La méthode expérimentale
- des exemples de séquences - la
démarche scientifique à l'école
primaire
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Si l'on se réfère au dictionnaire (Petit Robert, 1984), le terme de science a une longue histoire et vient du latin: scientia, ayant pour racine le verbe scire: savoir. Depuis le XVème siècle le terme de science désigne aussi la pratique d'un art ou d'une technique (la science de la guerre par exemple). D'une manière très générale, une science est un ensemble de connaissances ayant un objet déterminé et une méthode propre.
Que sont la biologie et la géologie ?
* de par leur objet elles font
partie des sciences de la nature ou sciences
naturelles, on dit encore sciences de la vie et de la
terre. Leur objet est à la fois le vivant et le non vivant
mais en tant qu'élément de la nature. On tend
actuellement cependant à séparer les champs
disciplinaires et les sciences de la nature non vivante sont
scindées en géologie, géochimie, astrophysique
et d'une façon plus générale sont
essentiellement du domaine de la physique (on doit classiquement
inclure la chimie dans les sciences physiques)... Bref, toutes ces
délimitations ne sont pas définitives et on assiste
certainement en ce début de siècle à une
redéfinition des champs disciplinaires.
* de par leur méthode ce
sont des sciences expérimentales : elles utilisent la
démarche expérimentale (ou méthode
expérimentale). En tant que réaliste, je soutiens
fermement l'idée que cette démarche est unique
et a été explicitée par les philosophes
grecs dont Aristote est le chef de file, pour la première
fois, du moins pour les traces écrites que l'on en a. Le
deuxième philosophe qui a le plus clairement mis en
évidence les principes de la méthode
expérimentale et que l'histoire a retenu est Saint Thomas
d'Aquin, car c'est lui qui a développé le
réalisme ontologique (fondé sur l'être)
après les grands philosophes grecs. Enfin, la méthode
expérimentale est devenue un incontournable au XIXème
siècle avec des expérimentateurs extraordinaires comme
Claude Bernard, dont personne ne peut ignorer l'ouvrage
"Introduction à la méthode
expérimentale", si souvent cité, à tort,
comme ouvrage fondateur de la méthode. Je vous renvoie d'une
part à un tableau de l'histoire
des sciences, très incomplet, mais qui pourrait permettre
de placer dans le temps quelques grands noms et quelques grandes
étapes de l'histoire de la pensée scientifique, et
d'autre part à un texte de Georges Canguilhem dans "La
connaissance de la vie" dont voici un extrait significatif
à mon avis:
Il est d'usage, après Bergson, de tenir l'Introduction à l'Étude de la Médecine expérimentale (1865) comme l'équivalent, dans les sciences de la vie, du Discours de la Méthode (1637) dans les sciences abstraites de la matière . Et c'est aussi une pratique scolaire assez répandue que d'utiliser l'Introduction comme on utilise le Discours à seule fin de paraphrase, de résumé, de commentaire verbal, sans se donner la peine de réinsérer l'un ou l'autre dans l'histoire de la biologie ou des mathématiques, sans chercher à mettre en correspondance le langage du savant honnête homme, s'adressant à d'honnêtes gens, et la pratique effectivement suivie par le savant spécialiste dans la recherche des constantes d'une fonction physiologique ou dans la mise en équation d'un problème de lieu géométrique. Dans ces conditions, l'Introduction parait codifier simplement, tout comme selon M. Bachelard le Discours, « la politesse de l'esprit scientifique.., les habitudes évidentes de l'homme de bonne compagnie ». C'est ce que notait Bergson : « Quand Claude Bernard décrit cette méthode, quand il en donne des exemples, quand il rappelle les applications qu'il en a faites, tout ce qu'il expose nous paraît si simple et si naturel qu'à peine était-il besoin, semble-t-il, de le dire : nous croyons l'avoir toujours su . » A vrai dire, la pratique scolaire veut aussi que l'Introduction soit presque toujours réduite à la première partie, c'est-à-dire à une somme de généralités, sinon de banalités, en cours dans les laboratoires, ces salons du monde scientifique, et concernant aussi bien les sciences physico-chimiques que les sciences biologiques, alors qu'en fait ce sont la seconde et la troisième partie qui contiennent la charte de l'expérimentation en biologie. Enfin et surtout, faute de choisir expressément, pour apprécier la signification et la portée spécifique du discours méthodologique de Claude Bernard, des exemples d'expérimentation proprement heuristique*, des exemples d'opérations exactement contemporaines du seul savoir authentique, qui est une rectification de l'erreur, on en vient, pour n'utiliser que des exemples d'expérimentation de portée didactique, consignés dans les manuels d'enseignement, à altérer involontairement mais profondément le sens et la valeur de cette entreprise pleine de risques et de périls qu'est l'expérimentation en biologie. Soit un exemple. Dans une leçon sur la contraction musculaire, on définira