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Ce chapitre est encore une fois à la frontière de la
biologie et des sciences humaines et peut comporter deux
facettes:
* une facette, technique, qui s'efforce d'exploiter toute
nouvelle connaissance expérimentale;
* une facette, à la fois historique, économique,
philosophique, morale, politique: qui est la question du sens,
qu'il est sans cesse nécessaire de reformuler au gré
des nouvelles techniques.
Les deux sont indiscutablement inséparables, d'où une
impression de fouillis qu'il faudra certainement pas mal de temps
pour ôter à ce cours. Cependant, malgré l'effort
de lucidité sur les finalités, le thème est
toujours traité à partir d'une entrée
biologique, ce qui implique certains choix. En voici
quelques-uns, explicites.
Nous suivrons un plan basé sur le règne des organismes utilisés par l'homme. Et comme fil directeur, je pense que la formulation pédagogique "la vie est un travail" pourrait être reprise ici judicieusement. Ce travail du vivant est mis au service de l'homme. Pour chaque groupe nous essaierons de traiter, lorsqu'il y aura matière suffisante, des trois types de travail du vivant: travail de relation, de nutrition et de reproduction. Pour un panorama des fonctions dans ces règnes je renvoie aux pages générales du site associé (qu'est-ce que la vie ?).
Comme il est souvent difficile de mettre en évidence séparément le rôle des organismes appartenant aux procaryotes, aux unicellulaires et aux champignons, nous les regroupons artificiellement en un chapitre sur les "microbes" au sens d'organismes microscopiques.
Les microorganismes sont utilisés pour la productions
d'aliments: pain (panification), vin et vinaigre (vinification),
boissons brassées (bière et certains alcools),
lègumes en saumure (chou, olives, cornichons...) ou encore
fromages (yaourts, caillés et fromages affinés).
Mais les microorganismes participent aussi à la
conservation d'aliments (saumures et alimentés
fermentés comme les fourrages en ensilage) et à
l'épuration des boues industrielles ou des eaux
usées qui, de façon secondaire, peuvent aussi
produire de l'énergie (production de
méthane).
Enfin on utilise des microorganismes pour produire des
molécules d'intérêt économique:
vitamine B12, enzymes (protéases, amylases), acides
aminés (glutamate).
Quelques précisions permettant de comprendre à quoi servent les bactéries et levures utilisées par l'homme |
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La fermentation est une voie d'oxydation partielle
du pyruvate produit dans le cytoplasme cellulaire par
glycolyse. En fait c'est plutôt une voie de
régénération des transporteurs
d'électrons et de protons qui ont été
réduits lors de la glycolyse et qui doivent
être réoxydés (ils le sont en
présence de dioxygène par respiration chez de
très nombreux organismes). Chez certains organismes,
la fermentation peut intervenir seule ou conjointement
à la respiration (voir aussi cours sur la nutrition).
La plupart des fermentations se produisant en absence de
dioxygène et comme les fermentations sont en
quelquesorte une alternative à la respiration pour la
réoxydation des transporteurs d'électrons et
de protons, on peut affirmer que les
fermentations (en incluant la glycolyse) sont des
ensembles de réactions chimiques produisant de
l'énergie en absence de dioxygène (en
anaérobiose ou en conditions
anaérobies).
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Quelques questions naïves et des réponses simplifiées |
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Les bactéries lactiques (surtout utilisées en
fromagerie) sont attaquées par des virus bactériophages
qui les infectent et les détruisent, stoppant ainsi les
fermentations. On a donc sélectionné des souches
résistantes aux bactériophages.
La conservation des légumes en saumure (olives,
cornichons, chou...) permet par ajout de sel (3%) à sec de
développer une pression osmotique élevée qui
favorise le développement des bactéries
lactiques (on peut aussi ensemencer la préparation).
L'acide lactique produit par fermentation empêche le
développement d'autres souches.
Les bactéries intervenant lors de l'ensilage montrent
aussi une maîtrise des fonctions de relation et de nutrition.
L'ensilage consiste à conserver des fourrages verts à
l'état humide au moyen de la fermentation lactique en
minimisant les pertes de matière nutritive et en
empêchant l'apparition de substances toxiques. Le fourrage
(sorgho, maïs, luzerne, trèfle...) est haché et
transporté dans une cuve ou silo où il est
tassé. Le silo est fermé de façon
étanche. Une fois le dioxygène emprisonné dans
le silo utilisé par les bactéries par respiration, les
fermentations sont seules à subsister. Les bactéries
acétiques, à pH supérieur à 4,5
fermentent les sucres en acide lactique, acide acétique,
alcool et CO2. Ensuite se développent des bactéries
lactiques (Lactobacillus plantarum et Lactobacillus
casei qui représente 40 à 70% des bactéries
présentes) pour un optimum de température de 35°C.
Elles acidifient le milieu dont le pH avoisine rapidement 3 en
empêchant ainsi la fermentation butyrique (pour un pH un peu
supérieur à 4). Un fourrage s'ensile bien s'il contient
10 à 12% de glucides solubles. Le fourrage ensilé est
apprécié des ruminants et favorise la richesse en
matière grasses du lait.
La température de cuisson des produits laitiers
fermentés est un facteur déterminant pour le
développement de telle ou telle souche bactérienne;
cependant, on ajoute la plupart du temps des souches
sélectionnées:
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yaourt |
Lactobacillus bulgaricus (L.) ou
Lactobacillus caucasicus |
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le lait bouilli refroidi est ensemencé par des
souches sélectionnées de bactéries
lactiques (normalement autant de S. que de L.
); la fermentation dure 3-4 heures à 41°C.
