L'aventure de la recherche paléoanthropologique
(place de l'homme dans l'évolution) - EN COURS de rédaction 2006

plan du cours, accueil du site


Le programme propose 3 parties:
- à la recherche de l'ancêtre commun: les classifications, la phylogénie.... c'est mettre la charrue avant les bœufs : la paléontologie c'est d'abord des fossiles.
- les mécanismes de l'évolution: dogmatique et dépassé.... on nous propose sans rire un TP pour critiquer le lamarckisme mais on ne propose pas de parler de darwinisme.... cela va sans dire ; c'est une idéologie masquée.
- émergence du genre Homo: le vif du sujet: les fossiles et les traces d'homme... toujours à traiter en 5 heures.

Dans la première partie je ferai un résumé de toutes les notions vues avec les élèves et ÉTABLI AU FUR ET À MESURE à l'occasion d'études de sujets de bac.
Dans la seconde partie j'essaierai de jeter les bases d'un cours à construire.


Plan de cette page

1 - Fiches établies à partir de la correction de sujets:
- l'homme fossile
- la bipédie
- des théories de l'évolution

2. Éléments pour un cours (en préparation, remis à plus tard)


1. Fiches résumés

L'homme fossile

Un homme est bien plus qu'un animal

L'anthropologie (du grec anthropos = l'homme) qui s'appuie sur la philosophie est la science de l'homme en tant qu'être vivant semblable à nul autre.

Une définition de l'homme, due à Linné, 1758 : animal rationale, loquens, erectum, bimanum (animal rationnel, doué de parole, en position érigée (station droite), pourvu de 2 mains).

Pour un biologiste, l'homme est un être vivant qui peut être rapproché par de nombreux caractères des Primates (ordre qui regroupe 4 sous-ordres: Tarsiens, Lémuriens, Simiens et Hominiens) et plus particulièrement des grands singes qualifiés eux-mêmes d'anthropomorphes (qui signifie "de même forme que l'homme"). Ces singes ou Simiens Catarhiniens comprennent les Gibbons (Hylobates), les Orang-Outans (Pongo), les Chimpanzés (Pan) et les Gorilles (Gorilla)) (classification in PP Grassé, voir ancien cours de TS). Dans la classification binominale (qui comporte 2 noms) initiée par Linné l'homme a reçu le nom d'Homo sapiens (Homo est le nom de genre, qui commence toujours par une majuscule et sapiens est le nom d'espèce, qui commence toujours par une minuscule).

Actuellement plusieurs classifications sont utilisées qui incluent bien évidemment les fossiles.

Le terme d'Hominidés (sl) désigne au sens large une famille qui regroupe les grands singes anthropoïdes africains du groupe des Gorilles et des Chimpanzés ET l'homme et ses ancêtres les plus proches. Au sens restreint les Hominidés (sr) regroupent l'homme et ses ancêtres (fossiles) les plus proches uniquement, à l'exclusion des singes. Le terme d'Homininés (regroupant Homme et Chimpanzés) est employé par les partisans des classifications utilisant le cladisme (cette méthode a fortement contribué à donner une importance beaucoup plus grandes à des données moléculaires peu signifiantes comme les séquences d'ADN au regard des comparaisons issues de l'anatomie comparée, plus interprétées et donc plus discutées mais aussi plus signifiantes).

La nature humaine est unique, ce qui n'est pas une donnée de la biologie mais de l'anthropologie.
Ce que le biologiste exprime en disant qu'il n'existe qu'une seule
espèce d'homme qu'il a nommé Homo sapiens.

Le paléo-anthropologue

La paléoanthropologie n'est pas une science biologique mais nécessite une approche à la fois anthropologique et à la fois paléontologique (de paléo = ancien, ontos = l'être et logos = parler).

La paléontologie utilise les sciences expérimentales biologiques (anatomie, embryologie, physiologie...) dont elle extrapole les résultats dans le passé.
Cependant la biologie n'est pas une science expérimentale de même nature que la physique et la chimie qui sont des sciences qui supposent une réversibilité du temps alors que la biologie est une science de l'irréversible (la vie n'est pas un phénomène réversible).

La paléontologie n'est pas une science expérimentale

La paléontologie n'est pas une science expérimentale (au sens où l'on ne fait pas des expériences sur le passé : la vie passée n'est pas un phénomène actuel, c'est une "donnée historique", que l'on peut s'efforcer de reconstituer à l'aide d'archives, de témoignages plus ou moins directs). Faire "parler" les fossiles à l'aide d'outils mathématiques faisant appel à des sciences expérimentales (comme la datation isotopique) ne change pas le caractère profondément original d'une science des êtres vivants du passé.

