Les hormones sexuelles

mediateursDans cette page et celle sur les hormones stéroïdes et les prostaglandines, nous verrons les quatres types de médiateurs ou substances chimiques informatives.

- Les hormones sexuelles sont d'abord des hormones au sens restreint - médiateurs endocrines ou neuroendocrines-  qui interviennent dans le fonctionnement et la mise en place de l'appareil reproducteur de l'homme et de la femme.  Une page spéciale sur les hormones stéroïdes présente les liens entre les différentes molécules dérivées du cholestérol que l'on nomme les stéroïdes et précise une particularité des récepteurs des hormones stéroïdes non représentée sur le schéma.
- Les prostaglandines sont des médiateurs autocrines et paracrines.
- La GnRH est à la fois un médiateur neuroendocrine (une hormone) et un neuromédiateur (libéré dans l'espace intersynaptique).

Cette page présente principalement les substances qui sont au programme du lycée (l'inhibine n'est par exemple pas citée), mais des ajouts ont été faits pour tenter de suivre les grandes avancées qui ont été faites ces 20 dernières années dans la compréhension de la reproduction humaine et animale (voir source 1). Les compléments  sont acessibles en cliquant sur les triangles 
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Une source complémentaire 2016 :
- La reproduction animale et humaine, Marie Saint-Dizier, Sylvie Chastant-Maillard, coord., Quæ, 2014).

1 - Les hormones du système hypothalamo-hypophysaire (axe gonadotrope) : gonadolibérines et gonadotrophines

On désigne par système hypothalamo-hypophysaire un complexe formé par des centres nerveux de l'hypothalamus (appelés "noyaux") et la partie antérieure de l'hypophyse (antehypophyse) ou adénohypophyse qui est une glande endocrine (c'est-à-dire qui sécréte des médiateurs endocrines ou hormones).

