux avatar. On a fait de l'ADN des chromosomes, du génome, l'analogue du programme qui régit le fonctionnement d'un ordinateur. Cette dernière interprétation offrait, sur le plan conceptuel, un nouvel, énorme avantage. En effet, l'imagerie techniciste des organes soulève, de manière inévitable, le problème de la finalité. Comment tous ces mécanismes d'une haute efficience, d'une parfaite efficacité, comment toute cette horlogerie pouvait-elle se construire apparemment sans horloger ? À partir du moment où l'on pouvait supposer « codée » dans l'ADN du génome toute la structure organique, le mystère s'effaçait, puisqu'il suffisait d'imaginer que l'ADN, promu au rang de démiurge, dirigeait toute l'épigenèse de l'être vivant, à la manière d'un ingénieur dictant ses ordres à ses subordonnés. Moyennant quoi, on a pu rendre admissible la finalité, rebaptisée pour la circonstance téléonomie. Et cela d'autant plus que la traduction ADN ? Protéines, via l'ARN messager était un code au sens étroit, technique, du terme, puisque cette opération associe à tout triplet de nucléotides un acide aminé bien défini. Or, dans le premier cas la situation est toute différente : il s'agit de comprendre comment « l'information » supposée incluse dans l'ADN génique, peut spécifier la structure tridimensionnelle de l'organisation embryonnaire, puis adulte. (Je parle ici des Pluricellulaires, je reviendrai sur le cas des Unicellulaires en fin d'exposé.) Pratiquement toute la théorie biologique moderne s'est trouvée enfermée dans l'homonymie abusive de ces deux emplois du mot code, et cet abus de langage l'a condamnée à une stérilité conceptuelle dont elle n'est pas encore sortie...
Comment sortir de cette impasse ? Il ne fait guère de doute que seule une certaine audace théorique peut permettre de faire avancer la question. Il faut songer à réintroduire en Biologie l'imaginaire, cet imaginaire sans lequel il n'est pas de théorie. Déjà, dans l'interprétation techniciste des organes, ne peut-on songer comme autrefois le suggéra Bergson à renverser l'ordre des termes ? Plutôt que d'expliquer l'organe par l'outil, ne faudrait-il pas plutôt expliquer celui-ci par celui-là ? Autrement dit, l'imagination intuitive qui a permis à l'Homo Faber de construire, bien avant toute science constituée, des outils doués souvent d'une remarquable efficience, cette intuition ne trouvait- elle pas son origine dans un « inconscient biologique » légué par l'évolution phylogénétique de l'espèce ? Et ceci d'autant plus que la plupart des outils ne sont en fait que le prolongement d'actions, motrices ou physiologiques, et que l'action dans son organisation spatio-temporelle, nous est organiquement léguée. Il faut reprendre ici l'axiome lamarckien : la fonction crée l'organe non pas au sens banal qui voudrait qu'une structure organique se crée ou se développe à la suite de l'usage qui en est fait, mais de manière plus abstraite, plus « platonicienne ». Toute la régulation épigénétique et comportementale d'une espèce repose sur une structure formelle de caractère géométrique (topologique) qui se réalise dans l'espace des activités métaboliques de l'organisme ; une « fonction » apparaît alors comme le dispositif régulatoire partiel afférent à l'homéostasie d'un paramètre physiologique essentiel (teneur en réserves énergétiques, en oxygène, en déchets organiques... par exemple), et la réalisation organique d'une telle fonction peut comporter les agents physico-chimiques les plus variés, comme les organes les plus divers. (Par exemple, la communication entre animaux d'un même groupe social peut employer des signaux olfactifs, sonores, visuels... souvent dans un même but). Toutes ces « fonctions » concourent ainsi à la canalisation de la dynamique dans l'espace des activités métaboliques, formant ainsi un « attracteur » global (que j'ai proposé d'appeler la figure de régulation de l'espèce considérée). »

