alimentation et environnement

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Avertissement:
Seule la première partie de ce COURS (répondant aux exigences du
PROGRAMME) est clairement de ma compétence de professeur de sciences naturelles. La seconde l'est déjà un peu moins (médecine, psychologie....; arts et sciences humaines) et la troisième est clairement en dehors de mon champ de compétences (sociologie, politique, économie, écologisme...).

« En toute circonstance, il convient de distinguer, comme le dit Epictète dans son Manuel (l'Enrichidion, traduction libre sur le site de l'ABU - n°VIII) , ce qui « dépend de nous » (ta eph hemin) et « ce qui ne dépend pas de nous» (ta ouk eph hemin) » cette phrase est souvent citée par René Thom, notamment dans Paraboles et catastrophes.

1. Ce qui ne dépend pas de nous: l'homme a un travail de nutrition de type hétérotrophe (ou allotrophe)

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Quel est le type trophique de l'homme ? Réinvestissement du cours de seconde pour les notions de travail de nutrition, de relation et de reproduction et pour les généralités sur la cellule. L'homme appartient au royaume animal et consomme des proies vivantes ou mortes (allotrophe par opposition à autotrophe) dans lesquelles il trouve les éléments carbonés nécessaire à ses synthèses de matière organique (hétérotrophie) et l'énergie chimique nécessaire à son métabolisme énergétique (chimiotrophie).

La notion de nutriment: Bordas 2 p 54

Quelques besoins énergétiques: (Bordas B3 et B5 p 63)

Mesure du métabolisme basal par EXAO (dépense énergétique calculée au repos (allongé), à l'équilibre thermique (habillé), à jeun...) estimée à partir de la consommation de dioxygène.

Apprendre

a - la matière vivante est composée d'eau, d'éléments minéraux et de molécules organiques

* une cellule contient 70 à 90% d'eau mais n'est pas un milieu liquide. L'eau cellulaire est à 80% sous forme d'une très fine couche (1,1 nm) qui entoure les molécules (les protéines intracellulaires ont par exemple un diamètre très homogène moyen de 3,5 nm). L'eau n'est donc pas un solvant mais elle participe à toutes les fonctions des molécules présentes dans la cellule. Il y a une chimie propre au vivant qui n'est pas celle des tubes à essai.
* les éléments minéraux sont la plupart du temps liés à des molécules organiques (Ca2+, Na+...). A l'état ionique ils sont souvent toxiques.
* les molécules organiques sont classées en 4 principaux groupes: glucides (sucres), lipides (graisses), protides (acides aminés et protéines) et acides nucléiques...

b - la matière est sans cesse renouvelée dans les cellules

b1. Les éléments minéraux ont un renouvellement plus lents que la matière organique

L'eau est renouvelée sans cesse. Elle doit être absorbée avec les aliments ou séparément (boisson). Elle est rejetée avec la respiration (gaz) , un peu par transpiration et avec les selles, mais surtout avec l'urine.
Les ions absorbés au niveau de l'intestin sont rejetés avec l'urine ou avec la bile dans les selles.
Le dioxygène respiratoire (gazeux) est consommé et produit de l'eau qui reste dans les cellules.

b2 - les glucides sont avant tout énergétiques

Chez l'homme les glucides sont stockés de façon transitoire dans le foie et les muscles (sous forme de glycogène) et à plus long terme sous forme de lipides dans les cellules de la graisse (adipocytes). Le glucose est la forme circulante (dans le sang) de l'énergie entre les cellules. Le glucose est oxydé et fournit du dioxyde de carbone qui est rejeté par les poumons. De nombreux glucides, souvent très complexes participent à des structures protéiques.

b3 - les lipides sont une réserve énergétique mais servent surtout de composants des membranes cellulaires

Les lipides absorbés au niveau de l'intestin sont transportés par la lymphe puis le sang. Ils sont utilisés par toutes les cellules (pour construire ou renouveler les membranes) et les excédents sont stockés dans les cellules adipeuses. Seules certaines cellules (foie ou cellules de l'intestin...) peuvent les consommer directement pour en tirer de l'énergie. Le foie les transforme en glucides en cas de besoin.