S. se développe d'abord (aérobie),
acidifie légèrement le lait et consomme le
dioxygène. L. se développe alors
(presque anaérobie) et acidifie beaucoup plus
fortement le lait. |
L'acide lactique produit par les bactéries provoque une dénaturation des protéines. Suivant la composition du lait (et donc l'origine animale: vache, brebis, chèvre, chamelle...) on obtient des produits de fermentation différents et donc des goûts différents. S. parfume le yaourt avec du diacétyl et L. avec l'acétaldéhyde. |
Bifidobacterium sp. |
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Le genre Bifidobacterium correspond à des bactéries acétiques et lactiques en forme de bâtonnets irréguliers (extêmité fourchue ou en crosse d'où leur nom), immobiles, anaérobies et ne formant pas de spores. On les trouve à l'état naturel dans l'intestin humain (découverts en 1906); ce seraient elles qui améliorent la tolérance au lactose, notamment chez les nouveau-nés. Elles autraient de plus une action antitumorale et réduiraient le taux de cholestérol sérique. |
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Silhouettes de trois types de bactéries du yaourt: Bifidobacterium, Lactobacillus et Streptococcus l'échelle étant approximativement respectée pour les 3 et la longueur d'un bâtonnet de Lactobacillus étant d'environ 3 micromètres. Au microscope une goutte de yaourt, colorée ou non au bleu de méthylène est facilement observable (voir classification des êtres vivants) |
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lait fermenté |
Lactobacillus acidophilus |
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les laits fermentés à L. acidophilus semblent avoir les mêmes rôles bénéfiques que les yaourts ensemencés avec cette même espèce. |
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crème acide et babeurre fermenté |
Lactobacillus lactis (et notamment la sous-espèce diacetylactis) |
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cette sous-espèce de L. donnant un goût de beurre particulier est utilisée dans la crème pour produire une crème acide et dans du lait écrémé pour produire du babeurre fermenté. |
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fromages |
Lactobacillus cremoris |
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Ces deux souches sont nécessaires au stade précoce de la fabrication de quasiment tous les fromages; ce sont elles qui sont responsables de la transformation du lait en "caillé" par fermentation lactique produisant de l'acide lactique (on utilisait aussi la rennine, une enzyme de l'estomac de veau). |
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Streptococcus thermophilus |
+ de 37°C |
Ces deux souches sont utilisées directement pour la fabrication de gruyère qui comprend un chauffage du caillé (suivi de l'égouttage et du salage) puis un affinage de plusieurs mois à un an. |
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Propionibacterium shermanii |
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Ces deux souches sont ajoutés lors de l'affinage du gruyère. Ce sont elles qui sont responsables de la formation des trous par production de dioxyde de carbone. Elles participent aussi au goût final du fromage. |
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Penicillium roqueforti (mycète) |
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Pour le bleu et le roquefort c'est le caillé (obtenu à partir des souches de L. cremoris et L. lactis) qui est inoculé par des spores de P. roqueforti. L'affinage dure un à quelques mois. |
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Penicillium camenberti (mycète) |
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Le caillé obtenu à partir des souches de
L. cremoris et L. lactis est d'abord
égoutté et salé. La surface du fromage
déjà formé est inoculée par des
spores de P. camemberti. La durée de
l'affinage est de l'ordre de quelques mois. |
Saccharomyces carlsbergensis est une levure de bière
utilisée en brasserie qui se dépose au fond de la cuve
de fermentation: on dit qu'on a une fermentation basse. A
l'inverse, Saccharomyces cerevisiae est une levure de
bière utilisée en brasserie tout comme en panification
qui monte en surface lors de la fermentation; on a alors une
fermentation haute. Les deux types de fermentation ne donnent
pas exactement les mêmes produits.
Pour produire de la bière, on utilise des
grains d'orge (ou de blé, ou de riz) maltés
(germés) c'est-à-dire dont les enzymes ont
commencé à hydrolyser l'amidon du grain
(l'amidon est un polymère d'amylose (longues
chaînes non ramifiées de glucose) et
d'amylopectine (longue chaînes de ramifiées de
glucose)) en maltose (polymère de 2 glucoses). L'orge
malté est broyé et introduit dans de l'eau
à 67°C où l'hydrolyse se poursuit.
Après filtration, la phase aqueuse ou moût va
être chauffée dans des cuves de brassage et
mélangée à du houblon (Humulus
lupulus, une Cannabacée bien connue comme
tonique, diurétique (favorise la diurésie:
action d'uriner) et dépuratif.... un simple
recommandé par Sainte Hildegarde comme remède
à la mélancolie au XIIème
siècle; ce houblon étant initialement
ajouté au moût pour éviter le
développement de microorganismes indésirables;
il est conservé car il aromatise et facilite la
clarification du moût) qui donnera sa saveur à
la bière et à du sucre. L'ébullition
arrête les cations enzymatiques. Après
refroidissement, il y a ensemencement avec une souche
sélectionnée de levure qui dégrade les
sucres du moût en éthanol et CO2 mais produit
aussi de nombreuses autres substances, en faible
quantité, responsables de la saveur de la
bière. Saccharomyces carlsbergensis se
dépose au fond de la cuve et produit du
glycérol et de l'acide acétique. Le temps de
fermentation est de 7 à 12 jours et le pH final est
de 4,1-4,2. Avec Saccharomyces cerevisiae, le levure
monte en surface et donne des bières plus acides (pH
de 3,8) ou "ales" (anglaises). La fermentation
achevée, la levure est séparée de la
bière qui, après maturation, sera
filtrée (et parfois stérilisée sur
membranes filtrantes), embouteillée (on ajoute alors
souvent du CO2), parfois pasteurisée (à
60°C ou au-delà) et commercialisée. La production des whiskies, whiskey (irlandais) et du whisky (écossais) est une extension des procédés de production de la bière. Le moût, après l'ébullition, est enrichi en alcool à partir de condensats de la phase volatile (par exemple le bourbon doit contenir au moins 51% d'alcool de maïs, le whisky étant fait principalement d'orge). Le moût refroidi est ensuite inoculé par une bactérie lactique comme Lactobacillus delbrueckkii qui produit principalement de l'acide lactique qui abaisse ainsi rapidement le pH à 3,8 en 6 à 10 heures et limite le développement de microorganismes indésirables. La vodka est issue de la distillation de grains. Le gin est une vodka à laquelle on ajoute des aromates résineux (baies de génévrier par exemple). |
La conservation des légumes en saumure (olives, cornichons, chou...) permet par ajout de sel (3%) à sec de développer une pression osmotique élevée qui favorise le développement des bactéries lactiques (on peut aussi ensemencer la préparation). L'acide lactique produit par fermentation empêche le développement d'autres souches. Cette technique et les précédentes, reposent sur le principe très général de la compétition: pour contrôler le développement des diverses souches on favorise une souche que l'on sait inoffensive et qui empêche d'autres souches, toxiques, de se développer.
