Les diapositives sont sur fond de couleur crème, les commentaires oraux ont été résumés (ou complétés) en vert et en italique et placés entre les diapositives. Certains documents manquent étant donné que leur publication sur internet n'est pas possible pour des raisons de droits d'auteur. Des liens sont établis avec les autres pages du site de l'auteur.
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Cet titre a été donné un peu vite en juin même s'il reflète une des idées présentées. Je crois qu'il serait préférable de le modifier...
Susciter des vocations de chercheurs au lycée
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« Dans l'ensemble je crois qu'on sait trop de choses en Biologie contemporaine, sans qu'on sache faire le tri entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Il faudra bien revenir un jour à des théories plus grossières,mais fondées sur l'essentiel (i.e. sur le système minimum de contraintes que doit satisfaire l'être vivant). Peut-être ce jour est-il moins lointain qu'on ne le croirait.» (Thom, lettre dans 1987i.pdf p 14)
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Je vis de la biologie.
J'ai souvent dit à mes élèves que je vivais de
la biologie et j'ai retrouvé chez Thom cette même phrase
( 1990f1_4.pdf, p 8; «
Dans ma propre écriture, je mêle de manière quasi
indissoluble la pensée verbale et l'idéalité
mathématique. Cela ne va pas sans inconvénient. Ce
style mixte irrite le mathématicien professionnel,
habitué à traiter mathématiquement l'être
mathématique ; et déconcerte le
non-géomètre (...) à qui la face
mathématique de ma pensée échappe
irrémédiablement. Mais je vis de ce
contact, et si ma pensée a quelque valeur, c'est
de
cette symbiose qu'elle la tire. La pensée purement
mathématique, quand elle est formalisée, est aveugle,
mais capable de marcher, et même fort loin. La pensée
intuitive, au contact du réel, est le paralytique de la
parabole, qui voit, mais ne peut pas progresser
sûrement». ).
Résumé: Des modèles implicites font partie de l'imaginaire de l'enseignant avant de faire partie de celui des élèves. Le premier conseil est d'expliciter les modèles employés. Un nouveau modèle de cellule se dessine avec pour traits : le rôle central et structurant de l'eau, l'importance des changements de phase ou encore la chimie orientée des complexes structurés.
Quel modèle de cellule en lycée ?
Cellule eucaryote
observée au MET, recolorée
artificiellement (x9 500). La cellule eucaryote est
caractérisée par un noyau qui
«enferme»
le matériel génétique et un
cytoplasme qui réunit un dédale de
vésicules, sacs, cavités... limités
par une membrane, de nombreux organites à
« double membrane »
(mitochondries...) et des agrégats
moléculaires, le tout
«baignant» dans une sorte de
gelée plus ou moins liquide,
le cytosol. La cellule eucaryote
apparaît ainsi comme une structure compartimentée,
ce qui permet de séparer dans l'espace et
dans le temps les différentes
réactions chimiques qui
caractérisent la vie. Tous ces
compartiments communiquent cependant entre eux,
faisant de la cellule un ensemble fonctionnel
cohérent. Nathan, spécialité TS, p 50 (image à résolution fortement diminuée) |
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Même si les spécialistes discutent pour savoir quel est le nombre habituel de couches d'eau interfaciale (hydratation shell) autour des macromolécules, elles sont omniprésentes. Une molécule est toujours entourée d'eau plus ou moins fortement attachée à elle. Cette eau est ordonnée selon les interactions qu'elle développe avec la molécule à laquelle elle se lie: on parle aussi d'eau liée ou d'eau structurée. Par rapport à la figure 1, cette figure correspondrait à un grossissement environ dix fois plus fort le grossissement le plus fort de la figure 1 soit environ 5.000.000 de fois; ce qui n'est bien sûr pas accessible à une quelconque technique microscopique sur des molécules en place dans un cytoplasme, et encore moins sur de la matière vivante. Nous devons donc nous contenter d'interprétations, réalisées par des méthodes indirectes, et non d'observations. Il est important de signaler que cette eau interfaciale est en perpétuel turn-over avec l'eau environnante, les temps de résidence de l'eau (dans le milieu interfacial) variant en fonction du groupement auquel elle est associé (très court pour des groupements ionisés, beaucoup plus long pour des groupes hydrophobes).