Le paléontologue rattache les fossiles à des espèces palé-ontologiques

Une espèce paléontologique est définie par des critères morphologiques (par comparaison avec d'autres fossiles et avec des espèces actuelles) mais aussi des critères paléogeographiques ou stratigraphiques, c'est-à-dire tous les éléments qui permettent de connaître l'environnement dans lequel pouvait vivre l'organisme qui a fourni le fossile. Pour les fossiles de la lignée humaine on cherche des traces culturelles, sépulture, art, outils, habitat...

Les genres et espèces fossiles de la lignée humaine sont très controversés.
Même les fossiles attribués à l'espèce Homo sapiens ne sont pas à rattacher à l'homme, au sens anthropologique, sans discussion.

Le souci principal vient du nombre excessif de dénominations d'espèces et même de genres. Il est urgent de simplifier. Des paléoanthropologues (EU article Origine de l'homme par Jean Chaline) proposent de regrouper tous les fossiles d'hominidés sous trois espèces.

L'espèce Australopithecus africanus strictement africaine, correspond à un animal très voisin d'un singe mais qui par bien des caractères se rapproche de l'homme, notamment par une certaine bipédie.

L'espèce 'homme archaïque' qui comprend les sous-espèces habilis, erectus, neanderthalensis. (C'est le genre Homo mais il n'y a pas de nom d'espèce unique accepté par tout le monde).

Enfin l'espèce 'homme moderne' que l'on peut soit rattacher à un genre nouveau Sapiens soit au genre Homo et à l'espèce sapiens.

Les espèces du genre fossile Homo ne correspondent pas à l'homme des anthropologues.

La bipèdie

La bipèdie est le mode de locomotion habituel de l'homme sur ses deux pieds (du latin bi = deux et pedes = pieds).

La bipèdie est considérée comme acquise dans de très nombreux groupes fossiles de façon indépendante: reptiles Thécodontes, nombreux dinosaures (Théropodes carnivores dont les fameux Tyrannosaures, Ornithopodes dont les Iguanodons herbivores). Actuellement certains lézards comme le Basilic pratiquent une course bipède active. Mais il suffit de penser aux Oiseaux pour retrouver des bipèdes. On n'oubliera pas les kangourous chez les mammifères marsupiaux actuels.

La bipèdie est souvent accompagnée par une réduction des membres antérieurs mais ce n'est que très partiellement le cas chez l'homme.
La bipèdie peut aussi être associée chez l'homme à une modification du bassin qui s'élargit et se raccourcit. L'articulation de la hanche (fémur-bassin) est elle aussi particulière mais les éléments les plus caractéristiques sont dus à la position des ligaments et des muscles qui les prolongent.. Le col du fémur est très allongé chez l'homme.

Il ne faut pas confondre la bipèdie avec la station verticale, redressement du corps, et notamment la station érigée de l'homme.

La station érigée de l'homme a été récemment associée à une rotation du basi-sphénoïde à la base du crâne (avec une contraction crânio-faciale) résultant d'une flexion du tube neural au cours de l'embryogénèse (voir les travaux d'Anne Dambricourt-Malassé ci-dessous).

Suite à la diffusion du documentaire Homo sapiens : une nouvelle histoire de l'Homme, le samedi, 29 octobre 2005 à 20:45 sur ARTE (Rediffusions : 30.10.2005 à 14:00) réalisé en France en 2004 (55mn) par Thomas Johnson; voici quelques liens où vous pourrez trouvez des informations plus récentes que celles que j'ai présentées sur ce site jusqu'à aujourd'hui (notamment ma page sur les modèles qui aurait besoin d'un sérieux coup de rajeunissement.... remis à plus tard: trop de travail).

 

Des théories de l'évolution

Quelques grandes figures

Charles Robert DARWIN
(1809-1882)

Il est fréquent que les théories présentent dans leur phase de consolidation (idéologique) des pères fondateurs; Darwin est le père fondateur de l'évolutionnisme actuel. Il est devenu difficile, voir vain de chercher en historien la pensée de Darwin; ce qui compte ce ce qu'on en fait nos contemporains.

Le darwinisme fait référence à une théorie évolutive selon laquelle les populations naturelles se reproduisent en nombre excessif et subissent des modifications dues au hasard; un certain nombre d'individus doivent donc être éliminés par la sélection naturelle ; il y a hérédité des caractères acquis par l'usage*.

Jean-Baptiste de Monet, chevalier de LAMARCK
(1744-1829)

Lamarck fut le premier a justifier le transformisme (l'idée selon laquelle les espèces se transforment les unes en les autres) contre le fixisme ambiant (soutenu par Cuvier par exemple). Le transformisme est maintenant devenu synonyme d'évolutionnisme.