Une exemple original de la maîtrise du travail de relation est représenté par les associations bactériennes qui travaillent les unes à la suite des autres, chacune prenant comme substrat le produit des réactions de l'élément le précédant dans la chaîne. Le cas de l'épuration par la méthanisation des boues (des effluents industriels, d'élevage ou domestiques) en est un exemple. A pH 7 et en anaérobiose les associations stables regroupent des bactéries hydrolytiques (dégradant la cellulose, l'amidon, les lipides et les protides), des bactéries fermentatives (qui produisent les acides organiques ou de l'alcool), puis des bactéries acétogènes produisant de l'hydrogène associées (les deux différents types bactériens sont associés spatialement: vraiment accrochées les unes aux autres) à des bactéries utilisant l'hydrogène comme les bactéries sulfato-réductrices (qui réduisent les sulfates (SO42-) en sulfures (S2-)) et des bactéries méthanogènes (qui produisent du méthane à partir du CO2 et de l'hydrogène). Un digesteur de station d'épuration produisant du biogaz (méthane et CO2 produits par des microorganismes) fonctionne à pH compris entre 6,8 et 7,6 avec un optimum de température à 50°C. Les boues épurées sont utilisées en épandage. Le biogaz servant de combustible pour produire de l'énergie thermique ou électrique (le rendement est assez bon : un kilo de matière organique peut produire jusqu'à 600L de méthane). On peut noter que la biométhanisation anaérobie se produit dans des milieux très variés comme le tube digestif de nombreux animaux (rumen des ruminants, intestin d'autres animaux; à noter que les animaux sont ainsi responsables d'une grande partie du méthane rejetté dans l'atmosphère: une vache éructant de 200 à 400L de méthane par jour), le cytoplasme de nombreux unicellulaires, les sédiments lacustres (marais et marécages) et marins, les sources chaudes (on a ainsi isolé une bactérie méthanogène qui se développe jusqu'à 110°C, son optimum de croissance se situant à 98°C).
Des bactéries et des mycètes sont utilisés depuis longtemps dans la lutte contre d'autres organismes viuvants indésirables comme les insectes: on utilise ainsi Bacillus thuringiensis pour de nombreuses cultures contre les larves d'insectes, en supposant leur inoffensivité pour l'homme. Des champignons comme Beauveria bassiana sont répandus contre le doryphore de la pomme de terre.
La vinification consiste à faire fermenter le jus
issu du broyage (foulage) des grappes et de leur macération
(pour le vin rouge) suivi par le pressage (séparant la jus
liquide de la râpe solide). La première fermentation en
cuve est réalisée par des souches de levures et donne
le moût. Cette fermentation alcoolique
dégrade les sucres libres (glucose, frucose, pentoses)
mais il existe dans le moût de très nombreuses autres
substances: des acides (acide malique, tartrique, citrique), des
acides aminés et des tannins, notamment. De nombreuses souches
de levures sont présentes à l'état naturel sur
les grains de raisin et l'inoculation naturelle
réalisée lors de l'extraction du jus peut suffire mais
reste aléatoire. On traite donc souvent le moût à
l'anhydride sulfureux et on ajoute des souches fraîches de
Saccharomyces cerevisiae ou de Saccharomyces
ellipsoideus. La fermentation dure entre 3 et 5 jours à
15-28°C. La quantité d'alcool dépend de la souche
(plus ou moins tolérante à l'alcool) et de la
quantité de sucre du départ (plus il y a de sucre, plus
la fermentation alcoolique est importante et plus une teneur en
alcool élevée est atteinte rapidement, ce qui bloque
l'activité des levures et l'on obtient alors un vin doux ou
sucré). On retire ensuite l'excès de levure et on
transfère le moût en cuve à décantation.
Une deuxième fermentation, toujours délicate, a ensuite
lieu, c'est la fermentation malo-lactique
réalisée par les bactéries lactiques
Leuconostoc nos naturellement présentes.
Celles-ci se développent si le pH est bas et si le taux
d'alcool est suffisant. Ces bactéries dégradent l'acide
malique en acide lactique ce qui baisse l'acidité du vin. La
masse des levures qui se sont multipliées pendant les
fermentations forme la lie qui est laissée au fond de la cuve
lors du soutirage. Le vin soutiré peut ensuite être
vieilli en fût ou directement mis en bouteilles
Le vinaigre provient de l'oxydation de l'éthanol en
acide acétique par Acetobacter et Gluconobacter
en milieu aérobie. On peut récupérer une
"mère de vinaigre" à la surface d'un vinaigre en cours
de maturation.
Les champagnes sont obtenus en maintenant la fermentation en
bouteille pour obtenir un vin naturellement pétillant. La
collecte des levures restantes se faisant à la fin de la
maturation, au niveau des cols des bouteilles inversées,
après les avoir soigneusement et régulièrement
tournées, en les congelant (uniquement le col), ce qui permet
de déboucher la bouteille et retirer les levures. On rajoute
un peu de champagne clarifié à chaque bouteille avant
le bouchage final et l'étiquettage.
La production de lysine est réalisée industriellement par une souche de Corynebacterium glutamicum sélectionnée mutante qui produit une grande quantité de lysine et la rejette dans le milieu (chez la souche mutante il manque une enzyme dégradant le précurseur de la lysine (homosérine) qui le transforme en thréonine, un autre acide aminé; et donc d'une part, seule la lysine est produite et d'autre part la totalité du précurseur est transformée en lysine). On obtient ainsi en 3 jours de fermentation 44 g/L de lysine. La lysine est un acide aminé indispensable chez les animaux, c'est-à-dire que la plupart des animaux sont incapables de synthétiser et qu'ils doivent donc trouver dans leur alimentation. Or les protéines végétalkes sont très pauvres en lysine. On fournit donc un complément en lysine aux herbivores d'élevage.
La production industrielle de pénicilline par un champignon Penicillium chrysogenum cultivé dans des fermenteurs agités est un bon exemple de contrôle des paramètres du milieu afin de produire la plus grande quantité d'antibiotique.
Le malt de brasserie (voir ci-dessus) contient
environ 53% de maltose, 12% de glucose, 13% d'autres sucres simples
et 22% de dextrines (sucres complexes issus de la dégradation
partielle de l'amidon constitués par de courtes chaînes
de glucoses). Saccharomyces cerevisiae dégrade
essentiellement le maltose et des sucres simples. Saccharomyces
carlsbergensis dégrade le maltose et la plupart des sucres
simples, mais pas non plus les dextrines. Pour faire une bière
plus "légère", contenant moins de dextrines on peut
utiliser Saccharomyces diastaticus qui dégrade les
dextrines mais malheureusement pas tous les sucres simples. On a donc
réalisé des croisements entre ces souches afin de
produire une bière "légère" et qui conserve un
goût agréable.