Vers un nouveau modèle L'eau représente près de 80% en masse de la cellule vivante mais cette eau est à près de 80% sous forme d'un film interfacial d'environ 1,1 nm d'épaisseur qui se trouve entre les molécules organiques structurant la cellule. Il reste donc 20% d'eau libre où s'appliquent les lois de la chimie des solutions aqueuses.
La cellule est une sphère structurée dont la cohérence vient de son eau interfaciale qui lie les composants entre eux. |
À la suite de certaines interventions lors du symposium "Curvature and Energy in Biology : The language of Shape", notamment la conférence de Ninham Barry "The present state of molecular forces in colloid science and biological systems", qui se sont tenues le lendemain de ma conférence, je tiens à modifier légèrement mes propos : les physiciens se sont bien évidemment emparés de la cellule et certains d'entre eux commencent à proposer de nouvelles formulations concernant les forces présentes dans le cytoplasme vivant. Ces idées ne sont pas vulgarisées (à ma connaissance); Ninham parle d'un " véritable zoo de nouvelles forces proposées". La cohérence des composants cellulaires peut bien évidemment s'exprimer au moyen de la notion de forces ou d'interactions.
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Le cytoplasme est doué de thyxotropie. |
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Les films avaient été extraits du CDRom accompagnant la nouvelle édition de Biologie Moléculaire de la Cellule (Alberts et al., Médecine-sciences, Flammarion, 2005)
On étire la limite cellulaire SANS
RUPTURE (sans discontinuité). Je peux vous soumettre deux
explications:
* La première fait appel à un imaginaire très
habituel des forces moléculaires des composants membranaires
(c'est la voie réductionniste). Mais avec ce que l'on
vient de voir sur l'eau interfaciale dans la cellule il est difficile
de soutenir que la membrane est élastique alors
que l'on sait qu'elle est fluide.
* La seconde est beaucoup plus inhabituelle (c'est la voie
structurale) et repose sur la morphologie (je précise que
mon explication reste très imparfaite car je n'ai pas les
conditions précises de l'expérience). La cellule
nerveuse étirée présente déjà une
morphologie dendritique: un corps cellulaire avec de
nombreux prolongements stabilisés par un dynamique interne que
l'on pourrait appeler métabolique. La membrane est le bord de
la cellule, c'est un surface de discontinuité qui est
stabilisée par les fonctions du vivant et donc par la
dynamique métabolique. On doit cette vision à
René Thom. Si l'on peut déformer sans rupture la limite
cellulaire c'est que cette forme reste compatible avec la forme
stable de la cellule.
Avant d'essayer d'expliquer cette vision je fais la remarque qu'il y
a plusieurs corollaires évidents à cette
hypothèse; en voici deux :
- on devrait pouvoir induire la formation de dendrites par d'autres
mécanismes que la pince laser, comme par exemple une
modification chimique du métabolisme; ce qui pourrait
être le cas lorsque certains contacts synaptiques sont
déduits et que de nouveaux dendrites croissent même chez
des cellules nerveuses âgées (ce sont des cas de
neuroplasticité).
- pour une cellule de forme stable sphérique (par exemple un
ovocyte) on ne devrait pas pouvoir déformer stablement la
cellule. Les expériences d'injection ou d'excision de noyau de
l'ovocyte montrent que la membrane peut être percée et
écartée et que la forme sphérique reste stable.
Toujours dans la même source documentaire il y a un petit film
sur l'hématie:
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Prédire n'est pas expliquer, René Thom, 1991,
Eshel, Paris, dans la collection «La Question»
dirigée par Émile Noël;
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Pour des précisions sur l'utilisation en science des 4 causes présentées pat Aristote, voir une page sur ce site.