Le lamarckisme fait référence à une théorie évolutive selon laquelle il existe une graduation, les organismes tendant naturellement vers une complexité de plus en plus poussée ; les besoins font naître de nouveaux organes; les organes sont perpétuellement modelés en fonction de leur usage; les modifications organiques sont héréditaires.

Georges CUVIER
(1769-1832)

Cuvier défend le fixisme contre les idées évolutionnistes qui pointent. Le fixisme est une théorie selon laquelle les espèces anciennes ont été fixes et ne se sont pas transformées en espèces actuelles. Il ne faut PAS CONFONDRE fixisme et créationnisme***.Dès la sortie de l'Origine des espèces de Darwin, et malgré les précautions de celui-ci qui était croyant, les libres-penseurs (athées et souvent scientistes**) ont vu que le hasard présenté par Darwin "comme" cause pouvait servir leurs vues. Aujourd'hui encore il n'est pas rare de voir associer par des néopositivistes** scientistes** le créationnisme (souvent pris dans le sens erroné de foi en la création divine) et le refus de l'évolution (fixisme), idée qui n'est soutenue que par quelques groupes religieux, notamment aux États-Unis (mais pas les catholiques par exemple)...(voir l'article Transformisme de Jacques Roger dans l'EU).

Une théorie qui règne sans partage mais qui est de moins en moins acceptée par tous

Théorie synthétique

Théorie évolutive selon laquelle les mutations héréditaires se font au hasard (évolution buissonnante, graduelle, à vitesse constante) et sont triées (modifications héréditaires présentant un avantage reproductif conservées et amplifiées, modifications héréditaires diminuant l'efficacité reproductive éliminées) par la sélection naturelle (pression sélective du milieu)

Des théories non unifiées qui en sont à une phase d'expansion en ce début de XXIème siècle et qui tournent toutes autour de l'autonomie du vivant et de l'importance des modèles mathématiques pour soutenir la recherche en biologie théorique

Théorie de Rosine Chandebois (voir page annexe)

Cette théorie évolutive peut être qualifiée de téléologique (du grec téléo = fin, but) car elle exprime une finalité interne au vivant. Elle est un automatisme. Cette théorie est issue de l'embryologie animale, et repose sur une mémoire cytoplasmique de l'espèce transmise par l'œuf ou la cellule sexuelle femelle dans la reproduction sexuée, doublée d'un automatisme de développement et d'évolution qui donnerait le sens de celle-ci (évolution directionnelle). La variation résulterait de modifications automatiques du fonds cytoplasmique de l'espèce (responsables des caractères de l'évolution directionnelle) et de modifications génotypiques qui permettraient une évolution adventive.

Théorie de Nissim Amzallag

voir L'homme végétal : pour une autonomie du vivant, Gérard Nissim AMZALLAG, Albin Michel, 2003 (préface de Bernard Werber)

Sans présenter une théorie évolutive constituée je pense que la notion de dissociation autonome proposée par l'auteur est susceptible de soutenir un vrai développement dans ce sens. Les périodes de stabilité de l'organisme alternant avec des périodes de dissociation, initiées par l'organisme lui-même, qui lui permettent, après un retour transitoire des parties (cellules, organes) à plus d'autonomie, de retrouver un état NOUVEAU de stabilité qui émerge des nouvelles interactions existant entre ses parties et le milieu auquel l'organisme devient alors extrêmement sensible. C'est donc pendant ces crises (métamorphoses) qu'il y a adaptabilité et développement et.... évolution (c'est moi qui prolonge l'idée sous-entendue). L'état adulte d'un pluricellulaire serait la perte de la capacité à entrer en dissociation autonome selon les modalités régnant lors des crises du développement. Il expose enfin une théorie du développement psychique de l'homme et de la conscience en distinguant différents niveaux de dissociations plus ou moins autonomes. Le titre de son ouvrage fait référence à l'analogie de développement (rapporté à des dissociations autonomes) que l'on peut établir entre le cerveau (perpétuellement en crise de développement) et un végétal (possédant une embryogénie indéfinie).

* "L'hérédité des caractères acquis" est une formulation que l'on trouve chez Darwin et non chez Lamarck et qui désigne une vision courante à l'époque selon laquelle «les êtres vivants transmettent à leurs descendants les caractères qu'ils ont acquis durant leur existence par l'usage ». Darwin proposa comme hypothèse ce que l'on nomme la Pangenèse: « les caractères acquis créaient dans le corps des «gemmules» qui transmettaient ces modifications dans les cellules reproductrices». (La naissance du transformisme, Lamarck, entre Linné et Darwin, Goulven LAURENT, Collection inflexions, Vuibert/Adapt, 2001, p 131)

** scientisme: attitude philosophique proche du positivisme qui affirme que la science peut nous faire connaître toute chose et peut répondre, à plus ou moins long terme, à tous les désirs de l'humanité (in Dictionnaire EU); positivisme: doctrine philosophique d'Auguste Comte; néopositivisme: doctrine qui fonde toute connaissance sur l'expérience.