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dégrade le maltose, les sucres simples mais pas les dextrines |
dégrade le maltose, les sucres simples mais pas les dextrines |
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dégrade les dextrines |
dégrade le maltose, les glucides simples et les dextrines mais la bière a un goût désagréable |
dégrade le maltose, la plupart des glucides simples et les dextrines (au total 90% des glucides) et la bière a un goût agréable |
dégrade tous les glucides et la bière a un goût agréable |
Sans pouvoir réellement traiter de ce vaste domaine ici, il faut citer la technologie de l'ADN recombinant (voir par exemple cours de spécialité de TS) qui permet de sélectionner des souches pour telle ou telle application mais aussi maintenant de manipuler leur information génétique afin de les amener à présenter telle ou telle propriété ou produire une substance. Plus prometteur et osé encore l'ingénierie des protéines et, plus récemment encore, l'ingénierie métabolique. La première, toujours à l'aide de la technologie de l'ADN recombinant, s'efforce de produire de nouvelles molécules (en modifiant les molécules naturelles produites par les microorganismes) qui ont des propriétés intéressantes pour une application technologique (par exemple, en modifiant un acide aminé sensible au dioxygène (la méthionine) et en le remplacant par un autre (la valine), on stabilise une enzyme (l'alpha-antitrypsine) produite par Escherichia coli dans les laboratoires à des fins technologiques. L'ingénierie métabolique quand à elle modifie les réseuax de réactions chimiques à l'intérieur du microorganisme (le métabolisme) afin de lui faire produire des substances entièrement originales (par exemple en ajoutant le gène d'une enzyme supplémentaire (une réductase) pris chez un autre genre (Corynebacterium), on fait produire à une bactérie (Erwinia herbicola) un précurseur de la vitamine C qu'elle ne produisait pas.
Les microorganismes ne sont bien évidemment pas totalement
maîtrisés. Ils sont à l'origine de nombreuses
maladies et sont des agents très actifs de la
dégradation de composés alimentaires.
Le terme de biodétérioration désigne tous
les phénomènes de dégradation NON
SOUHAITÉE de matériaux par les microorganismes. On peut
ainsi citer le papier, les carburants pour réacteur (des
bactéries dégradant les hydrocarbures croissent dans le
fond des cuves à kérosène et autres carburants
pour avions dès qu'y stagne un peu d'eau), les puces
électroniques (lors de la fabrication des puces, la croissance
miucrobienne est l'ennemi n°1 et les systèmes
d'épuration de l'eau sont les plus sophistiqués qu'il
soit), les peintures (pour lutter contre les bactéries et
mycètes, on ajoutant des composants mercuriques, comme pour la
pâte à papier, mais l'accumulation du mercure dans les
eaux de lessivage provoquant un grave danger pour l'environnement,
ces composés ont été abandonnés et
remplacés par des ammoniums quaternaires, du métaborate
de barium et divers produits phénoliques chlorés), les
textiles et les cuirs, les métaux (voir ci-dessous) et
même le béton (qui peut être dissous par des
bactéries du groupe des thiobacilles qui oxydent les
composés soufrés (pyrite notamment) en sulfates.
Les bactéries méthanogènes, fort
utilisées dans l'épuration des boues organiques (voir
ci-dessus), se sont revélées utiliser aussi le Fer
comme donneur d'électrons pour la production de
méthane: elles sont donc à l'origine d'une importante
corrosion anaérobie des tuyaux contenant du fer doux. Ce
problème est devenu extrêmement important.
Remarque: on peut aussi souhaiter favoriser la
biodégradation naturelle, notamment pour
l'élimination de déversements de pétrole
(notamment par des espèces de Pseudomonas modifiées
génétiquement à l'aide de petits fragments
circulaires d'ADN ou plasmides), ou encore la
récupération de métaux dans des résidus
d'extraction de minerais (c'est le mécanisme de biolixiviation
utilisé par exemple pour récupérer le cuivre
à l'aide de thiobacilles).
La fermentation malo-lactique des moûts (voir ci-dessus) est toujours une étape délicate qui peut échouer - et qui de fait échoue parfois.
Etant donné la complexité des questions agricoles, j'ai choisi de traiter ce chapitre sous forme d'une page documentaire associée sur le blé. Dans les paragraphes ci-dessous, je me contenterais de résumer ou de compléter certains points en élargissant à d'autres organismes.
Si l'on utilise les semences issues de la fécondation naturelle pour les nouveaux semis les rendements ne se maintiennent pas.
Quelques étapes de la transgénèse.
(source principale: article zootechnie de l'E.U.)
L'opposition entre alimentation végétarienne et carnée n'est plus vraiment actuelle et peu d'hommes de nos jours ne sont pas polyphages. Cependant cette distinction a une origine historique, philosophique et religieuse profonde dont l'exemple le plus connu est peut-être Pythagore (philosophe et mathématicien grec mort vers -500 ans avant Jésus-Christ), un végétarien convaincu, et son gendre Milon, un carnivore et polyphage, non moins convaincu. La consommation de chair animale nécessite le sacrifice de l'animal, qui maintenant a perdu, sauf dans certaines religions, ce sens d'offrande à la divinité. C'est pour faire référence à cette tradition que j'ai employé le terme de sacrifice, qui, même s'il est banalisé, n'en reste pas moins un élément de légitime interrogation pour les enfants pour lesquels ce n'est jamais pareil de manger un animal (surtout s'ils le connaissent, dans le sens où ils l'ont vu vivre et peuvent reconnaître son cadavre) et une plante. Il ne faut pas oublier que des pays entiers restent majoritairement végétariens et certainement pas parmi les moins peuplés du globe (l'Inde bouddhique par exemple) et ce n'est bien évidemment pas seulement par tradition ou du fait de la difficulté de se procurer des protéines animales chères.
«La science du bétail consiste à l'acheter et à le nourrir, afin de tirer le plus d'argent possible de la chose même d'où vient le mot argent. Car pecunia , argent monnayé, est dérivé de pecus , le bétail étant regardé comme la source de toute richesse» (Varron (MARCUS TERENTIUS REATINUS VARRO ~ 116-~ 27), De agricultura )
La zootechnie désigne «l'amélioration et l'exploitation des animaux domestiques pris dans les différentes espèces» (mot forgé par M. Gasparin en 1844).
Une histoire française de l'élevage:
Au début de l'histoire, comme le souligne Leroi-Gourhan,
l'élevage a été une affaire d'animaux, l'homme
cherchant plus à satisfaire les besoins de ceux-ci qu'à
imposer des techniques. Il n'y avait donc pas une véritable
science de l'élevage, donc pas de zootechnie. Le grand souci
de l'agriculture est de fournir des céréales
panifiables et le bétail est mis au service de cette
agriculture en fournissant son travail et le fumier. Le cheval et le
mouton occupent cependant une position particulière, la
création des Haras, en 1665, par Colbert et les études
sur le mouton par Carlier (1771), puis par Daubenton en sont des
preuves évidentes. C'est surtout au XVIIIe siècle
que naît la science de l'exploitation des animaux, plus
particulièrement en Angleterre avec Bakewell, dont on peut
schématiser ainsi la méthode: nourrir le mieux possible
les animaux, choisir les meilleurs sujets, ceux qui répondent
le mieux à cette alimentation intensive, faire reproduire
entre eux les meilleurs sujets en utilisant une consanguinité
plus ou moins étroite afin de fixer le plus rapidement
possible les caractères observés. Les premiers concours
d'animaux de boucherie datent de 1842 en France et
s'internationalisent en 1855. Des mélanges avec des
espèces étrangères vont alors être
tentés. Les races pures des bovins sont consignées
à partir de 1870 dans un livre d'origine (Herd Book). Les
années 1980 vont être marquées par une autre
révolution : compte tenu de l'évolution même de
l'agriculture, des structures rurales, des impératifs sociaux
et économiques, on tente d'imposer aux animaux des techniques
d'élevage qui les amènent à la limite de leur
élasticité physiologique.