2. Les protéines participent au phénotype

Observer - Manipuler - Expérimenter

Un exemple: la drépanocytose : Film Jeulin, Bordas p 174, 175 (tableau du cours de 1èreS pour un approfondissement - paragraphe 2.3.2.2); trois niveaux d'étude et de compréhension DE LA MALADIE:
* niveau moléculaire (Bordas p 175 B4, p 179 B3, p 194) : une maladie de l'hémoglobine: la drépanocytose est une hémoglobinopathie due une mutation ponctuelle (CTC en CAC pour le brin non transcrit) d'un seul site d'un seul gène (situé sur le chromosome 11 chez l'homme) de la chaîne ß de l'hémoglobine (molécule composée de 4 chaînes soit 2 alpha et 2 bêta, identiques habituellement 2 à 2). Cette mutation conduirait au changement du 6ème acide aminé de la protéine: l'acide glutamique (Glu) étant remplacé par la valine (Val) chez les drépanocytaires. Glu est l'acide aminé le plus hydrophile ce qui conduit à une déformation de la molécule d'Hb dont une ou deux chaînes d'une même molécule peuvent être atteintes. La molécule d'Hb des drépanocytaires est notée HbS (S pour soluble) et peut former de longs polymères (les molécules se polymérisent) qui donnent un aspect fibreux au contenu des hématies des drépanocytaires.
* niveau cellulaire : une maladie de la déformation des hématies; certaines hématies des drépanocytaires sont en forme de faux (drepanos en grec) ou faucille et leur rigidité les conduit à se bloquer dans les capillaires. On retiendra qu'une hématie, se forme dans la moelle osseuse, n'a pas de noyau, vit 120 jours, et est produite à raison d'environ 200 milliards par jour sachant que le sang en contient environ 25.000 milliards...
* niveau de l'individu : une maladie circulatoire (Bordas p 195); la drépanocytose est une maladie dont les symptômes (douleurs, fièvre (due à l'éclatement de globules rouges), vertiges, maux de tête, anémie (diminution du nombre de globules rouges qui sont détruits parcequ'anormaux...), lésions d'organes...) peuvent tous être rattachés à des problèmes circulatoires au niveau des capillaires (certains sont même bouchés ce qui peut se voir par échographie à effet Doppler).

L'ensembles de caractéristiques de cette maladie constitue un tableau clinique que l'on peut qualifier de phénotype malade (ou drépanocytaire) et qui s'oppose au phénotype sain. Ces deux notions ne sont pas équivalentes.

On considère que le malade est atteint d'une maladie héréditaire associée à un gène porté par un chromosome. Ce gène peut donc être sous l'allèle malade (drépanocytaire - noté S) ou sous l'allèle sain (noté A). Comme chaque individu est porteur de deux gènes (l'un paternel, l'autre maternel) les génotypes possibles (on porte les allèles de part et d'autre d'une (double) barre de fraction) sont A//A pour l'homozygote sain, A//S pour l'hétérozygote (qui présente des symptômes plus ou moins légers) et S//S pour l'homozygote malade (qui présente souvent des symptômes graves). Le phénotype, au sens de la biologie moléculaire, c'est-à-dire ici principalement le type de chaînes d'Hb, devient équivalent de l'expression des allèles (moléculaires) au niveau de l'individu. CQFD : la maladie est un phénotype qui résulte d'un génotype.

MAIS
il ne faut pas oublier que la maladie n'est pas uniquement moléculaire et qu'il existe au moins le niveau cellulaire et le niveau physiologique des organes qui peuvent modifier profondément le lien entre ce génotype moléculaire et le phénotype global de l'individu. On a pris l'habitude de désigner tous les autres facteurs sous le terme d'environnement.