b4 - les aa servent à construire les protéines qui sont les ouvriers moléculaires de la cellule

Les aa absorbés au niveau de l'intestin circulent dans le sang et sont pris par les cellules qui renouvellent leurs protéines ou en construisent de nouvelles. On appelle protéine une longue chaîne d'aa; les petites sont appelées peptides. Quelques cellules (comme les cellules musculaires) peuvent consommer les aa à des fins énergétiques. Les aa ne sont pas stockés.

b5 - les acides nucléiques sont synthétisés dans les cellules et servent à construire l'ADN et les ARN qui sont l'information génétique

Les cellules qui se divisent nécessitent une synthèse importante d'ADN. Toutes les cellules qui synthétisent des protéines (toutes donc puisque toutes les cellules renouvellent leurs protéines) nécessitent des ARN.

Remarque:
Vitamine est un terme ancien désignant des substances organiques indispensables que l'organisme doit trouver en faible quantité dans l'alimentation sous peine de maladies plus ou moins graves (scorbut... et autres avitaminoses).

b - les besoins nutritionnels permettent de combler les dépenses métaboliques

Le métabolisme désigne l'ensemble des réactions chimiques de l'organisme.
On distingue 3 types de métabolisme:
- le métabolisme énergétique (dépend surtout de l'activité et du sexe...)
- le métabolisme de renouvellement moléculaire (dépend surtout de l'âge...)
- et le métabolisme de synthèse (de croissance chez le jeune et gestationnel chez la femme enceinte).

Si l'on utilise les 3 grandes fonctions on distingue alors:
- le métabolisme nutritionnel (renouveler ses structures et maintenir les dynamiques, ce qui demande de la matière et de l'énergie): il est assez dépendant de l'âge, du sexe...
- le métabolisme relationnel (maintenir son activité en fonction de son milieu de vie...): il dépend surtout du type d'activité, l'exercice physique demandant par exemple beaucoup d'énergie mais peu de matière...
- le métabolisme reproductif: aussi bien chez l'enfant en croissance que chez la femme enceinte...

La ration alimentaire est donc définie en fonction du sexe, de l'âge, de l'activité et de divers états physiologique (grossesse...).

c - les pathologie nutritionnelles:

allergies, carences, maladies métaboliques

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Ex 2 p 79 - le scorbut

Comprendre

L'homme n'est pas un sujet d'expérience. En biologie humaine le domaine de l'expérimental n'est pas toujours bien délimité. Ce qui est bon pour l'un ne l'est forcément pour l'autre. Où trouver des critères de bon fonctionnement physiologique ? La médecine est un art. La science expérimentale est à son service.
À mon avis, on peut résumer le rôle du scientifique comme étant un service au nutritionniste* et du médecin (lorsque la nutrition devient un problème pathologique), eux-mêmes au service de leur patient... En toile de fond: être au service de l'homme.
Il ne suffit pas de vouloir le bien de quelqu'un mais aussi de savoir quel est son bien.
* le nutritionniste est un spécialiste de la nutrition, ce peut être un médecin, un vétérinaire, un ingénieur agronome, un éducateur...

Georges CANGUILHEM: Le normal et le pathologique
« Finalement c'est parce que la valeur est dans le vivant qu'aucun jugement de valeur concernant son existence n'est porté sur lui. Là est le sens profond de l'identité, attestée par le langage, entre valeur et santé; valere en latin c'est se bien porter. Et dès lors le terme d'anomalie reprend le même sens, non péjoratif, qu'avait l'adjectif correspondant anomal, aujourd'hui désuet, utilisé couramment au XVIIIe siècle par les naturalistes, par Buffon notamment, et encore assez tard dans le XIXe siècle par Cournot. Une anomalie c'est étymologiquement une inégalité, une différence de niveau. L'anomal c'est simplement le différent.
...
Il ne peut rien manquer à un vivant, si l'on veut bien admettre qu'il y a mille et une façons de vivre.
...
...on ne peut déterminer le normal par simple référence à une moyenne statistique mais par référence de l'individu à lui-même dans des situations identiques successives ou dans des situations variées. Sur ce point, aucun auteur ne nous semble aussi instructif que Goldstein. Une norme, nous dit-il, doit nous servir à comprendre des cas individuels concrets. Elle vaut donc moins par son contenu descriptif, par le résumé des phénomènes, des symptômes sur lesquels se fonde le diagnostic, que par la révélation d'un comportement total de l'organisme, modifié dans le sens du désordre, dans le sens de l'apparition de réactions catastrophiques. Une altération dans le contenu symptomatique n'apparaît maladie qu'au moment où l'existence de l'être, jusqu'alors en relation d'équilibre avec son milieu, devient dangereusement troublée. Ce qui était adéquat pour l'organisme normal dans ses rapports avec l'environnement devient pour l'organisme modifié inadéquat ou périlleux. C'est la totalité de l'organisme qui réagit « catastrophiquement » au milieu, étant désormais incapable de réaliser les possibilités d'activité qui lui reviennent essentiellement. « L'adaptation à un milieu personnel est une des présuppositions fondamentales de la santé. »