Le principe de base en élevage date de 1891 lorsque Cornevin écrivait: « il y a une solidarité entre le sol, le climat, les végétaux et le bétail, solidarité appelée aussi harmonie agricole.» Si l'on ajoute à cela un zeste de connaissances sur les techniques modernes de reproduction et de suivi de croissance et de solides connaissance économiques, on a les bases nécessaires à un éleveur moderne.
La race n'est pas une notion zoologique mais bien technique et économique. On parle aussi de souches en référence à des groupes d'animaux der même espèce et présentant la même performance (notion économique). La sélection de races et de souches est connue sans aucun doute depuis les débuts de l'élevage. Si les théories génétiques ne viennent qu'en appui de techniques ancestrales (on ne doit pas parler à mon avis de la lactation comme d'un caractère mendélien), les technologies de maîtrise de la fécondation (fécondation in vitro, insémination artificielle, clonage embryonnaire par division d'un embryon au stage très précoce et implantation dans plusieurs utérus maternels préparés) révolutionnent par contre les méthodes de la sélection des mammifères essentiellement.
C'est principalement l'insémination artificielle
(chez le cheval dès la fin du XIXème siècle,
puis les ovins et enfin les bovins depuis 1950; aujourd'hui, plus de
90% des vaches laitières se reproduisent par
insémination artificielle en France, pour des raisons
essentiellement génétiques; le pourcentage est beaucoup
plus faible dans les races à viande). Les progrès
technologiques (congélation dans les vapeurs d'azote liquide,
conditionnement en «mini-paillettes» de 0,25 ml, etc.)
l'ont banalisée chez les bovins: aujourd'hui, un
éjaculat de taureau permet couramment de produire cinq cents
doses de semence.
Dans les autres espèces, la congélation est souvent
plus problématique, ou économiquement peu
intéressante. L'insémination se réalise alors
largement avec du sperme frais (petits ruminants, porcs, volailles,
etc.). L'insémination artificielle progresse dans toutes les
espèces, mais sa pénétration demeure nettement
plus faible que chez les vaches laitières. À noter un
développement spectaculaire, depuis 1985, chez le porc.
Le contrôle du cycle ovarien, qui permet de planifier la
venue en chaleur et de synchroniser la reproduction d'un groupe de
femelles (conduite en bandes), s'est, à un degré
moindre, beaucoup développé aussi. La reproduction peut
faire appel à une simple technique d'élevage
(synchronisation des sevrages chez le porc), à une
modification du photopériodisme naturel par l'application de
programmes lumineux (volailles de ponte, surtout, petits ruminants et
équidés, ponctuellement) ou à des traitements
hormonaux. Ces derniers, qu'ils fassent appel à des
progestagènes, à la prostaglandine F2a ou à une
combinaison des deux, sont maintenant bien au point chez les
mammifères de ferme. La synchronisation des chaleurs par voie
hormonale autorise l'insémination artificielle sans
détection préalable de l'strus.
Le diagnostic de la gestation peut être
systématiquement pratiqué, spécialement chez les
bovins laitiers. Les méthodes utilisables sont nombreuses:
dosage de la progestérone dans le lait à 21-24 jours
après la fécondation supposée
(intéressante surtout pour repérer à ce stade
les femelles non gestantes), dosage de protéines embryonnaires
dans le sang de la mère à partir de 30 jours,
échographie à partir de 40, etc.
Les «biotechnologies» font beaucoup parler d'elles mais,
pour le moment, seul le transfert d'embryons frais ou
congelés fait l'objet d'applications sensibles chez les bovins
(36 000 transferts en 1990). La transgenèse
consiste à introduire un gène isolé au premier
stade du développement de l'embryon. Le clonage
consiste à transférer le noyau d'une cellule
prélevée sur un embryon dans le cytoplasme d'un zygote
qui ne s'est pas encore divisé ou d'un ovocyte et permet de
produire un certain nombre de copies, ou «clones», d'un
même individu. Ces deux techniques ouvrent à la
zootechnie des perspectives complètement nouvelles, mais
à des échéances qu'il est impossible de
préciser pour le moment
[cf. TRANSGÉNÈSE: Des
gènes ont été injectés dans des embryons
de multiples espèces - mouton, lapin, porc, poulet, etc. Des
problèmes techniques, liés en particulier à la
difficulté de bien voir les noyaux, font que les rendements
sont en général largement inférieurs à
ceux qu'on obtient avec les embryons de souris. Les applications sont
essentiellement agro-alimentaires, à savoir, d'une part,
l'amélioration des espèces et, d'autre part, la
production de molécules d'intérêt
thérapeutique ou biologique. Chez les eucaryotes
supérieurs, un certain nombre de protéines doivent
subir, après qu'elles ont été
synthétisées, des modifications importantes
(glycosylation, clivage protéolytique, phosphorylations...)
pour adopter leur conformation terminale et devenir actives.
Désormais, on sait utiliser la machinerie bactérienne
pour produire en grande quantité des protéines. Mais
les bactéries ne peuvent correctement effectuer toutes les
étapes de maturation des protéines eucaryotes. En
revanche, ces étapes peuvent être
réalisées dans certaines cellules en culture, mais la
production massive reste impossible et les modèles cellulaires
adaptés sont peu nombreux. La solution est alors de
réaliser un animal transgénique dont le
transgène comprend la séquence codant pour la
protéine précédée de séquences
régulatrices et capable de cibler l'expression dans le type
cellulaire qui permet la maturation de la protéine. Il est
parfois possible, et cela est important pour la production massive,
d'ajouter au gène introduit une séquence codant pour un
signal de sécrétion de la protéine dans le sang
ou dans le lait, par exemple, rendant sa purification
ultérieure plus aisée. Un facteur IX actif et de
l'alpha I antitrypsine ont ainsi pu être produits. Il est clair
que l'obtention d'animaux dont les constituants seraient d'une
qualité nutritionnelle plus importante (modification de la
composition du lait par exemple) ou permettant de produire en grande
quantité des protéines d'intérêt
thérapeutique ou biologique est d'une grande
utilité.]