Apprendre

Un allèle est la forme (ou la séquence) d'un gène moléculaire (au sens de la biologie moléculaire, seul sens pour les élèves de 1èreL et 1èreES mais sens erroné, voir tableau dans la page annexe).
Les séquences de gènes peuvent être changées par mutation. Chaque cellule humaine possède au moins deux exemplaires de chaque gène pour chaque protéine synthétisée et donc deux allèles. La liste des allèles d'une cellule est appelée génotype.
On suppose que toutes les cellules d'un individu ont le même génotype. Le génotype d'un individu est alors le génotype d'une seule de ses cellules.
Chez un homozygote les allèles sont identiques, chez un hétérozygote les allèles sont différents. Une cellule peut exprimer préférentiellement un allèle qui est dit dominant par rapport à l'autre qui est dit récessif. Deux allèles différents exprimés de façon équivalente sont dits codominants.

Le phénotype (du grec "phenos"=visible) est la forme visible d'un allèle. Par extension le phénotype désigne l'ensemble de traits de caractères d'un individu qui résultent de l'expression du génotype.
Le phénotype d'un individu résulte de l'action de l'environnement sur les facteurs héréditaires résumés sous le terme de génotype.

Les gènes des protéines, participent ainsi de façon essentielle à l'identité biologique d'un organisme.

Appliquer

Exercice Bordas n°2 p 203 (groupes sanguins A, B, o: 1gène, 3 allèles dont deux codominants et un récessif)
Annales: sujet 49, Q2; sujet 46, Q1, Q2, Q3; sujet 45, Q1, Q2, Q3; sujet 48, Q1, Q2, Q3

Comprendre

A lire

Toutes les notions présentées ici sont approchées (ou même fausses) car elles reposent sur trois approximation que l'on sait pertinemment être fausses:

  • approximation quantitative:
    toutes les cellules d'un organisme composé de plusieurs cellules (et notamment de l'homme) ont la même quantité d'ADN, alors que l'on sait que certaines cellules voient leur ADN dupliqué, de nouvelles séquences insérées à partir d'ARN étrangers, de l'ADN est aussi souvent perdu...
  • approximation qualitative:
    toutes les cellules d'un organisme composé de plusieurs cellules (et notamment de l'homme) ont les mêmes gènes moléculaires, ce qui est faux pour les mêmes raisons que ci-dessus, l'ADN n'est pas figé dans une cellule au cours de sa vie;
  • approximation sémiotique (de sémion = le sens):
    toutes les cellules d'un organisme composé de plusieurs cellules (et notamment de l'homme) utilisent l'ADN d'un gène moléculaire (expriment l'information génétique) toujours de façon identique (une même séquence d'ADN du protéome est toujours associé à une seule protéine identique), alors que l'on connaît des séquences d'ADN qui peuvent conduire à des protéines différentes selon la cellule, et que l'environnement cytoplasmique fait qu'un gène peut être ou non exprimé...

Allèle, génotype et phénotype ne sont pas des notions de la biologie moléculaire mais des notions héréditaires qui ont été définies au niveau de l'organisme. La réduction au niveau cellulaire pose de nombreux problèmes ( voir tableau dans la page annexe)).

Revenons rapidement sur la drépanocytose:
Cet exemple est L'exemple historique et presque singulier d'une explication de type causal entre un gène et une maladie, ce qui en fait le prototype et le modèle des maladies génétiques. Mais il ne faut pas penser que d'une part le déterminisme est absolu entre la molécule d'ADN et la maladie et d'autre part qu'il existe de nombreuses autres maladies identiques, voire que toutes les maladies présentant des facteurs génétiques peuvent s'étudier ainsi.

Ce qui est au contraire le plus surprenant c'est la stabilité de la mutation (et son héritabilité) en regard des symptômes et des degrés variés de pathologie. Il y a une énorme variabilité de la molécule d'ADN (plusieurs centaines de petites différences entre les chaînes alpha ou bêta des individus du monde entier ont été trouvées; certaines étant associées à des pathologies d'autres non). Mais il y a relativement peu de pathologies. Les plus connues des pathologies sont les thalassémies du nom de la thalassa, la mer Méditerranée car elles sévissent principalement sur le pourtour de celle-ci. Avec une vision un peu décalée par rapport au discours habituel on pourrait dire que ce sont les pathologies, peu nombreuses, qui stabilisent des formes plus variées de séquences d'ADN.