Un exemple de modèle interne (métabolique) structural
René Thom, 1968 (Stabilité structurelle et morphogenèse; essai d'une théorie générale des modèles, stabilité.pdf, p 326) « Dans un milieu extérieur E où règne un flux continu d'énergie en voie de dégradation thermique, on suppose donnée une boule B de rayon r, où règne un régime dynamique local g consommateur d'énergie. Admettons que la consommation d'énergie soit proportionnelle au volume ; la capture d'énergie, provenant des échanges avec le milieu extérieur, n'est alors proportionnelle qu'à la surface. Si le rayon r est au départ assez petit, il y aura excès de l'énergie capturée sur l'énergie consommée ; on admettra que cet excès d'énergie est consacré à la synthèse de substances support du régime g, de sorte que le volume V (donc le rayon r) ira croissant. Si ce processus de croissance était rigoureusement proportionnel à l'accroissement d'énergie, le rayon r irait en croissant asymptotiquement vers un rayon r0, valeur d'équilibre pour laquelle l'énergie capturée est égale à l'énergie consommée. Supposons alors que ce mécanisme de synthèse présente une certaine inertie, un certain retard. Il pourra alors y avoir accroissement du volume au-delà du volume optimal, au détriment de la consommation d'énergie interne ; la boule, de régime g et de rayon r > r0 entre alors dans un état d'instabilité dont elle ne pourra sortir que par cassure ; après fragmentation en deux boules de petit rayon r1, plus petit que r0, la croissance pourra reprendre, suivie de multiplication ». |
Les formes naturelles peuvent, à condition de poser quelques hypothèses acceptables simples, être modélisées à partir de conflits de dynamiques stables (représentées mathématiquement par des attracteurs). |
Cette explication est clairement structurale. La forme est ici une boule. La dynamique un accroissement de volume isotrope sous-tendu par une dynamique biochimique (entrées de matière "brute", dégradation et synthèses de composés). L'instabilité conduisant à la catastrophe mitose est due à un décalage (retard, hystérésis, hétérochronie...) entre énergie nutritive entrante (que l'on suppose stable) et les synthèses.
Pour des explications sur la théorie des catastrophes plusieurs pages sont disponibles sur internet: un article d'Ivar Ekeland paru dans La Recherche, une page générale sur la théorie des modèles de René Thom et des pages complémentaires plus mathématiques mais faites pour des étudiants en biologie avec des applets java et des petits modèles dynamiques. Il est hors de question de présenter cette théorie ici il nous suffit de savoir que c'est un générateur de modèles de toutes les formes naturelles biologiques (et non biologiques!).
Reformulation d'une idée déjà ancienne sur les systèmes orientés ou finalistes
La stabilité du système vient de la dynamique (et donc par exemple de la fonction de nutrition) et non de propriétés intrinsèques aux molécules. |
Les dynamiques stables ? Des fonctions globales qui caractérisent le vivant. Il y a 3 grandes fonctions ou fonctions non locales qui caractérisent le vivant: Le travail de nutrition comprend l'ensemble des phénomènes de prise ou de rejet de matière et d'énergie vis-à-vis du milieu extérieur et qui permettent à l'organisme de se maintenir en vie (alimentation, digestion, respiration, circulation,excrétion ...). Les autotrophes (du grec "auto" = "soi-même" et "trophé"= "nourriture") se nourrissent seuls sans dépendre d'autres êtres vivants. Les hétérotrophes ou plutôt allotrophes (du grec "hétéro" = "l'autre, en tant que différent" et du grec "allo"= "l'autre, en tant qu'un autre que moi") consomment d'autres organismes vivants ou morts qui sont les proies. Le travail de reproduction correspond à la capacité des êtres vivants de se multiplier. La reproduction peut être asexuée (solitaire) ou sexuée (entre deux organismes de sexe opposé). Le travail de relation correspond aux communications entre l'organisme et son milieu (écosystème) ou entre les différentes cellules d'un organisme. |
Voir compléments sur la cellule (modèle soupe/machinerie haute technologie) et La vie est un travail.
Qu'est-ce qu'une cellule ? La cellule est une unité de structure et une unité de fonction. Un solide cohérent à la fois structuré et doué de thyxotropie grâce à l'eau interfaciale des composants moléculaires du cytosol. Une unité au travail dont la dynamique est caractérisée par des fonctions stables de nutrition, de relation et de reproduction. |
Qu'est-ce qu'un modèle ? Une image (mentale ou concrète) de la réalité qui puisse être questionnée (pour fonctionner).
