Plan de cette page:
*les mots désignés par une astérisque sont définis dans l'annexe
Une source (émettrice) de lumière |
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D'abord la lumière c'est le rayonnement du Soleil, notre étoile, qui nous chauffe et nous éclaire (périodiquement, tous les jours directement et toutes les nuits indirectement par la lune, si les nuages ne nous les cachent pas trop). |
Dans cette phrase on trouve à la fois la notion de source lumineuse directe (un corps lumineux émet de la lumière) et indirecte (par réflexion un corps éclairé renvoie une partie de la lumière reçue). D'autre part, certains corps, comme parfois les nuages, sont opaques et projettent une ombre, en empêchant la lumière de se propager (à l'opposé des corps translucides: qui laissent passer la lumière... même en la modifiant un peu; le terme de transparent désignant un objet au travers duquel on peut voir nettement; on notera que les nuages sont translucides pour une lumière intense comme celle du soleil mais peuvent devenir opaques pour une lumière faible comme celle réfléchie par la lune). |
Mais l'homme a appris à maîtriser d'autres sources lumineuses dites artificielles mais qui sont naturelles et maîtrisées par la technique |
Les sources où la lumière est produite par une excitation thermique. |
le feu qui chauffe et éclaire: le feu "de joie", la bougie (la bougie a d'abord servi d'étalon pour l'intensité lumineuse: le candela, nom latin de la bougie est maintenant l'unité internationale et est définie par le rayonnement d'un corps noir - enceinte à température uniforme percée d'un tout petit trou), en passant par les lampes à flamme: lampe à huile ou la lampe à gaz. Les substances inflammables (bois, charbon, gaz, paraffine, huile...) sont alors brûlées (subissent une combustion ou plus exactement une oxygénation). On pense que la lumière du soleil est aussi due à l'excitation thermique des gaz qui le composent (combustion de l'hydrogène en hélium...). |
D'autres sources lumineuses plus modernes utilisent l'énergie électrique (excitation électrique) |
pour porter au rouge (incandescence*) un filament métallique (carbone, tungstène...) dans le vide ou dans un gaz (azote, iode...) |
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ou faire émettre de la lumière (luminescence*) à différents corps; ainsi on peut exciter (lampes à décharge électrique) un gaz dans un tube (vapeurs de sodium, de mercure, hydrogène, xénon...) seul ou, dans le cas des lampes à phosphorescence *( on parle à tort de fluorescence*) dans un tube contenant quelques vapeurs de mercure et dont les parois sont recouvertes de substances phosphorescentes excitées par le rayonnement UV du mercure produit par résonnance lors de la mise sous tension du tube. On réalise aussi des lasers *qui sont des sources de lumière stimulée cohérente (les élements stimulés qui sont des atomes de rubis ou de gaz engendrent des vibrations synchrones c'est-à-dire dont l'intensité varie de façon identique au cours du temps). Le mot «laser» est formé des initiales des mots anglais light amplification by stimulated emission of radiations , signifiant: amplification de lumière par émission stimulée de rayonnement. |
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il existe d'autres processus physiques mis en jeu dans la production de lumièremais ces 2 principales catégories semblent incontournables (voir annexe) |
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Un milieu conducteur de lumière |
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le vide, l'air, les gaz en général sont translucides |
le vide conduit la lumière à une vitesse
très élevée (environ 300.000
km.s-1, soit 300 m en 1 µs) |
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les liquides sont souvent translucides |
liquides et solides réfléchissent la lumière, au moins partiellement |
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les solides sont souvent opaques, certains sont translucides, quelques-uns, à l'état très pur et sur une faible épaisseur, sont transparents. |
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Un récepteur de lumière |
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des yeux formant une image du monde extérieur |
l'il humain reçoit tout et seulement le spectre visible et est sensible aux couleurs (longueur d'onde du rayonnement lumineux) mais pas à la polarisation de la lumière; dans l'obscurité, il possède une sensibilité moyenne nettement moins grande que celle de nombreux animaux à vie nocturne (félins, rapaces...). |
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la sensibilité à la lumière est quasi générale chez les êtres vivants |
quasiment tous les organismes sont sensibles à la lumière et orientent leur déplacement ou leur croissance en fonction de la lumière perçue |
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l'homme fabrique des récepteurs artificiels, parfois très sensibles |
les plus anciens sont basées sur la photosensibilité de certains corps: les émulsions d'Ag par exemple se colorent en noir à la lumière, ce qui a été et est encore le principe utilisé dans les plaques photographiques et émulsions des films en noir et blanc viennent ensuite les détecteurs basés sur l'effet photoélectrique: la lumière traversant certains corps (solides, liquides et même quelques gaz) provoque l'apparition d'un courant électrique ou la modification de la conductivité de ce corps au courant électrique on utilise aussi des récepteurs thermiques, notamment dans l'infra-rouge |
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L'optique, science de la lumière, englobe toutes les techniques qui permettent à l'homme de la maîtriser. Elle s'est énormément développée avec les sources de lumière électrique. Elle s'intéresse aux sources, aux objets éclairés, au systèmes optiques de conduction et de modification de la lumière, et aux récepteurs. |
On aurait pu penser qu'avec tous ces progrès techniques, la
nature de la lumière serait... "élucidée" (notez
l'étymologie de ce verbe: venant du latin lucere =
éclairer). Et pourtant , «nous saurions beaucoup de
choses, affirmait Louis de Broglie, si nous savions ce qu'est
un rayon lumineux.» Chaque nouvelle découverte
apporte de nouvelles interrogations et la question de la nature de la
lumière reste encore riche de découvertes. Les
progrès techniques sont peut-être la preuve que l'on
progresse dans la connaissance mais les questions restent toujours
ouvertes. En voici quelques-unes posées par un biologiste:
La lumière est-elle propriété des corps ou du
milieu dans lequel la matière baignerait ? De la même
manière, la vision est-elle plus un sens interne qui utilise
la lumière pour produire une image personnelle du monde ou
plus un sens externe qui reçoit une image du monde
extérieur ? Comment savoir ce que voit un animal ? La vision
n'est-elle pas plus qu'un simple sens de la vue des formes et des
mouvements des choses éclairées ou lumineuses,
n'est-elle pas connaissance ? Les lumières, les couleurs, les
formes seraient-elles quelquechose -ou, du moins, seraient-elles la
même chose- sans l'il de l'homme pour les voir ? Mon
voisin voit-il la même chose que moi ? Toute sensation aussi
complexe que la vue n'est-elle pas personnelle ?