3. Quelques applications du génie génétique

Observer - Manipuler - Expérimenter

* la production de l'insuline humaine par des bactéries modifiées par génie génétique (Bordas p 180): repérage du gène, excision, multiplication, insertion dans un vecteur (plasmide de levure), puis insertion des plasmides transgéniques dans des bactéries dont certaines deviennent transgéniques et produisent l'insuline. La souche bactérienne modifiée (transgénique) fait l'objet d'un brevet.
* les OGM sont des organismes génétiquement modifiés (Bordas p 181); on utilise plutôt ce nom pour désigner les organismes à rôle alimentaire pour l'homme ou les animaux d'élevage (maïs, riz,...)
* diagnostic génétique (d'un allèle) et utilisation pour une prédiction génétique (c'est une nouvelle médecine, ni préventive, ni curative, mais prédictive, qui étudie les risques...).
* la thérapie génique est une transgenèse à but thérapeutique; elle repose sur l'espoir de voir des cellules humaine présentant une déficience génétique être transformées favorablement directement in vivo ou in vitro puis réimplantées chez l'homme. La technique n'en est qu'à ses balbutiements et pose bien souvent des problèmes éthiques car de nombreuses recherches se font sur des cellules embryonnaires.

Apprendre

Le génie génétique est un ensemble de techniques permettant de former de nouvelles combinaisons d'ADN susceptibles d'être insérées dans une cellule vivante et y être exprimées.
Maintenant on parle souvent de génomique, qui désigne la science des gènes et des techniques de la génomique pour désigner la technologie.

L'éthique est la science des actes humains regardés selon leur orientation vers une fin.

Appliquer

Exercice Bordas n°6 p 190 (transgénèse)
Annales: sujet 50 Q1, Q3

Comprendre

La bioéthique est un terme récent qui désigne les interrogations éthiques posées par les pratique médicales et biotechnologiques très récentes.
Morale et éthique ont la même origine étymologique : moris (en latin) et ethos (en grec) signifiant la coutume (mœurs) ou l'inclination naturelle à agir (comportement)); la fin étant "ce pour quoi agit celui qui agit" (Aristote). En science expérimentale les causes finales (voir les 4 causes d'Aristote en sciences de la vie) sont souvent rejetées comme non scientifiques, alors qu'elles sont fondamentales: la vie est l'expression d'une finalité évidente réduite à l'absurde par celui qui n'accepte qu'une causalité matérielle.

La fin la plus haute de l'homme (que l'on appelle la fin dernière) est ce qui est justifie la cause finale de l'homme: ce qui est le plus élevé en lui ou qui est son fondement: sa nature. Les actes humains sont libres, conscients, volontaires, c'est en ces sens qu'ils se différencient de ceux des animaux (voir Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, article 1). Il n'y a pas d'éthique animale : l'étude du comportement animal est l'éthologie (qui a la même racine étymologique que l'éthique). La conscience est un acte, un jugement moral qui applique la loi naturelle aux cas concrets. La conscience peut être obscurcie, se tromper, douter, ou encore être violentée. La liberté psychologique de l'homme c'est sa capacité à ne pas suivre sa conscience. D'où une grande diversité dans les expressions individuelles face à la loi morale naturelle. Si je pense que la loi naturelle est une, je suis aussi bien conscient que tous les hommes ne sont pas prêts à s'accorder sur tous ses éléments mais je pense que c'est un but à atteindre.

Il ne faut pas confondre:
* éthique et religion alors qu'il ne s'agit pas d'un problème de croyance mais d'un consensus sur la nature humaine et sur une loi naturelle;
* éthique et légalité, qui fait référence à une norme édictée par l'autorité légitime (alors que la morale fait référence à une norme édictée par la conscience en référence à la loi naturelle)
* éthique et déontologie, médicale par exemple ; la déontologie (étymologie : du grec deos = devoir et ontos = être) étant un ensemble de règles de conduite appliquées dans une profession ; l'éthique regarde la finalité de l'homme et ne statue pas sur des pratiques de tel ou tel art; par contre il y a bien sûr une éthique médicale mais son étude est comprise dans celle de l'éthique en général.