« ce qui est important dans un modèle, ce n'est pas son accord avec l'expérience, mais au contraire sa « portée ontologique . (…) En effet, étant donnée n'importe quelle morphologie empirique, il est toujours possible d'exhiber un modèle quantitatif - contenant suffisamment de paramètres arbitraires - , qui rendent compte de l'expérience à une approximation donnée. Si l'on veut avoir un bon modèle, il faut éliminer au maximum ces paramètres arbitraires » (René Thom, 1971, Modèles Mathématiques de la Morphogénèse; p 106) René Thom, 1968, Stabilité Structurelle et Morphogénèse : Essai d'une théorie générale des modèles. |
Un écueil: faire jouer le modèle sans
question; de la technique à l'art* des modèles
* «… ce que nous apportons ici, c'est non pas une théorie scientifique, mais bien une méthode ; décrire les modèles dynamiques compatibles avec une morphologie empiriquement donnée, tel est le premier pas dans la construction d'un modèle ; c'est aussi le premier pas dans la compréhension des phénomènes étudiés. De ce point de vue, nos méthodes, trop indéterminées en elles mêmes, conduiront à un art des modèles et non à une technique standard explicitée une fois pour toutes ». (SSM, 13.8 B) |
Résumé: En enseignant que la forme des protéines dépend avant tout de leur séquence primaire on emprunte souvent la voie "réductionniste" d'un déterminisme physico-chimique. Implicitement, on pousse l'élève à étendre le modèle qu'on lui a donné pour les enzymes à toutes les protéines actives. Le deuxième conseil est alors de dépasser les limites des programmes, des manuels... en suivant par exemple René Thom, qui propose une voie "structurale" de compréhension de l'activité moléculaire. Les activités des protéines, tant mécaniques qu'électriques ou que chimiques, sont alors reliées à leur forme mais pas à une structure tridimensionnelle STABLE. Un embryon de typologie morphologique peut être esquissé.
La séquence primaire DÉTERMINE la conformation spatiale (cause matérielle OUI mais cause formelle NON). Belin, 1èreS, 2005, p 137 |
La conformation spatiale DÉTERMINE l'activité ou la fonction (cause matérielle OUI, mais formelle et efficiente NON). Belin, 1èreS, 2005, p 137 |
La protéines DÉTERMINENT toutes les caractéristiques structurelles et fonctionnelles de l'individu !!!! (cause finale NON). Raisonnement INVERSE: Belin, 1èreS, 2005, p 137 |
Une vision de l'activité enzymatique (clé-serrure) conforme au programme du lycée ... et à l'imaginaire de certains.
Comment tourner une clé dans une serrure sans une main ? La main (cause efficiente) est placée dans le "hasard" des mouvements de diffusion ...
Le substrat et l'enzyme ne peuvent pas
être des formes
statiques (un cristal) mais
doivent être des formes
métaboliques
(dynamiques: toutes les formes vivantes).
René Thom, 1968, Stabilité Structurelle et Morphogénèse : Essai d'une théorie générale des modèles. |
E + S < = > ES < = > E + P1 + P2 S' état de transition du substrat L'enzyme E possède une
affinité maximale pour S' et non pour S
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Approcher les dynamiques http://pst.chez.tiscali.fr/CT/continud.htm (paragraphe 3.2c)
Seul l'espace des phases permet d'approcher les dynamiques. |
Exemples de morphologies dans un espace R4 obtenues à partir de conflits d'attracteurs René Thom, SSM, Fig 13-18 p 451
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FONCTION: une enzyme pour quoi faire ? ...
couper, lier, accrocher, dupliquer.... Une enzyme est une forme
métabolique associée à un substrat,
à ses produits, mais aussi à toute sa
chaîne de synthèse.
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Pour aller beaucoup plus loin. Je commence à entr'apercevoir une autre conception des molécules-fonctions. La matière vivante non pas comme un ensemble de molécules matérielles à une certaine concentration et possédant telle ou telle activité mais bien un ensemble de dynamiques dont les molécules (et les organites...) sont des structures stables (ou instables et dans ce cas on ne les voit pas) correspondant à des conflits de dynamique. Chaque molécule stabilisée est la trace d'un attracteur. (Voir SSM p 464 extrait ci-dessous).
René Thom distingue les formes statiques et les formes métaboliques. Pour pouvoir déclencher une réaction chimique le substrat ou l'enzyme au moins doivent être une forme métabolique.
(SSM, 47) «... si E est un espace
topologique, G un groupe (ou un pseudo-groupe) opérant dans E,
une G-forme est par définition, une
classe d'équivalence de fermés de E modulo l'action de
G; Les G-formes ont comme propriété la
stabilité structurelle.
Une G-forme A sera dite structurellement stable,
si toute forme B assez voisine de A dans E est
G-équivalente à A; autrement dit, pour qu'une
classe de G-équivalence F définisse une forme
structurellement stable, il faut et il suffit que la totalité
des points de E de cette classe d'équivalence forme un ouvert
dans l'espace E ». Avec mes mots: un ouvert c'est une boule
sans bord. Un groupe G est un sous-ensemble de E muni d'une loi de
composition interne (associative si c'est un groupe associatif).