L'approche moderne, depuis le XVIIIe siècle consiste à savoir si la lumière est un corps, ou bien, au contraire, le mouvement d'un corps; s'il s'agit d'une substance spécifique ou bien d'un mouvement spécifique. En ce début de siècle, la nature de la lumière repose encore sur le célèbre dualisme que la mécanique ondulatoire a étendu à la propagation de toute particule matérielle: la lumière se manifeste tantôt comme onde, tantôt comme corpuscule, ce qui n'est pas forcément le plus simple à comprendre.
En quelques mots (tirés de la fiche de
seconde sur ce site):
l'énergie lumineuse peut
être considérée selon deux aspects:
C'est plutôt l'aspect ondulatoire que l'on utilise lorsque l'on traite les lois de l'optique, c'est-à-dire les lois du déplacement de la lumière à travers l'espace ou les objets translucides.
Remarque:
l'énergie électrique possède elle aussi
ses deux aspects qui nous sont beaucoup plus familiers:
L'énergie lumineuse captée par les êtres vivants se trouve dans la fenêtre étroite du domaine visible (entre 760 et 380 nm soit pour des énergies véhiculées par un quantum de radiation (photon) de l'ordre de 10 kJ.mol-1); en effet à plus courte longueur d'onde (U.V.), l'énergie est destructrice et à longueur d'onde plus élevée (I.R.) l'énergie est trop faible. |
vivre de lumière |
se nourrir de lumière |
l'énergie lumineuse est une source nutritive (photosynthèse) pour les végétaux chlorophylliens (verts), de nombreux unicellulaires et certaines bactéries qui possédent aussi de la chlorophylle |
vivre à la lumière |
(le jour) et à l'obscurité (la nuit) |
les rythmes diurnes la lumière comme facteur du milieu nécessaire aux rythmes biologiques, à la floraison, à la germination... à la reproduction: la lumière facteur inducteur de mécanisme physiologiques (phototropismes, photopériodismes...) |
la vie à l'obscurité permanente |
sources hydrothermales = communautées édifiées à l'abri de la lumière (voir microbiologie, |
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se protéger des radiations lumineuses |
se protéger de la lumière, la lumière nocive (ADN, pigmentation...couleur de peau humaine ...) la lumière ultra-violette (U.V.) et les radiations ionisantes (X et gamma) détruisent la plupart des bactéries, de nombreux unicellulaires et champignons et causent des dommages importants aux plantes et aux animaux |
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l'oeil et les photorécepteurs chez les êtres
vivants: VOIR |
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produire de la lumière |
produire de la lumière (signal communication, reproduction...autre signification ?) (photogénèse ou bioluminescence) |
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se colorer |
se colorer, la couleur des ailes du papillon, la couleur des fleurs... la pigmentation du tégument animal (lumière réfléchie et lumière absorbée) - La couleur, Dossier Pour la Science, Hors Série, avril 2000 |
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maîtriser la lumière |
voir l'infiniment petit: microscopie, observer l'infiniment petit, résolution |
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lumière, matière, espace et temps |
la taille de l'univers en années-lumière... lumière fossile ? lumière ancienne ? lumière cosmique ... le rayonnement de l'univers |
L'énergie incidente (qui arrive sur un être vivant photosynthétique ou phototrophe: voir cours sur la nutrition) est partiellement restituée (réfléchie). Lors de la photosynthèse (phase lumineuse) de l'énergie lumineuse est réellement consommée, c'est-à-dire absorbée par un ensemble de pigments. Dans cette part absorbée, une partie permet (longeurs d'ondes élevées: infra-rouge) de chauffer l'organisme, et une autre est transformée en énergie chimique d'oxydo-réduction et de liaison (phase lumineuse de la photosynthèse) utilisable par l'organisme pour réaliser des synthèses de substances organiques (phase "obscure" de la photosynthèse, c'est-à-dire ne nécessitant pas la lumière directement). Chez les organismes photosynthétiques produisant du dioxygène l'énergie lumineuse sert aussi à casser les molécules d'eau (photolyse de l'eau). L'équation bilan de la photosynthèse peut s'écrire avec les mêmes termes que celle de la respiration mais dans le sens opposé:
le dioxygène O2 vient bien de l'eau (photolyse de l'eau) qui fournit aussi des électrons et des protons H+ pour réduire (donner des électrons et des protons) le dioxyde de carbone CO2 en matière organique C6H12O6 (ici le glucose) : voir pour un schéma plus complet le cours sur la nutrition.
Toutes les longueurs d'onde ne sont pas également efficaces:
La photosynthèse bactérienne est réalisée grâce à la chlorophylle, la bactériochlorophylle et d'autres pigments; un exemple de bactéries photosynthétiques cultivables et observables avec un microscope en classe: les Cyanophycées ou Bactéries bleues (voir classification des êtres vivants et cours TS, encadré sur les Cyanophytes fossiles).