On ne fait pas d'éthique, sinon creuse, sans philosophie et sans anthropologie.

Contre le discours éthique abstrait : les avis des comités d'éthique sur Dolly et le clonage manquent le fond du débat,
M. Tibon-Cornillot, La Recherche, 306, février 1998, 119-121
Un entretien avec l'auteur du livre : "Les corps transfigurés", Seuil, 1992, sur la "mécanisation du vivant et de l'imaginaire en biologie". Quelques citations de l'entretien:
«...La majorité des membres des comités d'éthique représentent les milieux directement impliqués dans les sujets qui font problème et qu'ils ont à traiter... Ils sont l'émanation de la société industrielle en marche....ce que brassent les comités d'éthique, c'est ce que j'appelle l'humanisme abstrait...en effet utiliser des cellules somatiques d'une personne vivante pour fabriquer des clones de cette personne est une instrumentatisation... mais... les enfants ne sont-ils pas instruments du désir d'un couple... Et la fécondation in vitro avec don de sperme, naguère vouée aux gémonies, aujourd'hui banalisée, n'est-elle pas un bel exemple d'instrumentalisation de la personne ? ... Ainsi le même texte de l'avis évoqué ci-dessus, après avoir mis en garde contre le risque de «grave confusion à dissiper» entre identité génétique et identité personnelle, réintroduit cette même confusion en écrivant : «Le caractère unique de chaque être humain dans quoi l'autonomie et l'unité de la personne trouvent support, est exprimé de façon immédiate par l'unicité d'apparence d'un corps et d'un visage, laquelle résulte de l'unicité du génome de chacun». Les jumeaux sont présentés comme une exception rare à la règle alors qu'elle n'est pas si rare que cela et surtout infirme la règle...Soit on décide de donner à l'embryon le statut d'une personne, et l'on doit faire comme les Allemands : interdire toute forme de manipulation. Soit on accepte son instrumentalisation, au nom du pragmatisme et de la reconnaissance d'autres formes d'instrumentalisation, plus violentes encore, mais alors il faut renoncer aux discours creux de l'humanisme abstrait ».

Un effort de consensus tout à fait louable a été fait en direction de la bioéthique par la Déclaration universelle sur le Génome humain et les Droits de l'Homme (1997, site de l'UNESCO :http://portal.unesco. org/fr/ev.php-URL_ ID=13177&URL_DO=DO_ TOPIC&URL_ SECTION=201.html). Mais le premier articleLe génome humain sous-tend l'unité fondamentale de tous les membres de la famille humaine, ainsi que la reconnaissance de leur dignité intrinsèque et de leur diversité. Dans un sens symbolique, il est le patrimoine de l'humanité. » est contestable:
En anglais (adresse:http://portal.unesco.org/en /ev.php-URL_ ID=13177&URL_ DO=DO_TOPIC&URL_ SECTION=201.html: "The human genome underlies the fundamental unity of all members of the human family, as well as the recognition of their inherent dignity and diversity. In a symbolic sense, it is the heritage of humanity." Underlying a une signification figurée très forte comme "fondement", "base"; ce qui est une interprétation très excessive du rôle du génome. Il est nécessaire de répéter ici que l'unité de l'homme, sa nature et la dignité de sa personne ne sont pas fondées par la biologie...Je conteste aussi fortement l'idée que la diversité génétique est le fondement de la diversité biologique.
La notion de patrimoine de l'humanité n'a pas de sens univoque : il s'agit d'un problème de responsabilité de l'homme, partagée par tous les hommes, ce qui est bien la caractéristique d'un droit universel. Le "patrimoine génétique" individuel est le bien inviolable de chaque personne et c'est bien le but de cette déclaration de tenter de la protéger, juridiquement.
On notera aussi que l'article 11 n'interdit pas le clonage humain quelqu'en soit la fin ou que l'article 12 ne cite le mot liberté que dans un sens creux.