***Le créationnisme n'a vraiment de sens qu'aux États-Unis. C'est une doctrine philosophique qui s'attache à la lettre au récit biblique de la création ET REFUSE L'ÉVOLUTION. Ce n'est pas la FOI selon laquelle les êtres vivants sont des créatures de Dieu. L'intelligent design (dessein intelligent) pourrait plutôt être considéré comme un mouvement philosophico-scientifique (une page particulièrement claire mais en espagnol : http://www.unav.es/cryf/veritas.html par Santiago Collado, professeur de la Faculté Ecclésiastique de Philosophie de l'Université de Navarre, 14/03/2006). Le thèses de l'intelligent design n'ont rien à voir avec le créationnisme mais s'attaquent au hasard du darwinisme scientiste. Le travail Michael Behe ("La boîte noire de Darwin"), un biochimiste détaillant de nombreux exemples de systèmes complexes irréductibles à la somme de leurs parties, a ensuite été relayé par le jeune philosophe William Dembski qui apporte la notion d'information de complexité spécifique (CSI) pour caractériser ces systèmes où un "dessin" naît de l'assemblage des parties. En fait son raisonnement repose sur les 4 causes d'Aristote revisitées à sa manière (voir annexe sur ma page sur les 4 causes d'Aristote en SVT).

Pour des données biographiques un peu plus complètes voir l'ancien cours de terminale.

 

2. Éléments pour un cours (en jachère)

Une aventure comporte une part importante de risque mais un espoir de gains importants. La recherche paléoanthropologique est sans conteste une aventure par le fait même que les fossiles d'homme sont si rares que leur découverte fait espérer la célébrité et la richesse. Cet espoir n'est pas vain même si ce n'est pas forcément le découvreur des fossiles qui réussit à en récolter les fruits espérés. En 2005 je crois pouvoir dire que la paléoanthropologie est toujours une vraie, une grande aventure, avec ses aventuriers. Les scientifiques ont toujours un peu le goût de l'aventure mais ceux dont je voudrais parler sont des aventuriers "professionnels", ceux pour lesquels la science a toujours été au second plan. C'est aussi le travail du pédagogue de susciter des vocations aventureuses, pour le meilleur et pour le pire.

L'aventure commence avec le titre officiel de cette partie : pourquoi ne pas parler de l'évolution de l'homme ? On cherche en vain une réponse claire dans le programme. Il nous assomme avec des phylogénies plus ou moins cladistes, la recours incessant et déraisonnable aux mécanismes moléculaires génétiques qui sous-tendraient la vie et son évolution (une foi moléculariste partagée par si peu de paléoanthropologues) et un vernis culturel sur quelques fossiles d'hominidés. On peut mieux faire pour intéresser les élèves. L'évolution est une théorie vivante, passionnante et la recherche paléoanthropologique peut susciter des passions. Il s'agit de l'histoire, de l'anté-histoire de l'homme et nous sommes tous concernés. Que l'on n'essaye pas de nous faire croire que la biologie moléculaire du gène est l'outil le mieux adapté pour comprendre la naissance de l'homme. Une fois les fossiles trouvés, l'outil principal est la raison, pensante et parlante. Parlons donc.

N'étant pas, une fois de plus, spécialiste de la question je citerais précisément mes sources en espérant ne pas trop colporter d'erreurs.
Nous irons du moins contesté (l'art) aux fossiles souvent d'interprétation plus controversée.

Pour l'évolution et particulièrement l'évolution humaine, je refuse d'attiser un débat inutile. Ce n'est pas sur le terrain scientifique que l'on débat de croyances. Et reprocher à quelqu'un son athéisme ou sa foi est un argument ad hominem sans aucune valeur. Les quelques scientistes de ce milieu font beaucoup de bruit pour rien. Ce n'est pas un problème de croyance, qui intervient pour toute science (qui ne doit jamais aller contre la conscience et tout croyant refuse aussi d'aller contre sa foi).
La question scientifique fondamentale de ces dernières années est bien la continuité de l'évolution qui peut se penser en termes mathématiques tout à fait adaptés soit discrets (graphes et autres arbres phylogénétiques, analyses moléculaires, probabilités et analyse probabiliste des mesures faites sur les fossiles...) soit continus (analogies et recherche embryologique comparative, évolution culurelle...).
Je m'efforce depuis quelque temps dans le sillage de René Thom de réintroduire une pensée continue en biologie (voir page sur le continu). En paléontologie certains le font déjà depuis longtemps.