Peuvent aussi être réalisées à
l'école primaire des expériences d'extraction
alcoolique de la chlorophylle d'unicellulaires et de plantes
diverses: algues brunes, mousses, fougères et plantes à
fleurs... Une fois la solution obtenue on peut la faire fluorescer
(photoluminescence) dans un faisceau lumineux intense. Les
idées principales à développer pouvant
être que:
* tous les organismes photosynthétiques ont de la chlorophylle
(même les algues brunes ou rouges),
* la chlorophylle est un pigment vert dans les cellules vivantes,
soluble dans l'alcool, qui brunit en s'oxydant à l'air et qui
excité par une lumière blanche intense émet une
lumière rouge par un phénomène que l'on appelle
fluorescence.
On peut distinguer* |
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la formation d'images (la vue, qui est le propre du règne animal) |
former des images nettes du monde extérieur est une capacité qui va de pair avec des organes : les yeux; cinq embranchements du règne animal possédent cette capacité: les Coelenthérés, les Annélides, les Mollusques les Arthropodes et les Vertébrés; |
deux types d'yeux existent (mais certains vers par exemple possèdent les deux types d'yeux ) |
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les yeux composés (à facettes, ayant toujours le même angle de résolution, que l'objet soit proche ou lointain) |
Insectes |
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les yeux à cristallin unique (analogues de l'appareil photographique, qui en fonction de la distance de l'objet font varier la convergence de leurs système de lentilles et accommodent donc en gardant une résolution comparable dans tous les cas) |
Mollusques céphalopodes Vertébrés (pour l'il humain voir cours SVT et une page de didactique sur les 5 sens) |
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la sensibilité aux radiations électromagnétiques (notamment lumineuses: photosensibilité, que l'on trouve dans tous les règnes) |
détecter des variations de l'intensité
de la longeur d'onde ou de la polarisation des radiations
électromagnétiques est une capacité
quasi générale chez les êtres vivants.
Elle peut être le fait de structures
spécialisées (ocelles des animaux, antennes
réceptrices des plantes chlorophylliennes, amas
pigmentaires à caroténoïdes (stigma) de
nombreux unicellulaires, pigments membranaires de
bactéries... ) ou non. Mais le rôle
relationnel de ces structures dans la
photoréception est parfois mal séparé
du rôle nutritonnel énergétique;
plus un organisme est de petite taille moins la
spécialisation des structures est facile à
mettre en évidence. |
L'abeille s'oriente par rapport à la direction du soleil vu directement ou perçu grâce à la polarisation de la lumière dans un ciel bleu. |
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Les insectes dans leur ensemble sont probablement sensibles à la lumière polarisée mais aussi la Limule (un grand Arthropode marin), des pieuvres et des poissons...et, plus logiquement, les pigeons voyageurs (parmis d'autres signaux qu'ils utilisent). |
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La sensibilité au chaud et au froid (voir cours
sur les sens: je sens avec mes
doigts) représente une sensibilité locale
et non une information directe venant du milieu
extérieur (c'est la température de la peau,
dépendant du rayonnement extérieur, qui est
mesurée). |
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*même si la limite n'est pas aussi nette qu'on peut le croire étant donné que cela dépend beaucoup de l'interprétation que l'homme fait des résultats expérimentaux qu'il obtient. Il semble quand même que cette maniière de présenter les choses ne soit pas trop anthropomorphique mais reflète une réelle différence dans la perception du milieu extérieur et la communication entre les êtres vivants. |
La vision, comme la photosensibilité, repose sur un mécanisme de modification chimique d'un pigment à la lumière (dit "photosensible" ). Le mieux connu est la rhodopsine qui, à la lumière, se sépare en rétinal - une molécule très proche de la vitamine A - et en opsine - une protéine -. On trouve la rhodopsine dans les cellules à bâtonnets de l'il des vertébrés qui sont responsables de la vision en lumière tamisée. La perception des couleurs chez l'homme est expliquée par la présence de 3 pigments: un pigment "bleu" dont le maximum d'absorption de la lumière se trouve dans le bleur (à 420 nm), un pigment vert (534 nm) et un pigment rouge (563 nm). Les anomalies de la vision des couleurs (daltonismes) s'expliquant chez l'homme par l'absence de l'un ou l'autre de ces pigments. Les pigments responsables de la vision des couleurs sont produits par des cellules de la rétine appelées "cônes" dont on distingue trois types selon la concentration en pigment de tel ou tel spectre d'absorption. On a ainsi recherché chez des nombreux organismes des pigments photosensibles dont on a déterminé le spectre d'absorption afin de corréler leur spectre de sensibilité (réponse comportementale) au spectre de tel ou tel pigment. Ches les insectes on trouve ainsi des pigments sensibles aux U.V. mais pas au "rouge" ce qui explique que l'il à facettes des insectes est sensible à un spectre décalé vers les courtes longeurs d'onde par rapport à l'il humain: 313 à 650 nm contre 380 à 760 nm. On a aussi peu montrer que sur 15 espèces d'oiseaux, toutes avaient un pigment "ultraviolet" (pic à 370 nm), et 3 pigments dont les maxima sont à 450, 480 et 570; certains ayant en plus un pigment sensible à 510nm.
Articles: Science et vie Junior...