la contraction comme une modification de la forme du muscle sans variation de volume et au besoin on l'établira par expérimentation, selon une technique dont tout manuel scolaire reproduit le schéma illustré : un muscle isolé, placé dans un bocal rempli d'eau, se contracte sous excitation électrique, sans variation du niveau du liquide. Où sera heureux d'avoir établi un fait. Or, c'est un fait épistémologique** qu'un fait expérimental ainsi enseigné n'a aucun sens biologique. C'est ainsi et c'est ainsi. Mais si l'on remonte au premier biologiste qui a eu l'idée d'une expérience de cette sorte, c'est-à-dire à Swammerdam (1637-1680), ce sens apparaît aussitôt. Il a voulu établir, contre les théories d'alors concernant la contraction musculaire, que dans ce phénomène le muscle n'est augmenté d'aucune substance. Et à l'origine de ces théories qui toutes supposaient une structure tubulaire ou poreuse du nerf, par la voie duquel quelque fluide, esprit ou liquide, parviendrait au muscle, on trouve une expérience qui remonte à Galien (131-200), un fait expérimental qui traverse, invariable jusqu'à nos jours, des siècles de recherches sur la fonction neuro-musculaire : la ligature d'un nerf paralyse le muscle qu'il innerve. Voilà un geste expérimental à la fois élémentaire et complet ; toutes choses égales d'ailleurs, le déterminisme d'un conditionnement est désigné par la présence ou l'absence, intentionnellement obtenues, d'un artifice dont l'application suppose d'une part la connaissance empirique, assez neuve au temps de Galien, que les nerfs, la moelle et l'encéphale forment un conduit unique dont la cavité retient l'attention plus que la paroi, et d'autre part une théorie psychologique, c'est-à-dire métaphysique, selon laquelle le commandement des mouvements de l'animal siège dans le cerveau. C'est la théorie stoïcienne de l'hégémonikon qui sensibilise Galien à l'observation que peut faire tout sacrificateur d'animaux ou tout chirurgien, qui l'induit à instituer l'expérience de la ligature, à en tirer l'explication de la contraction tonique et clonique par le transport du pneuma. Bref, nous voyons surgir notre modeste et sèche expérience de travaux pratiques sur un fond permanent de signification biologique, puisqu'il ne s'agit de rien de moins, sous le nom sans doute un peu trop abstrait de « vie de relation », que des problèmes de posture et de locomotion que pose à un organisme animal sa vie de tous les jours, paisible ou dangereuse, confiante ou menacée, dans son environnement usuel ou perturbé. |
*heuristique :(du grec heuriskein
= trouver) adj. qui sert à la
découverte ; n. f. partie de la science qui a
pour objet la découverte des faits. Méthode
heuristique : qui consiste à faire
découvrir à l'élève ce qu'on
veut lui enseigner. |
Remarques: |
Remarque:
La science (au singulier) est un terme qui désigne couramment
les sciences expérimentales. Par exemple quand on parle "des
progrès de la science..." ou "des scientifiques... (par
opposition aux littéraires)", on pense aux sciences
expérimentales. Parfois certains parlent de sciences exactes
par opposition aux sciences spéculatives ou pratiques. Enfin
tout dernièrement il est de bon ton de parler de sciences
molles (dans lesquelles il y a une incertitude, un
aléatoire non mesurable, imprévisible...
essentiellement les sciences humaines et les sciences de la
vie...mais aussi le politique ou l'économique, dans une
acception du mot science la plus large possible) et de sciences
dures (les sciences "exactes", pour lesquelles le modèle
décrit très fidèlement la réalité
: essentiellement les mathématiques mais aussi certains
domaines des sciences physiques....) . Derrière ces termes se
cachent plus ou moins des options philosophiques diverses.
Elle se déroule en 4 temps:
Remarques :
* On utilise beaucoup actuellement le terme de modèle,
mais je crois que ce concept recouvre bien la notion de
théorie. Et si beaucoup de modèles sont
mathématiques (par exemple un modèle permettant une
simulation climatique sur ordinateur et conduisant à des
prévisions météorologiques... dans la mesure de
la validité du modèle utilisé), d'autres
modèles peuvent simplement être historiques ou
artistiques (pour modéliser la notion de squelette
interne-externe on peut faire référence à
l'armure des chevaliers, aux tiges de métal
insérées dans la mousse de certaines figurines que l'on
peut déformer à loisir, ou encore aux planches plus ou
moins articulées que l'enfant peut s'attacher le long des bras
pour visualiser l'importance des articulations...). Il est certain
que le professeur des écoles utilise de nombreux
modèles pour illustrer, faire des comparaisons, provoquer une
"situation déclenchante"....
* On notera que les théories scientifiques ou les
modèles, même les plus enracinés dans les
esprits, et considérés dès lors comme des
évidences, sont toujours susceptibles d'être
invalidés par une seule et unique expérience
contradictoire. C'est la modestie du scientifique: se
soumettre au réel, à l'expérience.