François CHAZEL - EU, article "norme et valeurs sociales"
« Les concepts de norme et de valeur font, l'un comme l'autre, partie du vocabulaire classique de la sociologie contemporaine et tendent à y occuper une position centrale.
...L'attention des sociologues s'est détournée peu à peu de l'objet valorisé pour se porter sur le processus et les critères d'évaluation. ...La différence alors apparaît clairement entre normes et valeurs : tandis que les
normes sont des règles de conduite, stipulant quelle est la conduite appropriée pour un acteur donné dans des circonstances déterminées, les valeurs (ou les orientations vers les valeurs, pour employer un terme qui évite toutes les équivoques attachées à cette notion) sont des critères du désirable, définissant les fins générales de l'action. »

2. Ce qui dépend de chacun: manger (la prise alimentaire) est un acte social

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Calcul à l'aide du logiciel DIET du métabolisme basal, de la ration alimentaire et de l'équilibre d'un menu; métabolisme estimé à partir des conditions physiques, de l'activité, des conditions thermiques...; ration alimentaire estimée pour couvrir les dépenses; menu équilibré à partir de la composition des aliments et des règles de calcul (1g de glucide (G) = 1g de protide (P) = 17 kJ (1 kcal = 4,18 kJ) et 1 g de lipide (L) = 32 kJ ; l'équilibre étant atteint pour une proportion en énergie de 421= GLP soit G = 4/7; L = 2/7 et P = 1/7)...)

Étiquettes de divers aliments (industriels ou non) et comparaison avec les données de DIET sur l'équilibre alimentaire

Qu'est-ce qu'un aliment ? (vers une définition scientifique, psychologique et sociale de l'aliment:
Raymond SOUVERAIN (EU, article "alimentaire (comportement): aliments de l'homme")
 « ... Alere signifie « nourrir », faire croître, mais primitivement, on parlait de « viande » pour « tout ce qui est propre à entretenir la vie » (Littré).
... Nous définirons l'aliment comme
« une denrée comportant des nutriments, donc nourrissante, susceptible de satisfaire l'appétit, donc appétente et habituellement consommée dans la société considérée, donc coutumière ». »

Les 6 groupes d'aliments définis (EN FRANCE pour la deuxième moitié du XXème siècle) selon des critères nutritifs, émotionnels et culturels: I (viande, poisson et œufs), II (lait et fromages), III (graisses), IV (céréales), V (fruits et légumes verts), VI (pomme de terre et tubercules); un seul conseil: utiliser tous les groupes d'aliments en une semaine...
(remarque: votre livre (Bordas pp 76-77) réunit les groupes IV et VI et fait des boissons un groupe... notamment à cause des boissons sucrées qui deviennent ainsi un aliment tout comme le sont les soupes...).

Apprendre

Un aliment est à la fois une substance utile à l'organisme (nourrissante), psychologiquement attractive (appétente (attraction physique) ou bien consommée par raison pour l'équilibre...) et culturellement acceptée (la "viande humaine" est un exemple d'aliment culturellement inacceptable mais on peut aussi citer en France le "chien" ou la plupart des "algues", consommés dans d'autres cultures...).

La diététique est considérée actuellement comme la science des régimes alimentaires.