Qu'est-ce que la bioluminescence ? |
C'est la faculté qu'ont certains êtres vivants d'émettre de la lumière |
Chez qui l'observe-t-on ? |
Chez des bactéries, des unicellulaires, des champignons et des animaux, donc dans 4 des 5 règnes d'êtres vivants; on ne connaît pas de bioluminescence chez les plantes... mais des découvertes sont toujours possibles. |
Quelle lumière émettent les êtres vivants ? de la lumière blanche ? des lumières colorées ? Y-a-t-il un dégagement de chaleur qui accompagne cette émission de lumière ? |
La lumière émise est de couleur
variée (les physiciens parlent du spectre pour
désigner les couleurs comprises dans la
lumière: ainsi la lumière blanche
correspond-elle à un spectre de lumière de
couleurs variées du rouge au violet en passant par
l'orangé, jaune, le vert et le bleu...voir
ci-dessus). |
Qu'est-ce qui cause cette émission de lumière ? Savons nous la réaliser et serions-nous capables par exemple de l'utiliser pour nous éclairer ? |
Contrairement à ce que l'on pourrait croire les mécanismes qui produisent la lumière chez les êtres vivants sont très variés mais sont tous d'origine chimique (une ou plusieurs substances chimiques réagit ou réagissent à l'air ou entre elles). Certains mécanismes sont tout simplement encore incompris. On est bien loin de pouvoir les reproduire artificiellement. Certains mécanismes qui ont été compris pourraient être reproduits artificiellement dans des tubes à essais mais les produits sont difficiles et très chers à fabriquer et cela n'a pour l'instant aucun intérêt économique. |
A quoi sert cette émission de lumière ? A-t-elle une signification particulière ? |
Dans certains cas comme par exemple chez les lucioles ou les vers luisants le rôle dans la reproduction est quasiment certain (voir plus bas un petit exemple). Certaines lucioles (Pteroptyx , Luciola du Sud-Est asiatique: Malaisie, Thaïlande, Bornéo et Nouvelle-Guinée) se réunissent par centaines sur un arbre et, la nuit durant, émettent des éclairs rythmés en parfait synchronisme. Mais il reste très difficile d'affecter une fonction biologique précise à toutes les émissions de lumière des organismes vivants. La diversité est plus que probable. |
Quelques précisions (in E.U.)
À la fin du XIXème siècle, le physiologiste
lyonnais Raphaël Dubois reçoit de la Jamaïque
quelques pyrophores (?). Il prélève des organes
lumineux, les broie dans un mortier avec un peu d'eau froide.
À condition de ne pas être privé
d'oxygène, le broyat émet une vive lueur qui persiste
plusieurs minutes, puis décline. L'expérience est
recommencée, mais en effectuant le broyat dans de l'eau
chaude: la luminescence est alors totalement inhibée.
Cependant, Dubois a l'idée d'ajouter un peu de l'extrait
à l'eau chaude à la préparation maintenant
sombre qui avait été traitée par l'eau froide;
la luminescence est ranimée d'une manière
spectaculaire. Dubois conclut que la réaction lumineuse
implique deux produits. L'un, thermostable, la
luciférine , n'est présent qu'en quantité
limitée, ce qui explique le déclin de la
réaction dans l'eau froide. L'autre, la
luciférase , est détruit dans l'extrait à
l'eau chaude qui préserve, par contre, la
luciférine.
Ce test «luciférine-luciférase» a
été la clef des recherches biochimiques sur la
luminescence pendant plusieurs décennies. Il s'est
révélé positif dans le cas des lucioles
(Insectes) , des cypridines (Crustacés
Ostracodes extrêmement abondants sur certaines côtes
japonaises, ces crustacés gros comme une tête
d'épingle sont aisés à capturer et leur
luminescence résiste à la dessiccation; pendant la
dernière guerre, les officiers japonais étaient
équipés d'un sachet de Cypridina secs: une
pincée, écrasée dans la paume de la main et
humidifiée, émettait une lueur discrète mais
suffisante pour lire une carte), de la pholade
(Lamellibranche du genre Pholas vivant
dans les trous cylindriques qu'il fore dans les roches du littoral
marin; Pline a admirablement décrit la pholade dactyle en
forme de pouce, excellente à manger; dans l'obscurité,
elle illumine la bouche du gourmet, d'où tombent des gouttes
lumineuses), et formellement négatif dans d'autres. La
luciférine se combine avec la luciférase; l'ensemble
réagit avec l'oxygène pour former un complexe
oxydé; la luciférine convertie émet un photon.
On connaît la structure chimique des luciférines chez
quelques organismes lumineux.
Les réactions biolumineuses connues peuvent être rangées en cinq catégories (Hastings).
La lumière est probablement émise par l'oxyluciférine (complexe Lne-O de formule C22H27O2N7 ), lorsqu'il y a séparation du complexe; réaction pouvant s'écrire:
Des réactions d'oxydation de ce type ont été retrouvées chez l'Annélide Odontosyllis et le Mollusque Latia ; mais les luciférines sont totalement différentes. Par contre, chez les Poissons Apogon et Parapriacanthus , on a découvert une luciférine identique à celle de Cypridina . Mais elle provient peut-être simplement de Cypridina ingérées.
Problèmes généraux
Ces divers systèmes biochimiques posent de nombreux
problèmes, en particulier ceux des mécanismes d'actions
enzymatiques.
La question de la régulation des réactions, celle de la
réutilisation de la même molécule d'enzyme dans
plusieurs réactions successives ont été
particulièrement étudiées dans le cas des
bactéries et des lucioles.
Dans tous les systèmes étudiés de près
(sauf les systèmes préchargés), l'espèce
émettrice est couplée à l'enzyme. Les
luciférases ont donc la propriété peu commune et
extrêmement intéressante de créer des
états électroniquement excités.
