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Maladie d'Alzheimer : trois nouveaux gènes identifiés |
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Marie-Laure |
Le patrimoine génétique joue un rôle déterminant dans I'apparition de la maladie d'Alzheimer. D'où l'importance de la découverte européenne obtenue à partir du suivi de 6000 patients. L'identification de ces trois gènes ouvre la voie à de nouvelles formes de traitement. |
Coup double! En juillet dernier à Vienne, lors de l'ICAD (International Conference on Alzheimer's Disease), la grand-messe scientifique annuelle sur la maladie d'Alzheimer, deux groupes annoncent qu'ils ont identifié chacun deux gènes impliqués dans la maladie. Le premier est un consortium franco-européen coordonné par Philippe Amouyel, de l'université Lille-Il, le second une équipe britannique dirigée par Julie Williams de l'université de Cardiff. |
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Pour des questions de droits on ne peut placer l'image originale ici. Voici une image équivalente http://reflexions.ulg.ac.be/upload/docs/image/jpeg/2007-08/alzheimer_fr.jpg |
La maladie d'Alzheimer s'accompagne de modifications dans le cerveau, visibles sur ces deux coupes (tissu cérébral atrophié à gauche et sain à droite). Certains gènes sont peut-être associés à ces dégénérescences. |
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Les gènes identifiés par
les Français codent deux protéines, CLU (ou
clusterine) et
CR1 ; les
Britanniques ont aussi trouvé la clusterine et un
troisième gène codant la protéine
Picalm. Avant l'été, chaque groupe a
envoyé son article à la revue reine de la
discipline, Nature Genetics. Entre eux, la
concurrence est vive. Avec une troisième
équipe américaine de la Boston University
School of Medicine, ils sont les seuls au monde à
avoir la capacité de mener à grande
échelle des études couvrant le génome
entier. À Vienne, les deux groupes
s'épient,discutent, et finalement décident de
vérifier réciproquement leurs
résultats. Les Français retrouvent Picalm, et
les Britanniques
CR1. Les deux
études sont publiées â grand renfort
d'annonce médiatique dans le même numéro
de Nature Genetics, celui de septembre
[1]. |
Il s'agit d'une pathologie multifactorielle complexe résultant de l'interaction de facteurs environnementaux et génétiques. Or, «après de nombreuses études réalisées sur des jumeaux, on estime que le patrimoine génétique de l'individu compte pour environ 60 % dans le risque de développer la maladie, le reste venant de l'environnement, explique Philippe Amouyel. Par comparaison, dans les maladies cardiovasculaires la "part" des gènes serait de 20 % seulement». Les gènes jouent donc un rôle déterminant dans cette maladie, même s'ils n'en sont pas la cause. En fait, ce sont des facteurs de risque (lire "Pourquoi il faut se méfier des tests", p.10). En identifiant des gènes, on espère mieux comprendre les mécanismes de développement de la maladie. Depuis une vingtaine d'années, d'importants efforts ont été déployés en ce sens. Mais sans beaucoup de résultats. Pourquoi? Association. La maladie
d'Alzheimer se caractérise par deux types de
modification dans le cerveau: l'accumulation d'une
substance, le peptide ß-amyloïde, dans des
plaques qui se forment entre les neurones; l'amas de
protéines Tau, qui provoque des
dégénérescences à
l'intérieur des neurones. À ce jour, on ne
sait toujours pas si ces deux signes biologiques sont des
causes ou des conséquences de la maladie, ni
même s'ils sont liés. D'autres
hypothèses sont émises sur les causes:
contamination avec de l'aluminium, inflammation... Dans ce
contexte flou, la chasse aux gènes a longtemps
consisté à partir d'une hypothèse. On
choisit un gène dont on pense qu'il pourrait jouer un
rôle, et on fait une étude d'association : en
comparant une cohorte de malades à une cohorte de
témoins, on regarde si un certain variant dudit
gène est plus fréquent chez les malades. Pour
que cette fréquence ait un sens, il faut une cohorte
suffisamment grande. Sinon,on détecte des faux
positifs, autrement dit des gènes qui n'ont rien
à voir avec la maladie. |
Les chiffres
clés 6
millions d'Européens atteints de la
maladie d'Alzheimer ou de démences
apparentées, dont 850 000 Français en
2008. 11
millions
d'Européens, dont 2 millions de
Français, seront atteints en 2040 |
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Son équipe observe que les
porteurs de E4 développent plus souvent la maladie
d'Alzheimer que les autres. Elle publie en premier. |
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Maladie d'Alzheimer : trois nouveaux gènes identifiés |
Si seules trois équipes au monde
sont encore dans la course, c'est aussi en raison de ce
coût élevé. Cependant le jeu en vaut la
chandelle puisque de nouveaux gènes ont enfin
été identifiés. Le risque
calculé pour ces gènes est certes bien moins
élevé qu'avec APOE. Si les individus ne sont
pas porteurs du bon variant, le risque augmente de 15 % avec
CLU, de 20 % avec
CR1 ou avec
Picalm. Mais leur identification ouvre la voie à de
nouvelles hypothèses. [1] J.-C. Lambert et al., Nature Genetics, doi:10.1038/ ng.439,2009; D.Harold et al., Nature Genetics, doi: 10.1038/ng.440,2009. |
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suite >>> pour trouver une association qui soit significative d'un point de vue statistique », commente Philippe Amouyel. Cela explique pourquoi aucun gène n'a été identifié avec certitude depuis 1993: en seize ans, plus de 500 gènes ont été associés tour à tour à la maladie d'Alzheimer mais avec des cohortes trop petites eu égard à l'intensité du risque. Ces associations n'ont donc jamais été confirmées par d'autres études. Criblage à haut débit. Il n'en va pas de même avec les publications de septembre dernier. Car entre-temps, on a changé de technologie puis de dimension. Désormais, le criblage à haut débit permet de balayer d'un coup l'ensemble du génome d'un individu. Dans ces nouvelles études. on cherche à l'aveuglette à repérer, sur nos quelque 25 000 gènes, des mutations plus fréquentes chez les malades que chez les patients. Grâce aux puces à ADN* actuelles,on peut étudier jusqu'à 600 000 mutations en une seule fois. Ensuite, on se demande à quoi les gènes identifiés peuvent servir. |
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Mais, avec cette technique, le risque de
trouver des faux positifs augmente d'autant plus. Ce que
Philippe Amouyel illustre ainsi: «C'est un peu comme
si vous cherchiez vos clés égarées dans
la nuit et qu'il y ait un lampadaire. Avant on cherchait
seulement sous le halo du lampadaire allumé, qui
correspond aux hypothèses physiopathologiques.
Maintenant, on éteint le lampadaire, ce qui revient
à ne plus faire d'hypothèses du tout. Les
chances de trouver augmentent, le risque de ramasser
n'importe quoi aussi.» Les premières
études "pangénomiques" sur la maladie
d'Alzheimer tombent dans le piège; les mutations
trouvées le sont sur des cohortes trop petites. Et
elles ne sont jamais confirmées, à part
l'implication du gène APOE que l'on retrouve chaque
fois. |
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Pourquoi il faut se méfier des tests |
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Depuis que le gène codant l'APOE4 a été identifié comme un puissant |
facteur de risque dans
la maladie d'Alzheimer, la question de dépister ce
gène dans la population générale s'est
posée. |
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