Un régime alimentaire définit qualitativement et quantitativement l'alimentation d'un individu ou d'un groupe. Les régimes alimentaires préconisés en absence d'une but spécifique (perte de poids, situation physiologique particulière...) sont équilibrés qualitativement et quantitativement. L'équilibre quantitatif est habituellement déterminé après un diagnostic de métabolisme basal (logiciel DIET par exemple). L'équilibre qualitatif résulte d'une part de l'aspect varié des menus (par exemple la rotation hebdomadaire des 6 groupes d'aliments, sans oublier l'apport vitaminique ou la teneur en sel par exemple) et l'utilisation de règles simples comme celles des 421 = GLP.

Un exemple d'équilibre quantitatif chez un adulte (théorique donc sans sexe ni âge....)
masse d'aliments SECS ingérée en une journée
valeur énergétique des apports
caractéristiques des dépenses énergétiques
400 g de glucides (dont 2/3 en glucides lents (amidon...) et 1/3 en glucides rapide (saccharose)°
6.800 kJ (400 x 17)
24 h de métabolisme basal (6.700 kJ)

habillement suffisant protégeant des changements de température, température d'activité et de sommeil contrôlée

100 g de lipides (graisses des viandes, beurre, huile...)
3.200 kJ (100 x 32)
8 h de travail modéré (3.350)
2 h debout (250 kJ)
4 h assis (250 kJ)
2 h de marche (450 kJ)
100 g de protides (viande, poisson, protéines du pain ou des légumes secs...)
1.700 kJ (100 x 17)
travail d'assimilation des aliments = 8% de 11.700 kJ (950 kJ)
600 g d'aliments secs + 2,5 L d'eau (avec environ 1,5 L d'eau de boisson)
11.700 kJ
11.950 kJ

Les déséquilibres alimentaires quantitatifs peuvent être volontaires (jeûne) ou involontaires (famine). Les déséquilibres qualitatifs sont aussi fréquents et peuvent avoir des sources diverses (habitudes culturelle, voyages...)...

L'anorexie et la boulimie sont des pathologies extrêmes mais le régime hypocalorique (à faible valeur énergétique) par effet de mode ou la prise alimentaire comme remède anti-stress sont des déséquilibres très fréquents.

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Comprendre

Nourrir son corps de façon insuffisante ou excessive renvoie à une image que l'on veut détruire, soit chez les autres, soit à l'intérieur de soi. En effet, le corps est un élément essentiel de la personne. Le corps est ce que les autres voient d'abord de nous. Le corps est ce qui est d'abord accessible aux autres pour lui faire du bien ou pour lui faire du mal...

Il ne manque pas de théories anthropologiques de la nutrition qui montrent combien cette grande fonction globale ou ce travail est un des trois fondements de la vie de l'homme. Deux exemples pour montrer l'aspect toujours nouveau des recherches:
* René Thom, mathématicien et théoricien de la biologie, fait de la capture de la proie par le prédateur, et de la prise de nourriture suivie d'assimilation si la proie n'est pas vivante, un des modèles centraux de ce qu'il appelle des processus de type catastrophe. Le modèle mathématique qui correspond à cette catastrophe est l'ombilic hyperbolique. Il modélise le comportement de la proie qui a un moment tombe dans le champ de prédation du prédateur, puis le trajet de la proie depuis la bouche du prédateur jusqu'au plus profond de l'organisme. Le terme de prégnance, issu du Gestaltisme, désigne les formes qui attirent le prédateur affamé. On peut utiliser le terme de prégnance pour désigner toutes les formes de nourriture que l'homme désire. La mathématisation d'une prégnance se fait à l'aide de la notion d'attracteur.