Et si l'appréhension du réel ne fait pas
l'unanimité car de nombreuses philosophies se disputent son
interprétation, on retrouve ce terme de modestie, et
même celui d'humilité (qui fait
référence cette fois à une vertu surnaturelle
chrétienne, comme l'orgueil fait référence
à un péché, le plus "grand" de tous, dans la
morale chrétienne), de façon constante, comme par
exemple dans les pages fondatrices de l'expérience
pédagogique "La main à la pâte" (Flammarion,
1996), par exemple p 50 ou p 111.
* Un dernier point, plus important dans le secondaire que dans le primaire, mérite d'être cité : si la méthode expérimentale nous permet d'explorer la nature (nous sommes des naturalistes), le temps nous manque et nous sommes amenés à utiliser les résultats d'autres expérimentateurs: la démarche expérimentale se transforme alors en analyse. L'analyse expérimentale est une interprétation critique d'une expérience réalisée selon la méthode expérimentale. Paradoxalement, c'est ce que vous serez amenés à faire en tant qu'étudiants pour préparer vos séquences de classe et apprendre votre métier, même si vous n'aurez pas à faire ce travail avec les enfants.
Au titre de votre formation nous allons analyser deux exemples de
séquences, non pas pour la séquence elle-même, ce
que nous ferons plus tard, mais uniquement en ce qui concerne la
démarche scientifique ; en un mot il s'agit de répondre
à deux questions : dans cette séquence, que peut-on
dire sur la démarche scientifique de l'enseignant ? que
peut-on dire sur la démarche scientifique des
élèves ?
1. Une séquence issue d'un sujet du
concours (Rennes, 1999)
2. Une séquence proposée sur le site internet de
"La main à la pâte".
consultable à l'adresse : http://www.inrp.fr/lamap/activites/invertebres/chenilles.htm
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Activités : |
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Document de travail |
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Cycle 2 |
Proposition de Jean-Pierre Chevalier |
Enseignant |
CHEVALIERJp@district-parthenay.fr |
École La Touche |
2 rue des écoles |
79350 Amailloux |
Publication : 1997 |
Mise en ligne : mai 1998 |
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Résumé : mode de vie des chenilles. |
De nombreuses chenilles pullulent dans le jardin de l'école, dans les haies, ainsi que dans les champs et les jardins environnants. Les enfants ont quelques connaissances ou représentations livresques ou "encyclopédiques" sur les chenilles, pas toujours vraies. A partir de l'observation de ces chenilles, la question s'est posée de comprendre un peu mieux comment elles vivent, de quoi elles ont besoin pour se nourrir, comment elles se déplacent, et ce qu'elles deviennent Notions
scientifiques pour l'enseignant Termes
scientifiques Objectifs Durée
Démarche pédagogique Situation déclenchante Mot du
maître Organisation de la
classe Évaluation Documents
utilisés Prolongements de
l'activité D'autre part,
à partir de leurs lectures et de leurs observations,
les enfants ont réalisé une carte
d'identité des chenilles (du moins Enfin, il fut demandé aux enfants de représenter une chenille au début de la période d'observation, ainsi qu'à la fin; le croquis de la fin montrait une chenille correspondant plus à la réalité que le croquis du début de la période d'observation qui relevait plus de la restitution de savoirs "savants" appris dans des livres ou vus à la télévision. |
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Dans la première étape l'hypothèse
semble être émise par les élèves
: "Elles (les fleurs jaunes") doivent faner et
tomber" mais je serais porté à croire que
c'est le maître qui, en posant la question "Et les
fleurs jaunes, que donnent-elles ?" , a plus ou
moins suggéré cette hypothèse. |
Les objectifs de la séquence sont clairement affichés: réaliser des observations et acquérir des connaissances et ne relèvent pas de la méthode scientifique en tant que telle. L'objectif "émettre des suppositions" est une autre formulation pour faire des hypothèses qui sont des questions ("pourquoi" , "comment", "est-ce que") alors qu'une hypothèse scientifique doit être une AFFIRMATION. On est bien dans le cadre d'une OBSERVATION de la nature et non d'une démarche scientifique au sens strict. De même les "expériences" sont des observations puisqu'elles reposent sur un élevage. |
Quand au secret je le trouve bien pauvre... si l'on a comme objectif de faire retenir à l'enfant que chez les Composées on a des inflorescences et non des fleurs simples... le terme de bouquet de fleur n'est pas mieux que fleur. J'aurais préféré fleur, fruit et graine....tous ces termes peuvent être acquis en cycle 1....Ainsi ni le maître, ni les élèves n'ont ici eu de véritable démarche scientifique. Le maître a essayé de faire "redécouvrir" le plus habilement possible la notion de graine, qui n'apparaît pas dans les termes du sujet... ce qui est compréhensible à un plus haut niveau : puisqu'effectivement nous avons chez le pissenlit un fruit-graine ou akène, ce qui oblige à utiliser un terme moyen : semence, mais personnellement je pense que cette distinction est bien pharisaïque. Il est bien plus important que l'enfant acquiert une notion de fruit contenant les graines, même si les différentes enveloppes en sont soudées. Cette distinction est du même ordre que fleur et inflorescence....faisons simple. |
Cependant de nombreuses "mini-démarches" scientifiques ont certainement été occasionnées par ce travail : en voici une parmi d'autres : lorsque la question s'est posée (problème) de savoir quel type de mode de locomotion avait telle ou telle chenille, des hypothèses, même non formulées, ont certainement été émises (reptation, marche, glissement...) et l'observation a servi d'expérience et en a réellement eu le statut. De même pour le régime alimentaire ou les mues ou encore l'observations de cocons. |
Peut-on imaginer une véritable démarche
scientifique avec les élèves sur la
reproduction du pissenlit ? |
Cet élevage a donc été l'occasion de nombreuses démarches, réellement scientifiques, mais dont les étapes n'ont pas besoin d'être formulées. |
La question de savoir à partir de quel âge une véritable démarche scientifique peut être réalisée par un enfant sans l'aide d'un adulte reste posée.