C'est à dire que lorsqu'il se passe quelquechose dans E (ce
quelque chose obéissant à la loi définissant le
groupe G) on obtient toujours des groupes équivalents. Cet
ensemble de groupes équivalents par transformation forme un
fermé, c'est-à-dire qu'il a un bord (donc qu'il
présente des discontinuités à ses limites).
Une forme structurellement stable c'est une forme avec un
bord.
Thom (stabilité p 78) présente deux types de modèles:
Un phénomène naturel, sur
la nature duquel nous ne faisons aucune hypothèse, se
déroule dans une boîte B ; il y aura donc lieu de
considérer le produit B
X
T de B par l'axe des temps T ; ce sera le domaine siège
du processus considéré.
A. Modèle statique
Dans ce modèle, on se donne deux variétés
différentiables M (espace des paramètres internes) et V
(dans la pratique, la variété-but V est le corps
réel ou complexe) ; on admet que le processus peut être
décrit localement autour de chaque point régulier x par
un champ d'applications de la forme G : W
X
M --> V, où W est un voisinage de x dans B
X
T. En chaque point x régulier, l'état local du
processus est décrit par une application g : M --> V = G(x,
m) à partir de laquelle, en théorie, on saurait
exprimer toutes les observables du système.
B. Modèle
métabolique
On se donne, en chaque point x régulier
1. une variété M (espace des paramètres
internes) ;
2. un champ de vecteurs X dans M, dépendant de x ;
3. un attracteur c(x) de la dynamique [M, X(x)].
On admet que X(x) dépend différentiablement de x ; en
fait, seul intervient, pour déterminer l'état local, le
voisinage du champ X(x) au voisinage de l'attracteur c(x) ; le reste
du champ X(x) ne joue qu'un rôle virtuel. Les observables du
système, en particulier, sont déterminées par la
donnée de l'attracteur c(x).
On n'a fait aucune hypothèse sur la classe de
différentiabilité des fonctions g ou X; on les
supposera m fois continûment différentiables, m
suffisamment grand. Un point catastrophique peut être
caractérisé par le fait qu'en ce point, le champ
gx ou c(x) admet une discontinuité ou l'une de ses
dérivées d'ordre ≤ m; en fait, dans les exemples
tirés de la thermodynamique, l'ordre m peut être pris au
plus égal à deux. Il est évident a priori qu'une
discontinuité d'une dérivée de très grand
ordre a toutes chances d'échapper à
l'observation.
C. Évolution des
champs
On admettra qu'autour de tout point régulier x = (y, t), y
appartenant à B, le champ statique ou métabolique voit
son évolution déterminée par une loi
différentielle de la forme
dX/dt = Hc(x) (X, y, t) (cas métabolique)
où les opérateurs H conduisent à des problèmes localement bien posés ; par là on entend, comme d'habitude, qu'il y a existence, unicité des solutions du problème de Cauchy relatif à cet opérateur d'évolution et dépendance continue de cette solution par rapport à la donnée initiale pour tout un voisinage de cette donnée g(y, 0). On remarquera que dans le modèle métabolique, la loi d'évolution dépend de l'attracteur c(x).
(p. 82)
4.4. Champs morphogénétiques associés à
des catastrophes locales
A. Modèles statiques
Nous en arrivons maintenant à la construction fondamentale
qui, à nos yeux, détermine la morphologie d'un
processus à partir de sa dynamique. Considérons d'abord
le cas d'un modèle statique ; soit W l'espace de base (domaine
de l'espace-temps), L(M, V) l'espace fonctionnel fibre. On supposera
qu'il existe un sous-ensemble fermé H du sous-ensemble H de
bifurcation dans L(M, V) qui a la propriété suivante :
soit s : W --> L(M, V) le champ section. On admettra le postulat
essentiel que voici : le processus local ne change
d'apparence phénoménologique qu'en un point où
l'application g : M --> V de la dynamique interne change de type
topologique, de forme. Ainsi, tout point x appartenant
à W tel que s(x) = g soit structurellement stable est un point
régulier du processus.