* Dernier numéro de Science et Vie: taille du cerveau et nourriture - article du Télégramme

Comment ne pas citer le christianisme qui a une nourriture sans équivalent : une religion où Dieu se fait aliment. Jn 6, 35 « Je suis le pain de vie: celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croît en moi n'aura jamais soif» Jn 6, 51 « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et ce pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde. » Cette parole du Christ a été comprise par ses auditeurs d'abord dans le sens littéral, ce qui a été rejeté par les Juifs: Jn 6, 52 « Là-dessus, les Juifs se querellaient entre eux, en disant: « Comment un homme peut-il nous donner sa chair à manger ?» ». Mais Jésus a confirmé le sens littéral au verset suivant: Jn 6, 53 « Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous-mêmes» ». Sans la foi, si l'on ne considère que la nature humaine du Christ, c'est un anthropophagisme. Mais le Christ affirme aussi être Dieu, ce qui change tout, car c'est d'une chair ressuscitée et divinisée dont il parle. Même pour le chrétien c'est un mystère. Avoir un Dieu si proche qu'il soit aliment. Quelle extraordinaire importance donnée au corps et aux fonctions vitales. Un Dieu fait chair, une chair donnée en nourriture. Les catholiques croient que le Christ, fils de Dieu, homme et Dieu (une seule personne, deux natures), mort et ressuscité, est présent avec son corps, son âme et sa divinité dans le pain ou le vin transformés au cours de la messe (Eucharistie). Cet aliment divin leur donne la vie surnaturelle qu'ils appellent la grâce. (Benoît XIV exprime particulièrement clairement ce point fondamental de la vie du chrétien dans son homélie au stade de Marienfeld lors des JMJ 2005 le 21 août).

3. Ce qui dépend de nous tous: l'alimentation des populations est une priorité morale et politique

Avertissement:
J'ai conscience d'élargir un peu cette partie qui s'intitule, dans le programme: "Production alimentaire et environnement" mais qui stipule aussi « Ce thème doit permettre de poser scientifiquement des questions sur "Quels aliments pour nourrir demain six milliards d'hommes ?" en considérant à la fois l'individu et son environnement proche et global. Une interaction avec l'enseignement de géographie et de sciences économiques peut être mise en place à partir de ce thème.» Je pense que le manuel scolaire Bordas n'a pas assez approfondi la question.
Trois sources;
Encyclopedia Universalis (notée EU - article Alimentation: nourrir les hommes)
La faim dans le monde (http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/corunum/documents/rc_pc_corunum_doc_04101996_world-hunger_fr.html)
Nourrir les hommes - production APBG-PPE-ECPA (1993)

Observer - Manipuler - Expérimenter

Construction d'une pyramide des biomasses et d'une pyramide énergies;
La biomasse c'est le poids des êtres vivants d'une même espèce (ou d'un groupe d'espèces ou de l'ensemble des êtres vivants d'un milieu). Elle est exprimée en unités de masse par unité de surface (ou de volume) et de temps.
Bordas p 85 n°B3; 920 g de prairie par m2 et par an (producteur primaire) nourrit 100,5 g (11%) par m2 et par an d'herbivores (producteur secondaire); 15.270 kJ sont contenus dans la matière organique de la prairie et seulement 2.285 kJ (15%) sont récupérés dans la matière organique des consommateurs de 1er ordre (ou producteurs secondaires). Le RENDEMENT énergétique est le rapport de l'énergie récupérable (en terme de matière organique) entre deux niveaux de production.
Bordas p 85 n°B3; une pyramide est construite à partir de la superposition de rectangles représentant les biomasses ou les énergies de chaque niveau (producteurs en dessous et consommateurs d'ordre successif au-dessus).
Bordas p 85 n°B4; A chaque niveau de consommation on observe des PERTES (c'est-à-dire une production de chaleur et de la matière non assimilée, mais qui est récupérée par d'autres organismes, principalement les décomposeurs).

Notion d'agrosystème: Bordas p 86 n°A2

Carte des régimes alimentaires dans le monde (EU)
Carte de la sous-alimentation des populations mondiales (EU)

Apprendre

L'écosystème (du grec oïkos = habitat) est un système composé des êtres vivants (biocénose) et d'un milieu de vie particulier (biotope).(ex: telle prairie, telle forêt, tel océan à telle latitude...)
Les agrosystèmes sont des écosystèmes artificiels exploités par l'homme (élevage, pisciculture, sylviculture, agriculture...).

Les organismes reliés entre eux par des relations trophiques (de nourriture) forment un réseau alimentaire (composé de nombreuses chaînes plus ou moins ramifiées et intriquées).