Ce sont les particularités de ces actions enzymatiques qui
peuvent expliquer les rendements quantiques élevés de
la luminescence vivante par rapport aux autres formes de
chimioluminescence.
L'étude histologique comparée des organes lumineux
mène à une première distinction fondamentale,
qui n'est pas toujours aisée. Un premier type d'organe
lumineux comporte des cellules glandulaires
spécialisées dans l'élaboration des produits
nécessaires à la luminescence, leur stockage et
éventuellement le contrôle de leur réaction.
Parmi les organes glandulaires, certains sécrètent un
mucus lumineux dans le milieu extérieur; à cette
luminescence extraglandulaire s'oppose la luminescence
intraglandulaire , voire intracellulaire .
Un second type groupe des organes hétérogènes,
qui hébergent une importante population de bactéries
symbiotiques , responsables de la luminescence.
(d'après E.U. article "lumière - histoire des idées" et Chronologie des sciences et techniques, Jean Rosmorduc, CRDP Bretagne, 1977)
L'optique arabe du début du XIème siècle après Jésus-Christ se distingue notamment par les ouvrages d'Ibn al-Haytham, plus connu sous le nom d'Alhazen (965-1039) traduits en Europe. Il réalise diverses expériences destinées à mettre en évidence l'influence de la lumière sur l'il, se servant par exemple d'un dispositif de chambre obscure. D'autre part, il reprend le concept de rayon lumineux, qui avait fait le succès de l'optique d'Euclide, et l'utilise pour préciser une correspondance biunivoque entre chaque point de l'image et chaque point de l'objet. Le phénomène de la vision est ainsi décomposé en processus élémentaires et la formation de l'image est déterminée par la position du cristallin. Enfin, Alhazen propose de très nombreuses expériences de réflexion et de réfraction, utilisant des miroirs ou des lentilles planes ou sphériques. Il montre l'interdépendance des rayons lumineux qui se croisent sans être altérés. Il étudie même la diffusion de la lumière par les corps opaques.
A la fin du Moyen-âge, la lumière est une action
qui se propage à une vitesse infinie et dont
l'intensité, comme un effet de surface,
décroît suivant 1/r 2.
En Europe, on fait remonter l'invention des lunettes pour
presbytes et hypermétropes au XIIIème siècle
(Roger Bacon en fait mention) alors que les lunettes à verres
divergents n'aparaissent que vers la fin du XIVème. La
première lunette à oculaire divergent est
construite en 1590. Galilée, au début du
XVIIe siècle, utilise ces appareils pour l'exploration du
ciel et, en 1610, découvre quatre des satellites de Jupiter.
En outre, il construit l'un des premiers microscopes,
s'émerveillant des observations ainsi
réalisées.En 1611, sur les conseils de Galilée,
Kepler observe à son tour les
«planètes médicéennes». La
réaction des corps éclairés par la
lumière, les lois de la réflexion et de la
réfraction (il s'agit d'une loi approchée
i = n . r ), le mécanisme de la vision
reconnaissant la formation d'une image renversée sur la
rétine, le fonctionnement des lentilles convergentes et
divergentes, tout cela fait l'objet du célèbre
traité de Kepler Ad Vitellionem paralipomena
(1604). (les 2 premières lois de Kepler datent de
1609 et la 3ème de 1611).
Pour Descartes, la lumière n'est pas un
véritable mouvement, mais une «tendance au
mouvement»: c'est une pression et les théories issues
directement du cartésianisme attribuent à la
lumière une nature non pas substantielle, mais
cinétique: la lumière est une action , un
mouvement spécifique au sein d'un milieu
éthéré. Il faudra attendre 1676 pour qu'Olaf
Römer montre, par l'observation des occultations
des satellites de Jupiter, que la lumière se propage avec une
vitesse finie n'excédant pas 300 000 km par
seconde.
C'est Huygens qui réalise en 1655
d'énormes progrès dans la fabrication et le polissage
des verres mais aussi d'innombrables autres inventions (pendule et
horloge, manomètre... jusqu'à la montre à
ressort spiral en 1680). Son "Traité de la lumière: la
théorie ondulatoire" est publié en 1690. L' optique de
Christiaan Huygens tente de préciser la formation des ondes
lumineuses au sein d'un éther. Dans un éther
élastique, chaque centre d'ébranlement émet une
onde sphérique et chaque point de cette onde est
lui-même source d'un ébranlement nouveau. L'enveloppe de
toutes ces «ondelettes» constitue le
phénomène qui va se propager. En adoptant un tel
mécanisme d'ondes-enveloppe, Huygens va réussir
à interpréter, avec un modèle ondulatoire, les
lois de la réflexion, de la réfraction, et même
de la double réfraction découverte, en 1669, par
Érasme Bartholin. Huygens possède ainsi,
sans le savoir, l'explication adéquate des
phénomènes de diffraction (découvert en 1685 par
le père Grimaldi): les ondelettes peuvent
transporter une part de l'énergie dans la zone d'ombre
géométrique. Huygens s'applique à montrer, au
contraire, que cette énergie est négligeable, remettant
à plus tard, jusqu'à Fresnel, l'interprétation
correcte des phénomènes de diffraction par une
propagation ondulatoire de la lumière.
Le premier télescope à miroir date de 1672. Il revient à Leuwenhck en 1695 de réaliser la première observation et description d'organismes unicellulaires observés au microscope (l'observation de Hooke des premières "cellula" date de 1655 dans son Micrographia: voir page d'histoire) .
