La boîte tactile... un outil très riche en cycle 1.

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savoir // matériel // déroulement // compétences et objectifs // analyse pédagogique // exploitations et prolongements

Savoir

Je m'appuie d'une part sur le cours des PE1 (je connais le monde par mes sens : le toucher) et d'autre part sur la formulation par cycle proposée dans ce même cours.

Matériel

* une boîte fermée (mais dans laquelle on peut aisément placer différents objets) et possédant une ouverture prolongée par une manche en tissu.
* une autre boîte contenant les objets-textures-formes-surfaces... à reconnaître. On peut classer les objets en fonction des paramètres que l'on désire faire reconnaître.
* un panneau présentant toutes les formes-surfaces à reconnaître bien rangées peut aussi être utile pour que l'enfant désigne l'objet reconnu sans avoir à effectuer dans un premier temps l'effort de mémorisation d'un nom...

On peut soit faire varier un seul paramètre, soit en faire varier plusieurs à la fois.
Il y certaines écoles qui sont équipés de lotos tactiles mais on peut regretter que, du moins en ce qui concerne l'exemple que je connais, le jeu présente des surfaces de couleur différente qui permettent donc une différenciation visuelle. Des pastilles de couleur uniforme et identique seraient préférables pour séparer les paramètres de reconnaissance (mais on peut y jouer les yeux bandés, certes...).
La partie biologique avec l'étude de la peau, organe de sensation et de protection, est sans doute à réserver au cycle 2, mais on peut déjà en faire une approche par exemple en leur demandant de nommer les sensations qui disparaissent après avoir enfilé une paire de gants (plus ou moins épais)...

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Déroulement

Qui cache ?	le maître	les enfants sauf celui qui touche
Qui pose les questions	celui qui touche	ceux qui ne touchent pas et qui guident donc celui qui touche
Qui répond aux questions ?	le maître	celui qui touche

Deux modalités principales mais avec des variantes:

• un objet est placé dans la boîte tactile par le maître en cachette des enfants. La recherche peut se faire par un enfant qui met la main dans la boîte tactile et dans ce cas pose des questions au maître ou par l'ensemble de la classe qui pose des questions à celui qui touche l'objet.
• un objet est placé dans la boîte tactile par le maître au vu de tous les enfants sauf un, qui va chercher en posant des questions soit au maître, soit au reste de la classe (il est plus difficile d'éviter la réponse trop rapide de certains).

Compétences et objectifs

Compétences:
* transversales: l'enfant connaît son corps, coopère, participe... il est capable d'observer, verbaliser, interroger... il s'exerce à retenir...L'enfant identifie les informations données par ses sens. Il discerne des analogies, des différences (formes, couleurs, grandeurs, sons, bruits isolés ou dans un ensemble...). Il comprend et exécute une consigne.
* dans le domaine de la langue : L'enfant doit pouvoir prendre la parole et s'exprimer de manière compréhensible (notamment quant à la prononciation et à l'articulation) dans des situations diverses..), formuler correctement des demandes ou y répondre.... prendre conscience de la correspondance entre l'oral et l'écrit... commencer à produire des textes variés en les dictant au maître : listes... nommer, dans des situations de la vie quotidienne, des objets, des actions, des sentiments... mémoriser et utiliser à bon escient, dans son contexte, un vocabulaire précis...
* disciplinaires (découvrir le monde, imaginer, sentir, créer): identifier certaines propriétés des objets en vue de les comparer, les trier, les classer, les ordonner...mettre en œuvre une procédure numérique (dénombrement, reconnaissance globale de certaines quantités...) ...L'enfant doit pouvoir commencer à comparer des grandeurs continues (longueur et masse), des contenances... faire des observations sur des propriétés des objets, des matières (changement d'état...)...l'enfant doit être capable d'établir des relations sensorielles et affectives avec les matières...

Objectifs spécifiques: l'enfant doit savoir nommer un objet, reconnaître parmi..., décrire..., exprimer une sensation....

Objectifs opérationnels: l'enfant doit être capable de répéter le nom..., repérer le bon mot..., se souvenir de...