La matière organique des producteurs primaires (plantes chlorophylliennes et unicellulaires chlorophylliens, c'est-à-dire autotrophes) vient du carbone de l'air et l'énergie vient du soleil.
La matière organique des producteurs secondaires ou consommateurs (tous les organismes hétérotrophes ou mieux allotrophes) vient de la matière organique de leur nourriture et l'énergie vient de l'énergie chimique contenue dans cette nourriture. Les consommateurs de premier ordre consomment des producteurs primaires alors que les consommateurs d'ordre supérieur ou égal à 2 consomment des consommateurs d'ordre inférieur et éventuellement aussi des producteurs primaires).

Les écologistes calculent des rendements pour essayer de rendre compte des transferts entre niveaux de consommation ou entre un écosystème et son environnement.

On considère qu'une alimentation principalement à base de nourriture de type primaire (blé, riz, mil, maïs, patates...) est plus économe en énergie (au niveau de l'écosystème, bien que le rendement soit faible pour le transfert entre la matière organique de niveau 1 et la matière organique de niveau 2: environ 0,4%) que la consommation d'une nourriture composée de consommateurs de 1er ordre (lait, viande d'herbivores...) ou surtout d'ordre supérieur (alors que le transfert entre niveau d'énergie se fait alors avec des rendements de l'ordre de 10 à 20%).
Ainsi on peut affirmer qu'un ha de céréales nourrit 120 personnes, alors qu'un ha de prairie utilisée pour l'élevage de bovins nourrit 2 personnes. De là à considérer que la consommation de nourriture secondaire est un luxe il y a un pas qu'il ne faut pas franchir inconsidérément. Il ne faut pas oublier que si l'homme est un allotrophe, la variété de l'alimentation est une exigence psychologique.
Cela n'empêche pas que certains européens prennent conscience de ce que leur alimentation est d'une richesse énergétique telle qu'ils puissent la qualifier de gaspillage.

La démarche actuelle "environnementale " exige que l'on mesure le rendement d'un agrosystème non pas uniquement en comparant les importations artificielles aux exportations artificielles, sans se préoccuper des éléments fournis "gratuitement" par la nature, mais bien en essayant de dresser un bilan global, notamment en terme de surexploitation des richesses du sol ou en terme de pollution de l'environnement. Le respect de l'environnement n'est pas un luxe. Il s'agit sans aucun doute ici d'une bonne mondialisation, celle des responsabilités.
Pour les consommateurs européens, à cette démarche environnementale, qui peut être solidaire, s'ajoute une exigence de sécurité alimentaire (au sens de inoffensif pour la santé).

Il y a d'énormes disparités entre les rations alimentaires des habitants de la planète.
Les causes de la sous-alimentation (quantitativement du point de vue énergétique) sont variées et ne peuvent surtout pas être supposées uniquement géographiques ou climatiques. Les spécialistes affirment que la cause majeure de la faim est la pauvreté. De nombreuses famines (et de plus en plus) sont dues à des guerres. La réponse à une famine n'est donc pas toujours celle d'une aide agricole ou technologique mais bien plus souvent celle d'une aide politique et économique.
Le problème de la faim renvoie clairement à la solidarité. Ce n'est pas un problème à traiter au loin, dans des pays pauvres, en considérant que certaines personnes vont donner de leur temps, soutenus par l'effort financier d'autres, pour aider des populations en difficulté. C'est un problème d'économie globale. C'est aussi un problème d'humanisme, de solidarité. Pour vous, jeunes européens, la faim se combat d'abord par le développement que vous choisirez.

