Squelette et représentations des enfants....
quelques extraits de "Des idées pour apprendre", André Giordan, Françoise Guichard et Jack Guichard, CNDP Alpes Maritimes, Z'Editions, 1997, p 58-65


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«A la question "dessine ton squelette" associée à la remise d'une silhouette dessinée sur une feuille de papier, beaucoup d'enfants de 6 ans représentent leur squelette comme un "sac d'os", même s'ils semblent avoir conscience de son rôle d'armature, "pour tenir le corps".»


Squelette "sac d'os", dessiné par un enfant de 6 ans

Une enquête avec 112 enfants de Paris de 6 à 8 ans n'ayant jamais eu de cours sur le squelette donne des conceptions pouvant se classer en 4 types répartis selon les pourcentages suivants.

sac d'os
membres bâton
chaîne d'osselets
membres "qui marchent"
13%
39%
45%
3%

«Ces résultats confirment la prégnance d'une conception non structurée du squelette pour 97% des enfants de moins de 8 ans.»

Après un enseignement traditionnel frontal (description par le maître du squelette sur une planche anatomique murale avec noms des principaux os, remise d'un polycopié représentant un schéma de squelette inscrit dans la silhouette du corps, leçon à apprendre à la maison...).
Le lendemain de la leçon, les enfants étaient capables de représenter une structure cohérente du squelette et citaient quelques noms d'os.
Six mois plus tard, sans prévenir les élèves on obtient les résultats suivants sur un échantillon de 51 enfants de 7/8 ans:

sac d'os
membres bâton
chaîne d'osselets
membres "qui marchent"
2%
52%
28%
18%

Deux expériences didactiques:
* BLOQUER LES ARTICULATIONS:
« Pour tenter de remédier à cela, un premier travail peut être effectué en travaillant sur les articulations à partir des conceptions des apprenants. Avec des jeunes enfants, des gestes simples peuvent être entrepris :
- prendre un verre d'eau et le porter à sa bouche,
- monter sur une chaise.
En travaillant les yeux fermés sur soi-même ou par observation réciproque, les apprenants peuvent observer :
- Qu'est ce qui bouge ?
- Qu'est ce qui ne bouge pas ?
- Qu'est ce qui est rigide ?
- Qu'est qui fait bouger ?
Progressivement : os=rigide et muscle=moteur peut être mis en avant.
D'autres exercices peuvent alors être entrepris par groupe, en demandant à un enfant de se relaxer pendant que les autres lui font faire des mouvements bien définis ou au contraire de se contracter.
Des blocages d'articulations peuvent permettre une étape supplémentaire. Ainsi, il est possible de réaliser des attelles pour bloquer le mouvement d'une articulation.
Prendre un carton épais type carton d'emballage ondulé de 30 cm dans le sens des ondulations et de 30 cm de large à plier en deux pour le mettre en double couche pour bien le rigidifier ; le plier dans le sens de la largeur et le positionner autour de l'articulation du genou ou du coude pour qu'il entoure bien complètement le membre ; le bloquer dans cette position avec du ruban collant à paquet ou un gros élastique afin de bien bloquer le mouvement du membre sans trop serrer pour ne pas gêner la circulation sanguine; bloquer simultanément les deux articulations des coudes et celles des genoux ; équiper ainsi un enfant et lui demander de mettre une casquette, de décrocher un téléphone pour appeler, de passer sous une table, de monter un escalier ou simplement (plutôt difficilement !) de se relever. Dans cette situation l'enfant prend vraiment conscience du rôle et de la fonctionnalité de ses articulations donc du schéma fonctionnel du squelette par rapport au mouvement, et cela de façon durable, car cela correspond à une situation vécue qui l'a amené à découvrir des difficultés, à se poser des questions et à y chercher des réponses.
Des maquettes très simples modélisant divers mouvements peuvent être réalisées parallèlement. Des travaux avec un squelette en plastique peuvent être entrepris en demandant à un élève de faire des mouvements avec ses bras ou ses jambes et en demandant à un ou deux autres de l'observer pour essayer de l'imiter en manipulant les os du squelette. Cette démarche permet aux élèves de réfléchir et de chercher les caractéristiques du squelette qui permettent certains mouvement et en limitent d'autres. Progressivement, à travers une telle démarche qui les amène constamment à expliciter leur conceptions et à les confronter entre élèves ou à la réalité par le biais d'observations ou d'exercices, on peut élaborer de façon durable un modèle fonctionnel du squelette. »

* FAIS LA COURSE AVEC TON SQUELETTE
En muséologie, des activités plus élaborées peuvent être proposées comme la suivante intitulée «fais la course avec ton squelette».
L'enfant (6 à 12 ans) se met en selle sur le vélo et voit en permanence l'image de son corps dans une glace sans tain. Dès qu'il pédale, il voit apparaître dans l'image de son corps un squelette en mouvement. Le mouvement des jambes et du squelette attire spécialement l'attention de l'enfant sur le rôle et la structure du squelette du membre inférieur.


in Giordan et al. 1997

Quel est l'impact d'un tel dispositif ? Le même test que précédemment a été effectué auprès d'enfants (93 enfants de 6/7 ans), le lendemain de la ressource construite à partir des conceptions des enfants, en privilégiant :
- un élément motivant et suscitant l'activité de l'enfant,
- la mise en œuvre de situations qui induisent une analyse par les enfants des éléments qui vont structurer une connaissance. »


Dessin d'enfant avant de faire la course avec son squelette et 6 mois après

 

Le discours est poussé à la caricature entre une leçon dite traditionnelle frontale et un travail de science avec des vrais objectifs conceptuels. A mon avis, cette opposition n'existe pas (plus ?). La pédagogie remise en cause touche peut-être quelques maîtres mais ont-ils jamais enseigné les sciences ? Par contre je m'inscris tout à fait dans la ligne de ce travail de didactique avec les PE à l'iufm, ce qui pour moi passe avant tout par la définition claire d'objectifs spécifiques disciplinaires ambitieux: voir quelques idées à la fin du cours "je peux bouger".