PARTIE 1 : NOURRIR L’HUMANITÉ (8 points)
Vous lisez sur un blog une discussion entre un apiculteur et un agriculteur:

L’apiculteur : « A cause des pesticides utilisés dans l’agriculture, les abeilles disparaissent et c’est l’Homme qui disparaîtra bientôt »
L’agriculteur : « La disparition des abeilles ne peut se résumer à la seule utilisation des pesticides. De plus la réduction de la quantité de pesticides entraînerait une importante
perte de production et la ruine des agriculteurs»
Intrigué, vous réalisez des recherches sur l’origine et les conséquences de la disparition des abeilles et trouvez différents articles.

Document 1 : la pollinisation
(Source : Sciences et pseudosciences : la surmortalité des abeilles)
La pollinisation est utile à la reproduction des plantes. Il s’agit du processus de transport d’un grain de pollen depuis les étamines (organe mâle de la plante) vers le stigmate (organe femelle de la plante). Ce processus entraine, dans la majorité de cas, l’intervention d’un insecte pollinisateur, les abeilles et les bourdons étant les plus
importants.
C’est le cas des arbres fruitiers, des ombellifères (carottes, choux, cèleri, radis, oignons, etc.), du colza, du tournesol, et des légumes du jardin (tomate, courgette,
fraise, framboise).
Les céréales tels que le riz, le blé et le maïs ne nécessitent pas de pollinisation par les insectes et représentent 60% des aliments produits et consommés dans le monde.
Le bénéfice financier non comptabilisé de la pollinisation des productions végétales, s’il est très difficile à établir, est très élevé : au plan mondial, il a été estimé à 150
milliards d’euros par an par un groupe d’économistes américains.


Document 2 : le déclin des abeilles et ses raisons.

Un audit de la filière apicole publié mardi par FranceAgriMer et réalisé en 2011 par le cabinet Proteis dresse un état des lieux de l’apiculture en France. Il met en avant une
baisse du nombre de ruches en France de 20% en 6 ans (entre 2004 et 2010). Le rendement des ruches s’est lui aussi affaibli avec une baisse de la production de miel
estimée à 28% pendant la même période. De nombreux apiculteurs, perdant de nombreuses ruches chaque année, finissent par se décourager et cessent toute
production de miel.
Les revenus d’un apiculteur français sont estimés à 133 Millions d‘euros par an. Le miel étant la première source de revenu, d’autres produits de la ruche sont utilisés
dans diverses industries. Des produits transformés tels que le pain d’épice et le nougat dépendent aussi de la production de miel.
(D’après la France agricole « Le nombre d'apiculteurs chute de 40 % en six ans (FranceAgriMer) » 12/09/2012

Document 3 : les principales raisons connues du déclin des abeilles sont résumées dans le tableau ci dessous :
La
monoculture
La monoculture, qui s’oppose à la polyculture, consiste à cultiver une même espèce à courte floraison et aux pollens souvent pauvres en
protéines sur de nombreux hectares. Elle ne permet pas aux abeilles une alimentation équilibrée. Il en résulte qu’une agression qui serait
anodine pour une colonie bien nourrie peut avoir des conséquences désastreuses pour une ruche dénutrie.
Les pesticides
Bien que leurs effets sur les abeilles soient encore peu connus, la commission européenne a décidé, en 2013, d’interdire l’utilisation de
trois insecticides qui ont pour effet de désorienter les abeilles qui ne peuvent retrouver leur ruche et meurent alors rapidement. De façon
générale, les pesticides contribuent à affaiblir les abeilles.
Les prédateurs Parmi les prédateurs, le frelon asiatique, arrivé en France autour de 2004 et déclaré espèce nuisible en 2013, se nourrit des abeilles et
affaiblit ainsi les ruches. Le prédateur du frelon asiatique n’étant pas présent en France, le nombre de nids ne cesse d’augmenter.
Les acariens parasites, les champignons et virus Dans cette famille, le varroa, découvert en 1982, est l’ennemi numéro un des abeilles. Ce parasite s’attaque aux abeilles adultes mais aussi
aux larves. Une ruche infectée non traitée peut se voir totalement dépeuplée en quelques années. Les abeilles affaiblies sont plus
sensibles aux virus et champignons.