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Analyse pédagogique, des exemples

A la suite de la séance avec les stagiaires, la difficulté principale est sans aucun doute de comprendre l'importance du sens donné à l'outil "boîte tactile" en le proposant comme "outil d'apprentissage des sciences: connaissance des sensations par l'enfant". Personne ne met en doute sont utilisation comme outil d'apprentissage pour la maîtrise de la langue (verbalisation, enrichissement du vocabulaire...) ou encore des mathématiques (numération, reconnaissance de formes géomètriques simples...) mais dès qu'il s'agit d'un objectif disciplinaire de sciences, on se contente d'objectif vague du style "en touchant avec ses doigts l'enfant apprend à utliser ses sensations et à décrire ce qu'il ressent"; ce qui n'est pas faux (mais au contraire très juste) mais cache souvent une absence d'objectif réel, c'est un apprentissage proposé a posteriori, dans un cadre très général mais il n'est pas posé comme objectif de départ et les séances ne sont pas dirigées vers cet objectif. Il est très difficile de faire comprendre à des gens qui ne sont pas (encore) du métier que leurs vrais objectifs (isolés par le formateur et qui, je l'espère, vont au-delà des simples apparences) sont souvent très éloignés des objectifs déclarés.
Il ne faut pas oublier que, comme dans tout jeu, car la boîte tactile a une composante ludique indéniable, ce qui justifie de son utilisation comme moyen de formation (ou outil d'apprentissage comme l'on voudra) est bien la mise en avant d'objectifs spécifiques et opérationnels pertinents et non pas seulement une vague référence à un ensemble de compétences.

Voici un exemple de progression qui peut aider à comprendre ce que je vous propose comme apprentissage en sciences.

objectifs spécifiques: savoir que ses sensations corporelles tactiles sont extrêment riches, savoir décrire les sensations tactiles avec un vocabulaire adapté
compétences : l'enfant connaît son corps, il identifie et nomme les informations apportées par les sens, il établie des relations sensorielles et affectives avec les matières
étapes	travail de l'élève : objectifs opérationnels: l'enfant doit être capable de:	travail du maître : consignes, traces écrites...	durée	matériel, analyse
1. le sens du toucher par apport aux autres sens: un état des lieux	nommer les cinq sens qui lui permettent de "voir" le monde (objectif secondaire facultatif: comprendre que les sens peuvent nous tromper)	placer l'enfant dans plusieurs situations (trompeuses ?) où il ne peut utiliser tous ses sens: * les yeux bandés: gouter (pain brioché), toucher (éponge humide, laine de verre, coton), sentir avec le nez (pain brioché), écouter (grelot), * les oreilles bouchées: voir (grelot) * avec des gants: toucher (papier de verre, laine de verre, éponge sèche)...	15 min	différentes matières pour les 5 sens: pain (brioché par exemple), éponge humide-sèche, grelot, coton, moquette, papier de verre, laine de verre.... bandeau, boules Quiès
On va étudier tout particulièrement le toucher. Que proposez-vous de faire pour apprendre à toucher avec de plus en plus de finesse, de précision, pour savoir de mieux en mieux ce que l'on touche, même si on ne le voit pas ? Peut-on imaginer et construire un objet qui nous permette de toucher tant que l'on veut sans que l'on voit l'objet que l'on touche ? on peut introduire ici un module pratique: "construction de la boîte tactile": on peut aussi lui trouver un nom: "au royaume des aveugles", "touche-touche"...
2. séances d'apprentissage liste NON EXHAUSTIVE pour chaque séance on choisit un paramètre du toucher que l'on essaye d'explorer; à la fin de la séance l'apprentissage est capitalisé par l'acquisition de nouveaux mots de vocabulaire sur les sensations tactiles sous forme d'un panneau: pour éviter de rendre celui-ci trop complexe en lecture, on peut utiliser des petits pictogrammes désignant les paramètres (petit bonhomme-grand bonhomme; trace de pas; plume; chataigne; bonhomme de neige) le déroulement de chaque séance d'apprentissage peut se faire selon n'importe quelle modalité (voir ci-dessus)	avec mes doigts, même si je ne vois pas, je peux sentir si j'ai dans la main un petit objet ou un gros objet	paramètre de taille vocabulaire à noter sur le panneau : gros, petit, moyen	15 min tout au plus par séance	une perle de verre, une bille de verre, un calot de verre
	avec mes doigts, même si je ne vois pas, je peux sentir si un objet est dur ou mou ou élastique	paramètre de surface dureté vocabulaire à noter sur le panneau : dur, mou, élastique		quatre sphères de même diamètre: une balle de ping-pong, une bille de bois, une boule de polystyrène, une balle "rebondissante" en caoutchouc
	avec mes doigts, même si je ne vois pas, je peux sentir si j'ai dans la main un objet lourd ou léger	paramètre de poids vocabulaire à noter sur le panneau : léger, lourd		trois objets de forme identique et de densité très différente (un bouchon de liège, un bouchon de plastique, un bouchon de polystyrène) et trois objets de formes et densité très différentes mais de masse identique (à découper dans des matériaux différents pour qu'ils aient la même masse)
	avec mes doigts, même si je ne vois pas, je peux sentir si un objet est lisse ou rugeux ou doux ou piquant	paramètre de surface relief vocabulaire à noter sur le panneau : lisse, rugueux, doux, piquant		quatre surfaces: lisse (morceau de linoléum), rugueuse (papier "de verre"), douce (moquette), piquant (bogue de chataigne...)
	avec mes doigts, même si je ne vois pas, je peux sentir si un objet est chaud ou froid ou tiède	paramètre de surface température vocabulaire à noter sur le panneau : chaud, froid, tiède		trois surfaces: froide* (métal refroidi au réfrigérateur et rechauffé sur le radiateur...), chaude* (isolant: polystyrène, bois, brique...)
3. bilan-évaluation: le sens du toucher, un sens d'une grande richesse : sentir avec les doigts	sentir avec mes doigts c'est savoir si un objet est grand ou petit, dur ou mou, lisse ou rugeux, doux ou piquant, chaud ou froid... le toucher est un sens vraiment riche: toucher c'est voir sans les yeux	jeu de reconnaissance avec les matières	20 min	matières présentant tous les paramètres étudiés