Certains noyaux hypothalamiques (aire préoptique et hypothalamus médian) - et quelques autres aires du cerveau - sécrétent de façon pulsatile une neurohormone qu'ils libérent dans le sang : la GnRH (gonadotrophine releasing hormone ou gonadolibérine).
La sécrétion est pulsatile mais tous les facteurs de l'environnement (éclairement, température...) et les facteurs sexuels internes (hormones sexuelles...) agissent aussi sur la pulsatilité de la libération de GnRH. La puberté correspond à une augmentation de fréquence des pulses alors que la gestation ou l'allaitement correspondent à une baisse de fréquence. Le "générateur de pulses" n'a pas été identifié et l'on pense pouvoir invoquer une sécrétion rythmique autonome et un système de synchronisation. Mais ceux-ci restent à découvrir...
La GnRH, transportée par les sang sur une faible distance, agit sur les cellules endocrines de l'antéhypophyse qui sont les cellules sécrétrices des gonadotrophines : la FSH (follicle stimulating hormone : hormone folliculo-stimulante) et la LH (luteinizing hormone : hormone lutéinisante). La sécrétion pulsatile des hormones gonadotropes semble résulter directement de la sécrétion pulsatile de la GnRH.
La FSH et la LH, sécrétées dans le sang au niveau de l'antéhypophyse vont agir sur les cellules des gonades sécrétrices des hormones stéroïdes.
Des GnRH et des Kisspeptines Il n'existe pas une mais deux GnRH chez les Mammifères, mais comme la GnRH-I (ou mGnRH, m pour mammalian) est la seule à présenter une action dans la reproduction, nous ne parlerons que d'elle ici en omettant l'indice. gene de la GnRHLa GnRH ou LHRH est un décapeptide qui est libéré à partir d'un peptide de bien plus grande taille (92 aa): la préproGnRH, synthétisée à partir d'un gène situé sur le bras court du chromosome 8 humain (). Le gène codant la pré-pro-GnRH est situé sur le brin reverse de l'ADN et est formé de 4 exons et 3 introns. La pré-pro-GnRH est constituée d’une séquence peptide signal, la séquence de la GnRH et une séquence de clivage GKR (Gly-Lys-Arg), toutes codées par l’exon 2, et du GnRH associated peptide (GAP, codé par une partie de l’exon 2, l’exon 3 et une partie de l’exon 4). Parmi les mammifères, seul le cobaye présente un acide aminé différent dans la séquence de la GnRH. La séquence du GAP est en revanche beaucoup plus variable. Après clivage du peptide signal et du GAP, la GnRH subit deux modifications importantes : la cyclisation de la glutamine N terminale en pyro-glutamine et l’amidation de l’acide glutamique C terminal. Ces deux modifications post-traductionnelles empêchent l’action des exopeptidases. La structure de la GnRH lui confère une conformation spatiale en fer à cheval importante pour la liaison à son récepteur. La GnRH et le GAP sont tous les deux présents dans les vésicules de sécrétion des neurones à GnRH. Les neurones à GnRH ont une origine embryonnaire extracérébrale et migrent précocement depuis la zone antérieure nasale vers l'aire préoptique de l'hypothalamus mais restent sous forme d'amas - de quelques centaines de cellules -  dispersés, mais dont les terminaisons nerveuses se situent au niveau de l'éminence médiane de l'hypothalamus. Les neurones à GnRH comportent un grand nombre de dendrites qui semblent fluctuer - en nombre et en taille - au cours des cycles sexuels, notamment sous l'action des œstrogènes. Des cellules gliales spécialisées (tanicytes) semblent faciliter la réorganisation périodique du réseau des prolongements axonaux en liaison avec l'endothélium fenestré des vaisseaux du réseau capillaire qui prend en charge la GnRH libérée. C'est probablement à ce niveau et non au niveau des corps cellulaires, que se fait le contrôle de la sécrétion pulsatile, encore mystérieuse.herschley kisses
La mise en évidence du rôle des kisspeptines et de leur récepteur, KISS1R (anciennement GPR54 pour G-Protein Coupled Receptor 54) dans le contrôle de la fonction gonadotrope date de 10 ans seulement et semble aussi importante que la découverte de la GnRH. Le gène KISS-1 porte le nom d'un fameux chocolat produit par une chocolaterie américaine  « Hershey Kisses » (littéralement, baisers d’Hershey). Caraty el al. 2007L'implication de ce gène dans la fonction de réproduction ne sera revélée que 10 ans plus tard. En 2003 on a découvert qu'aussi bien chez la souris que dans l’espèce humaine, une mutation perte de fonction ou une délétion de KISS1R entraîne une absence de puberté, des gonades de petite taille, des concentrations plasmatiques des hormones sexuelles (œstrogènes et testostérone) et des gonadotrophines basses, et une infertilité chez l’adulte. Toutefois, un traitement par les gonadotrophines ou par GnRH permet une ovulation et une grossesse normale chez les femmes mutées et restaure la spermatogenèse chez les hommes mutés. Cela démontre que les kisspeptines sont nécessaires au bon déroulement de la puberté et de la fonction de reproduction chez l’adulte, mais ne participent pas au développement des gonades. On a rapidement montré que les kisspeptines contrôlent la libération de la GnRH. GnRH pulsatilitéChez l’homme, l'unique gène KISS-1 est traduit en une pro-hormone de 145 acides aminés qui est ensuite clivée pour donner la forme longue des kisspeptines, une molécule de 54 AA, dont l’extrémité C-terminale est amidée. Kp54 peut donner naissance à des fragments plus courts (Kp14, Kp13 et Kp10), biologiquement actifs.  (<--- image ci-contre : Stimulation de la libération de GnRH et des gonadotrophines par la kisspeptine (Kp10) chez la brebis (Caraty et col., 2007 ). Des injections intraveineuses répétées (flèches noires) de Kp10 stimulent la libération de GnRH dans le liquide céphalo-rachidien chez la brebis (ronds noirs). Ces augmentations ou « pulses » de GnRH stimulent à leur tour la libération de pulses de LH (losanges) et de FSH (triangles) dans le sang de la circulation générale). Dans l’hypothalamus, les kisspeptines sont des neuropeptides produits par des neurones (dits KNDy) dont la caractérisation n’est pas terminée et semble dépendre des espèces. Il existe d'autres localisations de ces neurones qui semblent sans rapport avec la reproduction. La libération pulsatile des kisseptines sous contrôle autocrine (voir schéma ci-contre) semble être une piste prometteuse dans le contrôle de la génération de la pulsatilité de la libération de la GnRH.




La GnRH ( 1YY1 le fichier contient 21 modèles synthétiques accessibles dans le menu JSmol) est une neurohormone de type décapeptide (10aa) dont le premier aa  - l'acide pyroglutamique (pGlu) remplace l'acide glutamique (Glu) -, et le dernier aa  - la glycine possède un groupement amide terminal - sont modifiés :
Chez les différents vertébrés la séquence du GnRH (qui est un facteur de croissance : growth factor plutôt qu'un hormone au sen strict) varie de quelques aa et est sous le contrôle de 3 gènes. La séquence  de la GnRH intervenant dans la reproduction est :
pGlu - His - Trp - Ser - Tyr - Gly - Leu - Arg - Pro - Gly-NH2
pGlu indique la pyroglutamine et Gly-NH2 indique l'amidation de la glycine terminale (extrêmité -COOH  du polypeptide qui devient -CO-NH2).
La GnRH se fixe a un récepteur membranaire de type glycoprotéine à la surface des cellules gonadotropes. Le complexe hormone-récepteur est endocyté après micro-agrégation (regroupement des récepteurs deux par deux) et la GnRH est libérée dans la cellule. Elle semble agir au niveau du cytoplasme et du noyau et provoque rapidement une libération des gonadotropines et, à plus long terme, une stimulation de la synthèse des gonadotropines (par l'AMPc).