Les premiers travaux de Newton sur l'optique datent de 1666. C'est alors qu'il construit un télescope à réflexions multiples. Pourtant, l'ensemble de ses recherches sur la théorie de la lumière et des couleurs ne paraîtra qu'en 1704 et elles seront donc influencées par les résultats des études sur l'attraction et aussi par les polémiques diverses qu'avaient suscitées ses travaux. Le 8 février 1672, dans une communication à la Royal Society, Newton avait attribué à la lumière une nature corpusculaire, se basant sur la complexité de la lumière blanche que manifestent les phénomènes de dispersion. Les couleurs, pense-t-il, préexistent au sein de la lumière blanche, substance complexe, et ne sont pas engendrées par l'influence des milieux diaphanes. Cette opinion avait entraîné de nombreuses controverses, en particulier les critiques de Hoocke et de Huygens. «Je savais fort bien, conclut Newton, que les propriétés de la lumière peuvent se comprendre non seulement par l'hypothèse qui m'est attribuée, mais par une infinité d'autres. En conséquence, j'ai pris le dessein de les éviter toutes.» Newton va donc éviter systématiquement de se prononcer sur la nature de la lumière. Il s'efforcera de partir d'une définition strictement positive du rayon lumineux, de rattacher la formation d'anneaux d'interférences (anneaux de Newton) à des dispositions périodiques de facile réflexion ou de facile transmission. Ces «accès» sont caractérisés par une longueur fondamentale définie quantitativement par l'expérience. Leur genèse hypothétique n'a donc pas besoin d'être explicitée. Toutefois, dès 1675, Newton est amené à développer une théorie mixte de la lumière: des corpuscules spécifiques pourraient exciter les ébranlements de l'éther. Cette idée, selon Newton, n'est destinée qu'à jouer le rôle des figures au milieu d'un texte obscur. Néanmoins l'introduction d'un éther semble favoriser l'interprétation des accès. Sans être hostile à l'introduction d'un éther, Newton reste cependant fidèle à l'interprétation corpusculaire et n'ira jamais au-delà d'une théorie mixte. Les raisons de cette préférence sont nombreuses: la nature corpusculaire explique plus intuitivement la propagation rectiligne, elle permet d'interpréter les phénomènes de diffraction par le bord des fentes et des écrans au moyen d'une attraction entre une lumière pesante et la matière située en son voisinage. Enfin Hooke , adversaire déclaré de Newton, est considéré comme le défenseur attitré d'un éther. Notons d'ailleurs que la formation des accès et la présence d'une périodicité est parfaitement compatible avec une nature strictement corpusculaire de la lumière. Il suffit de postuler, comme le fera plus tard Malus, l'existence de particules ellipsoïdales ou «polaires» reproduisant périodiquement une même configuration. La diversité des couleurs serait due elle-même aux différences de grosseur et de densité des particules lumineuses spécifiques. Néanmoins, Newton s'efforce de maintenir une attitude prudente: «Nous sommes certains que la lumière est une substance, mais il est plus difficile de déterminer ce qu'est cette substance [...]. Je ne veux pas mélanger ce qui est certain avec ce qui est incertain.» Les disciples de Newton ne garderont pas une telle réserve. Après le succès de la théorie de l'attraction universelle, on essaiera d'introduire des lois de ce type dans tous les domaines. L'attraction sera le processus destiné à interpréter réflexion, réfraction, diffraction d'une substance lumière par la matière. Avec l'influence de Voltaire, le développement de la théorie de Boscovitch, le newtonianisme va étendre à l'optique les processus attractionnaires; le corpuscule lumineux, doué implicitement d'une masse propre, est soumis aux forces de gravitation.
Au cours du XVIIIe siècle, Leonhard
Euler revendique pourtant l'héritage de Huygens,
critique les conséquences de la théorie newtonienne (en
particulier la proportionnalité entre dispersion chromatique
et déviation par réfraction, ce qui exclurait la
possibilité de réaliser des appareils achromatiques).
Il esquisse un retour à une parenté entre
lumière et son, mais cet apport reste isolé.
En même temps, et dans l'esprit du XVIIIe siècle,
se développent les principes d'économie naturelle
(Leibniz, Maupertuis) qui, au moyen d'erreurs compensatrices,
parviennent à faire bénéficier la lumière
d'un traitement applicable aux seuls corpuscules
matériels.
Le début du XIXe siècle est marqué par le
développement de nombreux travaux expérimentaux:
découverte de la polarisation de la lumière en relation
avec la double réfraction et la réflexion partielle
(L. Malus); étude des
phénomènes d'interférence
(Young).
Ces découvertes n'ont pas une incidence immédiate sur
des hypothèses au sujet de la nature de la lumière.
Malus est encore favorable à une interprétation
corpusculaire de type newtonien, appliquée à des
particules lumineuses polaires. Young (1773-1829) suppose, au
contraire, que les interférences exigent une nature purement
cinétique de la lumière.
C'est Augustin Fresnel qui, multipliant les expériences sur les phénomènes de diffraction, montre qu'une interprétation ondulatoire de la lumière paraît s'imposer. De la lumière ajoutée à la lumière peut produire l'obscurité. La théorie des ondes élémentaires permet de prédire l'existence d'un point brillant au centre de l'ombre géométrique produite par un écran circulaire (Poisson) et c'est bien un tel résultat que vérifie l'expérience. Après la séance d'avril 1819 de l'Académie des sciences, la structure ondulatoire de la lumière paraît définitivement acquise.
De plus, s'il en est besoin, une «expérience cruciale» vient bientôt départager les théories concurrentes: en adoptant une hypothèse corpusculaire, il faut conclure que la lumière se propage plus vite dans l'eau que dans l'air (Descartes, Newton). D'après une théorie ondulatoire, ces résultats sont inversés. En 1838, Arago déclarait que l'une des deux théories devait forcément succomber devant le verdict de l'expérience. Celle-ci est réalisée par Foucault, en 1850: la vitesse de la lumière, plus faible dans l'eau, assure le triomphe de la théorie des ondulations. Seul J. B. Biot soutiendra jusqu'à la fin du XIXe siècle les principes d'une théorie corpusculaire.