Tout point catastrophique y est tel que s(y) appartient à
l'ensemble H de bifurcation de l'espace fonctionnel L(M, V). En fait,
dans le seul cas connu de modèle statique, qui est celui
où V est la droite réelle R et qu'on traitera au
chapitre suivant, les régimes stables, attracteurs de la
dynamique locale, correspondent aux minima de g : M --> R; on
obtient alors les points catastrophiques comme contre-images de
strates H de H par s, où H désigne l'ensemble des
fonctions g : M --> R telles que deux minima au moins soient
égaux (convention de Maxwell). Ces strates H admettent souvent
pour bord libre les strates H1 inclus H où deux
minima viennent coïncider ou encore, un minimum se
décompose en deux minima distincts par bifurcation. On
décrira le cas le plus simple de ce phénomène au
chapitre suivant sous le nom de catastrophe de
Riemann-Hugoniot. On résumera l'ensemble de ces
phénomènes par la métaphore ferroviaire :
la bifurcation engendre la catastrophe.
Le modèle statique permet de rendre compte d'un
phénomène important, la propagation des fronts
d'onde et de déterminer théoriquement toutes les
singularités stables des fronts d'onde.
…
C. Modèles métaboliques
Dans un modèle métabolique, ayant pour fibre une
dynamique (M, X) sur W, la théorie se présente ainsi :
dans l'espace fonctionnel F des champs de vecteurs sur X, on a un
sous-ensemble H de bifurcation, ensemble des systèmes au
voisinage desquels la configuration des attracteurs du champ X n'est
pas structurellement stable ; de cet ensemble H, on extrait le
sous-ensemble H' qui donne ceux des champs X pour lesquels
l'attracteur c(x) associé à la section s n'est pas
structurellement stable ; les points catastrophiques du processus
forment alors l'image réciproque par la section s : W --> F
du sous-ensemble H'. Contrairement à ce qui se passait dans le
cas statique, l'ensemble H , bien que (probablement) pourvu d'une
structure stratifiée, n'est pas localement fermé dans F
; de là, peut résulter pour l'ensemble K =
s-1H' une structure topologique compliquée, en
particulier, la présence de points catastrophiques
essentiels.
C'est ce que l'on signifie lorsque l'on affirme que le substrat présente un état de transition. C'est la dynamique métabolique du substrat. Quand à celle de l'enzyme elle semble tout aussi nécessaire puisqu'il faut bien que réaction chimique se fasse. On a donc deux dynamiques métaboliques qui entrent en conflit et de la naît la réaction enzymatique qui aboutit à la catastrophe "produits + enzyme restituée". L'enzyme ne différerait des autres molécules de type substrat que par sa reconstitution en fin de réaction, ce qui en terme de stabilité nécessite un cycle.
Profonde analogie entre l'outil et l'enzyme. SSM, p 445 (13.3 Homo faber). L'homme façonne un objet à l'aide de l'outil en imprimant dans le bloc informe sa chréode qui préexiste dans son esprit (très platonicien et très bien accepté chez les sculpteurs...). De même l'enzyme n'est que la trace de la dynamique de conflit ou de bifurcation (de la chréode) sous-jacente. En fait l'enzyme avec sa forme est crée à chaque fois par la dynamique. C'est pour cela que Thom envisage un ensemble protéine + ARN + ADN avec la catastrophe filamenteuse comme trace de la dynamique....Il n'y a pas de matière synthétisée (en stock dans la cellule) et qui sert ou non mais bien des dynamiques qui engendrent des molécules outil fabriquées hic et nunc.
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La fronce:
Une représentation de la morphologie de la dynamique du cycle
ribosomial (la surface de droite (fronce) est le lieu des points
singuliers du potentiel F, c'est-à-dire le lieu où la
dérivée s'annule, voir page
complémentaire pour
des explications simples avec des exemples)
On notera que la dynamique proposée
est récurrente pour les modèles thomiens
(peut-être parce qu'elle représente un premier niveau
d'approche - qu'il est bien sûr nécessaire de
préciser, ce qui ne peut être fait à ce niveau de
compréhension - ; mon propos ici n'étant que de
souligner l'analogie en me servant d'un outil... que je ne
maîtrise pas mais dont je vois l'utilisation que pourrait en
faire un mathématicien). L'arbre à came de droite
est analogue à la forme des
polysomes dans l'espace cytoplasmique
fixé
et mort. On peut penser que dans ce cas la dynamique
proposée est pertinente et qu'il ne reste qu'à trouver
les paramètres qui ont été figés dans la
coupe. Si le système de synthèse protéique est
stable il n'est pas étonnant que la surface fronce
représente une coupe de l'espace euclidien. Il est urgent de
s'efforcer de trouver des paramètres pertinents de la
dynamique métabolique cytoplasmique. C'est un travail que je
ne peux faire seul. J'en appelle une fois encore à
l'inventivité de notre jeune génération.