Les gonadotrophines (LH et FSH) sont toutes deux des glycoprotéines formées de deux sous-unités* : la sous-unité* alpha est commune aux deux molécules (ainsi qu'à l'HCG, qui intervient lors de la grossesse, et à d'autres hormones...). La sous-unité* béta est donc spécifique de chaque hormone (pour des données évolutives sur la famille multigénique voir access-ens lyon).
On ne connaît pas toutes les structures spatiales de toutes ces molécules : voici celles trouvées.
- unique sous-unité* α (comportant deux chaînes* A et B) de l''HCG (Human chorionic gonadotrophin, voir ci-dessous, 1HCN); cette sous-unité α est identique pour la LH et la FSH ;
 - modèle théorique du précuseur de la sous-unité* β d'une LH (construit artificiellement et non protéine cristallisée, 1M92) ;
- FSH complète (avec la sous-unité* α (chaînes* A et C) et sous-unité* β (chaînes* B et D), 1FL7) et FSH avec son récepteur (avec la sous-unité* α (chaînes* A et D), la sous-unité* β (chaînes* B et E), et le récepteur (avec ses deux chaînes* C et F ), 1XWD).
* en anglais les sous-unités ET les chaînes sont apellées "chains", seules les lettres grecques (pour les sous-unités) et romanes (pour les chaînes) permettent de les différencier.
Quelques commandes pour JSmol:
Couleurs des groupes non aa
(glucides modifiés : hétérosides): cpk, rouge
Modèles des chaînes peptidiques :, squelette, boules et bâtons, cartoons
Couleurs des aa: cpk - a.a. colorés, chaînes colorées
(couleurs de références page JSmol)








2 - Les hormones des gonades (voir page spéciale sur les hormones stéroïdes et les prostaglandines)

Les médiateurs sécrétés par les gonades sont des hormones stéroïdes, dérivées du cholestérol, et d'autres molécules de nature lipidique ou encore des dérivés de l'acide arachidonique comme les prostaglandines, ou bien des glycoprotéines comme l'AMH (hormone antimüllerienne) et de nombreux autres facteurs de croissance.
Remarque: lors de la vie foetale l'AMH est secrétée par les futures cellules de Sertoli et provoque la dégénérescence des conduits de Müller. Elle se lierait aux cellules mésenchymateuses entourant les canaux de Müller et provoquerait la sécrétion d'un facteur paracrine provoquant l'apoptose des cellules épithéliales de ce canal.   Mais l'AMH est aussi sécrétée par les cellules folliculaires lors de la folliculogénèse. Cette hormone fait partie des TGF-ß (facteurs de croissance et de différenciation). On ne connaît pas sa structure spatiale précise (référence Uniprot P03971 - aucun modèle complet des 560aa).
N.B. Seules les hormones étudiées au niveau lycée et qui paraissent importants sont présentées ici; il en existe bien d'autres.


Les deux fenêtres permettent de comparer deux molécules
Toutes les hormones stéroïdes sont dérivées d'un alcool : le cholestérol.
Les hormones mâles sont la testostérone, sécrétée par les cellules de Leydig qui est ensuite transformée, dans certaines cellules en œstradiol, mais la concentration sanguine en œstradiol n'est importante que chez le femme. La formation du sperme est sous le contrôle des œstrogènes (réabsorption d'eau au niveau du rete testis). La concentration en œstrogènes est supérieure au niveau du rete testis que dans un ovaire.
Les œstrogènes féminins sont au nombre de 3 :
- l'œstradiol, issu de la testostérone sécrétée par les cellules thécales (internes) des follicules; la testostérone est alors entièrement transformée en œestradiol dans les cellules folliculaires, si bien que le taux de testostérone circulant chez la femme est très faible;
- l'œstrone est une dérivé d'un précurseur de la testostérone ;
- et l'œstriol, est un œstrogène issu de la transformation de l'œstrone et de l'œstradiol.
La progestérone est sécrétée par les cellules folliculaires transformées en cellules lutéales et n'apparaît qu'à la puberté avec les premiers cycles ovariens.


cholestérol

testostérone

œstrone
œstradiol
œstriol

progestérone



3 - Les hormones des autres tissus




De très nombreux tissus peuvent sécréter des œstrogènes, la plupart du temps par conversion de la testostérone circulante en œstradiol (cellules du foie, du placenta ...).
L'α-fœtoprotéine (3MRK) est une protéine (du groupe de immunoglobulines α - voir cours de Tle) que l'on trouve dans le sang des fœtus de mammifères et qui lie les œstrogènes circulants. La testostérone serait donc un moyen pour passer la barrière de l'α-fœtoprotéine chez les fœtus mâles.
Les tissus embryonnaires sécrètent l'HCG (Human chorionic gonadotrophin, 1HCN) qui est une glycoprotéine dont la sous-unité α est identique à celle de la FSH et de la LH. C'est cette hormone qui est détectée (sous sa forme urinaire dégradée) dans les tests de grossesse.

Quelques commandes pour JSmol:
Couleurs des groupes non aa (glucides modifiés : hétérosides): cpk, rouge
Modèles de peptide : squelette, boules et bâtons, cartoons
Couleurs des acides aminés du peptide: gris - a.a. colorés, chaînes colorées
(couleurs de références page JSmol)