La lumière, de nature vibratoire, va devenir bientôt un cas particulier des vibrations électromagnétiques. La théorie de Maxwell donnera mathématiquement les modalités de son action et tentera de les interpréter mécaniquement par des modèles d'éther .Enfin, par un renversement inattendu, la présence de discontinuités dans le rayonnement émis par le corps noir devait renouveler, au début du XXe siècle, une hypothèse favorable à des agglomérats énergétiques. Néanmoins, l'énergie de ces nouveaux «quanta» (Einstein) ou «photons» s'exprime nécessairement en fonction de la fréquence de l'onde associée. Ce double aspect corpusculaire et ondulatoire de la lumière va être étendu, par Louis de Broglie, à toute particule matérielle (1924).
L'émission de lumière est
caractérisée non seulement par son spectre
(visualisation des fréquences du rayonnement) et ses
paramètres photométriques (intensité,
luminence...), mais aussi par le processus physique mis en
jeu: désexcitation spontanée des atomes ou des
molécules après une excitation thermique dans une lampe
à incandescence, choc électronique dans les lampes
à décharge, absorption de lumière en
photoluminescence, désexcitation stimulée dans les
lasers, rayonnement de charges en mouvement
accéléré dans quelques cas comme le rayonnement
synchrotron.
La détection de la lumière ne repose en
dernière analyse que sur deux phénomènes:
l'échauffement consécutif à l'impact du photon
qui produit une agitation supplémentaire dans la
matière composant le récepteur et l'arrachement
sélectif par le photon d'un électron projeté par
effet photoélectrique d'un état à un autre.
La vitesse de la lumière varie avec le milieu
traversé et, pour chaque milieu, avec la fréquence,
sauf dans le vide. Le rapport de la vitesse dans le vide à la
vitesse dans un milieu pour une fréquence donnée
définit l'indice de réfraction de ce milieu pour
cette fréquence. La vitesse de la lumière dans le vide
est une constante fondamentale dont l'importance dépasse le
champ de l'optique car, en relativité, elle apparaît
comme la vitesse limite de toute propagation d'énergie et de
signal. Sa mesure a constamment gagné en précision,
depuis qu'il a été établi, au
XVIIe siècle, qu'elle n'est pas infinie, jusqu'au jour de
1983 où l'évolution de la métrologie l'a
privée de son sens en utilisant sa valeur, désormais
immuable, pour définir le mètre: «le
mètre est la longueur du trajet parcouru dans le vide par la
lumière pendant une durée de 1/299 792 458 de
seconde.» La constante c se trouve maintenant
fixée par définition à la valeur
299 792,458 km/s.
Tout transport d'énergie ou d'information par une particule ne
peut se faire plus vite que c. Mais cela n'empêche pas une onde
(certaines composantes de cette onde) de se déplacer à
une vitesse supérieure à c (une vitesse
supraluminique), dans des milieux dits à dispersion
anormale, où l'indice de réfraction
décroît lorsque la fréquence augmente. Dès
1982, Steven Chu réussirent à montrer une impulsion
laser se déplaçant plus vite que la
lumière dans un cristal de phosphure de gallium. Depuis on a
réussi à atteindre de telles vitesses pour des
impulsions micro-ondes (1992) et plus récemment encore (2001)
pour des impulsions électriques dans un conducteur de 150 m
qui atteignent une vitesse supérieure à 3 fois la
vitesse de la lumière dans le vide (voir l'article
"Dépasser la vitesse de la lumière", Alain
Haché, La Recherche, janvier 2003, 360, p 52-55).
Luminescence: ce terme désigne d'une façon
générale toute production de lumière par un
corps d'une façon qui n'est pas thermique (elle s'oppose
à l'incandescence qui apparaît pour une certaine valeur
de la tempétrature appellée "point
d'incandescence"). Les cas de thermoluminescence
désignent des luminescences provoquées par excitation
thermique en dessous du point d'incandescence (comme c'est le cas
pour la fluorine). La luminescence s'observe non seulement dans les
solides, mais également dans les liquides et les gaz, dans les
substances minérales, organiques ou biologiques. Elle peut
être provoquée de différentes façons,
notamment en irradiant le matériau considéré
avec des photons (photoluminescence), éventuellement de
grande énergie (rayons X et gamma), des particules alpha,
bêta (radioluminescence), des électrons
accélérés (cathodoluminescence) ou encore
par application d'un champ électrique
(électroluminescence). Pour les êtres vivants on
parle de bioluminescence (ou de
photogénèse), qui est interprété
comme un cas de chémoluminescence (ou
chimiluminescence).