* les stagiaires signalent que l'emploi de "froid" et "chaud" pour désigner les sensations sont d'après eux inducteurs de fausses représentations, car deux corps en équilibre thermique avec l'atmosphère de la pièce sont à la même température. Certes, mais il ne s'agit pas de proposer une représentation physique de la température (qui sera bien un concept à construire contre les sensations), mais bien de décrire avec le vocabulaire courant une sensation: la sensation de chaud ou de froid est RÉELLE, même si elle va contre le concept de température qui dit que les deux corps sont à la même température: la sensation est SUBJECTIVE. Si l'on voulait aller dans le sens d'un concept biologique il faudrait travailler sur les paramètres physiques mesurés par les thermorécepteurs de la peau: je vous renvoie par exemple à l'expérience courante (on place en même temps une main dans l'eau chaude et une main dans l'eau froide puis on les plonge simultanément dans de l'eau tiède: la sensation n'est pas la même pour les deux mains: l'une ressent le froid, l'autre le chaud, inversement à la situation précédente; cette expérience étant expliquée par le fait que les thermorécepteurs au chaud et au froid détectent des différences de température: voir d'autres idées et des précisions dans le cours sur le toucher).

Exploitations et prolongements

lotos, messages sensoriels, mots croisés tactiles, mot caché, chemin tactile (avec les pieds nus sur des carrés de différentes textures: sable, laine, copeaux, carton ondulé, pièces de monnaie, gravillons, demi-bouchons de liège; voir "Les sciences dès la maternelle", Denise Chauvel et Viviane Michel, Retz, 1990, p 23), jeux divers de reconnaissance (voir par exemple "Les sciences à l'école primaire, cycle 2", Isabelle Bourdial, Catherine Vialles, Retz, 1996, p 24-27)...

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