L'urgence (et le scandale) c'est la faim dans le monde aujourd'hui et non à l'horizon 2050.
Actuellement on considère souvent que la terre peut nourrir tous les hommes qu'elle porte. Savoir si elle pourra le faire dans 50 ans se discute mais pas dans l'urgence. L'urgence est dans le présent. Les prévisions ne sont que des prévisions et peuvent nous aider à orienter notre effort mais ce n'est pas l'urgence.
Si l'on projette l'évolution des ressources alimentaires à celle de la population mondiale en 2050 par exemple (8 à 10 milliards d'individus) on arrive à une diminution très forte de la ressource pour chaque individu. Cette projection est très diversement ressentie selon les convictions de chacun.
Une population jeune consomme moins et produit plus («... en Afrique, en Asie et en Amérique latine, où les populations sont relativement jeunes, les besoins énergétiques alimentaires moyens sont de l'ordre de 2 150 kilocalories par personne et par jour (kcal/pers./j), alors qu'ils s'élèvent à 2 400 kcal/pers./j en Amérique du Nord, où les populations sont relativement âgées, avec une taille et un poids moyens plus élevés» (EU - article "Alimentation, nourrir les hommes).
Si la pauvreté est la cause principale de la faim, il est surprenant que l'on cherche parfois encore à vaincre cette pauvreté en se contentant d'essayer d'abaisser le taux de fécondité sans s'attaquer aux racines économiques ou politiques de cette pauvreté.
Les leçons que l'on tire de l'histoire ont aussi changé. A chaque fois que l'on a assisté à une croissance démographique très rapide (1960-1990 par exemple) l'augmentation de la production végétale, base de l'alimentation, a été encore plus rapide.

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Comprendre

  • moralité:
    La faim des pauvres est un mal moral car c'est une pauvreté engendrée par les actions des riches et des politiques à la recherche de pouvoir. Le remède est donc moral.
    La pauvreté subie est une sous-humanité et est bien différente de la pauvreté-vertu. L'homme entier est riche de vertus humaines. La propriété est un bien (il permet à l'homme d'atteindre sa fin). La richesse est un bien dans sa capacité à donner. Qui n'a pas ne peut donner et donner est indispensable à l'homme, tout comme aimer. Comment oser posséder en face de celui qui n'a rien ? L'awalé est un jeu africain qui met en avant ce principe (manger si le partenaire n'est pas trop gros (>3) ni trop mince (< 2) et ne jamais le laisser sans rien sous peine de tout perdre).
  • La terre est un bien commun.
    Cette affirmation, si elle était vécue, serait révolutionnaire. Tous les biens terrestres sont transitoirement entre les mains de certains mais ils ne leur appartiennent pas en propre. La terre appartient à l'humanité qui délègue sa gestion à certains selon une hiérarchie variable d'un endroit à l'autre de la planète.
    Si par goût vous recherchez l'argent, le pouvoir ou la notoriété, ce qui est légitime, que ce soit pour le bien commun au sein de structures orientés vers le bien commun. Lutter contre la faim c'est aider à la justice et à la paix. Aider et coopérer aux actions solidaires qui cherchent le bien commun. C'est une banque solidaire, une association, un comité de jumelage...
  • Les droits se décrètent. Le travail a déjà été fait (notamment).
    • Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948 (http://www.droithomme.gouv.fr/) -Article 25
      « 1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
      2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale. »
    • Déclaration mondiale sur la nutrition, 1992
      FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations - Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture) et OMS (Organisation Mondiale pour la Santé), Conférence Internationale sur la Nutrition,, Rapport final de la Conférence, Rome 1992, n°1 : « l'accès à des aliments nutritionnellement appropriés et sans danger est un droit universel »

Un breton précurseur défenseur des pauvres - dans l'action politique - en pleine révolution française, contre tous les privilèges : Félicité Robert de Lamennais (1782-1854)
Stèle pour Lamennais, Xavier Grall, Calligrammes, 2001
« ASSEMBLÉE NATIONALE - ANNÉE 1849 - L'amphithéâtre est vide. Un représentant du peuple erre dans les travées. Il a naguère collaboré à l'Avenir. Ancien proscrit - un proscrit considérable - il est le poète le plus illustre de la toute jeune république. Il erre. Dans cette France qui se cherche et s'est enfin débarrassée des tyrans, il se sait le représentant illustre d'un peuple travaillé par la faim de justice. Il erre... Son nom ? Victor Marie comte Hugo... Et alors qu'il marche dans cette Chambre désertée et crépusculaire, un mot inscrit sur un pupitre attire son regard. Hugo se penche et lit, étonné. Qu'est-ce donc ? C'est un verbe. Un seul. Mais le verbe des verbes. Le verbe-roi :

AIMER

Le pupitre est celui de Monsieur Félicité de Lamennais, son ancien patron au journal l'Avenir, député de la Seine à la Constituante.»
Le combat social de Lamennais est maintenant souvent cité en exemple. Il y a toujours des pauvres.