Exemple du contrôle de la ponte chez la poule:
* une observation : chez les poules élevées dans des
conditions naturelles l'activité sexuelle est directement
proportionnelle à la durée du jour: maximale en fin
d'hiver et au printemps, lorsque la durée du jour augmente,
elle diminue en été et à l'automne.
* une connaissance expérimentale: le déterminisme de la
ponte chez la poule est sous la dépendance d'un stimulus
lumineux reçu par l'oeil et l'hypothalamus; on observe alors
un réflexe neuro-endocrine (réponse du système
hypothalamo-hypophysaire)se traduisant par la sécrétion
d'hormones stimulant les ovaires et conduisant à la ponte.
* des expériences sont donc menées afin de
déterminer la relation entre la photosensibilité et
l'activité sexuelle dont on note le résultat en
observant ou non une ponte. En voici les résultats:
Programme lumineux d'élevage de poules
pondeuses (d'après La vie et la terre,
1ère S, Istra, Casteilla, 1988)
(d'après SVT, 6ème, Bordas,
2000) nombre d'ufs pondus par poule consommation d'aliments en g/uf
D'abord, parce que le coût de l'alimentation
représente, selon les productions, de 55 à 75% du prix
de revient. Ensuite, parce que l'intensification n'a
été possible qu'en raison de considérables
progrès techniques dans la conception, la formulation et la
réalisation des rations. Enfin, parce que l'alimentation a une
influence prépondérante tant sur la qualité des
productions animales résultantes que sur la santé, donc
la prévention de multiples pathologies. Ce qui frappe dans la
formulation industrielle actuelle (en 1991, plus de 19 millions
de tonnes d'aliments composés d'origine industrielle,
privée ou coopérative), c'est, d'une part, la
précision des données et, d'autre part, le
poids accordé aux équilibres nutritionnels pour
chaque situation concrète (par exemple, acides
aminés indispensables en pourcentage de l'aliment, mais aussi
pour 1 000 kilocalories d'énergie
métabolisable: volailles; ou en pourcentage d'amidon
fermentescible par rapport aux sucres solubles totaux: vaches
laitières à haut potentiel); tout cela est servi par
des logiciels performants optimisant les résultats en fonction
des contraintes économiques. C'est ainsi que, de nos jours, il
faut moins de 2 kilos d'aliment pour faire 1 kilo de
poulet, moins de 3 kilos d'aliment pour faire 1 kilo de
porc, et que des programmes alimentaires évolués
permettent d'assurer en 305 jours des moyennes laitières
de plus de 9 000 kilos par vache! La rançon de ces
dispositifs a priori favorables est l'émergence d'une
pathologie d'origine nutritionnelle inconnue
jadis, et qui est bien un stigmate de l'intensification. Eu
égard au succès des grandes prophylaxies, la pathologie
en élevage, d'infectieuse et de parasitaire qu'elle
était, a tendance à devenir métabolique,
notamment chez les ruminants laitiers (acétonémie,
fièvre de lait, tétanie) ou à viande
précoce (acidose). Dans ces situations, le constat clinique
est très postérieur au désastre
économique initié par la maladie, d'où
l'importance vitale d'une prévention précoce et
adaptée au contexte particulier considéré, en y
intégrant des paramètres autres que la seule
alimentation.
Tout différent est le problème posé par la
nutrition des carnivores de compagnie qui, ayant longtemps subi
l'anthropomimétisme alimentaire imposé par leurs
maîtres, bénéficient maintenant d'aliments
préparés originaux, spécifiques, efficaces et
économiques. Il s'y greffe depuis peu une vaste panoplie de
formules dites diététiques, destinées à
corriger ou à s'adapter à une pathologie
préexistante, pour prolonger la vie d'animaux, qui, au titre
de commensaux, doivent accompagner le plus longtemps possible leurs
propriétaires. Ce vaste marché est en pleine expansion
et s'appuie sur des technologies élaborées (extrusion,
par exemple) étayées par une politique commerciale
imaginative et très active.
(d'après La vie et la terre, 1ère S, Istra, Casteilla, 1988) |
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Poulet standard |
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Poulet label |
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Souche à croissance rapide elevée par bandes de 20.000 dans un bâtiment à 22°C. Les dépenses d'entretien sont minimales (neutralité thermique et peu d'activité musculaire). L'aliment composé est riche en graisse (farine de poisson acceptée). Parcours en plein air non obligatoire |
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Souche à croissance lente élevée par bandes de 1,000 autour de bâtiments ouverts. Les dépenses d'entretien sont variables. L'alimentation est à base de céréales complémentées en protéines, minéraux et vitamines. Parcours en plein air avec 2m2 herbeux ou ombragé par poulet. |
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Il s'agit essentiellement des conditions sanitaires et
"écologiques".
Avec l'intensification de l'élevage, l'augmentation de la
taille des exploitations et leur tendance à la
spécialisation, deux conceptions nouvelles se sont fait
jour:
- construire des bâtiments spécialisés, pour
permettre (le mieux possible) l'application de recommandations de
plus en plus strictes en matière d'élevage;
- ne leur prévoir qu'une durée de vie
limitée (par exemple 15-20 ans), en partant du principe qu'ils
vont se trouver assez rapidement dépassés au regard de
l'évolution des techniques et qu'il vaudra mieux alors les
remplacer (notion d'amortissement technique, qui se surajoute
à l'amortissement économique).
Les bâtiments d'élevage doivent résulter d'un
compromis entre les impératifs de confort pour les animaux et
pour l'éleveur (qui y passe lui-même une partie de son
temps de travail) et les impératifs économiques
(construire à un coût de revient acceptable). Ce
compromis n'est pas facile à définir: par exemple,
mécaniser le plus possible l'enlèvement des
déjections (élément du confort de
l'éleveur, qui bénéficie d'une réduction
de son temps de travail et de la pénibilité de ce
dernier) n'est guère confortable pour les animaux (entretien
sur caillebotis, au moins partiel, par exemple) et coûte cher;
ne pas installer d'isolation thermique dans les bâtiments pour
ruminants est, dans la plupart des cas, logique compte tenu de la
physiologie de ces animaux, et c'est intéressant sur le plan
économique, mais, en contrepartie, l'éleveur devra
parfois travailler en subissant des températures
inférieurs à 0°C.Depuis 1980, les
difficultés de financement ont incité les
éleveurs à, parfois, s'orienter vers des
bâtiments de structures légères (y compris les
«tunnels», simples bâches en matière plastique
montées sur arceaux), qui sont censés constituer une
solution transitoire.