On remarquera que l'initiation est habituellement
représentée au centre de la figure mais je ne connais
aucun argument en faveur de cette hypothèse. La dynamique
présentée ici exige que l'initiation se fasse sur le
bord externe du polysome (l'extrémité 5' de l'ARNm avec
sa coiffe ("cap structure") doit se trouver à
cet endroit et non au centre). Je souligne deux points. D'une part,
une dynamique convergente (même si ce n'est pas dans l'espace
euclidien) est plus parlante et conforme à l'intuition (la
libération des sous-unités ribosomiales au point de
potentiel le plus bas permet aisément une
récupération au niveau du site d'initiation voisin).
D'autre part, on peut penser qu'il existe une fonction de
structuration de la protéine au sein du polysome, les
ribosomes pouvant intervenir comme "chaperons". Ceci est une piste de
recherche ouverte (interactions sous-unités ribosomiales -
polypetide en formation). En tout cas la localisation du point
d'initiation devrait pouvoir être assez facilement
précisée expérimentalement.
SSM 13.8 A, p 464
« Résumé des thèses:
1 . Tout objet, ou toute forme physique, peut être
représentée par un attracteur C
d'un système dynamique dans un espace M de variables
internes.
2. Un tel objet ne présente de stabilité, et de ce fait
ne peut être aperçu, que si l'attracteur correspondant
est structurellement stable.
3. Toute création ou destruction de formes, toute
morphogénèse, peut être décrite par la
disparition des attracteurs représentant les formes initiales
et leur remplacement par capture par les attracteurs
représentant les formes finales. Ce processus, appelé
catastrophe, peut être décrit sur
un espace P de variables externes.
4. Tout processus morphologique structurellement stable est
décrit, par une (ou un système de) catastrophe(s)
structurellement stable(s) sur P.
5. Tout processus naturel se décompose en îlots
structurellement stables les chréodes.
L'ensemble des chréodes et la syntaxe multidimensionnelle qui
régit leurs positions respectives constitue un
modèle sémantique.
6. Si l'on considère une chréode C comme un mot de ce
langage multidimensionnel, la signification de ce mot n'est autre que
la topologie globale du (ou des) attracteur(s) associé(s) et
celle des catastrophes qu'ils subissent. En particulier, pour un
attracteur donné, la signification est définie par la
géométrie de son domaine d'existence sur P et la
topologie des catastrophes de régulation qui limitent ce
domaine.
Il en résulte que la signification d'une forme C ne se manifeste que par les catastrophes où elle est créée ou détruite. On retrouve ainsi l'axiome cher aux linguistes de l'école formaliste, selon lequel la signification d'un mot n'est rien de plus que l'usage de ce mot. (Et aussi l'axiome de l'école des physiciens dite du Bootstrap, selon lequel une particule est entièrement définie par le réseau d'interactions auxquelles elle participe)».
Cette dernière phrase est particulièrement intéressante à appliquer aux enzymes. Une molécule "vivante" est entièrement définie par le réseau d'interactions auquel elle participe et dont elle est issue....
