PARTIE 1 (8 points) - NOURRIR L’HUMANITÉ
L’application des hautes pressions dans la conservation des
aliments
L’utilisation des hautes pressions dans la conservation des aliments
remonte au début du XXème siècle, mais sa
maîtrise et son utilisation industrielle ne datent que d’une
dizaine d’années.
On cherche à étudier l’application des hautes pressions
au domaine de la conservation de certains jus de fruits.
Document 1a :
définition de la pasteurisation
Traitement de certains produits alimentaires consistant à
détruire les micro-organismes, notamment pathogènes, par
chauffage entre 60 °C et 90 °C sans ébullition, suivi
d’un refroidissement brusque.
Source :
d’après www.larousse.fr
Document 1b :
définition et description de la pascalisation
Technique consistant à soumettre des produits alimentaires à
des pressions très élevées dans le but
d’améliorer leur conservation. Les produits conditionnés
et scellés dans leur emballage définitif sont disposés
dans une enceinte pleine d’eau qui est comprimée à
l’aide d’une pompe.
Ce traitement n’est donc applicable que pour des produits
conditionnés dans des emballages relativement déformables
susceptibles de transmettre à leur contenu la pression subie.
Sources
: d’après http://genie-alimentaire.com et
http://agroalimentaire-simplement.e-monsite.com/
Document 2 :
évolution de la teneur en vitamine C dans le jus d’orange
conservé à 10°C
Source :
d’après The effects of thermal and non-thermal processing
on Vitamin C by Maria J. Esteve and Ana Frigola, Global Science Books
2008
Document 3a : comparaison
entre un traitement thermique et un traitement haute pression d’un
jus d’orange ou d’un jus de papaye
pH du jus d’orange : 3,1 – 4,1
pH du jus de papaye : 5,2 – 5,7
1 MPa : mégapascal, 1 MPa = 106 Pa. La pression
atmosphérique est environ égale à 105
pascals.
2 sauf cas particuliers détaillés par la suite.
3 qui se rapporte aux sens tels que le goût et l’odorat.
Sources
: d’après http://www.agrsci.jp/ et
http://genie-alimentaire.com/
Document 3b : effets des
hautes pressions sur les micro-organismes
L’inactivation de la croissance des micro-organismes induite par la
pression est due à des dommages situés au niveau de la
membrane cellulaire, à une dénaturation des protéines
et à des modifications de l’activité enzymatique. Ces
dommages induisent une interruption des fonctions cellulaires responsables
de la reproduction et de la survie.
Les spores bactériennes, qui sont la forme résistante de
certaines bactéries, supportent de nombreux stress tels qu’une
forte température (…) ou une forte pression. En effet,
l’inactivation directe des spores nécessite l’application
de très hautes pressions, souvent supérieures à 1000
MPa1. La température lors du traitement peut ainsi jouer
un rôle significatif car, pour chaque microorganisme, il existe une
valeur de température pour laquelle la résistance à la
pression est maximale. Cette température se situe
généralement aux alentours de 20°C à 25°C. Plus
la température s’éloigne de cette valeur, moins le
microorganisme tolère la pression. C’est la raison pour
laquelle le traitement par hautes pressions sur des denrées
alimentaires peut être effectué (…) à des
températures modérées (50°C à 60°C) pour
améliorer la destruction de tous les microorganismes.
La croissance des micro-organismes est toutefois stoppée sans
traitement thermique additionnel dans le cas des produits dont le pH est
inférieur à 4,9, et chez lesquels les spores ne se
développent plus après un simple traitement haute pression.
1 MPa : mégapascal, 1 MPa = 106 Pa.
Source :
d’après Traitements par hautes pressions hydrostatiques des
denrées alimentaires : état de l’art M. LERASLE et
collaborateurs
COMMENTAIRE RÉDIGÉ :
Un industriel qui commercialise des jus de fruits, notamment du jus
d’orange et du jus de papaye, songe à intégrer le
procédé de pascalisation dans la chaîne de
conditionnement de sa nouvelle usine.
Analyser ce projet en expliquant en quoi un tel procédé de
conservation de ces deux jus de fruits est une alternative
intéressante à la pasteurisation mais qui, toutefois,
possède ses limites.
Vous développerez votre argumentation en vous appuyant sur les
documents et vos connaissances (qui intègrent, entre autres, les
connaissances acquises dans les différents champs disciplinaires).
Éléments
de correction (ce sujet reprend partiellement les données
du sujet de Pondichéry 2015)
La pascalisation est nommée ainsi en hommage
à Pascal, qui a aussi été honoré dans la
dénomination de l'unité de pression internationale
: le Pascal (1 atm ~= 105 Pascal (Pa) = 0,1
MPa ). Comme son nom l'indique donc, il s'agit d'appliquer une haute
pression (200 à 600 MPa soit 2000 à 6000 fois la pression
atmosphérique) qui stoppe la prolifération des organismes
(sans pour autant stériliser l'aliment) et sans altérer le
goût de celui-ci.
En effet (document 3) les hautes pressions produisent des dommages
irréversibles aux bactéries (notamment au niveau
de la paroi et de la membrane cellulaire), mais les spores,
formes de résistance de certaines bactéries, ne sont
endommagées que pour des pressions encore plus
élevées, de l'ordre de 1000 MPa. Pour diminuer la pression
de destruction des spores, on peut augmenter la température (vers
60°C), mais dans ce cas on perd les bienfaits de l'inactivation
bactérienne à température ordinaire qui ne modifie
pas les qualités gustatives des jus. Il est à noter que dans
certains cas, notamment pour des produits dont le pH est faible (<4,9;
ce qui est le cas du jus d'orange, mais pas du jus de papaye), le
traitement haute pression, sans chauffage permet cependant d'inactiver
à la fois les formes bactériennes en croissance et les
spores.
La pascalisation permet même de mieux conserver certains
éléments indispensables comme la vitamine C qui
(document 2) se conserve plusieurs semaines sans presque diminuer dans un
jus d'orange, à l'inverse du jus pasteurisé qui perd la
moitié de sa teneur en vitamine C en 4-5 semaines.
Dans le cas de la vitamine C, l'altération consiste dans une oxydation
de la molécule, qui
devient alors inutilisable comme vitamine (unse substance indispensable
à la vie que l'on doit trouver dans l'alimentation). Plus que les
qualités organoleptiques (le goût et
l'odorat de l'aliment), il s'agit surtout de conserver les bienfaits
nutritionnels du jus frais de fruits.
On notera aussi que la pasteurisation - qui consiste à chauffer
l'aliment un cours temps à assez haute température (ici 20
à 30 min à 65-75°C pour les jus dont la production est
envisagée), si elle stoppe bien la prolifération des
micro-organismes, ne permet pas de conserver les qualités
gustatives du jus de fruits originel.
Il est à noter, du point de vue technique que l'emballage des
produits traités par pascalisation doit rester souple et que c'est
le produit dans son emballage définitif qui est
soumis au traitement; ce qui est à l'origine de contraintes de
manipulations de petits volumes...
Il reste enfin la question du coût : un
équipement de traitement haute pression est plus de 500 fois plus
cher qu'un équipement de traitement haute température. Au
stade industriel le jeu peut en valoir la chandelle, mais pas au niveau
artisanal.
En conclusion, la pascalisation est une méthode très
sûre et très "naturelle" pour un industriel qui souhaite
commercialiser des jus d'orange dont la plus grande partie des
éléments naturels sera conservée. Par contre, pour le
jus de papaye, étant donné la nécessite de chauffer
pour détruire les spores, l'équipement de haute pression
semble plus discutable. La pasteurisation sera alors peut-être préférable.