Dans une classe primaire, la démarche la plus courante est celle qui part de l'observation (même si elle n'est pas réalisée en classe), débouche sur des questions (problèmes) et va jusqu'aux hypothèses. Mais c'est bien la phase suivante expérimentale qui n'est pas conforme à la méthode expérimentale. Les expériences-observations réalisées n'ont pas toujours d'hypothèse clairement exprimée, les hypothèses sont souvent implicites et multiples, les conditions de l'expérience ne sont pas assez bien définies, le témoin est oublié.... etc. Quand aux jugements, étant donné les imprécisions des hypothèses, ils ne peuvent pas non plus être clairement exprimés.
En fait il faut séparer l'apprentissage de la démarche, la confrontation avec la nature: ce que l'on pourrait appeler la pédagogie scientifique, d'avec l'acquisition de connaissances scientifiques. Ce que l'on fait avec les enfants n'est pas l'acquisition de nouvelles connaissances scientifiques, c'est une pédagogie des sciences expérimentales. Leur faire croire, et pire, croire soi-même, que l'on reproduit réellement les conditions d'acquisition de connaissances vraies, scientifiques, confortées par le réel, soumises à l'expérience, reproductibles, est trop ambitieux et trompeur. En fin de compte, l'enfant acquiert-il des connaissances scientifiques à l'aide de cette démarche ? Je ne le pense pas. Il me paraît illusoire de croire que l'enfant acquiert à l'école primaire des connaissances scientifiques par la démarche expérimentale.
Les ébauches de démarche scientifique sont
faciles à mettre en uvre et toujours attrayantes pour
les enfants. Même si la formulation n'est pas complète
il est sans aucun doute extrêmement profitable de confronter
l'enfant à la nature, de le guider dans la mise en forme de
ses questions, dans la formulation de ses hypothèses, de lui
apprendre à observer, à admirer et à
respecter.
Du point de vue didactique, lorsqu'un enfant pose une question du
type "Que mange cette chenille ?" ou "Est-ce que ce petit grain noir
est une graine ?" il n'a pas une démarche scientifique
complète mais son interrogation est excellente,
s'étonner n'est-ce pas le début de l'apprentissage de
la sagesse ?
Ainsi, on se gardera principalement :
* pour l'enseignant, de confondre une simple observation avec
une expérience (dans le sens le plus rigoureux) mais il
n'y a à mon avis aucun inconvénient à employer
ce vocabulaire avec les enfants par contre c'est plus gênant
dans une copie de concours
* de présenter la démarche scientifique comme des
solutions proposées en réponse à des
problèmes (idéalisme) mais bien dans la
vérification d'hypothèses qui sont des
affirmations. A ce sujet vous pouvez consulter quelques
remarques personnelles sur l'expérience pédagogique de
"la main à la pâte". Mais
nous aurons bien d'autres occasions d'y revenir.
Tant que l'on ne prétend pas avoir des démarches trop complexes (faire découvrir la notion de graine me semble illusoire par contre l'illustrer est indispensable pour aider l'enfant à mettre en place le concept) et atteindre des objectifs trop élevés (toute connaissance, même scientifique, n'est pas le résultat d'un apprentissage de l'enfant par la méthode expérimentale : apprendre peut être basé sur une relation de confiance envers l'enseignant, ce qui est une de ses grandes responsabilités), les sciences de la nature sont un champ disciplinaire ouvert, formateur, convivial... bref le domaine idéal.
Remarque:
Dans votre programme de formation deux points apparaissent dans ce
chapitre : "la construction et la transmission du savoir
scientifique" et "des conceptions initiales
(représentations premières) aux concepts
scientifiques"; ces points sont directement issus des
théories de la connaissance, la plupart du temps basées
sur une épistémologie idéaliste. Je renvoie donc
aux cours de psychologie qui vous seront donnés en SSH. Une
fois que vous serez familiers avec ces notions, nous pourrons aborder
ces questions dans nos discussions, mais je ne fais pas de cours sur
ces sujets car je ne pense pas qu'ils fassent partie de mon domaine
de compétence et que, vous l'aurez compris, je ne
conçois pas la réalité de la même
façon qu'eux (je suis assez fixé sur un
réalisme métaphysique comme vous pourrez le
constater).