La photoluminescence désigne l'émission de
lumière par un corps excité par le champ
électrique d'une onde lumineuse absorbée. Une substance
exposée à un faisceau X convenablement choisi peut
réémettre des rayons X, qui sont alors
qualifiés de «secondaires ». Mais le
phénomène est surtout intéressant dans les cas
d'émission de radiations visibles par certains corps recevant
une lumière d'assez courte longueur d'onde. La
photoluminescence est interprétée comme l'absorption
d'un photon amenant un électron du matériau
éclairé à un niveau quantique d'énergie
supérieure, suivie d'émission lumineuse lors de la
désexcitation. Il existe trois cas de photoluminescence:
- la résonance optique , qui correspond
à la réémission de la fréquence
absorbée par désexcitation directe du niveau
supérieur au niveau fondamental; un exemple bien connu en est
l'excitation lumineuse et la réémission diffuse du
doublet D des alcalins;
- la fluorescence , qui fait intervenir une
désexcitation partielle non radiative du niveau
supérieur, instable, à un niveau intermédiaire,
lui-même instable, suivie de la désexcitation lumineuse
jusqu'au niveau fondamental, dont la fréquence est
nécessairement inférieure à la fréquence
excitatrice; elle se manifeste en un temps très court, de
l'ordre de 1 ns, après l'absorption; la couleur verte
de la fluorescéine éclairée en lumière
blanche (dont la partie bleue est absorbée), l'émission
violacée de nombreux tissus ou papiers éclairés
en ultraviolet en sont des exemples courants; Il n'existe qu'un
nombre limité de composés fluorescents (les
fluorophores). Ce sont typiquement des molécules
possédant un système conjugué important
d'électrons p, comme les dérivés
d'hydrocarbures aromatiques, et dont les mouvements de rotation
interne ne sont pas possibles.
Les oligopeptides et les protéines possédant de tels
groupements (tryptophane, phénylalanine et tyrosine) sont
souvent étudiés par spectroscopie de fluorescence. Les
spectres obtenus fournissent des informations caractéristiques
de la structure locale des fluorophores en question, ainsi que sur
leur environnement (hydrophobe ou hydrophile, etc.). Au cas où
les systèmes étudiés ne possèdent pas de
tels groupements, on peut parfois employer des fluorophores
extrinsèques, comme le bromure d'éthidium dans
l'étude fluorimétrique des acides nucléiques
(ADN, ARN).
Les lasers utilisent un cas particulier de fluorescence,
dans lequel l'émission de lumière de fréquence n
par des atomes excités, qui est habituellement
«spontanée» et produite au hasard, se trouve (comme
l'avait envisagé Einstein dès 1917)
«stimulée» par des photons de même
fréquence, ceux-ci n'étant pas absorbés. Ils
produisent une amplification de lumière, qui n'est toutefois
possible que si les atomes amenés à l'état
excité sont plus nombreux que ceux de l'état
inférieur, ce qui ne se produit pas naturellement et exige ce
qu'on appelle une inversion de population. Seul, le laser à
électrons libres ne nécessite pas une telle inversion;
il tire ses propriétés de l'accord de phase entre
l'onde amplifiée et les oscillations transversales
périodiques, forcées d'électrons relativistes
dont la trajectoire traverse une région où une
distribution régulière d'aimants produit un champ
magnétique déflecteur approprié. Le grand
intérêt des lasers tient à ce qu'ils permettent
de concentrer sur une surface très petite, et en un temps
très court, un flux lumineux très intense, et surtout
à ce que leurs faisceaux sont remarquablement
«cohérents». L'onde émise se trouve, en
effet, en accord de phase avec celle qui la stimule, alors qu'il n'y
a aucune relation de phase déterminée entre les ondes
émises spontanément, au hasard, par des atomes
excités. Les «trains d'onde» lasers sont, par suite,
beaucoup plus longs que ceux des autres sources de lumière; on
dit que la lumière d'un laser présente une grande
cohérence longitudinale, ou encore temporelle (cet adjectif
traduisant la durée des trains d'onde). Elle a aussi une
grande cohérence spatiale (ou transversale), ce qui veut dire
que des points situés à une certaine distance l'un de
l'autre (des millimètres), normalement à la direction
de propagation, sont encore en accord de phase. Elle permet donc
d'observer des interférences à différences de
marche beaucoup plus grandes que celles que l'on obtient à
l'aide des autres lumières.
La fluorimétrie (la mesure de l'intensité de
l'émission de fluorescence) est une technique puissante pour
l'analyse quantitative. En effet, la spectroscopie de fluorescence
est beaucoup plus sensible que la spectroscopie d'absorption (de 102
à 104 fois plus sensible). Dans certains cas, des
concentrations inférieures à 10&endash;12 mole/l
peuvent être détectées.
- la phosphorescence , qui fait également
intervenir un niveau intermédiaire, mais métastable: ce
cas se produit dans des cristaux comme les sulfures alcalins ou
alcalino-terreux, qui contiennent une quantité convenable
d'impuretés métalliques créatrices de
pièges; l'émission, dite de phosphorescence, est d'une
fréquence inférieure à la fréquence
excitatrice, elle suit donc l'absorption avec un délai long
(de la fraction de seconde à plusieurs jours) et sensible aux
conditions extérieures; un réchauffement active la
phosphorescence, en favorisant par agitation thermique la sortie de
l'électron de son état métastable, un
refroidissement gèle cette phosphorescence; un faisceau
infrarouge peut également éjecter l'électron de
son piège.
Les applications de la luminescence des solides sont de plus en plus
nombreuses: en éclairagisme, pour des effets publicitaires ou
théâtraux, pour le revêtement d'écrans
sensibles aux rayons ultraviolets, aux rayons X (platinocyanure
de baryum) et aux faisceaux électroniques (récepteurs
de télévision). Dans l'éclairage par
luminescence , une décharge dans un tube contenant de la
vapeur de mercure à basse pression lui fait émettre
principalement une raie (de résonance) ultraviolette. La
partie interne du tube est enduite d'une poudre présentant une
phosphorescence de courte durée (silicate de zinc, tungstate
de calcium, etc.); des mélanges convenables de ces substances
permettent d'obtenir des lumières visibles de nuances
variées, en particulier se rapprochant de la lumière du
jour. Le rendement lumineux est sensiblement supérieur
à celui des lampes à filament incandescent.