Au logement des animaux est liée la question des
déjections. Dans les élevages dits industriels de
volailles, de porcs, de jeunes bovins de boucherie, etc., les
excréments sont recueillis le plus souvent sous forme de
lisier et produits en quantité supérieure aux besoins
en engrais des terres de l'exploitation. Lorsqu'il y a
surépandage répété, les risques de
pollution des nappes phréatiques par les nitrates deviennent
sensibles. En attendant que des systèmes de traitement du
lisier, fiables et de prix accessible, soient à la disposition
des éleveurs, le législateur a imposé en 1992
des normes pour l'épandage, dont le respect ne va pas sans
poser de problèmes de pollution.
Un contrecoups de la sélection de races et souches performantes est une diminution de la diversité qui est considéré actuellement comme un appauvrissement du patrimoine génétique des espèces. Un effort de sauvegarde de la diversité est désormais entrepris. On pense ainsi que certains gènes, possédés par des espèces, dont l'élevage est actuellement économiquement peu rentable, pourraient se révéler intéressants dans le futur. Il est certain que, si l'amélioration génétique provient des croisements permis par la diversité, l'appauvrissement de cette diversité constitue une limitation des possibilités d'amélioration.
La crise récente de la "vache folle" (appellation médiatique mais en rien scientifique), l'épidémie de fièvre aphteuse, montrent la difficulté de trouver un équilibre entre des souhaits d'une population (une zootechnie respectueuse de l'animal et de l'environnement) et l'incontournable recherche de profit de l'élevage. Sans oublier que les comportements des populations européennes (se tourner vers les produits les moins chers) ne sont pas forcément en accord avec les valeurs qu'ils affirment défendre (celui qui pratique l'offre à bas prix est bien sûr responsable de la coercition qu'il induit).
L'agriculture française |
Les campagnes françaises n'ont jamais autant produit: un agriculteur nourrissait 7 personnes en 1955, il en nourrit 45 aujourd'hui. Les Français ont encore connu la disette durant la Seconde Guerre mondiale. Dès la fin du conflit, l'État encourage donc les agriculteurs à développer leurs productions. La production de blé double en dix ans! Les rendements de blé passent de 15 q/ha à 70, le maïs de 13 à 80. La production laitière triple. Cette remarquable augmentation de la production place aujourd'hui la France au deuxième rang des exportateurs mondiaux de produits agroalimentaires, derrière les États-Unis et devant les Pays-Bas. En 1996, les industries agroalimentaires totalisent 4 227 entreprises, qui emploient 377 260 salariés et réalisent un chiffre d'affaires de 677,6 milliards de francs. Sous l'effet de l'exode agricole, le nombre des exploitations a lui-même fortement diminué, tandis que la taille moyenne des exploitations s'est considérablement accrue. En un siècle, la France dénombre près de huit fois moins d'exploitations, passant de 5,7 millions en 1892 à 734 797 en 1995, soit 40 p. 100 de moins qu'en 1979. Cette chute, lente à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, s'est accélérée entre les deux guerres, lorsque le pays s'est fortement urbanisé sous l'effet de l'industrialisation. La motorisation de l'agriculture a accéléré plus encore les disparitions d'exploitations à partir de 1955. Depuis les années 1970, ce sont les contraintes de la P.A.C. qui accentuent ce processus: le nombre d'exploitations agricoles a diminué de 2,9 p. 100 par an entre 1970 et 1988 et de 4,5 p. 100 par an entre 1988 et 1995. Pour accroître leur productivité, les exploitations qui demeurent en activité s'agrandissent. De 14 hectares en 1955, leur taille moyenne est passée à 23,4 hectares en 1979 et à 38,5 hectares en 1995; 27,3 p. 100 d'entre elles sont cependant toujours de petite taille (inférieure à 5 ha), et le même pourcentage, 27 p. 100, dépasse les 50 hectares, dont plus de 5 p. 100 excèdent les 100 hectares et représentent le quart de la surface agricole utile (S.A.U.). Ces grandes exploitations se concentrent en Île-de-France (surface moyenne des exploitations: 85,6 ha), en Picardie et dans le Centre (où plus du cinquième des exploitations dépassent les 100 ha), alors que le pourtour méditerranéen, les Alpes et le Sud-Ouest se caractérisent par une forte dispersion de petites exploitations (près de la moitié des exploitations de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur font moins de 5 ha, la taille moyenne des exploitations agricoles varoises n'était que de 7,7 ha en 1988). Pour permettre aux agriculteurs de faire face aux investissements toujours plus lourds, de s'agrandir ou de mieux s'équiper, de nouvelles formes sociétaires d'exploitation voient le jour: les sociétés civiles d'exploitation agricole (S.C.E.A.), les groupements agricoles d'exploitation en commun (G.A.E.C.), les groupements fonciers agricoles (G.F.A.). Les premiers ont vu leur nombre augmenter de 129% entre 1979 et 1995; leur superficie moyenne est de 94 hectares. Ils se sont surtout développés en Picardie, en Champagne et en Auvergne. Les G.A.E.C. sont la forme d'exploitation collective la plus répandue (43 700 en 1995), mais ils ne représentent généralement que des associations familiales entre père et fils, 78 p. 100 d'entre elles ne regroupent que deux personnes. À l'inverse des S.C.E.A., les G.A.E.C. sont surtout répandus dans l'Ouest breton et ligérien. Globalement, le nombre des sociétés a plus que doublé entre 1979 et 1995 (+ 103%. Elles représentent 13% de l'ensemble des exploitations agricoles françaises. Constituées en août 1960, révisées en août 1982, les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (S.A.F.E.R.) permettent elles aussi aux agriculteurs d'agrandir leurs exploitations, d'acheter de nouvelles terres, de rendre plus cohérente la gestion de l'espace rural, en particulier à l'occasion de remembrements ou de successions. Les plus actives participent aux aménagements ruraux de l'Ouest et du Sud, en Gascogne, dans le haut Languedoc, en Auvergne également. Ces fortes variations dans la superficie
des exploitations agricoles traduisent des orientations
différentes dans les types et dans la qualité
des productions. En 1995, la superficie totale des
exploitations agricoles représente
30 067 000 hectares,
(31 985 000 ha en 1988), dont l'essentiel est
consacré aux surfaces toujours en herbe (35,2
p. 100) et aux céréales (27,6
p. 100). La composante agricole diminue
régulièrement au profit des forêts
(+ 30 000 ha en moyenne chaque année)
et des sols urbanisables (+ 60 000 ha). La
S.A.U. représentait 72 p. 100 du territoire
métropolitain en 1950, 61 p. 100 en 1995.
À l'inverse, les peupleraies, bois et forêts
couvraient 21 p. 100 du territoire national en 1950 et
27,6 p. 100 en 1995, soit 15 millions d'hectares.