Je suis assez tenté de croire que ce qui manque à votre
formation seraient des cours de philosophie
(générale et pas uniquement de
l'épistémologie et pas uniquement encore une
épistémologie idéaliste) plutôt que de la
psychologie seule. (Si vous voulez creuser un peu ces notions
n'hésitez pas à consulter l'Encyclopédie
Universalis qui est une mine notamment aux article réalisme,
métaphysique.... utilisez le moteur de recherche du CDROM, il
est extrêmement performant).
Par contre il est certainement indispensable que l'on se mette
d'accord sur la méthode scientifique qui doit être
une, même si l'interprétation de la
réalité des résultats obtenus dépendra de
la philosophie de chacun. A ce propos, je n'utilise pas le sigle
d'OHERIC proposé récemment , et dont on vous parlera
peut-être, car je ne pense pas qu'il soit utile. Je vous
renvoie à la méthode
expérimentale
présentée plus haut dans
cette page, dont l'origine remonte au moins aux philosophes grecs.
Certains philosophes, en se basant sur leur propre vision de la
réalité, tentent de proposer d'autres méthodes
permettant d'accéder à des connaissances scientifiques.
Changer de méthode modifie de façon certaine le type de
connaissance accessible. Ces essais n'ont donc pas leur place
à mon avis dans un enseignement scientifique de base. On ne
peut pas faire de science expérimentale sans utiliser la
méthode expérimentale et celle-ci ne dépend pas
de telle ou telle philosophie. C'est une forme de connaissance qui
forme un tout. Changer de méthode rend incohérent les
nouveaux savoirs avec les savoirs obtenus par la méthode
expérimentale. L'interprétation que chaque scientifique
fait des résultats obtenus par la méthode (les faits
expérimentaux) dépend ensuite de sa philosophie
personnelle.
Il est bien certain que la méthode expérimentale n'est
pas la seule que vous allez appliquer pour augmenter vos
connaissances. Votre métier pluridisciplinaire et
évolutif nécessitera de vous familiariser avec bien
d'autres types de démarches que la démarche
scientifique. Il serait regrettable de vous faire croire que les
scientifiques ne sont même pas d'accord entre eux en ce qui
concerne leur méthode. C'est faux. Je me répéte
encore mais les scientifiques sont d'accord avec la méthode
pas avec l'interprétation des résultats. Ce sont des
philosophes issus d'autres disciplines qui ont un regard
différent sur la science (notamment les
épistémologistes dont l'objet est justement la
science). Les scientifiques qui réellement font avancer les
connaissances scientifiques utilisent tous la même
démarche. Les épistémologistes ont par contre
bien sûr des visions très différentes de la
science.
Vous convaincre d'abandonner l'idéalisme ambiant peut
paraître voué à l'échec et pourtant je
suis certain que c'est la seule voie qui permette de redonner
confiance dans la science. En tout cas il n'est pas souhaitable que
l'éducation nationale se contente d'enseigner
l'idéologie idéaliste dominante. Vous avez le droit de
présenter le réalisme comme fondement de la
connaissance scientifique, même s'il n'est vraiment pas
à la mode. Voici de la matière pour vos
réflexions.
Le mot «réalisme» a
plusieurs acceptions. Le réalisme logique s'oppose au
nominalisme, théorie des termes
généraux: ceux-ci sont des noms
d'entités pour le premier, des abréviations
qui désignent collectivement des particuliers pour le
second. Le réalisme métaphysique a pour
antithèse l'idéalisme, que
Berkeley appelle immatérialisme et qui consiste
à nier l'existence d'une matière des corps,
indépendante de nos perceptions. Le
matérialisme, sorte de réalisme physique,
comporte un postulat supplémentaire; il identifie
matière et réalité sans être
capable d'élucider la nature de la
matière. On qualifie indifféremment de
réalisme ou d'idéalisme la doctrine
platonicienne qui attribue aux idées formes une
réalité indépendante, tant des
substrats qui les portent que des individus qui en
acquièrent une connaissance (du reste imparfaite). On
nomme aussi réalisme la transformation d'une
entité logique en un réel doué
d'existence ailleurs que dans l'esprit d'un sujet
connaissant (c'est, d'après Émile Meyerson, le
réalisme «au sens que l'on attribuait à
ce terme au Moyen Âge».) Les réalistes affirment que des
concepts tels que substance, infini, cause ne sont pas
seulement des déterminations mentales ou des produits
de l'entendement. Ils admettent parfois, outre une substance
universelle, un découpage de cette substance en
essences, donnant lieu à des substances
particulières (individuation). Les idéalistes
(Léon Brunschvicg après Charles Renouvier),
qui critiquent les «abstractions
réalisées», ne voient pas que la science
«réalise» des concepts en supposant des
atomes, des électrons, un espace-temps courbe, etc.,
avant que l'expérience soit en mesure de trouver ces
entités dans le monde physique. Ces entités
sont d'abord de nature virtuelle (voir les remarques
d'É. Meyerson, Du cheminement de la
pensée , 1931, II, paragr. 215, p. 356). Les
idéalistes estiment les substances inutiles, parce
que inconnaissables et indéfinissables, faute de
propriétés par quoi les définir: nous
ne connaissons que des rapports. Les philosophes
réalistes repoussent l'objection en disant que les
substances se révèlent par leurs relations. De
plus, l'inconvénient de remplacer les substances par
les lois se manifeste par des conséquences
négatives en épistémologie
(l'indétermination des relations, qu'on
prétend justifier par une doctrine ad hoc , le
conventionnalisme). En résumé, réalisme et
idéalisme sont des thèses sur ce qu'il y a et
des doctrines du rapport de la pensée et de la
réalité. Pour une
métaphysique réaliste, les
déterminations de la pensée ne sont pas
étrangères aux objets; «les choses et
leur pensée s'accordent quand elles sont pleinement
actualisées» (Hegel). Une connaissance
vraie atteint les choses telles qu'elles sont en soi, et les
lois scientifiques ont d'abord leur raison d'être dans
la réalité extérieure.