Le rêve...d'une dialectique. dialegein = dia-legein = à travers - Logos (forme et sens) Toute protéine, toute
structure cellulaire... La stabilité des dynamiques est géométrique. La fonction enzymatique est une fonction topologique au sens non pas de la seule complémentarité "site actif - état de transition du substrat" sous contrôle de l'environnement (eau interfaciale, complexes enzymatiques...) mais au sens d'une fonction qui repose sur une dynamique capable d'engendrer des formes stables en son voisinage (synthèse d'une chaîne polypeptidique, polymérisation d'un microtubule, duplication d'un organite...). « une enzyme est entièrement définie par le réseau d'interactions auxquelles elle participe ». ( en remplaçant "particule" par "enzyme", SSM, p 464) Les formes des protéines se limitent à un nombre limité de formes de base (ou motifs) qui sont obtenus pour des séquences très différentes. On peut interpréter ce fait d'une part en considérant les profondes similitudes des aa vis-à-vis du composant majoritaire de la cellule: l'eau. Mais aussi en considérant que les formes dynamiques "génératives" - dont les enzymes sont la trace - existent en nombre limitées (tableau ci-dessus). De nombreuses protéines semblent "déstructurées", c'est-à-dire présenter une activité malgré une forme très variable (LR, juin 2005). Ces protéines peuvent être la trace d'innombrables dynamiques, plus ou moins stables (beaucoup moins résistantes que les dynamiques enzymatiques). |
Un phénomène représenté par une fonction
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http://pst.chez.tiscali.fr/CT/continud.htm
Une illustration d'une interprétation des relations
entre des unités (des cellules, des molécules, des
individus... en
orange), situés dans un
plan (a,b) expérimental de contrôle
(a et b sont des paramètres mesurables; les unités sont
repérées par leurs coordonnées dans le plan de
contrôle), par un modèle discontinu
de réseau d'interactions
(flèches
rouges) versus un
modèle continu d'une fonction
sous-jacente relié par exemple à un champ de vecteurs
déterminant un gradient orienté dans le sens de la
flèche.
La fonction vivante (globale,
inaccessible) reste cachée;
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La glycémie: un paramètre de nombreuses fonctions de nutrition Schéma de régulation classique issu de la cybernétique (science des échanges d'information) ------------> Rechercher la fonction locale |
Modèle
catastrophique de l'homéostase glycémique F(p1, p2, x) = x4 + p1x2 + p2 x *
fonction locale = fonction de nutrition glycémique
(absorption, stockage,
déstockage, consommation...) ou fonction circulatoire
(au sens de flux qui permet de faire tourner une roue, ici
c'est le flux nutritionnel de glucose qui permet le
métabolisme glucidique des cellules).
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--------------> Préciser les paramètres |
Conclusion * la sincérité de l'enseignant favorise la vocation de chercheur du lycéen. * la biologie théorique vaut la peine que l'on se donnera à l'enseigner; elle est tellement neuve que les élèves peuvent se passionner. * il faut faire comprendre à nos hommes politiques la nécessité des mathématiques pour la biologie et se rebeller contre l'idéologie démathématisante actuelle. |
L'enseignant n'est qu'une caisse de
résonance du travail de vulgarisation réalisé
par les chercheurs qui sont les seuls à pouvoir vulgariser
leur travail.
Son travail se rapproche sans aucun doute de celui du journaliste qui
ne peut se contenter au bout d'un temps d'être l'écho
des idées des autres.
Dans un articlede 2004 intitulé "RÉFLEXIONS SUR LA PLACE DES MATHÉMATIQUES DANS L'ENSEIGNEMENT SCIENTIFIQUE", Daniel Duverney, Professeur de Mathématiques Spéciales ATS (classe préparatoire aux écoles d'ingénieurs réservée aux titulaires de BTS et de DUT industriels), H.D.R. Membre du Conseil d'Administration de la S.M.F., dénonce, chiffres et graphiques à l'appui, une démathématisation de l'enseignement scientifique au lycée. Ce renoncement aux mathématiques est basé sur une nouvelle idéologie que l'on pourrait résumer ainsi : ce sont les sciences expérimentales, qui réalisent l' unité de la science. Pour moi c'est un abandon de certitude (de la raison), dans la mouvance relativiste. « Les mathématiques sont trop sûres d'elles, or on est sûr de rien, donc faisons moins de mathématiques ». Mon trajet est inverse. Les SVT que j'enseigne (que l'on souhaite me voir enseigner) sont de plus en plus fausses et relativistes, or j'ai besoin de certitudes, je me tourne donc vers les maths.
À ceux qui s'inquiètent, et ils sont nombreux parmi nos élèves à avoir des difficultés en mathématiques au niveau de la première S, il faut affirmer qu'il y a de la place pour plusieurs filières biologiques: environnement, applications biotechnologiques, santé, nutrition... Mais il est vain de croire que la recherche en biologie va pouvoir longtemps se satisfaire du ridicule niveau de formalisation et de mathématisation où elle s'est cantonnée.
Pour éviter une catastrophe annoncée au niveau de la recherche (et pas seulement en biologie) il est urgent de redonner confiance aux élèves en leur donnant des bases mathématiques solides. Les mathématiques ne sont pas un luxe mais une nécessité pour les scientifiques.