La forêt, composée de près de deux tiers
de feuillus, joue elle-même un rôle fondamental
non seulement dans l'économie nationale
(33,3 millions de mètres cubes de bois
commercialisés en 1996 et environ 15 millions de
mètres cubes de bois de feu autoconsommés),
mais aussi dans la protection de l'environnement. Deux tiers
des terres agricoles sont des terres arables, dont les
jardins familiaux, un tiers est destiné aux cultures
permanentes. La moitié des exploitations sont
orientées vers l'élevage d'herbivores, pur ou
associé. L'élevage bovin gonfle ses rendements
en substituant le maïs-fourrage à la prairie. 18
p. 100 des exploitations se destinent à
l'agriculture générale, 12 p. 100
à la viticulture. Les surfaces toujours en herbe
régressent depuis la fin des années 1970.
Elles couvrent 32 p. 100 des terres agricoles en 1997.
Les cultures fourragères occupaient 33,6 p. 100
des terres arables en 1950 et uniquement 10,7 p. 100 en
1997. Depuis la mise en place de la réforme de la
P.A.C., en 1992, la composition des terres arables a
changé. Les superficies en céréales et
en oléagineux diminuent. Les jachères, qui
représentaient environ 220 000 hectares en
1980, ont fortement augmenté et couvrent
1,3 million d'hectares en 1996. En raison d'une
nouvelle baisse du taux de gel obligatoire, les
jachères sont redescendues à
870 000 hectares en 1997. La jachère
industrielle (gel productif) atteint
235 000 hectares, dont 160 000 de colza en
1997. a France est de loin le premier
producteur agricole de l'U.E. (21,3 p. 100 de la valeur
de la production des Quinze en 1996), mais elle n'est pas la
seule nation à connaître la surproduction, qui
est due en partie à la politique agricole commune. La
P.A.C. a eu pour but de garantir les prix d'un certain
nombre de produits de base, les primes les plus importantes
étant versées aux producteurs qui obtenaient
les meilleurs rendements, c'est-à-dire les plus
grandes exploitations. Ce productivisme, peu soucieux de la
qualité des produits, a engendré des stocks
importants et, de ce fait, la chute des prix d'un grand
nombre de denrées agricoles. En 1997, la production
céréalière atteint 62,1 millions
de tonnes, dont 33 de blé tendre, 15,5 de maïs,
(211 000 t en 1946), 10,1 d'orge (plus de dix fois
plus qu'avant la Seconde Guerre mondiale). Le gel des terres
instauré par la réforme de la P.A.C. à
partir de 1993 a surtout affecté la production de
blé dur et d'orge: en 1993, elle était
à peine plus élevée qu'en 1970,
inférieure en 1994 et 1995. La production de
blé tendre et de maïs a peu reculé.
L'agriculture française a produit en 1997
5,8 millions de tonnes d'oléagineux (colza,
principalement dans le Centre et en Champagne-Ardenne;
tournesol, principalement en Poitou-Charentes et dans le
Centre; soja). La production de légumes frais est
extrêmement diversifiée et fluctuante, mais
elle s'est beaucoup développée depuis 1970
(4 450 milliers de tonnes en 1970; 6 millions
de tonnes en 1997). Salades et tomates représentent
27 p. 100 de la valeur commercialisée. La
production des fruits frais reprend depuis la fin des
années 1980 (3 530 milliers de tonnes en
1970; 3,5 millions de tonnes en 1997). Cette
augmentation est due principalement aux productions de
pêches (530 000 t en 1995), d'abricots
(100 000 t) et de pommes (2 millions de
tonnes), qui avait régressé ces vingt
dernières années. |
État des élevages en France |
La France détient environ
21 millions de bovins, dont
8 950 000 vaches:
5 300 000 vaches laitières et
3 650 000 vaches à viande (ou
allaitantes), la part des premières ne cessant de se
réduire depuis l'instauration des quotas laitiers en
1983. L'élevage bovin se concentre dans l'Ouest, mais
il reste encore bien pratiqué sur l'ensemble du
territoire (à l'exception du Bassin parisien et de la
zone méditerranéenne). Le cheptel allaitant,
fortement représenté dans une dizaine de
départements du Centre et du Sud-Ouest, progresse
actuellement partout. Le cheptel ovin compte 9 500 000 têtes. Il est entretenu essentiellement pour la production de la viande et accessoirement pour le lait (zone de Roquefort, Pyrénées). La laine ne compte plus. 150 000 exploitations sont concernées, mais 25 000 seulement ont plus de cent têtes, cette catégorie étant la seule à progresser. Les deux tiers des effectifs sont au sud de la Loire: les ovins sont donc d'abord entretenus dans les zones de montagne et de semi-montagne, même si des systèmes intensifs très performants avaient vu le jour dans l'Ouest. Exploités le plus souvent en semi-plein air (stabulation hivernale en bergerie, belle saison au pâturage), les ovins sont également concernés maintenant par le retour à l'extensification. La France élève environ 12 millions de porcs, dont 1 200 000 truies (la taille moyenne des portées est de 10). On a assisté à une concentration régionale extraordinaire puisque plus de la moitié des effectifs sont en Bretagne. L'augmentation de la taille des exploitations est également sensible, et l'on estime que d'ici à quelques années neuf mille éleveurs assureront 80% de la production française. Ces «grands» éleveurs assurent volontiers les deux activités de «naissance» et d'«engraissement», alors que la tendance fut au préalable à leur séparation. Les bâtiments porcins demeurent encore diversifiés, mais le poids de la mécanisation devient important et, dans les constructions récentes, une part significative est faite au caillebotis, aussi bien pour les porcs à l'engrais que pour les truies gestantes. Le porc dit charcutier est abattu à 100 kilos. La viande de porc a la particularité d'être très largement transformée, 75% environ de cette viande devenant des produits de charcuterie et des salaisons. L'aviculture fermière a considérablement régressé puisque, chez la poule, le secteur industriel assure plus de 90% de la production de la viande et près de 80% des ufs de consommation. Même si la France n'a pas connu le même phénomène de «course au gigantisme» que certains autres pays, la structure des exploitations s'est beaucoup modifiée: par exemple, moins de sept cents élevages de plus de 25 000 poules pondeuses assurent plus de 50% de la production française. La concentration régionale est également importante, les régions Bretagne et Pays de la Loire produisant plus de la moitié de l'ensemble des produits avicoles. L'aviculture est très spécialisée, avec au moins trois secteurs: celui de la reproduction (qui inclut la production de l'uf à couver et l'incubation), celui de l'engraissement des volailles de chair et celui de la production de l'uf de consommation (poule presque exclusivement). Les bâtiments se sont, dans une large mesure, standardisés: les volailles de chair sont élevées au sol, les pondeuses en batteries de ponte, les reproductrices au sol, avec fosse à lisier partielle. Notons, pour ces dernières, le développement de l'insémination artificielle, qui autorise l'élevage en batterie. |
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