Pour l'idéalisme, par exemple kantien, devenu
l'orthodoxie des philosophes (et peut-être des
savants?), ces lois sont fondées sur les
propriétés de l'esprit humain; la
pensée s'arrête aux phénomènes,
c'est-à-dire que le sujet pensant perçoit des
choses moyennant les formes de l'intuition et les
catégories. (Les déterminations de
l'universalité et de la nécessité, qui
sont celles de la connaissance, l'expérience ne les
fournit pas; elle ne contient que du variable et du
contingent; universalité et nécessité,
exprimées en des jugements soit analytiques soit
synthétiques a priori, proviennent de la
pensée.) «Pour le réaliste, penser
c'est seulement ordonner des connaissances ou
réfléchir sur leur contenu»
(E. Gilson). En idéalisme, la
vérification, si on la cherche ailleurs que dans la
cohérence ou la non-contradiction, finit toujours par
poser problème, puisque nos normes
d'intelligibilité sont les principes de la
réalité et que la connaissance est la mesure
de l'être réel. On n'exigera pas de l'une des deux
doctrines d'être cohérente avec les
prémisses de l'autre; à chacune d'être
cohérente avec ses propres principes. Le
réaliste est tenté de faire droit à des
présupposés idéalistes qu'il croit
démontrés ou inévitables. Par exemple,
il se demande si les choses sont conformes à la
connaissance qu'on en a, alors que, selon sa théorie,
c'est la connaissance qui est conforme à la
chose. Second point, les succès des
sciences témoignent-ils pour l'idéalisme? En
ce qui concerne les mathématiques, il est difficile
d'exhiber des exemples de mathématiciens dont la
philosophie personnelle a infléchi ou orienté
les travaux (L. E. J. Brouwer, H. Weyl,
R. Thom), ou exercé une influence sur leurs
découvertes. En ce qui concerne la physique, l'impact
est plus net. L'idéalisme et le réalisme ont
orienté les préférences des chercheurs
soit vers les théories prédictives, soit vers
les théories explicatives. Mais un pragmatisme latent
limite les effets qu'on pourrait attendre d'un choix
philosophique. La communauté des physiciens accepte
une théorie qui marche, quelle qu'en soit la
métaphysique sous-jacente, tant qu'il ne s'en
présente pas d'autre qui rende des services
équivalents. En science, les
présupposés métaphysiques se
manifestent surtout à travers la
méthode ; les praticiens la regardent comme un
sous-produit plutôt que comme un programme a priori.
Un instinct réaliste fait considérer que la
méthode se déduit de la connaissance,
plutôt que la connaissance de la méthode (de
même que le droit dérive de l'état des
murs, non pas l'état des murs des
institutions juridiques). L'idéologie de
l'efficacité s'accorde le mieux avec le succès
des sciences, et avec cette partie des sciences qui
ressortit au besoin d'action plutôt qu'au besoin de
compréhension. (C'est elle que caractérise le
jugement «La science ne pense pas»! ) L'idéalisme a contribué
à mettre la science sur la voie de la recherche des
lois. D'abord, le point de vue des relations, traduites sous
forme de fonctions ou de corrélations quantitatives,
a éliminé celui des substances. Ensuite,
l'idéalisme s'implante quand on croit que les
relations sont sans existence hors de l'esprit (Hume, Kant).