(D’après la France agricole « Le nombre d'apiculteurs chute de 40 % en six ans (FranceAgriMer) » 12/09/2012

Document 4 : étude ECOPHYTO R&D (INRA) : résultat d’une simulation comparant la situation actuelle d’utilisation de pesticides avec une production intégrée en France.
Estimation du coût économique et de la baisse de rendement dans le cas où toute l’agriculture française passerait de la situation actuelle (norme NA) en production intégrée (norme N2C).
Estimation Grandes cultures
(céréales, oléagineux,
protéagineux et
quelques légumes)
Arboriculture
fruitière
Baisse de la quantité de pesticides (en %) 50 21
Baisse de production (en %) 12 19
Pourcentage de perte de profit à l’hectare lors du passage de la norme NA à la norme N2C
4 % 18,2 %
D’aprèshttp://draaf.midi-pyrenees.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/EcophytoRD-8pages-VF_cle013cd7.pdf
 

Commentaire rédigé :
Suite aux informations recueillies et en vous appuyant sur vos connaissances, rédigez sur le blog une réponse à l’agriculteur et à l’apiculteur.

Vous développerez une argumentation scientifique en vous appuyant sur les documents fournis et sur vos connaissances sur les pratiques agricoles.

Éléments de correction:
La diminution du nombre d'abeilles en France, comme dans la plupart des pays d'Europe, est une réalité. Cette forme d'élevage est particulièrement originale puisqu'elle concerne un insecte. Cet insecte est-il vraiment domestiqué ou bien peut-il retourner à l'état sauvage? Il semblerait que la domestication soit un fait et que le déclin touche les races d'abeilles domestiques, mais je serai bien en peine de les décrire.
Ce déclin n'est sans doute pas inéluctable, mais le problème doit être pris dans son ensemble en tenant compte des contraintes que l'on fait subir à l'espèce domestiquée, puisque c'est bien elle qui est touchée. Dans les élevages de mammifères, la sélection des espèces les plus résistantes et rentables, repose sur des techniques génétiques et on est loin de ce niveau pour les abeilles, si tant est que l'on puisse appliquer ces techniques à des insectes qu'on sait pouvoir s'adapter très rapidement à certaines contraintes et pour lesquels la stabilité au cours des générations n'est pas du tout la même que pour des mammifères (on peut penser par exemple aux innombrables expériences de génétique réalisées au début du XXe sur la petite mouche drosophile avec l'obtention extrêmement facile de nombreuses mutations).
La première cause du déclin des abeilles est donc à rechercher dans sa domestication : sélection des essaims, sélection des reines, usage des produits vétérinaires (contre le varroa par exemple...), ... ce qui conduit à envisager des changements de pratiques peu couteux et efficaces.
La seconde cause liée à la domestication est le contrôle des milieux d'élevage : zone cultivée (avec plus ou moins de monoculture qui tendent à affaiblir les colonies) ou zone sauvage, utilisation de pesticides (dont certains - à base de néonicotinoïdes - ont été mis en cause directement - et scientifiquement - dans le déclin des ruches et interdits dans pluseiurs pays d'Europe - Gaucho et Poncho Pro), espèces invasives (intervenant directement sur les abeilles, comme le frelon asiatique dont on n'arrive pas à contrôler l'extension et qui consomme spécifiquement les abeilles). Ce deuxième volet est plus difficile à mettre en place, car il doit se faire en accord avec les pratiques culturales lorsque les zones d'élevage et de culture sont communes. Il semblerait cependant qu'avec un coût moindre on puisse envisager une réduction de l'utilisation des pesticides dans le cadre de ce que l'on appelle la "production intégrée" (norme N2C : Limitation du recours aux pesticides par le traitement raisonné en fonction des seuils d'intervention et rotation anuelles et pluriannuelles de cultures alternatives ;  http://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/EcophytoRD-8pages-VFweb3.pdf) avec des baisses de rendement acceptables (12% en baisse de production mais seulement 4% en perte de profit pour les grandes cultures; mais 19% en perte de production et 18,2% en perte de profit pour l'arboriculture fruitière plus sensible à la pression des insectes ravageurs).

Le service rendu par les abeilles, en plus de leur rôle dans l'industrie mellifère (et des produits dérivés), essentiellement du fait de leur participation à la pollinisation, notamment des arbres fruitiers, dont certains évaluent la valeur à plus de 150 milliards d'euros annuellement.
  L'intégration soutenue ici est la prise en compte dans l'économie agricole du bénéfice des abeilles puisqu'on ne peut pas parler de partage des biens étant donné que les abeilles se nourissent des cultures. Il s'agit cependant bien du partage des territoires dans son volet économique, écologique et même politique, les trois ingrédients du développement durable dont le centre est l'homme.