En principe, les techniques de laboratoire devraient faire
obstacle à l'idéalisme. L'obstacle s'affaiblit
quant on soutient que les faits scientifiques sont des
construits théoriques (E. Le Roy, Duhem). Quand on
découvre que les appareils d'observation perturbent
les processus observés, on se dit que Kant a raison,
que la connaissance engendre son objet ou que l'objet est
identique à la connaissance qu'on en a (esse est
percipi ). L'idéalisme est sous-jacent à
l'idéologie de l'efficacité. Il attribue
à la connaissance le pouvoir de façonner ou de
créer son objet: l'omnipotence est à
l'horizon. Indirectement, le prestige de la science dans nos
sociétés vient de ce qu'elle incarne
l'idéalisme. Celui-ci, en débarrassant la
scène des problèmes philosophiques de
compréhension et de signification, libère les
mains pour agir. Berkeley le remarque:
«Beaucoup recommander et approuver la philosophie
expérimentale» (Cahiers , no 509).
L'idéalisme ouvre la porte à la
démiurgie: l'homme est le démiurge du monde
qu'il connaît; il le connaît autant qu'il le
crée. On cite Poincaré: «C'est la
connaissance qui est le but, et l'action le moyen.»
Pieux hommage. Point besoin de rappeler que la science
comporte, depuis l'origine, avec Bacon et Descartes, un
activisme orienté vers la conquête de la
puissance. C'est l'expression d'une tendance plus profonde
et plus générale inscrite dans le désir
même de connaître. «L'homme aspire à
la connaissance du monde, il aspire à se l'approprier
et à se le soumettre, et il faut que la
réalité du monde en quelque sorte s'efface,
c'est-à-dire s'idéalise devant
l'activité humaine» (Hegel). L'idéalisme
ne trouverait aucune créance s'il ne correspondait de
quelque manière à la nature des organismes qui
improvisent, inventent et organisent. Le réalisme aujourd'hui À une écrasante majorité, les
épistémologues sont
idéalistes. Dans l'espace d'un
siècle, ils ont sondé tous les
problèmes de l'idéalisme, se sont mis en peine
de critères de démarcation, de fondements de
l'objectivité, de justification du consensus des
savants autour de tel ou tel paradigme. À bout
de voies, ils finissent par penser que les disciplines
scientifiques sont des jeux de langage d'accompagnement pour
les techniques expérimentales. Les
professeurs partagent cette conviction: «Le philosophe
parle de philosophie, le savant des choses.» Ce genre
d'aphorisme, ils le soumettent à l'admiration des
étudiants, sans en voir la cruauté pour la
discipline même qu'ils enseignent. Parmi les théories physiques
récentes, la relativité générale
est réaliste. Einstein, voulant expliquer la
gravitation, propose un modèle de l'espace-temps
physique. La théorie des quanta est d'esprit
idéaliste: son formalisme évite le dualisme du
continu (l'onde) et du discret (le corpuscule),
laissé ouvert par la mécanique ondulatoire;
elle évite donc d'avoir à proposer une image
du monde. L'espace-substrat de cette théorie est un
espace de configuration abstrait; les champs physiques sont
représentés par des fonctions de variable
complexe sur cet espace et les grandeurs physiques par des
opérateurs. Pour rejoindre la réalité,
une théorie de la mesure est indispensable. Ce
formalisme est sans interprétation directe; on peut
seulement en comparer les conséquences avec les
résultats expérimentaux. Des physiciens de mentalité
réaliste (Einstein, de Broglie) se sont
désintéressés d'une théorie dont
le développement s'engageait dans une voie qui leur
répugnait intellectuellement. B. d'Espagnat examine
en quelle mesure elle est compatible avec le
réalisme. Dans la négative, nous
connaîtrions de la réalité microphysique
ce que définit le consensus des observateurs, donc un
réel dépendant de l'existence d'une
humanité qui procède à des
expériences d'un certain type. Il conclut que la
physique quantique est neutre; elle ne donne pas de
réalité indépendante et n'interdit pas
de penser qu'il y en a une, accessible par d'autres moyens:
«un réel voilé». Meyerson
était plus affirmatif: «La science
entière repose sur le tuf, peu apparent sans doute,
puisqu'on a tenté de nier l'existence de cette
assise, néanmoins solide et profond, de la croyance
à un être indépendant de la
conscience.» Prenant pour objet les problèmes
et les résultats des sciences contemporaines, leur
travail réel, Gaston Bachelard, après avoir
rejeté les catégories philosophiques
traditionnelles des « théories de la
connaissance », proclama, dès 1934, la
« défaite de l'immédiat ».
On ne s'étonnera pas de ce double geste: rejeter les
unes, c'était s'affranchir de l'autre. Ce que
Bachelard découvrait, c'est que les couples
d'oppositions philosophiques sujet-objet, abstrait-concret,
etc., ne parvenaient pas à rendre compte des derniers
progrès de la microphysique. Partant de ce fait, il
lui donna une portée générale:
l'enquête historique prouvait que les
catégories philosophiques « restaient
immuablement étrangères » à
la pratique des savants. Selon les philosophes, la
connaissance part de l'immédiat: pour les savants,
elle rompt avec l'immédiat pour construire
&endash; au sens théorique et matériel
&endash; son « objet »; selon les
philosophes, l'objet qui est dégagé au terme
du processus de connaissance peut être saisi par une
intuition immédiate de l'esprit; au contraire, pour
les savants, l'objet construit est plutôt une
« touffe » de problèmes qu'une
pensée achevée. Les longues pages où,
dans la Formation de l'esprit scientifique , Bachelard
s'attache à montrer qu'il existe une
« rupture » entre l'immédiat
(« l'expérience
première ») et la connaissance
scientifique, sont justement célèbres.
Méconnaître cette rupture, c'est être
victime d'un « obstacle
épistémologique », c'est annuler
l'abîme qui sépare l'expérience
vécue de l'expérience théoriquement
normée et techniquement ordonnée des sciences
physiques. À ses yeux, dans une science,
« rien n'est donné, tout est
construit ». De ce point de vue, parler, comme
Bergson, de « données immédiates de
la conscience » est tout simplement un non-sens.
« L'esprit scientifique, écrit Bachelard,
doit se former contre la Nature, contre ce qui est, en nous
et hors de nous, l'impulsion et l'instruction de la Nature,
contre l'entraînement naturel, contre le fait
coloré et divers. » La
nécessité apparaît alors de rectifier la
définition de ce que la philosophie appelle
traditionnellement le réel . Le
« réalisme » de la science ne
saurait être que de « seconde
position », ce ne peut être qu'un
réalisme « en réaction contre la
réalité usuelle, en polémique contre
l'immédiat ». « Si
d'ailleurs, ajoutait-il dans un de ses derniers ouvrages, on
voulait faire le point entre la philosophie du donné
et la philosophie du construit, il faudrait souligner,
à propos de la philosophie corpusculaire, un
véritable effacement de la notion de
donné , si traditionnellement reçue dans
la philosophie. » Il faut préciser
qu'au-delà des philosophies contemporaines de la
« conscience », Bachelard entrait par
là en polémique avec toute tentative
d'élaboration philosophique d'une théorie de
la connaissance, en congédiant les catégories
de sujet et d'objet, de concret et d'abstrait, etc., comme
inopérantes dans le champ des sciences. Il
dénonçait comme obstacle l'idée qu'il
pouvait y avoir un sujet de la science. Il montrait enfin
que le seul sujet de la science n'était que la
« cité scientifique », ou encore:
« l'union des travailleurs de la
preuve ». Dès lors la connaissance ne doit
pas être pensée comme
« découverte » ou
« dévoilement » de la
vérité, mais comme production historique et
« socialisée » de concepts
scientifiques. Que la connaissance soit
production , voilà sans
doute l'acquis le plus précieux de
l'épistémologie bachelardienne. Qu'elle soit
travail, indissociablement théorique et technique,
sur cette « matière » que devient
l'immédiat, voilà qui n'était pas
pensable pour la philosophie traditionnelle. Voilà
qui brise le cercle philosophique de l'immédiat. De
nouvelles tâches s'offrent alors à
l'épistémologie: élaborer un concept
adéquat de « production
scientifique », de
« travail »,
d'« expérimentation », bref, les
concepts qui lui permettront de penser l'histoire des
sciences. 1. Le réel est immédiat: il
survient ici et tout de suite et n'autorise aucune prise de
distance. Ce qui a pour conséquence
(dans l'Encyclopédie Philosophique
Universelle, L'Univers Philosophique, PUF, 1991, p
96-99)
* qu'il ne constitue en rien une expérience: le
réel est la seule chose au monde à laquelle on
ne s'habitue jamais (ce qui tend à insinuer qu'il y a
plus de choses irréelles que de choses réelles
et que l'on s'habitue plus facilement aux choses
irréelles).
* qu'étant singulier et unique, le réel se
dérobe à la réflexion, à la
possibilité de le saisir dans un miroir qui en
refléterait l'image. La réalité est ce
dont on ne perçoit jamais aucun double, sinon par le
biais du fantasme et de l'illusion.
D'où une certaine déconvenue façe
à ce qui semble n'être qu'une
multiplicité de points de vue (à chacun sa
réalité...).
2. Une majorité de gens, face à ce
caractère insaisissable du réel, le
dévaluent, soit en lui opposant une "vraie"
réalité ou en décidant que le
réel n'a pas d'intérêt. Cette position
semble être à l'auteur la suite légitime
de la déconvenue face au réel.
3. L'auteur propose un retrournement: et si le réel
était suffisant, s'il était le seul qui
fût, le seul à suffire au bonheur des hommes
?
Exercice individuel:
Je vous conseille d'aller voir un groupe de les 6 séances
proposées, toujours sur le site de la main à la
pâte, et intitulé "tous
petits, tous différents". Elles ont été
encadrées dans leur mise en place par un formateur iufm. Qu'en
dites-vous ? N'hésitez pas à réagir directement
par mél, si possible d'abord vers le mien
(pierre.stouff@bretagne.iufm.fr).